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Qu’est ce que c’était que ça ? Ou bien « What was that ? » comme dirait  le titre de la chanson du dernier album de Lorde, « Virgin », publié en juin dernier. Alors que les heures passent, cette sensation d’avoir vécu un moment si immense qu’il peine à être décrit perdure. Le Zénith de Paris l’incroyable Lorde avait tout de le claque aussi attendue qu’espérée. La chanteuse a profité de sa soirée pour tordre tous les codes, ceux de la féminité, ceux du live, ceux de la pop et créer une expérience si immersive et réelle qu’elle réinvente à elle seule la notion même de concert. Un moment si rare qu’il serait impossible de ne pas laisser couler sur des pages et des pages une longue liste de superlatifs pour tenter de vous plonger avec nous dans la beauté des souvenirs qui peuplent nos mémoires. Le décollage pour l’Ultrasound tour est imminent, allons-y !

Lorde Zenith Paris Ultrasound tour par Louis Comar
Lorde par Louis Comar

Everything is blue lorde

Nous y étions ! Et autant dire qu’accéder au concert de Lorde ce 10 novembre n’était pas mince affaire. Show hyper prisé, rempli en seulement quelques heures, la musiciennes était attendue de pied ferme pour son grand retour dans la capitale. La sortie de son merveilleux album, « Virgin » avait déjoué les pronostics et remis la chanteuse dans les petits papiers de fans souvent déçu.es par son prédécesseur « Solar Power ». Alors à 21 heures lorsque les lumières s’éteignent, tout devient bleu. Les couleurs de la salle comme celles de nos esprits. « Hammer », le premier titre de « Virgin » ouvre le bal. Sa mise en place entêtante résonne comme un avertissement. Après cette soirée, vous ne serez plus la même personne disent les notes. Il est impossible de ne pas  lui reconnaître son immense capacité à construire un morceau. La mise en place soignée, la montée en puissance à mesure que les riffs progressent, l’apogée. Si cette force d’écriture fonctionne particulièrement sur album, elle vient tout renverser en live. Chaque titre, à chaque instant des 1 heures 30 que nous passerons en compagnie de la chanteuse sera porté par son lot de retenu, d’attente, d’explosion de joie. D’ailleurs, la sainte Lorde de la pop (ou mother comme l’appellerons certaines personnes)  compte bien captiver jusqu’au dernier membre de l’audience. C’est ainsi qu’elle balance en deuxième position le titre auquel elle doit son succès : l’immanquable « Royals » et sa précisions aux mille rythmes. Lui succède « Broken Glass ». C’est d’ailleurs « Virgin » qui peuplera une grande partie de la set-list, en occupant pratiquement la moitié. Et voilà qui n’est pas pour nous déplaire.

Lorde concert novembre 2025 Virgin
photo par Louis Comar

Virgin : à album cru, live brutal lorde

Ella Marija Lani Yelich-O’Connor de son véritable nom arpente la scène sans fin. On demande aux pop stars d’être belles, sexys, parfaites, de proposer une image de la féminité version girl next door que l’on ne pourrait approcher. Seulement voilà, Lorde elle n’a que faire des codes. « Virgin » en est la preuve par mille. Rarement un album aussi cru et organique pour parler du corps féminin n’avait autant résonner sur une scène mainstream. C’est sa sincérité qui prime. Les injonctions, les obligations, les douleurs. Et si Lorde ne se sentait pas en adéquation dans le rôle attribué à son genre ? C’est bien ce dont il est notamment question sur « Man of the Year » qu’elle interprètera plus tard, du scotch sur sa poitrine pour mieux interroger sur la binarité.  Pas besoin pourtant de ce titre emblématique pour faire de cet opus et de cette scène une vaste remise en question de tous les stéréotypes. La voici donc qui fait tomber le bas, un pantalon baggy, pour laisser découvrir un caleçon Calvin Klein. Le sexy n’est pas là, l’utilisation du corps est toute autre. On a bien souvent entendu des fans remercier les artistes pour leur capacité à émouvoir, à parler aux coeurs. L’idée m’avait toujours intriguée. Doit-on remercier quelqu’un qui fait son métier ? Une profession si enviable de plus ! Et pourtant un grand sentiment de gratitude vient à s’emparer de la salle lorsqu’Ella s’y produit dans toute son imparfaite perfection. Sa vulnérabilité à fleur de peau, sa capacité à gérer une foule. Là où le live est un travail de mois de réflexion, à fortiori un live pop qui nécessite de la précision , celui-ci respire l’honnêteté . Derrière les vaisseaux bleus, la magie d’écrans aux images millimétrées, la force de réalisation qui évoque autant le clip qu’un show de la fashion week, le message translucide fait croire que nous passions une simple soirée entre ami.es.

Lorde Zenith Paris concert
Lorde par Louis Comar

Côté set-list les tubes s’enchaînent. Combien Lorde a-t-elle de méga hit ? Chaque morceau de son répertoire frappe si fort qu’il est impossible de passer à côté. On chante à tue-tête sur « Buzzcut Season » alors que la chanteuse elle, fait face à un ventilateur géant. La chorégraphie est sublime, simple, pure et ses danseurs eux aussi sortent des cases traditionnelles. Des morceaux comme  « Favourite Daughter » ou encore « Shapeshifter » prennent des nuances supplémentaires en live, plus incisifs, plus percutants encore. D’autant que la chanteuse s’allonge sur une plateforme pour nous livrer ses mélodies. Cette dernière s’envole dans les airs, à moins que ça ne soit l’audience qui se sent aussi pousser des ailes. Chaque mot est chanté par l’assistance, Lorde pourrait plutôt être une reine, pas besoin de tant de modestie.

Au nom du lorde, de la musique et du saint corps

Lorde Zenith Paris concert
Lorde par Louis Comar

Impossible de ne pas prendre le temps de souffler, rapidement pour ne pas parler du titre « Clear Blue ». La couverture de « Virgin » est une radiographie qui vient immortaliser le stérilet d’Ella. Une pochette qui percute alors que la chanteuse s’interroge sur les tortures infligées au corps de la femme en matière de contraception. Elle expliquait avoir souhaité arrêter les hormones, les obligations, les contraintes. Un message d’autant plus important que nombre de femmes sont toujours seules à porter le poids de la contraception dans les couples hétérosexuels. Et la voilà donc, voix légèrement robotisée par un effet, qui vient à nous parler dans son titre de test de grossesse. De peur d’être enceinte, de solitude face à ces angoisses. Le féminisme de Lorde est essentiel, concret et adressé à un large public qui a besoin de l’entendre, parce que seul l’art pourra aider à faire bouger certaines lignes. D’ailleurs n’est-ce pas son féministe qui n’aura pas permis à « Virgin » sa nomination aux Grammys 2025 ? C’est en tout cas ce sur quoi s’interrogeait Rolling Stone alors que la chanteuse, seule femme nommée dans la catégorie meilleur album en 2018, avait pris une page entière de journal pour faire un pied de nez à l’institution lorsqu’elle avait perdu. Merci de laisser place aux artistes féminines n’est-ce pas ?  Il n’empêche que les têtes se secouent carrément maintenant, les cheveux bouclés de la chanteuses sautent dans tous les airs, magnifiquement imparfaits comme ses ongles au vernis à moitié fait. Dans la grande fête de Lorde, chacun.e est libre d’être lui ou elle. On ne cherche pas à impressionner, on chercher à exister pleinement. Et toute cette énergie se retrouve sur un tapis de course installé sur scène. D’abord utilisé par ses danseurs puis par la chanteuse qui interprète la petite merveille qu’est « Supercut » que l’on retrouve sur l’album « Melodrama ». Nous parlions de superlatifs, et il en manque alors qu’en pleine course, elle délivre une performance sans faute. Le résultat est bluffant. Le corps est sublimé, challengé, il répond à l’esprit.

Lorde Zenith Paris Ultrasound tour Virgin par Louis Comar
Lorde au Zenith de Paris par Louis Comar

Solar Power : le soleil au Zénith lorde

Et toi petite, tu es de la dynamite, dirait la chanson d’un chanteur dont on ne peut pas oublier à quel point il a pu être problématique envers sa compagne. Il n’empêche que le soleil a bien pris possession de la salle ce soir et il est entièrement bleu. La chanteuse prend le temps de parler avec son audience et d’évoquer son intoxication alimentaire de la veille qui la forçait à annuler son show au Luxembourg. Et à faire trembler tout le Zénith de Paris craignant lui aussi une annulation. Il n’empêche que, parler vomis en dehors d’un concert de punk reste un joli tabou levé. Et quitte à faire des doigts aux tabous, Lorde en profite pour rappeler qu’elle fêtait ses 29 ans quelques jours plus tôt et comme il est incroyable de vieillir, d’avancer dans la vie, de prendre le pli du temps qui passe et d’y trouver mille beautés. Puis il est temps d’évoquer, le temps de deux titres, son avant-dernière galette « Solar Power ». Cette dernière la conduisait lors de son dernier passage parisien au Casino de Paris, voilà qui pourrait expliquer le choix d’une salle de « petite capacité » comme le Zénith pour accueuillir l’UltraSound Tour. De petite capacité quant au remplissage auquel peut prétendre la chanteuse évidemment, le Zénith restant une salle de belle envergure. S’enchainent « Big Star » et « Oceanic Feeling ». A ce moment de la soirée, Lorde a déjà réussi à me rappeler, au milieu des centaines de concerts que j’ai l’immense chance de pouvoir faire chaque année, pourquoi la musique vaut la peine d’être vécue et pourquoi elle vaut le coup de toujours se battre pour maintenir cette chance. « Melodrama », l’album chouchou des fans reprend ses quartiers sur un temps émotion : « Liability ». Voilà que le  Zénith se pare  entièrement de vert sur « Green light », le plus grand titre d’ouverture d’un album de pop de tous les temps si vous souhaitiez me poser la question. Et l’objectivité de la presse ? Ayant découvert récemment l’intégralité du répertoire de Lorde après des années en tant que critique musicale, je serai tentée d’argumenter qu’elle doit encore exister. Les autres super titres ne sont pas oubliés pour autant. « What was that » l’immense single de « Virgin » prend une place centrale en bout de set et se voit porté par des écrans aux textes futuristes. Enfin « Team » du premier né « Pure Heroine » permet à la chanteuse et ses danseurs de s’envoler grâce à une plateforme. Et nous sommes tous.tes dans la même équipe ce soir, la plus belle de toutes.

Lorde Zenith Paris Ultrasound tour novembre 2025
photo : Louis Comar

Nous sommes Les Adam et Eve sorti.es de la côte de Lorde

La chanteuse a changé de tenue, elle brille face à nous et s’adresse directement au public. La fosse se creuse, un espace se crée et les portables s’y tendent. Voilà la chanteuse qui s’engage dans le public pour y chanter « David » et sa douceur sans fin. C’est ainsi qu’on dit au revoir à « Virgin », le coeur sur les lèvres. Il reste pourtant un dernier morceau. Lorde se perche dans les gradins, au centre de son public. Avec la sincérité d’une bonne amie, elle lance quelques « Je vous aime » à l’audience. Au commencement était « Pure Heroine », celle qui se tient encore devant nous. Au commencement était « Ribs », et telle une Eve qui nous donne quelques bouffées de vie, Ella s’apprête à lancer son dernier morceau. Les notes défilent et les lumière en un sillage astucieux provoquent une vague de brouillard au dessus de son visage. Le brouillard semble créer des vagues et lorsqu’elle tend la main pour les toucher du bout des doigts, elle semble nager. Le corps est constitué d’eau et de musique ce soir.  » We can make it so divine » chante-elle avec une foule qui crie chaque mot. Loin d’être des paroles en l’air, voilà que le divin aura bien pris part à la soirée.  Perchée au dessus de la foule, la prêtresse au sweat rouge, la plus humaine que l’on puisse rêver, nous attribue quelques dernières grâces. « But that will never be enough » répète-elle en boucle. Des mots qui résonnent tout particulièrement en cette fin de soirée. Parce que nous aurions pu habiter dans ce concert de Lorde, pour le reste de l’éternité.


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Tout change, tout passe, tout avance. Parfois trop vite, à tel point qu’il est difficile de retrouver ses repères. Et pourtant, il est un lieu où nous avons toujours 20 ans et où les codes restent – du moins en immense partie – inchangées. Il s’agit des gigs des artistes issus du  rock des scènes alternatives. En la matière, le concert parisien des britanniques d’Enter Shikari ce 21 février permettait de se reconnecter à une maison constituée d’un cœur humain. Une forme d’insouciance partagée sans pour autant s’abstraire de l’actualité et du difficile contexte politique que nous subissons en ce début 2024. Un moment entre énergie et set très travaillé qu’on vous raconte.

Enter Shikari – Le Trianon Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Communauté engagée

Il y a du monde ce soir au Trianon de Paris. La pluie qui dehors coule à flot depuis le début de la journée semble rapidement se faire obscure souvenir en montant les escaliers de la très belle salle parisienne. A l’intérieur, les t-shirts noirs de groupes sont légions. Ceux d’Enter Shikari évidemment, mais pas seulement. Les fans de rock alternatif partagent un look travaillé mais précis, sorte de repère pour défendre les formations qui leur parlent. Et depuis fort longtemps, le courant est une niche. Certes, il a son public, l’un des plus dévoué qui soit mais aussi l’un des plus communautaire. Ce qui est vrai au Royaume-Unis est loin d’être vrai en France. Outre-Manche, Enter Shikari et leurs comparses remplissent des Arenas. Ici, il faut compter sur des salles de moyennes capacité pour chanter à tue-tête des riffs screamés.  Une configuration qui ne dérange en rien Enter Shikari. Bon joueurs, ils y mettent la même énergie que dans les plus grandes salles. A croire même qu’un certain plaisir se dégage à la perspective d’une proximité retrouvée avec le public. La chose sera d’ailleurs prouvée encore et encore en cette soirée, où, les jeux d’écrans, aussi impressionnants soient-ils ne volaient pas la vedette aux nombreux échanges offerts par Rou Reynolds, le frontman.  Et puis ces salles à taille humaine, elles permettent également de partager des valeurs communes.  Le groupe est en effet ouvertement engagé dans de nombreuses causes qui lui sont chères. Parmi elles on retrouver les luttes pour les droits LGBTQ+ (Reynolds n’avait pas ménagé – à juste titre – le chanteur de For Today suite à ses tweets homophobes) mais aussi engagement pour le climat et le féminisme ( tout leur 4ème album « The Mindsweep », hautement politisé traitait de ces sujets). Des engagements qu’ils apportent avec eux leurs de leurs tournées.

Fever 333 : fièvre pacifiste

Fever 333 – Le Trianon Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

C’est sûrement une des raisons (entre autre de leur talent) qui les ont poussé à tourner avec Fever 333.  Ces derniers signaient ainsi la deuxième première partie de la soirée.  Notons que deuxième première, ça parait plus compliqué à l’écrit que ça ne l’est dans la réalité. Toujours est-il que  le groupe américain mené par Jason Aalon Butler  a lui aussi profité de ce Trianon pour rappeler que le groupe se tient toujours du côté des opprimés. Sans musique,face au public et  parlant avec éloquence, le chanteur ne mâche pas ses mots pour défendre la cause des palestiniens et demander la libération totale de ce peuple comme l’arrêt de cette guerre violente. Un message accueilli par un public qui partage ce même sentiment de profonde injustice. Les applaudissements fournis venant d’ailleurs appuyer le propos. Plus tard, le groupe en profitera pour remercier les membres féminins du public : « Votre simple existence suffit et est une bénédiction »avant de leur dédier un morceau. L’envie de créer une safe place au sein de ces concerts sonne comme une évidence. La rage déployée par les guitares saturées, le rock, les screams,  tout ça forment un exutoire, une occasion de laisser sortir les souffrances, difficultés et d’exprimer les révoltes. Il devient aisé de laisser sortir ses démons. Leur rire au nez même. En la matière l’énergie de Fever 333 a peu d’égal. Au milieu de ses riffs costauds, la formation subjugue la foule, visiblement aussi fan de la première partie que des hôtes de la soirée et connait chaque morceau par cœur. Avant de quitter la scène, Butler s’offrira un saut dans la fosse depuis les balcons atteint par quelques astuces d’escalade. Un premier bain de foule la soirée, les suivants seront réservés à Enter Shikari.

Enter Shikari : Des visuels forts, des lumières muticolores

Ces derniers savent d’ailleurs soigner leur performances. Moins brutes de décoffrage que Fever 333, on voit que la tête d’affiche de la soirée a pris le temps de rôder son live. L’entrée sur « System… » puis le single à succès « …Meltdown » (issu de « A Flash Flod of Colour » publié en 2012) ne sont qu’une très belle mise en appétit.   Il débarquent sur scène avec de gros écrans peuplés de nombreuses vidéos colorées qui viennent habiter leur performance musclée. La scène du Trianon (l’une des plus belles de Paris d’ailleurs en raison des ses balcons élégants) leur va parfaitement au teint. Probablement même mieux que celle de leur dernier passage, un Trabendo en 2022, qui laisse peu de place à ce genre de très grosses scénographies. Ici, Rou Reynolds et ses comparses sortent le grand jeu. Des lumières viennent s’ajouter au live. Elles se font parfois jeu de laser, le chanteur s’amusant à les couper de sa main pour mieux les laisser changer de couleur. La lumière ici ne se contente pas d’aider le spectacle et sa lecture mais devient une véritable actrice de cette scénographie très léchée.

Un nouveau registre et un dernier baiser

Côté son, on ne pourra pas reprocher à Enter Shikari de ne pas avoir su peaufiner son style et lui donner une texture plus accessible, plus mainstream. C’était déjà le cas sur son avant-dernier né « Nothing Is True & Everything Is Possible » paru en 2020 et dont la tournée, retardée par le COVID avait vu le jour en 2022.  La preuve en est à nouveau donnée avec cette dernière sortie en date :  » A kiss for the whole world » paru en 2023 . Ici un électro enragé vient se greffer à un rock sans concession. Les genres s’y croisent et s’y rencontrent. Jim Morrison prévoyait déjà à la grande époque des Doors une telle évolution de la musique. Un rock qui changerait, peut-être perdrait un certain souffle au profit d’une scène électronique travaillée.

Enter Shikari – Le Trianon Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

On ne va pas faire mentir le maître. Cette modernité pressentie si tôt, elle s’applique à la carrière de ceux qui ce soir enflamment le public. Pogos et slams se côtoient volontiers au milieu de mélodies saturées. Pour autant, l’atmosphère, elle, reste inchangée. Ce qui était vraie dans les années 2000 ( la formation du groupe date de 1999) l’est tout autant aujourd’hui. Les réactions, la manière de goûter au live sur cette scène si particulière se répètent en une grande fête dont on connait la gestuelle. Et Reynolds ne manquera d’ailleurs pas d’en profiter pour s’offrir son traditionnel bain de foule. Morrison disait également qu’un autre courant viendrait prendre la relève du rock. Il avait raison, puisque le Hip Hop a aujourd’hui pris une place dominante dans le paysage musical. Bonne nouvelle : Enter Shikari sait aussi manier le genre, dans le registre néo metal d’ailleurs. En les écoutant, il parait évident de penser au pionniers du genre Limp Bizkit. Le nouvel album a la part belle ce soir notamment sur une interprétation phénoménale de  » Jailbreak ». Et puis pour mieux se calmer, le chanteur s’offre un un titre apaisant en solo, guitare à la main avec « Juggernauts ». La soirée se conclut sur un rappel en deux titres et son grand final pour un dernier pogo transpirant :  » A Kiss for the whole world ». Ce baiser passionné permet de démultiplier l’énergie, la transmettant comme une promesse faite. Au Monde entier d’enfin soigner ses plaies ? Au moins au Trianon ce soir, d’avoir passé un moment mémorable où l’amour se signe en baisers et lâcher prise.


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Paolo-Nutini_La-Cigale-Paris_2022
Crédit photo : Louis Comar

En ce frais lundi d’octobre c’est à la Cigale de Paris que nous nous rendons pour réchauffer nos mains fraichement bleuies et les souvenirs d’une époque pas si lointaine. En effet, règne sur la salle mythique un petit air de nostalgie aux abords des retrouvailles avec la coqueluche pop-rock/folk des années 2010: Paolo Nutini. Car après 8 ans d’absence, l’écossais pas si italien qu’il n’y parait annonçait son grand retour avec Last Night In The Bittersweet, un quatrième album tout en maturité. La tournée annoncée de coutume dans la foulée n’était pas pour nous déplaire, retour sur un beau moment de musique.

INNOVATIONS ET RENOUVEAU

À en observer l’âge moyen de l’audience, ce n’est pas se mouiller que d’affirmer que la plupart du public est ce soir présent pour raviver le goût de nutini qui manquait depuis trop d’années à sa douce oreille. Le dernier opus, bien que savamment composé et interprété, a tout de même peiné à conquérir les coeurs des fans, sûrement du fait de ses expérimentations musicales dénotant en partie du travail habituel du musicien. Et ce désir d’innovation se ressent particulièrement ce soir: de nombreux titres (« Candy », « Jenny Don’t Be Hasty », « Let Me Down Easy »…) sont joués dans des versions tout à fait différente de celles usuelles. Entre approches house et transformation quasi-totale de l’identité des morceaux, Nutini a nettement décidé de passer un cap dans son processus créatif. Au ban les ballades à trois accords, accompagné de ses talentueux musiciens, l’interprète se démène pour se ré-inventer. La démarche fonctionne plus ou moins bien, voire frustre sur certains « tubes » mais témoigne d’une croissance tout à fait louable, quoique encore perfectible. La Cigale semble toutefois conquis par ces nouveautés et en redemande.

« LAST NIGHT IN LA SWEET CIGALE« 

Mais ne vous faîtes pas de bile, Paolo, sa guitare acoustique et sa superbe voix sont toujours de la partie. La superbe section de morceaux acoustiques conquit notamment la salle parisienne et offre un moment de douceur et de communion par-delà les cieux. Comme à son habitude, l’artiste écossais est dévoué à son art et laisse la torpeur de l’instant musical pénétrer ses viscères et ses cordes vocales. Cette abnégation est contagieuse et s’incarne dans les réactions réjouies de l’audience, jusqu’à faire soulever tout le parterre de la Cigale. C’est un vrai moment de partage auquel il est donné d’assister ce soir. Nutini instaure une intimité précieuse chérie par chaque spectateur. D’une rare poésie.

Paolo-Nutini_La-Cigale-Paris_2022
Crédit photo : Louis Comar

NUTINI, COMME CHEZ LUI

C’est essentiellement le dernier effort du musicien qui est représenté ce soir au cours du set et il faut dire que l’écouter en live le rend plus accessible et appréciable. Chacun des nouveaux morceaux prend de l’ampleur et conquis un public pas forcément entièrement familier avec ces compositions. De toute manière la performance est accueillie à bras ouverts. Il suffit d’entendre le parterre donner de la voix sur « Iron Sky » pour saisir la force de cet engouement. Paolo Nutini est ici comme chez lui, le public parisien ne cesse de l’acclamer et de l’apostropher ; harangues auxquelles il n’hésite pas à répondre avec humour. Et c’est ainsi après 2h de show hors du temps que Paolo Nutini quitte la Cigale, sous les applaudissement d’un public entièrement séduit, conforté dans ses souvenirs plaisant d’un musicien sommes toute très talentueux.


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My Chemical Romance accor arena parisQui l’eut cru ? Alors que les courants pop punk et autres emos semblaient avoir perdu de leur superbe, se contentant de faire plaisir à des trentenaires nostalgiques du bon temps de Jackass et Daria, les voilà qui reviennent sur le devant de la scène. Et pas si discrètement d’ailleurs, Blink-182 est de retour dans les petits bacs du Citadium de Paris, The Offspring n’est plus un gros mot et l’emo personnifié par My Chemical Romance s’offre un bain de foule immense à l’Accor Arena de Paris en ce 1er juin 2022. Une surprise pour ceux qui auraient perdu le fil il y a quelques années. La nouvelle popularité de son chanteur, Gérard Way, créateur des bande-dessinés « Umbrella Acamedy » aurait-elle aidée ? Pas uniquement à en juger par un public beaucoup trop jeune pour avoir connu les débuts du groupe mais néanmoins hautement investi. Ce moment de nostalgie était-il à la hauteur de l’immense salle parisienne ?

Bercy, ton univers impitoyable

Depuis, que l’Accor Arena a changé de propriétaire, la salle a fait peau neuve. Les couloirs y sont impeccables, le staff joue la carte du standing, l’offre alimentaire est plurielle. Pas l’offre du bar pourtant, puisqu’il sera impossible d’y trouver une goutte de vin. Tant pis, le coca, c’est bien aussi. Et puis ça va avec la restauration, des burgers et des pop corns comme au cinéma. Dans ces murs, la notion de concert est bien plus proche  du spectacle que de celle qui touche à l’amour de la musique.  Il faut dire que lieu est rodé à l’américaine et l’entertainement. Et en Amérique, ils sont plus connus pour la bière que le vin n’est-ce pas ?  – mais on peut parfaitement passer une soirée sans vin il va s’en dire, personne n’en avait envie de toute façon. – Il faut ensuite pousser les immenses portes pour prendre place dans des gradins fortement remplis. Pour ceux qui sont en fosse, ce sera une autre histoire. Plus besoin de faire la queue des heures pour s’assurer d’avoir les premiers rangs. Il suffit de payer plus chère, une fosse or. Le charme des dix heures d’attente et du pipi derrière une voiture, c’est fini ! Et la fosse, ce soir, c’est The place to be. Elle est d’ailleurs pleine à craquer pour accueillir My Chemical Romance.

Welcome to the (throw)back parade

L’assistance est plurielle mais elle est dominée par une majorité d’adolescents et de très jeunes adultes. Comme les années 90 avant elles, les années 2000 sont aussi de retour. Elles arrivent, on vous dit, telle une Cassandre des temps modernes. Voilà donc que des mitaines rayées noires et blanches, des baggies et autre larmes dessinées sur les visages à l’eye-liner peuplent la salle. Que d’aventures. Côté scène, le groupe est venu équipé d’un décors qui change de ses premières dates parisiennes lors d’un certain Trabendo, lui aussi au mois de juin mais … 2005. Où est passé le temps ? Un verre de vin pour oublier serait le bienvenu, mais ce ne sera pas pour ce soir.

Le décors donc, est conçu autour d’une forme de ville suite à un apocalypse, avec reliefs, bouts d’immeubles et même quelques détritus en avant scène. Clin d’oeil à l’apocalypse de l’excellent « Umbrella Academy » ? – mais non c’est pour reprendre l’esthétique de « Dangers Days : the True Life of the fabulous kilijoys » dernier album paru en 2010 avant le split et les retrouvailles. Pour le reste, la sobriété est de rigueur. Point de gros effets, la formation mise sur son énergie et ses gros tubes pour séduire. Gérard Way est en grande forme. Adieu les problèmes d’addictions dont il a pu parler à la presse, comme le leader de Sum 41 avant, c’est une nouvelle jeunesse qui l’attend. La foule est en transe, compacte en fosse or, mais aussi en fosse prolétaire. Un rainbow flag est agité et une pancarte, remerciant le groupe d’avoir sauvé la vie de celui qui la tient est brandie. On ne pourra pas enlever à l’ère emo d’avoir su parler à une jeunesse d’intégration, de bienveillance et de santé mentale. Une excellente chose qui fait toujours échos aujourd’hui. Côté gradins, tout le monde est debout dès les premières notes. Le groupe commence fort avec « The Fondation of Decay ».

Teenagers et ceux à qui ça manque

Son rock ne fait pas dans la dentelle, grosses machines, batterie qui tabasse, rythmiques qui cognent et la voix bien connue qui n’a pas changé d’un poil de son leader. Le groupe occupe l’avant-scène, et Way se donne pleinement, bougeant d’un bout à l’autre de la salle. Certes, côté ingé son, les premiers temps sont brouillons, hachés mais le plaisir est là.  Les gros stitres se succèdent issus de la toute la discographie du groupe. « Give’em Hell, kid », « House of Wolves » et surtout l’un de leurs plus gros succès « Na Na Na (Na Na Na Na Na Na Na Na Na) » – heureusement qu’il n’y avait pas de vin, il aurait été difficile de bien compter tous les Na de ce titre. La température monte, et le chanteur est unanime « On vit toujours de beaux moment à Paris mais celui-ci les écrase tous ». Sympa pour ce souvenir d’été en 2005 dans la fosse pas coupée en deux Gérard !  Parce que tout le monde est prêt à chanter fort, le groupe lance « The Black Parade » l’hymne d’une époque.  Qui eut cru que My Chemical Romance rassemblerait les générations ? Alors certes, ce genre de shows joue sur des grosses ficelles qui sont tirées par tous les groupes d’une même époque, des façons de se tenir sur scène, d’aborder l’énergie, mais il est aisé de se laisser prendre au jeu. Le musicien communique volontiers avec la foule « Merci pour tout ce que vous avez fait » et annonce reprendre aussi son premier opus. « Teenagers » suit.  La salle allume les lumières de ses portables et  ne se brûle plus les doigts avec un briquet sur chaque moment émotion. Douce nostalgie de la petite odeur de ton doigt qui sent le poulet rôti. Les portables, ça sert aussi à filmer le concert ou à se filmer en concert.

Il est bientôt 22 heures…

Chacun est un peu acteur de son moment, jouant l’émotion sur les réseaux sociaux, des visages de proches absents ce soir là peuplent les smart phones et ces petits moments de communion semblent bien à propos.  Le leader raconte avoir beaucoup de morceaux sur les vampires -rappelons-nous s’il vous plait que nous parlons d’un  groupe qui a débuté dans une époque pré-Twilight, un peu d’indulgence-  et de lancer « Vampire Money ». Ce qui caractérise  le show c’est son audience réactive. Tout le monde joue le jeu. Perdu dans l’énergie, Ray Toro, s’offre un petit solo en avant-scène. « Helena », l’un des titres les plus connus résonne alors que le son est bien meilleur en cette fin de set et semble moins être passé au hachoir. Il n’est pas encore 22 heures et le concert touche presque à la fin, après tout il y a encore école le lendemain. « Cancer » est joué avant un mini rappelle pour mieux écouter le très attendu « I’m not okay ( I promise) » sur lequel tout le monde chante franchement. C’est sur « The kids from yesterday » dont le titre résonne franchement dans les coeurs d’une partie de l’audience confrontée à son passé que se conclut la performance. 2004, c’était hier non ?


Bambara à la boule noire

BAMBARA : brume épaisse pour rock électrisant (portrait)

Imaginez une nuit d’errance new-yorkaise dans des dédales de rues désertes. Imaginez craindre pour votre…

The Hives @ l'Olympia Paris 2021

The Hives : « Au début, on faisait semblant d’être riches pour embêter les punks » (Interview)

Alors que la pandémie mondiale laisse entrevoir une accalmie, elle permet surtout aux groupes internationaux…

[Interview] Fontaines D.C : « Dans la vie de tous les jours, on est des gars très optimistes »

A l’occasion de leur premier concert depuis le confinement, qui eut lieu mercredi 07 octobre…