Tag

Interview

Browsing

Récente coqueluche du rock indé chez la jeunesse, c’est à l’occasion de leur passage au Trianon pour leur plus importante tournée européenne en date que nous avons pu rencontrer Ryan Guldmond, chanteur et tête pensante de Mother Mother. Venu défendre leur dernier album studio « Inside » ainsi que leurs récents singles, cet entretien a été l’occasion d’en apprendre davantage sur la manière dont le groupe gère sa fulgurante popularité en Europe et envisage sa musique dans son processus son créatif

WELCOME TO EUROPE

Guldmond le dit lui-même, cette tournée a une saveur particulière. « Beaucoup de choses ont changé », il y a « beaucoup de nouveaux fans », « d’une certaine manière c’est comme si c’étaient nos premiers concerts en Europe. ». En effet, les musiciens de Vancouver n’ont jamais sillonné l’Ancien Continent à travers de si grandes salles. Depuis l’explosion de leurs musiques sur Tiktok, la fanbase de Mother Mother s’est largement agrandit et les nouveaux passionnés répondent à l’appel. En témoigne la gigantesque file de jeunes gens devant la salle parisienne plusieurs heures avant l’ouverture des portes.

NOUVELLE FAMILLE

A ce propos, Guldmond est plus qu’enchanté de ces nouveaux liens qui se créent entre le groupe et leurs récents fans, « Les fans deviennent une famille, toujours ». Car même s’il n’est pas forcément facile d’aborder toutes ces nouveautés, les musiciens sont portés par une passion artistique et altruiste faisant vibrer leur cœur : « Nous avons un but ici, on essaye de rassembler les gens, la jeunesse. » Les hostilités plus tardives en feront montre, c’est un seul groupe que forment Mother Mother et leurs fans lors de leurs concerts. C’est précisément ce que recherche Guldmond et ses acolytes lors de leur performance : « nous essayons depuis longtemps de créer un lieu, quelque chose de sûr pour les gens ».

ECRIRE POUR EXISTER… ET RENCONTRER

À l’image de leurs concerts, la musique de Mother Mother inclut depuis toujours les incompris et leur transmet l’amour parfois difficilement obtenu. Leurs concerts sont les lieux de rencontre entre le groupe et ceux qui les écoutent : « On commence à écrire en ayant à l’esprit qu’on va rencontrer quelqu’un. ». Leur dernier single « Cry Christmas » sur le mal ressenti par certains lors des fêtes de fin d’année en est particulièrement représentatif. Cette composition plus sombre et rock est une nouvelle réussite importante pour le groupe à l’égard de ses auditeurs confie Guldmond : « quand on lit les commentaires sur le clip youtube de “Cry christams”, on y trouve beaucoup de personnes évoquant pourquoi noël est difficile pour eux, la pression de la famille, de la consommation… ». Une fois de plus les rockeurs au grand cœur ont visé juste. Comme avec leur second album studio « O my heart », celui qui les avait projetés sur le devant de la scène en Amérique et qui a été récemment découvert par des millions d’adolescents européens.

O MY HEART, WE DID IT

Cet entretien a d’ailleurs été l’occasion de revenir sur ce magnifique effort et sur Hayloft II, la réédition du « tube » du groupe. Ce renouveau s’est imposé comme une évidence au groupe devant la popularité du single original : « ce n’était pas un effort de créer Hayloft 1 et 2, c’était juste une façon de faire grandir l’énergie ». Parce qu’un groupe évolue avec son art et avec ses fans complète Guldmond. Et si « O my heart » demeure bien la création la plus populaire du groupe, même 15 ans après, c’est parce que la composition des musiques a été un point tournant de la carrière du groupe : « c’était le premier album où nous avons vraiment expérimenté la musique (…) il y a quelque chose de juste qui nous a inspiré une très grande écriture. ». C’est l’album qui les a fait découvrir en Amérique il y a 15 ans et qui les fait découvrir aujourd’hui en Europe. Mother Mother cherche de toute manière une inlassable évolution pour satisfaire tant leurs fans que leur démarche artistique. Histoire européenne à suivre d’un groupe qui était déjà grand avant sa notoriété tardive.


Le 7 octobre 2022, l’excellence vertigineuse de Sorry est de retour avec un nouvel album « Anywhere but Here », le digne successeur de « 925 ». Avec son rock glacé et mélancolique, le groupe dévoile une galette hypnotisante, y signe la fin de son adolescence mais ne perd rien de sa sensibilité. Popnshot a rencontré deux de ses membres Asha Lorenz et Louis O’Bryen pour discuter de cette sortie dans les locaux parisien de son label Domino Records. Un moment autour d’un thé chaud pour parler compositions, boucles musicales, maturité, perfection, Skins, Euphoria et méthodes pour découvrir de nouveaux artistes.  Une rencontre  portée par la douceur d’un duo à la timidité et à la sincérité touchante sur lesquels il faudra compter pour faire briller l’avenir du rock made in UK.

SORRY par Théophile Le Maitre
SORRY par Théophile Le Maitre
Popnshot : Votre nouvel album, « Anywhere but here » sort ce 7 octobre. Comment le décririez-vous en quelques mots ?

Asha Lorenz: C’est mélancolique, il t’emmène en voyage. Il est aussi lourd.

Louis O’Bryen : On a écrit des morceaux  classiques 70’s mais avec des twist et des productions très modernes.

Pourquoi cette période 70’s vous inspire-t-elle autant ? Elle évoque quoi pour vous ?

Louis : Je pense qu’on a écouté beaucoup de morceaux qui datent de cette époque. Nous voulions qu’il y aie une cohérence entre les titres de l’album. Nous n’avions pas fini les morceaux avant d’aller en studio. On avait fait l’inverse sur le premier album, on avait les chansons et ensuite on a enregistré et créé de la cohérence entre elles. On a voulu travailler différemment cette fois.

Le premier album était un mixe de morceaux issus des cinq dernières années. Comment ça s’est passé sur celui-ci ?

Asha : On l’a fait un an et demi après avoir fini le dernier. Donc c’était bien plus compact.

Votre premier album était décrit comme quelque chose de jeune mais de beau, une sorte de cri adolescent. Celui-ci est déjà décrit comme celui de la maturité. C’est un terme souvent employé dans la presse, est-ce quelque chose qui vous parle ?

Asha : C’est une deuxième maturité. Il y avait déjà un pas vers elle sur le premier album. On a écrit le premier de nos 18 à 22 ans. On y parlait de nos problèmes. Aujourd’hui, on a toujours les mêmes mais on les voit avec plus de maturité.

Louis : On est toujours en train de grandir et notre musique représente toujours ça. Mais comme le dit Asha, c’est peut-être plus mature, ça nous représente peut-être mieux et c’est aussi plus honnête.

Après la sortie du premier album, vous avez sorti une mixtape des titres comme ils existaient dans leur première version en expliquant que les morceaux évoluent toujours et que vous vouliez dévoiler une photographie de leur premiers instants. Les nouveaux titres ont-ils également beaucoup évolué ?

Asha : On a les démos, on pourrait les sortir un jour. Mais comme ces chansons ont été écrites dans une courte période elles ont moins eu le temps d’évoluer. Elles ont un peu changé de forme. La progression était moins forte que la fois précédente.

Popnshot : Le premier album s’appelle « 925 » parce que l’argent obtient sa pureté à 9,25. Vous aimiez l’idée que ce soit presque parfait. Vous essayez de vous rapprocher de la perfection ?

Asha : Ce n’est pas encore l’album parfait. Si on arrive à faire un un jour, ce n’est pas celui-ci. Mais c’est une progression saine.

On a voulu en faire un générique d’introduction avant que les choses ne deviennent plus sombres.

La première chose qui frappe quand on écoute « Anywhere but here » c’est que le premier titre est très joyeux et lumineux mais qu’il tranche avec le reste de l’album qui est bien plus sombre et mélancolique. D’où vient cette rupture de ton ?

Louis : On a écrit ce titre bien après avoir enregistré le reste de l’album. On voulait écrire un titre plein de vie. On voulait un titre qui fasse battre les coeurs, différent du reste. Mais le morceau ne collait pas avec l’ambiance général donc on ne pouvait pas l’insérer ailleurs. On a voulu en faire un générique d’introduction avant que les choses ne deviennent plus sombres.

Sur le clip de « Key of the city » vous dépeignez les clichés de ce que les personnes font de leur intimité dans les grandes villes. Ce n’est pas la première fois que les grandes villes vous inspirent…

Asha : On a grandi à londres, on y a toujours été et on a les mêmes amis depuis le début de nos vies. C’est naturel pour nous, puisque c’est de là qu’on vient, d’avoir un oeil sur tout ce qui se passe. Les gens y font des choses très différentes tout le temps. Mais ce qui nous intéresse surtout c’est les gens et les relations qui se font dans les villes qui nous intéressent.

Mais on a aussi voulu rendre le clip humoristique en utilisant les clichés, notamment celui de l’argent. On a d’ailleurs créé des personnages qui sont très stéréotypés.

Vous avez d’ailleurs une histoire forte avec New-York, vous y avez joué juste avant la pandémie avant d’y retourner avec Sleaford Mods.

Louis : On a pu jouer à New-York mais ni à Los Angeles ni dans le sud ouest. Notre tournée a dû être écourtée.

Vous disiez que c’est la ville où toute les fins du Monde dans les films arrivent. Post-pandémie, il parait que la ville est devenue très post-apocalyptique, vous l’avez ressenti ?

Louis : New-York n’est pas une ville normale et pourtant tout semblait plutôt normal quand on y est retourné. La ville avait l’air d’avoir guéri.

C’est l’apprentissage de laisser tomber des choses, d’accepter de mettre un terme, une fin.

A la fin de l’album le titre « Again » marque les esprits. On peut le rejoindre de l’histoire de ta mère qui est doula de fin de vie Asha ?

Asha : Un peu mais pas tant que ça. Ça parle des petites morts qu’on a dans le vie. C’est l’apprentissage de laisser tomber des choses, d’accepter de mettre un terme, une fin. Ça va avec l’album puisque c’est aussi sa clôture. Le titre s’accroche à une note en particulier parce que c’est un son similaire à celui qu’on fait quand on est très heureux ou très triste ou qu’on perd quelque chose. Ça parle du besoin de changement mais le changement ne vient pas.

Vous y utilisez une boucle musicale. C’est un procédé assez fréquent chez Sorry. Comment cela appuie-t-il un propos ?

Asha : Ici ça va très bien avec les paroles. La boucle aide les paroles. On voulait montrer qu’on construit et que pour autant ça reste la même chose.

Vous les écrivez en premier ?

Asha : Ça dépend complètement du morceau. Parfois ce sont elles qui vont dicter la musique mais parfois c’est l’inverse. Ça dépend de si l’idée du morceau est à ses débuts ou si elle est très avancée.

Louis : L’un peut bouger l’autre. Les paroles construisent les instruments.

Sorry Anywhere but here
crédits Théophile Le Maitre
Comment s’est passé la conception du titre « Key of the city » qui parle des coeurs brisés. Les paroles sont-elles arrivées avant les instruments ?

Asha : on avait les riffs de la guitare et les paroles ont découlé de ça. Et le reste de la chanson est arrivé après la construction du premier couplet. Les deux viennent main dans la main quelque part quand l’idée a déjà eu le temps d’être développée dès le début.

Louis : C’est important pour nous que les samples et les notes électros soient un miroir des sentiments représentés dans le morceau.

« Screaming in the rain », c’est un clin d’oeil sombre à « Singing in the rain » ?

Asha : Un peu. On a joué sur les mots.

Louis : C’est sa version triste. (Rire)

On met une partie de nous de nos chansons et ça leur donne, je pense une certaine lumière.

D’ailleurs pourquoi cet attrait pour les compositions mélancoliques ?

Asha : C’est qui nous vient naturellement. C’est vraiment très difficile à expliquer mais ça vient de ce qu’on ressent. On ne le choisit pas.

Louis : C’est un sentiment naturel. Quelque chose autour duquel on gravite mais parfois on essaie d’écrire des chansons joyeuses. C’est bien plus difficile que d’écrire des chansons tristes. C’est peut-être juste compliqué pour nous en tout cas.

Asha : Le genre que l’on joue n’est pas propice aux chansons joyeuses. On essaie de faire des titres solaires pour contrebalancer la tristesse, trouver un équilibre.

Louis : On met une partie de nous de nos chansons et ça leur donne, je pense une certaine lumière.

Sorry crédits : Iris Luz –
Un journaliste de chez Magic avait comparé votre premier album au show télévisé « Skins ». La comparaison vous plait-elle ?

Louis : On adorait le show quand on avait 14 ans. Si on le regardait maintenant se serait un peu embarrassant. Avec ces adolescents rebelles qui grandissaient en Grande-Bretagne, à l’époque on les trouvait super cool. Mais à cet âge là, on est sensibles à ces choses là.

Vous pensez que les adolescents d’aujourd’hui seraient moins tenté d’aimer « Skins » ? Ils ont « Euphoria » mais l’ambiance y est différente.

Asha : Non je pense que les adolescents aiment toujours ce genre d’histoires. Les gens sont obsédés par « Euphoria ». C’est une autre façon d’être choquant qui y est utilisé.

Louis : Mais j’aime beaucoup le show. Je le trouve excellent. C’est très intense.

Qui dit album dit concerts. Une tournée arrive avec deux dates parisiennes notamment. Comment travaillez vous le passage du studio à la scène ? Faut-il repenser les titres ?

Asha : On va les retravailler, on veut que le show aie un flow différent. On commencera les répétitions avant la tournée mais on veut lui donner plus de profondeur et ne pas simplement jouer les morceaux.

Louis : On a un peu joué aux USA et au Royaume-Unis nos nouveaux titres, on y a pris beaucoup de plaisir. Les gens ont eu l’air de les apprécier.

J’aime prendre un album que je ne connais pas chez un disquaire.

Dernière question : Quelles seraient vos recommandations pour aider les gens à découvrir de nouveaux artistes ? Quelles méthodes utilisez-vous ?

Asha : J’aime prendre un album que je ne connais pas chez un disquaire. Et même s’il n’est pas si bon, tout album a toujours quelque chose à apporter. Et si tu t’impliques dans le travail de l’artiste, tu y trouveras toujours quelque chose et c’est satisfaisant. Donc impliquez vous à un artiste.

Louis : J’en trouve beaucoup dans des films et des séries.


Luke Pritchard

Le 22 juillet 2022, après quatre ans d’absence, The Kooks reviendront avec un sixième album, 10 Tracks To Echo In The Dark. Si le titre évoque une certaine noirceur, l’album, lui, est lumineux et regorgeant de joie de vivre. Le groupe se produira à L’Olympia le 18 février 2023 et dans d’autres villes françaises comme Toulouse, Bordeaux et Lyon, un peu avant, en fin janvier 2023.  De passage à Paris il y a peu, Luke Pritchard a accordé une interview à Pop & Shot. Avec cette bonne humeur qui lui est propre, il aborde les inspirations derrière le nouvel album, son nouveau rôle de père, la littérature surréaliste, Berlin ou la dernière fois qu’il s’est senti vraiment « naïf » ! A découvrir en vidéo

Découvrez notre interview de luke Pritchard de The Kooks

Interview : Pénélope Bonneau Rouis et Julia Escudero / Vidéo : Théophile Le Maitre


Alors que la pandémie mondiale laisse entrevoir une accalmie, elle permet surtout aux groupes internationaux de parcourir à nouveau le Monde. A peine le feu vert donné, et voilà que les fous furieux de The Hives reprennent déjà les routes. Rien d’étonnant lorsque l’on connait la réputation de la formation en live. Après un passage aux Etats-Unis, annoncé dix jours avant, les voilà qui débarquent en France.  C’est à l’occasion de leur passage à l’Olympia de Paris que le groupe a invité l’équipe de Popnshot en backstages pour une interview haute en couleurs.  On y a retrouvé Pelle Amqvist, le chanteur un peu malade mais ravi d’être là. L’occasion d’aborder autour d’une boisson chaude la question du  ou plutôt des deux nouveaux albums à venir 9 ans après la sortie de Lex Hives, mais aussi du retour sur scène, du courant punk en 2021, d’un concert dans un sous-marin, de son esprit rebelle et de King Gizzard and The Lizard Wizard. Rencontre.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar
Pop & Shot : Vous revenez tout juste d’une tournée au USA. C’était comment de retourner là bas ?  Vous y avez beaucoup d’influences, est-ce que vous y avez trouvé de nouvelles inspirations ?

Pelle Almqvist aka. Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Quand on était là-bas, on n’écrivait pas, on était tout le temps en tournée. Mais c’était très amusant de vivre  la culture américaine. Et c’était dans le Sud, ce qui est plus exotique que New York ou Los Angeles. On est allé en Floride, à Nashville, au Tennessee dans le Mississippi.

 

Pop & Shot : C’était comment de voyager à nouveau après la pandémie ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’était cool ! Mais vraiment étrange, parce que nous n’avons appris seulement 10 jours avant la tournée que nous pouvions la faire. C’est donc très difficile d’en faire la promotion.
Mais c’est bon d’être de retour ! Pendant toute la pandémie, on a essayé de faire des concerts. Nous avons essayé d’en organiser et ils ont été annulés. Maintenant, du jour au lendemain, Nous avons beaucoup de concerts,  une tournée américaine et une tournée européenne. C’est vraiment cool. On est presque le seul groupe en tournée actuellement. D’ailleurs, notre promoteur a dit qu’on était le premier groupe international à jouer à l’Olympia depuis 600 jours.

près les concerts, nous avions environ 1500 appels manqués. Niklas essayait de rappeler tout le monde, il parlait aux gens toute la nuit !

Pop & Shot : Vous avez fait un concert en live stream en janvier dernier. C’était comment de jouer avec personne en face de vous ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Nous avons fait un live stream pour le Mexique d’abord, qui était le concert annulé de Mexico. Donc, quand il a été annulé, les organisateurs voulaient que nous fassions un live stream. C’est donc ce que nous avons fait ! Cela nous a appris tellement de choses et aussi ce qu’on ne voulait pas faire. C’était particulier parce que c’était comme si nous jouions une chanson et qu’à la fin c’était mort. Après chaque chanson, je parlais un peu, puis nous jouions la chanson suivante, puis c’était de nouveau silencieux. Et c’était horrible. C’était le pire, c’était si difficile de faire un bon travail. Parce que la chose la plus importante manque, c’est-à-dire la foule. Alors, quand nous avons fait notre propre tournée mondiale en live stream, nous avons trouvé des solutions. Nous avions des haut-parleurs avec le bruit de la foule que nous avions enregistré dans les endroits où nous avons joué. Ainsi, le spectacle australien avait un bruit de foule de Sydney que nous avions trouvé sur YouTube à partir d’un de nos concert là bas. Le bruit était diffusé entre chaque chanson. Et nous avons vraiment eu l’impression d’un concert normal. Les gens pouvaient aussi appeler appeler en direct. Nous voulions faire ça pour prouver que c’était vraiment live. Car c’était important pour nous de faire ces concerts en direct pour le public. Et c’est pour ça qu’on jouait à des heures différentes, par exemple on se levait très tôt le matin pour jouer en Australie, on restait debout très tard le soir pour jouer aux Etats-Unis, etc. Parce que nous voulions que ce soit comme une tournée, chaque concert était à 21h, heure locale. Et je pense que c’est l’une des choses que nous avons été le plus heureux de mettre en place. C’est aussi très amusant. Parce que les gens appelaient. Après les concerts, nous avions environ 1500 appels manqués. Niklas essayait de rappeler tout le monde, il parlait aux gens toute la nuit !

Pop & Shot : Ils étaient contents de vous avoir au téléphone ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Oui, ils criaient, hurlaient, discutaient. C’était vraiment une bonne idée de faire ça. Je pense que nous avons fait un excellent travail ! Après le premier concert, nous l’avons regardé et nous nous sommes dit que c’était vraiment mieux que ce que nous aurions pu espérer.

Nous ne savons pas si nous allons faire un album, ce qui serait un peu dommage, parce que nous avons tellement de bons titres.

Pop & Shot : Vous avez écrit de nouvelles chansons pendant la pandémie, est-ce que cela veut dire qu’un nouvel album est prévu ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Oui. Nous en avons un de prévu, c’est un album sur lequel nous travaillons depuis longtemps. En fait, ce sont deux albums. Nous essayons de le faire, mais cela prend du temps, parce que nous avons beaucoup de chansons que nous aimons, mais nous n’aimons pas tous les mêmes chansons et nous avons un processus très démocratique. Nous ne savons pas si nous allons faire un album, ce qui serait un peu dommage, parce que nous avons tellement de bons titres. C’est pour ça qu’il devrait éventuellement y avoir deux albums. Aussi, nous prenons une trop longue pause entre les albums, surtout pour celui-ci  d’ailleurs !  Mais même en temps normal, nous prenons beaucoup de temps, donc ce serait amusant d’essayer sortir un album plus rapidement à l’avenir.

Pop & Shot : Dans Lex Hives, vous aviez instauré beaucoup de règles. Est-ce que dans ce nouvel album ces règles seront toujours là ? Y en aura-t-il de nouvelles ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Eh bien, il n’y a pas de règles. C’est peut-être pour ça que ça nous prend si longtemps, parce que toutes les chansons sont différentes. Et c’est difficile pour nous d’en faire un ensemble cohérent.

Pop & Shot : Comment décrivez-vous l’esprit du groupe maintenant que vous avez près de 30 ans d’expérience ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’est bizarre de penser que ça fait si longtemps. Je ne sais pas si quelqu’un a fait quoi que ce soit pendant 30 ans de suite, à part prendre son petit-déjeuner ou aller se coucher. Bizarrement, j’ai l’impression que l’esprit « The Hives » existerait même si les membres du groupe n’existaient pas.  Mais c’est toujours aussi cool d’être dans le groupe, surtout quand nous faisons des concerts. On dit que c’est extatique. Les gens viennent, qu’on ait un nouvel album ou pas, c’est quelque chose de solide, ce qui est cool !

il y a toute cette politique punk qui veut décider de ce qu’on peut ou ne peut pas faire et ça ne sert à rien de s’y frotter.

Pop & Shot : Vous avez beaucoup été décrits comme un groupe de punk, surtout au début. Aujourd’hui en 2021, est ce que vous pensez que le punk représente toujours quelque chose ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’est un peu comme le jazz maintenant. Ça dure. Comme si c’était une force culturelle. Je pense qu’à cette époque nous apprenons à jouer de la musique. Donc le punk fera toujours partie de notre ADN, mais je ne suis pas sûr que ça m’intéresse de m’y référer. C’est plus facile de se dire « groupe de rock n roll », on peut tout se permettre. Alors que si on se dit groupe punk, il y a toute cette politique punk qui veut décider de ce qu’on peut ou ne peut pas faire et ça ne sert à rien de s’y frotter. Donc oui, nos influences ont toujours été principalement le rock and roll et le punk rock. Quelque part entre les deux.

Pop & Shot : Vous dites qu’il y a des politiques punk, ce qui est vrai. À une époque vous vouliez vous rebeller contre tout. Mais vous vous rebellez aussi contre le punk.

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Au début, il s’agissait plutôt de se rebeller contre le punk, car les seules personnes pour qui on jouait étaient des punks. Et ça nous a toujours paru bizarre de jouer pour des punks et de se rebeller contre la société alors la société n’était pas là. Donc si nous voulions embêter quelqu’un, cela devait être les punks. Alors on a commencé à porter des costumes et d’autres trucs classes. Et nous étions devenus des snobes. On faisait comme si on était nés riches. Les punks détestaient ça, ce qui était très amusant.  Mais on adore la musique punk, c’était ça le truc, mais c’est tellement drôle quand les gens ne comprennent pas ce que nous faisons et qu’ils s’énervent.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar
Pop & shot : Est-ce que vous vous rebellez contre d’autres choses aujourd’hui ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Je pense que j’ai toujours été un peu rebelle. Je suis né rebelle. C’est comme si j’étais contre tout ce que les gens avaient, pensaient. En vérité, ça craint un peu. ça rend la vie très dure. Parce qu’il y a un coût à être un rebelle. C’est assez cher, émotionnellement, d’être contre tout ce que les gens pensent. On devient très solitaire. C’est un travail difficile parce que tout le monde essaie toujours de te convaincre de quelque chose. Quand j’ai eu 15 ans, j’ai fait un effort pour m’intégrer davantage. Mais ce côté rebelle est toujours en moi, je crois. Ma première réaction est généralement non.

Pop & Shot : Dans une interview, vous avez dit que The Sonics avaient changé votre vie. Y a t il d’autres groupes qui ont changé votre vie ? Influencé votre musique ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Il y en a un beaucoup, surtout dans ce que j’écoutais plus jeune, parce que les choses que tu trouves au début te frappent le plus fort je pense. Donc, quand j’avais 6 ou 7 ans il y avait AC/DC. Vers 11 ou 12 ans, il y avait quelques groupes de punk comme les Misfits ou des groupes de punk suédois. Mais les Misfits et les Dead Kennedys ont eu une grande importance pour moi. Plus tard, il y a eu The Sonics, vers mes 17 ans. C’était quelque chose d’important, parce qu’avant ça, on jouait une musique influencée par le punk des années 70 et le rock and roll des années 50, comme Little Richard. Nous aimions la musique des années 60, comme les Yardbirds, parce que nous trouvions ça dans la collection de disques de nos parents, mais avec The Sonics, Nous avions l’impression que quelqu’un avait déjà mélangé ces deux choses, le punk des années 70 et le rock’n’roll des années 50, et c’était The Sonics, et j’aimais vraiment la façon dont ça sonnait.

J’avais un ami qui aimait la musique psychédélique et il m’a donné l’album de The Sonics parce qu’il pensait que ce serait de la musique psychédélique, ce qui n’était pas le cas, mais il m’a dit : « Oh, tu aimeras probablement ça ». Et c’était vraiment le cas, ils ont été une grande influence. Plus tard il y a eu d’autres groupes comme Mitch Ryder, The Detroit Wheels et The Saints, mon groupe préféré depuis longtemps. Bien sûr j’aime vraiment les Ramones et les Stooges.

Pop & Shot : Le punk garage fait son retour en ce moment. Avez-vous entendus de nouveaux morceaux excitants ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : J’aime vraiment les Viagra Boys. Je pense qu’ils sont géniaux ! Et j’aime vraiment King Gizzard and The Lizard Wizard. J’aime tous leurs albums. Non, peut-être un sur trois ou quelque chose comme ça. Parce qu’avec King Gizzard, il y a tellement de sorties que c’est difficile à suivre, surtout pour quelqu’un comme moi qui en sort si lentement.
Je me souviens que j’étais dans un studio à Los Angeles en train de travailler sur autre chose. Ils étaient aussi là. J’y étais donc allé la veille et ils avaient enregistré trois albums en un jour. C’est vraiment impressionnant. J’aurai tellement de mal à faire ça. Je suppose que la seule façon de le faire est de sortir des morceaux et de ne pas avoir d’autocritique. Mais je les aime beaucoup.

la salle la plus bizarre dans laquelle j’ai joué était un sous-marin en France

Pop & Shot : Aujourd’hui vous jouez à Paris en France. Un de vos concert en France s’est déroulé dans un sous-marin ! Est-ce que vous avez un souvenir de ce moment ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Oui, c’est vrai. Je ne me souviens plus dans quelle ville c’était. Mais nous avons joué dans un sous-marin garé dans l’eau. Et on devait passer par une tourelle pour arriver sur scène. C’était la salle la plus bizarre dans laquelle j’avais joué. Il n’y avait que 50 personnes là-bas, ce n’était pas idéal, mais c’est la salle la plus bizarre dans laquelle nous avons jamais joué !

Nous avions été programmés pour un concert, et quand nous sommes arrivés c’était un sous-marin. Nous étions surpris, c’était bizarre. Mais à ce moment-là, on s’est dit : « Ok, c’est le concert. On branche nos amplis et nous jouons ». C’était cool.

Pop & Shot : Pour votre show d’aujourd’hui, vous avez de nouveaux costumes. Dites-nous en plus.

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’est la fille (Ingrid Berg) de mon voisin qui les a fait, ils brillent dans le noir et c’est plutôt cool. On joue quelques chansons avec la lumière, puis on éteint toutes les lumières et le costume brille. C’est vraiment sympa.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar
Pop & Shot : Quels sont vos projets pour le futur ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Tout d’abord nous avons la tournée européenne. Ensuite deux gros concerts en Suède juste avant noël et après nous ferons un album j’espère.

Pop & shot : Et donc, le studio c’est pour quand ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Nous avons un studio où nous avons enregistré une partie du dernier album. Nous avons aussi essayé d’aller aux Etats-Unis pour enregistrer mais c’est très compliqué. Cela fait deux ans que nous essayons de venir, mais avec le COVID c’est impossible. Donc maintenant, nous allons probablement commencer à enregistrer en Suède, juste parce que nous aurons moins de risques d’être annulés ou reportés. Donc il me semble que nous allons commencer à le faire en janvier. Nous verrons combien de temps cela prendra. Cela dépend des chansons qu’on veut enregistrer. Parce qu’il y a beaucoup de chansons !

Pop & Shot : Une dernière question, quelle chanson que vous écoutez en ce moment décrit le mieux votre état d’esprit ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Aujourd’hui je suis malade, je me sens mal. Donc je ne sais pas quelle serait cette chanson. Eh bien, mon état d’esprit est probablement quelque chose de Nick Drake, mais j’aimerais que ce soit une chanson de Little Richard. Par exemple « where I’m at » de Nick Drake. Mais j’aimerais que ce soit « rip it up » de Little Richard.