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Alexandre Bertrand

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Mercredi 26 octobre 2016, Jeremy Loops et son crew prenaient ses quartiers à la Flèche d’Or pour le plus grand bonheur d’un parterre d’aficionados conquis. Une communion avec le public comme on en fait plus nous a été offerte pour l’occasion. On y était.

Vous connaissez Jeremy Loops ? Non ? Vous avez tort. Et mercredi 26 ocotbre, toute la Flèche d’Or, chauffée au préalable par le son alternatif de son compatriote sud africain Mat McHugh, était là pour vous le faire comprendre. Frémissante au nom d’un artiste au potentiel dont les limites se repoussent à chaque concert, la salle n’attendait que lui. Et c’est passablement diminué, expliquant à quel point il était malade, que le surfeur a commencé à donner de la voix comme si de rien n’était…

« Welcome » ! Le Sud Africain est poli et nous invite à de nombreuses reprises à rejoindre le show en début de set. Deux drapeaux, un de la « nation arc-en ciel » et un tricolore, accrochés ensemble, étaient là pour nous lier au chanteur et ils ont réussi. Dès le début, le public donne de la voix, comme s’il en avait assez de se retenir…. « Welcome to the show »…. Passé l’euphorie du premier morceau, l’enthousiasme de la Flèche d’Or ne redescend pour autant pas. Peu à peu, la joyeuse bande de Loops fait son apparition, à la batterie, à la guitare, au saxo et au chœur. Il ne voyage pas seul et ne ménage pas ses efforts, et lors de « Skinny Blues », le public le lui rend bien. Dans un moment de communion rare, tout est utilisé pour nous faire nous évader: looper, harmonica… Les membres du groupe, les instruments, les spectateurs, tous jouent leur partition dans un morceau de pur bonheur. A partir de ce moment, on peut tout oublier. Après tout, on ne sait plus vraiment ou l’on est, tellement les sonorités de Jeremy Loops nous ont fait voyager loin, loin…

Peut être pour se ménager, peut être pour ne pas trop briller, il laisse le rappeur Motheo Moleko et son guitariste, s’amuser avec lui lors de « Down South ». La joie et la complicité sont communicatives et on se laisse porter par la vague de titres de celui qui fut marin dans une autre vie… On est heureux et l’on profite du moment. Une pensée fugace vient même narcissiquement nous envahir : Et si ce soir on assistait aux débuts d’un futur grand ? Rien n’est impossible et « Higher Stakes » a tout d’un hymne officiel de futur grand événement international. Un saxophoniste de classe internationale s’anime sous nos yeux : Jamie Faull laisse éclater son talent à peine croyable. Ce n’est pas qu’un seul futur grand de la musique que nous voyons jouer pour nous ce soir. Une sorte d’évidence : Et si l’on assistait à un moment particulier ?

Convoquant des souvenirs lointains avec l’utilisation d’un jouet pour enfant que son looper détourne de son usage premier. Invoquant les Grands Anciens en jouant de l’harmonica comme personne, car en ces temps de Prix Nobel, comment ne pas penser au Bob Dylan qui révolutionnait le folk il y a un peu plus de cinquante ans maintenant. Jeremy Loops nous prend par la main et nous fait ressentir toutes les émotions que l’on vient chercher en concert : joie, énergie, passion, euphorie….La prétendue fin de set et l’éclipse de la bande sud africaine ne trompent personne : le rappel était comme de bien entendu. On s’emballe une dernière fois pour les rythmes entraînants de la troupe du chanteur de Kommetjie. Après tout «  I wrote this song for you » répète t-il inlassablement…. Et en quittant la salle, on y croit franchement…

On vient d’assister à quelque chose d’assez rare. Celui que la plupart connaissait comme ayant été la première partie séduisante de Twenty One Pilots quelques mois plus tôt ont vu cette première impression renforcée. Les fans de plus longue date sont confortés dans la passion qui les anime pour l’aficionado sud africain du looper. Quand aux autres…. Vous connaissez Jeremy Loops ? Si ce n’est pas encore le cas, vous avez bien tort…

Après avoir mené le filon Wolf Creek jusqu’au bout avec une suite et une série télé, Greg McLean tente une expérience américaine pour la fameuse Blumhouse. Au programme : des démons, du folklore indien, une famille en détresse et un Kevin Bacon tout ridé. Traversée du Pacifique réussie pour le réalisateur australien? On vous dit tout…

La famille Taylor est en vacances dans le Grand Canyon avec des amis, quand le petit dernier, Michael (joué par un David Mazouz convainquant en jeune autiste), en se baladant ramène avec lui des pierres runiques. Monumentale erreur. Dès lors, le pavillon de banlieue des Taylor va se retrouver squatter par 5 démons indiens qui vont avoir pour ambition de prendre l’âme du petit Michael… Sur un scénario auquel il a notamment participé McLean met en scène un film qui ne perd pas une minute pour nous mettre dès le début dans le vif du sujet. En effet, dès la scène d’exposition, le petit Michael ramasse les pierres et l’on sait déjà que le pire est à venir… Le pitch n’est pas très original mais le film n’est pas dénué de qualités pour autant.

La première est que les personnages existent réellement. Là ou le cinéma de genre nous a trop souvent habitués à des personnages dont on se fout globalement du sort, McLean en quelques scènes nous montre habilement les interactions entre chaque membres de la famille. Une crise larvée entre la femme ( Rhada Mitchell) et le mari (Kevin Bacon). L’adolescente (Lucy Fry) jalouse de l’attention portée à son jeune frère autiste ( David Mazouz). La mère surprotectrice avec son fils… On a pour une fois une famille qui existe, qui est crédible et pour qui on peut avoir de l’empathie (toutes proportions gardées bien sur). Pas comme celle du récent remake de Poltergeist en somme…
La deuxième est d’avoir fait du personnage de Michael un jeune autiste ce qui rend crédible les réactions premières des parents de ne pas s’inquiéter du comportement étrange de l’enfant sous influence des démons contenus dans les pierres ramenés du Grand Canyon. Ainsi, les réactions de sa sœur présentant que quelque chose cloche avec son petit frère vont passer pour de la jalousie mal placée aux yeux des parents. Un détail scénaristique qui fait mouche et qui fait que pour une fois on est pas atterrés du manque de jugeote des personnages par ce qui est entrain de leur arriver. Pas comme dans le récent remake de Poltergeist en somme…

Néanmoins, tout n’est pas parfait, loin s’en faut dans The Darkness. Si McLean soigne ses personnages et que le folklore indien auquel sont liés les démons est d’une certaine originalité, les situations en tant que telles ne le sont pas vraiment. On est dans du terrain balisé et là, il n’y a pas grand chose que McLean puisse faire pour sauver son métrage et en faire quelque chose de plus qu’un énième film Blumhouse à esprits malfaisants. Toutes les scènes d’événements bizarres survenant au milieu de la nuit, les bruits étranges, les portes qui s’ouvrent et se claquent toutes seules… Tout ça a déjà été vu et revu au cours de ses dernières années… Alors certes avoir un acteur du niveau de Bacon est une certaine gageure, certes McLean n’est pas un manchot. Mais cela ne fait pas tout et si l’on a pu espérer en début de métrage de se retrouver avec une nouvelle pépite de la part du réalisateur de Wolf Creek, on se retrouve au final avec du tout venant émergeant à peine de la production actuelle. La mini-séquence de happy-end final, dégoulinante de niaiserie finit de nous achever. Un film américain mineur pour ses premiers pas à Hollywood… Mais gardons espoir qu’il saura transformer l’essai assez rapidement. Peut être à l’occasion de son prochain film « The Belko Experiment » prévu pour l’année prochaine et qui s’avère être un jeu de massacres savoureux ? On l’espère. Réponse en 2017.

Pour ceux n’ayant pas vu le film Suicide Squad de David Ayer sorti en salles le 3 août cet article contient des spoilers.

Difficile de passer à coté de Suicide Squad cet été. La faute à un marketing plus qu’agressif mais efficace de la part de DC qui jouait son va tout pour sauver son « Cinematic Universe » mis à mal par des résultats et des critiques plus que frisquets à l’encontre de son Batman vs Superman. Les rumeurs de reshoot de scènes en catastrophe pour coller à un esprit plus « fun » suite au succès surprise de l’irrévérencieux Deadpool alternaient avec les frasques d’un Jared Leto ayant pris, soi disant, son rôle de Joker un peu trop à cœur…

Poussé par la curiosité morbide de savoir si le regretté Heath Ledger serait supplanté par la performance de Jared Leto dans le rôle du Joker ou bien par un sentiment mêlé de nostalgie et d’espoir fou de voir Will Smith revenir sur le devant de la scène dans une grosse production digne de ce nom ( After Earth et Men In Black 3 étaient de regrettables accidents, n’est ce pas?), le public, débordant d’impatience, ne demandait qu’à être cueilli par le déjanté Escadron Suicide…

Inutile de rappeler, plus d’un mois après les faits, la grande désillusion ajoutée à la claque (dans le mauvais sens du terme) qu’a été la sortie du film. Rythme mollasson, humour approximatif (pour ne pas dire à coté de la plaque), enjeux flous, Cara Delevingne se déhanchant devant un mauvais fond vert en guise de menace ultime, réactions incompréhensibles des personnages… Un accident industriel comme on en a peu vu ces dernières années dans l’industrie du cinéma hollywoodien…

Néanmoins, le sujet de cet article reste Harley Quinn. Particulièrement mis en avant au cours de la promotion et dans le métrage, cela pouvait s’expliquer par la popularité du personnage auprès des fans et par la progression fulgurante de Margot Robbie. En effet, il y a encore trois ans, l’actrice australienne sortait de l’éphémère série Pan Am. Depuis, elle a pu participer au Loup de Wall Street, Diversion ou bien encore Tarzan. Une trajectoire ascendante dans la lignée du personnage crée non pas sur papier mais sur le petit écran pour les besoins de la série animée des années 90 dont le concept ne pouvait que plaire. Harleen Quinzel, psychiatre à l’asile d’Arkham (sorte d’auberge espagnole ou tout les ennemis de Batman finissent par passer à un moment donné ou à un autre) est le médecin en charge de l’analyse d’un certain Joker. Finissant par tomber amoureuse de lui, elle tombera aussi progressivement dans la folie en le suivant dans ses méfaits au gré d’une relation chaotique faite d’abandons et d’éloignements successifs. Un personnage fantasque, une sorte de Deadpool (sans la grossièreté gratuite du film). Adoptant un costume d’arlequin (d’ou le surnom d’Harley Quinn), son personnage va devenir en quelque sorte l’incarnation du jusqu’au boutisme de la folie amoureuse, quelqu’un abandonnant tout ce qu’elle est, ce qui la caractérise pour l’être aimé.

Cette présentation se veut sommaire et bien évidemment, comme beaucoup de personnages de comics, les origines d’Harley Quinn ont déjà connus plusieurs subtiles variations, mais force est de constater que tout était réuni pour que l’incarnation de Margot Robbie soit la meilleure possible. Couple terrible avec le Joker, personnalité « borderline » comme il est coutume de plus en plus de les aimer au cinéma dernièrement, décomplexion totale…

Force est de constater que pendant une grande partie du naufrage métrage, elle tire son épingle du jeu, se réservant les rares bons mots (la grande majorité se trouvant dans les diverses bandes annonces fournies par Warner/DC les mois précédant la sortie du film, mais ceci est une autre histoire), restant un des rares membres de l’équipe cohérents avec ce qu’ils sont censés être, à savoir des bad guys forcés de faire le boulot des « gentils ». Bref, le film avance, on sait déjà qu’on assiste à une purge mais on se dit qu’au moins la Harley Quinn de Margot Robbie sera une des rares satisfactions du film (avec le Joker par Jared Leto ? Le débat est ouvert), figure dynamique et libre d’un métrage engoncé dans les limites d’une industrie.

C’est alors que la scène de la discorde arrive. On est à la fin du métrage, l’Enchanteresse (toujours incarnée par la dodelinante Cara Delevingne) plonge les divers membres de la Suicide Squad dans une sorte de rêverie ou chacun y va de son fantasme personnel. L’un rêve de pas avoir commis l’irréparable au moment de l’apparition de ses pouvoirs, un autre rêve de pouvoir vivre pleinement le grand amour avec l’alter ego humain de la fameuse Enchanteresse… Bref, une sorte de « milk scène » tardive pour nous faire rendre sympathique des personnages dont le scenario approximatif et le montage erratique ont fini depuis de nombreuses minutes par nous désintéresser totalement de leur devenir. C’est donc le moment onirique d’Harley Quinn… Et voilà que son fantasme, son rêve le plus fou se trouve incarné par elle, dans une cuisine américaine type, avec une chevelure permanentée dont on imagine les bigoudis fraîchement enlevées, entrain de donner la becquée à deux charmants bambins et en faisant la bise à un Joker sans « maquillage » aucun ! Voilà, la vision du métrage d’Harley Quinn, une psychiatre ayant tout plaqué par amour pour le plus grand fou que la Terre ait porté mais qui au fond d’elle n’aspire qu’à être une ménagère ?! L’Arlequin du Joker, selon le scénario de Suicide Squad, n’aspirerait donc qu’à être une wanna-be Momonne ! Une desperate housewife de banlieue cédant quelques temps aux caprices de son excentrique mais ne désirant en secret qu’à préparer les sandwichs pour le midi des mômes, prendre un emprunt pour la nouvelle Lexus et mitonner des petits plats pour son doux et tendre au retour du boulot ?!?!
Voici au final, quand on demande de creuser un personnage au concept fort ce que ça donne ? Un personnage de femme forte et indépendante ne le serait donc que parce qu’elle n’a pas trouvé les moyens d’être une bonne femme au foyer ?!

Au final, si Suicide Squad accumule les ratés, l’un des plus grands sera celui du personnage d’Harley Quinn…