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Julia Escudero

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La veille Rock en Seine accueillait The Cure entre autre d’une programmation soignée face à un parc de Saint-Cloud plein à craquer. La journée à ne pas manquer diraient certains. Le lendemain, si le programme est moins adressé aux fans de groupes légendaires, il rappel que le festival, loin d’être un simple évènement rock cherche à s’adresser un public varié. La preuve en quelques concerts festifs sous le soleil.

 

Celeste

Le soleil brille encore alors que la belle céleste invite les festivaliers à se prélasser sur les pelouses. Vêtue d’un tee shirt ample bleu, la chanteuse pousse son timbre suave, navigue dans les eaux soul et se laisse aller à des montées puissantes qui n’ont rien à envier à une certaine Alicia Keys. Contrairement à elle, Céleste joue la carte de la timidité et de la retenue preferant miser sur sa voix pour inviter le public à un instant de détente. Elle crée ainsi son bar à lumière tamisée, revisite l’Amerique, offre une touche d’années 50 et ce tout en sobriété. Un beau moment qui lui permet en outre de dévoiler un nouveau titre « Strong » lui aussi empreint d’une certaine sophistication. Une diva sans les manières.

The kitchies

Déjà decouverts au tremplin Firestone qu’ils ont gagné, The Kitches ont transporté leurs néons flamand-rose et palmier pour l’occasion. Face à eux un part terre de chapeaux rouges à l’effigie de la marque. Sur scène chemise à fleurs et bonne humeur sont de rigueur. Le flow pop séduit et fait instantanément danser une foule qui les découvre. Malgré leur jeunesse, les comperes juissent d’une belle aisance scènique. Sûrement grace à un projet au concept maîtrisé qui s’inscrit à merveille dans cette ambiance d’été. Les 4 musiciens kitches certes, mais également au concept rappelant sans nul doute l’idée que lon se fait d’Hawaii jouent sur une bonne humeur communicative et quelques blagues (« Voilà notre set est fini » disent ils 20 minutes avant la fin/ « Les 4 personnes présentes pour nous vont être contentes d’entendre notre single. ») pour séduire. Il ne manque que du sable fin pour danser pieds nus pour parfaire ce moment.

 

Stands en scène

Rock en Seine c’est de la musique certes, mais aussi de nombreux stands et activités proposées aux festivaliers. Au programme, dégustation de recettes fromagères, stands de massages, disquaires, cuisine du monde et même une friperie. Les Ballades Sonores, à l’entrée du festival, accueillent notamment les festivaliers avec bienveillance. On y trouve des vynils et cassettes audios de tous registres comme des livres et quelques vêtements. Un rappel que le disquaire aux nombreux showcases est une adresse incontournable de la capitale.

 

Girl in red

Fraîchement débarquée de Norvege, avec un départ à 3 heures ce matin-là comme elle le souligne, la chanteuse est attendue de pied ferme. La preuve, les fans au premiers rangs et un panneau qui lui est dédiée. Si la programmation de ce samedi s’avère particulièrement électro, la guitariste dénote par son set rock et énergique. Quand elle ne sautille pas, en jean malgré les 30 degrés, la chanteuse communique volontiers avec douceur. Elle avoue notamment se sentir comme un zombie, rapport à l’heure de son arrivée et interprète une composition sur la ville de Paris  et ajoute « I’m in fucking paris right now! ».  Elle prend même le temps d’interpeller une jeune fille émue au premier rang rencontrée plus tôt dans la journée. Prompt à faire participer elle invite également l’assistance à taper dans ses mains, se baisser pour mieux sauter en rythme et même à danser sur « une chanson triste ». La tornade en bleu et non en rouge contrairement à l’énoncé séduit par sa sympathie, son naturel rare et son répertoire dopé à l’esprit Courtney Barnett. Un pure moment de live.

Polo and Pan

Décors colorés et maritimes peuplent le fond scénique de Polo and Pan venus donner vie à leurs composition tantôt chill, tantôt psychédéliques.  Le combo, dont le titre « La Canopée » a su séduire la foule offre un premier moment dansant aux festivaliers. les titres s’enchaînent entre pop et électro sur la scène Cascade. Une belle façon de débuter la soirée et de transformer le festival en discothèque géante.

Mahalia

Près des stands de friperies et autres disquaires, la scène des 4 vents accueille mahalia. Difficile de trouver des defauts au timbre vocal de la jeune femme au look décontracté ( le thème semble avoir été donné à toutes les artistes féminines ce soir). De même son registre r’n’b est maîtrisé tout comme sa sympathie scénique qui se crée avec naturel. Pourtant, l’originalité manque à ce show qui rappelle les années 90. Pour qui s’en souviendrait, la set list de la britannique ne serait qu’une redite d’un large panel d’artistes qui cartonnait alors.

Jungle

Le phénomène Jungle n’a de cesse de traverser le monde pour mieux retrouver son public français. C’est encore le cas ce soir sur un décors peuplé d’écrans géants et de paillettes. Jungle joue dans la démesure, invite à la danse comme à chacune de ses prestations. les singles se succèdent, éveillent le dernier des festivalier qui gardait encore en lui l’esprit chill d’un festival très ensoleillé. Les chants live ajoutent de la matière au compos électros du groupe.  La fête ne fait que commencer.

DJ set sur le stand Aigle

La marque Aigle est venue sur le festival avec son petit combi blindé de vêtements. Qu’importe ce que l’affaire dit de la marque, une chose est certaine, son DJ fait bouger les festivaliers qui s’amassent à ses pieds pour danser franchement. Un moment bon enfant alors que la tête d’affiche entre en scène au loin sur la Grande Scène.

Jorja Smith

Autre jour, autre Smith. Cette fois, c’est au tour de Jorja, la star en devenir de s’essayer à la Grande scène. C’est un mélange entre Rihanna et Amy Winehouse se risquent à dire certains. De la première elle a, sans nul doute, l’étoffe d’une star. Celle qui enregistre déjà 38 millions de vues sur Youtube pour son titre « Be Honnest » invite à la danse comme à l’émotion. Bercée à la soul britannique, la chanteuse a déjà su s’attirer les faveurs de Drake sur qui elle ne tari pas d’éloges avant de reprendre son titre « Get it together ». Vêtue d’une robe bien plus sexy que les tenues des autres interprètes féminines de la journée, la jolie Jorja séduit surtout par sa douceur et son habilité à communiquer avec la foule. « Merci à chaque fois que je viens en france, je reçois beaucoup d’amour », le public semble du même avis et lui pardonne facilement tous les impaires et même une suspicion de playback. L’amour ne voit que les qualités.

Major Lazer

On pourrait dire bien des choses de Major Lazer mais certainement pas qu’ils jouent la carte de la demie-mesure. Entouré de danseuses en tenue sexy, la tête d’affiche de la soirée se lâche complètement. Si le moment a la classe et l’extravagance d’une soirée à Ibiza  ou de la discothèque de n’importe quel gros lieu de vacances, le public lui en redemande. On se baisse et on saute, le DJ invite à se déhancher sur des « Tout le monde, tout le monde » ( comme à l’ancienne), balance ses très gros singles et même (beaucoup) de pyrotechnie. Major Lazor s’offre même le luxe de reprendre les titres les plus improbables d’Aya Nakamura, Booba et même « Bubble Butt » ( il faut voir le clip du morceau pour le croire). On est loin de la finesse de The Cure, certes, mais les festivaliers grattent un peu de l’ambiance des vacances en bord de plage. Et ils en redemandent.

 

 

Half moon Run

L’automne  peut avoir autant de charme que l’été. La preuve puisque la mélancolie des feuilles mortes sera couverte dès la rentrée par les sonorités indie rock d‘Half Moon Run.

En effet, après le succès de l’excellent « Sun leads me on »  réalisé par Jim Abbiss et certifié disque d’or en 2017, les canadiens reviennent dès la fin de l’année 2019 avec une nouvelle pépite. Cette fois-ci c’est Joe Chiccarelli que l’on retrouve à la réalisation. Un must quand on sait que le bonhomme a déjà travaillé pour Adèle et The Strokes.

Un premier extrait, « Then Again » , et son clip sont déjà disponibles. Habitué à déverser  des flots aériens et à proposer une expérience charnelle mettant tous les sens en éveil, Half moon Run ne manque pas de retrouver ses bonnes habitudes sur ce nouveau morceau. Un brin plus envolé qu’à l’accoutumé, le quatuor accélère ses instruments et invite les tonalités pop rock à se joindre à cette ronde aux allures folk.

Désireux de toujours se perfectionner et d’explorer la musique dans son ensemble, les montréalais ont dévoué tout leur temps libre, entre deux opus, à la recherche musicale.  Des propos appuyés par Conner Molander via le communiqué de presse de l’album: « En gros, nous revoyons tout ce que nous savons sur la façon d’être un groupe. C’est un peu comme si on recommençait. Bien sûr, les jams ont changés, mais l’essence demeure la même. C’est comme dans une relation, les gens sont en constante évolution et les relations qui durent sont celles qui évoluent.»

Half Moon Run – Then Again

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En concert à Paris!

Réservez également d’urgence votre 14 novembre puisqu’Half Moon Run profitera d’une tournée internationale pour faire un crochet parisien au Trianon. Ce soir là, pas besoin d’attendre la fin de la première partie pour entrer dans la salle puisque l’excellent Leif Vollebekk ouvrira les festivités. un concert tout en douceur mené par des experts, et probablement la meilleure nouvelle musicale à attendre  de cette fin d’année 2019. Vous voilà prévenus, il ne faudra pas venir se plaindre si vous le manquez. D’ailleurs, Les places sont déjà disponibles. 

 

 

La chaleur est toujours de la partie en ce samedi 6 juillet 2019 sur le domaine de Valmy. Après les concerts de La Piétà et de Zaz, c’est au tours de Patrick Bruel d’investir la scène Mer des Déferlantes. Et c’est bien le géant de la chanson française que l’écrasante majorité des festivaliers est venu saluer. le spectacle sera-t-il à la hauteur des espérances? Réponse dans 4, 3, 2, 1 comme dit la chanson…

A peine entré en scène, et le public se lève déjà en masse abandonnant leurs pique-niques et serviettes pour faire des collines du domaine une immense marée humaine habitée de sourires. 

Il salut la foule d’un sympathique « Salut ça va? c’est à Argelès que ça se passe ! » tout en mélodie.  L’idole prend lors de cette entrée en matière un ton plus rock qu’à l’accoutumée, un brun moins chanson.

Un titre plus tard et voilà que «Alors Regarde» met déjà d’accord toute l’assemblée qui chante en chœur. Et c’est bien ce qu’elle fera une heure trente durant, se laissant aller sur les classiques qui les ont, il n’y a nul doute, accompagné leurs vies durant. Elles sont aujourd’hui tant entrées dans le répertoire commun qu’elles en deviennent les témoins des grands et mauvais moments de chacun, ayant accompagné les mariages, et les mauvaises nouvelles ayant été murmurées aux enfants de celles et ceux qui dansaient dessus voilà des années. C’est bien la force d’artistes comme ça, qui laissent une trace indélébile dans le paysage musical d’un pays. Et c’est en ça que de le passage d’un artiste comme Patrick Bruel en festival est un véritable cadeau fait à la foule. 

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DR Déferlantes, Boris Allin

Le chanteur est généreux, accessible, et communique franchement avec son audience. Du coup, les festivaliers l’interpellent en masse « On a néanmoins un temps limité » s’amuse t-il  avant de poursuivre « Et même s’il y a encore du soleil ce serait bien que ce soit vous qui fassiez cette chanson et que vous allumiez vos briquets.»  La foule s’exécute et voilà qu’il lance « Qui a le droit de faire ça a un enfant » face à un parterre de fans toujours aussi réactif. 

Patrick  Bruel pourrait lâcher le micro, les sacro saintes paroles sont reprises par tous, criées comme un hymne. Un fait qui se vérifie très tôt sur « La Place des Grands hommes » sur lequel le parc entier chante. 

13 novembre, Harcèlement scolaire : on parle des sujets sensibles

Le festival prend ensuite un accent de bal musette sur « Les amants de saint-Jean ».  Plus sérieux, le musicien vêtu de noir s’ose à différents sujets, laissant aller ses pensées. Il aborde notamment le thème du harcèlement des plus jeunes, le harcèlement scolaire, mais aussi celui sur Internet, le jeu du foulard, le Momo,  tant de choses qu’on peine à comprendre et qui « Nous vole nos enfants et les pousse au suicide, elle s’appelait Louise, elle avait 15 ans… »  lâche-t-il ému avant de reprendre son morceau.

Toujours grave le voilà qui reprend  plus tard « On à tous notre histoire du 13 novembre comme du 11 septembre. On sait tous où on était.  J’avais mes enfants au Stade de France. » puis de reprendre: « Alors qu’aujourd’hui toutes les différences sont stigmatisées,  j’ai envie de dire ouvrez les terrasses des cafés, les salles de concert. Sortez, riez, soyez tolérants, ne faites d’amalgames » et face à un public ému il lance le titre « Ce soir on sort».  Le temps d’un tour « Au café des délices » et même les bénévoles entrent dans la danse. Voilà qu’ils tapent fort sur leurs comptoirs en metal face à la scène. Les visages pailletés défilent et se réjouissent, les plus vieux chantent, nostalgiques, conquis, de l’amour dans chaque mot. Les jeunes ne sont pas en reste, bercés par ces titres sans doute chantés par leur mères avant eux. 

Les au revoirs arrivent et là où parfois le temps s’étire en concert, il passe ici en une poignée de secondes. Pourtant loin d’être aphone il conclut sur « Casser la voix ». Et inclut dans ses paroles un « Merci pour ça ». On se dit à bientôt? On se donne rendez-vous dans dix ans? Non point encore promet la foule. Face à la clameur et malgré les strictes consignes du festival, Bruel accepte de continuer « Si le festival est d’accord, on m’a dit une heure et demie mais je vis un si beau moment. Si on arrête de brancher les guitares sur la scène d’à côté alors j’en joue une dernière. »  La chose est validée et voilà que les briquets se lèvent à la demande du maître de cérémonie le temps d’un hommage à Johnny Hallyday. « J’ai oublié de vivre » résonne alors dans le parc de Valmy. Un sentiment peu partagé par les festivaliers qui eux, ont vécu ce moment pleinement.

Texte : Maud Ferrari

 

Le 28 juin 2019, le thermostat atteint les 32 degrés sur la capitale. On sirote des verres bien frais en terrasse et ceux qui se plaignaient quelques semaines avant d’un hiver qui ne voulait pas nous quitter se plaignent maintenant d’une chaleur épaisse qui fait transpirer. Ce n’est pourtant pas la capitale qui aura le focus en cette journée ensoleillée. Non puisque, cette fois le vent de nouveauté nous vient de Rouen.

Cette charmante ville pouvait se vanter d’avoir une cathédrale magnifique à visiter, une horloge atypique, un Zénith, des rues à couper le souffle, et aujourd’hui, elle peut contempler fièrement Julius Spellman, la nouvelle voix du punk rock français. Le chanteur publie en effet ce jour son tout premier EP: « Lover, Loner, Loser ». Un premier essai qui vaut largement le détour. Biberonné au punk rock à l’ancienne, Julius Spellman est pourtant un musicien de son époque. Loin de simplement imiter ceux qu’il admire, il crée, innove et ajoute au genre des sonorités actuelles. Le post-punk rencontre ainsi le gospel, l’indie et le hip hop pour créer un véritable ovni.

Cinq morceaux suffisent au magicien ( on dit magicien pour Spellman comme Sabrina, l’apprentie sorcière, c’est assumé ) pour distiller sa rage et convaincre. Loin du show mainstream évoqué ci-dessus à regrets, Julius Spellman, sera se mettre dans la poche un public expert tout en chantant une thématique bien connu de tous: les déboires sentimentaux. Celui qui écrit compose et interprète ses morceaux s’offre le temps d’un opus un grand écart artistique, convoque une touche de féminité sur « Down on my knees » et sert un premier extrait lourd, puissant et hors du temps avec Poison.

C’est d’ailleurs ce titre et son clip délicieusement vintage que l’on vous propose de découvrir. Au programme, une guitare à la rythmique obsédante, des apartés aigus hypnotisantes, un solo scratché, un refrain entêtant qui donne envie de secouer la tête et une rencontre entre un hip hop US et le vrai punk rock des débuts.

Il fait chaud, on est déjà tous en sueur, alors plus d’excuses pour ne pas en profiter pour danser dessus. Tout le monde est écheveler de toute façon.

Poison- Julius Spellman