
Lucky Love est un personnage à part dans le paysage musical français. Déjà parce que musicalement, il aime à varier les registres, du solaire au plus intense jouant d’un timbre hors normes pour séduire le plus grand nombre. Aussi parce qu’il multiplie les rôles et les capacités : tantôt chanteur, tantôt danseur, transformiste ou encore acteur. Il excelle en tout. Mais surtout parce qu’il redéfinie les normes, bouge les acquis et donne une nouvelle image de ce qu’est être un artiste, être un homme, à succès dans l’Hexagone. Exit, les petites cases, dans lesquelles nous étions enfermé.es depuis bien trop longtemps. Face à un public largement sous le charme, Lucky Love posait ses valises à la Cigale de Paris deux soirs de rang. Au programme de l’amour, en quantité et ça c’est déjà beaucoup de chance !
Lucky Love : beaucoup d’amour
C’est un show entier et parfaitement calibré qui attend ce 25 mars le public de la Cigale de Paris. Ce dernier s’est déplacé en masse. Il Faut dire que Lucky Love a charmé toute la France depuis l’été dernier. Fierté nationale découverte grâce à la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques, Luc Bruyère de son vrai nom, a ému tous.tes celles et ceux qui découvraient ses pouvoirs magiques lors de la cérémonie de la place de la Concorde. Ce soir là, il adaptait son titre « My Masculinity » pour en faire « My Ability ». Hymne évocateur de son handicape, lui qui est né avec un seul bras.
Lucky Love et la masculinité
Sur scène, plus qu’un étendard, qu’un reflet de sa vie, Lucky Love est surtout un très grand artiste. Rareté en concert, notre homme choisit d’ailleurs d’interpréter son single phare dans les premières minutes de son set. Pour parfaire l’instant, il en profite pour inviter « la plus belle des fleurs », Marguerite de la Star Ac à le rejoindre sur scène. Les deux voix s’y allient avec beauté et le jeu de lumière met en valeur leur duo chorégraphié.

Cette Cigale, date de grande importance pour lui, c’est celle des surprises, de son envie d’en faire un moment unique. Il faut le dire, la très belle salle parisienne est un tournant dans nombre de carrières. Elle est le pas vers la consécration indiscutable qu’est l’Olympia. Au delà du simple concert, dans son écrin de beauté, celui de Lucky Love est aussi le marqueur indéniable d’une nouvelle aire pour la culture en France. Lucky Love, c’est celui qui n’aurait pas eu la même mise en avant, la même chance ne serait-ce qu’une quinzaine d’années plus tôt. Et qu’il était temps de mettre des coups de pieds dans l’archétype figé de la figure de l’artiste. Celui qui devait transmettre les émotions et pourtant auquel il était si difficile de s’identifier. Le talent ne suffisait pas, il fallait être dans des « normes » moroses, pré-établies. Notre artiste, ce soir, permet aux personnes LGBTQ+ de trouver un autre miroir sur scène, il permet de donner de la visibilité aux personnes en situation de handicap. Et enfin, il interroge sur cette fameuse masculinité. Qu’est-elle supposée être ? Pourquoi doit-elle obliger à des attitudes ? Des critères imposés ? Quand la Cigale reprend un tel hymne en chœur, les frissons sont forcément légion. En donnant la chair de poule à son audimat, il interroge sur ce qu’il en est de sa voix. Son droit d’expression. Et cette base posée permettra au reste du show de n’avoir plus recours qu’au grandiose.
Lucky Love : de grandes habilités
Et ce soir, avec un charme indomptable et fascinant, il apporte nombre de réponses à ces questions, et les clame haut et fort. Parfois pour parler de sujets difficiles et d’immense importance comme l’aide et l’acceptation des personnes atteintes du VIH. Souvent, les premier pas au cabaret qui a vu pousser notre garçon chanceux, prennent le pas sur sa façon de s’exprimer. Théâtral, grandiose, showman à part, il nous parle d’amour. De beaucoup d’amour, de ceux heureux et déçus. L’amour nous conte-il, il l’a attendu, mais il n’est pas venu. « A un moment donné, je me suis dit, il ne va pas me faire ça quand même! » s’amuse-t-il. Toujours à la façon d’un cabaret, il prend à partie les premiers rangs, taquine une jeune femme qui le regarde de près.

Du rire au larmes, le public n’a pas le temps de reprendre son souffle. La masculinité en 2025, ne serait-elle pas empathique et sincère ? Enfin proche des autres. Les dés sont jetés en matière de sensibilité. Dans son costume, notre hôte d’une sincérité troublante s’ose à se se raconter. « Jveux d’la tendresse » est l’un des temps fort de ce beau moment de live. Mais la surprise de taille vient lorsque Lucky Love annonce que l’un de ses mentors à qui il doit son succès va le rejoindre sur scène. Le suspens dure quelques minutes pour laisser finalement apparaitre Gaëtan Roussel ( également meneur de Louise Attaque). Les deux livrent un duo à la complicité évidente sur « Le plus jeune sur la Terre », dernier sommet atteint avant de conclure le spectacle. Alors que les deniers morceaux sont entamés, Lucky Love donne une dernière fois de la voix, son timbre à part, véritable renouveau et bouffée d’air frais pour la scène française qui commençait à tourner autours de ses acquis. De « I don’t care if it burns » titre éponyme de son album à l’immense élégance pop jusqu’au très joyeux « Happier on my own », la promenade aura été belle. L’avenir, sous le regard de Lucky Love, il pourrait bien être radicalement différent. Et ça, ça serait une vraie chance.
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