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octobre 2023

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La Chute de la maison Usher, de quoi ça parle ?

La Chute de la Maison Usher  disponible depuis le 12 octobre 2023 sur Netflix suit Roderick et Madeline Usher, des frères et sœurs jumeaux et entrepreneurs, qui ont bâti un véritable empire pharmaceutique autour d’un médicament anti-douleur. Lorsqu’une mystérieuse femme révèle au monde entier leurs secrets sordides, les membres de cette famille vont commencer à dévoiler leur vraie nature.

La chute de la maison Usher, est-ce que c’est bien ?

Chaque année, la tradition persiste. Pour Halloween, Mike Flanagan dévoile sur Netflix une nouvelle série. Voilà qui est encore plus excitant que de revoir « Love Actually » avant noël. Et chaque année la question se pose, sera-t-il aussi bon que les précédentes fois ? « Haunting of Hill House » était un chef d’œuvre sur le deuil, « Bly Manor » l’histoire d’un amour maudit, le sommet de son travail « Midnight Mass » était une lettre fascinante sur la religion et la rédemption, « Midnight Club » sorti hors saison, avait été injustement boudé alors que ce « Fait moi peur » centré sur la maladie était également une excellente histoire. « La Chute de la Maison Usher », cette fois, librement inspiré de l’œuvre d’Edgar Alan Poe promettait donc de passer un excellent moment de frissons. Et ça tombe bien, puisque, effectivement, Flanagan nous plonge une fois de plus dans une série complexe, très écrite et particulièrement brillante. Certes « Midnight Mass » gagne la palme de la meilleure série qu’il aie pu réaliser mais celle-ci vaut largement le détour.

On aurait été beaux, on aurait fait pleurer les corbeaux

C’est donc l’univers du célèbre auteur qui aura inspiré Flanagan pour ce nouveau coup d’éclat. En pratique, comme toujours la série est très bavarde. Les personnages, très bien écrits et interprétés par les acteur.rices avec lesquels il a l’habitude de travailler shows après shows. On a plaisir à retrouver ses chouchous de Carla Gugino ( à l’opposé des rôles très doux qu’elle campe habituellement), Kate Siegel, Zache Gilford et les autres … On y retrouve également les dialogues verbeux et formulations très écrites que l’on connait au réalisateur. Cette fois-ci l’intrigue se découpe en actes dont chacun s’inspire d’une nouvelle de Poe. Et comme, il s’agit ici de rendre hommage à ce géant de la littérature fantastique avec classe, nombreux sont les passages récités sous forme poétique. L’exploit que nous propose donc le réalisateur c’est de conjuguer cela à un récit fourni sans jamais tomber dans les pièges évidents de la lourdeur ou du prétentieux. Evidemment,  comme on le retrouve chez l’auteur, la présence d’un corbeau  va faire basculer l’existence dorée et privilégiée des personnages – tous abjects- que l’on suit dans un cauchemar noir qui laissera peu de place à l’émotion. Le corbeau ici, il peut aussi se lire de manière très littéraire : celui qui signe un courrier anonyme et menaçant. Sauf qu’il n’est pas uniquement menaçant, il est létal. Pas de spoiler ici, il est dit dès les premières minute que chaque enfant Usher a trouvé la mort dans des circonstances dramatiques. Chacune de ces tragédies est une nouvelle interprétation d’un conte noir, de Poe donc modernisé au possible, et remettra au goût du jour des écrits comme « Le cœur révélateur » ou « Le double assassinat de la rue Morgue », considéré comme le premier roman policier de l’histoire moderne. Le corbeau c’est la femme qui les pourchasse . Et si dans les années 1800, l’évocation de l’oiseau pouvait en elle seule paraitre effrayante, elle risquait en 2023 de vite devenir désuète. Heureusement pour nous, Flanagan sait gérer un récit et rend effrayant un oiseau donc les ailes noires paraissaient plus enclines à faire peur aux enfants qu’aux adultes. La poésie rencontre le gore, parfois extrêmement violent mais dont l’esthétique léchée fait qu’il entre parfaitement dans la dynamique construite. Les sauts dans le temps qui suivent le récit de Rodrick Usher (Bruce Greenwood) coulent avec aisance, construisant ainsi plusieurs dynamiques de suspens.  La folie dont sont pris les protagonistes se dévoile en toute pertinence. Rien n’est laissé au hasard, et un indice sur chaque mort est par ailleurs donnée en début de chaque épisode. Décors et costumes vertigineux s’ajoutent et perfectionnent une œuvre qu’il faut absolument voir.

Eh bien! Dansez maintenant

Tout ça ne serait rien sans le sens et les engagements que met Flanagan dans sa « Chute de la maison Usher ». Il y a l’évidence chute des bébé du népotisme. Critique acide d’enfants, aujourd’hui adultes, devenus monstrueux de par leur filiation. Qu’importe d’ailleurs que la découverte de leur bonne naissance eu été tardive, fut-elle à l’adolescence ou l’âge adulte, la bonne fortune arrivée les transforme. Pour se sentir exister sous l’œil de leur père mais aussi par eux-même chacun.e est amené.e à créer sa propre entreprise. Grassement payée par papa certes, mais avec l’impression d’avoir créer leur bonne fortune puisque papa juge durement et ne donne qu’une fois convaincu de la prospérité qu’engendrera l’entreprise. Hors et comme le dira Camille (Kate Siegel), les enfants Usher ne créent pas, ils font travailler d’autres pour eux. Et tout est ici question de filiation : l’héritage qui revient de droit même s’il doit être pris de force. Et cet héritage pourri jusqu’à l’os, celles et ceux qui en profitent. La méritocratie est bien plus intéressante aux yeux de notre narrateur. Dans un conte noir, l’idée parait effectivement sensée.

Mais c’est finalement en fin de série que son sens le plus profond est dévoilé dans sa totalité. Bien sûr l’écologie, la limite du capitalisme, l’exploitation dans le travail sont abordés mais le cœur même du sujet c’est bien de parler de la génération précédente et de son immense égoïsme. Et si pour s’offrir toutes les possibilités, en toute impunité, il suffisait de laisser payer le prix fort à la génération suivante ? Ne serait-ce pas la meilleure manière de faire ?

Singe qui rit, single qui pleure

Pour appuyer son propos, Flanagan n’hésite pas à parler clairement des test sur les animaux. Un long discours limpide y est dédié. Appuyant sur la caractère souvent inutile de la chose, comme les tests pour les maquillages. L’humain y est également montré comme abjecte et bien plus bestial que le chimpanzé torturé pour lui sauver la vie. De nombreuses tirades viennent s’ajouter à ce propos. Celle sur les enfants exploités, les dérives de la drogue, de l’alcool, du sexe quand on a accès à tout, en tête de liste. Les tests sur les animaux ne sont pas les seuls concernés puisqu’ils sont aussi effectués sur les humains, surtout dans les pays défavorisés en mentant allègrement sur les conséquences engendrées sur les population. Et comment représenter le bourreau qui est à la tête de ces méfaits ? Eh bien simplement comme un bouffon. Flanagan ne laisse rien au hasard. Rappelant que les pharmaceutiques peuvent être d’une acidité létale et que bien mal appris celui ou celle qui ne saurait sans méfier. En ce monde obscure, la démone qui torture notre famille a plus de compassion, de douceur et d’humanité que la famille dépeinte.

Le cœur comme révélateur

The Fall of the House of Usher. (L to R) Carla Gugino as Verna, Willa Fitzgerald as Young Madeline in episode 105 of The Fall of the House of Usher. Cr. Eike Schroter/Netflix © 2023

Pour contrebalancer, deux personnages donnent un ton plus lumineux au récit : Annel Lee ( la femme de Rodrigue) et Leonor. Elles sont empruntes d’empathie. Mais attention, la beauté peut se pervertir. C’est aussi ce qui transparait lorsque l’on regarde les enfants grandir : Frederick et Tamerlane. Enfants ils sont le foyer, la candeur. Adultes, rongés par l’argent, ils sont les plus monstrueux de leur fratrie. Les conjoints, spectateurs et victimes apportent eux et elles aussi du relief et ne vient que prouver de la monstruosité de la famille Usher.

En particulier celle qui est le personnage le plus fascinant : Madeleine. La sœur jumelle magnifique, brillante, forte et hautement machiavélique.  Elle apporte avec elle la question de la quête d’immortalité. Un propos souvent abordé dans les contes sombres et y répond encore une fois par la modernité tout en questionnant l’intelligence artificielle. Elle est celle qui manipule, sorte de Gemini Cricket inversé, qui souffle les idées diabolique à celui qu’elle perverti. Madeleine a une noble cause en tête : changer le monde mais pas forcément pour le meilleur. Simplement pour son meilleur à elle.

En finalité, Flanagan s’intéresse à la question du Et si ? Avec des si on refait le monde dit-il. Si Rodrigue avait fait les bons choix que serait-il devenu ? Que seraient devenus ses enfants ? La réponse est donnée pour mieux mettre en perspective l’importance des décisions qui sont des choix de vie et pour rappeler ce qui compte vraiment.

La véritable richesse nous dit-il, est bien celle de la famille et de l’amour. C’est pour cette raison que l’homme le plus riche du monde n’est pas celui auquel on pense. Et si cette morale parait facile ou évidente, elle est amenée dans une conclusion brillamment interprétée et livre un savant écho à une vision du monde qui n’aura pas changer de 1800 à 2023.


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PJ Harvey - Tournée 2023

En plein MaMA festival sur le boulevard Rochechouart, certains se sont octroyés un moment hors du temps, boulevard des Capucines. La prêtresse du rock est de retour, après sept ans sans tournée. Un évènement en somme. Et ça, on les ressent dès que l’on s’approche de la salle. Ça grouille, ça tressaute, ça s’extasie de voir apparaître en grosses lettres rouges le nom de l’idole incontestée sur la façade de l’Olympia : PJ HARVEY. 

C’mon POLLY !

Sept ans d’absence, c’est long. C’est suffisamment long dans la vie d’un enfant pour qu’il acquiert la raison selon Descartes. Devant la salle, pour certains, pas le temps de s’arrêter pour la photo de la façade, il faut atteindre la scène, être devant à tout prix, au plus proche de Polly Jean et de sa voix enchanteresse. Sirène rock au regard fier.

Sans première partie, le concert commencera donc à 20h précises. Sur la scène, une scénographie minimaliste, une table en bois, un secrétaire, un banc, une branche dans un vase qui évoque la couverture du dernier album, un mur lacéré qui changera de couleur au fur et à mesure. Blanc, noir, cuivre.

Au cours de cette tournée, PJ Harvey est accompagnée de quatre musiciens talentueux, James Johnston, Jean-Marc Butty, Giovanni Ferrario et bien sûr John Parish que l’on ne présente plus. Excellents musiciens, il serait bien mauvaise langue que de ne pas souligner la qualité du groupe, mais la présence magnétique de PJ Harvey attire tous les regards sur elle.

le concert et son double

À 20h tapantes donc, les musiciens montent sur scène, suivis de près de PJ Harvey dans une longue robe blanche signée Todd Lynn. Fine et petite, elle n’en est pas moins impressionnante de prestance et de charisme. Fière, elle laisse le public la chérir, l’embrasser du regard, recevant en toute humilité l’amour infaillible d’un public embrasé par la simple vision de son idole. Son regard ne faiblira jamais du concert, une flamme indicible au fond de celui-ci et un sourire à peine visible joue sur ses lèvres. En parlant de jeu, le spectacle va commencer.

Le concert est en deux parties. Un premier set où elle chante exclusivement les morceaux de son dernier album, une interlude, et une deuxième partie où elle chante ses anciens titres. Choix audacieux qui, pourtant, fonctionne très bien. Le dernier album étant certainement moins accessibles que ses précédents, cela lui laisse toute la place d’être découvert par certains et confirmé comme l’un des meilleurs de l’année par d’autres.

Un show minimaliste

Et c’est parti pour un premier set de 45 minutes. PJ Harvey d’abord statique, commence peu à peu à se déployer. Le regard toujours sur le public, elle arpente le scène en dansant, le sourire grandissant. Elle danse lascivement, ondulant avec l’aisance d’une artiste qui a fait ça toute sa vie. Quel plaisir que de voir une artiste de cette acabit dans une salle à taille humaine. Les quelques 2000 spectateurs qui occupent la salle le temps d’un soir, ont dans le coeur, le doux sentiment d’un privilège.

À la fin de l’ultime morceau de l’album, « A Noiseless Noise », Polly Jean s’absente quelques minutes, pour laisser à son groupe le devant de la scène. Ils entonnent tous les quatre le morceau folk et entrainant, « The Colour of the Earth ». L’interlude est réussie.

Retour aux sources

Le deuxième set commence sur les chapeaux de roue avec deux morceaux à la suite de Let England Shake. La foule s’enflamme de plus en plus. Niveau setlist, PJ Harvey a vu les choses en grand et pioche dans toutes les phases de sa carrière. Stories From the City, Stories From the Sea et The Hope Demolition Project sont les deux seuls à manquer à l’appel. Une déception qui sera vite consolée par les différents morceaux qui nous frappent en pleine tête.

PJ Harvey enchaîne autant les balades comme « The Desperate Kingdom of Love » que les morceaux enragés comme « Man-Sized » ou encore « Dress ». Pour le bonheur de beaucoup, elle chantera quatre morceaux du monstrueusement excellent To Bring You My Love. 

Dans le public, on ne saurait plus faire la différence entre une messe religieuse et un simple public de concert. L’expérience est mystique, d’une folie pure. Les larmes coulent, les visages se fendent de sourires quasi délirants. PJ Harvey nous a jeté un sort avec une nonchalance extraordinaire. Sa voix est aussi époustouflante qu’à ses débuts, peut-être même plus assurée.

En terminant avec son morceau « White Chalk », elle nous ramène doucement sur la terre ferme. D’une révérence, elle salue le public quémandeur de plus, toujours plus. Les lumières se rallument. Certains croient presque avoir halluciné ce moment trop beau pour être tout à fait vrai, trop intense pour être imaginé.

Chacun sort de la salle avec le coeur un peu plus gros, les yeux un peu plus exorbités, et les cheveux un peu plus ébouriffés qu’à l’accoutumée. Le souvenir est marqué au fer rouge, comme les lettres sur la façade, qui nous rappellent, que non, nous ne rêvons pas. PJ Harvey a encore frappé.


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Il n’est de meilleur rendez-vous automnal que le MaMA Music & Convention. Chaque année, alors que l’automne se profile, il marque une rentrée bien entamée et des retrouvailles chaleureuses. Un quartier entier en pleine ébullition qui parle de musique, questionne la musique et la fait vivre. Réunissant ainsi ses acteurs importants, partant des indés pour aussi faire place aux plus grands, jouant sur la carte d’une programmation sous le signe de la découverte.

C’est d’ailleurs ce qui primait quand celle-ci avait été annoncée. Des noms souvent confidentiels, des espoirs à découvrir. Et pour bien le faire, il fallait préparer son festival mais aussi faire confiance aux bruits de couloirs. En la matière, la sphère professionnelle, particulièrement bavarde, sait toujours raconter ceux qui les font vibrer. Il fallait aussi se laisser surprendre, entrer dans une des nombreuses salles qui avaient revêtues le bleu du MaMA et donc voir qui y jouait. Des coups de coeur, des temps forts, énormément d’arrêts pour saluer des visages connus sur le boulevard Pigalle, qu’on espère toujours traverser vite sans jamais y croire. Et la rencontre entre le public et les visages de l’ombre qui l’aide à mieux découvrir celles et ceux qui peupleront leurs playlists et donc leur journée. Voilà que démarre sous un soleil puissant une nouvelle édition d’un des plus beaux et plus intenses rendez-vous de l’année. En plus cette année, Pop&Shot a l’immense fierté d’être ambassadeurs de l’évènement. On vous prend par la main pour courir avec nous dans Pigalle et revivre les temps forts de ce premier jour.

fredz : Trois accords pour convaincre

La journée commence en beauté avec une session canadienne. Comme chaque année la délégation à plaisir à nous faire découvrir ce qui se fait de mieux sur ses scènes dont les artistes de Montréal, particulièrement prolifiques. Ma Cabane à Paname nous propose donc de découvrir Fredz en showcase à la Machine du Moulin Rouge. Parfois les scènes montréalaise et parisiennes ont beaucoup en commun, d’autres fois, chacune apporte son lot de nouveautés et de façons de concevoir la modernité. Cette prestation tendrait plutôt à unir nos pays. Fredz a en effet une esthétique que l’on saurait identifié. Plutôt urbain dans ses sonorités, il sait osciller vers la chanson rythmée. Dans ses premiers instants le musicien évoque d’ailleurs Therapie Taxi et leur single « Hit Sale ». Il en a du moins la capacité tubesque, l’aisance du couplet bien écrit et joliment dosé. Armé de son blouson en cuir, le musicien a une sensibilité à fleur de peau. D’ailleurs il écrit volontiers sur ses angoisses, nuits blanches et ses amours. Se confiant à travers ses textes, il préfère rendre ses pensées dansantes pour mieux capter son public. Ce dernier suit volontiers le rythme, se laissant aller à danser en ce début de journée. Les refrains de Fredz sont généreux et accrocheurs. Lorsqu’il dévoile le titre « Trois accords » il s’amuse à raconter qu’il a appris la guitare il y a peu et qu’il n’a pas la capacité d’en faire plus. Il n’en a pourtant pas besoin. Trois accords suffisent à ce que la sauce prenne et à ce que Fredz se glisse avec aisance dans les esprits de ceux qui l’écoutent. La Canada est emplie de belles promesses qu’il est toujours de bon de découvrir à chaque édition du MaMA.

Damlif : aire de jeu et air du temps

Sous la Machine du Moulin Rouge, la Chaufferie fait office de cocon pour découvrir les artistes sous les meilleurs hospices. Un bref retour en enfance sous forme d’immense marelle dessinée au sol permet de changer son état d’esprit avant d’entrer dans la salle. Une sorte de passage magique pour mieux se laisser porter par les concerts avec une certaine sensibilité retrouvée.  Damlif fait partie des musiciens dont le nom est cité de toutes parts comme un de ceux à voir. D’ailleurs, la salle pleine ne trompe pas. Avec l’âge d’or du Hip Hop, la proposition en la matière est plus que variée. Le musicien aux cheveux longs apporte sa pierre à l’édifice. Son flow maitrisé oscille entre chant et phrasé. La répétition est l’une de ses armes maitresses pour séduire tout comme un beat travaillé, hypnotisant en fond sonore. Sur scène, la mélodie gagne du terrain et habille parfaitement la voix.  Il prend entièrement possession de son espace, habitant avec allure son avancée. Mais c’est aussi son timbre accessible qui fait mouche et convainc. Sa faculté à jouer des mots et à embrasser pleinement l’air du temps … pour mieux embraser l’assistance.

Liv Oddman : ovni en tout genre 

À 21h50, heure à laquelle le soleil se couche et une nouvelle étoile se meut.  Liv Oddman monte sur la scène de la Cigale. Celui qui a chanté tout l’été était très attendu sur cette édition du MaMA, l’annonce de sa venue se répandait comme un bruit de couloir. « Faut aller voir Liv Oddman, c’est super cool » qu’on entendait au détour d’une Boule Noire ou d’un Trianon. Et, influencé.es par le parfum capiteux de la découverte, à la Cigale, sommes nous allé.es.

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©Kevin Gombert

Si l’on ne devait choisir qu’un seul mot pour décrire Liv Oddman (tâche ardue j’en conviens), ce serait ovni. Vêtu de noir, il passe d’un genre à l’autre sans aucune brisure de rythme. Le tout est parfaitement logique et pourtant complètement inattendu. Les morceaux passent du rock au rap avec en sous-tension une attitude résolument punk. Seul avec un guitariste, Liv Oddman serpente sur la scène. Magnétique, il l’occupe avec une assurance rafraîchissante. La foule est électrisée et oscille entre silence médusé et cris d’extase. Liv Oddman, un artiste à suivre.

Marcel : tout ce qui bruite 

Un peu plus tard, dans la salle cachée qu’est la Backstage, le groupe belge Marcel débarque sur scène. Dès les premières notes, le ton de la soirée est lancé. Particulièrement énergique et excessif, le groupe entraîne un public déjà attisé par une série de concerts rock tout au long de la soirée. Dans la foule, ça hurle, ça crie, ça pogote. On ne pouvait pas espérer mieux comme accueil pour un groupe dont le premier album s’appelle « Charivari ». En d’autres termes, le charivari c’est le vacarme, le bruit, le chahut, bref. Tout ce qui bruite. Véritable pépite rétro, le groupe oscille entre le garage band, le rock ou encore le grunge.

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©Kevin Gombert

Les CLOPES : Fumée non identifiée

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©Kevin Gombert

Et d’un quatrième album pour l’objet non identifié les Clopes qui s’auto définissent comme membres à part entière de la troll wave.  Pour mieux situer le propos le troll concerne l’humour affirmé de la formation et la wave est une évidente référence à la cold wave qui les porte. Les Clopes, c’est un projet né d’un morceau, d’une blague aussi, mais de musiciens très sérieux, qui maitrisent parfaitement leurs instruments. Leur live s’inscrit comme une promesse : celle d’un moment hors normes où l’absurde la dispute au talent. Le groupe avait prévenu, sur scène, ils invitent les membres de leur collectif à venir ne rien y faire. Trolls toujours, ils sont vêtus de noir et portent de grandes lunettes de soleil blanches. Le tout va parfaitement avec les paroles de leurs morceaux qui tournent bien souvent autour de la dépression. Nombreux sur scène, ils prennent place et créent comme toujours le doute. Doit-on en rire ? Doit-on se laisser entraîner ? Une chose est sure, la formation permet au public de prendre du recul sur l’oeuvre qui lui est présentée. Et avec elle, l’attitude d’un certain rock élitiste. Celui-ci promet le droit de se moquer mais de se moquer avec eux. Pour autant, la qualité des compositions, prend régulièrement le dessus. les titres s’enchainent alors avec aisance. Face à un public conquis qui s’il ne sait pas sur quel pied danser, se laisse pourtant porter. Pas besoin d’aller au fumoir pour aspirer de grandes taffes qui font tourner les têtes et les esprits.

Tramhaus  : post punk rotterdamois 

tramhaus mama festival 2023
©Kevin Gombert

Et pour boucler cette soirée au Backstage, quoi de mieux que le groupe originaire de Rotterdam, Tramhaus ? Dernier round pour le Backstage, mais aucune perte en puissance. Leur énergie délirante soulève la salle, la renverse avec des riff de guitare efficaces. Avec à peine trois ans d’existence, Tramhaus a déjà bien sa place dans le paysage rock européen. Ce groupe d’amis à la vitalité affolante critiquent aussi bien le système qu’ils ne parlent de leur santé mentale. Un rock frais à découvrir sur scène pour en saisir toute l’étendu.

Texte : Pénélope Bonneau Rouis & Julia Escudero


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L’automne est là, les feuilles rougissent, les températures baissent, il est temps de cuisiner des courges et surtout, de vivre trois jours de MaMA Music & Convention. Comme chaque année, l’évènement fera vibrer tout le quartier de Pigalle, cette fois-ci du 11 au 13 octobre. L’affiche dense composée de 130 artistes permettra aux curieux de faire le plein de découvertes. Et parmi ces découvertes, les artistes canadiens pourront à en coup sûr vous réchauffer les cœurs.

MaMA 2022
La Cigale – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Envoyés par la délégation Ma Cabane à Paname, ils promettent déjà une belle diversité. Il faut dire que côté Canada francophone, la scène actuelle est en pleine effervescence, pointue, novatrice et surtout différente de ce qu’on a l’habitude d’entendre dans l’Hexagone.

Ce sont donc 15 artistes à découvrir absolument qui viendront se produire sur les différentes scène du MaMA Music & Convention.

Ma Cabane à Paname, demandez le programme

MA-Cabane-a-Paname-2023Le 11 octobre

FREDZ  – Le Bar à Bulles, 12 heures 50

FERNIE – La Cigale, 19 heures 35

GRAND EUGENE – Le Bar à Bulles, 12 heures 10

MAYFLY – Les Trois Baudets à minuit

MCLEAN – 360 Music Factory, 13 heures

Mimi O’Bonsawin – 360 Music Factory, 14 heures 10

Parazar – 360 Music Factory, 22 heures 40

Witch Prophet – 360 Music Factory, 13 heures 35

Le 12 octobre

Peanut Butter Sunday – 360 Music Factory, 12 heures 30

Pillow Fite – 360 Music Factory, 11h00

Sluice – 360 Music Factory, 11h45

Le 13 octobre

Ariane Roy – Trois Baudets, 22 heures

Blonde Diamond – La Machine du Moulin Rouge, 2 heures 30

Loig Morin – 360 Music Factory, 12 heures 30

Pastel Blank – La Machine du Moulin Rouge, 22 heures 20

Coup de cœur : Fernie

Fernie par André Rainville (@villedepluie)
Fernie par André Rainville (@villedepluie)

La qualité sera au rendez-vous pour tous ces artistes. L’un d’entre eux nous a tout particulièrement conquis lors de ses derniers passages parisien. Il s’agit de Fernie.  Le chanteur profite d’une voix tout particulièrement puissante qui touche droit au cœur. Entre soul et r’n’b, l’artiste connait ses classiques et sait les moderniser. Ses titres entraînants font rimer nostalgie avec créativité. Comme les plus grands, il façonne  des morceaux lumineux emprunts de jolies couleurs et y mêle une grosse dose d’émotions. Il dévoilait son premier album « Aurora » en 2021 et profitait de 2022 pour le faire découvrir sur les scènes de France et du Canada. Son élément naturel. La base du projet de cet artiste queer d’origine brésilienne ? L’envie de créer une safe space pour s’exprimer en musique. Ne manquez surtout pas son passage au MaMA le 11 octobre, vous nous remercierez plus tard !


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