Sam Fabelman ( Gabriel LaBelle)
Sam Fabelman ( Gabriel LaBelle) Copyright Storyteller Distribution Co., LLC. All Rights Reserved.

Le 22 février 2023 sortira en salles le  dernier film de Steven Spielber, son plus personnel, The Fabelmans. Le légendaire metteur en scène américain a décidé rien de moins que de nous parler de sa propre enfance et du parcours l’ayant mené à la mise en scène ! Pour quel résultat ? 

The Fabelmans : De quoi ça parle ?

Le jeune Sammy Fabelman tombe amoureux du cinéma après que ses parents l’ont emmené voir The Greatest Show on Earth. Armé d’une caméra, Sammy commence à faire ses propres films à la maison, pour le plus grand plaisir de sa mère qui le soutient. L’adolescent va un jour découvrir un secret de famille bouleversant. Il va aussi se rendre compte que le cinéma va l’aider à voir et accepter la vérité.

The Fablemans Michelle Williams
Un triangle amoureux Paul Dano – Michelle Williams – Seth Rogens Copyright Storyteller Distribution Co., LLC. All Rights Reserved.

The Fabelmans : Est ce que c’est bien ?

Après la grande réussite du remake de West Side Story dont l’échec au box office demeure incompréhensible, rapidement l’annonce était faite du prochain projet du mondialement connu Steven Spielberg : un film sur son enfance et le divorce de ses parents. De quoi provoquer une réaction ambivalente. En effet, toute la thématique de l’absence du père imprègne une grande partie du début de carrière du metteur en scène. Ainsi, par exemple, Rencontres du Troisième Type ( SPOILER ALERT) voit le personnage de Richard Dreyfuss « abandonner » sa famille pour accompagner les extraterrestres, Empire du Soleil (chef d’œuvre beaucoup trop méconnu) voit le personnage de Christian Bale, enfant séparé de ses parents dans le tumulte de la guerre , oscille une grande partie du film entre deux modèles opposés de père de substitution. Mais aussi, la question peut facilement se poser de savoir si l’on peut être le meilleur conteur qui soit quand il s’agit de sa propre histoire ? En terrain connu, Spielberg est il tombé dans la facilité?

C’est en fait le principal reproche qui puisse être fait à The Fabelmans : conteur de sa propre histoire, Spielberg se perd dans ses souvenirs, les étirant parfois jusqu’à frôler le manque d’intérêt. Dans sa version de fiction, car l’on ne suit pas vraiment le parcours de Steven Spielberg mais celui de Samuel Fabelman ( Samuel est le prénom hébraïque de Spielberg, Fabelman signifie littéralement l’homme-fable, pas mal pour un pseudo), sa famille est irréprochable, sa mère est soutenante, son père est bienveillant à l’égard de sa famille et de Samuel. Même quand il pense que le cinéma devrait rester un hobbie pour son fils, il l’aide à le financer. A peine l’irruption du personnage de l’oncle maternel vient elle boulverser ce propret équilibre en confrontant Art et vie de famille. A 76 ans, Spielberg, probablement en paix avec son histoire, en tout cas assez pour la montrer à la face du monde, ne se sent peut être pas de juger son père ou sa mère. Humainement, cela peut s’entendre. Cinématographiquement, c’est beaucoup plus compliqué, tant il dépeint un quotidien assez ordinaire… Heureusement, Spielberg n’est pas que conteur mais aussi metteur en scène et il a l’humilité des grands en ne se focalisant pas seulement sur son histoire mais – aussi- sur son rapport au cinéma.

Mateo Zoryan Francis-DeFord as younger Sammy Fabelman in The Fabelmans
Mateo Zoryan Francis-DeFord as younger Sammy Fabelman in The Fabelmans Copyright Storyteller Distribution Co., LLC. All Rights Reserved.

Spielberg a du talent. Pléonasme bien sur. Pourtant, dès la première scène de The Fabelmans, le réalisateur américain démontre avec peu d’effets qu’il est l’un des meilleurs dans sa partie. Un enfant va au cinéma mais commence à avoir peur. De la foule, du bruit, de la taille de l’écran. Sa mère puis son père vont le rassurer. L’une en mettant en avant la féerie du spectacle qui va s’offrir à lui, l’autre lui assénant des termes techniques pour rationaliser ce qui va se passer. En une simple scène, Spielberg vient de brosser trois personnages d’un coup. Les trois qui constitueront les piliers de son récit.

En fait, Spielberg n’est jamais aussi bon dans The Fabelmans que quand il se souvient qu’il est entrain de signer un film, une œuvre de fiction. Ainsi, passé la description quasi chirurgicale de la décomposition du couple de ses parents, le film trouve un second souffle quand il fait de Sam Fabelman un personnage de teen movie dans la partie lycéenne, très probablement romancée du film. Pourtant c’est dans cette dernière qu’il réussit à livrer une des plus belles déclarations d’amour au Septième Art avec le passage du film de fin d’année, le réalisateur semblant détenir des pouvoirs au delà du commun des mortels.

The Fablemans
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De même, l’une des seules scènes ou Spielberg semble prendre de la hauteur avec/à son sujet, est le plan furtif mais fascinant de son alter ego vu dans le reflet d’un miroir ( tropisme spielbergien s’il en est) entrain de filmer ses parents annonçant à ses sœurs leur divorce. Et on se prête à rêver d’un film entier sur un adolescent, qui, voulant fuir la réalité s’enfermerait dans un monde où la fiction qu’il créerait prendrait de plus en plus de place… Malheureusement, The Fabelmans n’est pas ce film là. Il est autre chose. Tentative de biographie en lissant les bords. Déclaration d’amour au cinéma. Même si l’ensemble est assez maladroit, à l’image de la prestation de Michelle Williams dans le rôle de la maman, The Fabelmans est un film d’excellente qualité et mérite d’être vu, dans les conditions pour lesquelles il a été pensé, dans un cinéma. Et puis David Lynch dans le rôle fugace de John Ford mérite à lui seul un visionnage, donc, n’hésitez pas !

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