Archive

septembre 2021

Browsing

L’Étrange Festival 2021 a tiré sa révérence le 19 septembre face à un public de fans toujours ravis de retrouver l’évènement le plus barré de la rentrée et les salles obscures du Forum des Images. Entre horreur, comédie, action, polars et drames, l’évènement a encore mis la barre très haut. On vous raconte.

C’est dans la grande tradition de L’Etrange Festival qu’est diffusé « The sadness » en deuxième partie de soirée pour son ouverture. Chaque année, l’évènement cinématographique dévoile une première perle adressée à un public plus vaste que le deuxième métrage toujours plus dure allant du très dérangeant au carrément gore. Et c’est dans la deuxième catégorie que tombe ce « The Sadness », film taïwanais signé Rob Jabbaz. Si le film de zombie vous enthousiaste mais que vous pensiez en avoir fait le tour, ce premier long métrage qui ne lésine par sur les effets d’hémoglobine  pourrait bien vous séduire. A condition d’avoir le coeur bien accroché. The Sadness étrange festival 2021Après des mois de pandémie, notre film dépeint la mutation d’un virus qui force ses victimes à massacrer et violer sans remords tout à chacun sans aucun aucun procès. Prétexte à un immense bain de sang et de boyaux, tout effort scénaristique semble presque désuet tant tout est préxtexte à un jeu de massacre jusqu’au boutiste. Bien plus que la course effrénée de deux amants pour se retrouver dans un Monde devenu  post-apocalyptique en quelques heures, le film se focalise sur des jeux de maquillages sobrement dégoulinants et sur une sur-enchère de perversions qui n’auront de cesse qu’une fois la bobine terminée. Exit finesse et raffinement, on tape ici dans le dure sans jamais reprendre son souffle. De quelques effets d’explosions de boite crâniennes qui pourraient faire sourire à des scène de torture bien moins réjouissantes, cette pellicule ne pourra s’adresser qu’à un public averti, cramponné à son siège et désireux de voir rouge pendant 99 minutes.

Le dernier film de Soi Cheang, Limbo était l’une des œuvres les plus attendues de cette édition de L’Étrange Festival 2021. Sans beaucoup de surprises, le polar hong-kongais a été à la hauteur des attentes placées en lui. D’une trame classique ( deux flics que tout oppose, l’un vétéran qui en a trop vu et l’autre tout droit sorti d’école, doivent collaborer lors de la traque d’un tueur en série qui ensanglante la ville), Soi Cheang va bien au delà de ce qui aurait pu n’être qu’un Seven-like.  Limbo ETRANGE FESTIVAL 2021Notamment grâce à un noir et blanc à tomber par terre de Siu-Keung Cheng. Loin d’un effet de style gratuit, dans Limbo il est là pour sublimer l’ahurissant décor naturel que représente les bidonvilles et autres immeubles miteux de Hong Kong dans lequel se déroule la traque acharnée d’un tueur en série. Limbo est de ce genre de films qui reste en mémoire et dont la claque visuelle est totalement prompte à être de celle qui fasse naitre de futures vocations cinématographiques.

De Hong Kong et sa structure démentielle il était aussi question dans Coffin Homes de Fruit Chan. Mais pas avec le même résultat… Si prise indépendamment les trois histoires d’horreur se passant dans les coffin homes, ces logements microscopiques qui prolifèrent à Hong Kong, ne sont pas sans intérêt, le défaut du film est de vouloir les relier ensemble et de franchement tomber dans la redite dans le dernier tiers du film en nous présentant de peu subtiles variations de scènes que l’on a déjà pu voir précédemment ! Coffin Homes aurait peut-être gagné à être moins long et/ou adopter la forme d’un film à sketchs.

Plus c’est long moins c’est bon ? La question peut se poser après Coffin Homes à la vision de Tin Can, sorte de wannabe-Oxygène, le film de Seth A. Smith a peiné à convaincre, tant son histoire semblait s’étirer sur 104 minutes plus que de raison, explicitant à plusieurs reprises des éléments de l’histoire se situant avant l’enfermement de l’héroïne alors que tout aurait pu être beaucoup plus épuré. En somme, là encore Tin Can aurait pu gagner à être plus resserré au lieu de se diluer progressivement dans son propre récit.

 THE SPINE OF THE NIGHT ETRANGE FESTIVAL 2021The Spine of Night, film d’animation de Philip Gelatt et Morgan Galen King projetée dans la catégorie Mondovision a tout d’une véritable Madeleine de Proust. Tant dans la forme ( de l’animation à l’ancienne loin, très loin des films Pixar auxquels le spectateur est conditionné depuis a minima plus d’une décennie) que dans le fond (un solide récit d’heroic fantasy fleurant bon les années 80 et les parties de Donjons et Dragons). Un très agréable voyage convoquant magie, viscères, épées à deux mains, Robert E.Howard ( la musique de Peter Scarbatello a des airs du Poledouris sur Conan) ou bien encore Lovecraft. Bref, The Spine of Night un dépaysement garanti, ce qui est ce que tout spectateur assidu de L’Etrange Festival vient chercher, non ?

Inexorable ÉTRANGE FESTIVAL 2021Deux ans après Adoration qui avait eu les honneurs d’une présentation à L’Étrange Festival, Fabrice du Weltz revenait avec son dernier opus, Inexorable. Toujours Benoît Poelvoorde au casting accompagné cette fois de Mélanie Doutey et Alba Gaia Bellugi. Inutile de dire qu’avec ce drame petit bourgeois se déroulant dans une maison de campagne et ou une invitée mystérieuse commence à saper les bases – bien fragiles – d’une famille en apparence bien sous tout rapport, le réalisateur belge prend un malin plaisir à chasser sur les terres de Claude Chabrol tout en prenant plaisir à y apporter sa touche toute personnelle et plus frontale. Un des films solides de la compétition de cette année.

Mad God aura pu désarçonner à entendre les avis en sortie de salles lors de sa double projection à L’Étrange Festival. Il faut dire que le film d’animation de Phil Tippett est à nul autre pareil. Pendant plus de 80 minutes, l’artisan des effets spéciaux de Jurassic Park, Starship Troopers ou bien encore RoboCop, Mad God étrange festival 2021nous présente une vision cauchemardesque de son imaginaire, le tout en stop motion, dans la droite lignée de Ray Harryhausen ! C’est le genre de projet qui légitime que le festival se déroulant en septembre au Forum des Images porte ce nom. Mais aussi c’est le genre de projet qui permet de perpétuer le fait que l’on parle du cinéma comme du Septième Art et rien que pour ça, Mad God, malgré le fait qu’il soit un peu décousu valait clairement le coup de nous être présenté !

Adilkhan Yerzhanov est l’un des chouchous de L’Étrange Festival et avait déjà eu l’occasion, l’an dernier notamment avec A Dark Dark Man, de nous présenter son style particulier ou l’absurde le mêle au contemplatif. Il revenait cette année avec deux films dont A Yellow Cat. Sorte de True Romance à la kazakhe, cette cavale sous fond d’histoire d’amour impossible pour un homme de main qui ne jure que par Alain Delon dans Le Samouraï vaut le détour, tant elle réussit tout aussi bien à amuser qu’à émouvoir dans ses dernières minutes… Encore une belle réussite pour Yerzhanov qu’on ne devrait pas tarder à revoir prochainement à L’Étrange Festival…

Concernant Offseason, avec son intrigue classique d’une jeune fille recevant une mystérieuse lettre la contraignant à revenir sur la terre ancestrale d’où vient sa famille pour régler une mystérieuse affaire, on pouvait s’attendre à tout… Et grâce au réalisateur Mickey Keating, cela signifie le meilleur ! Ayant parfaitement compris l’histoire qu’il met en image, le metteur en scène réussit à mettre en image l’un des meilleurs récits d’inspiration lovecraftienne qu’il ait été donné de voir récemment avec The Void. Avec une belle maîtrise du suspense, le spectateur est entraîné durant 82 minutes dans un récit haletant finissant par assumer pleinement ses références. L’un des coups de cœur de la rédaction lors de cette édition de L’Étrange Festival.

La coproduction internationale entre Sénégal, USA et France, Saloum du réalisateur Jean Luc Herbulot était attendue, des années après une première présentation de son auteur qui était resté en mémoire. Avec cette histoire commençant par trois mercenaires africains s’échappant d’une zone de guerre pour aller remettre un otage et une précieuse cargaison à un commanditaire trouvant refuge dans un mystérieux village, le film pose des bases qu’il va bien malicieusement balayer en plein milieu du métrage. En effet, avec une belle rupture de ton à la Une Nuit en Enfer, c’est dans une toute autre direction qu’Herbulot envoie ses personnages en nous faisant en prime une belle proposition de cinéma de genre en provenance d’Afrique. De quoi attendre avec impatience sa prochaine œuvre !

Sono Sion. Nicolas Cage. Deux nuances potentielles de grandiloquence dont l’alliance fait saliver depuis l’annonce du projet Prisoners of the Ghostland. Sorte de Los Angeles 2013 (ou New York 1997 selon les préférences) empreint d’un post apo très bis italien mais aussi de culture japonaise, c’est comme on pouvait s’y attendre du grand n’importe quoi. L’assumant totalement et ne cherchant à aucun moment à être autre chose que ce qu’il est Prisoners of the  Prisoners of the Ghostland étrange festivalGhostland est un bon plaisir coupable/divertissement dans lequel Nicolas Cage s’en donne à cœur joie sans bouder son plaisir malgré les misères infligés à son personnage de figure héroïque. Au sein d’un casting cosmopolite, Sofia Boutella ( Climax, Atomic Blonde) tire encore une fois son épingle du jeu démontrant que, quel que soit le type de projet auquel elle est rattachée, elle continue inlassablement à percer l’écran. Et si au final, le film ne va pas aussi loin dans son délire que par exemple un Mandy, présenté aussi à L’Étrange Festival il y a quelques années, le film est un véritable plaisir de spectateur à apprécier en festival mais aussi en dehors !


the perfection netflix

12 films d’horreur à voir absolument sur Netflix France

On le sait il est bien plus facile de rester chez soit à chiller sur…

COMMENT SURVIVRE DANS UN FILM D'HORREUR

Petit Guide de survie en territoire horrifique: comment survivre quand on est un personnage de film d’horreur?

C’est Halloween, non pas qu’on se prive à l’année pour vous parler avec amour du…

Trois nanars de requins qu’il faut absolument avoir vu

Le film de requin, le Saint-Graal du nanar et surtout mon petit péché mignon (j’aime…

La dixième édition du Champs Elysées Film Festival avait un goût bien particulier. L’évènement qui se tenait du 14 au 21 septembre 2021 sur la plus belle avenue du Monde célébrait un très bel anniversaire mais était également l’occasion de faire revivre le cinéma dans une période post-Covid encore incertaine qui nous avait appris que l’art et la culture n’était pas si essentiels que ça. Et pourtant, à en juger par les spectateurs qui se sont rués sur les lieux proposant de (re)vivre la culture en commun, par les films qui ont été au centre des occupations durant les confinements et couvre-feux, il se pourrait bien que l’adage mente.

Récompenser un cinéma exigent

Et ce n’est pas Sophie Dulac, présidente du festival qui dira le contraire lors de la cérémonie de clôture de l’évènement. « Notre travail est essentiel pour apprendre aux nouvelles générations à réfléchir, développer un esprit critique et ne pas croire tout ce qu’on nous dit. » lance-elle avant une salve d’applaudissements. Le cinéma choisi pour officier n’était autre que le cinéma du Drugstore du Publicis, lieu central puisque munit d’une salle obscure et de sa fameuse terrasse. « Le cinéma est fait pour se regarder en salle!  » ajoute militante et avec la poigne qu’on lui connait la maîtresse de cérémonie de noir vêtue.  Les prix sont nombreux et récompensent un cinéma pluriel. Chaque vainqueur prend le temps de remercier le jury et le public avec émotion.  « Queen of Glory » empoche deux récompenses alors que sa pétillante réalisatrice venue des Etats-Unis avec son bébé de sept semaines amuse l’assistance en expliquant qu’elle aurait dû se maquiller pour l’occasion. « L’énergie positive des Dieux » remporte lui aussi deux prix alors que Laetitia Moller, sa réalisatrice, dépeint un métrage qu’elle a commencé en allant chercher sa caméra dans un collisimo sans savoir comment elle allait mettre en scène cette histoire musicale. C’est aussi un cinéma engagé, encré dans une société actuelle qui est récompensé. Un cinéma miroir du Monde dans lequel on évolue et qui pousse à la réflexion comme aime à le rappeler la présidente du festival dotée de fleurs par son équipe ‘Merci, c’est pour ça que je travaille avec eux. » dévoile-t-elle. Elle en profite pour faire la part belle aux nombreux bénévoles et à l’équipe du festival qui s’est battu cette année pour faire exister l’évènement et fédérer le public parisien autour d’un cinéma exigent. Un pari relevé haut la main depuis dix ans maintenant, trait d’union entre deux nations et le rapprochement de leur analyse de chaque époque.

« Rien à foutre » : une dernière projection au plus proche du vrai

Qui dit cérémonie de clôture dit cinéma. C’est un film français « Rien à foutre » sous-titré en anglais qui a la lourde de tâche de clôturer l’évènement. Le film de Emmanuel Marre et Julie Lecoustre suit la vie d’une hôtesse de l’air (Adèle Exarchopoulos)  employée par une compagnie low-cost (Wing) vivant sa vie au jour le jour et se réfugiant dans les paradis artificiels pour oublier ses douleurs. Un véritable soucis de réalisme et d’intimité avec son héroïne sont au coeur des préoccupations de cette oeuvre qui multiplie les gros plan pour mieux centrer son propos sur les ressentis d’un personnage blasé qu’il ne juge jamais. Les dialogues sont parlés : pauses, réflexions, fautes, tout est mis en scène avec la justesse de la vie au point d’en oublier la caméra pour mieux se focaliser sur le vrai. L’humour est au rendez-vous autant qu’un sentiment doux-amer lors de cette fuite en avant sensible.  L’actrice principale dans le rôle de Cassandre est très juste et sait se rendre aussi attachante que déroutante. Elle devient l’amie que l’audience a autant envie de secouer que de suivre dans une folle soirée alcoolisée. Pourtant il pourrait être reproché au métrage sa durée qui comble de longs moments parfois vides par des scènes qui s’étirent et manquent d’appuyer un propos. « Rien à foutre » est l’histoire d’un moment de vie qui saura séduire un public pointu, adepte d’un cinéma particulier mais pourrait à contrario laisser sur le carreau un public désireux de découvrir une action plus diffuse, plus proche de l’écran que du monde qui l’entoure.

 

Le Champs Elysée Film Festival se raconte en musique entre Kiddy Smile et Sônge

Champs-Elysees-Film-Festival-2021
Photo : Louis Comar

Place au cinéma indépendant oui mais aussi à la musique indépendante. Le festival pointu a comme chaque année posé ses valises sur le rooftop du Publicis pour faire la part belle à des DJ sets face à l’Arc de Triomphe. Un monument mis en beauté cette année par Christo et Jeanne-Claude « Qu’on aime ou qu’on aime pas ça fait parler. » en profite pour lancer amusée Sophie Dulac lorsqu’elle remercie le lieu.

Le 20 septembre c’est à Kiddy Smile, également membre du jury courts-métrages, de prendre les rênes de la soirée. Au programme dans ce cadre aussi luxueux que paradisiaque : un véritable soin porté à la volupté. Les sens y sont mis en avant : de la beauté pour les yeux avec un espace carré et végétalisé qui fait rêver, le goût y est sollicité avec ses pizzas truffées, salades composées et autres tiramisu, mais aussi l’ouïe. L’exercice du DJ set peut s’avérer compliqué puisque l’artiste y gomme son répertoire pour mieux valoriser celui d’autres qui doit être l’équilibre entre son reflet et sa faculté à faire danser. Cléa Vincent et Silly Boy Blue, elles, avaient  toutes deux choisi de proposer un set mainstream qui poussait à chanter. Kiddy Smile, sans surprise, casse les codes et change de registre. Vêtu d’un long manteau argenté et noir, l’impressionnant artiste électrise le dance-floor. Les sons y sont pluriels, ils prennent des accents world, électro, hip hop, sont connus de tous ou des plus pointus. Les températures clémentes permettent de danser sur les toits, Paris sous les pieds. Dans ce cadre, la culture devient un luxe alors que les mélodies elles, s’adressent au plus grand nombre. Kiddy Smile a cette force folle, celle qui consiste à allier ces deux univers. A être aussi radicalement chic que radicalement ouvert à tous. Son set de haute volée sent la haute couture autant que la fête dans les rues. La fin de cette avant-dernière soirée laisse à tous les chanceux qui ont pu y assister des étoiles plein les yeux , de petites rires aux coins des lèvres, signe de fous-rires partagés, et des jambes emplies de fourmis signe indiscutable d’une folle nuit passée à danser.

Un dernier Sônge

Songe au Champs Élysées film festival
Photo : Louis Comar

Pour son tout dernier acte, il faudra attendre un peu. C’est en effet aux alentours de minuit que le dernier bal du festival ouvre ses portes. Cette fois c’est à Sônge de prendre les platines. Côté rooftop, le  temps s’est rafraîchit mais la pluie, elle, a bien compris qu’elle n’avait pas le précieux sésame pour monter sur la terrasse. Pour moins frissonner, il est possible de déguster une coupe ou une douceur sucrée. C’est une option qui fait sens un premier temps, avant que le lieu ne devienne un dancefloor géant. Dans l’assistance, les personnalités croisent les professionnels. La sublime Agathe Rousselle (Titane) également membre du jury est une des lumières que l’on croise dans les hauteurs. Vêtue d’un costume noir à la pointe de la mode et de longues boucles d’oreilles scintillantes, elle profite du moment tout comme Olivia Merilahti

Songe au Champs Élysées film festival
Photo : Louis Comar

(ancienne The Do, aujourd’hui en solo avec Prudence). Lieu de paix où tous se mélangent, la célébrité ici, est mise de côté. Les chasseurs d’autographes et de selfies ne sont pas conviés. Au contraire tous les convives sont les stars choyées de la soirée. La musique se distille dans les âmes et tout prend un accent festif alors que même « La Macarena » est jouée. Une partie de l’assistante, dominante, danse franchement, déchaînée et bienveillante. Alors qu’une autre profite de son escapade dans les hauteurs pour mieux profiter une dernière fois de la vue et de la nuit. Difficile de quitter ce lieu magique et de retourner à un quotidien plus banal lorsque les musique et les derniers projecteurs s’éteignent. Rien à foutre serait-on tenté de se dire, les souvenirs eux resteront longtemps en mémoire alors que la prochaine édition, cette fois-ci, il faut l’espérer dans des conditions normales, n’arrivera jamais assez vite.


Champs Elysées Film Festival 2021

Champs Elysées Film Festival : Un dimanche artistique et dansant en compagnie de Cléa Vincent et Silly Boy Blue

Ce dimanche 10 septembre 2021, les Champs-Elysées sont pris d’assaut. Au coeur des préoccupations :…

saint frances film

Champs Elysées Film Festival: un lundi sous le soleil et trois projections plus tard

Saint Frances: confidences entre femmes Parler des femmes au cinéma en 2019, un sujet d’actualité…

How to talk to girls at parties en ouverture du Champs Elysées Film Festival 2018 : Do More Punk To Me!

Mardi 12 juin 2018 se déroulait dans la salle du Gaumont Marignan la cérémonie d’ouverture …

 

Censor, de quoi ça parle ?

CensorDans l’Angleterre thatchérienne des années 80, en pleine chasse aux video nasties, Enid, une jeune femme au passé douloureux, est chargée de repérer les films d’horreur à censurer ou à interdire. Tombant sur une œuvre réveillant ses terribles souvenirs, elle va chercher à en démêler les secrets, à ses risques et périls.

Censor, est-ce que c’est bien ?

Visionné à L’Etrange Festival le 17 septembre 2021, Censor de Prano Bailey Bond a magnifiquement tiré son épingle du jeu devenant ainsi l’une des meilleures découverte du cru 2021 du festival le plus barré de l’année. Il faut dire qu’avec son thème finement mené et la spirale infernale qu’elle créé par la suite, cette oeuvre jusqu’au boutiste allie à merveille propos construit et réalisation millimétrée comme il est bon de les voir dans le cinéma d’épouvante.

D’entrée de jeu, sans jamais prendre son spectateur de haut, le métrage s’interroge quant au rôle de la violence à l’écran sur la violence dans le monde réel. Scream en 1996 avait déjà joué sur cette corde devenant un film culte pour toute une génération avant de devenir aux yeux du Monde une satyre presque comique du slasher movie. Ici, exit le comique. Notre jeune et jolie censeur, Enid (l’irlandaise Niamh Algar) tient son rôle très à coeur. Loin l’idée pour elle de simplement priver les spectateurs d’oeuvres dont ils pourraient se délecter. Non, elle sauve des vies en empêchant une violence viscérale de se diffuser. En trame de fond, le réalisateur multiplie ses points de vue et traite du rôle des médias, jugeant sans cesse les films d’épouvante et se gargarisant de raconter qu’une oeuvre violente rendra violents les enfants qui pourraient la voir. Exit l’idée pourtant que la société n’a pas attendu l’arrivée du cinéma pour devenir violente et que les tortures moyenâgeuses, elles, étaient perpétrées sans écrans. Ici, le cinéma voudrait-on nous faire croire serait responsable de toutes les pires infamies.

Contrôler la violence

Censor filmEt n’est-ce pas bien pratique pour Enid de contrôler ce qui est contrôlable alors que victime d’un drame familiale dans sa jeunesse, elle avait perdu le contrôle, gardant le traumatisme à fleur de peau d’une affaire qui ne cesse de la hanter ?  C’est d’ailleurs en découvrant un film particulièrement cru qu’elle le rendra lui aussi coupable d’une partie de ses maux. A-t-elle seulement raison de le placer comme clés du mystère qui l’entoure ? En adoptant le point de vue d’une héroïne qui perd pieds, le film déroule doucement sa trame et ses arguments, entraînant le spectateur dans une spirale infernale qu’il a envie de croire, réduisant comme tissus de chagrin, la barrière entre écran et réalité.

Pour accentuer son propos, le film s’ose à l’exploitation d’un fait divers qui pourrait être la faute d’un film. Le scandale gargarise les foules, trop heureuses d’oublier la fureur en eux. Et si le film n’était pas coupable ? Et bien l’idée même ne voudrait pas le coup de s’y attarder plus d’une poignée de secondes.

Outre une réalisation cadrée, des effets de mise en abimes rudement menés et quelques jump scares savamment distillés sans jamais en faire des caisses, Censor maîtrise son rythme de bout en bout, crée son ambiance mais ne perd jamais de temps à tourner autours du pot. Au contraire, chaque scène profite pleinement à l’intrigue et compte sur son spectateur pour comprendre sans qu’on ne lui explique les choses lourdement.

Un soin aux détails

Il est aussi important de souligner l’excellente performance de Niamh Algar, fragile et déterminée qui saura retenir ses larmes avec le brio d’une maîtresse de l’horreur. Le travail des costumiers est lui aussi parfaitement orchestré et va de pair avec la beauté de plans qui confèrent aux rêvent. Le réalisateur a lui aussi pris le plis de s’offrir des temps d’introspective filmant l’écran de télévision pour en faire par la suite une réalité, brouillant les frontières entre film, rêves et réalité.

Avec amour et finesse, ce dernier s’amuse à reprendre les arguments anti films d’épouvantes mais les impute à Thatcher, son gouvernement et ses adeptes pour mieux moquer leur caractère purement autoritaire. Le débat reste ouvert jusqu’au bout et chaque personnage y va de son argumentaire pour parler d’une violence qui existerait au delà des pellicules. Et si s’amuse-t-il même à raconter en fin de bobine, les films aux couleurs pastels et aux dénouements heureux étaient bien plus dangereux que l’exutoire d’une violence froide entre tripes, boyaux et viols ? Et si nous dit-il enfin, une tête décapitée pouvait bien plus amuser ? Alors peut-être faudrait-il s’échanger des films d’horreur en secret comme de l’alcool au temps de la prohibition.

Grande déclaration d’amour au cinéma de genre, intelligent, construit, incisif et conscient de ses codes et ses clichés, Censor est un régal de chaque minute qui loin de se noyer dans les effets d’hémoglobine, préfère la psychologie de ses personnage et les effets artistiques. Une pépite à ne pas manquer.

Bande-Annonce


The Art of Self Defense : Jesse Eisenberg met ses pieds où il veut à l’Etrange Festival

Dans le cadre de la vingt cinquième édition de L’Étrange Festival, au Forum des Images…

étrange festival 2018

L’Étrange festival: Soirée d’ouverture « Anna and the apocalypse » et « Perfect Skin », le cinéma de genre a bien des visages

C’est la rentrée à Paris et avec elle le lancement de l’Etrange festival qui pour…

Steven-Yeun-and-Samara-Weaving-in-Mayhem

L’Etrange Festival ouvre ses portes avec le génial et barré  « Mayhem » ( on y était)

Le 6 septembre 2017, les amateurs de cinéma louffoque étaient invités à se rassembler pour…

Boïte Noire Pierre nineyBoite Noire, de quoi ça parle ?

Avec Boîte Noire, c’est une immersion totale dans le monde de la sureté aérienne que propose Yann Gozlan. L’histoire est celle de Matthieu Vasseur, un jeune acousticien en poste au BEA  qui met à profit son ouïe pour enquêter sur des accidents aériens. Son quotidien est chamboulé lorsque le crash d’un avion de plus de 300 personne survient dans les Alpes. Entre paranoïa et théories complotistes, cette mystérieuse catastrophe en fait voir de toutes les couleurs aux personnages du film.

Boite Noire, est-ce que c’est bien ?

pierre nineyC’est bien connu, la France choisit ses films et plébiscite certains genres. Si la comédie et le drame sont toujours des valeurs sures, le film de genre et son petit cousin le thriller sont souvent boudés pour laisser faire les américains, reconnus eux comme maîtres du genre. Pourtant, certains réalisateurs s’amusent à faire mentir les nationalités, rappelant qu’il existe une certaine fierté nationale en nos terres et que l’Hexagone n’est pas en reste quand il s’agit de créer du polar, des enquête et du suspens tendu. C’est ici avec l’optique de se frotter aux maîtres Outre-Atlantique, n’hésitant pas au passage à citer les plus grands, que le réalisateur Yann Gozlan a choisi de se tenter au registre en s’appuyant sur une thématique très précise : le monde de l’aviation. Pour réussir son coup, le metteur en scène s’est entouré d’un casting cinq étoiles : Pierre Niney, Lou De Laâge ou encore André Dussolier. Pari réussi ?

Créer un thriller haletant, en prenant soin d’utiliser toutes les ficelles du genre  a particulièrement tenu à coeur au réalisateur qui prend le temps plan par plan d’établir son cadre de travail. Le résultat, fera sans aucun doute passer un bon moment au spectateur mais pourra, d’un point de vue expert, s’avérer parfois prévisible. La faute sûrement à un soin méticuleux apporté à reprendre les codes établis par les idoles du réalisateur, qui finit par tomber dans un excès de bonnes intentions et donc à absorber quelques clichés pour mieux les réadapter à sa sauce.

Néanmoins, la plus belle réussite, indiscutable, de  Boîte Noire se trouve dans le travail de recherche est d’observation réalisé par l’équipe du film au plus près du BEA. Il est ainsi possible d’en apprendre beaucoup sur tout le secteur de l’aviation, ses contrôles de sécurité, sur la fiabilité des appareils, de quoi potentiellement rassurer les aviophobes bien que le sujet du film soit un crash. Les dialogues, les informations, sont la preuve d’un travail de fourmis réalisé en amont par une équipe dévouée qui en a appris immensément sur les métiers autour de ce secteur qui fait toujours rêver. Après tout, l’homme n’a-t-il pas toujours rêvé de voler ? Dans ce même axe de précision, il est important de souligner l’immense qualité du travail fait par l’équipe de décoration, ses choix pointilleux et sa capacité à poursuivre l’immersion au delà du simple cadre du scénario.  Avec ça en tête, les quelques approximations qui perdurant  (la date du salon du Bourget notamment) ne sauraient choquer qu’un public initié. Reste également à souligner que si l’intrigue se tient en octobre 2020 et ne fait pas état de la pandémie, c’est surtout parce qu’il a été tourné en amont, soit fin 2019.

Une réalisation carrée

Boite noire yann gozlanTechniquement, tout est au point. Yann Gozlan gère très bien l’image et fait ressentir le plus justement chaque émotion du film. Le plan séquence à couper le souffle de la scène d’ouverture est d’ailleurs un bon moyen de mettre le spectateur dans le bain et de lui introduire l’élément central de l’intrigue : la boîte noire. Cet aspect du film est d’ailleurs l’une de ses plus belles forces. La photographie est impeccable. Les plans prennent le temps d’exister. Le réalisateur aime à filmer les émotions de ses personnages et surtout de son protagoniste, il prend le temps plan après plan, scène après scène. Chaque moment semble s’attarder face à la caméra qui invite le spectateur à ne pas en perdre une miette. De ce choix, la paranoïa devient plus palpable, les expressions du visage se scrutent une à une. L’intrigue se pose et s’impose avec douceur.

Le son est un des éléments clé de ce film. C’est dans un premier temps l’outil de travail principal de Matthieu Vasseur (Pierre Ninney), ce qui n’est pas sans rappeler « Le chant du loup » d’Antonin Baudry. Dans un second temps c’est aussi le moyen d’accentuer et de sublimer chaque scène du film. Il faut donc tendre l’oreille à chaque instant afin de ne rater aucun détail de Boîte Noire. Attention tout de même à ne pas se laisser berner par les faux sentiments de « peur » créés par la bande son pour compenser les lacunes de certaines parties du scénario. En effet, la musique vient souvent à remplacer les effets de mises en tension pour mieux créer un sentiment d’angoisse qui pourrait autant se gérer par le son que par l’image.

Pourtant cette immersion auditive a aussi pour qualité de créer un récit axé sur son protagoniste. En immersion avec son oreille très fine, le spectateur est entraîné dans un tourbillon de sons auxquels se fier ou non. Il se laisse retourner par ses acouphènes, et vit avec d’autant plus de force ses doutes. Cette quasi omniscience accentue le sentiment de connivence avec Matthieu Vasseur.  Les turbulences liées à ce sens incroyablement développé  deviennent synonymes de confiance et de partage. Ainsi comme avec les plus plus grands enquêteurs des Etats-Unis, notre frenchie crée un personnage entier auquel il est simple de se raccrocher. Pourtant, tout on long de l’intrigue les personnages sont en constante évolution. Ainsi, le spectateur se retrouvera en conflit face à un personnage principal psychorigide et jusqu’au-boutiste qui l’enfonce avec lui dans sa paranoïa.  Lou de Laâge, dans le rôle de Noémie Vasseur la femme de Matthieu, réussi avec brio à faire de son personnage secondaire un caractère qui prend de plus en plus de poids au fur et à mesure du film. Sa performance est d’autant plus impressionnante que l’actrice a été castée en dernière minute et n’a eu que peu de temps pour bien rentrer dans la peau de son personnage. Une coupe de cheveux aura permis de lui durcir les traits pour en faire une femme forte et carriériste, pilier de l’intrigue. Le diable est dans le détail, et ce n’est pas l’équipe de Boîte Noire qui fera mentir l’adage. 

Au demeurant, Boîte Noire est un thriller français au beau casting qui mérite d’être vu et apprécié. Déjà parce qu’il prouve que de grands moyens et de belles idées existent dans tous les registres du cinéma français mais aussi parce qu’il promet un bon moment de divertissement tout en soulignant des enjeux majeurs du monde actuel et ses technologies.  Il y a fort à parier que le métrage trouvera son public et ce sera mérité puisqu’à l’exception de quelques longueurs, il relève le défit et suit avec passion le cahier des charges qu’il s’était fixé.

Bande-annonce


Kaamelott – Premier Volet : Le Retour du Roi Astier

Mercredi 21 juillet 2021, après deux reports pour cause de COVID-19, sort dans les salles…

The Father film

The Father : plongée virtuose en eaux troubles (critique du film oscarisé)

The father, de quoi ça parle ? THE FATHER raconte la trajectoire intérieure d’un homme…

brimstone preacher

Brimstone : chef d’oeuvre infernal entre western, horreur et drame à voir absolument sur Netflix

Brimstone de quoi ça parle ? Dans l’Ouest américain, à la fin du XIX siècle.…