Leif Vollebekk
En solo, c’est l’excellent Leif Vollebekk qui a la lourde tâche d’ouvrir la soirée. Il convainc immédiatement un Trianon de Paris plein à craquer. Il lui suffit d’un piano et de sa voix grave pour bercer le public grâce à sa folk apaisante. En outre de titres bien sentis, d’une capacité de composition à couper le souffle, le chanteur a su au fil du temps devenir un véritable show man. Alors bien sûr lorsqu’il propose d’interpréter un titre Kendrick Lamar, il le fait en français: « et Paris tu en pense quoi ? ». La foule a des frissons, elle réagit à chaque interaction et applaudit à tout rompre à la fin de de chaque morceau. Plus fort encore quand le dernier titre est annoncé. Elle tape même des mains en rythme sur ce dernier sans qu’on ne lui demande. Il représente à lui seul la beauté du répertoire de ce puissant artiste: une ballade anglo-saxone à la pureté indéniable, au flow maîtrisé et au timbre clair. Une promenade dans la nature au cœur de la capitale française. Merci!
Half moon run
Les lumières rouges s’allument à peine et voilà que le public applaudit à tout rompre: pas de doute, ce soir Half Moon Run a su fédérer une audience de connaisseurs. Professionnels, les canadiens plongent immédiatement les spectateurs dans le grand nord. « Bonjour Paris ça va bien ? On est très contents d’être la, on vous adore! On est très heureux de vous présenter de nouvelles chansons. » commente le chanteur avec son joli accent québécois. Pas de chichis, la sincérité et la simplicité sont de rigueur, tout comme la générosité qui émane du beau pays dont sont originaires les maîtres de la soirée. Côté foule, un silence religieux s’installe, chacun se délecte du moment, hypnotisé, alors que l’exercice prend un tournant ecclésial. Les yeux sont braqués sur la scène, les oreilles tendues vers chaque note brillamment distillée. Seuls les sifflements et applaudissements viennent troubler la torpeur d’un public en trans.
C’est dans cet état d’épiphanie que résonnent les notes du magnifique Can’t figure it out. En live, Half Moon Run a la même grâce que sur ses albums. Chaque note, chaque mot sonne avec cette justesse qui transperce le cœur. En fermant les yeux, on peut presque entendre les crépitements d’un feu de bois, qui réchaufferait l’atmosphère lors d’une promenade dans les montagnes canadiennes et leurs étendues spectaculaires. Il ne manquerait plus qu’un harmonica pour parfaire le tout, à moins que. A mesure qu’un décor lumineux se dévoile voilà que le précieux instrument se fait entendre. Le quatuor se répartit parfaitement la scène, enchaîne ses titres avec une aisance folle, les montées puissantes se réfléchissent dans les échos des voix. « On a un nouvel album et donc des morceaux comme ça » poursuit le chanteur avant de les enchaîner avec douceur.
Après quelques titres plus pêchus et l’intervention d’un clavier, le groupe passe à l’acoustique. A quatre, en avant-scène et derrière leurs micros, les musiciens chuchotent leurs mots à la foule. Moment introspectif par excellence, caresse musicale revigorante, le temps s’arrête alors tout comme les respirations. On ne danse pas, on contemple. L’éclairage léger enjolive les titres laissant nos musiciens dans l’ombre d’une demie lune. On parle en anglais et puis en français « Le prochain morceau rassemble plusieurs titres en un seul, c’était un risque pour nous… » poursuivent ils avant d’enchaîner sur Razorblade qui passe d’une folk langoureuse à des envolées qui touchent au pop rock. Call me in the afternoon fait monter la température d’un cran alors que la foule chante maintenant en chœur. Les dés sont jetés, la tension monte, et certains, possédés, se mettent à danser face à une guitare obsédante.
A la surprise générale (ou pas, on nous a déjà fait le coup) Half Moon Run revient le temps d’un rappel néanmoins réclamé chaudement par une assistance qui fait semblant, pour faire plaisir, qu’elle ne connaît pas le coup des rappels. Le groupe joue aussi le jeu de celui qui savait pas qu’il allait revenir. Qu’importe, ce qui compte c’est que cette danse entendue en vaille la peine. Et c’est le cas, le concert semble être passé en une poignée de secondes et l’étirer de quelques morceaux s’annonce comme un soulagement. Deux morceaux plus tard et voilà que se fait entendre le très attendu « Full Circle ». Le groupe en profite pour délaisser le micro et l’offrir au public qui chante alors volontiers.
Un léger pincement au coeur se fait sentir, cette fois point de courbettes, les au revoir sont proches. Un dernier titre permet néanmoins d’adoucir cette séparation. Il était hors de question de quitter le grand nord Canadien si rapidement, hors de question de courir hors de la salle sans regarder en arrière pour aller contempler la pleine lune. Non alors on chante une dernière fois, du Neil Young à quatre derrière un micro, à plusieurs centaines de l’autre cote de la scène. Telle une berceuse pour se dire bonne nuit.
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