Tag

rock

Browsing

Les quatre rouennais de We Hate You Please Die ont dévoilé leur deuxième album « Can’t Wait To Be Fine » le 18 juin dernier. Quelques jours avant cette sortie, à l’occasion  de sa présence à Paris, Pop & Shot a rencontré le quatuor normand. Confortablement assis sur une terrasse fraichement rouverte, même la pluie n’a pas empêché le groupe de punk garage de nous parler de son nouvel album, d’ADHD, des réseaux sociaux, de dissonance cognitive ou encore d’écologie.

We Hate You Please Die Interview
We Hate You Please Die / De gauche à droite : Raphaël, Mathilde, Joseph et Chloé / Photo : Louis Comar

 

Votre album va sortir le 18 juin, est-ce que vous pouvez nous en parler un peu ? Comment le décrivez-vous ?

Mathilde : C’est un album qu’on a beaucoup plus travaillé que le premier, dans le sens où on a quand même mis deux ans à finir de l’écrire et de l’enregistrer.

Il est beaucoup moins brut de décoffrage que le premier. Le premier « rentrait vraiment dedans et puis celui-là on a pris peut-être plus le temps du côté des guitares, basse, chant puis même batterie au final, de trouver des choses différentes. Le son aussi est pas le même du tout : le premier était beaucoup plus Lo-Fi dans l’esprit et là je trouve ça plus travaillé en fait

Raphaël : C’est plus produit. T’avais un très bon mot pour le décrire (Mathilde).

Mathilde : Il avait des côtés très épiques, des certaines montées, beaucoup de diversité, des passages avec Chloé qui chante beaucoup plus, qui a deux chansons lead… deux et demis ! *rires*. Et aussi y a beaucoup de passages un peu expérimentaux, des fois ya deux mesures de black métal, y a une chanson ou ça part sur de la bossanova mais toujours un peu dans le côté punk, punk/rock

Joseph : Je sais pas si on peut dire expérimentale mais ya beaucoup plus de dynamiques et d’influences que sur notre premier album parce qu’on s’est laissé beaucoup plus de liberté dans les influences qu’on avait pu avoir, les trucs qu’on écoutait à ce moment-là.

Comme tous les morceaux ont été écrit sur presque 2 ans, on a eu le temps de changer de groupe préféré chacun et chacune et du coup ça fait des morceaux qui ont des ambiances différentes, un peu inspirés de choses différentes.

Raphaël : Il est plus à fleur de peau aussi, plus sensible que le premier. Après c’est peut-être le côté produit qui donne ça. On a moins l’impression que c’est passé dans une vieille radio et ça laisse plus de place à l’écoute de chaque attention en fait.

Le premier morceau passe en effet par plein d’émotions, il s’appelle « Exhausted + ADHD » (Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité). Est-ce que c’est une manière ce mettre ce syndrome sur des notes avec ce côté où ça part dans plein de sens tout en restant cohérent ?

Raphaël : L’idée c’était déjà d’en parler un petit peu parce que c’est un trouble méconnu qui appartient un au folklore, en général c’est associé à l’hyperactivité et la chanson permettait un peu de retranscrire ça, parce que moi j’ai ce trouble justement. Avec ce moment où t’es épuisé d’où le côté « épuisé » du début de la chanson puis ce moment où tu vas avoir un regain d’énergie, où tout se remet en marche et tu te rends compte que tu es reparti. Et du coup la chanson permettait ça, ça pouvait mettre en exergue le trouble et ça permettait de se lâcher un peu.

*la pluie commence, tout le monde s’abrite*

Joseph : C’est vrai que moi je le vois un peu que ça va très bien avec ta personnalité (Raphaël), le côté changeant au sein d’un même morceau, que la dynamique change, que ça passe par plein d’humeur, parce que pour moi ça fait echo avec le syndrome ADHD.

Raphaël : C’est marrant parce que à la base c’est une chanson à laquelle je n’avais pas trop adhéré quand Joseph l’a envoyé, surtout l’intro très longue.

 

que les paroles prennent plus de sens

 

Vous avez « Coca Collapse » qui est le seul titre qui figure à la fois sur l’EP et « Can’t Wait To Be Fine », mais vous avez changé les paroles entre temps. Pourquoi ?

Raphaël : On a fait mieux que les changer ! on en a proposé des vraies *rires*

Joseph : En effet, il était sorti sur « Waiting Room » il y a à peu près un an, mais du coup c’est une version complètement ré-enregistrée (sur l’album), et entre temps l’approche de Raphaël pour chanter a un peu changé aussi. C’est-à-dire qu’avant il y avait une grande place à l’improvisation, voir au yaourt dans pas mal de paroles sur le premier album et aussi sur l’EP.

Raphaël : C’est une langue que j’ai inventée, je préfère dire ça ! *rire*

Ça s’appelle comment ?

Raphaël : Le milkshake ! *rire*

Joseph : Et du coup t’avais (Raphaël) la volonté pour le deuxième album que les paroles prennent plus de sens que ce qu’on avait fait avant. « Coca Collapse » a donc eu droit à de vraies paroles pour l’occasion.

Raphaël : Et surtout on trouvait le jeu de mot tellement drôle qu’il fallait qu’on le redise quelque part.

Joseph : Chacun aura sa préférée entre les deux versions.

 

Je pense qu’on est confiné dans notre crâne depuis qu’on est né

 

Le premier extrait du nouvel album est « Can’t Wait To Be Fine » (aussi le titre de l’album), dans le contexte actuel où tout le monde a hâte d’aller mieux, est-ce que ce morceau vient de ce contexte actuel / le covid, est-ce que c’est plus personnel que ça ?

Raphaël : On avait déjà trouvé ce titre depuis un moment, on savait que ça ferait écho mais on avait trouvé ce nom avant le covid. Joseph nous avait envoyé une maquette qui nous avait un peu bouleversé dans le sens qu’on la trouvait très différente de ce que y avait d’habitude. « Can’t Wait To Be Fine » enfin « j’ai envie d’aller bien » je pense qu’on se le dit depuis qu’on est né en fait. Il y a toujours à attendre à quand ça va aller mieux, j’ai l’impression qu’on est éduqué comme ça. Donc nan je ne pense pas que y a de corrélation, je pense qu’on est confiné dans notre crâne depuis qu’on est né, donc on peut peut-être trouver un écho là-dedans.  Mais c’est vrai que y a un parallèle qui s’est dessiné, le clip quelque part a dessiné un parallèle sans le vouloir.

Joseph : Oui, mais c’est tant mieux. Que chacun puisse y voir ce qu’il veut et se l’approprie et que cela évoque des choses intérieurement que ce soit sur le covid ou autre chose.

We Hate You Please Die - Can't Wait To Be Fine

Vous parlez du clip, y a deux choses dedans. La première c’est que ya un moment vous vous mettez autour d’un cercle dans une pièce fermée, est ce que c’est une référence à Fight Club ?

Raphaël : Vous n’êtes pas les premiers à nous le faire remarquer, et c’est vrai qu’en y repensant, y a un ptit côté Fight Club, mais ce n’est pas spécialement voulu.

Il y a une deuxième chose dans le clip que vous avez refait sur « Barney » d’ailleurs : le vélo d’appartement qui part. Qu’est-ce que ça évoque pour vous ?

Mathilde : En gros c’est un peu un running gag. En fait on a tourné un premier clip qui ne sortira jamais, ça ne faisait même pas deux semaines qu’on se parlait.

Chloé : On va parler de ça ?

Mathilde : En gros c’est juste sur une chanson, un plan de nous quatre où on ne fait rien et y a Chloé qui est sur le vélo d’appartement et je trouve qu’il a un peu scindé l’histoire du groupe ce vélo.

Joseph : C’est un vélo qu’on a dû trouver à peu près au moment où on a commencé le groupe tous les quatre et pendant le tournage du clip de « Melancholic Rain », notre premier clip (l’été 2018), en recherche d’accessoires il y avait le vélo d’appartement qui était tout indiqué. Depuis il est dans tous les clips si je ne dis pas de bêtises. (Sauf « Hortense »)

Raphaël : En plus d’une vanne y a une symbolique, le fait de faire du surplace.

Mathilde : Il roule enfin dans « Can’t Wait » !

Vous disiez que « L’avenir du rock est dans le mélange ». Après des années de rock pop électro, est ce que le courant se renouvelle en ce moment ? Comment expliquez-vous ce retour ?

Joseph : Je ne sais pas si c’est un retour dans le sens où je ne sais pas si le rock était parti. En fait y a toujours du renouveau et de la mixité qui se fait dans tous les styles musicaux je pense, et tant mieux. Après t’as des courants principaux qui sont majoritairement représentés mais les mélanges de styles font toujours naitre de nouvelles idées, de nouveaux trucs.

 

Ça me parle pas du tout le « No Futur », on est « Happy end » nous.

 

Dans une autre de vos citations vous disiez à France Info que le « no futur » des Sex Pistols ça ne vous parlait pas du tout. Est-ce que vous pensez qu’on est dans le choc des générations où y avait un punk no futur et aujourd’hui avec toutes les thématiques écologiques qui existent on se projette au contraire sur sauver l’avenir ?

Mathilde : Pour rappeler à l’album « Can’t Wait To Be Fine », là c’est dit « on aimerait bien aller mieux » donc il y a

We-Hate-You-Please-Die_Interview
Photo : Louis Comar

vraiment cette notion d’espoir. « No Futur » c’est un peu triste de partir de ça alors qu’on peut toujours trouver des solutions au final.

Chloé : C’est vrai que ça me parle pas du tout le « No Futur », on est « Happy end » nous.

Raphaël : C’est vrai que le « No Futur » c’était plus un mantra de provocation peut-être. On préfère carrément assumer le côté lumineux d’un discours à la Idles qu’un groupe dark comme Sex Pistols où tout va mal. Oui tout va mal mais … C’est dans la nuance en fait.

Sur l’ep Waiting Room vous parlez de dissonance cognitive, c’est-à-dire le décalage entre le fait que le capitalisme continue de produire alors que derrière la planète va mal et qu’on le sait tous et pourtant qu’on ne s’arrête pas. Est-ce que vous voulez étayer ce message ?

Raphaël : La dissonance cognitive, je pense qu’on vit tous dedans sans vraiment se l’avouer, j’ai l’impression qu’on est obligé en fait. On n’a pas envie de mourir, mais par exemple on va fumer des clopes et on sait pourtant que… Moi je pense que y a une sorte d’autodestruction en fait, je pense que les humains essaient de se supprimer eux-mêmes.

C’est un peu comme l’écologie je pense. Tant qu’on n’aura pas de l’eau jusque-là (au niveau du cou), on ne se dira pas « Oh peut-être qu’on aurait dû faire gaffe ». Je pense que c’est une sorte de suicide collectif géant refoulé. Ce n’est peut-être pas plus mal pour la planète ? C’est Blanche Gardin qui en parlait d’ailleurs

J’suis nul en math, mais mathématiquement y a de moins en moins de ressources et on va être de plus en plus, donc, qu’est-ce qu’il faut faire ? Là par contre je n’ai pas les solutions.

 

Il va peut-être y avoir un clash aussi entre les ambitions, la proposition artistique et la réalité

 

Il y a une problématique écologique qui se pose sur les tournées. Comment vous le vivez en tant que groupe, quelle est votre approche pour combiner tournée et écologie ?

Mathilde : Nous, forcément on est obligé de partir en voiture, en petit van. Mais on essaye de faire des petits gestes : quand on est accueilli dans des SMAC par exemples on essaye de favoriser les produits locaux plutôt que les produits de supermarchés.

Joseph : Oui c’est des petits trucs qu’on fait ou qu’on devrait déjà tous faire dans la vie de tous les jours. Mais si au nom de l’écologie fallait arrêter complètement tous les déplacements inutiles (non-vitaux)… Je pense qu’il y a deux poids deux mesures, entre Coldplay qui tournent avec 3 semis remorques + un jet et des trucs comme ça, enfin qui tournaient : ils ont décidé de pas le faire, c’est très bien, je trouve que c’est une bonne idée. Mais nous on a un Citroën avec 6 places, on part tous les week-end et je pense qu’on fait pas plus de routes que des gens qui vont bosser tous les jours.

Raphaël : Une fois on a proposé une date au Portugal en mode one shot, on se sentait carrément irresponsables de dire oui et de prendre l’avion pour faire juste une date. Ça aurait été purement égoïste de faire ça.

Il va peut-être y avoir un clash aussi entre les ambitions, la proposition artistique et la réalité. Avec Shaka Ponk par exemple, il y a une logistique qui est démentielle avec des projections, des décors, etc. Ça demande quand même de quoi transporter le matos, c’est beaucoup de ressources énergétiques. Est-ce qu’ad vitam æternam il faudra brider la proposition artistique et les ambitions pour proposer des trucs plus simples et qui permettront qu’on ne s’éteigne pas en 2050. Même si ce n’est bien sûr pas eux… c’est plutôt « les gens du haut » qu’il faudrait taper.

D’ailleurs, je ne sais plus qui me parlait de ça mais dans les années à venir, les gens n’auront tellement plus confiance dans les politiques qu’ils vont transvaser leur écoute après des scientifiques et des artistes.

 

C’est aussi une expérience sociologique d’avoir un groupe

 

Tu parlais à un moment de fin d’internet aussi, y a votre clip « Good Company » qui parle des réseaux sociaux et d’Instagram. En tant qu’artiste c’est quelque chose d’important aujourd’hui Instagram ? Comment vous gérez votre image sur les réseaux sociaux ?

Raphaël : On a beaucoup de mal parce qu’on est assez différent tous les quatre mine de rien, par nos goûts et nos âges. Par exemple avec Mathilde on a 13 ans de différence. Et du coup ça pose la question de qu’est-ce que c’est montrer une image de 4 personnes différentes pour qu’elle s’accorde ? Et donc quand elle ne s’accorde pas on peut se crêper un peu le chignon.

Joseph : On n’a pas tous les 4 la même vision de la communication qu’on aimerait avoir, du coup on se prend la tête un peu des fois. C’est compliqué de se mettre d’accord sur le contenu global.

Chloé : On arrive toujours à se mettre d’accord mine de rien !

Mathilde : C’est aussi une expérience sociologique d’avoir un groupe et d’être 4 personnes aussi différentes les unes des autres.

Chloé : Complètement, c’est vrai qu’on ne se ressemble pas du tout.

Joseph : On gagne en self control ça c’est sûr.

Facebook semble est devenu un truc plus pour les « vieux » et que Insta…

Chloé : On a plus de retour sur Insta, plus de gens qui vont nous envoyer des messages. Les stories c’est hyper cool, parce que les gens ils envoient juste une petite réaction, et y a plus de ça que des commentaires Facebook. Je trouve que c’est un moyen hyper cool de communiquer Insta.

Avant la pandémie, vous parliez à France Inter de votre concert de rêve. Vous aviez plein d’idées : Mexique, Bitnic Festival, etc. Aujourd’hui après tout ce qu’on vient de traverser, c’est quoi votre concert de rêve ?

Joseph : Un concert avec des gens debout sans masque ?

We Hate You Please Die *en cœur* : Exactement !

Joseph : C’est vachement moins difficile de répondre maintenant, tant que y a les gens debout et sans masques ce sera déjà super.

Raphaël : Des p’tites dates à l’étranger aussi et des featuring j’aime bien aussi. J’adore ça les moments où t’as quelqu’un qui s’amène, qui partage un morceau. J’aimerai bien chanter avec Maxwell Farrington !

 

Merci !


SON MADE IN USAWaterparks

Le pop punk vous manque ? Vous pensez que le courant manque de nouveautés, peine à se renouveler ? Voilà que débarque Waterparks qui réussit l’exploit de moderniser le registre le plus jovial du rock américain. Le groupe originaire du Texas s’est formé en 2011 avec à sa tête Awsten Knight, ses cheveux multicolores et son look décalé. En pratique les refrains qui entrent en tête font écho à du screamo léger, des influences hip hop et une très belle utilisation du courant électro. Avec un programme pareil, pas étonnant que la formation soit au centre de toutes les attentions aux Etats-Unis. Le prestigieux magazine Altpress lui offre sa couverture du mois de mai 2021 alors que le trio fait partie de l’écurie des frères Madden (Good Charlotte et leur grand frère le DJ – entre autres activités – Josh Madden) via MDDN, mentor dans le développement d’artistes prometteurs. Tout un programme, à écouter pour passer un bel été.

Eyedress

Eyedress est le projet du philippin Idris Vacuna. Il emménage avec sa famille à Phoenix en Arizona alors qu’il est encore très jeune. Là il découvre le punk. Depuis basé en Californie, le compositeur mélange les genres avec habilités passant de compositions chill à des guitares carrément punk rock, s’offrant des apartés rétros, il n’hésite pas à composer un répertoire moderne et enfin novateur. Avec une voix lancinante, le musicien prolifique a déjà sorti 4 album dont son dernier jet « Let’s skip to the wedding » qui se glisse dans les charts US à sa sortie avec une 17ème position. Aussi mélancoliques que frais, ses titres feront vibrer les fans de rock pointus et exigents. A suivre de très près donc.

Baby Keem

On le sait tous, le hip hop connait un nouvel âge d’or. Ce qui est vrai en France est aussi vrai aux Etats-Unis où le courant est une véritable religion aux sonorités qui lui sont propres. Dans le registre Baby Keem est de loin l’une des ses plus intéressantes nouvelles têtes. Il faut dire que le musicien spécialisé dans la trap a de quoi tenir. Il est en effet le cousin du célébrissime Kendrick Lamar. Côté talent, il supplante même la super star. Ses sonorités sombres et travaillées sont recherchés, produites, joliment écrites alors que son flow est aussi accessible que pointu. Parmi ses influences Baby Keem cite volontiers Kid Cudi à qui il est, on lui concède, facilement comparable. En sort un hip hop accessible, dansant, coloré et apaisant. Sa dernière mixtape « Die for my bitch » a été publiée en juin 2019 alors que son single « Orange Soda » profite d’un très beau succès publique. Retenez son nom, vous l’entendrez bientôt partout.

Beach Bunny

Vous les avez sûrement déjà entendu sur Tik Tok, ou pas si vous n’êtes pas familiers avec le réseau social. Toujours est-il que Beach Bunnys s’est fait remarquer avec son excellent titre « Cloud 9 », rock, punchy, frais et accrocheur. Formé en 2015, le groupe originaire de Chicago fait ses débuts avec le titre « 6 weeks ». Après avoir sorti quatre EPs, il publie en février 2020, un premier album studio « Honeymoon ». Une ode aux sentiments à fleur de peau de sa chanteuse : Lili Trifilio. Si certains titres ne sont pas sans rappeler Paramore, d’autres, clairement pop, ont le calibre d’une Meredith Brooks. A noter que le titre « Cloud 9 » a été repris en featuring avec Teagan and Sara. Forcément déjà culte.

I Don’t Know How But They Found Me

Ne vous laissez pas décourager par ce nom de groupe beaucoup trop long. La formation originaire de Salt Lake City vaut largement le détour.  A sa tête, on retrouve Dallon Weekes, qui aux débuts de la formation était un musicien membre de la tournée de Panic! at the disco. Si on retrouve la fougue du groupe qui chantait « I write sins not tragedies » dans ses compositions, le groupe a son univers propre. D’ailleurs, le duo refusait à ses débuts en 2017, d’être associés à la renommé du groupe avec lequel il jouait. C’est sur scène qu’il fait donc ses preuves offrant un rock dansant, écrit, mélodique aux accents sensuels et pop. Si son nom est inspiré par une réplique de « Retour vers le futur », ses inspirations sont plus anciennes et proviennent de la scène des années 70-80. Hors temps, il sait varier les plaisirs et  modernise l’ancien avec poigne. Un plaisir de festivals, dont on peut aussi profiter dans son salon.

 

Curtis Harding

Il est loin d’être un petit nouveau dans le paysage musical actuel. Pourtant 2021 marque le grand retour du soul man Curtis Harding. Le virtuose prend son inspiration partout : blues, gospel, psyché, r’n’b et rock s’additionnent, se mélangent et s’épousent avec beauté et fluidité. Au centre de cette pluri-union magnifique : une voix imprenable, profonde. Ses lettres de noblesses, il les fait aux côtés des plus grands de CeeLo Green en passant par son propre groupe Night Sun in Atlanta qu’il forme avec l’un des membres des Black Lips. La prouesse « Hopeful » marque son grand retour avec un clip depuis 2018, une merveille aux facettes multiples  hors des catégories et hors normes. Le clip, quant à lui marque son engagement aux côtés du mouvement Black Lives Matters. A regarder et écouter en boucle !


 

 

Blow_CoverFullDelightEn 2018, Blow débarquait avec un premier album  intitulé « Vertigo ».  Une galette composée de 13 titres aux accents rock électros. On y retrouvait d’entrée une ambiance sombre et intimiste (« New Moon Walker »),  des morceaux plus dansants dans la veine modernisée de Pony Pony Run Run (« Green Unicorn »), une belle maîtrise des rythmiques et des voix aiguës qui portent des refrains savamment écrits (« Get Some ») et même de l’instrumental puissant qui côtoie le rock (« Melancholia »). Tout ça c’était avant. Après un passage en major qui a donc permis la sortie de cette galette, Blow a eu besoin de reprendre le contrôle de sa direction artistique et donc de se réinventer. Presque comme après une rupture amoureuse  (mais n’est-on pas forcément amoureux de l’art et du sien ?), le groupe a voulu tout changer. Les parisiens ont même pensé un temps à renoncer à leur nom : Blow. Finalement, si le nom ne change pas c’est la musique qui a vécu une véritable tempête et a permis de changer son style pour mieux se le ré-approprier.

Après des retrouvailles presque manquées, le combo décide de ne pas refaire un nouveau « Vertigo » préférant la surprise. C’est bien ce que promet son nouvel opus intitulé « Shake the Disease ». Un nom dans l’air du temps me direz-vous mais qui tranche pourtant avec l’actualité morose pour se concentrer sur une nouvelle thématique : la rupture avec les machines qui contrôlent les humains. Et si cette fois, l’humain reprenait le contrôle ? Pour ceux qui touchaient à l’électro, la réponse se trouve dans les instruments. Au revoir donc les lignes de synthé obsédantes, elles pourront trouver leur place au second plan. Bonjour plutôt les instruments à cordes, les senteurs 70’s, 80’s et le bon vieux rock libérateur.

La preuve en est donnée avec son tout premier extrait « Full Delight ».  Un départ en douceur et un riff répétitif donnent le ton alors que la rythmique obsédante  se déploie. La voix aiguë est de retour, tout comme les refrains accrocheurs, la nostalgie douce, elle, s’épaissit. La basse prend une place particulière dans le titre, le faisant vivre pleinement et prenant même le pas sur les autres instruments dès que la voix leur laisse la place. Dansant, le morceau profite d’une belle dualité celle d’un rock indie et sa dose de nostalgie qui côtoie sans gène une belle humeur solaire. Cette même binarité s’inscrit dans la démarche d’un album qui souhaite s’interroger sur les fondements d’une personne. Qui sommes nous ? Et qui essayons nous d’être ? Où se situe cette barrière et comment ces deux réalités peuvent elles exister simultanément ? Autant de questions qui trouvent leurs réponses en musique dès ce premier extrait particulièrement réussi qui appelle oreille et réflexion à se joindre. Découvrez sans plus attendre la session de « Full Delight » mise en scène dans un restaurant (plaisir du goût vous dit-on), vide (et ça aussi c’est une grande dualité).

Découvrez « Full Delight  » de Blow


massacre at two pinesCette longue et pénible année 2020 ne pouvait pas apporter que de mauvaises choses. On en a eu un lot, et c’était amplement suffisant. Heureusement, la scène indé avec la force qu’on lui connait n’a cessé de créer et ce malgré les conditions désastreuses qu’ont été les siennes depuis le mois de mars.

Fin novembre, l’affaire se vérifiait encore grâce à l’excellent premier album de Massacre at Two Pines et ses influences psyché blues. Originaire de Paris, c’est un duo Simon et Julien qui est à l’origine du projet crée en 2018. Quelques dates plus tard (Truskle, International et même un Supersonic) voilà que notre troupe est rejointe par Paul à la basse.  L’album  intitulé « On the tip of my tongue » commence à se construire dès avril 2019, prenant du relief et des couleurs à mesure de ses collaboration. Si l’on en croit ses musiciens, le gourou spirituel de ces compositions serait d’ailleurs un certain Nick Cave. Promesse tenue ?

Sur sa première écoute cette galette de 10 titre marque autant par sa générosité que sa très belle cohérence. Les titres s’enchaînent avec aisance, l’univers est crée, le notes coulent colorées, vives, s’additionnent mais ne se répètent jamais.  C’est le titre « Six months (before the breaking of my heart) » qui a la lourde tâche d’ouvrir l’opus. Certains albums ont la capacité de briser les coeurs, on en tombe si amoureux qu’ils se font obsession, ils deviennent notre phare et notre repère et les maux du chanteurs peuvent alors se faire les nôtres le temps d’une écoute. Et pour parfaire cette ambition, il faut avant tout une qualité : être capable d’écrire une mélodie qui rentre dans la peau. C’est une condition indispensable, vitale, que remplit ici Massacre at Two Pines. Evoquant la douceur du blues et s’appuyant pour se faire sur une basse puissante, le titre entre dans les coeurs en quelques accords seulement. Le refrain invite l’oreille à l’attention, le reste se fait avec naturel, celui qui fait d’un titre un classique parce qu’il est conçu pour amadouer l’auditeur. Le chanteur, Simon, explique l’avoir composé pour accentuer son sentiment de non appartenance à sa génération et y évoque la prise de LSD du narrateur de son titre.

Ce décalage générationnel, il est tout aussi palpable dans un second titre franchement  énervé et profondément rock. Les guitares balancent et envoient invoquant la danse et une énergie tourbillonnante. A moins que ce ne soit ce morceau qui évoque les couleurs du LSD, qui sait ?  En sortant haletant de cette mise en bouche, il serait facile de se poser la question  » au fait qu’est ce qui fait un bon album? » Bien des réponses pourraient correspondre à cette définition. Parmi elles, il serait intéressant d’évoquer sa capacité à surprendre, à se renouveler, sans pour autant perdre toute forme de ligne directrice, son cheminement en somme. Certes en 2021, on écoute les morceaux et pas les albums, cette grossière erreur. C’est pourtant bien ce que fait ici la formation promenant son auditeur conquis d’un registre à un autre en maintenant les ponts entre les morceaux, en gardant une énergie positive lorsqu’ensuite le blues s’invite entièrement à la partie « Nothing I can say » et en teintant légèrement de mélancolie son rock.

Road trip sous acides

« Queen Anne » monte en intensité, se fait obsédant sur ses rythmiques cette fois-ci complètement psychés alors que les couplets invitent à un road trip hallucinant où les repères se brouillent pour mieux profiter du voyage. Les refrains  eux, s’énervent gentiment dans un tourbillon d’énergie, vive, poignante et entêtante, on plane franchement alors que l’odeur de le l’Amérique déserte semble s’installer sur un titre pourtant inspiré de la comédie dramatique « La Favorite  » de Yórgos Lán-thimos.  Loin du XVIIIème dans lequel se situe l’histoire, c’est bien aux 70’s qu’on pense note après note. La voix de notre chanteur s’éclaircit à mesure du voyage intime auquel convie le groupe. Sur « Casual Love » elle devient ainsi plus présente, plus claire, plus aérienne et révèle sincérité et sensibilité. Elle est épaulée par une guitare mélodieuse et présenté qui s’emballe joyeusement et est chargée en promesse de grands huit émotionnels. Lumineux, le titre est servi par ses gimmicks bien pensés. Fier de ses héros le groupe signe un morceau intitulé « Another song about Nick Cave ».  Du maître, le combo retient la noirceur sous-jacente, le titre lui emprunte sa capacité à prendre le temps de mettre en place ses éléments sonores et sa montée mélodique constante qui ne laisse pas de place à la respiration. Plus pêchu que ceux du célèbre génie, cette parenthèse mélancolique illumine le poisseux, le sombre, la nostalgie, les émotions à fleur de peau. Une inspiration hommage sincère et vibrante.

C’est finalement « Wearing me down (The LSD song) » qui conclut cette galette sous acides. Comme un bon trip sous drogues la douceur est de mise, la guitare berçant la tête et massant les cerveaux. La montée est douce, elle accompagne les humeurs, propose un moment dans les étoiles. Ce flash hallucinogène se vit comme un périple dans les  70’s, sa liberté de vivre et de créer sans avoir à vivre ses effets secondaires. A moins que le sentiment de manque rapide et de reprendre l’album depuis le début n’en soit finalement un.