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Et voilà déjà un an d’écoulé depuis le dernier MaMA Music & Convention ! Sans qu’on ne s’en rende compte, les saisons sont passées, et les feuilles sont de nouveau sur le sol. Ce fait acté rime avec rituels d’automne. Chaque année voit son calendrier se peupler d’évènements, chacun synonyme d’un temps précis. Immanquable, immuable. Octobre est le temps des découvertes et des courses endiablées dans le quartier de Pigalle. Nous voilà donc vestes sur les épaules pour affronter les premiers froids et faire le tour des salles et écouter le fleuron de la musique francophone, mais pas que. Suivez les  guides !

MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

De la douceur folk avec Augusta mama

Augusta - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Augusta – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Notre périple, sous forme de carte au trésors nous conduit d’abord aux Trois Baudets. Le lieu profite de cette soirée du jeudi pour mettre en avant les femmes du Metronome. Le Women Metronum Academy nous vient donc tout droit de Toulouse et compte bien jouer sur la diversité pour séduire. A pas de velours, la musique délicate d’Augusta s’invite à l’ouverture du bal. Seule derrière  sa grande guitare la musicienne distille ses jolies notes folk. Le parcours des merveilles pourra bien s’arrêter un temps pour l’écouter. Après tout, l’instant est suspendu. Voix profonde et capacité de composition, en anglais, viennent d’emplir la pièce. On regrette toujours le gros poteau des Trois Baudets qui ne permet pas de pleinement profiter du spectacle. Parce que même si la scénographie est minimaliste, la chaleur qui se dégage de l’instant, elle, est contagieuse. Elle vient prendre chaque spectateur par la main pour l’inviter dans une intimité salvatrice. Pigalle est loin, seules les notes comptent et quelques plaisanteries sur scènes viennent à resserrer nos liens. Comparée à Laura Marlin et Joni Mitchell, Augusta a la beauté créatrice et la douceur des deux, une gamme rassurante en plus, la détresse en moins. Il y a du Sufjan Stevens dans ses compositions. Il faut pourtant reprendre notre route, le rituel nous attend, la chasse aux découvertes également.

Voilà donc que la carte aux trésors nous conduit jusqu’à la Machine du Moulin Rouge et plus précisément à la Chaufferie pour découvrir le set endiablé de Cannelle. Artiste à part à la personnalité singulière. Sa présence scénique frappe fort et son mélange des genres séduit immédiatement l’assistance, surtout grâce à ses textes qui vont droit au but. Un peu d’électro, un brin de sensualité, des références à « son boule », et un ton urbain. Ce petit brin d’épices est dans l’air du temps.

On a qu’à prolonger l’été avec The K’s mama

Mine de rien ce dernier passe vite et voilà donc qu’il faut monter les escaliers, après quelques pas sur la marelle posée là, pour se prendre un bain de musique anglosaxone. The K’s vient en effet de débuter son set sur les planche de la Machine. Groupe rock originaire du Royaume-Unis, les quatuor est venu défendre son deuxième opus paru en juillet 2025. On découvre un rock, certes convenu, mais aussi facile d’accès. Solaire et plein de bon humeur, le groupe publiait son deuxième album  » Pretty On The Internet » au mois de juillet. Un condensé de titres pêchus au rock qui lorgne sur la pop à la sauce Good Neighbours, très en vogue en ce moment. Sur scène, le set souffre d’une configuration statique qui manque à insuffler le tonus des compositions. Pour autant et malgré une salle encore relativement peu remplie, l’instant plaisant fait facilement croire qu’on aurait volé à l’été quelques beaux rayons de soleil pour les placer face à nous.

Adès the planet, c’est le bruit de couloir de la journée. Nous parlions de rituels, de traditions. Il en est une évidente au MaMA, celle de se rendre dans une salle parce qu’un nom a été répété en boucle de part et d’autre des rues que nous traversons. Nous voilà donc à la Cigale. La musicienne est venue présenter son album tout juste publié : « Bâtarde sensible ». Un nom évocateur, tout comme le décors qui nous attend, peuplé de chaines. Rappeuse et productrice originaire d’Abidjan, elle crée immédiatement une atmosphère pensante, lourde de sens. Danse se mélange aux douleurs propulsés par une trap hypnotisante. Le cadre sombre donne lieu aux plus intenses des chorégraphies, plus qu’un spectacle, une expérience.

Vendredi, tout est permis mama

A peine le temps de prendre quelques heures de sommeil et nous voilà déjà de retour sur site pour l’ultime journée du MaMA 2025. Ce vendredi, intense promet son lot de coups de cœur et de surprises. Les rues sont bondées, l’approche du week-end donne au festival un second visage. De celui réservé aux pros et conférences pour les deux premières journées, le voilà plus largement peuplé de public pour son final.

MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Loin d’être une découverte, on retrouve rapidement l’élégance de Béesau sur les planches de la Cigale. Evidemment, son style musical dénote avec le reste de la programmation. Tout comme un certain Sofiane Pamart, le musicien prend un instrument classique, la trompette ici et un registre plus difficile d’accès au grand public, le jazz donc, pour le faire l’adresser à tous.tes. Le jazz peut effrayer, sembler s’adresser à un public expert et pourtant, il regorge de merveilles à découvrir. Rémy Béesau, de son véritable nom, lui ajoute du Hip hop, un brin d’électro et créé un son à la production soignée. Logique pour un producteur ! Il publiait récemment deux ops « Coco Charnelle » ‘part 1 et part 2″ et son nouveau single laisse présager le meilleur pour le suite. « Pas encore », de son petit nom ne pourra pas être interprété ce soir. Prévu en fin de set, le concert avait duré trop longtemps aux yeux de la salle qui devait fermer. A défaut néanmoins de prendre la route pour ce nouveau voyage, c’est un concert sensoriel, empli d’émotions et de beautés d’écriture qui est offert ce soir. Vécu comme un bœuf entre musiciens, composé et interprété avec talent, le spectacle permettra peut-être à certain.es de faire leurs premier pas dans le registre.

Béesau - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Béesau – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Ivre de plaisir avec Dressed Like Boy mama

Nous parlions de bruits de couloirs, certains sont plus tenaces que d’autres. Celui qui concernait Dressed Like Boys a passé la soirée à nos côtés. Il était donc impossible de ne pas prendre le temps de découvrir le  nouveau prodige de la pop made in Belgium. Et, il faut admettre à nos sources qu’elles avaient raison, puisque le spectacle donné en ce vendredi soir aux Trois Baudets était le plus beau de ce MaMA 2025. D’entrée, le ton est donné alors que notre homme officie derrière son piano avec la grâce d’un certain Elton John à ses débuts. Grandiose et captivant sans avoir besoin de surjouer, le musicien à le voix de velours attire autant les sympathies qu’il captive.

Dressed Like Boys - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Dressed Like Boys – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Pas un bruit ne vient troubler le spectacle en configuration assise. On pourrait aisément comparer son timbre à celui de Mika, puisqu’il faut bien souvent parler d’autres artistes pour définir un univers. Ce ne serait pourtant qu’une infime évocation de l’univers onirique ici offert. Entouré d’un groupe majestueux, le musicien attire sur lui tous les regards alors qu’il offre des mélodies accrocheuses, entre la grandeur de Broadway et les plus belles des balades pop. On se surprend à chanter les refrains entre nos dents dès leur première écoute. Il en profite pour se réjouir de jouer dans la petite salle parisienne, où est passé comme il le rappelle Brel « le plus grands de tous les belges avec Tintin ou encore Gainsbourg ». On passera sur le terme salle mythique, sur-utilisé aujourd’hui et balancé à toutes les sauces dès qu’on dit l’Olympia, au point de rendre le mot en lui-même irritant. Le CBGB lui aussi était mythique avant de devenir une boutique de vêtements après tout, le temps n’épargne rien. Est-ce vrai ? Il épargne les souvenirs, les magnifie, les transcende. Et celui de ce live comptera parmi ceux qui se gravent dans nos mémoires. Le chanteur prend quelques gorgées de bière entre deux titres « Baudelaire disait qu’il faut toujours être ivre » lance-t-il, sourire aux lèvres.  « Que les fins de journées d’automne sont pénétrantes !  » disait il également,  » car il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n’exclut pas l’intensité » ajoutait-il dans le « Confiteor de l’artiste ». Voilà des vers qui viennent à parfaitement décrire la performance de Dressed like boys, aussi pénétrante qu’intense. Le chanteur confie ensuite être un homme gay pour mieux introduire le titre «  »Jaouad » », ode à la tolérance et à la douceur inébranlable qui réussit l’exploit de s’offrir quelques mots en français « J’aime sucer des bites toute la journée ». Chanté avec le virtuose d’une ballerine, sur la pointe des pieds. Tous les mots peuvent trouver de la beauté et résonner de bien des manières, tout dépend de leur contexte.  Ici, ces paroles crues deviennent poésie, et se magnifient par leur effet de surprise. « L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu » à moins que Baudelaire n’aie tord et qu’il ne crie ses textes, avant de vaincre toutes les barrières pour mieux conquérir le cœur du  public. Il faut toujours être ivre du bonheur de la découverte.

Dressed Like Boys - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Dressed Like Boys – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

La soirée ne pouvait s’arrêter ici, il fallait au moins, avec de faire nos au revoirs à cette nouvelle édition, et de craindre le début de l’hiver faire un dernier tour sur les planches de la Machine du Moulin Rouge où la soirée se prolongera la nuit durant.

MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Je suis même pas désolée (brRRaaa) mama

Il est aujourd’hui difficile d’émettre une critique négative. Il faudrait toujours trouver du bon en toute chose. L’idée même qu’une critique existe, surtout placée au rang de métier vaut toutes les moqueries et tous les rejets. Tout serait également de même qualité : un repas dans un restaurant étoilé et un sandwich triangle auraient-ils la même saveur ? On peut tout aimer évidemment, c’est un droit, mais il existe des critères pour juger de compositions et placer des mots dessus. Ce long préambule sert surtout à s’octroyer le droit de s’interroger quand à la performance de Doc OVG. Le rap français, actuel qui plus est, regorge de très belles découvertes, bien écrites et composées. D’autres, parce que le courant est à la mode, se permettent de surfer sur des clichés datés, sans originalités et irritants. La même chose existe dans le rock, les langues tirées, les bandanas et maquillages à outrances. Du rock à papa démodé. Eh bien , Doc OVG, trio en avant-scène, doudoune sur les épaules et masque sur le visage pour se donner l’air méchant joue de ces mêmes codes désuets pour créer un live au mieux ridicule. Les crew de rappeurs laissent souvent pantois. Ils s’invitent sur scène pour ne rien y faire. Cette fois-ci la chose est flagrante : on a un rappeur qui donc rappe (avec un ton agressif), son pote qui balance de manière aléatoire des « wowww » ou des « brrraaa », comme ça lui prend on est à ça d’entendre les faux bruits de mitraillettes. Ne vont-ils rien nous épargner ? Non, rien puisqu’on a même le droit au pote gênant qui arpente la scène d’un bout à l’autre en regardant le vide et dab parfois, quand même. Ce chorégraphe de folie, agite quelques fois ses bras quand  même, pose un pied devant l’autre puis un autre. Grosse performance !  Le résultat est sur-vu et laisse hermétique. A moins qu’on en profite pour en rire. Wowww !

OVG - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
OVG – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Mélanger les genres, faire tourner les têtes mama

Sami Galbi - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Sami Galbi – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Heureusement la critique sert aussi, surtout, la plupart du temps on l’espère, à donner des conseils, mettre en lumière des projets puissants, à suivre. Nous terminerons ainsi celle-ci pour vous inviter à écouter Sami Galbi qui offrait un set époustouflant à la Chaufferie ce soir-là. Le multi-instrumentiste et producteur helvético-marocain bluffe par sa capacité et mélanger les registres pour les rendre précis et puissants. Les percussions, puissantes sont à largement saluer. Entre raï, chaâbi, urbain, électro, dance, le musicien fait tourner les têtes et excelle. La modernité ultime vient de cette capacité à reprendre un héritage musical établie et à la confronter à des façons de composer plus actuels. Ici, l’essai se transforme en prouesse. En trans, en danse, en sueur, la salle de la Chaufferie a rarement aussi bien porté son nom. Plus que quelques petits pas avant de quitter cette nouvelle édition du MaMA. Il faudra passer ensuite une nouvelle année, ses joies, ses peines et ses rituels, avant de retrouver celui-ci, si cher à nos cœurs.

Sami Galbi - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Sami Galbi – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

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MaMA 2022
La Cigale – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Du 12 au 14 octobre 2022, le quartier de Pigalle vit et vibre au sons de la musique indépendante. Les professionnels s’y sont donnés rendez-vous, le public y est venu en masse, chacun vient y célébrer sa vision de la musique. De mises en avant hip hop au rock, d’une part belle faite aux femmes en passant par du rock dernier crie ou de la chanson, la ballade sera dense pour qu’on y danse.

Here comes the Sun

Le metal est mort, vive le metal. Courant toujours adoré par des fans qui ne demande qu’à agrandir son public, le voilà qui fait son grand retour sur les scènes du MaMA Festival. Vous le pensiez masculin ? Eh bien vous aviez tord. Comme le rap avant lui qui s’ouvre aux femmes, le metal voit en la personne de Sun l’occasion de se refaire une réputation. Les clichés y persistent pour mieux qu’on leur torde le cou. Topo, la blonde  joue sur un ventilateur sous ses cheveux pour mieux les faire voler dans les airs. Un jogging avec une jupe en tulle par dessus vient combler le tableau alors qu’elle est accompagnée par deux musiciens. Les riffs sont acérés et vifs, en anglais dans le texte alors qu’elle pousse clairement sa voix. Inspirée par la scène US, la musiciennes remercie en anglais et français, confie ne plus savoir quelle langue utiliser et fait sonner fort sa guitare. A voir pour ce qu’il dit d’un retour entre traditions et non prise au sérieux de ses dernières.

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Sun – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Chaleur chez Kalika

A 21 heures 45, en ce premier jour c’est à la Cigale qu’il faut se rendre pour découvrir la sensation Kalika. Un coup d’œil dans le public permet de très vite se rendre compte que celle qui doit sont nom à Sara-la-Kali, vénérée par la communauté des Gitans de Sainte-Marie-de-la-Mer, a déjà une belle fan-base. Parmi eux Théo Lavabo, illustre chanteur de l’immense morceau « Chipolata » ( oui , c’est très drôle effectivement) se trouve dans l’assistance. Voilà qui donne le ton. En soit Kalika qui assume un féminisme affirmé balance fort dès les premières notes. Les mélodies sont r’n’b et urbaines, les paroles barrées. La chanteuse demande s’il y a des chaudasses dans la salle. D’ailleurs elle fait reprendre le mot en boucle à l’audience qui y va franchement. On peut y voir un décalage et de l’humour ou une vraie envie d’affirmer une sexualité féminine en forme de pussy power comme elle le revendique en une de Longueur d’Ondes. Le tout ne laissera pas indifférent. D’une vraie appréciation à un manque de compréhension d’un sujet qui parlera on le sait à une jeunesse qui s’appropriera cette force scénique, les avis seront variés. Quoiqu’il en soit, nul doute que ses titres seront chantés en boucle dans les cours de récré.

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Kalika – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Rock psychotique

On leur consacre un article entier pour autant, impossible de parler du premier jour du MaMA 2022 sans évoquer à nouveau les très attendus Psychotic Monks. Le groupe de rock psychédélique progressif livrait face à une Machine du Moulin Rouge hypnotisée un set sur le fil du rasoir où les instruments mélangés prenaient clairement possession de l’instant. Cette dernière habitait aussi le chanteur de la formation, à fleur de peau, blindé d’une sensibilité exacerbée. De quoi s’offrir un tour dans le public cathartique en fin de set. De la noirceur à la Rowland S Howard aux essais presque chimiques des chimériques Black Midi, le moment fut dense, lourd et solide. Un concert qui restera en mémoire.

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The Psychotik Monks – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Urban Feminisme

Grande gagnantes des Inouis du Printemps de Bourges, Eesah Yasuke n’a laissé personne indifférent.e en cette deuxième journée du MaMA Festival. Alors que la veille, les rappeuses en liberté donnaient une touche de féminité au courant urbain usuellement masculinisé, la musicienne aux textes précis et engagés a poursuivi le mouvement. Testant pour la première fois une configuration scénique incluant un danseur à ses côté, elle a sans nul doute créé une véritable osmose au Backstage by the Mill. Son flow maîtrisé, chanté, mélancolique et inspiré a su se frayer un chemin parmi les cœurs et les oreilles. A tel point que dans l’assistance il était aisé d’entendre qu’elle « est la musicienne qui méritait le plus de gagner les Inouis ». Malgré ses morceaux viscéraux et douloureusement justes, Eesah Yasuke a su fédérer à coup de communication bien sentie avec l’assistance. « Qui est plus chaud ? la droite ou la gauche ? » a-t-elle lancé en demandant aux deux côtés de crier l’un après l’autre. « C’est chaud, la droite est plus forte que la gauche. » Une petite phrase bien sentie qui prête au franc sourire au milieu d’un moment intense et essentiel.

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Eesah Yasuke – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

DE LA Chanson A GRANDES GORGEES

Digne représentant d’une nouvelle version de la chanson française, c’est vêtu de noir que s’est présenté St Graal sur la scène du Backstage By The Mill. Le musicien qui officie dans la même veine qu’Odezenne ou encore Hervé pousse de la voix au gré de riffs entraînants et entêtant. Avec une énergie folle, le musicien joue dans les pas d’Orelsan lui empruntant parfois son timbre sur les couplets pour mieux voler en éclat sur ses refrain. La performance dansante a su conquérir la salle entière. Toute ? Oui puisque le chanteur n’oublie pas de remercier comme il se doit son équipe technique. Et les plus récalcitrants au fond de la salle ? Eh bien, le musicien bordelais part à leur conquête les enjoignant comme la fosse à s’asseoir avec lui pour mieux sauter dans les airs. Un show festif a réveillé les « Pulsions » les plus joviales comme son bien nommé EP.

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St Graal – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Danser seul avec vous

Les couches-tard ont été largement récompensés en cette nuit du jeudi soir. En effet, il fallait tenir jusqu’à 1 heures 30 pour retrouver sur scène la grand messe en forme de club que seul Bagarre sait proposé. Les 5 musiciens givrés ont en profité pour inviter à les rejoindre sur scène une Drag queen pour une performance à l’image d’un groupe engagé et inclusif. Un joyeux bordel lancé par le titre « Ecoutez-moi ». Une fois l’écoute attentive, voilà la bande lancée dans une fête barrée, portée par l’un de ses chanteur en pyjama et au bras cassé. Les tubes s’enchainent de « Béton armé » à « Diamant » qui parle de masturbation féminine. L’occasion de mettre une bonne claque sur « Claque le » à l’intolérance et de refaire du club un espace de liberté. « AU REVOIR A VOUS » arrive en bout de parcours qui voit également toute l’assistance monter sur scène. Un sprint en fin de marathon pour promettre un lendemain difficile mais une tête pleine de beaux souvenirs.

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Bagarre – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Aucun groupe ne ressemble à Astereotypie au MaMA

S’il y avait un album à ne pas manquer cette année c’était bien l’incroyable « Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drome ». Cet opus hallucinant met en vedettes cinq artistes neuroatypiques et les musiciens qui les accompagnent. Au programme un son d’une modernité sans faute, des textes à fleur de peau parfois douloureux, parfois amusants construits comme une promenade dans le quotidien de ses interprètes. Il va donc de soit que leur performance à la Cigale en cette dernière journée de festival était celle à voir de l’édition. Et comme toujours l’émotion est au rendez-vous. Nombreux.ses seront celles.eux qui sortiront de la salle les larmes aux yeux. Avec leurs titres qui frôlent le post-punk on fait du « vélo à Saint-Malo, du kayak à Saint-Briac » pour mieux plus tard écouter une confidence sur la prise de médicaments et leurs effets sur les consciences. Nos hôtes se racontent chacun leur tour, s’écoutent entre eux d’une oreille aussi attentive que celle de la salle. Comme toujours Claire s’attire l’amour de l’assistance lorsqu’elle chante le titre éponyme de l’album. Personne ne ressemble à Brad Pitt dans la salle non plus mais on y est tout de même beaux sous ses lumières tamisées.  La Cigale devient un cocon où la bienveillance est maîtresse et où les coeurs vibrent. Lorsque Yohann conclut le set, il descend dans la fosse pour s’offrir un bain de foule. Un petit groupe le soulève alors dans les airs, lui offre un slam tout en douceur, une ovation personnelle. Les salutations suivent et les remerciements face à une Cigale au visage humide et au sourire sincère.

Mou-vement- Stache

C’est avec son titre « Coeur Meringue » que Stache tourne actuellement sur les plateformes de streaming. Côté tournée, le chanteur officie en solo ce dernier jour de festival à la Boule Noire. Le musicien pose une ambiance bienveillante sur son set et joue sur de nombreuses interactions pour conquérir la Boule Noire offrant par exemple un titre pour que l’on puisse rappeler notre ex. De quoi amuser régulièrement et mieux s’approprier l’instant. Côté mélodies, le chanteur se dévoile sur un terrain populaire entre phrasé et chanté. Le registre varie et touche des airs latinos à la Kendji Girac, de l’urbain accessible comme chez Keen V, de la chanson française qui entre en tête comme le fait Vianney. Le tout pourrait facilement se retrouver sur les ondes des grandes radios, d’autant que le set profite du sourire de son interprète qui mise sur son esthétique solaire. Un tour au Club Med l’été en somme.

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Stache – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Saint Makoto

Chaque année, le MaMA Festival est l’occasion d’une découverte ultime qui émerveillera l’évènement et sera celle  dont on parlera longtemps. Cette année les inclassables Makoto San raflent la mise et gagnent le titre de l’OVNI qu’il fallait découvrir. Avec des tenues à la « Squid Game » et des masques sur les visages, le groupe distille une atmosphère asiatique en mélangeant les influences du continent. En créant un électro savamment travaillé, en lui injectant des percussions au bambou, des lanternes en papier en décors, le combo brouille les pistes. Le renouveau de la musique passe aujourd’hui par des expérimentations et des mélanges entre musiques traditionnelles « world » (un mot bien trop fourre-tout, on convient) avec celles de la scène actuelle européenne. Une réussite ici, moderne, surprenante mais surtout très prenante. La salle est hypnotisée par ce jeu millimétré, cette véritable proposition. De quoi finir cette édition en beauté et tomber en grâce.

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Makoto San – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Le Bilan

Cette nouvelle édition du MaMA Festival s’achève dans un tourbillon d’effervescence. Malgré la pluie, l’évènement a rassemblé public et professionnelle derrière une scène indépendante forte, des conférences, rencontres et laisse des souvenirs magique en tête. Quelques chiffres pour conclure. Le MaMA 2022 c’était :

• 6823 professionnel·le·s présent·e·s sur l’édition 2022 avec 51 nationalités représentées
• 2512 structures présentes
• 432 intervenant·e·s
 461 accréditations médias délivrées
• 497 personnes pour mener à bien ce marathon
• Un budget global de 1,5 million d’euros
• 5428 pass publics délivrés
• 153 artistes/groupes programmé·e·s sur les 9 scènes du festival, représentant 451 artistes et musicien.nes.

Vivement l’année prochaine !


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