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Léonard Pottier

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Le Fort Saint Père ouvrait ses portes ce jeudi 15 août à l’un des festivals les plus rock de tous les festivals d’été : la Route du rock ! Avec sa programmation pointilleuse (certaines éditions plus que d’autres), le festival s’adresse aux amoureux de gratte et de bonne musique, généralement impatients et curieux d’y trouver des concerts intenses et mémorables. Cette année, c’est à de jeunes groupes que la Route du Rock a proposé de monter sur scène (Fontaines DC, Idles, Black Midi…), sans évidemment oublier les têtes d’affiches sans qui il est toujours difficile de séduire totalement le public non averti : Tame Impala, Hot Chip, Metronomy (la pop a manifestement beaucoup de succès). Réparti sur quatre jours (un à la Nouvelle Vague et trois au Fort saint père), la Route du rock 2019 a réellement débuté le jeudi 15 août, où plusieurs concerts étaient attendus au tournant ! On vous fait le point sur cette première soirée au fort.

POND

Il est 18h30. Pond entre sur la scène des remparts (la plus petite des deux scènes, mais tout de même assez grande pour accueillir du monde). Le groupe australien semble attendu, puisqu’une foule s’est déjà formé devant la scène. Pas toujours simple de faire l’ouverture d’un festival, mais Pond n’a peur de rien et ouvre le bal de manière intense. Un son impeccable et des morceaux puissants, quoi de mieux pour se lancer ? Leur pop à caractère bien trempé se propage dans tout le fort et annonce la couleur de la soirée. On attend impatiemment la suite !

FONTAINES DC

19h20. Scène du fort. Les jeunes irlandais, dont l’excellent premier album « Dogrel » est sorti il y a quelques mois, sont décidés à nous en mettre plein les oreilles. Dans la lignée du post punk, leurs morceaux sont courts et s’enchaînent avec fulgurance. Le concert débute relativement calmement, avant de rapidement s’exciter, avec des morceaux comme « Too Real » ou encore « Hurricane Laughter ». Pour couronner le tout, le groupe semble complètement ailleurs, notamment le chanteur qui ne cesse de faire les cent pas sur scène et d’adopter un air d’adolescent égaré. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette attitude a considérablement renforcé leur prestation ! Un certain charme se dégage de cette indifférence, face à leur musique qui elle, fait tout le contraire. Présent, investi et énergique, leur rock a tout pour exciter la foule. Pari réussi pour le jeune groupe. Un bel avenir se dessine devant eux.

IDLES

Il est 20h30. Scène du fort. Idles, groupe anglais au succès croissant depuis un an environ avec la sortie de leur deuxième album « Joy as an act of Résistance », entre sur scène sous l’impatience de la foule qui ne manque pas de faire sentir son excitation. La première chanson donne le ton : le chanteur, chargé comme une pile, semble vouloir casser des gueules (de préférence des gueules de fachos, comme il l’exprime à plusieurs reprises en parlant notamment des connards à la tête du gouvernement de son pays et du Brexit qu’il ne semble pas avoir bien digérer). « Vive la solidarité européenne » scande t’il. Il chante comme une bête et vient taper son micro sur l’ampli pour nous faire entendre deux fois plus fort la musique. Manque de pot, ça ne change strictement rien. Le guitariste lui, en short maillot de bain, est tellement à fond qu’il se jette dans le public dès le premier morceau. Doucement j’ai envie de dire… Tu n’es pas Jimi, ni Jimmy… Montre nous d’abord ton talent, puis ensuite saute nous dessus. Pas l’inverse. Bref, Idles m’embête. J’aime certains de leurs morceaux, j’ai apprécié leur dernier album, mais quelque chose m’a toujours bloqué. Une impression d’entendre toujours la même chose, avec seulement deux ou trois morceaux qui se détachent du lot (« Never Fight a man with a perm » par exemple, ou « Danny Nedelko »), puis une attitude légèrement tape à l’œil, avec un chanteur dont la voix, certes originale, devient rapidement agaçante, même si elle convient relativement bien aux morceaux. Idles me gêne, car j’ai du mal à me faire un avis sur eux. Et ce concert à la route du rock n’a pas arrangé les choses et a confirmé mes impressions : ce ne sont pas des génies, et leur musique risque de s’essouffler rapidement. J’espère me tromper, et je ne manquerai pas d’écouter avec attention leur prochain album qui devrait paraître fin 2019/début 2020.

 

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Un week end calme et reposant – route du rock 2019 @idlesband #routedurock #teufeurs #galettesaucisse

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Néanmoins, leur concert fut loin d’être mauvais. Et c’est lorsque Fontaines DC est venu se joindre à eux que le show a pris une autre tournure. Véritable frénésie, les deux groupes nous ont offert un instant de rock mémorable, où tout le monde jouait intensément de son instrument, dans un esprit de cohésion et d’éclate jouissive. Clou du spectacle. Apothéose. Le meilleur moment de la soirée. Dommage qu’il eut été si court. 

TAME IMPALA

22h40. Scène du fort obligatoire pour les Australiens aux millions de fans. La voilà la tête d’affiche de la soirée. Kevin Parker et sa troupe sont mondialement connus depuis quelques années maintenant, et ont un grand succès ici en France. Avec trois albums à leur compteur, dont le dernier « Currents » date d’il y a quatre ans, et un autre album à venir très prochainement, le groupe avait de quoi assurer dignement son show ! Depuis longtemps quelque peu réservé sur ce groupe, n’y trouvant pas forcément le grand talent qu’on ne cesse de leur assigner, je n’avais pas d’attentes particulières concernant leur prestation. Un groupe parmi d’autres, dont les morceaux dernièrement sortis m’ont laissé plus ou moins indifférent. Malgré cela, un souvenir me restait encore en mémoire : leur concert à rock en seine il y a quatre ans de cela, où je les avais trouvé très bons ! Ça n’a pas manqué cette fois encore : ce fut excellent.

Tame Impala est un groupe fait pour la scène. Ils ont les moyens, et ne s’en privent pas. Beaucoup de lumière, beaucoup d’effets psychédéliques, mais surtout un son irréprochable et une excellente maîtrise de leurs compositions dont beaucoup d’entre elles, je suis forcé de l’avouer, sont d’une grande satisfaction. « Let It Happen » (leur meilleur morceau), « Feels like we only go backwards », « Eventually » (leur deuxième meilleur morceau), et évidemment « Elephant » … Autant de morceaux qui m’ont permis de reconsidérer ce groupe avec lequel j’étais fâché depuis quelque temps. La scène sublime les artistes, Tame Impala en est le meilleur exemple. Merci pour ce concert de haute qualité.

BLACK MIDI

00h15. Scène des remparts. Après les étoiles que nous a mis dans les yeux Tame Impala, il fallait bien redescendre sur Terre. Ne vous inquiétez pas, Black Midi en fut chargé. Abrupt, sec et éprouvant, le rock des quatre garçons anglais qui forment black midi, dont le premier album vient de paraître, a tout pour déconcerter le public au premier abord. « Dans quoi je me suis embarqué ? » beaucoup ont dû se demander… Dès le départ, le ton est donné : « 953 » a tout d’un grand morceau et n’a rien à envier aux meilleurs morceaux de hard ou de métal, et il faut avouer que sur scène, c’est quelque chose ! Puissant et sans fin, « 953 » nous offre directement le meilleur de black midi. Le reste vaut-il autant le coup ? Mis à part quelques moments où le temps se fait long et l’ennui tend le bout de son nez, le groupe se voulant probablement trop dans l’excès, ce dernier assure son concert très honorablement. Il faut dire qu’ils ont de quoi nous surprendre avec un premier album aussi risqué qu’étrange. Belle révélation.

Cette première soirée se termine ici, n’ayant pas pu rester au-delà, et ayant donc loupé les deux autres concerts de la soirée, dont celui de Jon Hopkins, sur lesquels je ne pourrais malheureusement rien vous dire.

Quoi qu’il en soit, la Route du rock 2019 a offert une excellente première soirée a son public venu nombreux (à en juger les files d’attentes pour s’abreuver). La qualité des artistes présents atteste de la qualité du festival qui, d’année en année, continue à séduire autant.

Pour la sortie de son nouvel album, l’intriguant Baptiste W. Hamon s’emparait ce mardi soir (21 mai 2019) de La Maroquinerie. Rien de plus captivant que cette salle parisienne de petite taille pour vous donner l’impression que l’artiste est là, au bout de votre doigt.

La salle est rapidement complète, et difficile de se frayer un chemin quand chacun a déjà trouvé sa petite place. Après une première partie très réussie du surprenant Sammy Decoster, Baptiste W. Hamon entre sur scène à l’heure prévue, 20h45.

Baptiste W. Hamon à la maroquinerie 2019

Casquette sur la tête, et accompagné de ses musiciens, l’artiste au look cool et détente, mi français mi américain (d’où le W au milieu de son nom), n’a pas attendu longtemps pour nous faire parvenir sa voix et ses compositions personnelles. Une voix magnétisante, qui vous projette directement dans un univers autre, où la chanson française et l’esprit américain s’entrecroise. C’est d’ailleurs un des grands points forts de l’artiste : son chant parvenant à fusionner douceur, intensité et hypnose, d’un tout parfaitement équilibré.

Baptiste W. Hamon à la maroquinerie 2019

Car réellement, Baptiste W. Hamon nous a éblouis à plusieurs reprises ce soir-là. La scène semble être son domaine, et la performance dont il nous a fait part fut maitrisée d’une impressionnante aisance. Son album, déjà très bon, n’a pu qu’être sublimé par ces interprétations fascinantes, où la voix du chanteur a su trouver l’ampleur et la puissance qu’elle méritait.
Le groupe qui l’accompagnait, dont son frère Corentin Hamon à la basse, et les autres dont nous avons obtenu seulement les prénoms : Mathis à la guitare, Vincent à la batterie et Louise au violon/synthé, n’a pas manqué de donner un coup d’accélérateur à cette soirée. Plusieurs morceaux leur ont laissés l’occasion de révéler une incroyable énergie, transportant d’autant plus la voix de l’artiste principal. Tout s’assemblait parfaitement, avec une qualité de son irréprochable, qui a permis de faire grimper l’intensité. La satisfaction nous a très vite gagné.

Quinze minutes après le début du concert de Baptiste W. Hamon, la claque était déjà donnée.

Il ne nous restait plus qu’à la savourer le reste du temps.
A la croisée entre la country américaine et la chanson française, la musique de Baptiste W. Hamon s’inspire logiquement de l’Amérique, avec ses histoires d’amour et ses immenses espaces de liberté, dans des textes écrits en français. Il faut avouer que l’harmonica qui pend à son cou et qu’il amène parfois à sa bouche participe au charme américain, renvoyant directement à ce genre de musique qu’est la folk/country. Ainsi, l’Amérique est de la partie durant cette soirée. Et pour la faire ressentir encore davantage, quoi de mieux que des reprises de chansons de l’autre continent ? Entre la version française de Bonnie « Prince » Billy, appelée « Mon Capitaine », figurant sur son dernier album, et l’énergique reprise de « This land is your land » de Woody Guthrie, monument du folk américain, et idole de notre seigneur Bob Dylan, qu’il a lui-même plusieurs fois repris, c’est dans une ambiance et atmosphère particulière que le public de la Maroquinerie a savouré ce moment. Cette dernière chanson, politiquement forte (« this land was made for you and me »), atteste d’un certain gout et engagement d’un artiste dont les idoles font partie de ceux qui ont lutté et impacté le paysage musical américain. On ne peut que l’en féliciter, surtout à l’écoute de cette reprise chaleureuse et parfaitement interprétée.

Baptiste W. Hamon à la maroquinerie 2019
Le concert touche à sa fin. Mais Baptiste W. Hamon semble vouloir rester, surtout après la puissante chanson « Bloody Mary », qui clôture le show avant le rappel. L’artiste revient pour nous jouer encore quelques chansons, lesquelles sont choisies par le public. « Qu’est-ce que je peux faire ? » demande le chanteur. Quelqu’un lui répond « Partons loin ». Pour le coup, nous y serons partis, loin, jusqu’à pénétrer sur un autre continent, durant cette soirée de deux heures que l’artiste nous aura gentiment offert de manière humble et honorable.

Un beau concert, qui nous aura donné envie de réécouter Woody Guthrie. Et ça, ça n’a pas de prix !

Photos : Kévin Gombert

Ty Segall cocnert paris 2019

Préparez-vous ! La billetterie du concert le plus bouillant de l’année ouvre ses portes ce lundi.
C’est en octobre prochain que l’un des artistes les plus prolifiques de cette décennie, Ty Segall, viendra placer ses amplis au plus près de vos oreilles, ne manquant pas de les faire exploser en l’espace de quelques minutes. La fameuse salle parisienne La Cigale, accueille le rockeur
accompagné de son groupe de scène depuis l’année dernière : The Freedom Band, avec lequel il a sorti l’excellent album «Freedom’s Goblin» en 2018. Environ un an après leur passage au bataclan, ils reviennent en mettre une couche, comme si leur dernier concert n’avait pas déjà suffi à nous rendre totalement
cinglés.

Pour notre plus grand plaisir, le musicien s’est lancé le pari fou de jouer un album de sa discographie par concert (sachant qu’il sort un projet par an depuis une dizaine d’années), de la même manière que l’avait fait Kraftwerk lors de leur passage en France. Cependant, Ty Segall n’a bien évidemment pas la notoriété de Kraftwerk, et ne se produira donc malheureusement pas huit fois sur scène à Paris. Seulement deux. Mais croyez-moi, ce sera amplement suffisant pour que vous en ressortiez dans un état second. Si vous avez des doutes, je vous conseille d’aller écouter leur fulgurant nouvel album live «Deforming Lobes», sorti il y a seulement quelques semaines et qui vous fera certainement transpirer depuis votre lieu d’écoute. Un conseil : ne le faîte pas dans le métro.

Deux dates signifient deux albums !

Et heureusement pour nous, ce sont l’incroyable «Melted» (2010)et le puissant «Manipulator» (2014) qui seront présentés ici à la Cigale. Les deux font partie de ses meilleurs projets, et ont chacun joué un certain rôle vis-à-vis de la reconnaissance critique du jeune rockeur californien dans le milieu de la musique. De plus, le Freedom Band, réputé pour leur folle énergie, risque bien d’ajouter du piment à tout cela !

En concert, Ty Segall est un monstre. Ce serait faute grave de le manquer, lui qui, depuis plus de dix ans, continue de donner au rock toute sa puissance et sa splendeur.
N’hésitez plus. Précipitez-vous !

Informations :

le 09 octobre, album « Melted ».

Le 10 octobre, album« Manipulator ».

Ouverture de la billetterie le 29 avril à 11h.