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Léonard Pottier

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 Besoin de cinéma ? Envie de (re)plonger dans les chef-d ’œuvres qui ont bâti l’histoire cinématographique ? Ce site de VOD est fait pour vous ! La Cinetek vous propose de revisiter cette histoire en mettant à disposition (non gratuitement, cela va de soi) un grand nombre de films, cultes ou non, qui ont bercé les imaginaires de plus d’un. Englobant une large période (des débuts du cinéma jusqu’en 2004), le site se définit comme « la cinémathèque des réalisateurs » et regroupe plus de 1000 films disponibles à la demande. Triés par réalisateurs, dans un objectif de mettre la lumière sur ces derniers autant que sur leurs films, indissociables, les œuvres dont est possesseur le site englobent tous les genres et tous les pays. De François Truffaut à Fritz Lang en passant par Ingmar Bergman, Michel-Angelo Antonioni, Kenji Mizoguchi… La Cinetek explore en profondeur le cinéma et en ressort avec des possibilités de choix immenses. Dans un objectif premier de rendre visible sur internet les grands films du XXè siècle, ainsi que des œuvres plus secrètes qui n’ont pas l’occasion d’être éclairées autrement, La Cinetek s’est forgée une image qui se veut à l’opposé total de Netflix, sans pour autant se positionner dans une logique de concurrence. Le site existe pour tous les amoureux du cinéma ainsi que les curieux, jeunes et vieux, de toutes horizons, qui trouvent dans le septième art une manière de penser, de se définir et d’exister. Il fut créé en 2015 sous l’initiative de trois réalisateur/rices : Pascale Ferran, Laurent Cantet et Cédric Klapish.

 

Une immense bibliothèque de films !

 On aime se perdre dans ce vaste catalogue pour y découvrir des œuvres encore inconnues à notre esprit et naviguer parmi des paysages multiples et variés. Mais aussi pour revoir nos films préférés, qui nous ont marqués dans notre enfance. Néanmoins, il peut s’avérer complexe de choisir parmi tant de propositions. Pas de problème, il y a une solution à cela : le site vous propose plusieurs listes de réalisateurs, c’est-à-dire les films préférés de vos réalisateurs préférés (50 films de chevet, ça ne rigole pas !). En questionnant ces professionnels en la matière, que vous les aimiez ou non, des visions uniques et intimes du cinéma en ressortent, qui serviront à attiser votre curiosité ou sinon vous amener à revoir certains classiques sortis de votre esprit depuis le temps. Près d’une dizaine de films sont ajoutés tous les mois, ce qui permet au catalogue de constamment grandir. Parallèlement, plusieurs bonus (interviews, archives télé…) accompagnent certaines œuvres, afin d’aider à leur lecture, et d’y apporter des connaissances extérieures.

 

Et les prix alors ?

 Les prix sont abordables, de 2,99 à 3,99 euros pour une location de 48h, et de 7,99 à 9,99 euros pour l’achat d’un film (selon qu’ils soient en SD ou HD). De plus, le site vous propose un lecteur via lequel regarder vos films, une application pour ordinateur facilement téléchargeable, où vous retrouverez vos locations durant le temps imparti ainsi que vos achats disponibles à tout moment

 

Le meilleur pour la fin : une offre d’abonnement généreuse et bien pensée

Mais ce n’est pas terminé, car je ne vous ai pas encore parlé du plus intéressant dans tout cela : leur offre d’abonnement, lancé il y a un an maintenant, après une campagne de crowdfunding réussie. Pour 2,99 euros par mois, le site met à votre disposition 10 œuvres cinématographiques à regarder quand vous le souhaitez (dans les 30 jours impartis). Ces films sont choisis par le site lui-même selon un thème qui change chaque mois. Donc pas besoin de vous embêter, laissez-vous juste guider. Par exemple, le thème du moment se nomme « en ville » et regroupe les films suivants :

  • Les Ailes du désir (Wim Wenders, 1987)
  • La Dolce Vita (Federico Fellini, 1959)
  • Amsterdam Global Village – Partie 1 (Johan Var der Keuken 1996)
  • Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, 1961)
  • Insiang (Lino Brocka, 1976)
  • Justin de Marseille (Maurice Tourneur, 1934)
  • Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)
  • Mean Streets (Martin Scorsese, 1973)
  • Invasion Los Angeles (John Carpenter, 1988)
  • Leaving Los Angeles (Mike Figgis, 1995)

 Rien que pour cette offre plus qu’alléchante, on les remercie mille fois ! Elle permet à tout le monde de se cultiver à un prix tout à fait honnête et accessible. De plus, les sélections sont toujours finement composées, mélangeant classiques du cinéma et œuvres davantage méconnues mais non moins intéressantes. Cet abonnement vous permet donc de ne pas passer une heure à chercher quoi regarder parmi tout le catalogue, et vous ouvre également vers d’autres horizons, vers lesquelles vous n’auriez jamais pensé vous aventurer sans cela. On vous le promet, vous avez tout à y gagner.

Le site est disponible juste ici, n’attendez pas !

 

  Cinquième collaboration entre Abel Ferrara et Willem Dafoe, et bientôt sixième avec le prochain film du réalisateur qui sortira en cours d’année (Siberia), Tommaso est une nouvelle démonstration de la symbiose des deux artistes. On sait à quel point certains réalisateurs sont attachés à leurs acteurs, et combien il est parfois essentiel de ne pas trop s’éparpiller afin de constituer une œuvre globale cohérente. Inviter un même acteur sur plusieurs de ses films, c’est lui déclarer son amour, le porter toujours plus haut, lui créer des rôles sur mesure, pourtant jamais semblables, mais qui, mis bout à bout, démontrent toute l’ingéniosité et la cohésion d’une force commune.

  Tommaso propose donc à Willem Dafoe de s’élever une nouvelle fois, davantage en tant qu’acteur que personnage, car le rôle qu’il incarne, celui d’un certain Tommy appelé Tommaso en italien, un artiste torturé, ne parvient pas vraiment à prendre de la hauteur au cours du film. Prisonnier d’une vie confortable mais ennuyante, Tommaso y navigue sans parvenir à sortir la tête de l’eau. Calme mais impulsif, le personnage partage sa vie avec sa compagne, plus jeune qu’elle (incarné par Christina Chiriac, la femme d’Abel Ferrara), et sa fille (Anna Ferrara, fille du réalisateur) avec lesquelles il tente d’adopter une attitude protectrice, mais qui ne fonctionne pas toujours. En canalisant ses émotions, il les fait jaillir de plus belle lorsque quelque chose lui échappe. Tommaso vit un double combat : celui qu’il mène contre lui-même et celui qui le rattache à sa famille. Il est difficile d’être mari et père à la fois, ces fonctions sociales n’ont pour évidence que leur nom, mais n’engagent personne de la même manière. Tommaso aime plus que tout sa famille, un amour qui provoque une torture intérieure ainsi que des accès de colère, mais il sent que ce cocon lui échappe constamment. Les attentions que sa femme lui porte se ternissent, et Tommaso doit intérioriser un grand nombre de souffrances liés à cela. Sa femme aussi, puisqu’elle semble perdre peu à peu son amour pour lui.

  A côté de cela, ses réunions aux Alcooliques Anonymes le présente comme un homme sous-contrôle, lucide et bienveillant. A la sortie de ces instants d’écoute et de partage, la vie se joue de lui. Ses visions cruelles sur la perte et l’abandon ainsi que le sort malheureux qui dirige son existence font de lui une marionnette. Il ne contrôle finalement pas grand-chose, malgré sa réussite concernant l’arrêt de l’alcool et drogue et du travail sur soi. Pourtant, Tommaso n’est pas tout blanc, il continue ses dragues intempestives, à moitié volontaires, et préfère rester seul quand sa femme et sa fille partent en voyage. Ainsi, sa misère est à l’origine d’un affrontement entrel son aspiration à une vie de famille meilleure formée d’amour, d’écoute et de compréhension, et ses actions quotidiennes, dont il peine à remarquer qu’elles ne font que l’éloigner de son objectif. Le personnage ne parvient pas à coordonner ses désirs et sa nature. Sa volonté réside dans le seul fait d’imaginer certaines choses, qui n’arriveront jamais et qui laisseront le récit monotone poursuivre son cours sans élévations.

 

 

  Les scènes de la vie conjugale sont souvent les plus sincères au cinéma (Ingmar Bergman aura atteint le sommet en la matière), Abel Ferrara les met ici en scène avec tout son talent de grand cinéaste. La manière dont il dépeint ce quotidien amer le positionne à la fois comme acteur principal (on sait d’ailleurs que certains épisodes du film sont inspirés de sa propre vie) et défenseur d’un point de vue neutre sur le cours de l’histoire. La caméra suit Tommaso dans son périple intérieur, le contemple à travers ses désirs et ses douleurs, mais n’en fait jamais un personnage ni pitoyable ni misérabiliste. Il est un homme avec ses soucis et ses peines, un homme artiste qui essaye de s’en sortir difficilement et qui trouve comme compagnon de route nous spectateurs. Nous pouvons être attachés à ce personnage, autant que nous pouvons y rester insensibles, le fait est que Willem Dafoe l’interprète assez brillamment pour ne pas prétendre à un point de vue absolu.

             

  L’aspect presque documentaire du film, facilité par un grain d’image particulier et une caméra instable qui se plaît à s’approcher du visage des personnages pour percevoir un instant l’état physique de leurs sentiments, lui donne une force secrète et indescriptible : il est certain que la réalisation influe grandement sur notre perception de l’histoire. Elle a le pouvoir de la rendre digne d’intérêt, et jamais ennuyante. La caméra laisse de la place aux protagonistes sans vouloir trop s’immiscer à tout prix dans leur intimité : on pense notamment à la longue séquence durant laquelle Tommaso raccompagne son amie des A.A jusqu’à chez elle avec un positionnement lointain de la caméra. Cette dernière rend compte passivement d’une marche accompagnée d’une discussion des plus normales, et montre à quel point la banalité est la matière centrale du film. Il n’y a rien à envier à cette vie, ni à la mépriser, il y a seulement à regarder pour essayer de comprendre, et sûrement aussi d’apprendre, car tout quotidien peut en rappeler un autre, inspirer certains états, éveiller certaines consciences, faire surgir d’anciens souvenirs ou donner quelques conseils de vie, sans pour autant prétendre détenir aucune vérité. Tommaso est donc l’histoire d’un quotidien banal, retranscrit à merveille à l’image, d’une manière aussi véritable que touchante, qui nous donne le sentiment que les actions et les gestes sont universels et se reproduisent à l’infini à travers le monde. Tommaso est l’histoire de la nature humaine, et de sa tentative à s’intégrer dans une société. Tommaso pourrait être vous, ou moi. Ce qui est sûr, c’est qu’il rassemble un bon nombre d’esprits vagabonds, dont les étoiles semblent être un refuge plus approprié que la planète Terre.

 

      Le temps passe, et certains artistes ne vieillissent jamais. Si le physique n’est pas le meilleur dissimulateur des effets du temps, c’est généralement dans l’esprit et la détermination que réside le miracle. Jean-Louis Murat fait partie de ces chanceux, dont la création artistique ne prend pas une ride au fil des années. Même voix, même don de composition et même hargne depuis le début de sa carrière. Il ne serait d’ailleurs pas indécent ni même déplacé d’affirmer que la musique de Murat à l’heure actuelle est tout aussi riche et intéressante qu’il y a plusieurs dizaines d’années. L’artiste auvergnat a eu sa période de gloire, avec Dolores ou Mustango, mais entretient aujourd’hui un lien avec la musique toujours aussi solide. Il continue d’écrire et de composer avec le même talent pour lequel on l’avait félicité à l’époque. Nombreux sont ceux qui ont décidé de le suivre jusqu’au bout, bravant les critiques parfois acerbes à son égard et ne se préoccupant que de la seule chose importante : son art. Car il faut le reconnaître, Jean-Louis Murat fait partie des artistes français les plus constants : productif et jamais insignifiant. Ses albums sont toujours le prolongement de lui-même (plus chez lui que chez d’autres), avec des arrangements musicaux recherchés, et le chanteur ne cesse d’affiner un style unique, dont la voix, flamme infatigable, permet aux mélodies soigneusement composées de trouver toute leur force. La musique de Murat est donc un mélange de vérité, de génie, de lutte, d’acharnement, de mystère et de douceur. Ce mélange, qui n’est pas prêt de s’affaiblir, permet à son créateur d’être toujours présent sur le devant de la scène.

 

Un cadre particulier

            Comme chaque rendez-vous annuel avec la capitale française, Jean-Louis Murat était de retour en cette fin d’année pour faire résonner ses dernières compositions, et a cette fois ci vu les choses en grand et avec originalité, en décidant d’investir un théâtre ! Le théâtre de la Madeleine. Un cadre exceptionnel et de toute beauté. Personne debout, des sièges partout, un public presque prêt à assister une pièce de théâtre, mais qui fera face à quelque chose de bien plus véritable qu’une illusion. Avec un concert de Murat, la réalité est devant nos yeux, inutile d’aller la chercher autre part. Pendant 1h30, le théâtre de la Madeleine a vu ses murs trembler de sincérité comme rarement auparavant. Quoi de plus sincère qu’un concert de rock ? Je vous met au défi de trouver.

 

Jean-Louis Murat au théâtre de la Madeline, 02 décembre 2019

 

            Une impressionnante puissance sonore

         Dès le départ, l’artiste vêtu de la manière la plus décontractée possible, accompagné de sa formation redoutable : Fred Jimenez à la basse et Stéphane Reynaud à la batterie, donnent le ton : les instruments rugissent avec force, sans que la voix du chanteur ne soit encore entrée en scène (et on sait que toute la magie de Murat réside dans sa voix). On y décèle déjà toute la justesse qui règnera en maîtresse durant l’entièreté du live. Le son est clair, concis, abrupt, il s’adresse à nos muscles et s’empare de nous d’un coup d’un seul. Dès les premières minutes, on se laisse porter, prêt à être totalement envahit par la suite. Quand la voix se montre enfin, on y retrouve instantanément ce qui fait l’identité de la musique de l’artiste. Vertigineuse, cette voix empreinte de douleur, d’espoir et de mélancolie sublime tout ce qui l’entoure. Elle est la roue motrice de chacune des chansons, auxquelles elle promet de garantir ampleur et émotion. D’ores et déjà transportés dans une nouvelle dimension, il ne nous reste plus qu’à savourer le précieux moment. Au fur et à mesure du concert, le son global prend de plus en plus forme, et finit par épouser pleinement l’architecture de la salle. Les instruments sont calibrés pour nous attaquer de plein fouet, de manière à ce que l’on se sente transportés pleinement dans la vitalité de cette musique encore pleine de rage et d’ambition. Les musiciens sont extrêmement doués, avec un sens du rythme remarquable qui permet au concert de ne jamais perdre en intensité, même sur les morceaux les plus calmes. Bref, le son est à la hauteur de l’évènement et nous restera encore longtemps en mémoire tant il s’adressait directement à notre corps, ce que l’on souhaiterait pour tous les concerts de rock. Mais tout le monde n’est pas Jean-Louis Murat et n’a pas la chance d’être merveilleusement bien accompagné. Ni la chance de jouer dans un théâtre !

 

Une tracklist uniquement composée de titres récents

            Le chanteur jouera principalement des morceaux issus de son dernier album studio : II Francese¸ et n’ira pas piocher plus loin que la décennie toujours en cours. Certains auront peut-être été frustrés de ne pas entendre les bijoux de Mustango ou de Lilith mais à vrai dire, Murat n’a pas eu besoin de cela. Il ne se repose pas sur ses anciens morceaux et croit pleinement en la force de ses nouveaux, et avait bien l’intention de nous révéler tous leurs secrets, sans compter qu’il doit être compliqué de piocher dans un catalogue si vaste que le sien. Jouer les dernières compositions semblait être la meilleure décision, démontrant ainsi que sa musique traverse les époques sans peine. La recette change rarement avec lui, il faut avouer que beaucoup de morceaux se ressemblent, le style Murat compose toujours le noyau de ses albums (la voix dirige la danse), mais c’est surtout en matière de son que l’artiste a innové ces derniers temps, toujours attiré par l’expérimentation et la modernité. Bien que la prestation fut assez classique au niveau des sonorités, elle n’en fut pas moins efficace, adaptant les innovations sonores des derniers morceaux à la construction instrumentale traditionnelle des concerts (guitare, basse, batterie). En cela, ce fut un véritable concert de rock, mêlant simplicité et excitation. Nul besoin d’en rajouter des tonnes. A trois, la musique a décollé. C’est tout ce qui compte.

 

 

Bouleversant

            De la sensualité de « Gazoline » à l’intensité de « Il Neige » (soit dit en passant la chanson la plus bouleversante de la soirée), ajouté à cela la fulgurance d’« Autant en faire quelque chose » (très belle surprise en live) entre les deux, la tracklist d’1h45 a su nous faire passer par tous les états. Elle se terminera par un rappel sur « Je me souviens », dans une version bien plus excitée que celle a capella de son dernier album live Innamorato.

          Peu bavard, Murat nous adresse tout de même quelques mots assez drôles : « on m’a dit de faire quelque chose de spécial à Paris. Alors sur la prochaine chanson chantez-tous tous « ouuuhhh ». Voilà. C’est que j’ai trouvé de mieux ». On comprendra que ce sont des « ouuuhhh » d’accompagnement sur une version de « Hold Up » revisitée. Mais le batteur, doté d’un micro aussi, s’en sortira bien mieux que nous. Murat n’a pas perdu son sens de l’humour. Ce sera ses seuls mots à notre égard, toujours aussi fort dans l’indifférence et l’impression de distance (et on l’aime en partie pour ça, un artiste n’a pas à dire je t’aime à son public pour les remercier). Il préfère laisser la musique parler. Et ça marche tout aussi bien !

 

         Voilà comment Jean-Louis Murat a épousé le théâtre de la Madeleine, en s’imposant une fois de plus comme un chanteur hors pair, dont le talent et la sincérité font de lui un artiste remarquable, essentiel au paysage musical français.

 

 

Pour leur troisième concert parisien, The Murder Capital investissait mercredi dernier (06 novembre) la petite salle du Nouveau Casino. Jeunes Irlandais aux visages imprégnés de l’authenticité de leur musique, le nouveau groupe évènement de la sphère musicale rock avait bien l’intention de montrer encore une fois ce qu’ils avaient dans le ventre. Leur passage à Rock en Seine en août dernier avait marqué les esprits, la plupart du public les découvrant tout juste, deux semaines après la sortie de leur premier et excellent album When I Have Fears. Aujourd’hui, le groupe a gagné de nombreux fans venus les admirer dans un lieu fermé cette fois-ci, deuxième salle de ce type puisqu’ils avaient déjà joué à La Boule Noire en avril dernier, alors que leur album n’était pas encore sorti. En pleine rage de conquête du sol européen, The Murder Capital est donc un groupe prometteur qui, au fil des mois, séduit de plus en plus d’esprits aguerris à un rock véritable, et investissent des salles de plus en plus grandes. Vous pourrez d’ailleurs les retrouver au Café de la Danse en février 2020. Mais avant d’aller choper vos places, laissez nous vous raconter en détail leur dernière prestation au Nouveau Casino.

 

La première partie est d’abord assurée par des Parisiens, sous le nom de Pop Crimes. Rythmé, joyeux et entraînant, le jeune groupe a offert un moment plein d’honnêteté au public présent. Un apéritif plutôt agréable.

 

Un départ en apothéose

A 21h, les cinq irlandais entrent sur scène et démarrent avec l’énorme bombe à retardement qu’est « Slowdance », divisée en deux parties sur l’album. Comme entrée en matière, c’est plutôt osé, mais à vrai dire terriblement efficace. La chanson prend son temps, se développe progressivement, pour ne laisser place qu’aux instruments durant sa seconde moitié. Le chanteur, après nous avoir déjà envoûté avec sa voix magistralement sombre et mystérieuse, laisse ses potes faire le travail. Tout est cadré parfaitement, les mecs larguent déjà le missile de la soirée. Il faut dire que la chanson est tellement bien construite que la claque est quasiment obligatoire. La fin, toute en lenteur et intensité, provoque en nous les meilleurs frissons de concert, ceux que l’on attend avec impatience, et qui nous transporte dans une jouissance adorée, que peu parvienne à procurer. En à peine dix minutes, ils ont déjà atteint le sommet de leur musique et montrer la flamme qui brûle en eux.

 

Un mélange d’oppositions transformées en puissante unité

Après ce petit bouleversement, il fallait bien revenir sur Terre. Le bassiste et chanteur interprètent alors à deux une des chansons les plus calmes de l’album « On Twisted Ground », que James McGovern présente comme le symbole de leur amitié et de la cohésion du groupe. « Ces gars-là, je serais rien sans eux » nous dit-il. Plus personne ne fait un bruit dans la salle, la musique fait son effet. L’émotion est au rendez-vous sur cette chanson minimaliste remplies de visions aussi bien lumineuses que ténébreuses. C’est d’ailleurs l’une des forces de ce groupe que de mélanger chaos et espoir, douceur et violence, haine et amour… « Love, love, love », troisième morceau de la setlist, placée en clôture sur l’album, retrouve la même intensité dévorante qui fait la définition de The Murder Capital, et nous parle d’amour de manière lente et sensuelle, avec des touches de bestialité. Cette façon insistante du chanteur d’appuyer sur les trois mêmes mots du titre réveille nos désirs. Le groupe en appelle à notre corps et à nos sens, pour ressentir au plus profond ces guitares et cette voix aiguisées à la sexualité et à la violence animale.

Vient ensuite « Green and Blue », le dernier morceau relativement calme du concert, avant d’enchaîner toutes leurs compositions les plus agitées, dont la maîtresse d’honneur sera « For Everything », morceau le plus abrupt du groupe, qui se place en ouverture sur l’album. Déferlement de colère instantanée, « For Everything » marque l’apogée de leur talent de composition, et sur scène, autant dire que rien n’est épargné. Les sauvages coups de guitares qui viennent accélérer le rythme de la chanson en première partie rugissent de manière poignante, puis laissent place en seconde partie à la présence charismatique du chanteur qui rugit les derniers mots d’une impressionnante conviction.

Avec seulement un album à leur actif, c’est déjà bientôt l’heure de partir. Mais avant cela, il reste encore trois morceaux. « More Is Less » excite la foule avec son rythme endiablé, au même titre que « Don’t Cling to Life ». Le groupe a fait en sorte de garder leurs morceaux pêchus pour la fin. Habitués à un public irlandais habituellement très réceptif, ils veulent faire de la foule française une boule d’énergie grandissante, que chacun prenne son pied, s’éclate et se marche dessus. Certains d’ailleurs ne viennent que pour ça, pour ressentir l’excitation. Ceux-là sont servis.

 

 

Une clôture sous le signe du chaos

Ils terminent le concert avec « Feeling Fades » et sa perte de contrôle finale, où tout semble se fissurer suite au côté très ordonné de leur prestation jusque-là (ce qui, d’ailleurs, pourrait leur être reproché au vu de la parfaite maîtrise de leur show qui ne laisse aucune place à l’improvisation). Heureusement, ce dernier morceau contrebalance cet aspect. Sur scène, la musique devient chaos, plus rien n’est contrôlable. Le chanteur fait un énorme saut dans la foule, puis un deuxième, en hurlant ses « lala la la lala » allongé sur le public. Tout s’arrête soudainement, la basse s’explose contre le sol. Le groupe s’en va sous les cris de la foule. Il n’y aura pas de rappel.

Désormais, nous n’avons plus qu’à attendre leur deuxième album pour que cette soirée riche en excitation dure deux fois plus longtemps. Et si leur prochain projet est à la hauteur du premier, The Murder Capital deviendra alors réellement grand, et important pour la musique actuelle.

 

Vous avez le droit d’aller choper vos places pour février maintenant.