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Julia Escudero

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BLACK LILYS

Nos artistes français ont du talent. Si la pluralité musicale se retrouve souvent du côté des indépendants, elle y est riche en créativité. Au détour de nombreuses écoutes, nous vous proposons une sélection variée de pépites qui valent le détour. A écouter avant que tout le monde ne se les arrache.

Born Idiot

Indie dans l’âme et dans les faits, les rennais de Born Idiot ont tout compris et ne vous laisseront pas indifférents. Pourquoi ? Déjà parce qu’ils prennent la société actuelle à contre-pied pour créer leur musique. « Quand la machine se lasse, elle redevient humaine.  » expliquent-t-ils avant de raconter leur premier single « Blue is my color » comme une ode à l’ennui. Et l’ennui c’est bien ce qui manque dans ce monde sur-connecté, à force de se remplir le cerveau de futilités, de posts, de likes et s’interdire de se vider la tête voilà que la créativité vient à faire défaut. Pas à Born Idiot qui donneraient raison à mon professeur de philosophie quand il vantait les mérite d’un ennui utile. Ce tout premier titre extrait de l’album « Full time bored » à paraître en septembre sur Geographie met les bases entre douceur et répétition calculée. Pour parfaire le tout Luks, Tiagzer, Clem, Loulou et Guigz s’offrent un clip artistique réalisé par Lucas Martin et dénoncent un monde robotique en utilisant des codes géographique comme avait pu le faire Mondrian dans son oeuvre. Un plaisir visuel et sonore qui promet un album puissant et culte. Ennuyons-nous ensemble, bien, beaucoup, en musique et redevenons humains.

Découvrez le clip de Blue is my color

 

Black Lilys

Attention pause féerique avec la fratrie de Black Lilys !  Les frère et sœur Robin et Camille vous les avez peut-être déjà entendu, sans le savoir, en regardant la série Elite sur Netflix  (dont le retour est prévu pour le 13 mars) grâce au titre « Nightfall ». Le duo a aussi été vu en janvier 2020 en première partie de Pomme, artiste nommée aux Victoires de la Musique 2020 et au talent indéniable. Si les deux univers ne sont pas identiques, Pomme joue sur les codes folk et chanson, là où Black Lilys s’inspire de la nu-soul des années 90, empruntant le charme d’une Agnès Obel ou de The XX, ils se retrouvent dans leurs immenses capacités musicales. Il ne faut que quelques secondes à Black Lilys pour convaincre et vous transporter dans son univers onirique, aussi doux que lumineux, aussi puissant qu’évident. La voix candide de Camille s’allie à la perfection avec l’intensité des notes aériennes que crée le groupe. Un nouvel album devrait voir le jour en 2021 alors que des dates de concerts s’annoncent au fur et à mesure. En attendant un nouveau clip pour le mois d’avril 2020, découvrez le tout dernier titre de la formation « Yaläkta », un bijou à savourer en boucle.

Découvrez le titre Yaläkta

Kids from Atlas

Découverts alors qu’ils jouaient au Crossroard Festival de Roubaix en 2019, Kids from Atlas, convainc grâce ses capacités scéniques comme sur album. Le trio qui à la tête dans les étoiles, sort en 2015 sa première galette « Melting Walls ». Les lillois sont précis à chaque titre, font toujours vibrer ceux qui les écoutent. Ses fans de conquête spatiale ne manquent d’ailleurs pas de propulser leurs titres vers les sommets grâce à de belles montées aériennes et d’inviter à un voyage spirituel. Catchy, accrocheur, empruntant aux rythmiques du rock pour mieux s’approprier une pop atmosphérique, Kids from Atlas s’avère être un voyage essentiel. Découvrez leur dernier titre « Lights » et son clip avant qu’ils ne soient victimes d’un succès inter-stellaire.

Découvrez le clip de Lights

Seyes

Seyes c’est la rencontre de deux femmes talentueuses. Vous les connaissez déjà, l’une Charlotte Savary a parcouru le monde aux côtés de Wax Taylor, l’autre Marine Thibault, multi-instrumentiste est la fille du co-fondateur du groupe Magma. La légende raconte qu’un soir d’été les deux amies décident de lancer leur propre groupe électro-pop. De là née l’élégant Seyes, formation pointue au compositions fascinantes. Un premier album « Beauty Dies » parait le 17 janvier 2020 alors que le tout premier single du même nom est dévoilé en 2018. En français comme un anglais, cette pépite s’avère complètement à part et addictive dès sa première écoute. Un clavier posé, une voix aérienne calibrée, une rythmique puissante sont tant d’ingrédients qui viennent étoffer ces titres adressés au mélomanes. Une plongée abyssale sombre et fascinante qui prend du corps dans ses montées électro à saluer. Entrez dans ce rêve lucide, laissez vous prendre par la main. La beauté de ces titres  à fleur de peau laissera une emprunte indélébile sur son auditeur. Seyes vous invite à passer de l’autre côté du miroir où le reflet  sensitif proposé s’avère être aussi lumineux qu’instinctif.

 

Découvrez le clip de Beauty Dies

Sunshade

Sunshade nous vous en parlions déjà alors que sortait le premier extrait de son nouvel opus, le titre « Magic Kids ». En effet, les parisiens seront de retour dans les bacs en mai 2020 avec « Visage », leur troisième album. Pour patienter, les musiciens dévoileront le second extrait de cette galette « Flowers » le 9 mars. A pas de velours et avec la grâce à laquelle ils ont habitué leur audience, ils y distillent une pop enchanteresse, entraînante, enivrante et rayonnante. Le duo composé de Mathieu Rivalan et Jean-Christophe Valleran  sait devenir essentiel en quelques notes seulement. Découvrez cette douceur candide, retombez en enfance note après note, laissez vous bercer, laissez vous envelopper par leur candeur, sentez le soleil sur votre peau et re-découvrez la beauté du Printemps et tout ça, avec vos écouteurs sur les oreilles.

Découvrez le titre Magic Kids

Morgane Imbeaud

Si le nom de Morgane Imbeaud ne vous est pas familier, vous avez pourtant déjà entendu son précédent projet artistique: j’ai nommé le groupe à succès Cocoon. Pour son premier album solo, la chanteuse s’est exilée en Norvège. Au programme de cet opus, un voyage hivernal et apaisant dans un univers éternellement enneigé. En français et en anglais, la belle invite Jean-Louis Murat à l’écriture mais aussi Chris Garneau à poser sa voix sur des mélodies lancinantes qui passent de la folk à la pop en faisant quelques détours par la chanson. Aucun artifice électro ne vient troubler cette ballade dans la blancheur lumineuse de la poudreuse. Son titre d’ouverture « Au Nord » est l’illustration parfaite d’une galette sans demie-teinte, profondément émouvante qui pourrait vite devenir aussi culte que celles du groupe qui a fait la gloire de la chanteuse.

Découvrez le titre Au Nord

Silly Boy Blue

Si nous en parlons souvent, c’est qu’il y a une bonne raison: Silly Boy Blue a su prendre possession de notre cœur et ce alors qu’elle débutait en tant qu’Inouis du Printemps de Bourges 2019. Le jury a eu bien raison d’en faire sa lauréate. La jeune femme introvertie aux tenues mainstream se révèle être un véritable papillon majestueux une fois les projecteurs d’une salle braqués sur elle.  Son premier album, « But You Will » est publié en octobre 2018. Sans surprise, il s’avère être d’une beauté indicible. La musicienne qui se produit en solo a fait le tour des festivals pour prouver sa valeur, au MaMA, il était d’ailleurs impossible de mettre un pied dans un Backstage plein à craquer lorsqu’elle y jouait. Avec douceur, et une sincérité à fleur de peau la chanteuse convainc tant sur scène que sur album. Ses incroyables performances vocales sur des titres comme « Cecilia » ou « The Fight » sont autant de raison de tomber amoureux de sa musique. Si vous n’avez pas encore eu la chance de l’écouter voilà l’occasion de vous rattraper et si vous la connaissez déjà, refaites vous une écoute. On ne s’en lasse jamais.

Découvrez le clip de The Fight

 

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CAESARIA

Fan des grosses guitares et de rythmiques rock énergiques et déchaînées ?  CAESARIA est fait pour toi ! En effet les musiciens reviennent dans les bacs avec un troisième EP au mois de mars 2020 produit par Brett Shaw qui a notamment travaillé avec Foal et Mark Ronson ( rien que ça ). Voilà qui donne le ton. Au programme selon les principaux intéressés, deux mots d’ordre club et rock. Et pourquoi pas ? L’amour pour une scène britannique pêchue qui n’hésite pas à transcender les courants du rock pour les mélanger se fait sentir et ce dès le premier extrait de ce nouvel EP.

Intitulé « I Become a Beast », ce nouveau titre est, selon le groupe, un manifeste pour l’affranchissement, contre la soumission. Et voilà qui s’entend dans les notes tantôt acides, tantôt explosives de ce titre jusqu’au-boutiste. Obsédant et hypnotisant, porté par une ligne rythmique entêtante et calibrée, il s’immisce immédiatement en tête, évoque la liberté, l’envie de fuir les conventions, de pogoter, d’abandonner les apparences pour se laisser subjuguer. Un rock puissant qui manque au paysage musical actuel et aurait pu (dû ?) figurer sur la bande originale du Joker avec Joaquim Phoenix tant ses notes appellent à l’engrenage dans la folie.  On en sort grisé et si l’EP est fait du même bois il sera bien long d’attendre jusqu’à mars pour l’écouter dans son intégralité.

D’ici là il est possible de patienter en regardant en boucle le clip qui l’accompagne, ode survoltée à la folie sur fond noir. Une vidéo puissante à regarder sans plus attendre.

 

Premières annonces de dates – à vos agendas

 

Jeudi 9 avril au 1988 Live Club (Rennes)
Lundi 30 avril au Ferrailleur (Nantes)
… more to come …

 

 

Découvrez le clip d’ « I Become a Beast »

 

 

C’est souvent dans les lieux underground que se jouent les prochaines révélations musicales des années à venir. La Boule Noire fait partie de ces salles à l’atmosphère atypique, baignée dans la pénombre et l’intimité. Collée à la Cigale, elle est son côté démon, son penchant vers le vice et le sulfureux. Pendant que l’accès à la première se fait en montant, celle de la seconde nous entraîne vers les bas-fonds d’un nouveau monde.

N’exagérons tout de même pas, la Boule Noire n’est pas si vétuste ni secrète ! Nous ne sommes pas à New York. La salle est même plutôt en bonne forme, et toujours prête à accueillir les jeunes artistes au talent encore peu reconnu. Le groupe auquel elle a ouvert ses portes jeudi dernier se nomme SÜEÜR. Nous essayerons d’éviter tout jeu de mot que pourrait nous inspirer ce nom évocateur, d’ailleurs extrêmement bien trouvé. En pleine montée discrète, ce jeune groupe parisien est venu faire ses preuves lors d’une release party flamboyante. Leur premier projet, une mixtape de 9 titres, est aujourd’hui disponible. Une très belle réussite. A trois, ils redéfinissent les limites entre rock et rap, et participent à l’émergence d’un style frais, qui s’en balance des étiquettes, et qui n’a pas la patience d’essayer de plaire. C’est soit t’accroches, soit tu dégages.

CEYLON convaincant

Avant eux se produisait CEYLON, en première partie, un groupe toulousain formé par Louise Holt et Tristan Chevalier, mais composé en tout de cinq membres, et dont le premier album (LP) s’apprêtait à sortir le lendemain. Pour l’occasion, ils étaient invités à conquérir le public de la Boule Noire, venu pour un groupe au style relativement éloigné du leur. Ils s’en sont plutôt bien sortis. Passionnée, leur musique s’adonne à une diversité sonore maîtrisée. La chanteuse à la présence charismatique nous prend rapidement en otage, et partage avec nous sa fièvre corporelle. Les morceaux en deviennent entraînants. Un moment aussi bien plaisant que bienvenue avant l’intensité de SÜEÜR.

SÜEÜR en pleine forme

Sueur boule noire 2020

C’est maintenant au tour des trois garçons, qui font leur entrée sans se faire remarquer. Il faut dire qu’ils ne sont pas du genre à en faire des caisses pour se montrer. Obscurité, mystère et modestie, voilà leur ligne directrice. Le concert commence avec le premier morceau du projet « Quand la logique », un démarrage clair et suffisant pour nous donner le ton : une claque certaine nous attend. Théo Cholbi (le chanteur) est déjà au maximum de son envoûtement, avec une voix et un phrasé des plus percutants. Les musiciens derrière lui (Florian Serrain à la basse et Léo Goizet à la batterie) assurent tout autant, SÜEÜR se veut efficacement précis et impactant. L’art de leur musique réside dans leur capacité à défier les genres, sans s’inscrire dans aucun. Leurs textes nous confrontent à une poésie crachée avec plus ou moins d’élégance (cela dépend des chansons). Rien n’est jamais vain et inutile. L’impression première, celle d’un groupe sauvage à l’élan pulsionnel et bestial, dont le corps et la voix du chanteur serve de bouclier, laisse place à une image davantage intime et personnelle, encore plus pénétrante. Les variations de ton donnent force à la prestation. « Petit Jack » mise sur la retenue avant que « MTM (sur ma vie) » ne déverse sa folle puissance.

Une musique protéiforme impressionnante

Scotchés par le jeu de scène du chanteur, jamais dans l’excès, et toujours dans la sincérité, nous n’avons pas décroché une seule seconde. L’impossibilité de se saisir de l’identité de cette musique protéiforme joue en leur faveur, car la sensation de brouillard s’en voit décupler. On a du mal à poser des mots sur ce à quoi l’on assiste. On navigue parmi la modernité, influencée par les époques antérieures, et toujours dans la démonstration d’une singularité. Le ton grave de la voix, basculant du slam au chant puis au rap, constitue l’essence même de ce groupe dont la force réside dans cette particularité à enfreindre les règles tout en les respectant. Ainsi, SÜEÜR ne ressemble à rien d’autre autant qu’il nous rappelle beaucoup de choses. Les influences sont nombreuses, en particulier dans la sphère française, de Leo Ferré à Noir Désir, et participent au développement de cette musique passionnée.

Une reprise du premier rappeur français avant l’heure

Le groupe nous fait découvrir progressivement les morceaux de son premier album, sans baisse de régime. Tout bénéficie d’une force unique dégagée par la scène. Au milieu, ils interprètent leur reprise : « Thank you Satan » de Léo Ferré, le premier et meilleur rappeur français selon eux, ironisent-t-ils à moitié. En effet, le texte est d’une beauté fatale et facilement arrangeable façon rap. SÜEÜR en fait une puissante tirade énergique aux élans ténébreux, où le texte, mis en avant par la tenue en main d’un épais livre, s’en trouve revigoré et modernisé. Le refrain, appuyé par une basse rugueuse, est terriblement efficace. Non pas que cette version prétende dépasser la version de Ferré (ce n’est pas le but d’une reprise d’ailleurs), elle emmène le texte sur des terrains aventureux, et non moins intéressants. Un bel hommage. Comme quoi, SÜEÜR a plusieurs cordes à son arc pour nous séduire.

Le reste du concert est impeccablement maitrisé, avec un chanteur mis torse nu après que la chaleur étouffante ainsi que la sueur (désolé, promesse rompue…) dégagées se soient répandues dans toute la salle. « MTM (sur ma vie) » revient en rappel pour ne pas nous laisser partir sans avoir reçu un dernier coup de poing. Et quel coup ! SÜEÜR dans toute sa splendeur.

Marie-Pierre Arthur
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Le Québec sait dénicher les talents aux timbres éblouissants et aux textes joliment écrits.  Marie-Pierre Arthur est de ceux-là. Avec une voix puissante et cristalline, ainsi que des mélodies chansons aux accents jazzy rythmés, cette artiste signe en 2020 son grand retour en France.  Il aura fallu 5 ans d’attente suite à la sortie de son dernier opus « Si l’Aurore » pour découvrir son nouvel album « Des feux pour voir » à paraître le 17 avril 2020.

Cette native de la magnifique Gaspésie a déjà à son actif trois albums pour lesquels elle a parcouru les routes de la francophonie. Elle y a livré des interprétations à fleur de peau issues d’un répertoire terriblement attachant.

De retour avec deux nouveaux titres

Si avril semble encore être bien loin, il est déjà possible de découvrir non pas un mais deux extraits de cet album. « La Guerre » s’ouvre tout en douceur. Elle y met en valeur sa voix aérienne, y parle de déception amoureuse et n’hésite pas à s’aventurer sur les contrées de la pop, mélangeant les genres pour un résultat qui devrait séduire un (très) large public. Envolées lyriques et mise en abyme viennent sublimer le tableau.

De son côté « Tiens-moi mon cœur » propose une approche bien plus pêchue. Entraînant à souhait, le titre s’appuie sur une rythmique répétitive pour séduire et entrer naturellement en tête. Novateur et délicieusement rétro, cet extrait reflète à merveille une certaine scène francophone canadienne et son amour pour la chanson en français.

Puisqu’un morceau vaut mieux que mille mots, découvrez-les sans plus attendre:

 

Co-réalisé avec François Lafontaine (Galaxie) et Samuel Joly, ce nouvel album promet d’être un vent aussi frais que les hivers canadiens sur la chanson actuelle. Elle y abordera des thèmes personnels comme la famille, l’amour, la musique, l’amitié et le temps qui passe. En tournée canadienne jusqu’à l’été 2020, elle jouera notamment aux Francos de Montréal au mois de juin. En attendant une (on l’espère) tournée française.