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Julia Escudero

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Saint Frances: confidences entre femmes

Parler des femmes au cinéma en 2019, un sujet d’actualité me direz-vous? Peut-être et pourtant il y a encore beaucoup à dire sur la question de la femme et de sa représentation actuelle. Après des tentatives de les mettre à l’honneur, de les montrer sous les traits de super-héroïnes fortes ou de personnages badass voilà que débarque le fin et plaisant Saint Frances qui aborde le sujet avec un tout autre registre, celui de la comédie dramatique. On y suit les aventures de Bridget, 34 ans, serveuse paumée dans la vie qui voit tout son entourage avancer, là où elle, stagne sans vraiment avoir l’envie d’aller plus loin. Elle se voit confier la garde de Frances par ses deux mamans le temps d’un été alors qu’elle a recourt à une IVG. Cette parenthèse estivale permet à ces quatre femmes de créer des liens et d’exposer leurs forces et leurs faiblesses.

Le ton est donné dès les premières minutes, alors que l’héroïne est en opposition complète avec un homme expliquant qu’il préfèrerait se suicider que de n’avoir ni famille, ni carrière. Bridget, elle, est loin de ça. Loin d’aspirer à la stabilité demandée par la société, faisant pression sur les trentenaires, elle déambule sans but précis dans la vie. Saint Frances n’épargne alors plus rien au spectateur, réussissant le pari fou de maîtriser pleinement les émotions qu’il souhaite leur véhiculer. Les tabous sautent et on parle sans complexe et sans jugement aucun des règles, de l’IVG, du corps de la femme qui subit seule les désagrément qui suivent, de l’allaitement, de la dépression post-partum, du regard sur la religion, d’athéisme, de couples homosexuels. Pourtant et malgré la présence de tous ces éléments, le métrage est avant tout une comédie légère, d’une sympathie et d’une douceur plaisante. Les plaisanteries de la jeune Frances et ses bêtises, les gênes des protagonistes sont abordés avec bienveillance, rappelant aux femmes dans la salle que la perfection n’existe pas et qu’elles devraient parler plus librement des problématiques qui entourent ce corps fait pour procréer. Il est alors facile de se prendre d’affection pour chacune d’entre elles, de comprendre leurs ressentis et de se sentir accueilli(e)s dans leurs univers les bras ouverts. Les scènes émouvantes sont joliment écrites, on rit souvent, pas de ce rire gras qui cherche à séduire dans la plupart des comédies. Non, de celui que l’on peut avoir au détour d’une rue ou d’un moment du quotidien. Le métrage n’oublie pas pour autant de balancer ça et là quelques réflexions bien senties qui laissent une marque quant au rapport d’un homme impuissant face à une IVG, aux difficultés des jeunes mères ou aux bonnes et mauvaises raisons qui poussent à vouloir ou non le devenir. Une pause douceur plaisante et bien construite, pleine de sang et de pipis qu’on ne contrôle pas, vraie, accessible, à découvrir absolument.

A noter que le jury du festival est également tombé amoureux de ce film qui remporte le prix du public et le prix de la critique. 

réalisé par: Alex thompson avec: Kelly O’Sullyvan ( attendrissante Bridget mais également scénariste), Charin ALvarez ( Maya), Lily Mojekwu, Ramona Edith Williams ( la tumultueuse petite Frances) et Laura Fisher. 

L’angle mort : nous sommes tous invisibles

  Dans une France aux allures apocalyptiques, où l’obscurité de la nuit semble déteindre sur le jour, le monde tourne lentement. Entre existences monotones et quotidiens marqués par l’ennui et l’affaiblissement, les travaux pénibles et laborieux ainsi que les difficultés relationnelles gouvernent les hommes. Dominik Brassan, le héros ou plutôt anti héros du film, essaie de s’en sortir tant bien que mal à l’intérieur de cet univers inconfortable, avec ce que l’on pourrait imaginer être un avantage: le pouvoir d’invisibilité. Peu commun me direz-vous, et sûrement amusant ! Il doit en faire, des folies ! En réalité, ce pouvoir, loin d’être super comme dans certains films débiles et horriblement faux, est ici un lourd fardeau pour le personnage, qui ne sait pas vraiment quoi en faire, sinon se faire chier à… ne pas être là. La difficulté à utiliser sa capacité l’entraîne à ne le faire qu’occasionnellement, pour se cacher des autres ou au contraire, les espionner. Mis à part traîner nu (et oui, les vêtements ne se volatilisent pas eux) dans les couloirs de son immeuble, Dominick s’emmerde, et n’arrive pas à trouver un partenaire de vie pour égayer son existence, sinon cette mystérieuse voisine aveugle qui semble l’apercevoir même invisible. Vérité ou mirage ? Le film brouille les pistes, et questionne le spectateur sur la solitude, l’identité, l’amour et la quête de soi. Mieux que de se vanter auprès de tous de ce don extraordinaire, Dominick le garde pour lui et prend le contrepied des fantasmes et délires liés aux pouvoirs magiques, comme ont pu le faire avant lui la série « Misfits » ou le film « Chronicles ». Tout le monde l’est déjà un peu de toute manière, invisible, sur cette Terre. Entre penser l’être et l’être réellement, il n’y a qu’un pas.

  A la fois proche des personnages et très distante d’eux à certains moments, la caméra nous rappelle que nous ne sommes jamais très loin de disparaître nous aussi.Un beau travail sur le son a été effectué pour rendre audible cette atmosphère lourde et obscure. Sa réalisation originale et malicieuse, signée par le duo Patrick-Mario Bernard et Patrick Trividic, fait de « L’angle Mort » un cercle fermé duquel il est difficile de sortir sans avoir l’impression d’être soi-même avalés par l’invisibilité.

Océan par Océan : témoignage d’une transition

Océan que nous avons d’abord connu sous le nom d’Océane-Rose-Marie présentait ce lundi en séance spéciale du festival son film documentaire éponyme. Un film dans lequel il retrace sa transition « f to m », du genre féminin au genre masculin. Tout d’abord de manière terre-à-terre grâce aux rendez-vous médicaux mais aussi avec tout l’affect que cela implique grâce à de nombreuses conversations intimes avec ses proches : amis, soeurs et parents.

Ce film c’est avant tout la volonté d’ouvrir la voie à un cinéma qui parle librement de la communauté LGBTQI+. Il s’est affirmé comme une nécessité pour l’acteur-réalisateur lorsqu’il propose un scénario de comédie sur un transgenre enceint à ses producteurs. Ils le refusent catégoriquement. Un choix que l’on regrette parce qu’on le sait, les comédies sont le meilleur moyen de toucher le grand public. Même si elles ont moins de valeur informatives qu’un documentaire, elles ont plus de chance d’être vues.

Mais un documentaire, c’est une autre façon de s’adresser au public. Océan met de côté sa pudeur et va chercher au plus profond de sa sincérité, ne cache rien: les étapes de sa transition, ses doutes jusqu’à la violence des mots de ses proches. Il ne cache rien non plus de l’agacement face à ses amis qui se trompent sur le pronom à employer, des actes banalisés qui ne sont pas sans conséquences sur les personnes transgenres.

Le film est à la fois une proposition de savoir vivre ensemble et un témoignage pour mieux comprendre ces transitions dont on parle encore trop peu. Le film qui réunit les épisodes déjà disponibles sur France TV Slash sortira en octobre dans les salles de cinéma alors allez-y, nous avons encore beaucoup à apprendre !

Texte: Philippine Berda, Léonard Pottier, Julia Escudero

 

 

Les baby rockeurs de Last Train ont bien grandi. Depuis l’excellent « Weathering », le groupe à qui l’on doit le culte « Way Out » et le sublime « Fire » ( à écouter en boucles) n’a pas chaumé. Les inséparables copains ont profité d’une période sans tournées pour poursuivre dans le milieu de la musique. D’ailleurs le charismatique chanteur du groupe, Jean-Noël Scherrer s’est essayé à la production en associant sa société Cold Fame à Wild Valley et Deaf Rock pour rassembler les meilleurs dénicheurs de talents rock français sous une seule structure, Constellation. S’il est facile de se régaler en écoutant les artistes soutenus par cette équipe qui assure à la production, à l’édition et à la promotion, les guitares saturées de Last Train venaient à manquer.

Et bien plus pour longtemps! Le 3 mai, le quatuor publiait « The Idea of someone ». Mélodiquement plus posé que ce à quoi la troupe nous avait habitué, le titre ne manque pas de profondeur. Envoûtant à souhaits, associant la pop et le rock, prenant, ensorcelant, cet extrait qui fait la part belle à la guitare n’hésite pas à prendre de l’ampleur sur son dernier tiers. Last Train promet avoir pris le temps de mûrir pour son second opus et c’est bien la direction que semble pointer ce nouveau titre. La totalité de « The Big Picture », tournant dans le vie musicale des lyonnais, se dévoilera au mois de septembre 2019. Et si l’on en croit les goûts de nos acolytes, les arrangements électroniques devraient en être bannis au profit d’un véritable travail sur les instruments.

Un tournée en 2019!

Puisqu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, Last Train en a profité pour annoncer ses premières dates de tournée.  The Big Picture Tour posera ses valises au Trianon de Paris le 6 novembre 2019. Une tournée qui débute dès le mois de juin et traversera la France à commencer par Amiens le 23 juin avant de passer notamment par Tours le 2 juillet, Brest le 15 août, Cannes le 22 août, Lyon le 19 août, Lille le 10 octobre, Nantes le 16 octobre, Rouen le 18 octobre, Bordeaux le 24 octobre, Toulouse le 26 octobre, Grenoble le 7 novembre et même une date londonienne le 13 novembre. Tout un programme à découvrir en intégralité sur le site de Last Train.

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En attendant de les retrouver sur scène et histoire de mettre l’attente entre parenthèses quelques minutes durant, découvrez sans plus attente « The Idea of Someone » ainsi que la pochette de cette nouvelle pépite.

The Kooks Zenith 2019

Ils étaient attendus. Et pour cause, The Kooks signaient un grand retour sur les ondes avec un nouvel opus « Let’s go sunshine » à l’été 2018 promettant un retour scénique parisien au mois d’avril 2019.

Ce samedi 6 avril, les fans de Luke Pritchard et sa troupe sont venus en masse au Zénith pour applaudir la formation. A tel point que le concert se joue à guichets fermés. Un exploit quand on pense que c’est bien la première fois que les rockeurs se frottent à une si grande scène dans l’Hexagone. Dans la foule on croise des vingtenaires comme des trentenaires lookés, venant de Paris, de toute la France mais aussi de nombreux pays étrangers et espérant vivre un beau moment de live. Il ne seront pas déçus.

Un décors sobre les attend, composé d’un escalier lumineux sur lequel trône la batterie estampillée The Kooks. Il est 21 heures quand le groupe monte sur scène. Pas une minute à perdre, le combo balance d’entrée les première notes du culte « Always where I need to be ». Si en temps normal, la fosse se chauffe plus vite que les gradins, il n’en est rien ce soir. la totalité de la salle s’enflamme à peine les premières notes chantées.  « Sofa song » suit. Le leader de la formation prend entièrement possession de la scène, il sautille, danse, prend la guitare et chante sans jamais oublier de parler avec son audience.  » Sofa’s song » et « Eddie gun » suivent.  » On va jouer de vieux morceaux mais aussi des nouveaux » prévient-il.

 

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Depuis qu’il a joué aux côté de Mick Jagger, Pritchard lui vole quelques mimiques. Son déhanché, sa façon bestiale d’arpenter une scène. The Kooks a gagné en maturité tout en conservant son énergie rock. Le show, diablement efficace, ne laisse pas de répit au public qui danse volontiers et chante toujours. Puisqu’au delà des capacités de performers indéniables du groupe se cache surtout une véritable communauté, fédérée depuis bien longtemps. The kooks sent bon les souvenirs d’adolescence. Les amours qui semblent durer pour toujours, la routine instaurée par le lycée, les premières soirées, les bières et les gueules de bois qui ne pointent jamais le bout de leur nez. Avec cette fraîcheur des débuts, alors que le slim et le perfecto étaient ce qui se faisait de plus à la mode, le groupe n’a pas pris une ride. loin du show statique d’un live raccord à la note prêt à la version album, le groupe se laisse le droit d’exister sur scène, de sonner différemment. On s’amuse volontiers, et les minutes défilent à tout vitesse. le chanteur échange un temps sa guitare contre un clavier et la setlist s’étoffe:  » She moves in her own way », « Four leaves clover », l’excellent  » The ooh la » qui rappelle à tous ceux qui ont pu l’expérimenter avec l’âge que le monde peut te mâcher et te cracher malgré ton joli manteau. « Pamela », « No Longer » et « Jackie big tits » sont également de la partie.

 

Qu’il serait alors bon de pouvoir arrêter le temps dans cette bonne ambiance, où les franges et les bières sont nombreuses. Viens pourtant le temps des derniers morceaux.  » Do you wanna make love to me? » demande en musique le héros de la soirée. Celles qui ont pu un jour avoir eu l’envie de répondre « oui » ont alors éternellement 18 ans. Il est bien là, le secret de la vie éternelle. Dans un bon morceau de musique de ceux qui ne passent pas de mode, qui ont su unir.

The Kooks invite à allumer la torche des portable le temps d’une ballade en mer sur l’excellent « Seaside ». Le Zénith devient une constellation. Et puis vient le tour du « dernier morceau »: « Junk of the Heart (Happy) ». Histoire de donner raison à la parenthèse du titre, le groupe revient pour un court rappel.

« No Pressure » signe ce retour et est suivi des traditionnels remerciements que l’on peut entendre en live. et pour ce qui est du grand final « Je pense que vous avez deviné » s’amuse le chanteur. C’est bien « Naive » qui conclut la soirée. Les lumières se rallument et pourtant en quittant la salle, le public ne semble pas prêt à repartir pour un nouveau tour de métro, boulot, dodo et autres routines adultes. Alors pour s’en prémunir, de petits groupes sur le chemin qui mène aux transports et même dans le métro continuent de chanter sans fin les morceaux cultes d’une formation qui a laissé une empreinte et continue avec ses nouveaux titres à convaincre ceux et celles qui avec leurs jolis manteaux arpentent les rues du monde, en ayant pu profiter, le temps d’une soirée, d’une bouffée de naïveté salvatrice.