Author

Julia Escudero

Browsing

Quand on le rencontre, Jaune se décrit avec un grand sourire comme un artiste lunaire. La faute peut-être à l’éloge qui lui est réservée dans la presse et qui le répète inlassablement. Loin de pouvoir pourtant se décrire en un seul mot, la musique du batteur Jean Thévenin est bourrée de qualité: arrangements parfaitement maîtrisés, rythmiques joliment posées, mélodies bien faites qui savent entrer dans la tête tout en y ajoutant une touche de créativité fort à propos. Le musicien et homme de l’ombre du fleuron de la pop française de François and the Atlas Mountain à Petit Fantôme, s’offrait ses premiers pas en tant que chanteur en 2016 avec La Souterraine. 

Le 18 janvier 2019, le musicien revenait avec un nouvel EP La Promesse, qui s’y l’on en croit son communiqué de presse a été entièrement composé sur un piano désaccordé. Celui qui tournait avec François and the Atlas Mountain y propose 5 titres inspirés qui s’enchaînent avec une belle cohésion. De Buenos Aires à la perte d’un ami tout comme la maladie d’Alzheimer de son père, Jaune puise son inspiration dans sa vie, ses souvenirs et n’hésite pas à aborder des thématiques très fortes.

Le 6 février, il vous invite à sa release party au Hasard Ludique, à Paris.

Pour le seconder, David Numwami s’offrira un passage scénique. Celui qui a notamment travaillé aux côté de Charlotte Gainsbourg ouvrira la soirée grâce à ses jolies compositions pop expérimentale.

Bonus du Hasard Ludique: les happy hours sont programmées jusqu’à 20 heures et on peut déguster un cocktail moderne en grignotant une cuisine maison. Si cette information parait secondaire, elle ne l’est pas tant que ça en concert.

Les préventes pour le concert de Jaune sont encore disponibles pour seulement 10 euros. Pour ce prix là, laissez vous aller à la découverte, promis très bientôt, il faudra compter beaucoup plus pour le voir jouer dans les plus grandes salles françaises.

Pour écouter l’EP c’est par ici que ça se passe.

sinon tu peux aussi découvrir nos artistes féminines chouchoutes ici.

Envie de plus de découvertes? Viens écouter Pâle Regard sinon tu peux aussi découvrir nos artistes féminines chouchoutes ici.

C’était annoncé depuis un moment, Netflix avait racheté les droits de la série « You », petit bijoux avec Penn Badgley que l’on connait pour avoir interprété Dan dans la série Gossip Girl. Un tel nom à l’affiche pouvait promettre un nouveau show pour midinette éprises d’histoires d’amour complexes et de mélodrames tirés par les cheveux. Il n’en est rien tant « You » est un objet à part dans l’univers du petit écran. Une romance dérangeante portée par un héro stalker et son obsession pour son héroïne, Beck interprétée par Elisabeth Lail.

You la non romance plus romantique que ce qu’on nous sert habituellement

You beck joe peach

A en juger par la bande-annonce, à se laisser conseiller par les ouï-dire actuels « You », pourrait bien être une nouvelle série banale qui joue le jeu du suspens et du mychtère parce qu’il parait que c’est tendance. Est-ce cliché ? La partie concernant la psychopathie de Joe (Penn Badgley) ne serait-elle qu’une douille? Un peu comme les choix multiple dans le dernier épisode de Black Mirror ? Point du tout! « You » obsède dès ses premières minutes. Pourquoi donc? Parce que la série arrive à faire aimer son personnage principal, son stalker et à justifier ses actions injustifiables. Dès les premiers instants, Joe, propriétaire d’une petite librairie new-yorkaise tombe sous le charme de Guenevere Beck, jolie blonde au sourire ravageur et à l’esprit bien fait. Si le cinéma s’est souvent employé à nous faire aimer son héroïne, la voir dans le regard de Joe et ce grâce à un narrateur en voix off, accentue ce fait. A ses yeux, l’imparfaite Beck devient parfaite, ses doutes, ses peurs, ne sont que des éléments positifs: Joe pourra la rassurer, il saura prendre soin d’elle. Chacune des pensées de notre anti-héro son adressés à sa belle, il lui décrit ses sentiments, explique et justifie ses actions même les moins justifiables. Il la stalke et peut-être que dans un monde où il est de bon ton de fouiller les Facebook et Instagram de tout le monde, sa démarche parait moins lourde, moins étrange qu’elle ne devrait l’être. Peut-être aussi que si Joe est un sociopathe bien écrit, Dan son personnage de Gossip Girl, qui a quand même crée un site pour espionner Serena n’en était pas moins un.

 

2019 et les années qui la précède ne sont pas des années romantiques. Exit les belles love stories pleines de miel sur nos petits écrans, pour vendre une histoire d’amour il faut qu’elle soit sur fond d’intrigues plus globales. Si la recherche du fan qui shipera le couple élu doit bien traverser la tête de nos chers scénaristes, c’est bien ceux de « You » qui s’en sortent le mieux. A tel point qu’ils créent le couple idéal, le petit ami idéal. Même en observant les dérives du petit-ami stalker, dérangé, violent, meurtrier, le spectateur se retrouve régulièrement à mettre de côté les scènes qu’il vient d’observer pour mieux se focaliser sur les attentions de l’homme amoureux et de sa dulcinée. A tel point que Penn Badgley lui-même a dû prendre les devant et rappeler via Twitter aux fans de la série que Joe n’est pas le petit-ami idéal du tout, non bien au contraire. Difficile pourtant de ne pas fondre devant le everythingship et le gâteau scrabble. C’est un tour de force incroyable que nous offre « You ». L’envie que celui qui devrait être « le méchant » de la série s’en sorte, et ce malgré toutes ces mauvaises actions.

Le jeu de miroir avec son jeune voisin, Paco n’est sûrement pas étranger au phénomène. Même s’il est facile d’occulter les mauvaises actions de Joe en raison de toute l’attention qu’il porte à Beck, sa faculté à prendre soin du garçon qui habite au dessus lui apporte une touche d’humanité en plus.  Puisque le personnage de Penn Badgley se révèle être une figure paternelle bienveillante et au petit soin pour celui dont la mère alcoolique et droguée est en plus battue par son compagnon. Outre cet aspect bienveillant du personnage, Paco met en lumière le passé de Joe. Lui aussi a souffert, lui aussi a été abandonné. Tous ces faits constituent des circonstances atténuantes pour notre anti-héro. Le public alors, prompt à pardonner ses excès éprouve alors une compassion sans fin pour lui. Paco dérive et se noie dans la perdition de sa mère. Joe a vécu la même chose. Le public ressent la douleur et la couleur de Paco puisqu’elle nous est montrée à l’écran et imagine volontiers accorder la même dose d’empathie à un personnage devenu adulte mais n’ayant pas appris la frontière entre le bien et le mal. Il n’est ni Barbe Bleue, ni le grand méchant loup et si la capacité à commettre le pire n’est pas innée, alors il est sauvable.

A l’air post « Me too », You reste-t-elle pertinente?

You: Beck et Joe

L’année précédente a été moteur d’un énorme travail sur le féminisme. A travers lui, on a enfin pris le temps d’expliquer qu’une femme n’est pas une petite chose fragile qu’il faut sauver et qu’un couple pertinent s’appuie sur un consentement mutuel. Que dit alors un show qui fait l’apologie d’un personnage qui décide que cette relation doit exister et qui contrôle les faits et gestes de sa compagne? Probablement qu’il pourrait être le méchant ultime de l’année 2019. Un savant manipulateur qui sous couvert de vouloir le bien de l’objet de son affection se permet de prendre les décisions pour elle. La fiction pourtant ne peut et ne doit pas avoir dans tous les cas un rôle d’éducation, même en se situant dans son époque, même en prenant en compte son contexte social, une fiction reste une fiction, elle a pour but de divertir. « American Psycho » n’a jamais dit qu’il serait bon de massacrer ses collègues à la hache en son temps, « Grave » ne fait l’apologie du cannibalisme pas plus que « Le Silence des agneaux ».

Apprendre à aimer le personnage dérangé et qui agit mal ne doit pas pousser à cautionner toutes ses actions. Et bien au contraire, la romance de « You » peut être un révélateur, un miroir de ce qu’est une relation malsaine. Elle peut pousser à s’interroger sur les dérives de la jalousie, du besoin de possession et de l’impression de faire pour l’autre ce que l’on fait en réalité pour soit.

Beck, un personnage fort bien écrit

Beck dans la série You netflix

Si la toile entière semble être tombée sous le charme de Joe, Beck elle déplait. Apparemment mieux vaut être un sociopathe romantique aux « bonnes intentions », qu’une artiste perdue. Et pourtant, la jeune-femme est un personnage complexe et fort bien écrit. Loin de la jeune-fille parfaite, Beck traîne son lot d’incertitudes et de doutes. Elle se cherche en tant qu’artiste et qu’écrivaine, doutant de ses compétences, de ses facultés à créer, rebroussant chemin, ne sachant s’accorder le droit à être heureuse. Comme beaucoup, elle se cherche à travers les autres pour exister. Attachante, entière et réfléchie, elle s’inscrit comme un personnage réel en quête d’elle-même et d’une réussite qui lui permettrait de s’affirmer.

A noter, que, comme son petit-ami dérangé, elle joue aussi à la stalkeuse amateure lorsqu’elle même cherche à en apprendre plus sur certains éléments de la vie de Joe. Miroir, mon beau miroir, dis moi qui ne s’amuse pas à espionner l’être aimé?

Une saison 2 prévue et probablement casse-gueule

Une deuxième saison de « You » est déjà programmée sur Netflix, son tournage et sa date de diffusion n’ont pas encore été révélé.

Pourtant quelques informations ont déjà fuitées sur son contenu. Candace et Joe seront bien sûr de la partie alors que Peach ( Shay Mitchell) et Beck pourraient bien revenir sous forme de flash back. Paco (Luca Padovan), le jeune voisin du tueur et le Docteur Nicky ( John Stamos- aussi connu pour avoir campé les traits du très cool oncle Jessy dans « La fête à la maison ») devraient aussi être de retour.

Si l’on se base sur le second roman de Caroline Kepnes, l’auteure du livre qui a inspiré la série, cette seconde partie devrait se dérouler à Los Angeles, ville que Joe déteste. Le protagoniste a en effet été contraint de quitter New York pour tenter de retrouver une vie normale, sauf que ses tendances obsessionnelles le rattrape.

SPOILERS ALERT: s’il est difficile et peu déontologique de juger d’un objet qui n’est pas encore sorti, la suite de « You » crée néanmoins de belles frayeurs me concernant. L’absence de Beck, du couple qu’on prenait plaisir à suivre et le risque d’une répétition ( nouvelle obsession sur Candace ou sur une autre femme) risquent de peser lourd dans la balance. A l’instar d’un « 13 reasons why » qui a perdu de sa superbe au court de sa saison 2, ou dans « Prison Break » qui est complètement parti en sucette lors de sa saison 3, « You » va devoir marcher sur des œufs pour éviter de sentir le concept étiré pour raisons financières. La présence d’une suite pensée par l’auteure tend quand même à rassurer sur cette suite, à condition que les scénaristes sachent s’arrêter à temps. Réponse d’ici quelques mois….

Dirty Deep, fierté françaises aux sonorités blues rock qui sentent bon le Mississippi est de retour avec un nouvel opus « Tillandsia ». Une pépite à écouter d’urgence. La tornade , à voir en live, a déjà fait ses preuves en ouvrant pour Johnny Hallyday et en s’offrant une tournée sudiste outre-atlantique. Ces bêtes de scène ont accepté de répondre aux questions de Pop & Shot , de parler blues, revendication, live et de dévoiler les coulisses de ce dernier opus.  Interview.
dirtydeep boule noire 2018 
Comment décririez-vous votre nouvel album « Tillandsia »?
Cet album c’est le résultat de 3 ans de tournée en Europe et en Amérique, et c’est un disque qu’on a eu le temps de bien préparer ! On s’est mis autour d’une table et chacun a écrit ce qu’il voulait faire pour cette suite. Et on voulait un album qui ratisse assez large dans tout ce qui fait la musique « blues » comme on l’aime et comme on la conçoit, sans s’en éloigner trop non plus. Et on est assez fiers du résultat !
Le premier EP du groupe « Wrong way – I’m Going Home » avait été enregistré dans votre petit studio, le premier album « Back To The Roots  » dans une cave, quel regard portez-vous aujourd’hui sur ces premiers pas ?
On assume tout à fait les débuts du projet, où Victor était tout seul et venait de débuter la musique depuis à peine quelques mois, et qui est beaucoup plus « brut de décoffrage » avec une énergie et une fraîcheur vraiment cool, mais on est quand même très contents d’avoir évolué vers des choses plus diverses et approfondies.
 En comparaison comment s’est passée la création de ce nouvel opus aidé par Deaf Rock Records ?
On peut dire que c’est la première fois qu’on peut faire un disque dans des conditions aussi bonnes, en prenant le temps nécessaire pour l’écrire, le préparer et l’enregistrer… On a pu choisir notre manière de travailler sur des conditions purement esthétiques, en travaillant avec notre ami Rémi Gettliffe dans son studio White Bat Recorders. On a bossé en faisant des prises « live », tous en même temps, et sur bandes magnétiques pour avoir ce côté vivant et chaleureux, et avec Jim Jones à la production qui nous a bien aiguillés avec sa grande culture musicale, et nous a aidés à obtenir le côté un peu « sale » qu’on voulait pour cet album.
Vous avez 300 concerts en France à votre actif. Après toutes ces scènes comment appréhende-t-on le live et surtout comment faire pour garder une touche de spontanéité et ne pas en faire un objet trop rodé ?
Alors le premier point, c’est qu’on est des supers potes, on a une relation très proche voire familiale, et qu’on est toujours super contents de faire de la musique ensemble ! Il y a aussi le fait qu’on ne répète jamais, ce qui aide à rester un peu à l’affût, et nous amène à improviser souvent… Et surtout, SURTOUT, y a le public. On ne fait pas que jouer nos morceaux, on les partage avec des gens, on fait un peu les idiots, on fait le show. On n’est pas que là pour faire de la musique, on est là aussi pour s’amuser et « divertir » les gens qui viennent nous voir et on adore ça. Et quand on voit que les gens passent une bonne soirée avec nous, ça nous booste aussi dans un magnifique cercle vertueux de la fête et du rock’n’roll !
dirty deep boule noire 2018
Parmi ces dates, vous avez fait la première partie de Johnny Hallyday. Comment était cette expérience ? A quoi ressemblaient les coulisses d’un concert de Johnny ? Son décès vous a-t-il donner envie de reprendre ses titres?
Il faut tout d’abord préciser que Geo notre batteur est un gros fan de Johnny depuis son enfance, et que donc ce moment avait une résonance particulière pour lui, et on était très contents de pouvoir partager ça avec lui. Ça s’est super bien passé, en fait. On avait un peu peur que les fans, présents pour certains depuis le matin, n’aient pas trop la patience de nous écouter avant le « patron », mais c’était tout le contraire, ils étaient chauds comme la braise et ont tapé dans les mains dès les premières notes de notre set !
Pour les coulisses, c’est évidemment un dispositif énorme, et même si on n’a pas pu rencontrer Johnny lui même, on a sympathisé avec ses musiciens, notamment Yarol avec qui on s’entend très bien et qu’on a revu plusieurs fois par la suite ! Et on a déjà enregistré une reprise de « toute la musique que j’aime » pour une compilation sortie après son décès, et qui est trouvable sur Youtube.
Avez-vous des rituels avant et après un concert ?
Rien de spécial à part un câlin collectif juste avant de monter sur scène !
Vous avez tourné dans le Mississipi, que retenez-vous de cette expérience ? Est-ce un peu l’illustration visuelle de votre musique ?
C’est en partie l’illustration visuelle de notre musique, oui, mais pas que. On a des influences qui viennent majoritairement des USA, avec le Mississippi, la Louisiane, etc. mais aussi de l’Afrique, l’Angleterre…  En tout cas, tourner dans le Mississippi ça nous a fait énormément de bien, de voir le berceau du blues, de rencontrer les gens de là bas, voir comment on y joue cette musique de nos jours, c’était une belle leçon.
D’ailleurs d’où vous vient cet amour pour le blues / rock ? 
Le rock, on est tombés dedans quand on était petits ! Geo via Johnny quand il était gamin, Adam par les disques du frangin/tonton etc., Victor était un gros fan de Nirvana… Et à partir de là, la curiosité te fait obligatoirement remonter l’arbre généalogique vers le blues. C’est les vraies racines de presque tout ce qui se fait dans la famille élargie du « rock » !
Vous mélangez ces deux styles sans adopter l’aspect traditionaliste du premier, comment cela est-il reçu par les pros et le public ?
Le blues originel n’est au final pas si éloigné de l’aspect révolté et énervé de la plupart des courants qui se sont voulus « alternatifs » depuis lors, comme le rock’n’roll, le punk ou le hip hop, par exemple. Ça reste des gens qui ont envie de crier les choses qu’ils ont sur le cœur en musique. Ce n’est que bien après que la scène blues est devenue aussi codifiée, et elle est peut être un peu trop lisse et polie par rapport à l’image que nous nous faisons du blues. Donc ça coince peut être un peu parfois du côté des « puristes », mais il y a aussi plein de gens qui sont ouverts à ça, que ça soit chez les pros, et encore plus chez le public qui a tendance à moins se poser ces questions d’étiquettes et de tradition.
Le blues, est un courant social avec une très riche histoire, qui permettait à ses musiciens d’exprimer leurs déboires et leurs souffrances. Y-a-t-il aujourd’hui des sujets actuels qui vous touchent particulièrement?
Évidemment, il y a plein de choses qui nous interpellent autour de nous, surtout en ce moment où nous avons le sentiment que tout part un peu en vrille… Les inégalités raciales et sociales déjà à la base du blues sont malheureusement toujours d’actualité, et on peut y rajouter les préoccupations environnementales qui nous touchent particulièrement, nous et les gens qui nous entourent. Mais nous ne sommes pas les mieux placés pour développer ces sujets préoccupants alors on va laisser ça à ceux qui les maîtrisent mieux et essayer de faire ce qu’on peut de notre côté pour ne pas que ça empire, et continuer à apporter humblement un peu de bonheur autour de nous avec notre musique.
Le hip hop prend le pas sur le rock aujourd’hui, pourtant ce dernier garde d’excellents artistes. Quels sont vos derniers coups de cœur rock ?
En vrai on adore le hip hop, ça vient du même arbre (cf question précédente)… En vrac le dernier Bodycount (le bel enfant de Papa Rock et Maman Hip Hop), Quaker City Night Hawks, Reignwolf, Alabama Shakes, et dans nos potes on a Freez (du pur Hip hop de Strasbourg), ou encore T/O… Impossible de tous les nommer !
dirty deep boule noire 2018
Merci à Virginie Bellavoir et Deaf Rock Records.

romans after film 2018

Tout d’abord, place au direct, place à l’information. Les nombreux fans du roman After signé Ana Todd peuvent enfin souffler. Après des mois d’attente, un suspens sans fin quant à qui interprètera Hardin, voilà qu’enfin est dévoilée la toute première bande annonce de l’adaptation cinématographique de la série de romans.

Le 12 avril 2019, Hardin et Tessa prendront vie sur grand écran grâce au traits d’Hero Fiennes Tiffin et de Josehpine Langford qui n’est autre que la sœur de Katherine Langford que vous connaissez pour son rôle dans la série 13 Reasons why.

After c’est l’histoire, relativement classique, convenons-en, de Tessa jeune fille bien sous tout rapports qui débarque à l’université pour sa première année d’études. Grâce à sa colocataire rebelle (et fan de rock puisqu’elle a les cheveux rouges), elle rencontre le beau, dangereux et impulsif Hardin. Leur histoire d’amour tumultueuse va tout changer pour elle… comme pour lui.

Voilà, c’est cette histoire qui est racontée 5 tomes durant avec de nombreux rebondissements plus ou moins bien écrits mais toujours mettant en opposition un amour passionnel, un sale caractère et un sombre passé. A cela, il faut ajouter, pour ceux qui découvrent l’existence d’After que l’auteure des romans s’est inspirée pour créer ses personnages, des membres de One Directions, Hardin étant… Harry Styles. Hardin/ Harry voilà hein. Cette anecdote pourrait si vous êtes un connaisseur, vous rappeler 50 Shades of Grey qui était aussi une fan fiction mais de Twilight cette fois. Pour refaire le clin d’œil Christian c’est Edward, Ana c’est Bella et bon mettez une photo de l’acteur qui joue Carlisle dans Twilight et celui qui joue le père de Christian dans 50 Shades of Grey et dites moi si vous ne trouvez pas un certain air de ressemblance.

Bref avant d’entrer dans le cœur de notre propos, découvrez la bande-annonce du film très attendu:

[divider style= »solid » color= »#eeeeee » width= »1px »]

Plaisirs coupables littéraires, véritables plaisir même pas coupable pour d’autres, on en parle?

Les Arlequins, voilà l’ancêtre des livres à succès qui ont fleuri ces dernières années mettant en scène des histoire d’amour tumultueuses et passionnées. Les fameuses ménagères ( le vilain mot) les lisaient pour s’échapper de leur train train ou du moins c’est la vision qu’en avait le reste du monde. Seulement voilà, l’arrivée de Twilight a tout bouleversé. Il a en effet rappelé, bien après que les séries mélodramatiques type « Beverly Hills » aient déjà fait le boulot que les adolescent(e)s étaient les premièr(e)s consommateurs (trices) de ce types d’aventures. Pas besoin de revenir sur le phénomène Twilight que tout le monde a vécu, avant d’en rire à gorge déployée, moquant les fans assidus de la saga qui ne demandaient qu’à rêvasser à une histoire d’amour avec un vampire. Enfin, un mec mort quoi qui plus est un puceau de 120 ans. Oui c’est dans les livres, non, je n’invente pas. Parce que ces livres et ces films, je les ai lu et vu. D’abord pour leur facilité d’accès puis aussi parce qu’on se prend au jeu, ayant envie d’avancer dans cette histoire et enfin parce que c’est amusant. Amusant de voir tous les points faibles d’une histoire qui pourtant pourrait être bien mieux. Comme par exemple pourquoi Edward et Bella n’ont-ils aucun sujet de conversation en dehors du fait qu’ils s’aiment et se mettent en danger? Ou pourquoi une fille doit-elle se marier et devenir mère à 17 ans pour prouver son amour? Qu’est ce qui peut bien faire croire à l’auteure qu’un bouquin supposé parler de mise en danger peut (attention spoiler) ne jamais sacrifier un seul de ses personnages et continuer à garder la notion de danger? Amusant aussi de se laisser prendre dans l’histoire, de lire sans faire d’efforts, le monde est compliqué, l’art est sublime et complexe. Il faut se frotter à tout ça mais quand tout ça est de trop, l’histoire la plus basique, comme celle que proposait Twilight fait du bien au cerveau, est facile à critiquer et à analyser. Malgré son style littéraire très limité (ceci est un mot doux), les réactions de ses personnages parfois absolument what the fuck, ses tendances mormones qui se font sentir dans la lecture, Stéphanie Meyer a fait le boulot. Elle a fait rêver son lectorat et a su créer ce délicieux plaisir coupable, celui qu’on aime voir pour de vrai et dont on aime aussi se moquer avec délectation. Comme un bon nanar de requins en somme, dont vous trouverez quelques exemples à voir ici,  toujours diablement efficace.

De là est né, un phénomène espéré et logique. Le rappel qu’une bonne histoire d’amour- impossible de préférence- avait toujours un énorme succès…

Fan Fiction, l’évolution du genre

50 shades of grey
Anastasia dans tous ses états… comme toujours

Si beaucoup d’ouvrages adressés à un public adolescent ont alors vu le jour, que les dystopies à la Hunger Games ont aussi gagné du terrain, que des séries/ films comme Vampire Diaries, The Originals, Shadow Hunters ou encore Sublime Créatures naissent des suites de ça et rencontre le grand succès qu’on leur connait, ils ne sont pas les seuls à découler de l’engouement Twilight. Non puisque survint un nouveau phénomène encore plus fort que son prédécesseur : 50 Shades of Grey, écrit donc, si vous avez suivi par une fan de la saga mettant en scène le vampire amoureux et sa maladroite petite amie.

En effet, grâce à l’air Internet, les fans du Monde entier, cherchant à approfondir les histoires des héros qui les avaient fait rêver, ou des artistes qu’ils adulent, se sont donnés rendez-vous sur des sites et formes dédiés, pour partager les histoires qu’ils pouvaient leurs inventer. Parfois pour donner vie à des histoires bien loin de la trame d’origine des matériaux existants existants, parfois aussi pour ajouter des scènes d’amour qu’ils auraient souhaité qu’on leur montre, parfois pour créer des couples ou leur faire vivre des scènes d’amour épiques ou pour creuser leur sexualité. Tout dépend de l’auteur des lignes. Certains d’ailleurs profitant d’une très belle plume, d’autres moins. C’est sur un forum que l’auteure EL James a pu apporter sa vision d’Edward et de Bella.

Ce que 50 Shades of Grey apportait cette fois, c’était la réponse universelle à cette question. Qu’est ce qui manque à Twilight? Le style? Des enjeux? Moins de clichés? Une connaissance du monde des vampires? NON, non! Du sexe enfin! Du sexe sauvage, incluant des fessées et surtout beaucoup de « je t’aime » « moi aussi » bref du danger dans une salle qui coûte une fortune, la red room. Rencontrant un certain succès face à son idée mais ben obligée de changer les noms de ses héros pour pouvoir aller plus loin, voilà qu’elle crée une histoire différente avec de nouveaux protagonistes. Sauf que bon, si o y regarde de près on sait tous qui est supposé être qui.

Intriguée par le bouche à oreille qui découlait de ces livres, j’ai tenté de les lire avec bienveillance, mais le coup de la déesse intérieure, les scènes du « si seulement il m’aimait », « Ana je t’aime », « Pourquoi ne m’aime-t-il pas? » ont fini par avoir raison de moi. Le deuxième tome a été insurmontable et insurmonté d’ailleurs. Pas les films, puisque s’ils faisaient rêver certaines personnes et après tout pourquoi pas? Changer un conjoint non docile en un gentil agneau et en profiter pour vivre une vie de princesse fait rêver les cœurs romantiques, il n’y as pas de mal ça. Pour d’autres, c’était l’occasion de regarder ce gros plaisir coupable en bande et de rigoler franchement de ces aberrations. Le deuxième film, à jamais dans mon cœur, profitait d’un lot de scènes tellement surréalistes qu’il devenait la meilleure comédie involontaire de l’année. Et haut la main. La scène de l’hélicoptère est un chef d’œuvre à elle seule. On n’avait rien vu d’aussi absurde en terme de mélodrame depuis l’excellente série qu’était « Sunset Beach ». Tout dedans sent le fan service, la mère qui ne veut pas que son fils meurt pour rentrer passer du temps avec sa belle. Oui, elle lui dit que son histoire d’amour est trop top alors que l’hélicoptère de son fils est perdu dans la forêt. BIG UP d’ailleurs à Jamie Dornan et son jeu au moment du crash, puisque personne n’aurait aussi bien interprété le désintérêt pour son propre sort. Le retour du héro qui après un crash a un peu de cambouis sur le visage ( Vous n’êtes plus mort Christian? Non je vais mieux merci) et rentre pour se faire sa douce fiancée, voilà un moment de cinéma qu’il ne faut pas rater. Plus fou que le requin à deux têtes vs Jorsey Shore. Seulement voilà toutes les bonnes choses ont une fin, un dernier volet, lui aussi complètement barré, involontairement (haha Taylor, la majordome qui jette son écouteur de rage, c’est trop!) clôturait les aventures de nos deux héros laissant à jamais un vide dans nos cœurs. Et si, certes, on peut quand même en rire hein, il se peut que 50 Shades of Grey aie aussi su faire plaisir tout autrement à une partie de la population. Celle qui avait besoin de fantasmer librement et qu’on lui raconte de simples histoires d’amour. Finalement toutes celles qui s’affichaient avec, le lisant partout dans les parcs et les transports rappelaient peut-être quelque chose d’instinctif au Monde. La femme a ses fantasmes et non le sociopathe Christian, malgré ses fouets ne menait pas la danse de son couple, c’était en réalité Anastasia, la fille à priori banale, madame tout le monde, à laquelle il était facile de s’identifier qui la menait. Il faut quand même ajouter que les livres et films ont laissé un certain point d’interrogation au dessus de la tête de nombre d’hommes démunis. Les femmes veulent-elles en fait qu’on leur mette des fessées? Le missionnaire toutes les deux pages, est-ce du BDSM? – A la première question, il est impossible de répondre pour toutes mais pour l’écrasante majorité, il s’agit sûrement plus du fantasme du bad boy torturé à soigner et d’une sexualité assumée qu’autre chose. Christian est magique, à chaque fois qu’il souffle vers Ana, elle a un orgasme, c’est vraiment mais alors vraiment une image hyper réaliste de la vie.

N’empêche qu’importe les motivations de chacun, la fin de ce cycle laissait un trou dans nos vies… et voilà qu’arrive After.

After, après moi le néant

after le film

Le succès de la saga d’Anna Todd a été telle que 5 livres plus tard, elle écrivait même ses spin off. Loin de la catégorie romans pour ado, il fallait aller jeter un œil dans la littérature rose pour se la procurer. En dehors de l’aspect fan fiction, qu’ont en commun les trois œuvres évoquées? La présence d’une jeune-fille, vierge, toujours vierge (POURQUOI?!) et naïve, découvrant les plaisir de l’amour et charnelles aux côté d’un bad boy très dangereux pour diverses raisons. Pour Hardin c’est son tempérament sanguin qui prime d’ailleurs et ses tatouages et le fait que le mec expert en littérature n’arrive pas à faire une phrase sans dire putain. A cela s’ajoute le jeune âge des héros, puisque plus on est jeune et plus on aime avec passion. Tout d’ailleurs son amoureux(se), ses copains, son artiste préféré…

De quoi faire mal aux plus féministes d’entre nous? Peut-être un brin oui, puisque voir l’héroïne se faire maltraitée page après page peut sembler une vision bien étrange de l’amour respectueux et égalitaire.

Seulement voilà, avec ce type de romans, qui se lisent facilement d’ailleurs, il ne faut jamais chercher à entrer dans une grande réflexion politique ou métaphysique, non, il faut juste abandonner toute réflexion et suivre l’histoire page après page, retomber en adolescence, tout simplement.

Et finalement ça marche? Ca se lit tout seul, du moins et ce jusqu’au quatrième tome, qui va trop loin dans la maltraitance de ses personnages. En plus de tourner en rond, il devient compliquer de même avec le cerveau en off, comprendre les motivations des deux personnages et d’une auteure qui n’a pas dû prendre l’avion bien souvent à en juger par sa connaissance du Monde.

Et cette question qui vient parfois à la lecture de l’œuvre, quel est le problème de l’auteure avec les parents? Pourquoi faut-il que les parents débarquent absolument tout le temps dans cette histoire? Qu’ils soient en continue avec leurs enfants? Ces gens là n’ont pas d’amis avec qui trainer plutôt que leurs parents?

Il reste néanmoins, le premier tome aux accents juvéniles et au retournement final qui sent bon les vestiges de l’adolescence et des séries à la Dawson’s Creeks et autres qu’on prenait plaisir à regarder, ça, le sexe en plus. Le fameux sexe qui ne rend pas l’histoire plus adulte pour autant et qui n’apporte qu’à ceux qui ont vraiment l’envie de fantasmer dans le moindre détail. Il reste également une histoire universelle, blindé dans un premier temps de retournements de situations qui donnent envie de voir où va cette histoires et de croire que l’amour résiste à tout. Et au moins deux personnages ayant un goût partagé pour la littérature, ce qui fait que au moins, cette fois, ils peuvent avoir des choses à se dire. Par contre, le tacle sur Harry Potter qui seraient de mauvais romans quand on a écrit After, je ne sais pas si c’était nécessaire. D’autant plus dans la bouche d’un expert qui ne comprendrait pas la différence entre saga qui fait rêver et peut s’adresser à un large public et romans centenaires et classiques.

Le film devrait sans doute faire beaucoup parler de lui alors que de nombreux médias chercheront à s’en moquer ou à décrypter le pourquoi du comment ça marche. Ca marche parce que c’est un plaisir coupable. Que ça tire des ficelles connues. Un peu comme un plat de purée ou de coquillettes, rien à voir avec de la grande cuisine et pourtant, un plaisir pour un grand nombre. Ca marche parce que tout ne peut pas répondre à de hauts critères intellectuels, et parce que finalement les histoires d’amour torturé, c’est ce qui fait le plus rêver.