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Julia Escudero

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Venus défendre, leur nouvel opus, « The Big Picture » au Trianon de Paris, les rockeurs alsaciens de Last Train ont fait face à une salle pleine à craquer. Un concert maîtrisé et d’une grande maturité qui prouve que nos jeunes loups fous sont aujourd’hui des musiciens accomplis.

Bandit Bandit: ouverture féminine survoltée

Quatuor porté par une chanteuse à forte présence, Bandit Bandit ouvre les festivités face à un Trianon complet. La foule est au rendez-vous dès les premières minutes de cette soirée résolument rock. Meneuse au tambourin, la belle porte ce concert de haute volée entourée de musiciens talentueux. La front woman se déhanche volontiers. Chantant langoureusement tantôt en français tantôt en anglais, elle surfe sur son charisme indéniable et sa voix puissante pour faire face aux guitares saturées de ses comparses. Il faut dire que Bandit Bandit profite d’une belle cote dans le milieu et a su se faire un beau nom. Topo après un passage remarqué au MaMA festival, le groupe attire une foule désireuse d’y trouver la crasse viscérale d’un rock sombre mêlé à la nouveauté d’une scène française en effervescence.

Sans jamais rater son effet, le groupe est jeune. Pas de cette jeunesse folle qui lâche tout et sent bon la bière non. Plutôt de celle consciente qui sait où elle va. Le voilà donc qui sert un show certes bourré d’énergie mais également carré et extrêmement ficelé. Est ce mal? Du tout. Pourtant la véritable énergie du rock, ses folies et ses fausses routes sont plus mimées que vécues. Les interactions manquent à l’appel. Tout comme une pointe de folie assumée qui permettrait aux compositions de gagner en originalité. Reste néanmoins à saluer les parties phrasées et le déchaînement des instruments qui suivent, exutoire profond pour un public qui ne demande qu’à se déchaîner.

Last train : photographie rock

Deux titres et voilà déjà que Last Train fait trembler le sol d’un Trianon plein a ras-bords. Dans la foule on croise des trentenaires et des enfants, des cinquantenaires et des vieux de la vieille amoureux de rock à jamais. Venus défendre « The Big Picture », le groupe n’oublie pas « Weathering »,  son premier essai pour autant. D’ailleurs il ne faut pas attendre longtemps pour écouter le culte « Way Out ». Vêtu de noir et blanc puisque Last Train a son dress code, le groupe déchaîne immédiatement les cris de la foule alors que son chanteur Jean-Noël Scherrer prend d’assaut le devant de scène gilet de barman sur les épaules. La question du soir ne réside pas tant à savoir si Last Train est un groupe de qualité, des centaines de dates ont déjà largement entériné ce fait et répondu a la question par l’affirmative.

last train trianon 2019Non maintenant ce qu’il faut savoir c’est si la brillante carrière des supers copains, un label et un festival sous le coude, n’a pas eu raison de son énergie et de son authenticité rock.
Un bref « Bonsoir Paris » sous ce timbre si particulier,s’interpose entre deux morceaux.  Exit les discussions et échanges, les compères leurs préfèrent des morceaux puissants issus de leurs deux opus. Plus aisés sur scène qu’ils ne l’étaient sur leur précédentes tournées, les musiciens se déchaînent et ne lâchent rien. En réponse à cette énergie déversée par torrents, le public pogote volontiers. Respectueuse, bienveillante, la foule y protège les plus faibles, fait attention aux photographes et danse en rythme. L’échange est bilatéral, et voilà notre chanteur qui descend la saluer et s’offre un slam mémorable.  Le rock puissant s’alterne et laisse place aux ballades, Last Train est un projet entier et varié.  Lors d’un temps calme alors que Jean-Noël fait face à la batterie, voilà qu’un « A poil! » se fait entendre. Au jeu de la maturité et de la conscience, le public de tout âge lui, a souhaité garder l’âme enfantine qu’il est bon de retrouver dans le milieu du rock. Last train n’est pas de cet avis. Ceux qui avaient toujours mis la qualité a l’épicentre de leurs sets, redoublent aujourd’hui de minutie. Les notes sont pesées, leur intensité est là, savamment calculée, déversées avec puissance. Un solo de guitare par-ci, une batterie au présentiel fort par la, une ligne de basse savamment ficelée d’un autre côté, le groupe a toujours et continue de sublimer ses titres en concert. Dans ce set carré, hyper travaillé, il offre à son public en fin de course l’excellent « Fire », masterpiece du premier album et égal de « The Big Picture » sur le second. Sublime en live comme il se doit, cette pépite aux nombreux visages fait vibrer tout amateur de rock en pleine possession de ses oreilles. Pour néanmoins répondre à la première question qui nous intéresse, Last train s’est aujourd’hui perfectionné au détriment de la fougue et du grain de folie qui l’évoquait. Ses premiers sets rappelaient la candeur des 20 ans de BB Brunes et des Kooks. Exit l’adolescence farouche, les mimiques propres au punk, en 2019, le rock, seul rempart contre la mascarade sociale, la politique désastreuse de notre monde et la bienséance, a choisi lui aussi de se lisser. Et au profit d’une maîtrise qui au vu de leur jeune âge donne à nos amis toutes leurs lettres de noblesse, le groupe chouchou a choisi d’adhérer au rock protocolaire plutôt qu’au lâcher prise étudié et faussement adolescent.

Pour autant et si les titres sont aussi savamment interprétés sur scène qu’en studio, la passion qui habite le groupe est palpable. C’est cette même passion qui se transmet à la foule comme une onde, qui parcours chacun et garanti que chaque concert de Last Train sera toujours un grand moment de live. Arrive le rappel et l’occasion pour le groupe de remercier tout le monde, son entourage, son public mais aussi « Nos mamans et nos papas qui sont dans la salle ».  Enfin les premières notes de l’excellent « The Big Picture » se font entendre. Dix minutes de perfection allant du blues au rock, touchant au somptueux, brisant les cœurs pour mieux souder les âmes. Sur scène, Julien Peultier est habité, le reste de sa troupe ne lâche rien, envoie la totalité de son énergie et captive jusqu’à la toute dernière note.

Le groupe salue la foule et s’offre ses traditionnels câlins, ceux qui ont fait leur marque de fabrique, ceux qui permettent enfin de lâcher prise. Il fait déjà partie des grands du rock français, de ceux dont on se rappellera longtemps tout comme de cette soirée au Trianon qui garantie que le rock a toujours sa place en France et qu’il est porté haut et fort par ces jeunes prodiges.

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Du 16 au 18 octobre, le MaMA Festival fêtait ses dix ans. Au programme: conventions adressées au professionnels, de nombreux événements, showcases et concerts. C’est le Canada avec son dispositif Ma Cabane à Paname qui ouvre les festivités et propose un lunch réseautage au bar à Bulles. La francophonie canadienne et ses artistes ont à cœur de collaborer régulièrement avec la France et se déplace en délégation à chaque MaMA. L’occasion de présenter des événements et des artistes extraordinaires qu’on vous invite fortement à découvrir. A noter, puisque l’occasion nous est donnée d’en parler que le Canada en plus d’être un pays magnifique et accueillant, met la culture au centre de ses préoccupations. Les initiatives liées à la culture ET à la musique y sont nombreuses, des budgets y sont alloués. De quoi faire encore et toujours rougir la France qui oublie régulièrement avoir été un pays d’une importance capitale en terme de culture et d’art (l’expulsion récente de Mains d’œuvres étant l’un des derniers événements en date à prouver le bon traitement que l’on accorde aux artistes).

Avant de débuter les concerts, il est également possible de flâner entre les stands du village du MaMA, disquaires ( notamment la superbe enseigne Dizonord que vous retrouverez rue André Messager)  et actions liées à la musique sont présents malgré le froid et la pluie pour proposer des activités variés aux festivaliers.

Le soir tombe et les premiers concerts sont sur le point de débuter. Comme chaque année, mieux vaut porter de bonnes chaussures et des couches de vêtements à enlever et remettre puisqu’il faudra courir dans tout Pigalle pour voir un maximum de concerts et éviter de rester en dehors des salles ( dommage pour notre chouchoute Silly Boy Blue qui a, nous a-t-on dit retourner une Chaufferie pleine à craquer et dans laquelle il était impossible d’entrer). Les dix ans du MaMA festival sont placés sous le signe de la découverte, et pour en écouter un maximum il faut courir du Bus Palladium au Carmen, en passant par la Boule Noire et la Machine du Moulin Rouge ou encore les Trois Baudets. Comme chaque année, la qualité est au programme. Top des concerts forts que nous avons vécu.

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JOUR 1: mercredi 16 octobre 2019

Théophile

Ouverture du Mama festival avec ses tous premiers showcases. Theophile fait ainsi partie des premiers à se lancer. Le chanteur charismatique aux cheveux longs offre une pause douceur aux accents pop et aux instruments rouges:  guitares, claviers. Dansants, les titres en français dans le texte prennent rapidement des accents groovys. Les années 80 sont de la partie alors que le duo solaire uni ses voix et fait entrer un peu de soleil dans cette première journée du MaMA marquée par une pluie torrentielle. Dans la lignée de la vague pop qui s’abat aujourd’hui sur le monde de la musique, Théophile se démarque par un certain charisme et une belle synergie de duo.

The Pier

Cocotiers sur la scène et rock empreint de bonne humeur: voilà que débarque The Piers. Avec une energie qui n’est pas sans rappeler Vampire Weekend, le quatuor deluré prend possession de la Boule Noire. Au programme: du rock aux riffs solaires comme on en retrouve souvent à 15 heures sur les festivals d’été. Si la recette des compositions de la formation est connue de tous: grosses guitares, chants énervés et fond de noise pop sont de la partie, l’énergie inconditionnelle des acolytes séduira toujours un public d’adeptes des pogos.

Feli Xita

Assistée d’un batteur, la jolie chanteuse de Felix Xita se présente seule sur scène vêtue de sa jupe longue et de son visage poupon. Avec quelques moues et une forte envie de séduire, la jeune femme distille une pop française dansante à écouter en buvant un cuba libre en bord de mer. Ça tombe plutôt bien puisque celle dont le timbre pourrait rappeler une certaine Vanessa paradis, se produit ce soir au Cuba café. Si ses titres peuvent tous sonner comme des reprises, cette nouvelle venue sur la scène francophone emprunte aussi à la belge Angele et ses attitudes de femme enfant. Elle s’offre une reprise moderne de «  Ce soir je serai la plus belle pour aller danser. » de Sylvie Vartan. Bonne humeur et atmosphère festive pour cette Esmeralda de la chanson qui sera la  plus belle pour vous faire danser.

Feli Xita

Joanna

Les années 90 ont à nouveau la côte. Côté mode, ça signifie que le fluo est de retour et côté musique cette nouvelle signe le come-back du r’n’b. Joanna avec sa « pop urbaine » est dans la lignée de cette seconde vague. Le timbre de la chanteuse est indiscutablement plaisant. Sa douceur et sa finesse sont d’ailleurs autant d’atouts pour séduire dans un registre qui ne manquait pas forcément tant que ça au paysage musical actuel.

Joanna

Tessa Dixon

Au milieu de statust et dans cette salle magnifique salle parisienne qu’est le Carmen, Tessa Dixon s’impose comme la bonne surprise de cette première journée et ce dès ses première notes. La jeune fille au traits aussi fins que les statues qui la contemplent s’appuie sur un timbre tantôt suave, tantôt aïgu et fait honneur à ses ainées qui ont marquées les top de la pop américaine. Lea Andreone n’a qu’à bien se tenir, la relève est assurée. Sourire aux lèvres, refrains travaillés, accrocheurs, calibrés, il se pourrait que Tessa Dixon soit la révélation qu’il vous faut pour parfaire vos road trips, vous faire danser, accompagner les moments forts de votre vie. Communicative, elle prend par ailleurs le temps de dédier un titre aux cœurs brisés dans la salle. Ses notes prennent alors dans leurs bras ceux qui en ont besoin, chantent la douleur, la console. Une pause essentielle.

Imany

La Cigale, bientôt 22 heures, et voilà que coiffée d’un foulard africain rouge et vert, la sympathique Imany accueille la foule dans son set chaleureux. Entre pop et voix sublime, la chanteuse est une bête de scène. Habituée au public et aux salles de belle taille, elle se retrouve face à un parterre d’adeptes, prêt à reprendre ses morceaux et à l’applaudir chaleureusement. Communicative, la Tracy Chapman à la française annonce une sortie d’album live pour le 25 octobre et un nouveau titre «  Vous ne le connaissez pas donc si je me plante vous ne pourrez rien dire… »  avant d’expliquer: «  Ce titre parle du fait vous soyez les seuls responsables de votre destin. » Dansante, entraînante, époustouflante, la voilà qui entraîne la salle dans son tourbillon d’énergie et d’émotions. Avant d’entamer le culte « Silver Lining (Clap your hands) », la musicienne promet que « si vous faites assez de bordel,l es artistes que vous avez vu ce soir reviendront sur scène ». Elle observe alors amusée, une salle déchaînée qui crie siffle et applaudit à tout rompre. Le titre s’éternise et traîne, diffuse sa bonne humeur face à un public qui joue volontiers les choeurs. Et à la fin, chose promise chose due…

Tous les artistes présents ce soir là à la Cigale ce soir

Sur les « ho ho ho » de « Silver Lining (clap your hands) » répétés par le public comme une incantation, tous les artistes programmés ce soir là dans la salle parisienne reviennent sur scène un à un . Tous branchent rapidement leurs instruments, confient que le moment n’a pas été répété et qu’il se passe « à l’arrache » alors pour les aider le public continue de chanter encore et encore « ho hoho ». Porté par les autres musiciens, chacun chante, interprète un de ses titres, dans l’uns des plus beaux moments de communion que l’on puisse imaginer en concert. Public et musiciens s’allient dans cette improvisation incroyable et chaleureuse où tout le monde est à la fois tête d’affiche et chœurs.

 

JOUR 2: jeudi 17 octobre 2019

 

Lola Marsh

Comme toujours la jolie salle du Carmen affiche presque complet pour accueillir Lola Marsh. Difficile de se frayer un chemin pour apercevoir le groupe israélien. Pour autant pas besoin de bien voir les fleurs et les paillettes sur ses vêtements pour se laisser porter par la pop envoûtante de la chanteuse à la voix reconnaissable entre toutes. Toujours aussi chaleureuse et hypnotisante, la belle enchaine les titres qui ont tous la saveur d’un single. Un des délicieux gins qu’offre la salle à la main et voila que le combo propose d’écouter un nouveau morceau sorti le jour même. Au programme saveur acidulées, et tempo entrainant. Lola Marsh devrait déjà fait partie des grands noms de la scène actuelle. Et si pour l’instant seul un groupe d’initiés profitent de leurs accords, c’est pour mieux s’en délecter avant que le groupe ne devienne la douceur de tous.

Dewaere

La Boule Noire, lieu des plus grands moments de rock du MaMA festival s’en paye un nouveau ce soir,  pour le concert de Dewaer.  Et pas des moindres lorsque l’on voit la qualité du set du groupe qui flirt avec le rock new-yorkais pour mieux lui offrir des moments de punk rock. Côté scène, le chanteur, un poik pompette, tout le monde en conviendra, joue la carte de la plaisanterie «  Si vous êtes les programmateurs d’un grand festival, nous on est preneurs. Avec un look classique, les rockeurs font sonner leurs guitares, basse et batterie face aux murs recouverts de femmes dévêtues. Impossible de ne pas penser aux Strokes en sautillant sur ce live 100% made in France. A l’annonce du dernier morceau le public s’émeut. «  bha si, on est pas la pour toutes la soirée non plus » repond le trio, qui aurait fait pogoter toute l’assistance si quelques bières de plus avaient eu le temps de couler dans l’audience. Un premier dernier morceau, un deuxième, un troisième, Deweare pourrait finalement bien rester toute la soirée et par la même occasion rappeler l’existence d’un rock je m’en foutiste, couillu et sans concession.

Musset

Comme l’an passé, le Phonomuseum se fait salle de concert le temps du MaMA. C’est donc face à cette histoire forte de la musique enregistrée que Musset a la lourde tâche de jouer. En solo, guitare/voix, le chanteur, promene le public assis sur des chaises comme au sol à travers ses ballades à textes. « J’espère bien que tu n’as pas baissé les bras. » chante-il avec douceur. Un moment émouvant, prenant et une belle pause douceur entre deux concerts.

Yseult

Connue pour avoir fait la Nouvelle Star, Yseult débarque en solo et vêtue de noir face à une Cigale déjà conquise. Entrée fracassante et  voix puissante comme aiment à mettre en avant les émission télévisées sont de la partie.  A ce point? Non puisque loin d’être un objet grand public destinée à être simplement consommée le temps de quelques votes,  la chanteuse se crée et s’offre un véritable univers loin de cette machine à cash qu’est le petit écran. « Première Cigale, deuxième soucis technique, c’était pas pareil à la Boule noire. Pourtant cette date est très importante pour moi. » confie-t-elle. Problème ou pas, la chanteuse comble et s’en amuse de bon coeur. Elle se lance finalement a capella pour le titre « Sur le fil », qu’elle interprète habituellement avec la chanteuse Angele dont elle a assuré les premières parties. Sa voix suffit. Pas besoin d’instruments pour convaincre. Elle décide d’assurer son set jusqu’au bout, de rattraper les morceaux non interprétés et tant pis, si on déborde un peu en terme d’horaire:  » J’aime tellement ce métier, je n’ai pas mis mes potes de côté, ma vie de côté pour m’arrêter là. » Qualibrée grand public, la chanteuse sait déjà gérer la foule, nul doute qu

’elle ira loin.

Corps

En duo, Corps prend possession du Carmen. Le hip hop a la cote en ce moment et ça tombe bien puisque c’est l’heure de le réinventer. Comme le rock avant lui, il

peut maintenant s’habiller aux couleurs de l’électro. C’est le cas avec Corps, qui teinte un phrasé grave  d’une gamme électro pointue et répétitive. A la sauce de Glauque, également programmé sur le MaMA, le groupe lui donne alors des tonalités lourdes. Le rap n’a plus besoin de venir des banlieues, il n’est plus un moyen d’expression pour dépeindre un ghetto difficile à vivre, il n’est plus non plus l’apparat du bling bling. Non il se positionne dans les beaux quartiers, les lieux aux grands miroirs, statues et cocktails tendances. Il n’a plus de couleurs, de tenues. Corps en est l’illustration, combinaison à la mode du moment sur le dos, guitares travaillées à l’appuie. Ouverture des genres vous dites? Pour le mieux puisqu’aujourd’hui, une nouvelle forme de créativité peut s’y exprimer.

JOUR 3:  vendredi 18 octobre 2019

Ebony Frainteso

Il y a la queue devant la Boule Noire en ce dernier soir de festivités. Et si finalement la salle n’est pas complète ce n’est pas faute de public voulant découvrir Ebony Frainteso sur scène. La britannique vaut d’ailleurs le détour puisqu’ accompagnée d’un simple piano, elle laisse libre portée à sa voix. Ballades et histoires de ruptures sont au coeur de ses compositions soul, profondes , le tout porté par un timbre qu’elle sait décliner à l’infini jusque dans les notes les plus aigues. Coiffee d’un carré, vêtue d’une simple veste bicolore, la musicienne mise tout sur son timbre pour convaincre. A raison, sans révolutionner son registre, elle sait en être un atout majeur. Malgré, cette fois les murs aux visuels osés, elle transforme la boule noire en un cosy piano bar, et communique volontiers avec son audience à la manière d’une Alicia Keys à ses débuts. Manque pourtant un soupçon d’originalité pour parfaire son registre

Süeür

Süeur évidemment Süeür, puisque s’il y a bien un nom qui tourne déjà dans le milieu professionnel depuis cet été c’est celui-là. D’ailleurs, il faut faire la queue au (minuscule) Cuba Cafe pour venir applaudir la nouvelle sensation Hip Hop. Le groupe débarque à 20h45,  avec un chanteur à la capuche noire vissée sur la tête. Le premier titre de cette sensation attendue est coupé d’un sobre » bonjour ». Le chanteur propose une vision du hip hop en français dans le texte, particulièrement rythmée. De saez, en dehors de son lien familial, il garde ce timbre de voix perchée atypique. Loin pourtant du style de son aîné, Süeür aborde des titres plus mordants et s’appuie sur des notes répétées pour séduire ( et entrer facilement en tête). Il ne lui faut que trois morceaux pour se mettre dans la fosse et accélérer sa batterie. Quatre titres et le voilà torse-nu, c’est aussi à ce moment là qu’on entre dans le vif du sujet, clairement plus hip hop et qu’une partie de la foule, déjà convaincue se met à danser avec lui. Une reprise puissante de  leo ferre se fait entendre, modernisée une nouvelle fois après que Noir Désir qui s’y soit essayé « Thank you satan ». On passe du phrasé à la chanson, l’énergie est là et la rage du texte s’exprime avec force. Convaincant comme il fallait s’y attendre, et plus qu’à suivre de près, Süeür est sans conteste l’une des plus grosse claque du MaMA Festival. Et faut-il le dire? Personne ne sort de ce concert sans avoir sué comme il faut. ( #payetonjeudemots)

(Thisis) Redeye

Recommandation de dernière seconde et nous voilà embarqués dans un road trip américain conduit par des francophones au Bus Palladium. L’embarcation n’est pas complète et c’est bien dommage puisqu’a defaut d’être complètement novateur, le quatuor pop rock nous plonge dans son univers qui sent bon le désert et les refrains bien sentis. Les morceaux défilent avec naturel, les paysages se dessinent. Le set est calé et inspiré, l’énergie est là. Il serait facile de savourer leurs notes rappeuses avec un bon whisky et de reprendre la route en laissant tout derrière nous. Un nuage de poussière, et quelques notes qu’on apprendra rapidement à fredonner pour seul trace de notre passage.

Julien Granel

La soirée de vendredi est déjà bien entamée lorsque Julien Granel débarque sur la scène de la Chaufferie à la Machine du Moulin Rouge. En solo avec son clavier, le musicien surfe sur la nouvelle vague française comme un certain Voyou avant lui. Il communique volontiers avec son audience et partage un morceau « composé la semaine précédente ». Intitulé « Danse Encore » le chanteur ajoute que « Tout est dans le titre. » et d’ailleurs la foule le suit volontiers.  Clairement dans l’air du temps, il s’appuie sur un succès espéré à coup de riffs à la mode. Dans le coup oui, créatif, certainement moins.

Best Youth

Duo féminin et masculin vêtu de blanc, Best Youth s’appuie sur un guitariste talentueux et une belle synergie pour faire sortir sa performance du lot. Sa chanteuse dévoile ses ballades pop a l’aide d’une voix cristalline. Avec sensualité, les deux musiciens se tournent autour et semblent autant déterminés à se séduire qu’a séduire un public assis. Une tentative de communication en français plus tard et voilà qu’on repasse à l’anglais et aux claviers. Une parenthèse reposante avant de  reprendre le rythme des sets électros proposés en clôture.

La Chica

Le MaMA est presque terminé mais avant de lui dire au revoir, reste à faire un détour par le Backstage by the Mill pour apercevoir le set très attendu de la Chica. Il faut patienter pour entrer dans la salle, tout comme pour prendre un verre au bar ( 30 minutes quand même!)  débordé par une foule compacte. L’énergie de la chanteuse et la richesse des ses compositions valent néanmoins le détour. Toute la salle danse volontiers. Autant se défouler avant de devoir à nouveau patienter pour sortir de la salle…

 

 

Affiche américaine d’A couteaux tirés


Dans le cadre du Club 300 d’Allociné était projeté au Forum des Images, A couteaux tirés, le dernier film de Rian Johnson, le metteur en scène de Looper et des Derniers Jedi. Au programme, une enquête façon  » Agatha Christie » convoquant un casting hollywoodien mirifique ( Daniel Craig, Chris Evans, Jamie Lee Curtis…). Un film plus « sage » pour celui qui a défrayé la chronique il y a deux ans avec le controversé Episode VIII de la saga Star Wars? Critique ( sans spoiler).

A couteaux tirés : De quoi ça parle ?

La famille Thrombrey au grand complet.
A couteaux tirés

Célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey ( Christopher Plummer) est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L’esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoit Blanc ( Daniel Craig) est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d’élucider l’affaire. Mais entre la famille d’Harlan (comportant rien de moins que Jamie Lee Curtis, Don Johnson, Chris Evans, Michael Shannon, Toni Collette, Katherine Langford et Jaeden Martell) qui s’entre-déchire et son personnel qui lui reste dévoué, Blanc plonge dans les méandres d’une enquête mouvementée, mêlant mensonges et fausses pistes, où les rebondissements s’enchaînent à un rythme effréné jusqu’à la toute dernière minute.

A couteaux tirés : Est ce que c’est bien ?

Image extraite d’A couteaux tirés, de Rian Johnson

Après le tumulte né de la réception de « son » épisode de la saga Star Wars, on avait plus trop entendu parler de Rian Johnson. Le réalisateur américain qui avait gagné en visibilité avec le sympathique et rondement mené Looper en 2012 revient avec un film d’enquête sur un meurtre commis dans une maison bourgeoise. Faux semblants. Famille richissime se déchirant l’héritage familiale. Suspects multiples avec chacun de bons mobiles. Cadre luxueux. A couteaux tirés a tout d’un Cluedo de luxe. Un simple divertissement ? Un bonbon sucré pour faire passer la pilule amère (selon certains) des Derniers Jedi? Pas seulement…

Car, encore une fois, Rian Johnson prend un malin plaisir à jouer avec les attentes du spectateur. Sans spoiler quoi que ce soit, car comme l’a si bien dit Johnson dans sa présentation du film, « don’t tell your friends who done it, because it’s a whodunit« , le film a cette qualité rare qu’il ne ressemble pas à ce que la présentation laisse entendre. Ainsi, le personnage principal du film n’est-il pas Daniel Craig, le détective Benoit Blanc, ersatz d’Hercule Poirot dont nous suivrions l’enquête pas à pas pour découvrir qui est le meurtrier d’Harlan Thrombey. Le cœur du donut  de l’intrigue d’A couteaux tirés est dans le cheminement du personnage de Marta, incarné par Ana de Armas, qui confirme le potentiel aperçu dans Knock Knock, mais qui est, de prime abord la moins « connue » du casting pléthorique du film. Ainsi, même les personnages secondaires des plus jeunes membres de la famille Thrombey sont incarnés par Katherine Langford ( inoubliable Hannah Baker de 13 reasons why) et Jaeden Martell ( le Bill Denbrough enfant dans la nouvelle saga Ça ).

Ponctué de nombreux rebondissements, baladant le spectateur de statu quo en statu quo en le prenant constamment à contre-pied et usant savamment de l’humour ( on ne « sort » jamais de l’intrigue pour autant), A couteaux tirés est une franche réussite. En détournant les codes du « whodunit » pour mieux les sublimer, le film surprend agréablement par sa finesse et son aspect plaisant.  De plus, Rian Johnson, se faisant plaisir, réussit à glisser deux-trois piques à l’Amérique de 2019 clivée irrémédiablement entre Démocrates et Républicains pour mieux renvoyer toute cette famille richissime dos à dos concernant l’hypocrisie de leur rapport de classe envers l’extérieur. Enfin, une dernière petite flèche du Parthe glissée sur la vacuité de s’attacher autant à la notion d’héritage, comme un message adressée aux nombreux haters lui étant tombé (injustement) dessus après l’Episode VIII achève de nous convaincre d’avoir passé un excellent moment avec un thriller drôle, rythmé, plaisant et excellemment interprété. Un agréable moment proposé par Rian Johnson avec sa partie de Cluedo de luxe !

 

Affiche de l’exposition Vampires : De Dracula à Buffy à la Cinémathèque française

Du 9 octobre 2019 au 19 janvier 2020 se déroule l’exposition Vampires : De Dracula à Buffy à la Cinémathèque française. Dans le cadre du Club 300 d’Allociné, une présentation de cet événement transmedia était proposé. Cinéma, littérature, peinture et contre culture s’offrent à nous pour parler de l’un des mythes les plus anciens de l’Histoire. Présentation.

Existant depuis l’Antiquité, le mythe du vampire a commencé à s’enraciner dans le folklore populaire européen durant un Moyen Age connaissant son lot de guerres incessantes. La littérature ne va pas manquer de s’emparer du mythe vampirique et c’est avec la parution de Dracula de Bram Stoker en 1897 que la figure du vampire rentre définitivement dans l’inconscient collectif. Le cinéma, balbutiant Septième Art à la naissance contemporaine de la sortie du livre va s’emparer rapidement du sujet. Bela Lugosi et Christopher Lee vont se retrouver de façon indélébile associés à la figure du vampire. David Bowie, Tom Cruise ou bien encore Robert Pattinson prêteront leurs traits à ces créatures de la nuit de façon marquante. Mais le vampire ne va pas marquer que le cinéma de son empreinte, l’icone imprègne d’autres champs artistiques pour faire passer des messages parfois même politiques.

Vampires : De Dracula à Buffy : En quoi ça consiste ?

Nosferatu, de Murnau (1922)

L’exposition Vampires : De Dracula à Buffy se compose de 5 sections. La première,  » Vampires historiques » revient sur les origines moyenâgeuses du mythe et son explosion à l’ère victorienne. La deuxième,  » Vampires poétiques« , nous montre l’impact dans l’inconscient qu’a eu la figure du vampire avec l’apparition de la notion de « vamp » par exemple. La troisième section est celle des « vampires politiques« , ou est démontré à quel point la figure du non mort peut être un symbole de métaphore et de dénonciation. La quatrième section,  » Vampires érotiques » et enfin la dernière section «  Vampires pop » finissent de démontrer l’influence du vampire dans l’imaginaire contemporain à travers les différentes formes d’expressions artistiques.

L’exposition Vampires : De Dracula à Buffy se veut plurielle car, en plus de l’exposition à proprement parlé, plusieurs autres activités seront proposés jusqu’au 19 janvier prochain. Des activités Jeune Public pour que les plus jeunes puissent aussi s’initier à leur façon au mythe du vampire. Les Jeudis Jeunes, chaque premier jeudi du mois, ou débats et projection de film en fonction de thématiques données seront organisés. Il y aura aussi une Nuit Halloween le 31 octobre avec la projection de Hurlements, Une Nuit en Enfer, Land of the Dead et enfin un film surprise! Des conférences ainsi que la projection de pratiquement une cinquantaine de films en lien avec le mythe vampirique tout au long de l’exposition !

Vampires : De Dracula à Buffy : Est ce que c’est bien?

Nosferatu, version de Werner Herzog

Présentant la figure du vampire sous toutes ses formes, l’exposition Vampires : De Dracula à Buffy est vraiment complète et riche en influences, extraits de films, affiches et costumes. Une véritable mine d’informations et un ravissement pour les yeux. Faisant la part belle au travail de Werner Herzog et son équipe sur Nosferatu mais aussi à Bela Lugosi ( et le The Kiss de Wahrol), ne négligeant pas l’aspect érotique ou bien encore politique que peut avoir le vampire, l’exposition donne envie d’en apprendre encore plus sur Irma Vep, Carmilla ou bien encore Theda Bara. Enfin, ravissement à ne pas négliger le splendide travail d’Eiko Ishioka sur le Dracula de Coppola avec des croquis originaux et la présence des costumes de Gary Oldman et Winona Ryder ! Un événement à ne pas manquer

Retrouvez plus de détails sur l’exposition en cliquant juste ici !