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mai 2024

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Que de choix en ce lundi 27 mai 2024 à Paris ! Le choix cornélien, presque celui de Sophie en somme,  devait être fait entre deux des meilleurs artistes du moment qui se produisaient ce soir dans la capitale. D’un côté Beth Gibbons avec en première partie Bill Ryder Jones, de l’autre, à la Cigale, Fat White Family. Les artistes les plus fous de la scène rock actuelle. C’est donc, et ce n’est pas un spoiler si vous avez lu le titre, vers ces derniers que notre choix s’est porté. En cause, une réputation d’immanquables qui nous faisait trépigner d’envie. Avons-nous eu raison ?  On vous raconte.

THE FAT WHITE FAMILY CIGALE 2024
©KEVIN GOMBERT

le Chapelier fou : Lias au Pays des merveilles

Dès l’entrée, notre bon goût est d’office validé par les bruits de couloirs. La veille, l’incroyable famille se produisait au festival Levitation. La prestation avait fait l’unanimité, d’autant plus que le meneur de notre formation jouait à présent entièrement sobre. Voilà qui laissait songeur. 21 heures sonne enfin, il est l’heure ! La tornade se met en marche, la foule se contracte, on ouvre grand les yeux. La famille est là, un joyeux non anniversaire à vous !

C’est sur « Angel » de Robbie Williams qu’entre le groupe sur scène, le décalage se fait. Quoique Robbie Williams, malgré ses mélodies mielleuses est connu pour son sens de l’humour et son plaisir à montrer des photos de ses fesses. D’ailleurs Lias Saoudi, lui, compte bien en dévoiler plus que Robbie. Vêtu d’un imperméable ouvert, il cache à moitié un collant couleur chair, seul vêtement plus que suggestif et qui moule comme vous vous en doutez, chaque partie de son anatomie ( mais ce soir il n’y aura pas de chute). « John Lennon » ( issu de Forgiveness is yours)  ainsi que « Without Consent » ouvre la partie, alors que le dit imperméable dévoile un peu mieux les parties du chanteur. Et les premières secondes ne laissent aucun doute planer : le concert va être un pur moment de folie. Si la notion semble se répéter au cours des précédentes lignes, c’est parce qu’elle représente le mieux la scène qui se déroule ce soir. Lias aurait été un bien meilleur Joker que ne le furent Heath Ledger et Joaquim Phoenix. Il a, du très célèbre personnage, la théâtralité, mais quelque chose dans sa gestuelle vient redistribuer les cartes. Au lieu d’être passive comme on peut l’être en regardant les célèbres films, la foule devient partie intégrante de l’immense asile de Gotham Ci(ty)gale. Il faut donc moins d’un titre pour que les spectateurs n’entrent dans l’ambiance, moins de deux pour que le chanteur ne s’offre son premier bain de foule face à un membre de la sécu déjà débordé qui court donner du fil à son micro. Au troisième morceau, notre homme s’est déjà roulé sur le sol, a hurlé dans son micro, donné une leçon de chant tout en se déchaînant tant qu’il parait improbable d’avoir encore du souffle. « Polygamy is only for the chief » scande-t-il face à une foule transpirante, de corps entremêlés.

L’heure du thé

La grand messe cathartique se poursuit. Tout comme le cinéma d’horreur peut l’être, les concerts de Fat White Family sont d’immenses exutoires. La foule est particulièrement réceptive d’ailleurs à la thérapie par l’absurde qui lui est proposée. Et cette foule a des visages bien variés. Le rock transcende les générations, nous dirons-nous, et c’est peut-être ce qui est le plus beau à voir ce soir. Les plus âgés, les cheveux gris, vêtus de leurs chemises de bureaux, là dans les premiers rangs, en train de pousser dans les pogos et de slamer à toute allure. Au tout premier rang, téléphone à la main, photographiant chaque instant, la fan a toujours 15 ans. Tout comme celle juste à ses côtés qui les a encore sur ses papiers d’identité. Il n’y a pas d’uniforme quand on fait partie de cette grosse famille. D’ailleurs un homme au balcon, et son sage cardigan, félicite du pouce une performance qu’il qualifie d’excellente, pendant qu’une toute jeune femme, au look gothique elle court dans les escaliers pour se prendre un bain de foule. Une famille inter-générationnelle, rassemblée derrière le tonton fou furieux, qui lui est maintenant en eaux. Pour revenir aux sources, peut-être changer de position dans la famille, le voilà qui adopte en avant-scène une position de fœtus, les bras se tendent vers lui, comme dans les films de zombies. « Touch the leather », « Bullet of dignity », « Visions of Pain » ou encore « Hits hits hits » résonnent très fort. La folie continue alors que deux bémols viennent entacher un moment qui pourtant rappelle que les bons concerts existent encore et qu’on peut prendre un plaisir « fou » en concert. Le premier tient du son qui retient trop l’énergie déployée et peine à se répandre dans la salle, laissant parfois de côté certains membres de l’audience. L’autre tient à la répétition de certains gimmicks, qui donnent à une partie du concert une sensation de redite. Non que l’instant ne soit agréable mais une fois la température du bain déjanté prise, l’énergie déployée pourtant en continue vient moins tabasser le public, qui s’était pris une grosse claque pendant une bonne heure de live. Pour autant la fosse bouillante, elle, se fiche bien de toute objection que pourrait donner un critique musical. La critique est papier mais l’instant lui est torride. Les slams sont légions, et les bières volent dans les airs depuis la première heure. Lias jette les éco cups qui lui sont envoyées d’un air machinal et les instruments eux ne sont que mouvement. D’autant plus la flûte traversière qui épouse parfaitement l’instant, insolite et logique à la fois. Côté public, les slammeurs fous remarqueront peut-être la présence des membres de Lulu Van Trapp, eux aussi auront préféré la Fat White Family à Beth Gibbons.

Vol au dessus d’un nid de cigale

Les slams sont nombreux dans la foule et les corps volent dans les airs d’une Cigale pleine à craquer et en parfaite ébullition.  La Fat White Family entame quant à elle la fin de son concert survolté. « Whitest Boy on the beach » résonne avant que le set ne se calme radicalement. Lias Saoudi marque un temps de pause pour interpréter à l’acoustique le titre « Borderline ». Un moment bienvenu puisqu’il permet un reset du concert et de repartir de plus belle pour se dire au revoir. « Work » et « Bomb Disneyland » viennent conclure l’instant survolté, et redonner au grain de folie distillé la puissance dont il a besoin. Lorsque les portes s’ouvrent, le public électrifié et transpirant se déverse dans un Paris tiède que la pluie a délaissé un temps. Aurions-nous dû préférer Beth Gibbons finalement ? Impossible à dire tant les deux soirées promettaient d’être inoubliables. Une chose est certaine, ce moment dément ne saurait sortir des esprits. Comme le dit l’habituellement tristement commun proverbe : les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais. Ce soir donnons lui raison.

THE FAT WHITE FAMILY CIGALE 2024
©KEVIN GOMBERT

 

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The Libertines – Trabendo Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Plus d’un an et demi après un passage au Zénith de Paris et seulement quelque mois après leur prestation au 104 à l’occasion des Inrocks Festival, les Libertines étaient déjà de retour dans la capital pour deux dates intimistes au Trabendo. Venus défendre leur excellent nouvel album « All quiet on the eastern esplanade », nous avons assisté à la deuxième des deux soirées avec les londoniens. Retour sur un concert en sueur dans la salle la plus alambiquée de tout Paris.

CHAUD COMME UN SAUNA

Nous arrivons malheureusement trop tard pour Vera Daisies, moitié brisée du duo Ottis Coeur qui se lance en solo. En tout cas, le Trabendo est déjà bien rempli pour l’ouverture des hostilités, même si la terrasse avec ses bières, ses guirlandes et les températures estivales en supplément font de l’œil au public. Il fait donc déjà une chaleur torride avant même que les hymnes anglais résonnent dans la salle à capacité moyenne. Notons à ce propos qu’il est très appréciable d’écouter la bande à Doherty et Barât dans une salle à dimensions plus humaines que les Zénith ou mainstages qu’elle a l’habitude de fouler de son pas lourd. Bref, la fosse est blindée de monde et les corps moites suent déjà : plus que quelques lancés de bière et nous voilà dans le meilleur pub francilien.

The Libertines – Trabendo Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

ORGIE DE TUBES

L’ambiance est au rendez-vous pour l’arrivée des Libertines, le pit se déchainent dès les premières notes du culte « Up the Bracket », enchaînée avec frénésie à « The Delaney » – la déferlante de tubes est ouverte. En effet, ce soir les londoniens ne lésinent pas à proposer un superbe panorama de leur prodigieuse discographie. À l’exception de « You’re my Waterloo », tous les hits du groupe sont interprétés, jusqu’à la classique quoiqu’ô combien efficace conclusion par « Don’t look back into the Sun » (ou plutôt « ne te retourne pas dans le soleil » comme balbutie Doherty avec un accent français caricatural). Best-of entremêlé des derniers rejetons du groupe, la setlist ravit petits et grands.

FIN DE SOIRÉE ?

Très vite, deux contrastes ressortent cependant : l’un sur scène et l’autre dans le public. Si la foule est déchaînée et saute et boit à qui mieux-mieux, la recette sur scène ne mélange qu’un des deux ingrédients. « Merci le Trabenbo » articule péniblement le frontman. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ce serait mal les connaître que d’attendre un lifestyle healthy et jus de carottes de la part d’un des groupes de rock les plus punks encore existant, MAIS (oui il y a un mais) c’est dommage que cela contribue à alourdir la performance plutôt qu’à l’entrainer dans une folie bachique. Les titres peinent à s’enchainer, et les regards dans le vide ne semblent pas signifier une joie frénétique d’être sur scène. Les balances ne sont d’ailleurs pas assez percutantes et oscillent vers quelques excès de reverb pendant les transitions des morceaux. Il n’en reste pas moins que pour celles et ceux qui les ont déjà vus, le concert s’inscrit dans la continuité d’insouciance du duo terrible Doherty / Barat. Il est toujours question de jouer sans chichis, sans se préoccuper de la réaction publique mais pour le simple plaisir de balancer du son. Derrière la guitare le musicien a toujours 20 ans et la chaleur fait monter l’ivresse.

AVEC DU ROCK, LA FÊTE EST PLUS FOLLE

Malgré ce manque certain de dynamisme de la part des Libertines, il n’en demeure pas moins une forme de générosité et de spontanéité agréable. La setlist déjà fournie s’allonge en effet d’un rappel à base de variations acoustiques où chacun des membres s’essaye au chant. Puis enfin, les  blagues et regards complices entre les membres laissent entrevoir une forme de plaisir qu’il serait  nécessaire de cultiver pour faire de leurs concerts des fêtes rock, folles et libres à l’image de ce groupe mythique qui n’a jamais perdu son aura .

The Libertines – Trabendo Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

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Samson, vous l’avez peut-être suivi dans ses précédentes aventures. Il était le chanteur de Bolides et de Ruby Cube. Aujourd’hui, le voilà qui décide de voler en solo et de faire ses grands débuts à travers un tout premier titre, « L’oiseau bleu » qu’il sort sur le label S76. Découverte au milieu d’un nid de pop bien dosée !

Samson © Chloé Polkinghorne
Samson © Chloé Polkinghorne

Ce tout premier titre se construit comme un point qui relierait le passé et le futur. Clairement pop, emblème de la chanson française d’une époque, il n’hésite pourtant pas à y apposer sa dose de modernisme. Si on pense à de nombreux très gros noms de la scène actuelle, il tire son épingle du jeu sans jamais copier. On y retrouve l’énergie de l’Impératrice, la touche rétro-futuriste de Voyou, la candeur de Christophe, l’intemporalité de Piaf, l’émotion de Barbara et les paillettes de Dalida. Tout un programme donc.

En outre d’une mélodie aussi entêtante qu’entraînante, les paroles du titres sont centrales pour mieux l’appréhender.   Il est inspiré par le poème « Blue Bird » de Charles Bukowski paru en 1992 dans le recueil « The Last night of the earth poems » où il dépeint avec la plume sans concession qu’on lui connait l’histoire d’un homme fier qui veut à tout prix cacher l’oiseau qui est en lui. La peur de montrer ses émotions prend ainsi le dessus. Une belle façon de parler de la masculinité telle qu’imposée par la société pour Samson.

C’est dans son histoire familiale que le musicien tire son inspiration. Bercé par Brel, Dalida, Barbara puis à l’adolescence par les Beatles et David Bowie, il puise son inspiration dans ses peines mais surtout la quête de son rêve, devenir une icône de la pop.

Un projet qu’il avait également mis en place l’an dernier aux côtés de Kevin Heartbeats sur le titre  » Eté Amer » également publié sur S76.

En attendant de l’accompagner dans ses songes, on peut déjà écouter son tout dernier né.

Découvrez le clip de « L’oiseau bleu » de Samson


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