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juin 2023

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Ce weekend à Solidays, la fête était folle et a entrainé les festivaliers jusqu’au bout de la nuit. Les concerts ont permis de célébrer ces 25 années dignement. Au gré de déambulations sur l’immense site, retour sur nos coups de coeur du samedi et du dimanche et sur les lives qui resteront gravées dans nos esprits.

solidays 2023
©Maud Ferrari

Zaho de Sagazan

S’il ne fallait retenir qu’une performance de la totalité de l’évènement c’est bien celle de Zaho de Sagazan. L’an dernier, la chanteuse faisait partie de la sélection des Inouïs du Printemps de Bourges. Elle y faisait son entrée dans la cours des grands, retenant l’attention des experts. Aujourd’hui la voilà déjà propulsée à l’Olympia et son nom s’échange comme celui d’un joyaux qu’il faut connaître. C’est plus que mérité quand on voit ses immense qualité de performeuse. Sa progression dans sa gestion d’une scène touche à l’hallucinant. Il faut dire que son immense premier album « La Symphonie des éclairs » donnait le ton. Sobrement vêtue, avec un léger rouge à lèvre rouge, la musicienne mise tout sur ses qualités musicale, sa voix à part, sa simplicité évidente et son naturel. Point de grande mise en scène, elle n’a besoin d’aucuns artifices et compose un live qui va crescendo. Comme une certain Jeanne Added, Zaho construit son set sur une progression puissante, d’un départ doux porté par des balades sombres pour mieux monter dans les tours et offrir une note électro galvanisante en fin de set. De l’électro certes mais au service surtout d’une chanson française à la modernité affirmée. Que se soit dans ses thématiques, son approche féministe de la sexualité mais surtout dans ses sonorités : le mot d’ordre est là : la créativité, la pointe de ce qui se fait. La nouvelle scène française semblait tourner en rond, avoir ses têtes et se la jouer 80’s. Voici enfin venir le temps de son renouveau. Celle qui affirme en live avoir horreur des acclamations « Ca me gêne ! Arrêtez ça ! », mérite des ovations. Enfin un nouveau souffle, enfin une vraie proposition qui sort des cases. Merci à elle. Faites vous du bien, prenez vos places pour ses futurs concerts.

 

Hervé

Dire qu’un show d’Hervé est un plaisir de tout instant sonne comme une vérité absolue. Il suffit d’avoir déjà vu le monsieur sur scène pour savoir à quoi s’attendre. Sa présence sur la scène Dôme confirme son statut de valeur sûre. Hervé c’est un concentré d’énergie absolue porté par une voix de loubard. De la vitamine C injectée directement dans les oreilles. Le voilà qui comme toujours saute partout, virevolte inarrêtable. Hervé balance son électro-pop français et ses titres emblématiques portés par des cassures de rythmes bienvenuse. Son écriture est précise, sa capacité à gérer une scène l’est tout autant. D’ailleurs, malgré la chaleur écrasante, le public s’affaire au plus près de la scène pendant que certain.es profitent des mélodies allongés sur les pelouses. Malgré le nom de son premier single, Hervé ne va jamais piano.

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©Maud Ferrari

Oete

Tout comme Zaho de Sagazan, Oete faisait partie de la sélection des Inouïs tout juste une année plus tôt. Un grand cru quand on y pense. Au court de l’année l’oisillon a largement déployé ses ailes, pailletées les ailes d’ailleurs, puisqu’il sortait son tout premier album « Armes et paillettes ».  Sur scène, le chanteur qui ne cache pas sa joie d’être là ne lésine pas sur sa chanson française pour séduire et remettre au goût du jour ses idole de Daniel Darc à Niagara. « Le prochain morceau vous le connaissez sûrement. Je ne sais pas comment son vos idées mais voici les couleurs des miennes. » annonce-t-il avant d’entamer sa reprise bien sentie d' »Idées Noires » de Bernard Lavilliers et Nicoletta, autre de ses idoles. Une chanson française dense et obscure qui fait mouche avec le répertoire claire-obscure de notre musicien. Ses références, il les assume en chantant « Merci d’avoir vécu », un hommage émouvant qui leur est dédié. Oete a appris a maitrisé sa scène, sortir de sa carapace et se donner pleinement à son public avec aisance. Lorsque son single « La tête pleine » débute, la chose est certaine : le poète a fait son bout de chemin. Nombreux.ses son ceux à le connaître par coeur. Un moment intense, puissant à retrouver cet été sur de nombreux festivals.

 

Le Femme

Habitués des festival, La Femme ne manque jamais de faire mouche. Il faut dire que les génie de composition de ses deux fondateurs y est pour beaucoup. Si le titre « Sur la planche 2013 » est celui auquel le grand public pense à l’évocation de son nom, le groupe a offert un panel de compositions hallucinant, sortant constamment de ses cases pour mieux se redéfinir. Sur scène, le génie excentrique en est. Des costumes tirés aux quatre épingles, des choristes aux chignons aussi hauts que ceux de Marie-Antoinette et un Marlon Magnée surexcité qui s’offre un bain de foule dès le deuxième titre, le spectacle est leur image. On passe en revue le classique « Où va le Monde ? » son efficacité chanson et ses rythmiques dansante pour retrouver l’univers pluriel du chef d’oeuvre de la formation : l’album « Paradigme ». « On a sorti un album en espagnol » lancent ceux qui préparent une série d’albums à travers le Monde, avant de commencer « Sacatela ». L’humour toujours sur les bout des lèvres « On vend nos albums là-bas, dis que tu viens de ma part tu auras une remise. », le groupe mériterait des heures de set, ne serait-ce que pour mieux plonger dans leur capacité à se réinventer, hors sentiers, albums après albums.

solidays 2023
©Maud Ferrari

Angèle

C’était l’un de moments les plus attendus de 2023, le passage de la super star Angèle sur la scène Paris le dimanche soir. Malgré la quantité de concerts que je peux faire, je n’avais pas eu l’occasion de retrouver Angèle depuis son passage aux Nuits Secrètes 2018. A l’époque, la jeune chanteuse se positionnait délicatement derrière son piano, se fondant avec grâce derrière ses musiciens. Evidemment, les choses ont complètement changées. Angèle est devenue une bête de scène, une show girl à part entière. Dans sa robe rouge, elle excelle par sa qualité vocale, la douceur de son timbre est là, c’est ce qui porte une grande partie de ce show millimétré. La chanteuse communique volontiers, danse, ondule avec une aisance digne des pop stars made in USA. Angèle explique chaque titre « Parce que c’était la Pride hier, parce que ce message est toujours essentiel », elle interprète son titre « Ta Reine » en brandissant le drapeau arc-en-ciel . Elle ajoute que ce morceau qui a changé sa vie est « Toujours si important pour moi et pour d’autres. » Les effets de mise en scène sont nombreux comme lorsqu’elle se filme avec son I-phone en diffusant les image à travers un téléphone dessiné sur les écrans géants. Elle sautille, bondit et ponctue ses titres de petits cris. Le public est conquis.  Normal, Angèle sait séduire avec grâce, sensibilité mais surtout professionnalisme. Elle ne manque d’ailleurs pas d’interpréter son large répertoire et passe en revus ses singles phares : « Tout oublier » passe en milieu de set alors que les hits s’enchaînent crescendo en fin de prestation. « Fever » fait danser l’assistance et c’est évidemment « Balance ton quoi » qui conclut la performance pour permettre à Paris « d’emmerder le patriarcat ».  Le tout hippodrome danse volontiers alors que la chanteuse confit qu’elle aurait aimé pour l’audience qu’il fasse un peu moins chaud. Elle fait pourtant grimper le thermomètre à son apogée.


Oete : la tête pleine d’Etoiles à Paris (reportage)

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La Femme © JD Fanello

La Femme, Interview : « Tout le monde devrait être plus lucide sur le fait qu’on est des produits. »

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Solidays 2022, jour 2 : tonight’s gonna be a good night

  Le deuxième jour de Solidays s’accompagne d’un petit crachin qui mouille les premiers festivaliers…

Solidays – Crédit photo : Louis Comar

25 ans déjà que le festival Solidays a vu le jour. 25 années quand on y pense, c’est un long moment. La vie dans notre partie du Monde a complètement changé durant cette période. De l’avènement des smartphones, aux présidents qui défilent, des luttes sociales qui grossissent, des crises financières, la planète Starbucks, Amazon, l’inflation, les modes, la perception même  de l’humanité, de la planète, notre rapport à la nature, aux animaux, tout est bien différent. En la matière la perception du VIH, la lutte contre la maladie, la vie en tant que personne séropositives elles aussi ont évolué. Et pourtant malgré ces 25 longues années, les souvenirs personnels et collectifs qui en découlent, l’engagement pour lutter contre cette maladie mais aussi contre la stigmatisation qui l’entoure restent à conjuguer au présent. A titre d’exemple très concret, il aura fallu attendre 2023 pour qu’en France la discrimination à l’embauche des personnes séropositives soient enfin levées dans l’armée. 2023, la chose parait hallucinante. A cela on peut ajouter les clichés, l’éducation pour lutter contre un mal qui peut paraitre à tord, lointain pour les nouvelles générations.

Lutte out loud

Alors pour y répondre, le message de Solidays reste toujours aussi pertinent et juste. Mais comment continuer année après année à le promulguer ? La réponse touche toujours à l’évidence : par l’art et son vecteur le plus puissant, le langage universelle, la musique. Elle permet d’attirer le nombre, de toucher les plus jeunes et d’en profiter pour assener des messages par tous les moyens : stands, intervenants, cérémonies. Il faut parler, il faut éduquer et il faut aussi chanter. Et pas seulement sur le VIH, conscient de son époque le festival s’est ouvert à de nombreux messages militants qui sont portés avant chaque concert pour que les voix soient entendues : on parle accueil des migrants chez soi autant que de la façon d’enfiler un préservatif avant de se mettre à danser. Les stands associatifs et les messages peuplent l’évènement autant que les conférences et que les temps forts et hommages. N’hésitez pas si vous y passez le week-end à y faire un tour, vous en sortirez mieux instruits et armés pour faire du Monde, à votre échelle, un bien meilleur endroit.

Solidays 2023 - crédit Maud Ferrari
Solidays 2023 – crédit Maud Ferrari

Retour vers le present

Solidays – Crédit photo : Louis Comar

Evidemment Solidays, ce sont aussi des concerts et des moments festifs. Retour sur ceux qui ont marqué cette première journée placée sous le signe d’un soleil qui cogne fort et d’un festival qui affiche complet.

S’il n’avait fallu retenir qu’une performance de cette journée du vendredi, ce serait évidemment celle de Sofiane Pamart. Le génie du piano qui fait cohabiter classique et hip hop. Certains diraient que la nouvelle génération ne s’intéresse plus au classique (la belle musique ajouteraient les plus vieux). Et voilà que notre homme débarque pour donner tord aux on dit. Prodige du piano sur la scène Paris, la plus grande de l’évènement, le voilà de rouge vêtu, derrière son piano aidé d’une batterie pour rendre le classique moderne, jouer des antithèses et faire cohabiter les opposés. On dit bien qu’ils s’attirent non ? En l’occurence, l’alliance est magique. Le voilà donc qui balance des titres urbains français, dont Vald pour l’habiller de piano, les doigts flottants sur les touches. On danse sur du classique comme si on était à l’un des bal des « Chroniques de Bridgerton » en ne pouvant que reconnaître le génie instrumental qui tape sur ses touches noires et blanches. Le maître salue régulièrement l’assistance, un véritable salut comme au temps jadis. Mais en une performance se sont différents registres que tout semblaient opposer qui saluent l’audace et la créativité.

Solidays – Crédit photo : Louis Comar

Autre temps fort que celui du concert de Juliette Armanet. Avec son décors sous forme de cercle lumineux rouge, la belle s’en donne à coeur joie et rencontre un public adepte qui connait son répertoire parfaitement. Tantôt au piano, tantôt face à l’assistance pour danser avec elle. Elle la remercie d’ailleurs à l’infinie : « Merci, merci, merci. » Encore et encore avant de « Brûler le feu » comme elle le promet et le chante. Le temps marquant de la performance reste bien sûr sa transformation en boule de disco humaine sur le « Dernier jour du disco ». Loin d’être la dernière note du disco, le titre s’étend et s’étire, le refrain revient encore pour permettre à tous.tes de mieux le chanter. Notre Véronique Sanson moderne profite de sa voix crystalline pour rendre la nostalgie bien plus belle, la scène 80’s bien plus actuelle. L’hypodrome de Longchamps est sous le charme.

Changement de registre

Au coeur de la programmation féminine de l’évènement, deux artistes marquent par leur changement et évolution de carrière. La première Jain, sur la scène Bagatelle a changé sa formation. Celle qui jouait solo avec ses pédales de distortion est maintenant accompagnée d’un groupe élevé derrière elle. Son registre se fait plus pop que le titre qui lui a fait rencontrer le succès  « Makeba ». Evidemment, ce dernier est interprété à mi set alors que la chanteuse raconte sa vie au Congo qui a fortement influencée ses compositions et la découverte des instruments qui l’ont vu débuter. En avant-scène, la voilà qui danse volontiers. Exit le look noir et blanc, l’image forte de la musicienne est aujourd’hui happée dans le tourbillon de création musicale, à la découverte de singles qui font toujours mouche. Jain est une bête de festival, la chose est connue.

Autre changement radicale pour Adé, ex chanteuse de Therapie Taxi. Si en groupe, la musicienne mélangeait les registres et offrait un set aux paroles parfois trash, en solo elle se fait chanson plus pop. Exit les paroles vulgaires, notre musicienne est à fleur de peau et fait s’envoler sa voix. De noir vêtu, elle captive la foule et permet de penser à l’enjeu de savoir habiter pleinement une scène, à bouger son corps en musique. Sur la scène du Dôme, elle maîtrise l’exercice, se réinvente et se pose comme une nouvelle voix sur qui compter. Reste à saluer son premier single « Tout savoir » dont l’écriture précise entre profondément dans les esprits et qui a la fougue dansante d’un « J’ai plongé dans le bruit » de Baden Baden.

Fête populaire

Solidays c’est avant tout une grande fête dansante et enivrante. Elle commence tôt avec la prestation de Julien Granel, chanteur engagé qui fait vibrer la foule et la galvanise, ses cheveux multicolores dans le vent. Arc-en-ciel et paillettes peuplent sa performance sur la scène Domino. Le ton est au plaisir et à la convivialité. Tout le monde reprend en coeur ses titres, danse sans se prendre au sérieux, rit de bon coeur. De quoi faire de l’immense festival un petit village.

La nuit tout est permis, les festivités se prolongent jusqu’au 5 heures du matin alors que l’évènement change de visage. Familiale en journée, il devient une immense boite de nuit à ciel ouvert la nuit. La performance de Salut c’est cool ne fait pas mentir cette dernière phrase. Avec ses paroles barrées et ses excentricités mémorables, le groupe balance fort et rend la foule dingue au moment du célèbre « Techno toujours pareil » Boum Boum dans les oreilles certes, mais boum boum qui fonctionne à la perfection. Et ça saute, saute, saute jusqu’au bout de la nuit.

Solidays – Crédit photo : Louis Comar

Solidays se tiendra jusqu’au 25 juin et promet de nombreux temps forts durant ce week-end. La fête est essentielle.  Après tout, faire la fête comme disait lors de notre interview, Vitalic c’est politique.


Portals de Melanie Martinez : un portail vers le mauvais goût (critique)

Après cinq ans d’absence, Melanie Martinez revient avec son troisième album, Portals. S’inscrivant directement dans la…

Solidays 2022, jour 2 : tonight’s gonna be a good night

  Le deuxième jour de Solidays s’accompagne d’un petit crachin qui mouille les premiers festivaliers…

affiche solidays 2018

Festival Solidays, les vingt ans : un événement toujours sous le signe du partage

  Du 22 au 24 juin 2018 se déroulera la vingtième édition du festival Solidays…

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Protomartyr crédits Trevor Naud

Le 2 juin sortait le très attendu nouvel album de Protomartyr « Formal Growth in the Desert ».  Si le précédent opus était annoncé comme marquant une fin à Protomartyr tel qu’on le connait, ce nouveau jet signe la promesse d’un nouveau départ et flirte sur le fil du rasoir d’émotions exacerbée à coup de post punk viscéral. Entre le désert émotionnel, le vieillissement mais aussi l’envie de dénoncer une politique américaine liberticide, le groupe frappe fort et s’amuse à ajouter des références à Ennio Morricone à ses sonorités. Nous avons rencontré Joey Casey (chant) et Greg Ahee (guitariste). Avec eux nous parlons de westerns spaghettis, d’âge d’or du Hip Hop, de Covid et musique, de politique américaine, de besoin de s’unir, de grosses entreprises, des manifestations pour les retraites en France, du fait de vieillir et de rester curieux en découvertes musicales. Rencontre.

Popnshot : Comment décririez vous ce nouvel album ?

Joe Casey : C’est une bonne question parce que ça me fait me demander comment je le vendrai. On essaie d’être un groupe avec une forme d’immédiateté qui fait que les gens qui ne nous connaissent pas vont adhérer rapidement. Pourtant beaucoup de personnes qui aiment notre musique n’ont pas forcément aimé à la première écoute. Ils nous disent qu’en nous ré-écoutant, en faisant attention aux paroles, ont une forme de déclick. J’aimerai faire quelque chose qui parle immédiatement aux gens mais se révèle au bout de plusieurs écoutes. Je veux qu’on se sente excité à la première écoute mais que plus on l’écoute, plus on en découvre. On a eu ça en tête avec celui-ci. On a ajouté un vibe western country mais qui colle à ce qu’on avait déjà fait.

Greg Ahee : Dans l’esprit d’un film de western. On s’est inspiré d’Enhio Moricone, on a ajouté une touche western spaghetti. Ce que Moricone a fait, c’est qu’il est italien mais qu’il a composé pour des films qui eux ont lieu aux Etats-Unis dans l’histoire des westerns. J’aime ça, prendre quelque chose avec lequel je ne suis pas familier et y mettre ma touche. Quand j’ajoute des éléments c’est ce que j’ai en tête, je n’essaie pas d’imiter parce que je serai mauvais. La dernière fois on avait ajouté du jazz mais dans notre propre interprétation, avec respect. Et c’est pour ça que vous devez écouter l’album (rires)

Popnshot : Pourquoi vous vouliez travailler sur le thème western spaghetti ?

Greg Ahee : C’est arrivé parce qu’après ne pas avoir composé pendant le Covid on m’a demandé de composer pour des courts métrages, je n’avais jamais fait ça avant et je voulais le faire depuis longtemps. j’ai saisi cette opportunité à cause du confinement. Et j’ai voulu élever des scènes avec de la musique. Pour se faire j’ai étudié ce que faisais Moricone, cherché à comprendre sa technique. Une fois que j’ai fini ces enregistrement j’étais enthousiaste à l’idée de travailler sur un nouveau Protomartyr, j’ai voulu mettre la même intensité dans le groupe et coller à la narration de Joe. J’ai voulu élever ce qu’il allait dire. C’était une nouvelle approche rafraîchissante après  albums. Je ne veux pas faire des albums pour en faire, je veux avoir une bonne raison, des choses à dire et je veux que ce soit fun.

une fois sortis de la quarantaine, on s’est dit que les dernier albums étaient les pièce de quelque chose de complet. On s’est senti la liberté de faire un nouveau chapitre, loin de penser aux attentes.

Popnshot : A la sortie du précédent album « Ultimate Success Today », vous disiez qu’il symbolisait la fin dune époque. Vous aviez ça en tête avec ce nouvel opus ?

Joe Casey : C’est marrant avant le Covid, je faisais la promotion de cet album et je disais qu’il clôturait un chapitre. Je le disais parce qu’il y avait des morceaux qui étaient une forme d’au revoir. Et puis la pandémie est arrivée et nous ne savions pas si nous pourrions repartir en tournée un jour, si être dans un groupe avait un intérêt financier ou créatif, donc je me suis senti vraiment stupide. ça aurait pu être notre dernier album. Et puis une fois sortis de la quarantaine, on s’est dit que les dernier albums étaient les pièce de quelque chose de complet. On s’est senti la liberté de faire un nouveau chapitre, loin de penser aux attentes. On a redéfini ce qu’était être un groupe, on a pu se dire que peu importe ce qu’on allait créer, on serait libres. D’une certaine façon c’était un retour à zéro.

Protomartyr crédit Trevor Naud
Protomartyr crédit Trevor Naud
Popnshot : En parlant de liberté, vous disiez dans une interview que le hip hop était plus libre que le rock puisqu’il y a plus de demandes et donc plus d’attente sur les sorties Hip Hop. Vous le pensez encore aujourd’hui alors que le Hip Hop est à son âge d’or et que le rock revient mais doucement ?

Joe Casey : Oui puisque le Hip Hop est le mouvement dominent aujourd’hui et il le mérite. Mais j’ai le sentiment que du coup, le rock peut plus facilement s’offrir la liberté de rechercher et expérimenter ses sonorités. Les gens qui attendent le retour du rock attendent des choses identiques à ce que faisait Led Zeppelin ou d’autres groupes retros. Mais aujourd’hui on a la liberté de faire ce que l’on veut sans se préoccuper des attentes.

Popnshot : Une chose très importante dans la musique pour vous ce sont les paroles. Sur « Formal Growth In The Desert » quand vous parlez de désert, vous voulez dire désert émotionnel c’est ça ?

Joe Casey : J’ai toujours utilisé le désert comme une métaphore facile pour décrire mon état émotionnel : l’isolation. Dès le premier album et la premier morceau j’ai parlé du désert. Avant de faire l’album, avec ma fiancée nous sommes allés dans le désert de l’Arizona. Ces grandes pierres, c’est magnifique mais on s’y sent aussi minuscules. On se sent comme une poussière dans ce qui date de plusieurs milliers d’années. J’ai imaginé ce qui s’est passé pendant le Covid. Même dans le désert des choses poussent, il y a de la vie. C’est devenu une métaphore simple pour l’album qui était en train de pousser.

Popnshot : Et puis il y a la pluie en conclusion de l’album …

Joe Casey : Je suis content que ça colle parfaitement. Les émotions et les notes explosent au même moment dans une forme Technicolor où il y a de la pluie, où les choses poussent. C’est semi intentionnel. Ce n’était pas prévu. Mais ça fonctionne. Parfois les paroles s’opposent à la musique et là au contraire elles vont parfaitement ensemble.

aujourd’hui en Amérique, les choses vont trop loin. Il a beaucoup de monde qui ne peux pas se payer une maison, les syndicats revendiquent l’augmentation des salaires minimums et on ne leur donne pas.

Popnshot : Les paroles sont écrites en premier ?

Joe Casey : Non le groupe vient me trouver avec des morceaux et j’ajoute les paroles. Et je ne voudrai pas que ce soit dans le sens inverse. Peut-être un jour ce sera amusant de faire l’inverse. J’essaie de répondre aux mélodies qui me sont proposées, je me demande ce que ça me fait ressentir. Je ne pense pas à des mots précis, je pense aux émotions qui en ressortent.

Greg Ahee : Sur le dernier album on avait plus ou moins fini d’enregistrer la musique et on a enregistré le chant à la fin. Cette fois-ci on a tout fait en même temps. On était en studio pendant deux semaines. De ce fait il a fini par mettre du chant sur des morceaux qui n’étaient pas complètement terminés. Il y avait juste de la basse, de la batterie et une base de guitare. Grâce à ça, il y a eu plus d’allers-retours entre nous. J’ai pu travailler sur ce qu’il amenait dans les chansons. Enjoliver et élever l’histoire qu’il amenait.

Popnshot : Vos paroles sont toujours politisées. Cette fois vous parlez du capitalisme. Un parti pris qui correspond toujours au courants punks. Que vouliez-vous faire ressortir ?

Joe Casey : Avec les confinements et le Covid, on a vu que les gens étaient encore en train de mourir quand le gouvernement a dit qu’il fallait quand même aller travailler. C’est ce qu’est le capitalisme. Avant j’essayais d’enrober les choses, de ne pas être trop direct quand je parlais de politique, je me cachais derrière des métaphores, c’est parce que je ne me sentais pas à même de répondre intellectuellement, je peux répondre aux choses émotionnellement. Mais aujourd’hui en Amérique, les choses vont trop loin. Il a beaucoup de monde qui ne peux pas se payer une maison, les syndicats revendiquent l’augmentation des salaires minimums et on ne leur donne pas.  On voit tout ça arriver en direct, on ne peut pas le nier. Même dans l’industrie musicale, on voit arriver une nouvelle forme de travail qui sert moins les artistes et au public mais sert plus les grosses entreprises. Ils ferment les salles indépendantes par exemple, on voit tout ça arriver dans notre petite partie du Monde. Je chante sur ce qui m’affecte.

Les problèmes que l’on rencontre à Détroit sont les mêmes qu’on retrouve en Europe.

Popnshot : Tu parles de ton petit bout du Monde mais ce que tu chantes peut concerner d’autres parties du Monde. Par exemple du parles de violences policières ce qui est un énorme sujet ici en France, d’autant plus récemment suite aux manifestations pour les retraites ….

Joe Casey : C’est l’une des meilleures choses quant au fait de tourner, de pouvoir voir le Monde. Avec notre premier album, on ne pensait pas qu’on aurait cette chance. Les deux premiers albums parlent de Détroit. Eh bien, quand on tourne, on découvre l’universalité de nos problématique. Les problèmes que l’on rencontre à Détroit sont les mêmes qu’on retrouve en Europe. Sur la chanson « We know the rats » on parle de ça aussi. Pourquoi est-ce que tu as cambriolé ma maison ? Parce que tu as besoin d’argent. Et pourquoi ? Parce qu’il n’y ni travail, ni opportunités. Et même si ça parait naïf de le dire, on doit travailler ensemble pour s’occuper de ces problèmes. Et la réponse n’est pas la violence. Quand je me suis fait cambriolé chez moi, la police m’a dit que c’était de ma faute parce que je n’avais pas de flingue pour me défendre. Ils veulent qu’on soit montés les uns contre les autres. Mais en étant réalistes, il faut rester prudents. Les gens au final nous parlent beaucoup, ils nous donnent des réponses simples à des questions qui paraissent complexes. Je ne veux pas être simpliste et dire que si on s’unie tout sera réglé. On ne sait pas tout ce qui se passe en France. Mais on voit qu’ici les gens manifestent de façon plus agressives qu’aux USA et que c’est une bonne chose.

Popnshot : Tu parles aussi de vieillir sur cet album. Un sujet peu abordé. Pourquoi était-ce important pour toi ?

Joe Casey : Quand on a commencé le groupe, je me sentais trop vieux pour être dans un groupe de rock et je l’étais sûrement. Mais maintenant Greg est plus vieux que je ne l’étais quand on a commencé.  Et je me dis Mince j’étais jeune en fait, je suis vieux maintenant (rires). Je déteste cette sentimentalité poussée quand on chante des choses comme « Forever young ».  On chante ce qu’on connait alors pourquoi chanter sur la jeunesse quand on n’est plus jeunes ?  Beaucoup de gens nous ont dit aimer notre musique parce qu’elle parle de résignation ou de notre compréhension du Monde. Notre idée c’est de se dire voilà comment marche le Monde mais on peut trouver du bonheur au milieu.

Greg Ahee : Vieillir ce n’est pas si mal. Tant que tu es près à grandir.

Popnshot : Comment ça se traduit en musique ces sentiments ?

Joe Casey : Il y a toujours une forme de tristesse dans la musique que j’aime. Plus tu vieillis, plus il y a de la tristesse. Mais il y a toujours un peu d’espoir. Il doit y avoir un peu de lumière quoi qu’on fasse et qu’on crée.  Essayer d’apporter plus de joie qu’on l’a fait dans le passé c’est grandir pour moi. En dehors de la musique, j’essaie d’être moins un connard, d’accepter plus de choses. J’ai le sentiment que je jugeais beaucoup de choses avant parce qu’étant un gosse, je ne comprenais pas grand chose. Grandir c’est apprendre,  tu acceptes des choses que tu n’étais pas en capacité d’accepter ni de comprendre.

Greg Ahee : Et puis en tant que groupe qui a plus de 10 ans tu veux aussi continuer à te challenger, garder ton niveau. On doit ajouter du pouvoir à notre musique. On ne veut pas devenir un vieux groupe de rock, avoir une guitare plus simple ou des titres moyens.

Joe Casey :On veut que composer reste excitant parce qu’on va jouer ces morceaux encore et encore. On ne veut pas s’ennuyer au deuxième concert.

Greg Ahee : On veut garder l’énergie. J’ai lu un article il y a un mois ou quelque chose comme ça qui disait qu’à partir de 33 ans on ne cherche plus à découvrir des nouveautés en musique. J’ai 36 ans et je ne veux pas devenir comme ça. Et il n’y pas que ce qui vient de sortir, il y a plein de choses anciennes à découvrir. Les gens se contentent de ce qu’ils ont déjà écouté parce que ça les met à l’aise. Du coup je me force à découvrir de nouvelles choses parce que si je m’arrête je ne vois pas l’interêt d’avoir un groupe.

Popnshot : C’est triste d’arrêter d’être curieux en musique, ce serait un peu comme manger le même repas tous les jours …

Joe Casey : C’est aussi, je pense parce que les gens n’ont pas le temps de faire des découvertes parce que la vie est trop intense. Il y a du confort à se dire que ça ne va pas changer, qu’un titre sera toujours le même.  Avec le temps on voit le passé comme un moment où les choses allaient bien.

Greg Ahee : Ca ne s’applique pas au films, les gens en découvrent toujours des nouveaux. Mais on a une connexion différente à la musique, qui nous affecte différemment. De façon plus viscérale. En 2 heures de film, on ne ressent pas qu’un sentiment: les choses changent, c’est un voyage. En musique, le sentiment revient immédiatement. C’est fatiguant de faire des découvertes, mais c’est comme tout dans la vie.

Popnshot : Avec la musique on connait aussi les paroles par coeur, ce qui n’est pas le cas avec un film.

Greg Ahee : C’est un bon point. Et ça se rapproche du fait qu’aujourd’hui un album est moins important qu’une entrée en playlist. Elles sont basées sur les humeurs pas le style. On veut des mixes pour travailler ou chiller. Mais malgré tout on reste un groupe d’albums, c’est la phrase ultime en musique.

Popnshot : C’est amusant parce que j’aime finir mes interviews en demandant comment vous fait pour découvrir de nouvelles choses en musique, quelles sont vos astuces ?

Joe Casey : Même si certains ne découvrent pas de nouveautés, il y a tellement de nouveautés en musique que c’est difficile de savoir comment s’y prendre. Je n’ai pas de Spotify and co donc je compte sur mes amis pour me dire ce qui est bien. En tournant aussi dans différents pays on peut demander aux gens s’ils ont des recommandations. Parfois dans d’autres langues.

Greg Ahee : J’ai Spotify et parfois je découvre des choses via cette plateforme mais je trouve toujours ça dégoutant  parce que ça se base sur ce que j’aime mais je trouve que c’est trop structuré grosses entreprises. je me dis que ces immenses boites vole ma data.  J’essaie d’éviter ça. Du coup pour éviter ça j’écoute des radio classiques ou en ligne. Les stations locales à Détroit ont pas mal de belles choses. NTS sur internet a de très belles choses


Bar Italia crédits Simon Mercer

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We Love Green 2023 – Crédit photo : Louis Comar

La résilience. N’est-ce pas un concept qui colle bien aux temps actuels ? Nourris aux menaces, aux risques, les générations actuelles vivent dans une peur constante de perdre tous les acquis de leurs aînés voir même la possibilité de vivre sur cette planète. Alors résilience, certes pour lutter contre les angoisses. Et puis et surtout face aux immenses enjeux qui se jouent actuellement, il faut se battre. Dans ce cadre la culture et en particulier la musique sont autant d’armes à utiliser pour porter les débats et les voix. Le festival en lui-même devient d’ailleurs un étendard puissant pour canaliser les consciences, dialoguer et pousser à l’engagement.

Dans ce cadre, le très engagé We Love Green, aux portes de Paris s’est donné pour mission de faire cohabiter têtes d’affiches et écologie et de prouver que si la musique est elle aussi polluante, elle peut être déterminante dans la lutte pour une action groupée pour – comme le diraient les films Marvel- tout simplement sauver la planète.

We Love Green 2023 – Crédit photo : Louis Comar

En ce dimanche 3 juin, la planète bois de Vincennes, elle, est éclairé d’un soleil qui tape fort. Le festival qui trainait la réputation d’une certaine malédiction, l’édition précédente avait dû être écourtée en raison d’intempéries violentes, peut enfin profiter d’une année sans accroc pour faire valoir ses revendications et présenter sa très éclectique programmation.  D’entrée le festival promet d’être le plus green possible : une tente baptisée Think Tank offre son lot de conférences et débats, le tri sélectif est fait, les toilettes sèches et urinoirs féminins sont utilisés, les éco cups n’ont pas été logotées pour forcer à les rendre et donc à les recycler, toute l’offre food est estampillée végétarienne et surtout chaque concert est précédé de spots diffusés sur les écrans qui bordent les scènes visant à sensibiliser à des points précis concernant l’écologie. Quelques animations s’ajoutent à la fête. Certaines sponsorisées ( Maison du Monde propose de réaliser des couronnes de fleurs, Deezer de gagner son festival …), d’autres sont prévues par le festival : des skaters professionnels font des rides, des sauts et donnent des cours aux néophytes. Sous le cagnard donc. Si tout ne peut être parfaitement green, l’affaire est complexe et y répondre prendra, on le sait ,des années de réflexion, la proposition se tient. L’autre atout du festival tient en sa décoration et le soin tout particulier porté à son ambiance : une tente emplie de plantations de chanvre, des drapeaux de toutes les couleurs l’emplissent.

We Love Green 2023 – Crédit photo : Louis Comar

We Love la Grille de programmation

Au milieu de ces actions, place tout simplement à la musique. En début d’après-midi, we love griller sur les pelouse en écoutant Moodoid. La formation distille une chanson française version nouvelle vague avec une touche d’électo qui colle aux festivités estivales. Elle s’offre un petit verre de champagne en fin de set et trinque sur scène. Les bulles sont le reflet d’une effervescence musicale légère, la journée est lancée.

Moodoid – We Love Green 2023 – Crédit photo : Louis Comar

Comme il est de coutume à chaque festival en ce moment et dans l’optique de satisfaire une certaine jeunesse qui en est fervente, le Hip Hop est de la partie. J9UEVE se présente sur scène, avec la chance de jouer sous le chapiteau donc à l’ombre, avec un peu de retard. Si l’urbain a d’excellente propositions et sait créer du haut de gamme musicale, c’est loin d’être le cas de notre homme. La foule répond volontiers à ses propositions pleines d’auto-tune et de morceaux déjà entendus partout. Les clichés s’y enchaînent portés par des beats qui invitent à se déhancher avec trop de facilité. Difficile de comprendre ce qui peut bien motiver à adhérer à ces phénomènes de mode. Autant donc, changer de scène.

Heureusement, la programmation est variée et a de quoi satisfaire un large public. Vient alors à prendre possession de la grande scène, une proposition à l’élégance indéniable : Gabriels. Avec une soul digne des plus beaux lounges de Brooklyn, le groupe transporte dans un New-York old school et idéalisé. Le chanteur, malgré les fortes températures, en impose avec son smoking et une cape multicolore. Ses choristes, sublimes, ondulent en robes noires serties de gants roses. Mais tout ça n’est rien face à la puissance vocale et au groove déployé.  Les instruments se répondent à la perfection, convoquent l’ancien pour lui apporter une dose de modernité. On y trouve l’étoffe de l’immense Barry White dans les prouesses technique comme dans l’évidence mélodique. Le set se finit par un bain de foule pour le maître de cérémonie qui prêche et convainc.

Autre salle, autre ambiance, c’est au tour de Pomme de pousser la chanson sous le chapiteau. Son interview réalisée par Konbini donne le ton avant que la douce chanteuse n’arrive sur scène. Elle est accompagné de sa troupe de musiciens déguisés en champignons. Fort à propos pour un festival qui met en avant la nature. Pomme allie toujours lors de ses concerts douceur, humour et bienveillance. Sa voix juste et son timbre fluet attirent les festivaliers en masse, à tel point qu’il est difficile de se trouver une place  :  » On a la meilleure scène, déclare la chanteuse, elle nous permet d’être à l’ombre. » A l’ombre donc, la voilà qui nous entraine dans son Monde magique où les émotions à fleur de peau répondent aux notes et où les contes et blessures se déploient sur la pointe des pieds.

Pomme – We Love Green 2023 – Crédit photo : Louis Comar

« Bon » soirée, qui va (de)crescendo

Bon Iver qui se lit comme un bon hiver donc, porte aujourd’hui bien mal son nom. A moins que sa folk apaisante ne soit promesse de rafraichissement. Le soleil se couche sur le bois de Vincennes, les couleurs deviennent ocres. Là, comme dans un songe, une voix claire s’élève. Les guitares suivent et viennent à masser les esprits. Elles enveloppent les pensées comme les températures enveloppent les corps. Peu de temps de paroles pour la formation qui préfère enchaîner ses morceaux et prendre par la main ses convives. La promenade est intense : des hauteurs aïgues des voix, voilà qu’on croise des vallées faites d’effets et de vocaliseurs, des rochers à gravir donnant au set un ton plus rock et un timbre plus rauque s’alternent. Les visages de Bon Iver sont pluriels et s’explorent laissant parfois une boule au ventre. Celle-là même qui rend immédiatement nostalgiques d’un bon concert. Il faudra se passer du magnifique titre « Flume » mais pas intégralement du massif album qu’est « For Emma, Forever Ago ». « Lump Sum » et le Pic « Skinny Love » à l’acoustique  le représentent dignement. Le souvenir de cette instant de communion restera gravé lui aussi pour toujours.

Bon Iver – We Love Green 2023 – Crédit photo : Louis Comar

Aimé Simone a toutes les cartes en main. Seul sur scène, le chanteur distille un son entre rock et rap et s’approprie l’intégralité de l’espace scénique.  Il invite une petite fille à le rejoindre sur scène pour chanter. Timide, elle peine à pousser la chanson. Ce n’est pas le cas du public qui lui, suit l’instant et répond volontiers aux interpellations qui lui sont faites. En plus de son répertoire, le musicien propose sa version personnelle et rythmée d’ « As it was » d’Harry Styles justement de passage dans la capitale quelques jours plus tôt. L’excitation est à son apogée, la clôture se prépare.

Aime Simone- We Love Green 2023 – Crédit photo : Louis Comar

L’entièreté du festival afflue dans la même direction dans le bon ordre, pour venir applaudir Lomepal. Si le musicien est souvent associé au mouvement urbain, il a surtout l’étoffe de la grande chanson française et l’aura sertie d’adulation des icône internationales du rock. Lomepal est adoré par son public et chacun de ses titres fait indéniablement mouche. Chaque mot, chaque silence est repris en choeur par l’assistance toute entière du premier au dernier titre. L’homme a, il faut l’admettre, une prestance incroyable. Et surtout une capacité à conjuguer instantané et intemporel. Le premier parce que il suffit d’une écoute pour que ses mélodies entrent en tête avec une évidence de classiques, le second parce qu’il y a à parier qu’ils entreront dans la postérité. Une mélancolie certaine s’ajoute à une euphorie galvanisée et une scénographie aussi simple qu’élégante. Les singles s’enchainent alors que l’homme arpente la scène et son avancée. « Decrescendo »,  « A peu près », « Mauvais ordre » et le puissant « Trop beau » défilent. Le maître de cérémonie peut régulièrement lâcher le micro et laisser la foule prendre les rennes de l’instant. Pour autant, aucune fausse note ne vient faire souffrir le set lorsqu’il reprend la parole. Il en profite pour annoncer deux nouvelles dates à l’Accor Arena à l’hiver avant de poursuivre de plus belle, le plume aussi affutée que son flot. La cohésion qu’il inspire lui permet de signer des concerts magistraux. Ses vers, « Beau à la folie » donnent « Evidemment »  bien plus d’armes et font couler « Plus de larmes » en faveur de la protection de la planète. Un dernier titre, côté public « Les yeux disent » au revoir et à l’an prochain.


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