Éva, Myriam et Edith se sont rencontrées jam session. Armées d’une basse, d’une batterie et d’une guitare, elles forment les Grandma’s Ashes !  Au menu : du rock stoner, de l’humour noir et une bonne dose d’autodérision. Aujourd’hui, à l’occasion de la sortie du clip de « Daddy Issues », le trio à répondu à nos questions, on parle situation sanitaire, musique, enregistrement et memes.

Grandma's Ashes - Daddy Issues
Photo : Angela Dufin

Bonjour les Grandma’s Ashes ! Comment allez-vous pendant cette période si particulière ? Comment vivez-vous ce deuxième confinement ?

 

Grandma’s Ashes : Salut Louis ! Comme tout le monde,  on suit de semaines en semaines les évolutions des mesures du gouvernement. On a décidé de travailler à distance pour ce deuxième confinement, une grande première pour nous qui sommes habituées à jammer ensemble pour composer.

 

Quelles sont les conséquences de cette crise pour vous ? Les difficultés que cela entraîne pour vous en tant que musiciennes ?

 

Grandma’s Ashes : Il y a le fait de ne pas pouvoir répéter autant qu’en temps normal qui est contraignant. Finalement, on a décidé d’utiliser ça à notre avantage pour travailler en détail nos morceaux, donc musicalement ce n’est pas forcément une mauvaise période. On prend le temps de se recentrer, de réfléchir et de définir ce qu’on imagine pour la suite. En tant que musiciennes c’est plus compliqué, puisque tous les concerts sont annulés, nous avions quelques grosses dates de prévues. C’est une période étrange, mais on essaye de rester le plus productives possible.

 

L’industrie musicale est en grande difficulté avec les réformes liées à la situation sanitaire. Comment vivez-vous tout ça ? Avez-vous des retours d’autres professionnels de la musique ? Je pense surtout à Myriam qui est ingénieure du son.

 

Grandma’s Ashes : L’arrêt total du spectacle vivant est quelque chose qui n’a jamais été vu auparavant, ça rend le secteur encore plus précaire qu’il ne l’était déjà et peut s’avérer décourageant pour les groupes en développement comme le nôtre. Ce qui est frustrant est de ne pas savoir quand on pourra reprendre normalement. Je dirai que c’est cette situation très floue qui commence à peser sur tout le milieu, mais on reste positives et on se concentre surtout sur la suite !

 

Vous sortez le clip de « Daddy Issues ». Pouvez-vous nous expliquer vos intentions avec ce clip ?

 

Grandma’s Ashes : Notre première intention était de planter un décor qui nous ressemble : un mélange entre rock, goth avec une touche d’absurde. On a décidé d’explorer une certaine facette de notre musique, la plus sombre étant donné le thème du morceau. Pour cela on a pas hésité à prendre des références très stéréotypées : des films de vampires, un corbillard, une ghoule. L’idée était de casser ces clichés par une fin absurde et poétique, cela illustre bien les deux pôles de notre musique.

 

Grandma's Ashes - Daddy Issues

 

Comment s’est passé le tournage ? Ce n’est pas commun de conduire un corbillard ! 

 

Grandma’s Ashes : C’était très intense ! La journée a commencé à 4h ou 5h du matin pour nous qui devions passer par l’étape costumes et maquillage … Et le tournage s’est arrêté un peu après 20h, le temps n’était pas tellement des nôtres même si nous avons survécu à la pluie et au froid ! En effet, conduire un corbillard, surtout sur la digue et l’environnement très industriel de Dunkerque, était une grande première et une sensation fantastique: on s’est senties tout de suite propulsées dans l’ambiance que nous voulions transmettre avec ce clip.

 

« Daddy Issues », c’est un titre de chanson qui interpelle, quel(s) sujet(s) y abordez-vous ?

 

Grandma’s Ashes : Daddy Issues, c’est une chanson qui parle de la période de l’enfance d’Eva durant laquelle ses parents se sont séparés. Comme beaucoup de nos titres, il s’agit d’un exorcisme, d’un exutoire super efficace pour parler de thèmes qui nous pèsent de façon plus universelle.

On a choisi ce titre pour minimiser le côté dramatique des paroles et les réduire à un simple “problème avec son papa”, autant par dérision que par pudeur.

 

Vous disiez que ce titre avait subi plusieurs réarrangements, est-ce que ça y est, il est aussi percutant que vous le souhaitez ? 

 

Grandma’s Ashes : Nos morceaux ne sont jamais vraiment finis, mais pour l’instant il correspond bien à notre façon de voir les choses. Comparé à la première version, on a l’impression d’avoir mieux réussi à mélanger les passages stoner, prog, mélodiques et d’avoir accédé à une efficacité qui nous plaît.

 

Quand on écoute « Daddy Issues » on se dit tout de suite que c’est un titre fait pour le live. Justement, vous avez eu quelques dates entre septembre et octobre. C’était comment de retrouver les concerts ?

cela nous a rappelé toutes les émotions que transmet le live

Grandma’s Ashes : Nous avons eu la chance de jouer sur la terrasse du Trabendo. C’était magique de retrouver autant de gens ensemble, cela nous a rappelé toutes les émotions que transmet le live et la puissance du sentiment d’être sur scène.

Nous avons enchaîné avec quelques dates dans le Nord-Ouest, avec un public assis et masqué. On l’a eu plus dur, on ne reçoit pas les mêmes choses, le partage est difficile, mais on a essayé de donner tout ce qu’on avait !

Grandma's Ashes Trabendo 2020
Photo : Louis Comar

Votre premier EP, “The Fates” est prévu pour le 15 janvier 2021. Pouvez-vous nous en parler en quelques mots ?

 

Grandma’s Ashes : Le titre “The Fates” fait référence au mythe des trois Parques, les sœurs maîtresses de la destinée. Il est composé de cinq titres mélangeant stoner, prog et passages plus post-rock aériens. Il sortira le 15 janvier prochain en streaming et un peu plus tard en vinyle !

 

Dans une précédente interview, vous disiez qu’il était le fruit de votre évolution musicale sur trois ans. Comment cette évolution se caractérise entre vos premiers enregistrements et cet Ep ? 

 

Grandma’s Ashes : Nous nous sentons plus assurées. Nos premiers enregistrements étaient des maquettes de chansons que nous ne jouons plus ou des versions antérieures des chansons présentes sur l’EP. Nous nous sommes perfectionnées en tant que musiciennes et compositrices au fil des concerts et des expériences. Cet EP, c’est un condensé des meilleurs morceaux  qu’on a sélectionné de ces 3 années où on a appris à se découvrir musicalement ensemble.

 

Est-ce que vous avez été accompagnées pour la conception de cet EP ? Si oui, de quelle manière et par qui ?

 

Grandma’s Ashes : Nous avons signé sur le label Nice Prod pour la production de cet EP. Les morceaux étaient déjà finis, mais nous ne les avions pas encore enregistrés.

Le label nous a donné l’opportunité d’enregistrer aux studios Ferber. C’était notre première fois dans un si grand studio d’enregistrement, Eva avait une coach vocale aussi. Cet environnement nous a permis de faire ressortir précisément certaines intentions, surtout au niveau des voix. Les titres ont été mixés par Mario Caldato (qui a notamment mixé les Beastie Boys) qui a respecté notre désir d’obtenir un EP assez brut et spontané.

 

Récemment, vous avez révélé le visuel de la pochette de « The Fates ». Pourquoi vous être inspirées du mythe des trois Parques ? En quoi ce mythe à une signification pour vous ?

 

Grandma’s Ashes : Nous avons été comparées aux Trois Parques lors d’un de nos concerts, ça nous a tout de suite paru évident et l’idée nous a beaucoup plu. C’est une belle métaphore des concerts: on fabrique un fil, qu’on déroule et qu’on coupe ensuite mais aussi une belle représentation de nos rôles à chacune. De plus, nous aimons l’idée de sororité et la destinée et la mythologie sont des thèmes récurrents dans nos chansons.

 

Une release party est prévue à la Boule Noire le 19 janvier 2021, comment préparez-vous cette soirée ? Êtes-vous optimistes quant à sa tenue ?

 

Grandma’s Ashes : Nous avons décidé de reporter cette date au mois de mai 2021 dans la même salle, en espérant que l’ambiance puisse être au rendez-vous et qu’on pourra tous fêter ça en s’amusant comme il se doit!

 

Alors vous êtes cataloguées parmi les artistes stoners, un milieu pourtant majoritairement représenté par des hommes. On vous compare à des Queen Of The Stone Age, Muse. Quelle place ont les femmes dans ce courant musical selon vous ?

 

Grandma’s Ashes : En effet, les femmes ont toute leur place dans ce courant, même si elles sont peut-être moins nombreuses et surtout, moins visibles. Il y a une idée commune qui sépare un “art féminin” d’un Art (avec un grand A et majoritairement masculin). Si tout le public avait les yeux bandés ils se diraient seulement “Ah ouais, là je reconnais telle influence, ça me rappelle ce groupe …”, on ne se poserait pas la question de savoir si on peut appartenir à tel ou tel genre musical parce que nous sommes des femmes, la musique parle d’elle-même.

 

L’humour et l’autodérision font partie des piliers des Grandma’s Ashes, pourquoi cela vous tient à cœur ?

 

Grandma’s Ashes : Comme beaucoup de personnes qui font les pitres, il s’agit beaucoup chez nous d’une façon plus accessible et pudique de parler de thèmes durs, sans entrer ouvertement dans le pathos. On aborde majoritairement des sujets douloureux dans nos chansons, et on est plus à l’aise d’en parler avec humour et dérision; c’est aussi une façon de partager sans accabler, de détourner des sujets tristes personnels pour les remettre en perspective dans un monde qui devient absurde, et de permettre à nos auditeurs d’aborder notre musique de manière plus légère! C’est une manière intemporelle et fédératrice de lever son majeur à tout ce qui ne tourne pas rond finalement.

 

Justement, pour terminer, pouvez-vous nous montrer le meme qui représente le mieux les Grandma’s Ashes ? 

 

Grandma’s Ashes : Pas évident, il y en a tellement! On en a sélectionnés deux :

 

Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à ces questions, à très vite !

 

Grandma’s Ashes : Merci à toi !

 

Photos : Angela Dufin et Louis Comar

 


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