Il fallait bien que ça arrive… La rédaction de Pop&Shot n’est pas d’accord ! L’objet du délit ? La dernière réalisation de Gore Verbinski ( The Ring, Pirates des Caraïbes 1&2, The Lone Ranger…) avec le prometteur Dane DeHaan ( Chronicle et bientôt Valerian). Alors, bien ou pas bien ce nouveau film ? Avis croisés…

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POUR : Back to the basics !

La promotion a bien fait son travail. Verbinski est sur la pente descendante à Hollywood depuis qu’il a refusé de réaliser les derniers Pirates des Caraïbes (et il est bien connu qu’on ne vexe pas impunément les grandes oreilles de Disney) et son Lone Ranger avait été un bide au box office malgré les indéniables qualités dont il pouvait être bourré. Dane DeHaan est un des acteurs américains les plus prometteurs du moment, sa performance dans Chronicle ayant été remarquée et remarquable. Mais, lui aussi, raté le coche du succès en se compromettant dans l’avant dernière version des aventures de SpiderMan en faisant un Harry Osborn/Bouffon Vert pour le moins….gênant. Le fait d’être Valerian dans la grosse production Besson du même nom fera beaucoup parler en France, voire en Europe, mais est ce qu’elle sera notable à l’international ? L’avenir nous le dira… Le pitch peut laisser dubitatif voire même faire bouger quelque chose sans faire bouger autre chose, pour essayer de paraphraser un ancien Président de la République tout en restant poli (pas simple). Sur fond de scandale boursier à venir, un trader new-yorkais est chargé par ses supérieurs de retrouver un des associés de sa multinationale qui ne veut plus donner signe de vie et revenir depuis qu’il est parti faire une cure en Suisse. Wow.

La promotion a bien fait son travail parce que malgré tout ça, l’affiche et les différentes bandes annonces vous donnent envie de creuser et d’aller au delà de ce synopsis. Qu’est ce que cette cure ? Quels mychtères insondables se cachent dans cet institut bien sous tout rapports ? Quel est le rapport avec les anguilles ? Est ce que la fille de l’affiche va sortir du bain et on pourra voir si

Bref.

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Alors SPOILER ALERTE, ce film n’est pas un chef d’œuvre. Et il n’est pas parfait. Vu la fréquence à laquelle ce genre de choses arrivent je pense que l’honorable lecteur s’en remettra… Mais s’il est une qualité qui ne peut être niée à Gore Verbinski c’est bien de savoir poser le cadre de son histoire ainsi que son ambiance. Pas besoin de mille scènes d’exposition pour montrer que Lockhart est un jeune loup de Wall Street dévoré d’ambitions. Les enjeux sont clairs et les motivations, que ce soit celle de la quête (retrouver Pembroke) ou celle du héros (se faire bien voir de ses patrons pour justifier et continuer son irrésistible ascension sociale), le sont tout autant. Départ pour la Suisse donc. En quelques minutes, il nous est décrit la mythologie du lieu, des nobles locaux incestueux chassés par les villageois il y a deux cents ans, ainsi que le futur cadre dans lequel va se dérouler le reste du film : l’Institut Volmer. Une simple discussion entre le personnage principal et le chauffeur, intelligemment mis en images, suffit. Dans le vif du sujet, tout est mis en place pour se laisser entraîner dans cette histoire.

Sans particulièrement spoiler, s’il y a bien quelque chose de rafraîchissant dans A Cure For Life, c’est son classicisme. Non, non ce n’est pas un gros mot ni un reproche. Pas de jump scare, de caméra embarqué, juste une bonne histoire solide mené de bout en bout. Le film pourrait avoir été tourné il y a une dizaine, vingtaine ou même trentaine d’années qu’il ne serait pas forcément différent dans sa forme ni son fond. Oui, il y a quelque chose de rafraîchissant de revenir aux bases du genre. Un personnage principal assez bien exposé pour lui donner une identité propre sans pour autant le diluer dans un habituel premier quart d’heure d’exposition visant à rendre sympathique les protagonistes mais qui 9 fois sur 10 sapent le rythme du métrage et sont contre productifs (combien de films de genre dont on se fout du sort des protagonistes?). Le rythme n’est pas frénétique, c’est le moins qu’on puisse dire, mais dès les premières minutes en Suisse, le spectateur est placé dans le même état d’esprit que le personnage principal et découvre, au compte gouttes, les quelques éléments permettant de lever le mystère sur ce fameux Institut. La légende des nobles incestueux s’affine au fur et à mesure que Lockhart rencontre de nouveaux interlocuteurs. Il y a quelque chose d’assez ludique dans le film en cela que l’on a envie de savoir, que l’on se met à échafauder des théories qu’on soumet en murmurant à son voisin de cinéma. En somme, le film n’endort pas son spectateur et propose une histoire intéressante de bout en bout.

La mise en scène est élégante et les décors sont particulièrement soignés. A un point tel que, lors d’une séquence d’exploration bien en dessous des fondations de l’Institut, les plans sont tels que le métrage aurait pu être en noir et blanc que ça n’en aurait pas été gênant. Il y a quelque chose de lovecraftien à voir ce personnage ordinaire confronté à ce mystère qui ébranle progressivement sa raison. Et même si le film dure peut être un quart d’heure de trop, avec une toute fin beaucoup trop « évidente » dans sa résolution, alors qu’une scène de retrouvailles entre le héros et la jeune aurait pu donner quelque chose de beaucoup plus amère et ancrer véritablement le film dans la catégorie du Conte Noir, on se dit en sortant de la salle, qu’un film comme A Cure For Life, en ces temps de formatage du genre, on n’en voit finalement trop peu pour bouder son plaisir !

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CONTRE : 

 

Waouh cette bande-annonce! Nom de Dieu ces images! « A Cure for life » promettait d’envoyer du lourd lors de ses semaines d’intense promotion juste avant sa sortie. C’est donc le jour J, et en évitant d’en savoir trop avant la projection, que je m’aventurais en salle obscure avec l’espoir ( pas trop secret) d’en ressortir complètement parano.

Seulement voilà, le métrage est loin de cette promesse d’origine. Un épais mystère, quelques vérités sur la vie, des moments de stress, une désorientation pour le spectateur… très vite cette liste non exhaustive s’éloigne pour laisser place à un classique pas si classique dont les twists sentent le capillotracté.

Dans ses premières minutes, « A Cure for Life » promet un beau moment de cinéma. L’imagerie est magnifique, les décors sublimes, une simple caméra sur le toit d’un train permet une ballade immersive dans un lieu qu’on ne souhaiterait effectivement pas quitter. Notre héros, Lockhart y débarque avec de bien vilaines intentions. Cet homme dépeint comme ambitieux, prêt à tout cache en fait un lourd trauma. Le voyage au centre de la cure, cet enfer sur Terre que personne ne semble vouloir quitter l’aidera-t-il à  guérir? Qui est la mystérieuse jeune  fille qui défile subtilement pieds nus dans les jardins? Déjà les pieds nus c’est pure et ensuite elle veut pas partir si t’avais pas trop compris. Beaucoup de questions s’accumulent.

Au fur et à mesure des minutes qui passent, une sensation s’installe doucement. Et s’il manquait quelque chose à ce film? Le fait par exemple d’assumer entièrement un arc narratif? On est dans un film de genre? A mi-chemin entre du fantastique et de l’horreur? Soyons le. Est-il possible de se sentir complètement en danger dans cette institut à un moment donné?

Que nenni mes amis puisque le film prend en réalité la forme d’un conte obscure qui cherche à s’assumer à coup de fortes incohérences en fin de pellicule. Ah suis-je bête! On le savait ça, il y avait bien une princesse en haut du château, un prince pas si charmant, un méchant et des légendes. Oui certes, encore faut-il mieux l’exploiter à l’image.

Certes il est facile de critiquer, alors que l’œuvre est bien loin d’être une catastrophe. Enfin c’est un petit compliqué sans la spoiler puisqu’au delà d’un brin de déception s’installant doucement, de révélations qui se veulent de plus en plus évidentes, c’est bien sur son final que le film se plante.

SPOILERS donc pour pouvoir défendre un point de vue plus complet (sans tout dire non plus) :

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Après cet intermède photographique pour permettre à ceux qui ne veulent pas se faire spoiler d’arrêter de lire, reprenons…

– Déjà attendez les gars le remède de la vie la vie éternelle c’est du jus de vieux riches qui ont fait trempette avec des sangsues? Pour de vrai?- 

La fin donc qui voit révéler que le méchant comte est toujours en vie et attendait patiemment de pouvoir épouser sa fille, elle aussi âgée de 200 ans mais pas encore réglée, mais ça ne va pas tarder…

Pour embrasser son destin de conte sombre il aurait été bon savoir s’arrêter à temps. L’idéal aurait été de voir un homme venir avec ses convictions et doucement basculer dans la folie, embrasser le lieu, bénir sa mort et sa perte. Mais pour que notre héros en arrive là, encore faudrait-il mieux comprendre les motivations des autres patients de cette cure. Encore faudrait-il s’arrêter sur un plan final qui fait froid dans le dos. Pas un cheval/ moto emmenant la belle vers une vie heureuse. 

Lorsque Lockhart, après avoir subit un traitement assez radical, explique qu’il n’y a aucune raison de vouloir quitter ce lieu. Là au milieu des mystères, du tel est pris qui croyait prendre, le spectateur aurait pu rester bouche ouverte sur son fauteuil. « Les Contes de la crypte » qui vendaient il y a de cela bien longtemps ( ou pas en 2017- l’année de plus du remake et de la nostalgie des 90’s) des contes noirs s’arrangeaient toujours pour conclure sur un personnage central dans la pire des situation. L’effet d’un bon conte repose sur sa moralité ou son immoralité d’ailleurs. Hors ici en poursuivant vers un dénouement heureux, le film se perd. L’arrachage du masque du baron ( à la « V ») empirant les choses.

Avec un début dénonçant la société actuelle qu’il est dommage de ne pas finir ce film avec une question du type « Abominable ou pas, ne serait-on pas mieux dans la cure que dans notre condition actuelle? »

Je suis bon public, j’accepte également n’importe quel postulat s’il s’avère cohérent avec l’univers auquel il appartient. De ce fait, les mini incohérences me titillent. Si un mec fouille trop dans tes petites affaires au risque de mettre en péril ton plan diabolique (HAHAHAHA) pourquoi ne pas l’empêcher de nuire en ne lui laissant pas la liberté de s’offrir ses petites ballades dans l’institut? Haha le baron, t’aurais pu éviter la fin!

Qui sont ces gens qui suivent notre scientifique fou et fêtent son mariage? Ce sont eux qui m’intéressent finalement. Cette société qui préserve ces horribles actions.

L’inceste un jour l’inceste toujours- hop que vas y que je te le balance comme la bonne excuse pour montrer qu’il est méchant monsieur le baron. Oui , l’inceste fait parti des tabous, oui il est repoussant. Mais si c’est uniquement dans le but d’avoir une lignée pure – un scientifique qui pense ça déjà euh? Bha?- pourquoi vouloir le prolonger sur la génération future? Parce qu’elle ressemble à sa maman? Et puis donc les bébés immortels ils mettent 200 ans à être réglés? Ouais heureusement que c’est pas ce qui arrive dans « Twilight » parce que Jacob l’aurait vachement mal vécu si son bébé vampire avait pas pu être la parfaite petite amie en moins de 7 ans (grosse référence n’est-ce pas?).

Tous ces éléments pour dire que, bien loin d’être une œuvre dénuée de qualités et en acceptant de grossir le trait ( oui il s’agissait des contres après tout) « A Cure for Life » peut décevoir. Et quand on tient un aussi beau sujet avec des acteurs de talent, qu’il est dommage de se contenter d’être inégal et donc oubliable.

 

 

 

 

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