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Dans le paysage musical actuel, The 1975 est un OVNI. Non pas comme ça peut souvent être le cas parce que leur musique tiendrait de l’inclassable, leur pop rock enjouée moderne est évidente à assimiler. Mais parce que le groupe se construit dans un décalage permanent, en marge de tout effet de mode, ne jouant d’aucun code, brouillant constamment les pistes, créant une harmonie en y apportant des éléments que tout devrait opposer. En cette soirée du 1er mars 2024, leur concert au Zénith de Paris n’a fait que confirmer ce fait. On vous raconte.

The 1975 – Zenith de Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Still … in the 1950’s

Si le 1er mars est l’espoir d’un printemps prochain, il n’est pas encore là ce soir. Pour arriver au Zénith de Paris, il faut donc affronter une pluie battante. Voilà qui change radicalement du dernier passage parisien de la formation à l’Olympia à l’été dernier. Ce concert dans le cadre de leur tournée « Still … at their very best » sera effectivement très différent de son homologue solaire. Déjà parce que cette fois-ci la troupe du charismatique et hautement médiatique Matthew Healy, Matty pour les intimes et son très grand nombre de fans, est venu équipé d’un véritable décors. Exit la salle de concert pour fond. Cette fois, c’est une maison tout droit sortie de l’american dream des années 50 qui sert de cadre au spectacle. Les musiciens entrent en scène en ouvrant des portes, allument une lumière et saluent l’audience à la mode d’un bon vieux sitcom illustrant la famille parfaite. Les écrans géants diffusent leurs visages tel un générique, les sourires surfaits se greffent au décors. La parfaite petite famille de « La fête à la maison   » pourrait tout aussi bien servir d’hôtes ce soir. Sauf que comme pour ce qui est des jumelles Olsen, la fête n’est pas si rose et le décors n’est qu’un faux semblant d’une réalité fantasmée.

Still … political

The1975-paris-ZenithHealy, dès ses premières secondes sur scène sait parfaitement capter son audience. Le live est pour lui une expérience, une forme de terrain de jeu où brouiller les pistes, ou l’on parle de politique sans jamais tomber dans le faux semblant. On se souvient très bien de son passage qui avait fait scandale en Malaisie alors qu’il avait embrassé sur scène son bassiste pour militer contre les lois anti LGBTQ+ du pays.  Date écourtée , amende à régler en millions de dollars,  concerts en Asie annulés en avait résulter. Une action du groupe qu’on ne peut que saluer, encourager et admirer.

Ici, à Paris, les insertions politiques de la formation ne sont évidemment pas les mêmes, mais elles existent toujours. Un casquette au merch demande « Make the 1975 apolitic again » alors qu’une association pour l’environnement propose en échange d’un don de tenter de gagner une guitare dédicacée. Et puis il y a les écrans, des télévisions vintages placées sur scène qui en profitent pour faire réfléchir l’audience. De par le placement de messages mais aussi le clin d’œil à la façon que Tik Tok a de capter son audience. Pas besoin pourtant pour Healy de trucs et astuces pour se placer au centre de l’attention. Dès les premières secondes du morceau « The 1975 », celui de « Being funny in a foreign language » puisque chaque album du groupe s’ouvre sur un titre intitulé « The 1975 », notre musicien hypnotise. Le morceau particulièrement percutant est interprété au piano et profite d’une luminosité qui pourrait trouver son égal chez le Velvet Underground et son enivrant « Sunday Morning » si le morceau avait rencontré le glam rock de Queen. Et puis la voix du chanteur fait mouche. Comme à l’Olympia, il ne lui faut pas longtemps pour se saisir d’un verre de vin, d’une fiole d’alcool et boire sur scène en enchainant cigarette su cigarette. Le groupe enchaine sur « Looking for somebody (to Love) » et il n’en faut pas plus au public pour s’embraser et se mettre à chanter.

Still … very disturbing

The 1975 – Zenith de Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

La contraste, nous en parlions et voilà qu’il devient saisissant. Healy a une attitude punk sur scène. Son visage transparait une forme de douce mélancolie, comme un recul évident face au star system. Et face à lui le public est hyper réactif. A chaque morceau interprété, des cris de joie viennent s’ajouter à la bande son. Groupe à fans invisti.es, de ceux qui font la queue tôt le matin pour être au plus près de leurs idoles. Groupe au son travaillé, très produit, très lumineux, du rock qui parle au plus grand nombre. Groupe au leader qui enchaîne les verres sur scène, semble dépassé par ce succès, qui aurait sa place dans les pubs britanniques, dans les scènes underground et dont la vision artistique s’adresse à un groupe restreint. Scénographie qui en dit long. The 1975 occupe des tableaux qui se parlent et s’opposent en simultané , sortant ainsi de chaque sentier battu pour faire de chansons d’amour des hymnes qui s’encrent dans les esprits.

Still … time before we say goodbye

The1975_Matthealy-ZenithLe show se vit en plusieurs parties. D’abord l’évidence des débuts. La mise en place s’opère bien, quelques échanges avec le public viennent s’ajouter à une set list rodée dont font partie « I’m in love with you » et « Fallingforyou ». Et puis arrive le cauchemar de Matty. Les musicien qui fait des pompes face caméra, se glissent dans les écrans, se parle à lui-même, rampe sur le sol, s’offre une virée sur les toits du décors comme une ombre. Il laisse aussi place à Polly Molley sur le titre  » Jesus Christ 2055 God Bless American ». Après quoi le show prend une toute autre forme. Celle qui habituellement est réservée deux derniers morceaux joués en rappel. Mais ici, face à The 1975, la ferveur des dernières minutes et des plus gros succès s’étendra sur une bonne vingtaine de minutes. Les titres phares s’enchaînent : »If you’re too shine (Let me know) », « TOOTIMETOOTIMETOOTIME », « Paris » (évidemment, le cadre est idéal), « Somebody Else » ou encore « Love It If We Made It ». L’occasion pour Healy de se confier et de devenir tout particulièrement bavard. Côté public, la fête est de plus en plus folle, chaque morceau est chanté, les danses sont endiablées, la bière vole même et vient éclabousser les autres membres de l’audience. Quelques flasques entrées illégalement dans l’enceinte du Zénith permettent de trinquer discrètement. Tel chanteur, tel public. Un groupe de meilleures amies s’esclaffe à chaque titre interprété et chante en se regardant dans les yeux. Quintessence d’un instant de partage et de fusion porté par les pas de danse de Matt Healy, ses cigarette et son regard sombre. La soirée se finit sur  » Give Yourself A Try » issu de  » A Brief Inquiry Into Online Relationships » non sans que le chanteur en ait profité pour présenter ses meilleurs amis qui l’accompagnent depuis les débuts du groupe en 2002. L’expérience est telle qu’elle demanderait à être répétée pour en saisir la substantifique moelle, ne pas simplement se laisser porter par le flot pour mieux en percevoir chaque accent. On en sort aussi enivré que peut l’être Matt Healy, la tête qui tourne et les oreilles qui bourdonnent (peut-être était-ce à cause des cris) en toute conscience que le Royaume-Unis sait offrir des artistes qui marqueront autant les générations que les consciences.


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l'imperatrice 2021 la cigale
Baptiste de la Barre

Qu’il est bon de se retrouver ! Cette phrase brandie comme un slogan publicitaire, on l’entend tellement et pourtant cette fois-ci elle sonne si juste. Et elle sera d’ailleurs certainement le mantra du concert de L’Impératrice ce 13 juillet à la Cigale de Paris. Avant que le temps ne soit bon, il a d’abord été aux doutes. Le concert pourrait-il simplement se tenir après des mois de reports et d’annulations ? Pour maximiser leurs chances Flore Benguigui et ses acolytes proposaient à leur public de plus en plus nombreux de profiter de deux sessions de concerts avec un public divisé en deux petites jauges, assis qui plus est. La version Covid des concerts en somme. Et puis finalement, pas de syndrome du coeur brisé cette fois-ci, la bonne étoile de groupe est apparu dans les temps. Topo, c’est finalement debout, sans masque, et en jauge presque complète qu’a pu se tenir ce concert tout en émotions.

Sincérité et émotions

C’est d’ailleurs pour présenter sa nouvelle galette, le très réussi « Tako Tsubo » que la formation vêtue de pastel avait donné rendez-vous à son public. Hasard de la vie, c’était dans cette même salle parisienne que le groupe avait joué son dernier live juste avant la fin du Monde dans une atmosphère bien plus candide que les étouffantes années 2020 et 2021.  Seulement voilà, une fois le groupe de retour sur scène, difficile pour lui d’oublier les mois passés. Alors c’est avec les larmes aux yeux et un sourire aussi touchant que communicatif aux lèvres que Flore lance les festivités. Loin d’être un simple live, les concerts de L’Impératrice tiennent de l’expérience. Côté foule, danse, tenues de soirées pailletées et  bonne humeur sont de rigueur. C’est sur « Anomalie Bleue », issu du dernier album que démarre le set. Le ton est donné, la fête peut commencer. Certains artistes jouent parfois dans leurs coins, concentrant leurs efforts et leurs effets sur une mise en scène minutieuse et un soin de l’instrument. Ici, tout est une question de générosité et de partage. La bonne entente des membres du groupe est aussi palpable que la forte émotion distillée. Vient le tour de « Fou » qui parle de la peur de danser en public. Il faut lâcher prise semble suggérer le combo et ça tombe bien, la folie se partage, elle est contagieuse. La musique tisse un lien invisible et unie les âmes, alors les corps se déhanchent, sans honte. Chaque titre est suivi de son lot d’applaudissements fournis, de cris de joie. Cette joie elle se lit dans les yeux d’une chanteuse aux cheveux bleus et de musiciens, qui semblent à chaque minute s’étonner du chemin parcouru et des frissons communiqués. « Vacances », « Erreur 404 » ou encore « Matahari » issu du précédent album se succèdent.

L’été dans les notes

Vient ensuite le temps d' »Agitation tropicale » single culte du groupe qui monte encore la température d’un cran. Le mot tropicale colle bien à l’univers solaire de la formation. Ses riffs sentent bon l’été, le sable chaud et les amours qui s’y créent. Tout le monde est beau dans une foule en osmose. Leurs morceaux, les musiciens ont à coeur de les expliquer. C’est ainsi que « Peur des filles » qui parle de la perception du message féministe actuel est raconté tout comme « L’Equilibriste » qui lui parle du fait que pour obtenir le succès, il serait peut-être plus simple d’être un rappeur. Un propos qui fait sens quand on sait à quel point l’industrie aime à faire tourner des projets qui se jouent en solo. Ce qui semble évident pour certains ne l’est d’ailleurs pas pour d’autres : le public est conquis par le groupe pourtant composé de six musiciens. Ce nouvel album, confiaient-ils à Bourges a la particularité d’être pluriel. Chaque titre peut être pris séparément et proposer son ambiance et son lot de surprises. Cette ambition, elle s’avère aussi vraie sur scène.

La passé n’est pas oublié, lorsque la formation interprète « Submarine », elle raconte comment il a été écrit à distance pendant le premier confinement. Un souvenir difficile que toute l’assistance semble repousser loin dans les notes de musique. Le soleil, il se partage et ne se vit pas isolé. Le célèbre « Vodoo » ne manque pas non plus à l’appel. Dans les gradins, le public s’est levé, l’humeur est bonne enfant, personne ne souhaite s’arrêter. Pourtant toutes les bonnes choses ont une fin, et comme le veut la tradition le groupe quitte la salle pour mieux être rappelé. L’Impératrice, avant, était uniquement composé de musiciens, leur chanteuse les ayant rejoint tardivement. C’est pour rendre hommages aux cinq hommes du groupes, tous excellents derrière leurs instruments qu’est interprété « Sonate Pacifique », un titre datant de 2014. Cette fois-ci aucune parole n’est scandée. Les instruments se tordent et se déchaînent, le titre s’étire et rayonne à l’infini en des boucles somptueuses. La Cigale devient une boite de nuit géante, de celles que l’on trouve en bord de mer. Si on peut entendre les bruits des vagues dans des coquillages existent-ils aussi dans la capitale derrière des accords de guitare ?

Une chose est certaine, le public ne veut pas que le moment se termine, les cris et applaudissements ne trouvent pas de fin une fois les dernières notes jouées. Sur scène, les sourires béas et les larmes à peine retenues se font l’échos de ce moment si fort. Il faut pourtant partir pour promettre de mieux se retrouver au Zénith dans quelques mois. Dehors, il pleut à grosses gouttes alors que ce mois de juillet n’a pas plus belle allure que l’année écoulée. Dedans, il était si simple de tout oublier que les coeurs en sortent réparés.


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