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Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

L’année 2025 devait donc débuter avec Franz Ferdinand.  Sept années s’étant écoulées depuis la sortie de leur précédent opus « Always Ascending », il s’agissait maintenant de ne plus perdre une minute. Et dans ces cas là, lorsque les astres s’alignent et que tout semble couler de source, le groupe écossais comptait bien marquer les esprits et prendre possession de ce que serait 2025. Une sorte de promesse d’un départ de course sur les chapeaux de roue, un présage d’avenir meilleur. Le 10 janvier la formation sortait donc son « The Human Fear », balayant en revanche les craintes des fans quant à une transformation trop radicale de ses mélodies. Et puis, Alex Kapranos et sa bande avait décidé de donner rendez-vous à son public parisien le 25 février, à la Cigale. Des retrouvailles en petit comité donc, sans peur mais pleines d’amour, auxquelles nous avons eu la chance d’assister. On vous embarque dans cette soirée en chantant « Take you out ».

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Franz ferdinand & The Human Heart

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Franz Ferdinand conquérant ? Son nom après tout, vient de l’Archiduc François Ferdinand d’Autriche, dont l’assassina avait précipité l’entrée dans la première guerre mondiale. En réalité, ce choix venait surtout de son obsession pour le changement brutal. Et ce besoin de redéfinir ses codes, le groupe l’a exprimé d’album en album. Au risque de parfois laisser quelques fans derrière, sur la touche. Ce fut le cas sur ses précédentes galettes, sorties en 2013 et 2018 et qui portent à de fortes discussions lorsqu’évoquées auprès des afficcionados de la première heure. Il fallait donc redéfinir son ADN. La maturité aidant, la sortie d’un best off entre deux se mêlant à l’affaire, le groupe  pouvait donc enfin se recentrer sur ce qui faisait de lui un objet mythique qui se transmet de génération ne génération et dévoiler son « The Human Fear ».  Ce soir donc, La Cigale est pleine à craquer, débordante de vie, et la peur semble en être exclue. En son lieu et place se trouvent des visages de tout âge.  Au balcon, au premier rang, une famille entière a fait le déplacement. Les deux très jeunes garçons connaissent les paroles par coeur comme leur petite soeur. Les parents reprennent les mots en boucle, souriant fièrement face à leur progéniture. Les conquérants mettent tout le monde d’accord. Franz Ferdinand démarre pourtant son set par un titre qui ne semble pas promettre l’union : « Bar Lonely ». Bar, certainement, lonely certes pas. Point besoin de décors, le groupe a bien mieux que ça : une forme de classe indémodable, indétrônable. Lors de la promo de ce son nouveau jet, la formation espérait avoir un son qui sait se renouveler mais qui pour autant porte une marque de fabrique unique. Dans son costume parfaitement coupé, les cheveux gauminés, le dandy écossais est inimitable et le pari est hautement relevé. L’évidence d’une attitude, d’une voix, d’une manière de faire sonner les guitares est bien là. Franz Ferdinand a une formule magique qui ne lasse pas et réuni en chaque occasion. Les couleurs sont chaudes et les esprits eux aussi se chauffent. On oublie les angoisses, le groupe met directement les pieds dans le plat et condense en début de set list un bon nombre de ses nouveaux titres : « Night or Day » ou encore « The Doctor » sont ainsi très vite interprétés.  « Nous sommes Franz Ferdinand de Glasgow, mais nous sommes aussi très français » balance d’entrée le leadeur. Il s’adressera d’ailleurs bien souvent à la foule dans un français impeccable. Mais et, sans tomber dans les potins, on peut rappeler que le musicien est aujourd’hui l’époux de l’une de nos fiertés nationales : Clara Luciani.

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

We couldn’t have a much better night

Le nouvel album n’est pas le seul à trouver sa place ce soir. D’ailleurs il ne faut pas attendre longtemps pour écouter le très culte « Walk Away » que l’on retrouve au générique du second album du groupe « You could have it so much better ».  Sur scène, notre homme tient toujours une posture glamour décuplée d’une énergie communicative. Des bons dans les airs viennent ponctuer ses interprétations. La voix tient sans sursauter, preuve d’années d’expérience. Les instruments, eux se délient à la perfection. Ce soir, comme toujours à la Cigale le son est parfaitement géré. Sans fantaisie, le décors blanc posé en arrière scène profite de jeux de lumières de toutes les couleurs. Impossible de ne pas s’arrêter un temps pour saluer la performance à la batterie d’Audrey Tait qui remplaçait Paul Thomson en 2021. Cette touche féminine bienvenue ne manque pas de marquer tant voir une femme à cet instrument dans un groupe majoritairement masculin est un fait rare. Côté public, les bouche ne se ferment pas. Chaque titre semble connu parfaitement par la foule. Chaque mot est répété encore et encore comme un mantra. Les prières sont elles aussi des mantras, elles se disent et redisent et lorsque l’on répète ainsi quelque chose avec force, on finit par y croire  profondément. Ainsi toute l’assistance, priant les Dieux d’un rock hors temps et hors case, semble demander, en un culte bruyant, aux musiciens de ne pas partir.

Une interlude par le nouvel album sur « Everydaydreamer »  et nous voilà de retour sur un classique « The dark of the matinée » (issu du premier opus). L’occasion de se rappeler que l’une des forces indéniable du groupe réside en sa capacité à gérer parfaitement ses rythmiques. Ses loops, militairement rock, magnifient les titres tout comme la constance d’une voix toujours doucement rieuse. L’élégance écossaise est indéniable et l’esthétique de ce pays ne cesse d’émerveiller. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que la présence de Franz Ferdinand sur son label historique, Domino Records, a su être un argument de taille pour Arctic Monkeys  lorsqu’eux même cherchaient un label pour faire connaître leur rock pointu. Ainsi s’écrivent les légendes. Et légendaire ce concert, dans cette salle si humaine, l’est assurément.

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Take us out

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

La setlist continue de nous proposer des sauts d’époques en époques. Un coup, nous voilà les pieds bien ancrés en 2025 avec le titre « Built it up », le suivant, on retrouve le premier né de Franz Ferdinand, grâce au morceau « 40′ » et donc l’année 2004. Vingt années se sont écoulées. Une vie entière pour certain.es. Les courants et les modes ont radicalement changées et ont même eu le temps de revenir. Le fluo, les tailles basses et hautes, le pop punk et le hip hop, même les slashers. Le monde a bougé a toute vitesse et dans ce courant fou, ces années qui défilent sous nos yeux, les titres du groupe, comme un pilier, n’ont jamais pris une ride. Impossible à démoder, associés à une époque et à toute celle qui ont suivi. Franz Ferdinand nous a fait danser, sautiller, nous a vu souffler nos bougies, parfois plus qu’on ne le voulait, sans jamais avoir pris le goût amer de la nostalgie. C’est aussi vrai dans le torrent scénique auquel on assiste, durant lequel on communie. Et enfin, alors que la soirée n’a pas encore touchée à sa fin, le groupe nous invite sortir, une fois de plus, de nos coquilles, de nos maisons, de nos années et on entame en un choeur  puissant l’immense « Take me out ». Celui qui aura vu naître le culte. Le groupe profite par ailleurs de la soirée pour offrir quelques surprises et un peu de culture à son public.  La culture elle passe par la découverte du bouzouki, sorte de guitare à trois cordes d’origine grecque sur lequelle  Kapranos a composé certains morceaux de son nouvel album.

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Les surprises, elles tiennent en la présence de la tornade Master Peace le temps d’un morceau sur « Hooked » en fin de course puis par l’interprétation du titre « Jacqueline », choisi par une fan pour débuter le rappel. On finit forcément en feu sur « This Fire », comme s’il ne faisait pas assez chaud. On retient nos souffles, on se laisse aller à en faire trembler la fosse une dernière fois, avant de retrouver nos peurs, bien trop humaines, là-bas dehors. Ici, les émotions humaines visitées, elles regorgeaient d’amour, alors que le temps avait enfin accepter d’arrêter sa course effrénée, quelques heures seulement.

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

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Comme pour beaucoup, il a fallu s’armer de patiente pour retrouver l’astre Cat Power en concert. Reporté pour les raisons que l’on connait, c’est finalement le 29 mai 2022 que la légende posait ses valises à Paris, le temps d’un concert à la Salle Pleyel de Paris pour un show à la grâce et à la pureté rarement égalée. Retour sur ce moment qui a arrêté le temps pour mieux créer sa propre galaxie.

Cat Power
Cat Power – crédits : Mario Sorrenti

Entre soleil et lune

En ce dimanche soir de la fin du mois de mai, le temps est mi-figue, mi-raison. Un vent frais coupe court aux moments de chaleur trop intenses qui ont peuplé  le mois. Pas de quoi empêcher les parisiens de se rendre en terrasse mais suffisamment néanmoins pour avoir envie de se blottir dans une veste chaude. Les couleurs sont ternes et la ville sous les feux d’un week-end prolongé se languit de sa population.  Pour la mélancolique Cat Power, la saison semble donc idéale, entre son immense album « Sun » et les reflets argentés de ce qui est sûrement son opus le plus abouti « Moon Pix ».  A l’intérieur, la salle Pleyel évoque une  forme de labyrinthe, il faut prendre un ascenseur pour accéder aux étages supérieurs, trouver son siège. En avant-scène, une fosse compacte a pris d’assaut les premiers rangs. Dans l’établissement qui affiche pourtant complet, le silence règne en maître absolu. Chacun semble dans l’introspection du moment qu’il s’apprête à vivre. Voilà qui est pertinent, Cat Power prépare une fusée qui conduira tout son public dans les étoiles.

couvrir le ciel

La voilà qui débarque d’ailleurs sur scène avec un léger retard – mais attendait-on autre chose de la dame à la tête aux milles étoiles ?  Les lumières sont tamisées, rouge et bleues. Avant même de rejoindre son micro, la chanteuse laisse la part belle à ses incroyables musiciens. La voir sur scène est d’ailleurs une constante leçon d’humilité, elle n’en occupe le centre qu’occasionnellement, pour profiter de ses micros et parce qu’il le faut – sûrement. Telle une enfant, la belle balance ses bras le long de son corps, ne sachant pas vraiment quelle posture leur donner. Loin des spectacles à gros effets qui  se cachent parfois derrière des artifices, celui-ci est lunaire et sobre. L’humeur de notre hôtesse est semble elle aussi maussade. Toujours est-il qu’elle invite à entrer dans sa bulle. Une bulle faite de ses compositions mais aussi de reprises des morceaux qui la touchent, logique, son dernier opus se nomme « Covers ». Si ces derniers peuplent nos univers et nous habitent, ils revêtent de nouvelles tenues et aspects lorsque la divine musicienne les habite. C’est d’ailleurs avec une reprise des Rolling Stones « ( I can’t get no) Satisfaction » qui perd son esprit rock pour devenir un écho qui prend au tripes qu’elle lance le deuxième titre du concert. Dans sa lune, la chanteuse s’interrompt à mi-morceau  pour demander « Est-ce que quelqu’un peut mettre Lou Doillon sur liste ? J’ai oublié de le faire ».  L’instant paraîtrait sur-réaliste dans n’importe quel autre concert mais pas dans la boite à merveilles de la chanteuse. « Good woman » et « Unhate » se déroulent alors que dans le noir, la sincérité d’une musicienne à fleur de peau est si palpable qu’elle en devient visible. Se plonger dans son univers tient d’un laisser-aller conscient, en cet instant le public est à vif, tout pourrait le toucher, et il est si bon accepter d’être ébranlés.

Dans nos tête il y a un orage

cat power coversOu plutôt, une tornade, déclenchée par un ras-de-marée d’émotions. Solaire, la dame se met sur les côtés de la scène, loin des lumières, elle s’y installe à genoux, chante avec clarté de sa voix cristalline. Côté fosse, corps et têtes  la suivent comme des tourne-sols. Les musiciens font des étincelles alors que les bras comètes de Cat Power se balancent et ondulent « Paris m’a  sauvé la vie. New-York c’est chez moi mais ici c’est vraiment important pour moi. » lance-t-elle avec timidité. Elle reprend « White Mustang » de Lana Del Rey, offre « Metal Heart » ou encore « The Moon », toujours sur la pointe des pieds. La bile noire est de la partie, la mélancolie est vive , elle flirte avec le plaisir des retrouvailles. Pour mieux reprendre l’album « Sun » elle offre un medley bien à elle de « New York New York » de Sinatra sur les notes joviales de « Manhattan », le moment est à couper le souffle tant le rendu est fluide. C’est pourtant après, lorsque la musicienne transcende sa voix dans des hauteurs graves, que les frissons se font sentir. Ils partent du bas de la colonne vertébrale pour mieux heurter les têtes, rappelant que la musique est un voyages et que les notes se font parfois massage pour les cerveaux. Ne vous y trompez pas, Cat Power est un OVNI et lorsqu’elle demande « Pouvez-vous crier ? » en comptant 1, 2, 3, il est aisé de penser que dans l’espace personne ne nous entend crier. Alors on ose suivre le vaisseau mère sans vraiment en avoir conscience.  « He was a friend of mine » qui rencontre « Shiver » permet de planer encore un peu.  Sur « The greatest », son plus gros succès, la foule est en orbite.

Dernier rayon de soleil

La dame n’aime pas l’attention, c’est une évidence. Le show est sa voix, il est ses musiciens. Et puis, voilà qu’elle aussi, aimerait profiter du spectacle. Alors, elle demande aux ingés lumières de bien vouloir éclairer pleinement l’assistance. Elle a besoin d’en découvrir chaque membre et la voilà spectatrice / actrice du moment qu’elle crée. Ce sera son dernier titre prévient elle. « Wild is the wind » et « Rockets » s’allient pour se faire conclusion. Comme toujours sur la pointe des pieds,  Cat Power, se met sur le côté de la scène pour faire la part belle à ses musiciens qu’elle montre du bout des doigts. La foule est maintenant debout, les musiciens eux se laissent entièrement aller. Le moment se fait carrément rock, puissant et vibrant, la batterie tape et résonne dans les corps. Ils sont les stars du show, notre chanteuse en devient un instrument qui se fait discret. Point de rappel, point de chichis, Major Cat a été rappelée par ground control. C’est bien le problème avec les étoiles filantes, elle passent trop vite. Elles n’oublient néanmoins pas de réaliser nos voeux.


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La Cafetera Roja en concert à La Boule Noire Paris 2021
Photo : Louis Comar

Le 18 juin, alors que la pluie menace de tomber, Paris vibre pleinement. Le couvre-feu touche à sa fin, les masques tombent dans les rues. Le soleil éclipse pourtant tous les risques annoncés, Pigalle fait le plein en terrasses, on se retrouve dehors. Et puis aussi dedans, en salles de concerts. Il est évident qu’en salles, les règles sont bien différentes de celles promises au reste de la France. Pour les professionnels du spectacle, toujours soumis à de nombreuses contraintes, les enjeux d’une reprise timide sont là. Besoin de rentabilité, envie de (re)vivre des moments forts face à un public en demande. Artistes, organisateurs, fans, tous ne demandent qu’à communier à nouveau en une grand messe musicale.

Une performance sans limites

Et à 21 heures, alors que le soleil tape encore, voilà que la Cafetera Roja prend possession d’une des plus belles salles de la capitale : La Boule Noire. Les consignes sont nombreuses : un siège libre entre les groupes, impossibilité de passer commande au bar, il faudra utiliser une application en ligne et se faire servir, il faut rester masqué, il faut rester assis. Pourtant, retrouver la salle parisienne, c’est toujours comme retrouver sa maison. Une petite maison feutrés aux murs en moquette vieillis et aux dessins érotiques, une maison qui sent la bière et la musique. La voir en configuration assise pourrait provoquer un pincement au coeur si le simple fait de rentrer chez soi n’était pas une telle joie. Et quoi de mieux que de faire place à un groupe comme la Cafetera Roja pour saluer cette vieille amie ?

Le public est présent, familiale, on compte quelques têtes blondes parmi les membres de l’assistance, des connaisseurs aussi. Tous ont en commun une joie fulgurante dans leur regard et l’impression d’être montés sur des ressorts. « Non, c’est fini « semblent dire leurs yeux, « On ne veut plus dormir chez nous ». Le groupe se présente avec à peine quelques minutes de retard, l’attente avait été grande, la réponse en live est à la hauteur. Il suffit d’un morceau pour que la formation balance des riffs maîtrisées et profondément dansants. Guitare, batterie, chant, clavier, contrebasse sont de la partie. Il faut dire que la formation jouit d’un savant mélange pour créer des compositions OVNIS et inclassables. Avec elle, tout est permis, il n’y a aucune frontière. On chante d’ailleurs comme on rap, et le tout en anglais, espagnol, allemand, français… où serait le fun à créer des limites ? Pour mieux brouiller les pistes le groupe refuse les étiquettes de style : trip hop, rock, reggae, chanson, rap, latino tout y passe en un condensé de bonne humeur hallucinant.

Quand la musique sonne, le public reprend ses droits

Le groupe multi-générationnel, mixte, galvanise la foule. Deux morceaux, le voilà qui remercie chaleureusement le public de s’être déplacé. Non pas de ces remerciements écrits qu’on avait l’habitude d’entendre au temps d’avant dans les salles de spectacles pour meubler et faire beau. Non. Mais de ces remerciements sincères portés par un manque réel et un émerveillement d’être enfin là sur scène. Toujours pour mieux brouiller les pistes, le combo échange régulièrement de rôles et d’instruments. Aurélia Campione au chant et à la guitare hypnotise les foules avec

La Cafetera Roja en concert à La Boule Noire Paris 2021
Photo : Louis Comar

énergie. Face à elle Anton Dirnberger (MC, clavier) lui donne parfaitement la réplique. La chaleur monte d’un cran et rester assis devient alors douloureux. A Barcelone, où la Cafetera Roja s’est formé, on a fêté la fin du couvre-feu à minuit en mangeant des raisins comme le veut la tradition du Nouvel An.  Comme si on reprenait enfin à zéro. A Paris, la fête ne peut plus attendre et rien d’aussi officiel ne semble se produire. Alors un à un, doucement, voilà que les convives décident de reprendre l’année à zéro sans vraiment prendre compte de droits qui n’ont pas encore été officialisés. La nature humaine reprend ses droits et voilà que certains se lèvent pour taper dans les mains et danser.

La Cafetera Roja en concert à La Boule Noire Paris 2021
Photo : Louis Comar

La présence surprise du rappeur  Hame Rek le temps d’un morceau endiablé, ne fait qu’accentuer le phénomène. Impossible d’arrêter une foule qui danse et qui vibre. Chaque morceau est synonyme de retrouvailles, la folie est contagieuse, elle se transmet à toute allure. La tension monte, Fiti Rodriguez (Chant/Basse/Chœurs) en profite pour lancer quelques mots sur ce moment émouvant, le manque qui l’avait précédé et la fête gagne du terrain. La température ne redescendra pas d’un cran et ce jusqu’à la fin de ce moment rayonnant. La foule, continuera à célébrer la vie et la musique debout, en chantant à l’unisson dans toutes les langues qu’on lui propose et ce jusqu’à la toute dernière seconde de cette performance qui accompagne la sortie du dernier album en date de La Cafetera Roja : « Muzaik ». Encore électrisé, le public doit quitter la salle avec les oreilles qui vibrent et qui sonnent, comme au temps d’avant. Ou peut-être encore bien plus fortement. Après tout, maintenant qu’on sait tout ce qu’on peut perdre, tout n’aura-t-il pas à jamais meilleur goût?


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