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L’extrême droite, comme tout bord politique cherche à recruter. Plus que n’importe quelle autre appartenance politique, celui-ci qui ne dupe pas la totalité des foules et  a grand besoin de se rendre sympathique dans une quête perpétuelle de « se dédiaboliser ». Et pour se faire, pour magnifier sa communication, ces derniers n’hésitent pas, de par le Monde, à utiliser des morceaux et l’image artistes connus dans leurs meetings ou comme faire-valoir. Le détournement est massif. C’est bien là que les choses coincent. Parce que la musique, très souvent politisée, combat en écrasante grande majorité les idées de ces partis et de leurs adhérents. La culture de façon générale s’est toujours opposée aux politiques répressives et a toujours été  aux côtés de la justice sociale . Ce qui était vrai pour Jean de La Fontaine ou Victor Hugo l’était tout autant pour The Clash, Green Day ou encore John Lennon et l’est encore plus aujourd’hui.

donald trump musique vinyleUtilisation abusive, retournements de messages initiaux, les atteintes sont nombreuses.  Ces politiques utilisent l’image de musicien.nes qui sont pourtant leurs opposants pour créer l’adhésion. Petit tour non exhaustif d’une histoire qui oppose musique et politique.

Mylène Farmer et la comparaison à Marine Le Pen

C’est arrivé ce 5 décembre 2025,  Jean-Philippe Tanguy, député du Rassemblement National à l’Assemblée Nationale, profitait d’une interview sur France Info pour faire une bien étrange comparaison. Il était alors interrogé sur la célèbre radio en réaction à un sondage IFOP Elle, selon lequel 30 % des personnes homosexuelles seraient prêtes à voter pour Jordan Bardella s’il était candidat à l’élection présidentielle de 2027. Le voilà qui expliquait que Marine Le Pen était un peu comme Mylène Farmer. Et d’argumenter : « Discriminée toute sa vie à cause de son nom, Marine Le Pen à cette même blessure que les homosexuels. Elle les comprend comme Mylène Farmer ». Une comparaison plus que mal venue qui n’a pas manqué de faire réagir, autant sur les réseaux sociaux que dans la presse. Ce n’est pourtant pas la première fois que l’image de la chanteuse est utilisée par le RN et son ancêtre, le FN. En 1995 déjà, un sosie de la musicienne se produisait lors de meetings du Front National. Line Gregory, de son prénom,  interprétait le titre « Sans contrefaçon » face aux militants du mouvement, brandissant des pancartes type « Les jeunes avec Le Pen. » A l’époque déjà, Mylène Farmer se révoltait de l’utilisation abusive de son image et quelques peu incompréhensible. Elle profitait d’ailleurs  du JT de France 2 pour prendre la parole : « Je suis scandalisée d’apprendre que Monsieur Le Pen ait pu utiliser mon image et tromper les gens de cette façon. Je trouve que ce procédé est révoltant, c’est scandaleux. » Elle portait alors plainte contre Jean-Marie Le Pen, un procès qu’elle gagnera sans « contrefaçon » mais ne suffit à priori pas éviter que l’histoire ne se répète.

mylene farmer sans contrefacon le pen D’ailleurs, pour la petite histoire dans la grande histoire (ou détail de l’histoire comme vous préférez), l’ancien président du FN, aujourd’hui décédé entretenait une histoire particulière avec le monde de la musique, puisque, le saviez-vous ? Il avait aussi créé un label d’édition en mars 1963. Suite à sa défaite aux élections législative, Il fondait en effet la Société d’études et de relations publiques, une agence de communication. La Serp se spécialisait alors dans la publication d’enregistrements sonores de grands textes historiques et de chants militaires. Son catalogue allait des discours de Lénine aux chants de l’Armée Rouge en passant par … les discours d’Adolphe Hitler. Voilà qui lui vaudra d’être condamnée en 1968 pour apologie du crime de guerre. En effet, l’un des pressage comprenait des chants du IIIème Reich mais surtout une pochette présentant un Hitler triomphant ainsi qu’au verso un texte qui fut jugé apologique du führer. Le disque fut retiré de la circulation pour être ré-édité par la suite sans la pochette incriminée. Aujourd’hui Marine Le Pen fait tout pour se détacher de l’image de son père. Notamment depuis 2015 alors que celui-ci s’en prenait à un autre musicien, Patrick Bruel promettant d’en « faire une fournée » avant de réitérer sa promesse dans le journal Rivarol. Tout ? disons qu’on aura tout de même déjà vu plus radicale comme rupture. Le discours de Sébastien Chenu, député RN et vice président de l’Assemblée Nationale tente d’aller en ce sens et d’appuyer ce propos : « Les homosexuels ont un rapport plus incisif à la liberté parce qu’ils ont dû faire acte de violence symbolique pour la conquérir. » Pour autant, il y a fort à parier que la créatrice de « Anamorphosée » n’est peut-être pas pour autant flattée par la comparaison.  D’autant que Marine Le Pen, qui se veut « l’amie » des personnes LGBT+ était, on le rappelle opposée au Mariage pour Tous et promettait même en 2013 que si elle était élue à la présidence le République, elle l’abolirait. Mylène Farmer, elle s’était positionnée en 2012 en faveur (évidente) de la loi Taubira, en couverture du magazine Têtu, si on veut pousser l’analogie.

Donald Trump : Sabrina Carpenter, les Village People, Charli XCX et les autres…

La France n’est pas un cas isolé en matière d’utilisation de musique pour promouvoir  ses campagnes politiques et ses célébrations de partis. En tête de liste le président américain, Donal Trump a une liste sans fin de morceaux utilisés au détriment d’artistes qui ne partagent en rien ses opinions. Dernière en liste, Sabrina Carpenter. Le titre de la chanteuse, « Juno » avait en effet été utilisée en tant que bande son d’une vidéo montrant une séquence d’arrestation musclée dans le cadre de durcissement de la politique migratoire du chef des MAGA. La réaction de la chanteuse ne s’est pas faite attendre : « Cette vidéo est ignoble et répugnante. Ne m’associez jamais, moi ni ma musique, à votre programme inhumain. » dénonçait-elle sur les réseaux sociaux. De son côté, Abigail Jackson, porte-parole de la Maison Blanche s’est alors empressée de lui répondre : « […] Nous ne nous excuserons pas de renvoyer des meurtriers, violeurs et pédophiles illégaux hors de notre pays » puis d’ajouter : « Toute personne qui défend ces monstres doit être stupide, ou attardé ? ».  Personne ne s’attendait à une réponse respectueuse de la part du bureau ovale et pourtant, ce dernier franchit toujours toutes les limites.

sabrina carpenter juno trumpLa musicienne rejoint un long palmarès d’artistes ayant demandé au président américain et son équipe de ne pas utiliser leur musique pour promouvoir leurs idées. Parmi eux, on retrouve notamment Beyoncé qui avait menacé de déposer un recours auprès des équipe de la Maison Blanche pour l’utilisation du titre « Freedom ». Ce dernier était devenu par la suite l’hymne de la candidature de Kamala Harris,  pour laquelle la star avait publiquement affiché son soutien. Trump a par ailleurs développé une playlist variée qui va vastement piocher du côté de ses opposants. En 2024, il concluait son discours annonçant sa victoire au parc des expositions de Palm Beach par le titre « YMCA » des Village People. Cet hymne queer est devenu en quelques sortes, le morceau de ralliement de Trump. Tout débute en 2020 alors que le titre est inscrit au National Recording Registry de la Bibliothèque du Congrès, alors reconnue comme «culturellement, historiquement ou esthétiquement significative». Il devient alors un simple morceau festif et perd, du moins aux yeux d’un certain public, tout son côté subversif et gay. Il résonne ensuite dans des rassemblements anti-confinement. Les lettres sont changées par la foule, YMCA, devient MAGA, quatre lettre, zéro rapport, bref. Le président se l’approprie pour dynamiser ses rassemblements ou danser sur des victoires sportives comme la clôture du tirage au sort de la Coupe du Monde de football de 2026. A ses yeux, le morceau représente la classe ouvrière sur laquelle Trump va lorgner les votes. Parmi les titres plus anciens qu’il utilise lors de ses meetings, on retrouve des morceaux de David Bowie, Elton John ou encore Bruce Springsteen. Ces choix ne sont pas le fruit du hasard : ils cherchent à éveiller une nostalgie des années 80 que les américains conservateurs voient comme l’âge d’or de la grandeur de l’Amérique. Pourtant même le classique ne veut pas être associé à son nom. En 2016, la famille de Pavarotti, dont il est un grand fan, lui demande d’arrêter de jouer le morceau « Nessun Dorma », un titre culte du chanteur d’opéra italien.

D’olivia Rodrigo à Taylor Swift

olivia rodrigo All American Bitch trumpCôté pop, un titre issu de la discographie de Charli XCX avait lui aussi été utilisé.  Pourtant, la chanteuse avait publiquement affiché son soutien à Kamala Harris, l’adverse de Trump, la qualifiant même de « brat » sur les réseaux sociaux. Un superbe compliment quant on y pense. Comme pour le cas Sabrina Carpenter, Olivia Rodrigo avait elle aussi vu son titre, « All-American Bitch » être repris sur une vidéo incitant les migrant.es sans papiers à quitter le pays. Sa réponse sous la vidéo postée sur les réseaux sociaux était sans appel :  » N’utilisez jamais mes chansons pour promouvoir votre propagande raciste et haineuse. » Le commentaire fut retiré (probablement par l’équipe présidentielle) tout comme le morceau, la preuve que cette fois-ci le message fut entendu. Pourtant, la peur d’un dépôt de plainte ne semble pas les effrayer.

taylor swift the fate of ophelia trumpEnfin impossible de ne pas souligner le bras de fer qui oppose l’administration Trump à Taylor Swift et  les accusations qui lui sont aujourd’hui faite d’être elle aussi une MAGA. On disait d’elle que son intervention pourrait à elle seule changer le cours des élections. Après un temps sans parler, elle avait finalement affiché son soutien à Kamala Harris. Plus tard, Trump qui ne cache pas son désamour pour elle lui lançait quelques tacles. Notamment alors qu’elle se faisait huer, s’amusant à dire que les MAGA avaient une longue mémoire. Depuis l’élection, la chanteuse ne s’est pas exprimée laissant spéculer les grands investigateurs des réseaux sociaux quant à une sympathie de la pop star la plus puissante du moment pour cette politique conservatrice. Les indices furent trouver en masse pour aller en ce sens. Jusqu’à un collier vendu sur son merch officiel représentant des éclairs qui seraient en fait un image nazie glissée discrètement (et la question du pourquoi quelqu’un ferait-il ça  ? ne se pose pas. Mais le bon sens dirait que si on voulait convaincre des fans de rejoindre une idéologie, on éviterait de faire un clin d’œil discret à coup de colliers). Toujours est-il que Trump expliquait lui détester Taylor Swift tout en laissant son équipe participer à une Trend sur « The Fate of Ophelia ». Utilisation face à laquelle Taylor Swift est également restée silencieuse. Doit-elle ou non s’exprimer ? Le débat est aujourd’hui ouvert. Il n’empêche que ses textes, ses anciennes prises de partie et son féminisme laisse à penser qu’elle fait bien partie de ceux dont l’image fut détournée par les MAGA.

Et cette playlist utilisée par Trump a pu être l’une des raisons de sa victoire. La musique de par sa capacité à accrocher, à rentrer dans vos vies devient rapidement familière, elle met en confiance. Ces choix n’ont rien d’anodin.

Une histoire qui ne date pas d’hier

the cure staring at the seaSi ces exemples de détournements font partie de l’histoire moderne, elle est pourtant intrinsèque à l’histoire même de la musique. The Cure, à titre d’exemple,  en fut une victime en 1978 lors de la sortie de leur morceau « Killing an Arab ». Le titre cherche à résumer une courte partie du texte d’Albert Camus, « L’étranger ». Pour éviter toute confusion concernant les paroles, le groupe envoyait alors à la presse un livret explicatif détaillant les intentions du titres. A la sortie de l’album « Standing on a Beach » qui l’inclut, une pastille est ajouté au vinyle pour préciser qu’il ne s’agit pas d’une incitation au racisme. Pourtant, rien n’y fait.  Malgré ces précautions, le Front National Britannique tente de le récupérer pour en faire un hymne xénophobe. La guerre du Golfe n’arrange rien. Entre 1990 et 1991, le groupe est obligé de donner des conférences de presse aux Etats-Unis alors que le morceau est repris comme un hymne guerrier sur de nombreuses radios. La BBC finit même par le censurer. A bout, Robert Smith, le meneur prévient sa maison de disques et lui demande que des poursuites soient immédiatement engagées en cas d’utilisation du morceau à des fins de propagandes.

Ce type de problématiques est particulièrement connue dans la scène punk. Si cette dernière va souvent piocher ses idées du côté des révoltes et de la gauche, ce n’est pas le cas de tout son public. Entre provocations et colère scandées en musique, la vaste histoire du punk va parfois rencontrer celle de mouvements néo-nazis. Il faut dire que l’histoire veut que le courant vient à chercher à regrouper les luttes des jeunesses issues de la classe ouvrière. Parmi elle, on retrouve de nombreux skinheads. Si le terme aujourd’hui est largement associé aux  nostalgiques du troisième Reich, ce n’était pas uniquement le cas à son origine. Il s’agissait surtout de revendications issues de classes très pauvres. Attention, on dit bien « pas uniquement » puisque la jeunesse skinhead rejoignait en masse les rangs des groupes politiques d’extrême droite britanniques à la fin des années 70 et au début des années 80. C’est ainsi que le courant oi!, sous genre du punk qui se développait dans la fin des années 70 se retrouva fortement identifier à ce type de revendications politiques. Les jeunesses skinheads, venaient massivement aux concerts de ces groupes.Si certains groupes vont effectivement s’allier à des revendications clairement racistes, d’autres tentent de s’y opposer radicalement. C’est notamment le cas du groupe Sham69, l’un des fondateurs du genre qui s’appelait initialement street punk. La formation s’allie au Clash et revendique ses oppositions à un public qui les suit et vient en masse foutre le bordel dans ses concerts. Le groupe participe au concert Rock Against Racism aux côtés d’artistes engagés comme The Clash ou Buzzcocks. Mais rien n’y fait. C’est d’ailleurs ce qui vaudra à la formation de se séparer, pour mettre une véritable distance avec un public qui détourne sa musique et son propos. Sa reformation ne se fera que quelques années plus tard. Cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres à travers une très longue et large histoire qui se perpétue encore aujourd’hui. Car après tout si l’on peut séparer l’artiste de son œuvre, ne peut-on pas lui prêter des propos à l’opposé des siens ? La musique est une telle alliée de vie qu’elle peut facilement devenir une arme de propagande. A chacun.e de rester prudent.e et de prendre le temps d’écouter ce que les créateurs.trices ont à dire de leurs morceaux et pas les fumeuses interprétations qui en sont faites.

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Bar Italia, voilà un nom qui peut induire en confusion. L’effervescent groupe londonien revient le 19 mai avec l’une des plus belles pépites rock de l’année : « Tracey Denim », un trip sous acide loin de la dolce vita qu’inspire le nom de la formation. Au programme un cocktail raffiné, acide, sombre, calibré, aussi élégant que tranchant qui enivre dès son premier titre. Impossible de ne pas en parler comme l’une des plus belle sorties de l’année 2023.

Bar Italia crédits Simon Mercer
Bar Italia crédits Simon Mercer

Tracey Demin : douceur volcanique

Des notes qui se répètent, puissantes et tranchantes en une boucle qui appelle immédiatement l’oreille, et voilà que « Guard » ouvre le bal de ce troisième opus des plus attendus. C’est sur le label Beggars, qui ne laisse place qu’à l’excellence, que le trio londonien donne le ton de cet opus qui vaut bien de s’ajouter au catalogue de ceux à qui l’on devra bientôt le dernier né d’une autre figure emblématique du punk : Anohni.

Il faut dire que le combo sait jouer sur la corde sensible pour frapper juste. Obsédant comme ses notes répétées en boucles, l’album a la force indé et créative des immenses Sonic Youth auxquelles s’ajoute la mélancolie légère que l’on peut retrouver chez les très modernes Sorry ou Porridge Radio. Il faut dire que ce « Tracey Denim » sait jauger de ces effets pour les rendre hypnotiques. Lorsque les notes de guitares s’emballent, vibrant dans les aigus, comme ça peut être le cas dès le deuxième titre, « Nurse! », le tableau se dessine avec précision. Pas étonnant, que leur concert parisien de la Boule Noire, le 22 mai, se jouait à guichets fermés. Il faut dire que la formation convoque l’âme des 90’s, sa puissance underground et crée une nostalgie indéniable d’un temps où le punk avait un plus fort rayonnement.

Cri intérieur

Il y a une urgence notoire dans les titres de cet opus, comme un cri du cœur. Le bien nommé « Punkt » va en ce sens alors que la voix féminine de Nina Cristante rencontre sa part d’ombres lorsqu’elle se mêle à celle de son homologue masculin. Il est bien question de discussions et d’échanges musicaux au cours des titres à fleur de peau qui composent cette galette. La douceur de la voix tantôt à vif, tantôt en retenu se heurte à la guitare, avide d’en dire plus, oppressante, tourbillonnante. Ce nouveau Bar Italia prend aux tripes tant sa sensibilité frappe fort. Pourtant, le trio également composé de Jezmi Tarik Fehmi et Sam Fenton joue sur des compositions sur le fil du rasoir tendues, aussi précises qu’un funambule, sans jamais basculer ou perdre son objectif de vue.

Peut-être que le morceau « Yes I have eaten so many lemons, yes I am so bitter » résume le mieux l’esprit de la performance. Là où les notes rondes et sucrées portées par une batterie qui se répètent ouvrent le bal, les voix elles confèrent à une acidité calculée. Il y a une forme de lâché prise sous-jacent, celui du meilleur du punk qui se trame ici. Les rythmes s’emballent et se cassent savamment, comme des vagues sur la jetée.

« Horsey Girl Rider » lui se construit sur des échos, une forme de chuchotement apaisant comme une ritournelle. Double, l’opus n’hésite pas à pousser les voix dans leurs retranchements. Il sait sortir de la brume épaisse qu’il crée pour déchirer sa ritournelle, un éclair dans le ciel vient illuminer le titre « Harpee » et sa lancinante montée en puissance. Le refrain entêtant monte dans les tours, le tout s’accélère

Bon baiser des 90’s

La fin des titres arrivent toujours avec brutalité, un point qui coupe net le dialogue. C’est peut-être ce qui tend à prouver que l’album s’écrit comme un joyau post-punk non taillé. Parfois la finalité vient avec ses faux raccords, une phrase, un propos qui toucherait à sa fin sans fioriture. La production est brute, épaisse, puissante.

Il a la ferveur du post-punk mais sait aussi se balader dans les recoins sombres de l’indie rock. Le slacker rock des 90’s y est convoqué, les inspirations trip hop, spoken word s’y croisent. Le tout y vit avec naturel, tout comme la construction d’un jet tiré à quatre épingles dont les 15 morceaux défilent beaucoup trop rapidement. On tient ici l’alliance parfaite de la modernité et du retour à l’ancien. Et pourtant et c’est ce qui caractérise la grandeur de cette album, les mélodies y sont toujours accessibles, douces et poignantes. L’indépendance s’y vit, vidée de son inaccessibilité. Le naturel est là, comme un ami que l’on retrouverait au bar et à qui l’on raconterait ses plus tristes mésaventure. « Tracey Denim » est le reflet d’âmes, celui qui sublime les états d’âme, rend le morose puissant, emprunte une machine à remonter le temps et vide les 90’s de leurs journées fluos pour leur rendre leurs cuirs noirs. Venez vous asseoir au comptoir de Bar Italia, comme avec une excellente bouteille, vous en prendrez bien plus d’un verre.


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Sorry Anywhere but here

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Le 7 octobre 2022, l’excellence vertigineuse de Sorry est de retour avec un nouvel album…

Alors que la pandémie mondiale laisse entrevoir une accalmie, elle permet surtout aux groupes internationaux de parcourir à nouveau le Monde. A peine le feu vert donné, et voilà que les fous furieux de The Hives reprennent déjà les routes. Rien d’étonnant lorsque l’on connait la réputation de la formation en live. Après un passage aux Etats-Unis, annoncé dix jours avant, les voilà qui débarquent en France.  C’est à l’occasion de leur passage à l’Olympia de Paris que le groupe a invité l’équipe de Popnshot en backstages pour une interview haute en couleurs.  On y a retrouvé Pelle Amqvist, le chanteur un peu malade mais ravi d’être là. L’occasion d’aborder autour d’une boisson chaude la question du  ou plutôt des deux nouveaux albums à venir 9 ans après la sortie de Lex Hives, mais aussi du retour sur scène, du courant punk en 2021, d’un concert dans un sous-marin, de son esprit rebelle et de King Gizzard and The Lizard Wizard. Rencontre.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar
Pop & Shot : Vous revenez tout juste d’une tournée au USA. C’était comment de retourner là bas ?  Vous y avez beaucoup d’influences, est-ce que vous y avez trouvé de nouvelles inspirations ?

Pelle Almqvist aka. Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Quand on était là-bas, on n’écrivait pas, on était tout le temps en tournée. Mais c’était très amusant de vivre  la culture américaine. Et c’était dans le Sud, ce qui est plus exotique que New York ou Los Angeles. On est allé en Floride, à Nashville, au Tennessee dans le Mississippi.

 

Pop & Shot : C’était comment de voyager à nouveau après la pandémie ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’était cool ! Mais vraiment étrange, parce que nous n’avons appris seulement 10 jours avant la tournée que nous pouvions la faire. C’est donc très difficile d’en faire la promotion.
Mais c’est bon d’être de retour ! Pendant toute la pandémie, on a essayé de faire des concerts. Nous avons essayé d’en organiser et ils ont été annulés. Maintenant, du jour au lendemain, Nous avons beaucoup de concerts,  une tournée américaine et une tournée européenne. C’est vraiment cool. On est presque le seul groupe en tournée actuellement. D’ailleurs, notre promoteur a dit qu’on était le premier groupe international à jouer à l’Olympia depuis 600 jours.

près les concerts, nous avions environ 1500 appels manqués. Niklas essayait de rappeler tout le monde, il parlait aux gens toute la nuit !

Pop & Shot : Vous avez fait un concert en live stream en janvier dernier. C’était comment de jouer avec personne en face de vous ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Nous avons fait un live stream pour le Mexique d’abord, qui était le concert annulé de Mexico. Donc, quand il a été annulé, les organisateurs voulaient que nous fassions un live stream. C’est donc ce que nous avons fait ! Cela nous a appris tellement de choses et aussi ce qu’on ne voulait pas faire. C’était particulier parce que c’était comme si nous jouions une chanson et qu’à la fin c’était mort. Après chaque chanson, je parlais un peu, puis nous jouions la chanson suivante, puis c’était de nouveau silencieux. Et c’était horrible. C’était le pire, c’était si difficile de faire un bon travail. Parce que la chose la plus importante manque, c’est-à-dire la foule. Alors, quand nous avons fait notre propre tournée mondiale en live stream, nous avons trouvé des solutions. Nous avions des haut-parleurs avec le bruit de la foule que nous avions enregistré dans les endroits où nous avons joué. Ainsi, le spectacle australien avait un bruit de foule de Sydney que nous avions trouvé sur YouTube à partir d’un de nos concert là bas. Le bruit était diffusé entre chaque chanson. Et nous avons vraiment eu l’impression d’un concert normal. Les gens pouvaient aussi appeler appeler en direct. Nous voulions faire ça pour prouver que c’était vraiment live. Car c’était important pour nous de faire ces concerts en direct pour le public. Et c’est pour ça qu’on jouait à des heures différentes, par exemple on se levait très tôt le matin pour jouer en Australie, on restait debout très tard le soir pour jouer aux Etats-Unis, etc. Parce que nous voulions que ce soit comme une tournée, chaque concert était à 21h, heure locale. Et je pense que c’est l’une des choses que nous avons été le plus heureux de mettre en place. C’est aussi très amusant. Parce que les gens appelaient. Après les concerts, nous avions environ 1500 appels manqués. Niklas essayait de rappeler tout le monde, il parlait aux gens toute la nuit !

Pop & Shot : Ils étaient contents de vous avoir au téléphone ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Oui, ils criaient, hurlaient, discutaient. C’était vraiment une bonne idée de faire ça. Je pense que nous avons fait un excellent travail ! Après le premier concert, nous l’avons regardé et nous nous sommes dit que c’était vraiment mieux que ce que nous aurions pu espérer.

Nous ne savons pas si nous allons faire un album, ce qui serait un peu dommage, parce que nous avons tellement de bons titres.

Pop & Shot : Vous avez écrit de nouvelles chansons pendant la pandémie, est-ce que cela veut dire qu’un nouvel album est prévu ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Oui. Nous en avons un de prévu, c’est un album sur lequel nous travaillons depuis longtemps. En fait, ce sont deux albums. Nous essayons de le faire, mais cela prend du temps, parce que nous avons beaucoup de chansons que nous aimons, mais nous n’aimons pas tous les mêmes chansons et nous avons un processus très démocratique. Nous ne savons pas si nous allons faire un album, ce qui serait un peu dommage, parce que nous avons tellement de bons titres. C’est pour ça qu’il devrait éventuellement y avoir deux albums. Aussi, nous prenons une trop longue pause entre les albums, surtout pour celui-ci  d’ailleurs !  Mais même en temps normal, nous prenons beaucoup de temps, donc ce serait amusant d’essayer sortir un album plus rapidement à l’avenir.

Pop & Shot : Dans Lex Hives, vous aviez instauré beaucoup de règles. Est-ce que dans ce nouvel album ces règles seront toujours là ? Y en aura-t-il de nouvelles ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Eh bien, il n’y a pas de règles. C’est peut-être pour ça que ça nous prend si longtemps, parce que toutes les chansons sont différentes. Et c’est difficile pour nous d’en faire un ensemble cohérent.

Pop & Shot : Comment décrivez-vous l’esprit du groupe maintenant que vous avez près de 30 ans d’expérience ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’est bizarre de penser que ça fait si longtemps. Je ne sais pas si quelqu’un a fait quoi que ce soit pendant 30 ans de suite, à part prendre son petit-déjeuner ou aller se coucher. Bizarrement, j’ai l’impression que l’esprit « The Hives » existerait même si les membres du groupe n’existaient pas.  Mais c’est toujours aussi cool d’être dans le groupe, surtout quand nous faisons des concerts. On dit que c’est extatique. Les gens viennent, qu’on ait un nouvel album ou pas, c’est quelque chose de solide, ce qui est cool !

il y a toute cette politique punk qui veut décider de ce qu’on peut ou ne peut pas faire et ça ne sert à rien de s’y frotter.

Pop & Shot : Vous avez beaucoup été décrits comme un groupe de punk, surtout au début. Aujourd’hui en 2021, est ce que vous pensez que le punk représente toujours quelque chose ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’est un peu comme le jazz maintenant. Ça dure. Comme si c’était une force culturelle. Je pense qu’à cette époque nous apprenons à jouer de la musique. Donc le punk fera toujours partie de notre ADN, mais je ne suis pas sûr que ça m’intéresse de m’y référer. C’est plus facile de se dire « groupe de rock n roll », on peut tout se permettre. Alors que si on se dit groupe punk, il y a toute cette politique punk qui veut décider de ce qu’on peut ou ne peut pas faire et ça ne sert à rien de s’y frotter. Donc oui, nos influences ont toujours été principalement le rock and roll et le punk rock. Quelque part entre les deux.

Pop & Shot : Vous dites qu’il y a des politiques punk, ce qui est vrai. À une époque vous vouliez vous rebeller contre tout. Mais vous vous rebellez aussi contre le punk.

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Au début, il s’agissait plutôt de se rebeller contre le punk, car les seules personnes pour qui on jouait étaient des punks. Et ça nous a toujours paru bizarre de jouer pour des punks et de se rebeller contre la société alors la société n’était pas là. Donc si nous voulions embêter quelqu’un, cela devait être les punks. Alors on a commencé à porter des costumes et d’autres trucs classes. Et nous étions devenus des snobes. On faisait comme si on était nés riches. Les punks détestaient ça, ce qui était très amusant.  Mais on adore la musique punk, c’était ça le truc, mais c’est tellement drôle quand les gens ne comprennent pas ce que nous faisons et qu’ils s’énervent.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar
Pop & shot : Est-ce que vous vous rebellez contre d’autres choses aujourd’hui ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Je pense que j’ai toujours été un peu rebelle. Je suis né rebelle. C’est comme si j’étais contre tout ce que les gens avaient, pensaient. En vérité, ça craint un peu. ça rend la vie très dure. Parce qu’il y a un coût à être un rebelle. C’est assez cher, émotionnellement, d’être contre tout ce que les gens pensent. On devient très solitaire. C’est un travail difficile parce que tout le monde essaie toujours de te convaincre de quelque chose. Quand j’ai eu 15 ans, j’ai fait un effort pour m’intégrer davantage. Mais ce côté rebelle est toujours en moi, je crois. Ma première réaction est généralement non.

Pop & Shot : Dans une interview, vous avez dit que The Sonics avaient changé votre vie. Y a t il d’autres groupes qui ont changé votre vie ? Influencé votre musique ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Il y en a un beaucoup, surtout dans ce que j’écoutais plus jeune, parce que les choses que tu trouves au début te frappent le plus fort je pense. Donc, quand j’avais 6 ou 7 ans il y avait AC/DC. Vers 11 ou 12 ans, il y avait quelques groupes de punk comme les Misfits ou des groupes de punk suédois. Mais les Misfits et les Dead Kennedys ont eu une grande importance pour moi. Plus tard, il y a eu The Sonics, vers mes 17 ans. C’était quelque chose d’important, parce qu’avant ça, on jouait une musique influencée par le punk des années 70 et le rock and roll des années 50, comme Little Richard. Nous aimions la musique des années 60, comme les Yardbirds, parce que nous trouvions ça dans la collection de disques de nos parents, mais avec The Sonics, Nous avions l’impression que quelqu’un avait déjà mélangé ces deux choses, le punk des années 70 et le rock’n’roll des années 50, et c’était The Sonics, et j’aimais vraiment la façon dont ça sonnait.

J’avais un ami qui aimait la musique psychédélique et il m’a donné l’album de The Sonics parce qu’il pensait que ce serait de la musique psychédélique, ce qui n’était pas le cas, mais il m’a dit : « Oh, tu aimeras probablement ça ». Et c’était vraiment le cas, ils ont été une grande influence. Plus tard il y a eu d’autres groupes comme Mitch Ryder, The Detroit Wheels et The Saints, mon groupe préféré depuis longtemps. Bien sûr j’aime vraiment les Ramones et les Stooges.

Pop & Shot : Le punk garage fait son retour en ce moment. Avez-vous entendus de nouveaux morceaux excitants ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : J’aime vraiment les Viagra Boys. Je pense qu’ils sont géniaux ! Et j’aime vraiment King Gizzard and The Lizard Wizard. J’aime tous leurs albums. Non, peut-être un sur trois ou quelque chose comme ça. Parce qu’avec King Gizzard, il y a tellement de sorties que c’est difficile à suivre, surtout pour quelqu’un comme moi qui en sort si lentement.
Je me souviens que j’étais dans un studio à Los Angeles en train de travailler sur autre chose. Ils étaient aussi là. J’y étais donc allé la veille et ils avaient enregistré trois albums en un jour. C’est vraiment impressionnant. J’aurai tellement de mal à faire ça. Je suppose que la seule façon de le faire est de sortir des morceaux et de ne pas avoir d’autocritique. Mais je les aime beaucoup.

la salle la plus bizarre dans laquelle j’ai joué était un sous-marin en France

Pop & Shot : Aujourd’hui vous jouez à Paris en France. Un de vos concert en France s’est déroulé dans un sous-marin ! Est-ce que vous avez un souvenir de ce moment ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Oui, c’est vrai. Je ne me souviens plus dans quelle ville c’était. Mais nous avons joué dans un sous-marin garé dans l’eau. Et on devait passer par une tourelle pour arriver sur scène. C’était la salle la plus bizarre dans laquelle j’avais joué. Il n’y avait que 50 personnes là-bas, ce n’était pas idéal, mais c’est la salle la plus bizarre dans laquelle nous avons jamais joué !

Nous avions été programmés pour un concert, et quand nous sommes arrivés c’était un sous-marin. Nous étions surpris, c’était bizarre. Mais à ce moment-là, on s’est dit : « Ok, c’est le concert. On branche nos amplis et nous jouons ». C’était cool.

Pop & Shot : Pour votre show d’aujourd’hui, vous avez de nouveaux costumes. Dites-nous en plus.

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’est la fille (Ingrid Berg) de mon voisin qui les a fait, ils brillent dans le noir et c’est plutôt cool. On joue quelques chansons avec la lumière, puis on éteint toutes les lumières et le costume brille. C’est vraiment sympa.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar
Pop & Shot : Quels sont vos projets pour le futur ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Tout d’abord nous avons la tournée européenne. Ensuite deux gros concerts en Suède juste avant noël et après nous ferons un album j’espère.

Pop & shot : Et donc, le studio c’est pour quand ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Nous avons un studio où nous avons enregistré une partie du dernier album. Nous avons aussi essayé d’aller aux Etats-Unis pour enregistrer mais c’est très compliqué. Cela fait deux ans que nous essayons de venir, mais avec le COVID c’est impossible. Donc maintenant, nous allons probablement commencer à enregistrer en Suède, juste parce que nous aurons moins de risques d’être annulés ou reportés. Donc il me semble que nous allons commencer à le faire en janvier. Nous verrons combien de temps cela prendra. Cela dépend des chansons qu’on veut enregistrer. Parce qu’il y a beaucoup de chansons !

Pop & Shot : Une dernière question, quelle chanson que vous écoutez en ce moment décrit le mieux votre état d’esprit ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Aujourd’hui je suis malade, je me sens mal. Donc je ne sais pas quelle serait cette chanson. Eh bien, mon état d’esprit est probablement quelque chose de Nick Drake, mais j’aimerais que ce soit une chanson de Little Richard. Par exemple « where I’m at » de Nick Drake. Mais j’aimerais que ce soit « rip it up » de Little Richard.


The Hives @ l'Olympia Paris 2021

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Order 89
L’été des corbeaux – Order 89

L’été 2021 sera beaucoup de choses : celui des espoirs et des doutes. Il sera celui d’une vie retrouvée et d’une crainte criante de la perdre à nouveau. Celui des rires, des chants et des croassements des corbeaux. En effet de retour après un premier album « Bleu Acier » sorti en 2019, les compères d’Order 89 sont de retour avec un tout nouvel opus « L’été des corbeaux », un condensé de dix titres aussi enivrants que crasses.

Le premier album a comme beaucoup, souffert du confinement. Impossible de le jouer en live et de le faire tourner comme il se doit. Regrettable lorsque l’on sait les grandes qualités scéniques qui sont celles du groupe survolté. Alors plutôt que de sombrer dans la fièvre du live stream comme beaucoup, les parisiens ont choisi de mettre les bouchées doubles et de confectionner un petit second qui lui, aurait toute l’attention qu’il mérite. Pour parfaire cette tâche la formation est devenue quatuor, ajoutant Luce à la guitare. Pensé pour être au plus proche de leurs performances en live, cette nouvelle galette s’avère riche en surprises.

La machine se lance avec « 100 visages ». Pas besoin de fioritures pour Order 89 qui envoie directement la sauce. La basse tonne lourdement , les machines s’emballent et voilà que la voix écrasante et puissante peut engager les hostilités. Chantées comme une comptine sombre, les premières notes se font répétitives et entêtantes. Les boucles musicales s’ajoutent à la folie de l’instant, plus présentes qu’une voix entre chant et phrasé. Le rock dégouline de ce titre sombre, appel à faire tomber les masques. La cold wave s’invite à la partie, tonitruante. Le ton est donné.

Maintenant que le groupe a toute l’attention de son auditeur, il est temps de lui proposer une « Ronde ». Les phrases courtes s’alternent avec rapidité, le rythme est répétitif, la montée en puissance se construit comme une montagne russe. Avant le refrain, une pause au sommet du grand huit s’avère nécessaire. En retenue, ce dernier s’invite naturellement au moment, il se répète encore et encore. « Tel est ce bruit qui résonne dans mon cœur et la nuit » scande Jordi en boucle comme un appel nocturne au laisser aller. L’atmosphère s’emplit d’une odeur de cuir, le spectre des Black Rebel Motorcycle Club n’est pas loin.

Rock sous acide

Plus psychédélique, « Histoire Parallèle » fait la part belle aux machines. Toujours avec une dominante rock, le titre se teinte clairement d’électro dégoulinant qui donne l’envie incontestable de danser certes, mais bien plus certainement dans un garage que dans une boite de nuit clinquante. C’est aussi ça Order 89, une mise en avant primordiale de rythmiques envoûtantes qui peuplent des morceaux aussi lourds de sens qu’accessibles à la majorité. Cet obsession, elle peuplera la totalité d’une galette qui croit autant au brit rock qu’à Noir Désir. Avec sa phraséologie, son timbre atypique, sa perception du couplet, le groupe pourrait évoquer Indochine sous acide, la part pop comme dans populaire en moins, les compositions pointues en plus.

« Gangster » sonne comme le chant du fakir et monte en intensité. Puissant et hypnotique, il perche, happe, déstabilise. Véritable temps de modernité, il joue des codes du passé pour mieux les casser comme Bagarre avait su tordre les genres pour mieux créer son univers. « Vertige » s’inscrit dans la même veine en démarrant sur les chapeaux de roue. Pas le temps de souffler le titre défile à toute allure, les notes s’enchaînent avec rapidité, absorbent l’auditeur en un tourbillon sauvage et salvateur.

« Ici la nuit » prend le temps de souffler sur son introduction. La voix suit, elle scande, se fait multiple, s’épaissit. Comme toujours sur cette galette, le repos est de courte durée alors que force et puissance se font alliées pour mieux donner une claque sur l’épaule au moment du refrain. Les oreilles bourdonnent, la nuit a tout enseveli. Seule la basse se répète en notes oxygénées, elle prend par la main, marque des temps de pause lors de l’invasion bienvenue des machines. Et si cette nuit nous faisions un trip hallucinogène tous ensemble ?

Fauve avait baptisé ses deux albums « Vieux frère », c’est aussi le cas de ce morceau. Du collectif, Order 89 reprend le nom du titre et sa capacité à unir en additionnant phrasé et chanté. La comparaison s’arrête là. Plus sombre, plus vive, acérée comme une lame de rasoir, la musique du groupe bouleverse et résonne chez un public expert.

L’invasion des machines

Les machines prennent le contrôle le temps d’une « Chasse aux sorcières » haletante. Alors que « Les Nuits sauvages » fait la part belle aux instruments omniprésents et offre un temps cathartique. Le tourbillon musical glisse sous la peau, il recouvre tout d’un voile de rock crasse et méthodique sous forme de bordel organisé.

L’expérience touche à sa fin sur « Pays Sacrifié », un titre bien plus posé que le reste de l’opus. Cette fois-ci, c’est la voix qui domine, elle s’engouffre, bat les notes comme elle fait battre les cœurs. Elle laisse pourtant la place à un gimmick instrumental pour clôturer cet été éprouvant qui propose un vol vertigineux et poétique dans la noirceur des clubs et des âmes qui ne trouvent pas le sommeil.

Must See

« L’été des corbeaux » est disponible depuis le 2 avril 2021. L’opus se révèle être l’occasion parfaite pour permettre au groupe de prendre les routes de France et d’offrir une série de concerts estivaux à un public qui ne demande qu’à se retrouver. A noter que son passage à la Dame de Canton en présence des rockeurs aussi fous que solaires de Yoko Oh No a été un temps de fort de cet été. Le live déjanté face à un public de rockeurs hyper réceptifs s’es vu ponctué de pogos, danses enflammés et sueur à grosses gouttes. Outre les nombreuses blagues des formation sur scène, bonne humeur et convivialité étaient mots d’ordre. Une reprise léchée de « L’amour et le violence  » de Sébastien Tellier reste l’un des moments inoubliables de cette soirée magique. S’ils passent près de chez vous, rendez vous un immense service, ne les manquez pas !


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