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Comme pour célébrer ses 30 ans de carrière qu’il n’a pas eu l’occasion de fêter comme il se doit, le chanteur français Dominique A dévoile un double album divisé en deux temps : 14 de ses morceaux revisités avec l’orchestre de chambre de Genève et 14 autres revisités en formule trio avec Julien Noel au piano et Sébastien Boisseau à la contrebasse. Une œuvre rétrospective scintillante aux deux parties communicantes qui nous aide à mieux saisir cette poésie musicale qui nous obsède depuis tant d’années. Nous avons eu la chance de l’interroger sur ce nouveau projet.

Dominique A @Richard Dumas
Dominique A @Richard Dumas

 

Pop & Shot : Vous avez récemment fêté vos 30 ans de carrière, vous avez sorti une quinzaine d’albums, comment est-ce qu’au fil du temps, vous avez su garder intactes la passion et l’envie d’écrire des choses, de sortir des albums et de composer de la musique ?

Dominique A : C’est assez simple : je dépéris si je ne fais rien. Cette envie découle de ça. Quand je n’ai pas un projet en cours, je me fane *rires*.

Après, il y a deux types de projets, ceux que je lance et ceux vers lesquels on m’aiguille, comme là avec ce double disque rétrospectif qui, au départ, est lié à une commande de l’orchestre de chambre de Genève. De cette commande est née l’envie de faire un disque, puis l’envie d’en faire un double *rires*. A un moment donné, je voulais même que ça soit un triple album mais ça voulait dire quintuple vinyle.

Après, il y a plusieurs périodes. Quand j’ai commencé, c’était les années 90 donc un contexte quand même très différent dans le monde de la musique. Là je ne faisais pas du tout de plans sur la comète. Je n’avais pas de perspectives autres à chaque fois que celles de faire un disque. Et pour les quatre premiers, je me disais que c’était le dernier. Et puis à partir du moment où il y a eu la décision consciente et assumée de continuer et de faire toute ma vie avec ça, je me suis rendu compte que je ne pouvais tout simplement pas m’en passer. Et puis tout est aussi dépendant d’un contexte qui est l’entourage professionnel. Des gens qui réagissent quand vous leur proposez quelque chose, ou des gens qui vous proposent des choses, et après des gens qui vous suivent, des gens qui viennent vous voir ou qui achètent des disques. C’est aussi ce qui entretient la machine. C’est à dire que s’il n’y avait pas ces gens-là, comment je vivrais les choses ? Je n’en sais rien.

Parfois, je suis beaucoup plus admiratif des gens qui s’accrochent alors qu’il n’y a rien, personne… Pas de gens pour les épauler et un public peau de chagrin. Dans mon cas, c’est plus confortable, j’ai cette chance.

 

Pop & Shot : Et vous avez toujours le même plaisir à sortir des choses ?

Dominique A : Oui carrément ! Ce qui m’épate, c’est que ce sont toujours des objets physiques. C’est sûr qu’on en vend moins qu’avant mais on travaille toujours sur ça. Parce que les gens qui me suivent, c’est des vieux barbons comme moi qui sont attachés à ça. Même si le streaming s’est généralisé, je m’adresse beaucoup à des gens qui ont un rapport à l’objet, qui ont envie d’écouter un disque dans son intégralité, qui ont envie d’une espèce de fil narratif avec les chansons. Je suis quasi persuadé que l’objet existera encore à la fin de ma vie, même si c’est devenu une création marginale.

 

Pop & Shot : Ce nouvel album que vous venez de sortir est divisé en deux, 14 morceaux avec l’orchestre de chambre de Genève et 14 autres en formule trio. Pourquoi l’avoir construit comme ça ?

Dominique A : De façon un peu étrange. Déjà, le projet du trio, je l’avais en tête depuis un bout de temps, pour faire une tournée, mais sans disque à la clé. L’idée de faire un enregistrement m’est venu parce que je voulais garder une trace de ma collaboration avec l’orchestre symphonique. Parce que bon, c’est pas tous les jours que ça arrive ! Sauf que quand ça m’est venu à l’esprit, je me suis dit : si c’est rétrospectif, 14 morceaux, ça va faire court, ça va être un drôle d’objet.

Je savais que défendre un disque, ou en tout cas le porter sur un certain nombre de temps, plus que les deux semaines de la sortie, ça passe par la scène, alors je me disais qu’avec le symphonique, ça n’allait pas être possible. Ça se limitera à deux trois concerts, ce qui est le cas – on a fait quatre concerts en Suisse, on va en faire deux en France – puis point barre. Dans cette configuration, le disque allait être un peu mort-né. Il n’y aurait pas de suivi. L’idée du trio permettait d’avoir une tournée derrière qui aurait un effet d’entrainement pour que le disque vive sa vie tranquillement. Ce sont des visions complémentaires, à la fois une envie et puis en même temps, de façon prosaïque, ça permettrait au disque d’exister sur plus de temps.

Après, il y avait autre chose. J’avais enregistré un projet un peu à part avec des copains jazzmen dont Sébastien Boisseau qui joue de la contrebasse dans le studio de la Buissonne qui se trouve près d’Avignon. J’avais adoré travailler dans ce studio, j’avais adoré la façon de travailler de Gérard De Haro, le producteur qui a monté ce studio. Un trio dans cet endroit là avec cette façon de travailler, ça m’excitait. Ce sont donc des envies complémentaires qui m’ont fait aller voir la maison de disques pour leur proposer cet album en deux temps. Avec un point de jonction qui serait le travail sur l’acoustique dans un cadre assez pléthorique d’un côté, avec le symphonique, et puis dans un cadre intime de l’autre, avec le trio. Mais dans les deux, on retrouve l’idée de gens qui jouent ensemble dans un espace où l’électronique est absente, où l’électrique même est quasiment absente puisqu’il y a très peu de sources électriques. C’était une espèce de jeu de piste en deux temps.

 

Pop & Shot : Comment s’est fait le choix des morceaux ?

Dominique A : Pour le symphonique, on en a discuté avec David Euverte, l’arrangeur. C’est un musicien avec lequel je travaille depuis longtemps. Il fallait qu’il soit à l’aise avec les morceaux qu’il allait arranger parce que c’était un gros chantier pour lui. C’était quelque chose d’assez neuf d’orchestrer de cette manière. Il ne l’avait pas fait de façon aussi suivie car ça a représenté un an de travail pour lui. Il y a des morceaux qu’on ne pouvait pas trop écarter. Je pense par exemple à « Courage des oiseaux », « Immortels » ou encore « Au revoir mon amour ». Ceux-là devaient absolument figurer. Pour le reste, c’est beaucoup venu d’envies personnelles en me disant : tiens, tel morceau sur tel album, je lui redonnerais bien une seconde vie parce que je l’aime bien et que j’estime qu’il n’a pas eu le parcours qu’il méritait.

Pour le trio, c’était plus libre. Autant, pour le symphonique, à partir du moment où on commence à travailler sur un morceau, il y a toute une machine qui se met en branle et on ne peut pas changer de fusil d’épaule facilement. Autant pour le trio, c’était plus simple. C’est à dire qu’à partir du moment où l’un d’entre nous avait une idée de morceau – moi j’en ai soumis une trentaine à mes camarades – on pouvait tester, essayer et s’en détacher plus facilement si ça ne convenait pas. D’un côté la rigueur et la contrainte et puis de l’autre quelque chose de beaucoup plus débridé. Je trouvais que c’était intéressant de jouer sur ces deux tableaux et ce contraste entre quelque chose de très écrit qui nécessite un temps de préparation énorme et puis au contraire quelque chose de très immédiat.

 

Pop & Shot : Est-ce que vous avez découvert des choses insoupçonnées dans vos propres morceaux en les revisitant ?

Dominique A : Non, je ne dirais pas ça. Ce qui m’intéressait dans les propositions de David Euverte, l’arrangeur, c’est la façon qu’il avait de les emmener vraiment ailleurs… Je pense à un morceau qui s’appelle « Rue des marais » qui est à la base très introspectif, très très très triste dans sa première version studio. Je ne dirais pas qu’il est devenu joyeux mais David lui a donné une petite coloration chaloupée, cubaine presque, qui était complètement inattendue. Je trouve que l’éclairage sur le morceau est très différent et ça fait partie des choses que j’attendais de ce travail là, que les morceaux soient emmenés ailleurs, que ça soit des versions possibles en fait, comme si je m’étais saisi du répertoire d’un autre. Sans volonté de retrouver l’ambiance initiale du morceau à tout prix. A la limite, ce qui m’intéresse le moins, c’est quand les morceaux sont plus proches de leurs versions premières.

 

Pop & Shot : Qu’est ce qui a été le plus marquant dans votre collaboration avec l’orchestre vous diriez ?

Dominique A : Déjà d’entendre les morceaux joués avec le son de l’orchestre, c’est assez marquant. Sur des morceaux qui ont parfois 25, 30 ans, qui ont été composés par un jeune homme qui n’imaginait pas se retrouver un jour dans cette situation…

Puis après, ce qui m’a marqué c’est l’implication de l’orchestre. Parce que dans le classique, on ne sait jamais trop. Ca peut être des expériences un peu douloureuses où il y a du mépris en quelque sorte. Il y a des gens pour qui ça n’est pas vraiment de la musique à partir du moment où vous même n’êtes pas un musicien avec un cursus… Moi je ne lis pas la musique par exemple. Ma légitimité est assez faible par rapport à des gens qui ont suivi pendant des années des études musicales très poussées.

Mais là, il y a vraiment eu des interactions très chaleureuses entre Raphaël Merlin, le chef-d ‘orchestre, et tout l’orchestre. Je n’ai senti que des bonnes ondes. Une grande chaleur dans l’échange. Ça m’a beaucoup porté de sentir cet intérêt. C’est très motivant. On n’a pas l’impression de forcer la main des gens ni de sentir de l’ennui de leur part.

 

« Quelques Lumières », album disponible depuis le 18 octobre 2024 chez Cinq 7 / Wagram Music

 

 

 

 

 


Thurston Moore : « Sonic Youth, c’était une vraie démocratie »

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Figure essentielle du rock depuis les années 80 avec Sonic Youth, Thurston Moore sort aujourd’hui un nouvel album solo intitulé Flow Critical Lucidity, dans lequel il poursuit son immense fresque solo constituée de boucles de guitares hypnotisantes. Bien que celles-ci sont cette fois-ci plus courtes et concises qu’auparavant, sa musique garde son essence, toujours guidée par une voix douce et des accords flottants. Un véritable éloge à la nature. En plein mois d’août, il accepte de nous rencontrer en visio pour discuter autour de son œuvre globale et de ses mémoires. C’est avec émerveillement que nous l’écoutons parler sans s’arrêter, le sourire aux lèvres, avec la bonté du professeur avide de paroles et heureux de pouvoir transmettre un savoir et des idées, qui plus est riche d’une expérience immensément grande.

Crédit : Vera Marmelo

Pop & Shot : Bonjour ! Merci beaucoup de nous accorder cet entretien. C’est un honneur.

L’année dernière, vous avez écrit un livre consacré à vos mémoires dans lequel vous revenez sur les années Sonic Youth : « Sonic Life : a memoir ». Quel effet ça fait de replonger dans tous ses souvenirs ? C’était plaisant ?

Thuston Moore : En réalité, j’y pense tout le temps. C’est tellement une grande part de mon existence tu sais. J’ai toujours su que je voulais écrire un livre sur Sonic Youth, encore plus du fait que le groupe n’existe plus. C’était une question de temps avant que je m’y mette. En fait, j’avais juste envie d’écrire. J’adore ça. J’ai toujours écrit des poèmes et des essais musicaux mais je n’avais encore jamais écrit un ouvrage de 300 ou 400 pages. Donc cette fois, j’ai voulu me pencher sur quelque chose de plus long. Ca m’a permis de réellement m’accoutumer à l’art et à la pratique de l’écrit.

Dans mes mémoires, le groupe n’est pas mentionné avant la 200e page du livre. C’est donc autant sur Sonic Youth que sur l’expérience de jeunes gens réalisant quelle était leur vocation, grâce à une obsession, celle de la musique, de la culture, de l’art, de l’impulsivité de créer…

Aujourd’hui, je travaille sur un livre de fiction. C’est surement moins intéressant historiquement parlant mais tout aussi enrichissant comme matière littéraire.

 

Pop & Shot : On trouve aussi dans cet ouvrage une vision, à travers vos yeux d’adolescent, de la scène des années 70 et 80.

Thuston Moore : J’avais envie d’écrire sur mes inspirations, par exemple sur le premier ouvrage de poésie de Patti Smith, ou encore sur la première photo que j’ai vu d’Iggy Pop, de Television, des New York Dolls, des Sex Pistols, et ce que ces images ont représenté pour moi. Les découvrir en photo, y penser, avant de les écouter… Rien n’était vraiment instantané dans les années 70, comme aujourd’hui où, avec mon ordinateur, j’ai directement accès à tout ce qui m’intrigue et me rend curieux. Je peux écouter n’importe quel artiste et savoir à quoi il ressemble instantanément, ce que je trouve super, mais ça n’existait simplement pas à l’époque. On devait donc suivre des indices laissés par le journalisme spécialisé rock par exemple. Tu découvres une photo de Patti Smith dans un magazine où elle ressemble à une jeune femme style Keith Richards qui écrit une poésie incroyable autour du rock, du désir, de l’identité de soi etc. Ca t’intrigue et tu en viens à essayer d’imaginer comment cette personne sonne, parle bouge, vit.. Puis tu apprends qu’elle sort un album, alors tu le commandes, et deux semaines après, il est dans ta boite aux lettres. Là tu découvres la voix sublime d’une poétesse et d’une rockeuse. C’était la chose la plus surprenante pour moi, de découvrir comment sonnaient tous ces artistes après avoir vu à quoi ils ressemblaient. Ces sensations se déplaçaient lentement, tandis que la musique en elle-même était tout l’inverse dès qu’on mettait la main dessus : rapide, immédiate, dans une forme de précipitation. C’est ce qui a permis de créer toute cette dynamique intéressante propre à cette époque tu vois ?

Je voulais écrire sur toutes ces choses et non tellement sur moi. Moi moi moi. Je ne voulais pas aller trop profond dans ma vie perso. Je voulais écrire sur la musique, et sur toute l’énergie positive qui l’entoure, et surtout pas d’un livre qui exprime de la mauvaise énergie, car j’estime qu’il y en a bien assez partout. Donc oui, j’ai beaucoup aimé faire ça.

Pop & Shot : Et est-ce que ça a été difficile de se rappeler de tout ?

Thuston Moore : J’ai ma propre mémoire, et j’ai parlé à différentes personnes aussi. Lee Renaldo [membre de Sonic Youth] par exemple, à qui je demandais : « tu te rappelles de ce temps ? ». Sa mémoire était différente de la mienne. Et j’ai réalisé qu’on était en mesure d’avoir des preuves, des chiffres concrets, qui venaient confirmer nos souvenirs ou non. J’ai dû aller me documenter dans des librairies, trouver des vieux flyers, des posters, les dates d’enregistrements et de concerts… Et je me suis abonné à plusieurs sites internet de journaux pour pouvoir accéder à pleins de vieilles coupures de presse numérisées, ce qui m’a permis de retrouver nos plannings de tournée des années 90…

Sur le site de Sonic Youth, il y a un onglet dédié à ça, autour de nos dates de concerts, mais c’est uniquement basé sur des enregistrements existants disponibles en cassette. Donc il y a beaucoup d’éléments manquants.

Ce qui était important à l’époque à New York, c’était de parcourir le journal hebdo « The Village Voice », qui répertoriait chaque semaine tous les concerts de la ville. J’ai eu beaucoup de mal à trouver une librairie qui avait les archives de ce journal. Mais j’ai fini par trouver juste à côté de chez moi, en Floride : une aubaine ! C’était l’année de la pandémie donc j’ai pu m’y rendre dès la fin du confinement, puis je suis resté là-bas tous les jours de 9h à 19h à décortiquer la chronologie. Ca m’a aussi permis de me rappeler la première venue de My Bloody Valentine à New York et notre interaction avec eux. Pareil pour Jesus and the Mary Chain. Et certaines personnes se sont mises, après la publication du livre, à réfuter certaines dates. Alors je leur disais « non c’est vous qui vous trompez j’ai les documents », puis je leur envoyais en leur disant « touché ! » *rires*.

 

Pop & Shot : Ca vous a pris combien de temps en tout l’écriture de ces mémoires ?

Thuston Moore : Deux ou trois ans. La deuxième année a été celle où j’ai vraiment pu m’enfermer pour écrire, car c’était l’année de la pandémie qui m’a permise de ne pas avoir trop de distractions du monde extérieur. J’ai beaucoup écrit, 800 pages. Le livre final a été réduit de moitié. J’ai passé un an avec mon éditeur pour redescendre à 400 pages. Ils voulaient 300 pages à la base ! Le processus de publication d’un livre est vraiment super intéressant. J’espère qu’il y aura une traduction en français un jour ! Sauf que le livre est assez long pour ce qu’il est, c’est à dire des mémoires sur la musique, et que ça coûte bonbon pour les maisons d’édition. Il y a quand même eu une traduction italienne je crois.

 

Pop & Shot : Est-ce que c’est un processus similaire d’éditer un livre et d’enregistrer un album ? Dans les deux cas, tu dois couper des choses…

Thuston Moore : Ca l’est. Cependant, dans le cas de la création d’un album, tu travailles avec d’autres personnes… C’est une affaire collaborative contrairement au livre qui est un travail solitaire. Il y a de fait moins d’interactions. J’aime les deux aspects. Faire un album dépend de la collaboration avec les autres musiciens. Et quand je fais un album sous mon nom, je continue de travailler avec des musiciens auxquels je fais appel car je sais qu’ils vont toujours avoir de superbes idées. C’est le cas de tous les musiciens et musiciennes présents sur ce nouvel album.

Mince je dois brancher mon ordi ! La batterie est à plat *rires*

*bruit d’ordinateur qui charge*

Donc voilà, où j’en étais… Oui, c’est différent par cet aspect, collaboration ou travail solitaire… Mais dans les deux cas, le processus se ressemble par le fait d’essayer de combler un appétit créatif. Et j’ai eu beaucoup d’appétits créatifs qui n’ont pas trouvé d’accomplissement. Et c’est ok. Que tu fasses un album ou que tu écrives un livre, tu as toujours en tête l’espoir que ça mènera à quelque chose de concret, vers une fin, vers un endroit où tu peux dire « j’ai terminé ». Mais ça n’est pas toujours le cas. Parfois, tu crées des choses que tu ne partages jamais. Quoiqu’il en soit, je suis vraiment dans l’idée d’échanger, entre l’écrivain et le lecteur, entre le musicien et l’auditeur. J’aime exister à ces deux endroits : sur scène et en tant que public. Je ne sais pas ce que je préfère. Etre un collectionneur d’albums est très important pour moi car tu es pleinement engagé dans cet échange. Certaines personnes apprécient certains albums plus que d’autres, par delà de ce qui fait parfois l’unanimité. Par exemple, si je fais écouter « Horses » de Patti Smith à ma soeur, qui, on est tous d’accord, est un disque essentiel, je suis sûr qu’elle n’aimerait pas; parce qu’elle est très axée musique pop contemporaine. Ce genre d’albums l’ennuient.

Un autre exemple : j’ai un jour lancé très fort un album de John Coltrane lors d’une réunion familiale, et tout le monde s’est plaint comme quoi c’était vraiment prise de tête, ce jazz bruyant et en colère. Je leur ai dit : « mais voyons, c’est du jazz sublime et spirituel ! ». Ils ne l’entendaient que par le prisme d’un élément perturbateur de l’évènement. C’est drôle, j’aime ce regard différent sur les choses.

 

Pop & Shot : En parlant des musicien.ne.s qui vous accompagnent, quel rôle jouent-ils dans le processus de création ?

Thuston Moore : Sonic Youth c’était une vraie démocratie. Quatre personnes se réunissant pour créer des chansons. Peu importe qui apportait les idées. Par exemple, si j’avais quelque chose en tête, je leur montrais mais je ne leur disais jamais ce qu’eux/elles devaient jouaient. Iels venaient aussi avec leurs idées et c’était un effort de groupe. Mes moments préférés étaient ceux où personne ne venait avec une idée. On se réunissait, on fermait les yeux et on commençait à improviser. La musique venait à nous puis ensuite on réécoutait l’enregistrement en se disant : « ok cette partie est intéressante, on peut y revenir ». Parfois aussi, on s’arrêtait en plein milieu de notre impro parce qu’on avait bien aimé un moment et qu’on voulait le retravailler. C’était super fun.

Quand j’ai commencé ma carrière solo, je sentais que je n’avais plus besoin d’être dans un groupe comme ça. C’est bien quand tu es jeune et quand tu te construis avec ça. Mais dès lors que j’ai eu 50 ans, je voulais en quelque sorte être le chef aux commandes. Contrôler la situation. Donc quand je me suis réuni avec d’autres musicien.ne.s à Londres, je voulais des personnes que je n’aurais pas à diriger musicalement parlant, et que je laisserais évidemment libre de proposer des idées, mais qui seraient au courant du fait que les publications allaient être sous mon nom, que j’étais « le boss ». Il fallait être ok avec ça dès le départ et je les avais prévenus bien entendu.

Donc j’adore le système démocratique d’un groupe, qui t’apprend plein de choses sur la vie, mais j’ai eu besoin de tester autre chose. Et puis pour beaucoup de groupes, ça finit par devenir une industrie, une marque… Les Rolling Stones par exemple, qui se connaissent depuis qu’ils ont 19 ans, et qui ont maintenant 80 ans. C’est très très rare qu’un groupe ait une espérance de vie aussi longue. Certains de ses groupes deviennent si connus qu’ils dépendent du fait d’être devenus une marque pour générer des revenus.

Un autre exemple : J Mascis de Dinosaur Jr peut faire de la musique sous son propre nom mais il réunira toujours dix fois plus de personnes avec son groupe qu’en solo, juste parce qu’il y a le logo Dinosaur Jr. et que les gens savent ce que c’est.

Et moi, je n’ai pas l’impression que le type de musique que j’écris en ce moment est très différente que celle que j’écrivais à l’époque avec Sonic Youth. C’est peut-être un peu plus mature : 66 ans VS 26 ans *rires*. Mais c’est la même manière de composer.

En tout cas, j’ai le même respect envers les musicien.ne.s avec qui je joue aujourd’hui qu’à l’époque envers les membres de Sonic…

Wow !

*Les deux chiens de Thurston Moore font leur apparition et font tomber son ordinateur*

Je vous présente mes colocataires, deux frères *rires*

 

Pop & Shot : Magnifiques ! Ils ont quel âge ?

Thuston Moore : Cinq mois. Ils sont géniaux. Mignons et intelligents. On peut reprendre, mon ordinateur n’est pas cassé *rires*

 

Pop & Shot : Votre carrière solo est maintenant assez dense mais ce qui est surprenant au fil des années et des albums, c’est qu’on a l’impression d’écouter une pièce musicale infinie, qui s’étend au fur et à mesure des années, et qui s’enracine dans nos oreilles. Je le vois personnellement comme un espace réconfortant où j’adore aller pour me sentir bien, là où Sonic Youth nous prenait toujours par surprise et à contrepied. C’est quelque chose de volontaire que de vouloir être davantage prévisible – et je ne l’entends pas dans un sens négatif du tout – ?

Thuston Moore : Sonic Youth n’a jamais été installé à un seul endroit, fixe. On voulait toujours explorer des nouveaux territoires. Quoique, certaines critiques disaient qu’on faisait toujours la même chose en boucle, avec un même pattern dans la structure de nos morceaux : un début, une partie noisy, une partie vocale etc.

Pourtant, chaque album a son atmosphère, avec son lot d’expérimentations.

Dans mes disques solos, il y a moins de tension avec les musiciens. La musique ne provient pas du même endroit que celle de Sonic Youth. Dans l’essence même de Sonic Youth, il y a une tension intérieure, du fait que c’était un groupe expérimental qui aimait explorer.

Mais j’ai encore l’impression d’aller vers de nouveaux territoires dans ma carrière solo album après album. Ce nouvel album est très différent des autres que j’ai fait je crois, de par les idées d’utilisation de la guitare, de comment il a été enregistré… Mais je ne force jamais les choses et je n’essaie pas trop d’analyser de ce que je fais.

Parfois, on va me demander des choses précises… et j’ai vu ça chez beaucoup musiciens, surtout chez les artistes qui écrivent des lyrics très intenses comme Nick Cave, que l’on va toujours questionner sur le sens de ses paroles…. et bien moi, j’aime quand la réponse n’est pas fixée, quand je ne sais pas. L’écriture est un effort créatif et ça n’est pas comme si j’essayais d’y intégrer des notions spécifiques. Il s’agit plutôt de transmettre un feeling évocateur, que ça soit autour d’un sentiment de peine, de joie, de libération, d’amour, de trahison… Il y a tellement de facteurs et je ne crois pas que les personnes qui écrivent veulent forcément le faire au sujet de choses hyper spécifiques, en étant dans l’analyse de soi… Personnellement, j’adore écouter de la musique dont l’écriture me transmet une vision qui, probablement, n’a rien à voir avec celle de l’auteur à la base, avec son intention première. Jusqu’au point où parfois, tu entends ou comprends mal les lyrics, et que ça donne lieu à une lecture encore plus intéressante.

Il y a une chanson de Sonic Youth sur l’album Bad Moon Rising qui s’appelle « Society is a hole ». Ce titre vient d’une mauvaise lecture de ma part d’une chanson de Black Flag où Henry Rollins chante : « Society arms of control ! ». Et moi j’entendais : « Society is a fucking hole ! ». Je trouvais cette image incroyable, avant de me rendre compte que les vrais lyrics n’étaient pas aussi poétiques. Des trucs comme ça font partie de la magie d’être dans une zone d’ambiguïté au sein même de l’impulsion créative.

Pour revenir à ta question, je ne me sens plus tout jeune et je n’ai plus le même besoin ni la même envie d’explorer autant. Je suis dans une phase où je trouve du plaisir à juste prendre ma guitare et écrire des morceaux. J’ai dernièrement enregistré beaucoup de musique instrumentale que j’ai mis sur Bandcamp. Ca s’appelle « Screen time ». C’était intéressant parce que c’est le seul album où je ne suis pas accompagné, où je suis tout seul à faire de la musique.

Pop & Shot : Je vous préviens que la réunion Zoom s’apprête à se couper dans 5 minutes ! On avait pas réalisé qu’il y avait un décompte.

Thuston Moore : Désolé, j’aime bien parler *rires*

 

Pop & Shot : Non, c’est super ! Pour la dernière question, ça serait dommage de ne pas mentionner votre nouvel album, dans lequel il est beaucoup question de changement, de reconnexion à la nature, de vie en marge loin des perturbations. C’est ce que vous prônez ?

Thuston Moore : Je pense qu’on doit parler de la nature. C’est une question de vie ou de mort, d’extinction. Peu importe ce qu’il se passe dans le monde, tout dépend de notre relation au monde naturel. Donc oui, j’y ai beaucoup pensé pendant la composition de ce nouvel album, en essayant de faire exister ce sentiment dans la musique même. On traverse tellement une période étrange en ce moment, avec des guerres très intenses, le génocide en Palestine, et celui en Ukraine. Le fait qu’il y a tellement d’efforts fournis à des fins meurtrières, pour contrôler et tuer des populations, alors que la nature finira par éradiquer toute l’humanité au bout du compte… On doit prendre ça au sérieux.

Je pense qu’on traverse des cycles au fil du temps et j’ai le sentiment que l’on va sortir de cette période obscure pour aller vers une autre plus bénéfique.

Aux Etats-Unis, je constate un nouvel espoir qui nait, comme en France si je ne trompe pas, avec le rejet d’un gouvernement fasciste qui voulait arriver au pouvoir. Le rejet de Marine Le Pen… Enfin, je ne sais pas si vous soutenez ces idées…

Pop & Shot : Non, surtout pas !

*la réunion se coupe brutalement*

 

Quel dommage.  40 minutes d’entretien, et pourtant la sensation que la discussion ne faisait que commencer. On aurait aimé l’interroger davantage sur ce très joli nouvel album, et lui dire aussi que, malgré son rejet récent lors des dernières législatives, la montée du RN en France reste extrêmement préoccupante, et que le gouvernement actuel au pouvoir ne cesse de tendre du côté de l’extrême droite, n’en faisant qu’à sa tête au travers d’une dangereuse accaparation du pouvoir. Surtout, on aurait aimé lui dire au revoir et le remercier pour son temps, ses idées, ses gentillesse et sa musique… Si vous lisez cet article, nous le disons ici : au revoir et merci mister Moore !

 

« Flow Critical Lucidity », parution le 20 septembre.

Cover de « Flow Critical Lucidity »

 


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Water From Your Eyes était de retour fin mai avec l’un des albums les plus innovants de l’année « Everyone’s crushed ».  Une pépite qui ne pourra pas séduire tout le monde tant sa structure et son parti pris sont loin de ce que l’on a l’habitude d’avoir dans les oreilles. Et pourtant, ce voyage pop expérimental qui touche au rock est une véritable force de frappe indé, inspirée, brillamment écrite et construite. Impossible donc de ne pas profiter du passage à Paris du duo pour parler musique et compositions avec eux. Au delà de la musique et de quelques blagues sur Sting, le groupe en profite pour faire le constat glacé d’une Amérique à la dérive à laquelle tout rêve a été arraché. On parle de livres bannis des écoles, des retraites, de communautés, des droits abolis en Floride, de liberté, de capitalisme et bien sûr de musique. Rencontre.

Water from your Eyes
Water from your Eyes
Popnshot : Parlons un peu de votre nouvel album « Everyone’s crushed », comment le décririez-vous ?

Nate Amos : J’espère excitant.

Rachel Brown : Potentiellement bon, potentiellement pas bon (rires)

Nate Amos : Je dirai qu’il nécessite une écoute active. Ça doit se faire de façon active si on veut bien comprendre ce qui se passe. Il a été conçu comme ça.

Popnshot : Il y a un énorme travail sur la structure, les rythmes s’intensifient, reviennent, c’est même le titre du premier morceau, « Structure »…

Nate Amos : Le premier morceau a été appelé comme ça parce que c’était le titre de notre précédent album. Il y a avait de côtés qui matchaient. Nous avions en tête lors de la création de ce nouvel album que nous ne voulions pas qu’il y aient deux parties comme sur le précédent . Le tout est équilibré mais pas dans un sens aussi strict que notre précédente sortie. Les rythmes titre par titre se sont fait de la manière où ils venaient. On n’a pas eu d’approche particulière. Certaines chansons sont très simples. Le titre éponyme lui est parfois trop compliqué.

La chanson parle du fait que pour aimer comme il faut les gens il faut apprendre à s’aimer.

Popnshot : Le titre éponyme est aussi le plus lumineux et le plus personnel des morceaux sur cet opus. De quoi parle-t-il ?

Nate Amos : C’est le seul morceau sur lequel j’ai beaucoup contribué aux paroles. D’habitude, j’ai surtout une seule phrase de moi. Sur celui là , j’ai écrit le premier couplet. D’ailleurs la démo, c’était la répétition de ce couplet en boucle. Cet album a été écrit en grande partie alors que j’essayais de devenir sobre. L’abus de substances représente une grande partie de ma vie pour un long moment. Ce morceau parle de ça. Être amoureux de personnes de façon romantique et non romantique, qui sont des stimulations dans ce moment. Mais ça peut être aussi douloureux d’aimer. Donc on utilise des substances pour supporter ça. Sans l’aide de ces dernières ça devient vraiment douloureux. L’idée c’est que sans, il faut apprendre à devenir sa propre personne. Dans mon cas, mes tendances auto-destructives ont blessé les gens que j’aime. Et malgré ça, ils m’aiment toujours. La chanson parle du fait que pour aimer comme il faut les gens il faut apprendre à s’aimer. C’est le seul titre de cet album qui est aussi honnête. Les autres morceaux ont parfois des blagues.

Popnshot : C’est pour ça qu’il donne son nom à l’album ?

Nate Amos : Ça vient du couplet du milieu. Rachel a réarrangé les paroles. C’est de là que vient le titre. Quand on a fini l’enregistrement ça semblait évident que ce serait le titre du morceau puis de l’album. Au début on ne savait pas si ça serait le centre de l’album ou un EP distinct. Et c’est devenu le titre de 4 morceaux au centre de l’opus.

Popnshot : L’album parle aussi de comment la vie peut être sombre et drôle à la fois. C’est important de trouver l’humour dans les situations les plus sombres pour vous ?

Rachel Brown : C’est important de rire dans les ténèbres. C’est important de vraiment faire l’expérience de chaque émotion mais si on se laisse ensevelir par celles qui sont négatives ça limite la joie et les émotions positives. Je pense que si on reste reconnaissant pour ce qui arrive de bien, là naît l’espoir dans les ténèbres. Ça aide de rire des situations les plus terribles. Je ne pense pas que je pourrai comprendre ce qui m’arrive sans pouvoir en rire. Rire me fait me sentir plus fort.e.

Même si Sting aimerait posséder des mots, il ne peut pas.

Popnshot :Vous avez aussi une chanson qui s’appelle « Barley » où vous avez mis un maximum de paroles de Sting sans que ce soit attaquable. C’est très drôle, pourquoi lui ?

Nate Amos : On travaillait sur nos paroles et sans le savoir Rachel a inclus des paroles qui ressemblaient beaucoup à celles de Sting.

Rachel Brown : Se sont les dernières paroles, j’ai écrit « Fields of Gold ». Un ami les a lu et il m’a dit : « Tiens comme la chanson de Sting » et je lui ai demandé : « De quoi tu parles ? » et il m’a fait écouter cette chanson. Ça nous a fait rire.

Nate Amos : On en a parlé parce que Sting est connu pour poursuivre facilement en justice les gens qui reprennent ses morceaux. Alors on s’est dit « Et si on utilisait un maximum des mots qu’il y a dans cette chanson sans la plagier ? ». Comme ça s’il l’écoutait, il entendrait tous ces mots mais il serait super énervé de ne pas pouvoir nous attaquer puisqu’on ne lui a rien volé, ce sont juste des mots. Et même si Sting aimerait posséder des mots, il ne peut pas. Je crois que le maximum de mots mis bout à bout comme dans sa chanson c’est cette fameuse dernière phrase, c’est marrant, c’est la seule que tu as écrit sans le savoir Rachel.

Rachel Brown : Et on a appelé le titre « Barley » (orge en français Ndrl) parce qu’il parle d’orge dans sa chanson. les champs d’or se sont des champs d’orge en fait. Mais on utilise jamais le mot « Barley » dans la chanson. D’ailleurs quand on donne le nom du morceau, les gens ne comprennent pas parce que ça n’a aucun sens. Sans la référence, on ne peut pas comprendre.

La seule liberté que tu as aux USA est celle d’acheter

Popnshot : Vous parlez aussi beaucoup dans l’album du capitalisme comme une opposition à la liberté. Pour vous, pourquoi ces deux notions s’opposent ?

Rachel Brown : Je ne sais pas si elle s’opposent, je pense qu’aux US, le capitalisme fait qu’il est impossible de faire quoi que se soit autre que travailler jusqu’à en crever en gros. Si tu ne nais pas avec de l’argent, tu dois absolument trouver un boulot qui va payer tes dettes que tu as eu en allant à l’école, pour avoir un boulot, pour avoir de l’argent pour payer ça. Je crois qu’aujourd’hui aux Etats-Unis, tu as juste la liberté d’acheter un million de produits différents. Par exemple, il y a tellement de type de céréales. La seule liberté que tu as est d’acheter mais ce que tu peux te permettre ce qui est si peu finalement. Tu ne peux pas acheter du temps parce que tu l’utilises pour bosser. La liberté s’est perdue. Tu as la liberté de peut-être devenir président (rires). Théoriquement ça tu peux faire. Mais dans les faits, c’est théorique, tu es condamné par ton passé. Si tu as pu changer de classe sociale, tu es une exception. Peut-être qu’avant c’était différent. Mais aujourd’hui je ne connais personne qui peut s’offrir une maison même avec un bon boulot.

Nate Amos : Il y a une cinquantaine d’années, tu pouvais peut-être. Le salaire d’un seul homme pouvait alors faire vivre une famille de 5, 6 personnes et envoyer les enfants à la fac. C’est si loin de la réalité de ce que sont les USA aujourd’hui. Maintenant, tu dois travailler si dur pour avoir une vie confortable. Aujourd’hui si tu n’as pas d’avantage de par ta famille ou tes amis ou des connexions, tu ne pourras pas avoir une vie qui était facilement atteignable il y 20, 30 ou même 50 ans.

Rachel Brown :Maintenant les gens doivent décider de s’ils veulent avoir des enfants ou s’ils veulent voyager et prendre des vacances. J’ai une amie qui me disait que le ou la partenaire qu’elle devra trouver devra gagner une certaine somme d’argent pour qu’elle puisse vivre la vie qu’elle imaginait. Avec ça, on se demande si le rêve américain est vivant ou s’il n’est pas un peu mort.

Popnshot : De l’étranger, il parait assez mort…

Rachel Brown : Ouai, il est vraiment mort (rires). Même les libertés individuelles, celles pour les femmes ont été enlevées. Une partie des états aux USA sont régis par des gouvernements fascistes.

Dans certains lieux, les gens sont très heureux d’avoir réussi en réaction à faire bannir la Bible pour vulgarité et violence.

Popnshot : D’ici ça fait peur de voir à quelle vitesse de nombreux états ont changé et basculé dans des lois visant à réduire les droits de certaines communautés.

Rachel Brown : Oui, en Floride, si ton gosse est trans ils peuvent t’envoyer en prison, et placer l’enfant. Ils ont banni énormément de livres. Il y a 4 à 5000 livres qui ont été jugés inappropriés pour les enfants. Et pourtant certains étaient assez banales. Si j’étais un.e conservateur.tric un peu fou, il y aurait des sujets que j’imagine je ne voudrai pas voir aborder dans les livres mais là certains ouvrages sont complètement lambda.

Nate Amos : C’est un gros sujet maintenant de s’opposer ça. Dans certains lieux, les gens sont très heureux d’avoir réussi en réaction à faire bannir la Bible pour vulgarité et violence. Parce que quand on utilise les matrices qu’ils utilisent pour faire bannir les ouvrages, quand on voit leurs critères, la Bible est horriblement offensive.

Rachel Brown : Je me sens si mal pour tous ceux qui habitent en Floride en ce moment. Je lisais un article sur un mec à Indianapolis qui passait devant la maison de quelqu’un et il y avait le chien de la famille dans la cours mais il n’avait pas de laisse. Le chien s’est approché de lui et il a tiré sur le chien dans sa tête, devant ses enfants. Et il n’a pas été poursuivi parce que le chien n’avait pas de laisse et il n’y avait personne autour donc ce n’est pas illégal.

Water from your Eyes
Water from your Eyes
Popnshot : La communauté artistique aux États-Unis, notamment dans la musique, elle réagit comment à tout ça ?

Rachel Brown : Il y a pas mal d’artistes qui créent par exemple des shows de Drag queens dans des états du type Tennessee ou Floride. Disney, qui n’est pas un artiste je sais, mais qui d’habitude ne fait rien, s’exprime là clairement contre le gouverneur de Floride parce que c’est là que Disney Land se trouve.

Nate Amos : Tu sais que ça ne va vraiment pas si Disney s’implique (rires).

Rachel Brown : On fait des compilations pour lever des sommes pour le droit à l’avortement. Il y a un groupe qui s’est formé à Atlanta pour lever des fonds pour les activistes et les contestataires. Mais il y a beaucoup d’arrestations. A Atlanta ils ont arrêté le groupe qui s’occupe des donations. Je pense que la musique est importante et que les gens font ce qu’il faut pour apporter des informations sur le sujet mais je pense que les choses ont été trop loin pour simplement faire ça. Il faut des actions directes, financières ou matérielles parce que même si on dit des choses, le gouvernement se fout de ce qui est dit. Et puis certains musiciens supportent les actions du gouvernement. Il y a un musicien qui a juste posté « Joyeuse pride » et des gens lui ont dit qu’ils n’écouteraient plus jamais sa musique. Genre il y a tellement d’artistes qui respectent mes valeurs. Le musicien a répondu « Cool, je ne veux pas de gens comme toi qui écouteraient ma musique. »

Je me doute que tous les pays ont leurs soucis mais les États-Unis sont en train de devenir un empire qui s’écroule.

Popnshot : Le fait de quitter le pays et de tourner en Europe ça te donne une autre perspective de ce qui se passe dans ton pays ?

Rachel Brown: Je n’étais jamais sorti.e des États-Unis avant l’an dernier. Mais je me suis rendue compte que les droits anti avortement, les massacres de masse dans les école ne se passent pas ici. Je me doute que tous les pays ont leurs soucis mais les États-Unis sont en train de devenir un empire qui s’écroule. Malgré toute la propagande qu’ils font sur le fait d’être un grand, merveilleux et magnifique pays, ça se voit.

Nate Amos : La façade s’effondre. Pas le pays mais la façade qui révèle la vérité. Le rêve américain s’effondre.

Rachel Brown : L’idée de pouvoir prendre sa retraite aux USA aussi. C’est incroyable de voir les protestations qu’il y a eu ici. C’est génial d’avoir fait ça parce que honnêtement quand je parle à mes amis, je ne pense pas que notre génération pourra prendre sa retraite. Je ne pensais pas que la sécurité, les avantages sociaux, les assurances maladie ce qui a été mis en place pour aider les gens à avoir une meilleure vie, sera toujours là quand on sera à l’âge de la retraite. Du coup aujourd’hui, on voit des communautés très actives pour aider les autres personnes de leur communauté. C’est sûrement lié au Covid quand le gouvernement USA a laissé tout le monde face à la mort. Le Minnesota est un bon exemple de ce qui peut être fait avec un vrai soutien aux communautés mais il faut dire que cet état a un gouvernement de gauche.

Water from your Eyes
Water from your Eyes

Merci à Water From Your Eyes et Beggars pour cette interview.

Le groupe sera de passage le 10 novembre dans le cadre du Pitchfork Festival au Supersonic Records.


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Grand Blanc par Romain Ruiz

À peine un mois après la sortie de leur troisième album, Halo, nous avons eu l’occasion de discuter avec Camille et Benoît de Grand Blanc. Ce fut l’occasion d’en apprendre davantage sur la nouvelle direction musicale du groupe, de leur nouveau label Parages et de leurs voyages qui ont inspiré ce troisième opus d’une grande douceur. 

P&P : Bonjour Camille et Benoît, comment ça va ? 

Benoît : Ça va bien, on répète pour les premiers lives et c’est cool franchement, on a bien travaillé, on est contents !

P&P : Félicitations pour Halo. C’est quoi l’inspiration principale derrière l’album ? 

Camille : Je pense que c’était notre vie ensemble pendant ces quelques années. Ça a duré trois, quatre ans, je pense ? Enfin depuis la fin de notre dernier album, on a passé pas mal de temps ensemble, on a vécu dans une maison, dans laquelle on se trouve actuellement et on a construit un studio, on a monté un label et on a pris le temps de vivre ensemble et je pense que cet album parle de ça.

BenoîtEt puis en vivant dans une maison, notre rythme de vie et notre manière de faire de la musique ensemble a pas mal changé. On avait plus de label, on était en train de monter le nôtre, donc on avait plus forcément d’agenda. Le studio, c’est plus genre la journée et puis le soir tu rentres chez toi. On vivait un peu à l’intérieur de notre album. L’inspiration, ça a aussi été ça, cette espèce de rythme super lent, voir les saisons passer, tout ça.

CamilleEt aussi l’extérieur, les alentours de la maison dans laquelle on vivait qu’on a appelé « Parages » qui est le nom de notre label aussi. On avait un peu cette map autour de la maison qu’on explorait et qu’on a apprivoisé avec le temps et l’extérieur se retrouve pas mal dans le disque.

P&P : Et d’ailleurs cet album est beaucoup plus organique que les précédents. Est-ce que ça vous est justement venu de cette cohabitation, cette volonté de changer de style ? 

BenoîtOui, effectivement tu parles d’organique et c’est marrant parce que vivre ensemble en communauté, c’est quelque chose d’organique en soit. On travaille avec Adrien Pallot qui nous aide à réaliser nos disques depuis le premier. Il a été pas mal à la maison aussi et parfois on dit qu’Adrien c’est la personne qui nous a appris que faire à manger et tenir une maison quand tu fais de la musique dans une maison, c’est presque aussi important que faire de la musique pour faire un disque. Donc je pense que le côté organique, littéralement, il vient aussi du bon fonctionnement de notre communauté. Enfin, c’était comme ça qu’on allait faire un bon disque et après ça répond à organique dans le sens plus esthétique du terme, comme on était dans une maison, on travaillait pas forcément les chansons sur ordi mais parfois dans le jardin avec une guitare acoustique. C’était plus light, on avait pas besoin de se brancher. Et ce mode de vie a fait que dans cet endroit, c’était hyper adapté d’avoir des instruments acoustiques, d’enregistrer des choses dans les alentours, ça a fait le son de Halo. Et c’était à la fois un choix artistiques et à la fois on s’est adaptés à ce qu’on avait sous les yeux.

On a pris le temps de vivre ensemble et je pense que cet album parle de ça.

P&P : Dans l’album, on entend beaucoup de field-recordings, est-ce que c’est une manière de laisser entrer les gens dans votre cocon ? 

CamilleHmm oui. C’est trop bien si ça te fait ressentir ça. On s’est pas forcément dit que les auditeurs étaient avec nous, c’était pas par égoïsme, c’est parce qu’on savait pas si l’album allait sortir un jour et comment il allait sortir. On était en train de faire notre label en même temps et on était plein d’incertitudes, de joie, de sentiments mélangés dans tous les sens et je pense que c’est un peu pour ça que cet album ressemble à ça. On s’est finalement octroyés pleins de libertés, c’est parce qu’on était vraiment entre nous. Tous ces sons qui sont organiques, ça vient du fait qu’on a fait ça avec les moyens du bord et au lieu de camoufler ces bruits extérieurs et ces bruits ambiants, on a décidé d’en faire quelque chose de musicalement intéressant. Si par exemple, sur un enregistrement, on entend la pluie, on va la mettre encore plus fort.

Benoît : Donc si on l’avait mise moins fort, de toute façon elle aurait été là et dans certains courants créatifs, il y a des artistes qui s’imposent des contraintes pour être créatifs, et c’est devenu ça à un moment pour nous. On n’a pas choisi, mais c’est devenu un contrainte créative. C’est trop bien parce que parfois t’es perdu dans le morceau et si tu mets la pluie plus fort et ça donne une idée qu’on avait pas prévu. Ça nous laisse aller dans le sens du courant. Essayer d’être un peu réaliste. Comme disait Camille, c’était un peu notre vie ensemble dans la maison notre source d’inspiration donc il y avait un peu un côté documentaire avec ces sons directs et essayer de rester fidèle à ce que c’était.

CamilleEt puis il y a aussi ce truc de « macro ». Notre musique est liée à des lieux depuis le début. Je sais pas, c’est comme ça, on a toujours bien aimé parler des lieux dans lesquels on vivait, avec lesquels on interagissait, que ce soit quand on partait en voyage ou notre ville… Et là, la façon dont ça s’est manifesté sur ce disque c’est avec la présence du son direct. C’est un peu comme avoir un microscope et de se dire « ce petit son-là, il pourrait avoir du sens avec ces mots-là ». S’attarder un peu sur les choses du réel.

P&P : Et vous avez voyagé en Roumanie juste avant. Est-ce que ça a eu un impact sur la conception de l’album ? Parce que vous parlez beaucoup de voyages, d’évasion dans votre musique. 

CamilleOn est partis en Roumanie, parce qu’on avait deux dates là bas. C’était la fin de la tournée du précédent album et on a décidé de faire un road trip dans le delta du Danube. C’était l’idée de Benoît et ça nous a séduits aussitôt. Le delta du Danube, c’est un énorme marécage, on va dire, où d’un côté on a le Danube et de l’autre côté la mer sur une centaine de kilomètres avec des méandres, des roseaux, des oiseaux, des grenouilles… et au milieu t’as vraiment rien. Nous, on était dans une auberge et c’étaient des maisons sur pilotis. C’est à ce moment-là qu’on s’est dit que ce paysage était vraiment beau et qu’on devrait peut-être se remettre à faire de la musique et en fait, j’avais mon enregistreur et le premier son du disque qu’on entend, c’est le son de cette soirée. Enfin c’est les grenouilles du delta du Danube. Et je trouve ça trop bien de commencer par là sur l’album parce que c’est un peu là où tout a débuté pour Halo. 

Benoît : Cet endroit a aussi posé un doute, il est très vaste, mais comme il y a beaucoup de roseaux au niveau de l’eau, il n’y a pas de relief donc tu ne peux jamais vraiment saisir l’immensité qu’il y autour de toi, tu la pressens et ça s’est mis à ressembler un peu à ce qu’on vivait à la maison où on voit le ciel par le vélux et c’est tout. Et c’est pas non plus un paysage très vaste ou très exotique notre maison mais on a dû voir au travers. Ce voyage est raconté dans « Loon » et c’est l’un des premiers morceaux du disque. Ce voyage, il fallait qu’on le raconte et on a un peu travaillé sur ce récit tout au long du disque. On répétait cette histoire et c’est devenu notre légende.

CamilleOui, une petite chanson de départ sur la quête.

P&P : Vous avez commencé à travailler sur cet album en 2019. Est-ce que vous pensé que le covid et le confinement ont eu un impact sur la conception de l’album ? 

CamilleNon, je pense pas. Évidemment, tout ce qui nous entoure a une incidence sur nos actions et la pandémie a eu une incidence, pour le coup, sur toute la planète. Mais nous, on était déjà dans la maison au moment de la pandémie, on commençait déjà à faire ce travail ensemble et en fait c’est arrivé à un moment où on était déjà un peu installés. Ça faisait peut-être déjà deux semaines qu’on était là et puis on est restés coincés, comme tout le monde, et on a juste continué à faire ce qu’on avait prévu de faire.

BenoîtEn plus, si on avait enregistré l’album comme les précédents à Paris, ça aurait été un facteur énorme mais là, on était déjà entre nous, on sortait pas trop de la maison, on avait tout ce qu’il fallait. Par exemple, il y a une chanson « dans le jardin, la nuit » sur le disque sur un moment qu’on a vécu ensemble où on a vu un truc bizarre dans le ciel la nuit. En fait, la boite d’Elon Musk lançait des satellites pour faire des réseaux de 5G et en fait ça faisait une espèce de colonne d’étoiles bizarres. Et puis on a fait une chanson dessus.

P&P : Parlez-nous de la pochette de l’album, est-ce que c’est une photo du ciel vu depuis votre maison ? Les fameux parages ? 

CamilleLa pochette a été réalisée par un collectif qui s’appelle « C’est Ainsi » et en fait Labex fait partie de ce collectif. Il fait des photos passées dans la moulinette de ses ordinateurs on va dire. Il fait un peu de l’impressionnisme numérique et on adore ce qu’il fait. on lui a demandé de faire la pochette et il est venu faire des photos à la maison pendant deux jours. Et cette pochette c’est probablement le résultat de quelques photos mélangées. C’est en quelque sorte une vue du jardin et c’est très parlant pour nous.

P&P : Tous vos textes sont écrits en français. Est-ce que vous voyez ça comme une prise de risque ou comme une évidence, quand on voit des artistes non-anglophones écrire en anglais malgré tout ? 

BenoîtC’est pas une évidence, non. Ça fait trois albums qu’on écrit comme ça.

CamilleAprès notre rapport à la langue, il est différent pour chaque personne. On pourrait jamais s’imaginer écrire dans une langue qu’on maitrise pas intrinsèquement. Si on parlait couramment d’autres langues, on écrirait dans d’autres langues oui. J’ai grandi en chantant des chansons en anglais, c’est une langue hyper ronde avec des diphtongues, des longues voyelles et c’est super pratique mais bon, quand je chante des textes en français, j’ai plutôt tendance à étirer les mots pour les faire sonner comme les chansons que j’avais appris à chanter. L’idée c’est d’essayer de proposer quelque chose qui ressemble vraiment à qui on est, d’essayer d’avoir sa patte.

BenoîtMais c’est de moins en moins une prise de risque et puis on essaye d’être honnêtes les uns avec les autres et on a fait comme ça, parce que ça nous paraissait évident. Le français peut être aussi musical que l’anglais et on y travaille beaucoup à cette musicalité.

CamilleOn n’est pas des pop stars, on se sent pas trop concernés par l’accessibilité, on sait très bien qu’on ira pas à Coachella (rires). Et si un jour, on passe à Coachella, on chantera nos textes en français.

On s’est battus pour qu’il existe ce disque et ça lui donne plus de valeur.

P&P : Vous avez créé un label, « Parages » il y a un an. On voit de plus en plus d’artistes créer leur label, pour faire fi des contraintes imposées par les gros labels, peut-être. Qu’est-ce qui vous a poussé à créer ce label ? 

CamilleÇa coûte très très cher de faire un film. Alors qu’un album, ça coûte presque rien, notamment électro, tu peux tout faire tout seul, l’enregistrer, le produire, le sortir sur Spotify. Donc à partir de ce moment-là, pourquoi s’embarrasser d’un label ? Le label peut interagir dans la création d’un disque et quand tu veux être indépendant financièrement et artistiquement, autant créer son label. Tout dépend de la musique que tu veux faire bien sûr. Nous, on a décidé de faire un label parce que c’était le moment. Ça fait deux albums qu’on sort, avant on y connaissait rien à l’industrie de la musique mais maintenant si, on a un peu plus compris comment ça se passait. On va être peinards, on fait de la musique quand on veut, la sortir comme on veut et sortir absolument ce qu’on veut. Si demain, on fait une chanson toute seule et que je l’adore, je peux la sortir sur Spotify et ça s’arrête à peu près là.

BenoîtBon bien sûr, ça rajoute du boulot mais le rapport au produit fini n’est pas du tout le même. On est passionnés par ce qu’on fait et on essaye de s’investir au maximum dans nos disques et là, comme on fait absolument tout, c’est vrai que tenir le vinyle dans nos mains, il y a un rapport à ta musique qui est plus intense et complet. Donc il y a une pression qui s’ajoute mais à la fois quand tu es content, tu sais pourquoi tu l’es.

CamilleC’est un sentiment vraiment d’accomplissement quand tu fais tout de A à Z. On l’a pas fait entièrement tous seuls parce qu’on s’est entourés de personnes qui nous ont aidés pour le faire mais on était au centre de la production. C’est nous qui avons instigué l’idée de faire un album seuls et ça n’a pas de prix. C’est fou quand tu te dis que tout est passé par nous. On s’est battus pour qu’il existe ce disque et ça lui donne plus de valeur.

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