Déboulée sans prévenir au mois de février 2025, » Cassandra « , la nouvelle série allemande diffusée sur Netflix, s’est attirée en quelques jours une hype inattendue. En cause, un show au suspens bien géré souvent comparé à « Black Mirror » pour son évidente trame mettant une scène une technologie qui dégénère et son aspect sociétal. Outre la tension qui la définie, la série est-elle à la hauteur des attentes ? Effrayante, moderne et poussée sur sa réflexion? Notre mère au foyer sous forme d’intelligence artificielle vaut-elle vraiment le détour ? Oui et non, on en parle.

Cassandra de quoi ça parle ?
La plus ancienne maison connectée d’Allemagne est restée vide depuis que ses propriétaires ont péri dans des circonstances mystérieuses il y a plus de 50 ans. Lorsqu’une famille emménage enfin, l’IA Cassandra se réveille de son sommeil, déterminée à utiliser toutes les ressources à sa disposition pour s’assurer qu’elle ne sera plus jamais seule.
Cassandra est-ce que c’est bien ?
La perfection n’est pas de ce monde. Sauf peut-être si elle prend les traits d’une ménagère allemande ayant vu le jour il y a maintenant plus de 50 ans. Et si parfaite elle n’est point, elle essaiera de l’être sans reculer devant rien. Bien plus qu’une série sur les dangers d’un monde hyper connecté ou tout serait géré par une machine, Cassandra va surtout déployer ses efforts scénaristiques pour parler de l’humain avant tout. L’humain face à la machine ou l’humain au delà de la machine. L’humain dans son ensemble mais aussi et surtout, la femme en son centre.
La série de Benjamin Gutsche mise par ailleurs sur l’essentiel pour s’assurer de recruter un large public d’adeptes. Déjà, et en premier lieu, le format de la mini-série : 6 épisodes au compteur, a de quoi peupler un dimanche pluvieux ou une soirée d’insomnie. Mais surtout, notre show Netflix , pourtant allemand, s’amuse à reprendre toute la trame du cinéma d’horreur américain pour que ses codes soient distincts et compréhensibles. Alors pourquoi pas me direz-vous ? Après tout, en la matière le cinéma outre-atlantique a mainte fois fait ses preuves. Néanmoins, d’autres, les espagnoles, les japonais, les coréens, les italiens (pour n’en citer que quelques uns) ont apportés leurs propres codes au genre et il n’est pas si déplaisant les retrouver pour y chercher une nouvelle expérience de visionnage. Dans les grandes lignes, la famille classique, un papa, une maman, un jeune garçon adolescent, Finn, et une adorable petite fille, Juno, emménagent dans une nouvelle demeure loin de la ville et de leur vie suite à un drame. Vous avez déjà vu ça quelque part. Une scène d’introduction nous montre qu’un danger rode. Merci Scream pour la mode des introduction « violentes ». Là, sans avoir fait le ménage, la famille s’installe au milieu des anciens meubles, rempli la piscine et découvre qu’une intelligence artificielle, un robot ménager présent dans chaque pièce, oui les toilettes aussi, contrôle la totalité de la maison. Ce gadget amusant, aux traits très humains ( Lavina Wilson, très douée dans son rôle de Cassandra) va leur facilité la vie, devenir leur amie ou ennemie et bien sûr chercher à foutre la merde, rapport qu’elle est hors de contrôle.

Cassandra, Maman artificielle
Passé ces grosses ficelles, le show va néanmoins créer la surprise en dosant très savamment son suspens. Et pas seulement lors des cliffanghers de fin d’épisodes, non. Chaque scène va être assez bien pensée et écrite pour nous tenir en haleine de bout en bout avec le besoin d’en savoir plus. Je n’en doute pas, vous l’aurez lu partout, la fameuse scène du four est effectivement incroyablement stressante et saura ravir les amateur.trices d’angoisses télévisuelles. Pour autant, âmes sensibles, rassurez vous, le show est surtout très grand public. Il ne faudra donc pas s’attendre à des litres d’hémoglobine mais plutôt à des instants de stress qui vont se distiller toute la série durant. Voilà ce qui constitue la première force d’un récit, bien joué et donc bien réalisé dans son registre.
Au-delà de cet aspect très plaisant, Cassandra va chercher a explorer des thématiques qui vont bien plus loin que celui de la machine ingérable. Parce que Stephen King nous l’a appris, finalement ce qui est vraiment effrayant c’est rarement le phénomène fantastique, c’est toujours ou presque l’humain qui est derrière. Et ici celui-ci lui aussi vient d’un gimmick déjà utilisé dans l’horreur : l’amour d’une mère. A moins que ce ne soit l’horrible mari, mais cette idée féministe prendra bien le temps avant de se mettre en place. On pense à « A l’intérieur », évidemment en tête de liste, « Scream 2 » aussi ou bien encore « Mother’s day ». Qu’est ce qui est terrifiant ? Ce qui est absolu. Qu’est ce qui l’est ? L’amour d’une mère, pire d’une mère privée de sa progéniture. Parce qu’une femme c’est quand même souvent une mère non ? Et ce fort besoin de materner va faire de Cassandra, le robot humain, une ennemie de taille pour une toute autre femme, la vraie mère du foyer, Samira (Mina Tender). Ce propos manque en réalité de modernité, et est plus que discutable. L’idée de la femme toujours prête à tout pour être maman donne bien envie de grincer des dents. D’ailleurs, la place de sa personnalité est souvent éteinte au profit d’un seul trait de caractère : celui de la maman. Et c’est surement l’un des plus gros défauts de la série.
Il faut toujours que tu dramatises !

On s’en souvient, dans la « Cité de la peur », pour moquer le cinéma de genre, les premières minutes du film mettaient à l’écran cette réplique culte « Il va tous nous massacrer ! » « Il faut toujours que tu dramatises ! ». Ce n’est pas une pure coïncidence. C’est parce que quand le cinéma d’horreur décide d’utiliser ses gros sabots, il utilise un personnage, la femme ou le jeune enfant quasiment tout le temps, bien conscient que quelque chose cloche. Et tout son entourage vient le contredire. « Tu as rêvé, c’est ton imagination, mais non …. » dit le mari / père en boucle alors que le danger rôde. Ici donc l’élément scénaristique le plus agaçant tiendra du fait que Samira passera son temps à prévenir du danger pour se faire carrément traitée de « folle ». Surtout par son mari. Ce qui en début de série aura forcément le don d’irriter et pas juste les féministes (même si hein oui beaucoup) mais aussi tous les accros au bon sens. On parle d’un robot créé dans les années 70, pas d’un fantôme hein, c’est possible qu’il déconne !
Rassurez-vous pourtant cet outil finira par servir une plus juste cause, plus féministe qu’il n’y parait et donner naissance à quelques réflexions bien mieux senties à mesure que l’histoire avance. En outre, si on espère toujours que le mari (Horst, Mark Lewis) pourrait finir découpé par la tondeuse ou cuisiné aux petits oignons, la réflexion de la place de la femme au centre du foyer, à travers deux époques, donnera de bonnes raisons de créer des personnages masculins si exécrables. Il ne le sont d’ailleurs pas tous. Finn ( Joshua Kentara), le fils adolescent ajoute sa touche de sympathie à l’histoire, tout comme sa romance avec Steve (Filip Schnack).
Arrivé en fin de bobine, Cassandra laissera quelques sentiments de trop peu exploité. La présence d’une petite fille par exemple, l’accélération trop rapide des explications du pourquoi du comment, surtout sa fin précipitée et trop rapide. Et son manque de volonté d’aller au bout de ses propositions. Néanmoins, et c’est sûrement le plus important, la série Netflix s’avère être un très honnête divertissement, addictif dans sa forme. Il vaut vraiment le détour et aura sûrement le bon goût d’un petit plat préparé avec amour par une maman. Si celle-ci était l’œuvre d’un savant fou.
Une saison 2 de Cassandra sera-t-elle envisageable ? Il y a peu à parier, puisqu’il s’agissait d’une mini-série et que toutes les questions ont trouvé leurs réponses. Mais rien n’est impossible quand on rapporte gros sur Netflix.
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