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Déboulée sans prévenir au mois de février 2025,  » Cassandra « , la nouvelle série allemande diffusée sur Netflix, s’est attirée en quelques jours une hype inattendue. En cause, un show au suspens bien géré souvent comparé à « Black Mirror » pour son évidente trame mettant une scène une technologie qui dégénère et son aspect sociétal. Outre la tension qui la définie, la série est-elle à la hauteur des attentes ? Effrayante, moderne et poussée sur sa réflexion?  Notre mère au foyer sous forme d’intelligence artificielle vaut-elle vraiment le détour ? Oui et non, on en parle.

Cassandra netflix
Cassandra la nouvelle I-série netflix

Cassandra de quoi ça parle ?

La plus ancienne maison connectée d’Allemagne est restée vide depuis que ses propriétaires ont péri dans des circonstances mystérieuses il y a plus de 50 ans. Lorsqu’une famille emménage enfin, l’IA Cassandra se réveille de son sommeil, déterminée à utiliser toutes les ressources à sa disposition pour s’assurer qu’elle ne sera plus jamais seule.

Cassandra est-ce que c’est bien ?

Cassandra Netflix sérieLa perfection n’est pas de ce monde. Sauf peut-être si elle prend les traits d’une ménagère allemande ayant vu le jour il y a maintenant plus de 50 ans. Et si parfaite elle n’est point, elle essaiera de l’être sans reculer devant rien. Bien plus qu’une série sur les dangers d’un monde hyper connecté ou tout serait géré par une machine, Cassandra va surtout déployer ses efforts scénaristiques pour parler de l’humain avant tout. L’humain face à la machine ou l’humain au delà de la machine. L’humain dans son ensemble mais aussi et surtout, la femme en son centre.

La série de Benjamin Gutsche mise par ailleurs sur l’essentiel pour s’assurer de recruter un large public d’adeptes. Déjà, et en premier lieu, le format de la mini-série : 6 épisodes au compteur, a de quoi peupler un dimanche pluvieux ou une soirée d’insomnie. Mais surtout, notre show Netflix , pourtant allemand, s’amuse à reprendre toute la trame du cinéma d’horreur américain pour que ses codes soient distincts et compréhensibles. Alors pourquoi pas me direz-vous ? Après tout, en la matière le cinéma outre-atlantique a mainte fois fait ses preuves. Néanmoins, d’autres, les espagnoles, les japonais, les coréens, les italiens (pour n’en citer que quelques uns)  ont apportés leurs propres codes au genre et il n’est pas si déplaisant les retrouver pour y chercher une nouvelle expérience de visionnage. Dans les grandes lignes, la famille classique, un papa, une maman, un jeune garçon adolescent, Finn, et une adorable petite fille, Juno, emménagent dans une nouvelle demeure loin de la ville et de leur vie suite à un drame. Vous avez déjà vu ça quelque part. Une scène d’introduction nous montre qu’un danger rode. Merci Scream pour la mode des introduction « violentes ». Là, sans avoir fait le ménage, la famille s’installe au milieu des anciens meubles, rempli la piscine et découvre qu’une intelligence artificielle, un robot ménager présent dans chaque pièce, oui les toilettes aussi, contrôle la totalité de la maison. Ce gadget amusant, aux traits très humains ( Lavina Wilson, très douée dans son rôle de Cassandra) va leur facilité la vie, devenir leur amie ou ennemie et bien sûr chercher à foutre la merde, rapport qu’elle est hors de contrôle.

cassandra netflix peur
Laisse pas traîner tes doigts !

Cassandra, Maman artificielle

Passé ces grosses ficelles, le show va néanmoins créer la surprise en dosant très savamment son suspens. Et pas seulement lors des cliffanghers de fin d’épisodes, non. Chaque scène va être assez bien pensée et écrite pour nous tenir en haleine de bout en bout avec le besoin d’en savoir plus. Je n’en doute pas, vous l’aurez lu partout, la fameuse scène du four est effectivement incroyablement stressante et saura ravir les amateur.trices d’angoisses télévisuelles. Pour autant, âmes sensibles, rassurez vous, le show est surtout très grand public. Il ne faudra donc pas s’attendre à des litres d’hémoglobine mais plutôt à des instants de stress qui vont se distiller toute la série durant. Voilà ce qui constitue la première force d’un récit, bien joué et donc bien réalisé dans son registre.

cassandra Netflix JunoAu-delà de cet aspect très plaisant, Cassandra va chercher a explorer des thématiques qui vont bien plus loin que celui de la machine ingérable. Parce que Stephen King nous l’a appris, finalement ce qui est vraiment effrayant c’est rarement le phénomène fantastique, c’est toujours ou presque l’humain qui est derrière. Et ici celui-ci lui aussi vient d’un gimmick déjà utilisé dans l’horreur : l’amour d’une mère. A moins que ce ne soit l’horrible mari, mais cette idée féministe prendra bien le temps avant de se mettre en place. On pense à « A l’intérieur », évidemment en tête de liste, « Scream 2 » aussi ou bien encore « Mother’s day ». Qu’est ce qui est terrifiant ? Ce qui est absolu. Qu’est ce qui l’est ? L’amour d’une mère, pire d’une mère privée de sa progéniture. Parce qu’une femme c’est quand même souvent une mère non ? Et ce fort besoin de materner va faire de Cassandra, le robot humain, une ennemie de taille pour une toute autre femme, la vraie mère du foyer, Samira (Mina Tender). Ce propos manque en réalité de modernité, et est plus que discutable. L’idée de la femme toujours prête à tout pour être maman donne bien envie de grincer des dents. D’ailleurs, la place de sa personnalité est souvent éteinte au profit d’un seul trait de caractère : celui de la maman. Et c’est surement l’un des plus gros défauts de la série.

Il faut toujours que tu dramatises !

Cassandra Samira
Samira, qui exagère toujours !

On s’en souvient, dans la « Cité de la peur », pour moquer le cinéma de genre, les premières minutes du film mettaient à l’écran cette réplique culte « Il va tous nous massacrer ! » « Il faut toujours que tu dramatises ! ». Ce n’est pas une pure coïncidence. C’est parce que quand le cinéma d’horreur décide d’utiliser ses gros sabots, il utilise un personnage, la femme ou le jeune enfant quasiment tout le temps, bien conscient que quelque chose cloche. Et tout son entourage vient le contredire. « Tu as rêvé, c’est ton imagination, mais non …. » dit le mari / père en boucle alors que le danger rôde. Ici donc l’élément scénaristique le plus agaçant tiendra du fait que Samira passera son temps à prévenir du danger pour se faire carrément traitée de « folle ». Surtout par son mari. Ce qui en début de série aura forcément le don d’irriter et pas juste les féministes (même si hein oui beaucoup) mais aussi tous les accros au bon sens. On parle d’un robot créé dans les années 70, pas d’un fantôme hein, c’est possible qu’il déconne !

Rassurez-vous pourtant cet outil finira par servir une plus juste cause, plus féministe qu’il n’y parait et donner naissance à quelques réflexions bien mieux senties à mesure que l’histoire avance. En outre, si on espère toujours que le mari (Horst, Mark Lewis) pourrait finir découpé par la tondeuse ou cuisiné aux petits oignons, la réflexion de la place de la femme au centre du foyer, à travers deux époques, donnera de bonnes raisons de créer des personnages masculins si exécrables. Il ne le sont d’ailleurs pas tous. Finn ( Joshua Kentara), le fils adolescent ajoute sa touche de sympathie à l’histoire, tout comme sa romance avec Steve (Filip Schnack).

Arrivé en fin de bobine, Cassandra laissera quelques sentiments de trop peu exploité. La présence d’une petite fille par exemple, l’accélération trop rapide des explications du pourquoi du comment, surtout sa fin précipitée et trop rapide. Et son manque de volonté d’aller au bout de ses propositions. Néanmoins, et c’est sûrement le plus important, la série Netflix s’avère être un très honnête divertissement, addictif dans sa forme. Il vaut vraiment le détour et aura sûrement le bon goût d’un petit plat préparé avec amour par une maman. Si celle-ci était l’œuvre d’un savant fou.

Une saison 2 de Cassandra sera-t-elle envisageable ? Il y a peu à parier, puisqu’il s’agissait d’une mini-série et que toutes les questions ont trouvé leurs réponses.  Mais rien n’est impossible quand on rapporte gros sur Netflix.


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Il était temps ! Voilà des années que le cinéma d’horreur se mord la queue. On en a mangé du fan service, de la suite, du remake, de la redite. Au programme du film tiède, des effets tièdes, de l’envie de faire des films de petit génie qui passe son temps à raconter qu’il connait ses classiques. Seulement voilà, citer Micheal Meyers pour se la jouer fin connaisseur ne suffit plus. Et puis, on en a eu des litres de films à tiroirs, plus que d’hémoglobine. Certes, il y a beaucoup d’amour à avoir pour le cinéma d’Ari Aster mais il venait à manquer au répertoire actuel, une pellicule qui ose tout sans rien vouloir dire, par amour du genre uniquement. Un esprit slasher 70, 80 qui se fout de tout si ce n’est de mettre son spectateur en PLS sans jamais se prendre au sérieux. Et voilà que débarque « Terrifier 2 » de Damien Leone. Un bordel, blindé d’énormes défauts qui font tout le charme d’un film au goût douteux peu propice à faire débat tant il est libre. Le film idéal à voir entre potes fans de gore et de rires mal venus. On vous raconte.

terrifier 2 afficheTerrifier 2 : de quoi ça parle ? (De pas grand chose mais aussi…)

Après avoir été ressuscité par une entité sinistre, Art le Clown revient dans la ville de Miles County où il prend pour cible une adolescente et son jeune frère le soir d’Halloween.

Terrifier 2 : Est-ce que c’est bien ?

Bien c’est un grand mot et pourtant… L’histoire de la suite de « Terrifier » et des aventures de l’horrible Art le clown aurait dû prendre fin sur une plateforme de streaming. Le métrage a tout, y compris le budget (250 000 euros) du direct du DVD qui devrait commencer et finir sa course dans le bac à 1 euro. Seulement en France, la plateforme Shadows, qui s’est offert le film, décide de lui offrir une toute autre vie. En cause le bouche à oreille dans le milieu du cinéma horrifique et dans la presse spécialisée. En couverture de Mad Movies, en tête sur les trends des comptes spécialisés, le film commence à faire parler de lui. Et le voilà qui s’offre une sortie inattendue sur grands écrans. Certes dans quelques cinémas mais dans des multiplexes tout de même. La chose est assez rare. « Paranormal Activity » avait eu une destinée similaire avec un film sans budget qui pourtant se retrouvait sur grands écrans créant par la suite le mauvais empire Blumhouse et sa machine à broyer les bonnes idées grâce à des scénarios bâclés.

terrifier-2-art le clownPour « Terrifier 2 », difficile de détruire un scénario simpliste et difficile de créer la scission entre puristes de l’horreur et grand public. Déjà parce que le film de Leone n’est en rien fait pour le grand public. Non, il oscille entre humour très noir et tripes à gogo envoyant chier la cohérence pour plus de plaisir sanglant. En tête de liste des qualités de cette série Z : son humour et ses approximations volontaires. Vous aimez le cinéma de Rob Zombie, qui lui aime profondément le cinéma d’horreur sans jamais le prendre de haut ? Les images datées de « Massacre à la tronçonneuse » et le délire « Sharknado » (pas le meilleur des films de requins mais le plus connu) ? Vous allez adorer  ce métrage. La chose tient beaucoup au jeu d’acteur de David Howard Thornton dans le rôle du boogeyman vedette. Acteur de théâtre, il donne une dimension burlesque à son personnage muet et presque attachant mis dans des situations aberrantes avant ses meurtres en masse. Le voilà qui essaie des lunettes de soleil ou lave sa combinaison à la machine en lisant le journal avec toujours cet air candide qui tranche plus que les lames qu’il utilise. C’est bien le seul du casting à savoir jouer la comédie. Les autres ont tous un jeu oscarisable façon acteur studio Marion Cotillard dans Batman. Mais c’est aussi ça qui fait le charme.

Mais finalement est-ce si gore ?

Plutôt oui avec ses effets caoutchouc et beaucoup de faux sang. Quelques scènes pourraient bien vous donner la nausée même avec le cœur accroché. C’est le cas du sort réservé à une copine de l’héroïne ( ça compte pas vraiment comme un spoiler parce que tout le monde sait qu’elle existe uniquement pour le body count) long, violent, déluré, dégoutant ou une certaine scène avec de la purée. C’est peut-être l’introduction qui donne le plus le ton de ce qui attend le spectateur : un œil arraché sans se faire chier à donner plus de contexte que ça, personne n’est là pour ça après tout.

art le clown et siennaIl faut néanmoins se le dire « Terrifier 2 » est blindé de défauts et tout le monde est volontairement conciliant avec lui parce qu’il est rare. Outre les défauts évidents qu’on pourrait reprocher à un nanar, mais qu’on ne peut faire à un nanar qui s’assume, le film est beaucoup trop long. 2 h 09 de métrage qui tente de donner une certaines dimension à son héroïne, qui s’égare dans l’envie de raconter des choses, de créer un suspens, c’est un peu trop pour un bal de l’horreur qui va toujours là où il est attendu. Et c’est justement ce qu’on veut voir, des scènes grostesques qu’on se remémorera avec les potes avec lesquels on aura pu le voir, en gloussant devant une liste de mutilations bien dégueulasses, toujours horriblement gratuites. Wes Craven disait que le cinéma d’horreur est un exutoire. Il peut être bien des choses, une critique de la société, le déversement de nos plus bas instincts, une montagne russe géante. Là où il devrait généralement se moderniser, couper court aux clichés, ici il doit simplement convoquer l’ancien et proposer une nouvelle offre qui fait penser à un tour sur un grand huit. Quelques jump scares, beaucoup de décapitations, un périple devant lequel on glousse. Reste à regretter une scène coupée au montage, celle d’Art utilisant un pénis arraché pour souffler dedans comme dans un ballon et en faire des formes de chien, fleur ….et à s’amuser à chanter en chœur la chanson du clown immortel, plus violent et moins effrayant que Pennywise.

Nul doute que « Terrifier » deviendra une trilogie, que le prochain volet sera encore plus mauvais, avec un plus gros budget et le coeur toujours aussi empli d’un amour sincère pour un genre traité comme une basse sous catégorie du cinéma. D’ici là, si et seulement si vous avez le coeur accroché et que vous aussi vous aimez rire franchement devant des tripes et boyaux, courrez au cinéma pour le soutenir. En plus ça prouvera que vous savez mieux vous servir de vos jambes que tous les personnages de ce très chouette mauvais film.


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Midnight Mass saison 1 Midnight Mass : de quoi ça parle ?

Une communauté fait face à des événements miraculeux et à de sombres présages après l’arrivée d’un mystérieux prêtre.

Midnight Mass : pourquoi c’est bien ?

Le mois d’octobre est signe de bons présages pour les fans de cinéma de genre. Halloween leur permet en effet de faire le plein de métrages plus ou moins qualitatifs à visionner en masse, histoire de rendre les feuilles qui tombent un peu plus rouges sang et beaucoup moins déprimantes. Le géant du streaming Netflix l’a bien compris, proposant chaque année au cours de ces dates clés plus de rendez-vous pour les amoureux du genre que la Saint-Valentin ne pourrait en offrir. Et, fidèle comme elle peut l’être, elle a fini par s’acoquiner avec Mike Flanagan pour s’assurer d’offrir en plus, une proposition qualitative, devenue, grâce à ses abonnés, promesse de résultats fructueux. Il faut dire que le réalisateur avait habitué à l’excellence avec ses « The hunting of Hill House » et sa suite toute aussi fine « The Hauting of Bly Manor ».  Bien qu’inégal avait déjà acquis ses lettres de noblesses avec une petite merveille en guise de coup d’essai et ce, sans budget, « Abstentia » puis l’incroyable prouesse « The Mirror » qui avait de quoi donner le tournis en quelques images. Facile donc de lui pardonner ses quelques sorties de pistes, j’ai nommé « Sans un bruit » et « Ne t’endors pas » qui loin d’être mauvais étaient pourtant quelques crans en dessous du lot.

Quête de Rédemption

sermonts de minuit NetflixHabitué aux dialogues construits, aux personnages écrits et aux intrigues qui se déplient comme autant de bonbons savamment distribués, son nouveau jet « Sermons de minuit » en français dans le texte ne pouvait que laisser entrevoir le meilleur. Et pour cause, cette mini-série pourrait bien être, la masterpiece d’un cinéaste au talent indéniable. C’est sur une petite île isolée que le réalisateur nous donne rendez-vous dans une univers très Stephen King -ien ( en admettant qu’il soit possible de faire de ce nom monumental un adjectif comme se fut le cas pour Lovecraft).  Sur cette île donc, il se passe peu de choses, et pourtant au milieu de cette communauté relativement pauvre, meurtrie par une marée noire qui a laissé les pécheurs locaux dans une certaine panade, se terrent un groupe de personnages pluriels aux intrigues toutes plus fascinantes les unes que les autres. Riley (Zack Gilford), qui semble d’ailleurs donner le la à toute la tribu revient sur l’île suite à sa sortie de prison lié à un accident de voiture en état d’ébriété. Dans cette bourgade où la religion est maîtresse, où l’Amérique pieuse reprend ses droits, la foi est partagée, mais aussi délaissée. Pourtant Riley, lui, devient à mesure que les épisodes passent la conscience d’un public de prime abord captivée par une doctrine religieuse grandissante. Car c’est bien là que se situe le coeur de l’intrigue de « Midnight Mass », doit-on croire sans sourciller les préceptes religieux si ceux-ci sont la promesse de miracles et même du plus grande des miracles, repousser la mort ? Personnifier par l’arrivée d’un nouveau prêtre charismatique, beau parleur et incroyablement attachant, la religion se répand sur l’île à toute vitesse comme une maladie extrêmement contagieuse. En cause peut-être le besoin de croire, très certainement la peur de la mort, encore plus certainement la part de popularité d’une foi qui pourrait aussi bien être le nouvel Instagram à suivre.

Chacun y trouve son compte, d’autant plus que les miracles eux, pleuvent et que la Bible, citée à tout va, devient la justification à chaque action, empêchant par ailleurs les habitants de douter. Et malheur, d’ailleurs à celui qui remettrait en cause la parole divine. Pour construire son récit, Flanagan embrigade dans un premier temps le spectateur dans son discours, l’endoctrine même jusqu’à lui faire perdre la raison. Le fantastique, l’horreur est sous-jacente, non dite, si discrète qu’elle se fait oublier. Ses personnages emblématiques, ceux qui inspirent la confiance comme Erin Green (Kate Siegel déjà vu dans les « Hunting of »), sont eux-mêmes les portes-paroles de cette vision brandie. Notre réalisateur prend alors sont temps, peint son cadre, y ajoute un rythme lent, le saupoudre de dialogues tous plus fascinants les uns que les autres. L’empathie est là et lorsque la nature réelle du propos se dévoile enfin, il devient impossible de ne pas se choquer d’à quel point le croyant peut se laisser aveugler par ses croyances. Pour parfaire son propos, Flanagan oppose ses discours, le prêtre convaincu et convaincant qui parle au nouvel athée Riley, qui oppose des arguments recevables à d’autres argumentaires au court de réunions évoquant le parcours de croix du chemin de la rédemption.

Du Stephen King dans l’âme

Dans le cadre de l’horreur, il est toujours aisé de brandir la carte de Stephen King et d’accorder à chaque auteur la grâce du maître. Pourtant ce qui constitue réellement l’oeuvre du King est bien souvent oublié. Ce n’est jamais tant pourtant sa qualité à créer un mal absolu, non, mais bien sa capacité à dépeindre avec détails et précisions une communauté qui n’aura de cesse de rappeler que le mal absolu est bien humain et se cache parmi les plus écoutés.  Ce « Sermons de minuit » n’aura de cesse de rappeler pour des raisons évidentes « Salem » et pourtant ce sont d’autres oeuvres qui en auront le même cheminement de « Dôme » et son sheriff en  miroir avec Beverly aux « Tommyknokers » et leur prise de possession du corps et de l’esprit qui seront les plus proches de cette oeuvre. Flanagan crée ses personnages avec la même main que le maître, les rendant si détaillés qu’ils sont attachants dans leurs nombreux défauts. La comparaison ne tombe pas de nul part quand on sait que le monsieur avait brillamment porté sur écran « Doctor Sleep » (la suite de Shining) ou encore « Jessie » une fois de plus pour Netflix.  Stephen King racontait que pour que l’horreur fonctionne il fallait aimer ses personnages, Flanagan en a tenu compte rendant chacun de ses apôtres parfaitement bien écrit.

Il y aura aussi pour les connaisseurs, une référence qui ne serait sans rappeler « Carrie », le livre du moins, dans son final aussi grandiose que glaçant.  Et certainement aussi, à n’en pas douter dans le personnage de Beverly qui aurait bien du plaisir à discuter avec la maman de Carrie White au court d’une tea party entre extrémistes. L’ombre du King encore et toujours mais cette fois-ci clin d’oeil à sa toute première oeuvre.

Après moi, le chaos

Midnight Mass netflixEt si une seconde chance était possible et si la mort était évitable ? C’est bien cette peur qui pousse l’Homme vers un besoin viscéral de croire et c’est cette même peur qui pousse notre communauté à communier sans cesse avec une doctrine qui pourtant devient de plus en plus sectaire. Doucement mais sûrement, le réalisateur glisse cette notion à travers ses répliques. Un prêtre poussé vers le clergé en raison de la mort de sa jeune soeur, un héros rongé par la culpabilité d’avoir accidentellement ôté la vie, une femme démente en bout de course, une autre sur le point de donner la vie, un sherrif et son fils ayant perdu la mère de leur foyer, un dialogue long et fascinant à mi-parcours entre deux personnages clés, la peur de la mort en opposition à la vie est sur toutes les lèvres et pousse au pire. Celle de la seconde chance aussi. Quelle serait-elle, par exemple pour une petite fille en fauteuil roulant ? Et pour celui qui l’y aurait mise ? Le besoin de rédemption pourrait bien venir du discours religieux, quitte à s’il le faut, en passer par l’apocalypse. Le plus sinistres desseins viennent toujours des meilleures intentions. Il sera d’ailleurs bon de se délecter d’un tout dernier monologue mettant en abime une façon d’aborder la vie et la mort bien plus spirituelle que bien des récits en amont.

La foi oui d’ailleurs, mais pas toutes les religions aux yeux d’une même communauté. Celle qui nous intéresse est chrétienne et le sherrif musulman est lui mis au banc. Flanagan en profite pour rappeler d’un trait de crayon fin et bien construit que l’Amérique raciste domine toujours, que la tolérance et l’ouverture d’esprit devraient être plurielles, que même là où les similitudes sont nombreuses, il est aisé de pointer les différences pour faire de l’autre un ennemi.

« Midnight mass » se déroule avec lenteur et prend le temps d’installer son intrigue, laissant toujours planer un soupçon d’angoisse sous les bons mots et les belles tirades. Il prend le temps de créer un point de non retour, une apogée sombre qui se dessine inéluctablement avec l’accord général. Son dernier acte saura, lui, satisfaire les férus d’horreur qui jusque là devront simplement s’éprendre d’une atmosphère très bien ficelée. Loin d’être un simple récit horrifique, cette mini- série est un véritable voyage spirituel dénonçant avec sophistication les défauts d’une foi aveugle sans pour autant oublier de rappeler que les croyances sont autant de liens et de besoins pour des humains qui en ont une nécessité absolu.  Méfiez-vous des faux prêcheurs, n’hésite-t-elle pas à rappeler comme le fait l’excellent « Brimstone » disponible aussi sur Netlfix et que nous n’auront de cesse de conseiller.

Pour Halloween, pour les beaux jours, pour rappeler que l’horreur est l’un des meilleurs vecteurs de réflexions nourries, que vous soyez fans de genre ou non, regardez « Midnight Mass », offrez lui un esprit critique et ouvert, interrogez-vous, régalez vous en. Prenez et regardez le tous car ceci est l’oeuvre la plus aboutie de Flanagan, livrée pour vous.

Découvrez la bande-annonce de Midnight mass


 

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Présenté en France en avant-première à l’Etrange Festival, le film australien « Relic » de Natalie Erika James méritait amplement sa sortie sur grands écrans dans toute la France. Puisqu’en plus d’être un excellent métrage horrifique et de réserver son lot de sueurs froides, Relic s’avère être un drame puissant qui redore l’image du genre. Le fameux festival parisien avait, il faut le reconnaître une programmation joliement ficelée ce qui est d’autant plus impressionnant vues les circonstances actuelles. Pourtant Relic ressortait largement de ce très beau lot. En cause, des propos très justes sur la douleur et les aphres du vieillissement mais aussi sur l’impact que celà à sur les descendants des personnes âgées, les fameux aidants.

relic film afficheRelic de quoi ça parle ?

Lorsqu’Edna, la matriarche et veuve de la famille, disparaît, sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent dans leur maison familiale isolée pour la retrouver. Peu après le retour d’Edna, et alors que son comportement devient de plus en plus instable et troublant, les deux femmes commencent à sentir qu’une présence insidieuse dans la maison. Edna refuse de dire où elle était, mais le sait-elle vraiment…

Relic est-ce que c’est bien ?

Si l’on se permettait d’extrapoler un peu, Relic pourrait être le film le plus pertinent du moment et coller bien à son insu à l’actualité moribonde du Coronavirus. En effet, sacrifier la vie « normale » de la jeunesse pour sauver ses aînés est une thématique actuelle forte qui ne cesse d’entraîner de nombreux débats houleux. Relic en parle également dans une toute autre mesure. Trois femmes, trois générations, toutes s’opposent à une forme de noirceur monstrueuse et horrifique. Au programme point de boogey men, sorcières et autres zombies, non, cette fois le monstre n’est autre que la métaphore des séquelles liées au grand âge. A l’instar d’un certain « It Follows » qui était lui aussi une métaphore (oui mais de quoi ? du sexe chez les adolescents ?), Relic personnifie une douleur bien réelle et rappelle que la réalité est souvent bien plus effrayante que la fiction.

Tout y est fort et bien cousu : la perte de repères déjà, lorqu’Edna (Robyn Nevin), grand-mère pourtant jusqu’ici indépendante rentre chez elle sans pouvoir raconter où elle était passée. Désorientée, perdue, elle s’oublie, de son identité à sa personnalité d’une scène à une autre parfois en quelques minutes. Avec un traitement très imagé Natalie Erika James développe cet aspect particulier de la démence sénile et va jusqu’à faire de la maison qui abrite l’histoire l’illustration même de ce propos. Elle devient doucement la bête noire et effrayante que pourrait être l’esprit humain qui décrépit. Pour rappeler sans cesse qu’au fond, Edna existe toujours, la réalisatrice la fait écrire sur des post-it. Quelque part comme dans les films de posséssion , l’esprit de la vieille femme est scindé en deux. Ces même petits mots prendront par ailleurs une tournure très poétique en fin de récit, un rappel à l’humanité loin derrière la peur. Il faut également saluer une scène magnifique offrant une métaphore glaçante de l’enterrement, lieu où l’on cacherait ses souvenirs pour ne pas qu’ils puissent être pris.

Quand les enfants sont impactés

Relic film 2020L’horreur de Relic est bien faite, les jump scares sont là, les ombres qui font frissoner. Les victimes de ces farces démoniaques ne sont autre que la fille d’Edna, Kay (Emilie Mortimer) et sa petite-fille aimante, Sam (Bella Heathcote). Il est rare même dans des oeuvres dramatiques d’aborder la thématique de l’aidant et de la douleur que l’on ressent à voir la personne aimée décrépire. Aucun drame ne pourrait d’ailleurs en parler avec la même exactitude que celle de l’horreur. Le besoin d’aider mais de se préserver en même temps, le refus de voir l’ombre de la mort approcher, l’envie de se sacrifier pour améliorer la vie d’une personne qui doit bientot partir font partie de la vie des aidants. L’angoisse de se perdre soi dans la processus, que vivra littéralement Sam au court d’une scène à couper le souffle est omniprésente dans cette oeuvre. La peur d’abandonner la personne comme l’éprouvera Kay au court de ses réflexion, mais aussi le besoin de rester coûte que coûte sont autant de clés pour comprendre ce drame horrifique. Relic aborde tous ces aspects de la vieillesse avec pudeur et bienveillance, sujet tabout d’une société qui veut croire qu’on reste à jamais jeune. Une société mondiale qui semble d’ailleurs avoir découvert ses aînés récemment, pandémie oblige et qui s’amuse à oeuvrer pour le choc des générations. Le film lui prend le partie de les concilier, de rappeler qu’elles se veulent bienveillantes l’une envers l’autre et de se demander comment le spectre de la mort impacte aussi les aidants / les aimants.

Jusqu’au-boutiste, le film livre dans ces derniers instants une course éprouvante, crasse et graphique qui sera finalement le pretexte à introduire un moment de poésie et d’amour instinctif qui prend aux tripes. La jeunesse n’est éternelle pour personne argumente-t-il, la vie est un cercle infernal peuplée de répétitions.

Relic est projeté au cinéma à compter du 7 octobre 2020, une belle façon de se peur avant Halloween tout en prenant le temps de réfléchir.

Relic, la Bande-annonce


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