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Le MaMA festival est l’occasion d’arpenter 3 jours durant le quartier de Pigalle à Paris pour découvrir le meilleur de la scène indépendante et émergente. Cette année, crise sanitaire oblige, nous a permis de nous concentrer sur la scène hexagonale et de découvrir la scène musicale de demain. Concerts, showcases, évènement en off ont donc bercé notre vie à une rythme effréné au grès de courses sur le bitume et dans les salles du quartier. Découvrez notre sélection d’ artistes  qui ont conquis nos coeurs sur cette édition 2021.

Laake

: Bande originale

A la croisée de la musique électronique,(néo) classique et cinématographique, l’univers de Laake est grandiose et son oeuvre intemporelle. Le musicien mélange les notes de ses touches d’ivoire, des instruments classiques et des beats électronique de façon minérale . Le compositeur autodidacte , actif sur la scène auprès des plus grands (Vitalic, Max Cooper ou Laurent Garnier) depuis 2015, a sorti après 2 EPs son premier album le 27 mars 2020. « O » (pour Orchestrai) est parfaitement équilibré. La présence de deux violons, un violoncelle, un alto, un trombone basse, deux ténors et une trompette intensifie les compositions de Raphaël Beau, et offre une symphonie romantique à couper le souffle. Sur scène l’artiste, entouré de ses 8 musiciens, dévoile un spectacle profond, parfaitement orchestré. Les performances des ce virtuose hybride devraient, on l’espère, apparaitre régulièrement dans des oeuvres du 7èmes art tant celles-ci se vivent comme une expérience à part entière. Claque auditive aux montées soutenues, sophistication de ses compositions, mélange des genres pour mieux brouiller les pistes, sont autant d’atouts qui enrichissent l’univers luxueux de celui qui navigue en eaux troubles et sublime tout ce qu’il touche.

Dirtsa

: princesse urbaine rétro 90

Lauréate 2021 du Prix Ricard France Live Music, Dirtsa devient la première artiste Hip-Hop à remporter ce prix. Son style est un mélange de  Hip Hop Lo-fi, de soul/r&b, et d’afrotrap, et combinant le metissage de sa culture franco-camerounaise et  autant influencé par la scène années 1990 et actuelle. Ses deux premiers singles « Straight out of France » et « Underdog » sortis respectivement en janvier et mai 2020 sont deux hymnes engagés où elle évoque avec mélancolie  la lutte de la cause noire et de l’anti-racisme. Dirtsa est  une artiste engagée qui joue avec les codes de toute la scène urbaine des 30 dernières années. Avec des accents à la Mary J. Blige, le talent des Fugees, elle saura mettre toutes les générations d’accord et créer de la modernité en puisant dans l’ancien.

Franky Gogo

: batteur.euse et battant.e

Franky Gogo est un·e artiste déroutant.e. Avec ses sonorités techno-punk, Franky Gogo brouille les pistes et les identités musicales pour récréer des mélodies denses et puissantes. Fort de ce contraste, sa musique est aussi douce qu’elle sait se faire brutale.  La noirceur qui s’en dégage devient dansante, la douleur galvanisée y est belle et brute comme un diamant. Après avoir accompagné à la batterie des artistes comme Bertrand Belin, Theo Hakola ou Discodeine, cet.te musicien.ne donne la parole au corps et à l’âme et remet en question les notions de genre figé. Le clip de Fast and Too Much, qui prépare la sortie le 27 novembre de son EP homonyme colle des sueurs froides et profite d’une esthétique aussi léchée que déroutante. Véritable chef d’oeuvre musical, il se sublime par une image aussi sombre et puissante que ses sonorités. Son concert durant le MaMA qui a fait salle comble annonce sans aucun doute le succès de cette nouvelle égérie de la scène queer.

Vikken

: sublimer les douleurs

Il aborde la lassitude et le questionnement d’une génération, la routine du quotidien, l’identité, l’avenir et l’espoir et dans l’incroyable « Pour une amie » les questions déboussolantes et intrusives auxquelles doivent faire face de nombreuses personnes trans au quotidien. Ses compositions électro sont d’une efficacité redoutable. La répétition de ses thèmes musicaux mêlée à des sonorités dark mettent en valeur le discours du DJ. Cela crée un climat oppressif qui reflète parfaitement les difficultés de tous les jours que Vikken a choisi de mettre en avant. Scéniquement le garçon interprète ses morceaux de manières « sombre et sobre » et livre au public un moment de frénésie entêtante, libératrice d’un quotidien oppressif.

Lucie Antunes

:  force et percussions

Lucie Antunes, percussionniste et titulaire de plusieurs prix de conservatoires et d’un diplôme du Conservatoire National Supérieur a battu le fer (et surtout les percussions) aux côté de Moodoïd, Aquaserge, Yuksek ou encore Susheela Raman avant de se consacrer à sa propre musique.  En solo, l’incroyable musicienne livre un set qui rompt avec les habitudes et  revisite la notion même de dancefloor. Ses nombreuses percussions créent un retour aux sources avec naturel, galvanisant l’humain et la cohésion. Sur scène, Lucie Antunes joue avec une batterie, une marimba ,un vibraphone, et des percus, et est accompagnée de Jean-Sylvain Le Gouic au moog, prophet, percussions et modulaires ainsi que de  Franck Berthoux complice de toujours qui traite le son en temps réel. L’ensemble est servi accompagné de modules luminaires qui marque le rythme et offrent un ballet  lumineux aussi aérien et captivant. C’est d’ailleurs le terme qui cristallise la nature même de performances physiques, millimétrées et redoutablement impressionnante. Lucie Antunes est une forme de la nature qui sait jouer des éléments et de ses instruments pour tout faire résonner en même temps. La puissance est maîtresse de ses performances. Aussi belles à regarder qu’à écouter elles balayent de la main l’idée que les rythmiques ne puissent être que des accompagnements pour mieux les centrer au coeur d’une esthétique inégalable.

Terrier

: sort de son trou

Terrier défini sa musique comme du hip-hop/pop/punk hooliganesque. Tout un programme donc qui ne laisse personne indifférent. A tel point que l’artiste chouchou se retrouve sélectionné par le prix Chorus ou encore le Fair. Le vendéen raconte qu’a son arrivé à Paris, plus particulièrement à Montreuil, il avait installé son studio dans un parking sous-terrain et qu’il ne voyait pas la lumière du jour, qu’il ne savait pas quelle heure il était, quel temps il faisait…c’était son « terrier ». C’est cette installation francilienne qui l’inspirera. Durant sa prime jeunesse Terrier faisait des BO de films ou  de pubs « imaginaires ». Maintenant il s’inspire de son environnement, s’ouvre musicalement et exprime « l’importance des choses que l’on perd ». Cet OVNI musical offre la richesse de toutes les musiques modernes et finalement, plutôt que de le rendre inaccessible, rassemble un public varié. Un traversée punk qui devrait l’emmené sur le chemin de la réussite.

Thérèse

: pop coup de poing !

Thérèse, Claudia, Maniseng, Lin Fu Xian, Pao Pao de son nom complet et s’est faite remarquer dans le duo très rock La Vague où elle apportait son énergie dantesque. Naviguant aujourd’hui en solo, l’incroyable musicienne porte haut et fort les couleurs de ses engagements notamment en matière de lutte contre le racisme anti-asiatique et le féminisme. Et ce message se traduit par la construction de morceaux  qui frappent forts comme  le récent « Chinoise ? ».  Elle y revient sur le tous les clichés issus de la culture de l’asian-bashing pour les renversés dans des compositions aux influences aussi variées que construites. Une structure pop, dans la veine de la grande prêtresse du registre devant laquelle elle n’a pas à rougir,  M.I.A, alliée à des sons orientaux – la véritable modernité musicale se situe là-, mêlant français, anglais et chinois, sont les ingrédients de la musique de Thérèse. Véritable valeur montante de la scène française, elle a fait salle comble au MaMA laissant dehors beaucoup de monde frustrée de ne pas l’apercevoir. Il faut dire que la musicienne est sur tous les tableaux, parle avec aisance, multiplie sa fougue créatrice de la mode à la musique, convainc, bouleverse et s’ose même sur des terrains plus osés en parlant notamment de sexualité dans « Skin Hunger » à la production millimétrée.  Elle est arrivé avec la Vague, mais il faut s’attendre à ce qu’elle se transforme en une déferlante qui occupera au même niveau que Pomme ou Suzane l’espace  de la scène francophone féminine engagée.

LULU VAN TRAPP

: cabaret sensuel

Lulu Van Trapp mama festival 2021
Photo : Louis Comar

Nouvelle coqueluche de la scène française, Lulu Van Trapp sonne déjà dans les esprits avertis comme la révélation de l’année 2021. Il faut dire que le sulfureux groupe sait jouer de ses charmes. Un premier EP en poche (« I’m not her to save the world »)  et voilà que le quatuor est déjà au centre de toutes les attentions : sélectionné par Rock en Seine pour son édition réduite de 2021, puis le MaMA, rien n’arrête la troupe. Il faut reconnaître que les compères ont le sens des mélodies : s’osant à créer un univers proche des très sensuels Rita Mitsouko pour mieux brouiller les pistes et créer en anglais une pop inter-générationnelle bien sentie. Lulu Van Trapp est de ces groupes qui séduisent sans tabous et qui sortent le grand jeu à chaque nouveau rendez-vous. Difficile de ne pas en devenir rapidement fous. Quel meilleur lieu donc que la Machine du Moulin Rouge et toute l’histoire qu’évoque ce nom pour présenter sur le festival le combo qui réconcilie chanson et rock ? En passant par tous les registres sans jamais se trahir, la formation se dévoile avec cohérence couche après couche. Le Monde entier ne peut qu’attendre d’en voir encore et toujours plus.

Structures

: Manchester division

S’il y a bien un groupe de rock brut qui a fait parler de lui cette année et au MaMA  festival c’est Structures. Le post-punk depuis quelques années occupe le devant de la scène anglaise et Structures l’a rejoint avec sa French touch. Nos 4 sympathiques amiénois envoient un son brutal, salvateur et libérateur qu’il est difficile de ne pas comparer avec la scène de Manchester des années 80. Mais ce quatuor peut surprendre et mettre un pied de nez à ceux qui les pensaient coincés dans l’univers new/cold wave. C’est par exemple le cas avec le morceau comme « Sorry I know it’s late, but” qui crée un retour plus pop digne de  la grandes périodes Brit-pop des années 90. Leur EP sorti en 2018 est parfaitement rodé, et après cette période d’arrêt du Monde on peut s’attendre à la sortie prochaine d’un album qui devrait placer Structures  en tête de liste des artistes à connaître de la scène indie française.

Coco Bans

: heartbreaker

coco bans mama festival 2018 boule noireRemarqué lors de l’édition 2018 du MaMA festival, Coco Bans a sorti un premier EP en 2019 « Fantasy & Parables ». Un premier opus rêveur servit à coup de  pop folk  solaire. En 2021, elle opère un renouveau sensationnel et revient en force grâce à son EP « aka Major Heartbreak ». L’artiste américaine, Allyson Ezell de son véritable nom, s’y livre au court de 6 titres  intimistes. L’Auteure, compositrice et interprète marche sans vergogne dans la cour de grands noms de la scène internationale comme Florence and The Machine où encore Lana Del Rey. Avec sa voix aérienne et ses riffs mélancoliques, la tornade blonde sublime tout ce qu’elle touche. L’excellent « What did you say » et sa pop sombre est l’occasion de mettre en valeur sa puissance vocale et sa créativité mélancolique. De son côté « Being brave is stupid » ( en duo avec Von Pourquery) convoque l’esprit de Gainsbourg pour lui faire rencontrer une pop sensuelle actuelle à la douceur irrésistible. Coco Bans s’apprécie autant dans ses arrangements soignés que dans ses épopées scéniques survoltées. incontournable.

 

Avec un peu t’aide de Julia Escudero

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