Cette année a lieu la douzième édition du Champs-Élysées Film Festival qui se tiendra du 20 au 27 juin 2023. La programmation complète a été annoncée sur le site officiel de l’événement.
Tout est dans le titre, le festival aura lieu sur la plus belle avenue du monde. Et les quelques cinémas restants de l’avenue accueilleront l’évènement pour célébrer le cinéma franco-américain comme à son habitude.
Les invités sont prestigieux : Les réalisateur.rices Ira Sachs et Eliza Hittman sont les invité.es d’honneur de cette édition. Parmi les autres invité.es, on retrouve notamment Ben Wishaw, Claire Simon et Elvire Duvelle-Charles. Côté jury, on retrouve Bertrand Bonello en président du jury et qui était déjà présent l’an dernier pour présenter son film Coma. La bédéiste Pénélope Bagieu et le comédien Rabah Nait Oufella (Grave) feront eux-aussi partie du jury.
En compétition cette année :
Passages d’Ira Sachs avec Adèle Exarchopoulos sera le film présenté lors de la cérémonie d’ouverture. Dans la catégorie long métrage français on retrouve :
État limite de Nicolas Peduzzi
Il pleut pans la maison de Paloma Sermon Daï
Vincent doit mourir de Stéphane Castang
Parmi nous de Sofia Alaoui
La Sirène de Sepideh Farsi
La bête dans la jungle de Patric Chiha
Dans la catégorie long-métrages américains :
Another body de Sophie Compton et Reuben Hamlin
Kokomo City de D. Smith
Mutt de Vuk Lungulov-Klotz
Sometimes I think about dying de Rachel Lambert
This Closeness de Kit Zauhar
Rotting in the sun de Sebastián Silva
Cette année, les moyens-métrages ont eux aussi droit à leur propre compétition !
Eurydice, Eurydice de Lora Mure-Ravaud
La Lutte est une fin d’Arthur Thomas-Pavlowski
Tornade d’Annabelle Amoros
Rue Philippe Ferrières de Maxence Stamatiadis
Mimi de Douarnenez de Sébastien Betbeder
Les Chenilles de Michel et Noel Keserwany
L’autrice-compositrice et productrice de musique Rebeka Warrior présidera le jury des formats courts et sera accompagnée de Dimitri Doré, Charlotte Abramow, Simon Rieth et Lina Soualem.
Le film présenté lors de la cérémonie de clôture est un film de Raphaël Balboni et Ann Sirot, Le Syndrome des amours passées qui sera projeté le 27 juin au Publicis Cinéma.
Comme chaque année, le Champs Elysées Film Festival accueillera des musicien.nes pour des showcases sur le rooftop du Publicis. Parmi les artistes cette année on retrouve Silly Boy Blue, Léonie Pernet, Jenny Beth et Nathalie Duchene.
Le festival débute le 20 juin prochain, sur la plus belle avenue du monde.
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À peine un mois après la sortie de leur troisième album, Halo, nous avons eu l’occasion de discuter avec Camille et Benoît de Grand Blanc. Ce fut l’occasion d’en apprendre davantage sur la nouvelle direction musicale du groupe, de leur nouveau label Parages et de leurs voyages qui ont inspiré ce troisième opus d’une grande douceur.
P&P : Bonjour Camille et Benoît, comment ça va ?
Benoît : Ça va bien, on répète pour les premiers lives et c’est cool franchement, on a bien travaillé, on est contents !
P&P : Félicitations pour Halo. C’est quoi l’inspiration principale derrière l’album ?
Camille : Je pense que c’était notre vie ensemble pendant ces quelques années. Ça a duré trois, quatre ans, je pense ? Enfin depuis la fin de notre dernier album, on a passé pas mal de temps ensemble, on a vécu dans une maison, dans laquelle on se trouve actuellement et on a construit un studio, on a monté un label et on a pris le temps de vivre ensemble et je pense que cet album parle de ça.
Benoît : Et puis en vivant dans une maison, notre rythme de vie et notre manière de faire de la musique ensemble a pas mal changé. On avait plus de label, on était en train de monter le nôtre, donc on avait plus forcément d’agenda. Le studio, c’est plus genre la journée et puis le soir tu rentres chez toi. On vivait un peu à l’intérieur de notre album. L’inspiration, ça a aussi été ça, cette espèce de rythme super lent, voir les saisons passer, tout ça.
Camille : Et aussi l’extérieur, les alentours de la maison dans laquelle on vivait qu’on a appelé « Parages » qui est le nom de notre label aussi. On avait un peu cette map autour de la maison qu’on explorait et qu’on a apprivoisé avec le temps et l’extérieur se retrouve pas mal dans le disque.
P&P : Et d’ailleurs cet album est beaucoup plus organique que les précédents. Est-ce que ça vous est justement venu de cette cohabitation, cette volonté de changer de style ?
Benoît : Oui, effectivement tu parles d’organique et c’est marrant parce que vivre ensemble en communauté, c’est quelque chose d’organique en soit. On travaille avec Adrien Pallot qui nous aide à réaliser nos disques depuis le premier. Il a été pas mal à la maison aussi et parfois on dit qu’Adrien c’est la personne qui nous a appris que faire à manger et tenir une maison quand tu fais de la musique dans une maison, c’est presque aussi important que faire de la musique pour faire un disque. Donc je pense que le côté organique, littéralement, il vient aussi du bon fonctionnement de notre communauté. Enfin, c’était comme ça qu’on allait faire un bon disque et après ça répond à organique dans le sens plus esthétique du terme, comme on était dans une maison, on travaillait pas forcément les chansons sur ordi mais parfois dans le jardin avec une guitare acoustique. C’était plus light, on avait pas besoin de se brancher. Et ce mode de vie a fait que dans cet endroit, c’était hyper adapté d’avoir des instruments acoustiques, d’enregistrer des choses dans les alentours, ça a fait le son de Halo. Et c’était à la fois un choix artistiques et à la fois on s’est adaptés à ce qu’on avait sous les yeux.
On a pris le temps de vivre ensemble et je pense que cet album parle de ça.
P&P : Dans l’album, on entend beaucoup de field-recordings, est-ce que c’est une manière de laisser entrer les gens dans votre cocon ?
Camille : Hmm oui. C’est trop bien si ça te fait ressentir ça. On s’est pas forcément dit que les auditeurs étaient avec nous, c’était pas par égoïsme, c’est parce qu’on savait pas si l’album allait sortir un jour et comment il allait sortir. On était en train de faire notre label en même temps et on était plein d’incertitudes, de joie, de sentiments mélangés dans tous les sens et je pense que c’est un peu pour ça que cet album ressemble à ça. On s’est finalement octroyés pleins de libertés, c’est parce qu’on était vraiment entre nous. Tous ces sons qui sont organiques, ça vient du fait qu’on a fait ça avec les moyens du bord et au lieu de camoufler ces bruits extérieurs et ces bruits ambiants, on a décidé d’en faire quelque chose de musicalement intéressant. Si par exemple, sur un enregistrement, on entend la pluie, on va la mettre encore plus fort.
Benoît : Donc si on l’avait mise moins fort, de toute façon elle aurait été là et dans certains courants créatifs, il y a des artistes qui s’imposent des contraintes pour être créatifs, et c’est devenu ça à un moment pour nous. On n’a pas choisi, mais c’est devenu un contrainte créative. C’est trop bien parce que parfois t’es perdu dans le morceau et si tu mets la pluie plus fort et ça donne une idée qu’on avait pas prévu. Ça nous laisse aller dans le sens du courant. Essayer d’être un peu réaliste. Comme disait Camille, c’était un peu notre vie ensemble dans la maison notre source d’inspiration donc il y avait un peu un côté documentaire avec ces sons directs et essayer de rester fidèle à ce que c’était.
Camille : Et puis il y a aussi ce truc de « macro ». Notre musique est liée à des lieux depuis le début. Je sais pas, c’est comme ça, on a toujours bien aimé parler des lieux dans lesquels on vivait, avec lesquels on interagissait, que ce soit quand on partait en voyage ou notre ville… Et là, la façon dont ça s’est manifesté sur ce disque c’est avec la présence du son direct. C’est un peu comme avoir un microscope et de se dire « ce petit son-là, il pourrait avoir du sens avec ces mots-là ». S’attarder un peu sur les choses du réel.
P&P : Et vous avez voyagé en Roumanie juste avant. Est-ce que ça a eu un impact sur la conception de l’album ? Parce que vous parlez beaucoup de voyages, d’évasion dans votre musique.
Camille : On est partis en Roumanie, parce qu’on avait deux dates là bas. C’était la fin de la tournée du précédent album et on a décidé de faire un road trip dans le delta du Danube. C’était l’idée de Benoît et ça nous a séduits aussitôt. Le delta du Danube, c’est un énorme marécage, on va dire, où d’un côté on a le Danube et de l’autre côté la mer sur une centaine de kilomètres avec des méandres, des roseaux, des oiseaux, des grenouilles… et au milieu t’as vraiment rien. Nous, on était dans une auberge et c’étaient des maisons sur pilotis. C’est à ce moment-là qu’on s’est dit que ce paysage était vraiment beau et qu’on devrait peut-être se remettre à faire de la musique et en fait, j’avais mon enregistreur et le premier son du disque qu’on entend, c’est le son de cette soirée. Enfin c’est les grenouilles du delta du Danube. Et je trouve ça trop bien de commencer par là sur l’album parce que c’est un peu là où tout a débuté pour Halo.
Benoît : Cet endroit a aussi posé un doute, il est très vaste, mais comme il y a beaucoup de roseaux au niveau de l’eau, il n’y a pas de relief donc tu ne peux jamais vraiment saisir l’immensité qu’il y autour de toi, tu la pressens et ça s’est mis à ressembler un peu à ce qu’on vivait à la maison où on voit le ciel par le vélux et c’est tout. Et c’est pas non plus un paysage très vaste ou très exotique notre maison mais on a dû voir au travers. Ce voyage est raconté dans « Loon » et c’est l’un des premiers morceaux du disque. Ce voyage, il fallait qu’on le raconte et on a un peu travaillé sur ce récit tout au long du disque. On répétait cette histoire et c’est devenu notre légende.
Camille : Oui, une petite chanson de départ sur la quête.
P&P : Vous avez commencé à travailler sur cet album en 2019. Est-ce que vous pensé que le covid et le confinement ont eu un impact sur la conception de l’album ?
Camille : Non, je pense pas. Évidemment, tout ce qui nous entoure a une incidence sur nos actions et la pandémie a eu une incidence, pour le coup, sur toute la planète. Mais nous, on était déjà dans la maison au moment de la pandémie, on commençait déjà à faire ce travail ensemble et en fait c’est arrivé à un moment où on était déjà un peu installés. Ça faisait peut-être déjà deux semaines qu’on était là et puis on est restés coincés, comme tout le monde, et on a juste continué à faire ce qu’on avait prévu de faire.
Benoît : En plus, si on avait enregistré l’album comme les précédents à Paris, ça aurait été un facteur énorme mais là, on était déjà entre nous, on sortait pas trop de la maison, on avait tout ce qu’il fallait. Par exemple, il y a une chanson « dans le jardin, la nuit » sur le disque sur un moment qu’on a vécu ensemble où on a vu un truc bizarre dans le ciel la nuit. En fait, la boite d’Elon Musk lançait des satellites pour faire des réseaux de 5G et en fait ça faisait une espèce de colonne d’étoiles bizarres. Et puis on a fait une chanson dessus.
P&P : Parlez-nous de la pochette de l’album, est-ce que c’est une photo du ciel vu depuis votre maison ? Les fameux parages ?
Camille : La pochette a été réalisée par un collectif qui s’appelle « C’est Ainsi » et en fait Labex fait partie de ce collectif. Il fait des photos passées dans la moulinette de ses ordinateurs on va dire. Il fait un peu de l’impressionnisme numérique et on adore ce qu’il fait. on lui a demandé de faire la pochette et il est venu faire des photos à la maison pendant deux jours. Et cette pochette c’est probablement le résultat de quelques photos mélangées. C’est en quelque sorte une vue du jardin et c’est très parlant pour nous.
P&P : Tous vos textes sont écrits en français. Est-ce que vous voyez ça comme une prise de risque ou comme une évidence, quand on voit des artistes non-anglophones écrire en anglais malgré tout ?
Benoît : C’est pas une évidence, non. Ça fait trois albums qu’on écrit comme ça.
Camille : Après notre rapport à la langue, il est différent pour chaque personne. On pourrait jamais s’imaginer écrire dans une langue qu’on maitrise pas intrinsèquement. Si on parlait couramment d’autres langues, on écrirait dans d’autres langues oui. J’ai grandi en chantant des chansons en anglais, c’est une langue hyper ronde avec des diphtongues, des longues voyelles et c’est super pratique mais bon, quand je chante des textes en français, j’ai plutôt tendance à étirer les mots pour les faire sonner comme les chansons que j’avais appris à chanter. L’idée c’est d’essayer de proposer quelque chose qui ressemble vraiment à qui on est, d’essayer d’avoir sa patte.
Benoît : Mais c’est de moins en moins une prise de risque et puis on essaye d’être honnêtes les uns avec les autres et on a fait comme ça, parce que ça nous paraissait évident. Le français peut être aussi musical que l’anglais et on y travaille beaucoup à cette musicalité.
Camille : On n’est pas des pop stars, on se sent pas trop concernés par l’accessibilité, on sait très bien qu’on ira pas à Coachella (rires). Et si un jour, on passe à Coachella, on chantera nos textes en français.
On s’est battus pour qu’il existe ce disque et ça lui donne plus de valeur.
P&P : Vous avez créé un label, « Parages » il y a un an. On voit de plus en plus d’artistes créer leur label, pour faire fi des contraintes imposées par les gros labels, peut-être. Qu’est-ce qui vous a poussé à créer ce label ?
Camille : Ça coûte très très cher de faire un film. Alors qu’un album, ça coûte presque rien, notamment électro, tu peux tout faire tout seul, l’enregistrer, le produire, le sortir sur Spotify. Donc à partir de ce moment-là, pourquoi s’embarrasser d’un label ? Le label peut interagir dans la création d’un disque et quand tu veux être indépendant financièrement et artistiquement, autant créer son label. Tout dépend de la musique que tu veux faire bien sûr. Nous, on a décidé de faire un label parce que c’était le moment. Ça fait deux albums qu’on sort, avant on y connaissait rien à l’industrie de la musique mais maintenant si, on a un peu plus compris comment ça se passait. On va être peinards, on fait de la musique quand on veut, la sortir comme on veut et sortir absolument ce qu’on veut. Si demain, on fait une chanson toute seule et que je l’adore, je peux la sortir sur Spotify et ça s’arrête à peu près là.
Benoît : Bon bien sûr, ça rajoute du boulot mais le rapport au produit fini n’est pas du tout le même. On est passionnés par ce qu’on fait et on essaye de s’investir au maximum dans nos disques et là, comme on fait absolument tout, c’est vrai que tenir le vinyle dans nos mains, il y a un rapport à ta musique qui est plus intense et complet. Donc il y a une pression qui s’ajoute mais à la fois quand tu es content, tu sais pourquoi tu l’es.
Camille : C’est un sentiment vraiment d’accomplissement quand tu fais tout de A à Z. On l’a pas fait entièrement tous seuls parce qu’on s’est entourés de personnes qui nous ont aidés pour le faire mais on était au centre de la production. C’est nous qui avons instigué l’idée de faire un album seuls et ça n’a pas de prix. C’est fou quand tu te dis que tout est passé par nous. On s’est battus pour qu’il existe ce disque et ça lui donne plus de valeur.
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Sortie progressivement au cours de ces dernières semaines depuis le 3 mars 2023 sur la plateforme Prime Video, la série Daisy Jones and The Six retrace l’histoire du plus grand groupe de rock de tous les temps et de leur mystérieuse dissolution en 1977. Racontée vingt ans plus tard par les membres eux-mêmes, la série se présente ainsi en documentaire fictif avec un casting (très) engageant.
première adaptation
Fondée sur le livre Daisy Jones and The Six, la série éponyme est la première adaptation d’une des œuvres de son autrice, Taylor Jenkins Reid. Mais précisons le tout de suite : je n’ai pas lu le livre. Sa couverture m’avait toujours paru suffisamment cheap pour que la qualité de l’écriture et de la trame en pâtissent. L’article se concentrera donc que sur la série et sa production.
Dans les années 70, le groupe The Six se forme dans la garage de la famille Dunne. À la guitare, Graham Dunne, à la basse Eddie Roundtree, à la batterie Warren Rojas et finalement, le grand frère charismatique, Billy Dunne rejoint la bande au chant. Quelques années plus tard, ils rencontrent Daisy Jones, une chanteuse ambitieuse et rebelle qui va changer leur trajectoire et les propulser au rang des plus grands groupes de l’époque.
En 1977, le groupe mythique se sépare après quelques années foudroyantes et un album, Aurora. Personne n’a jamais su pourquoi. Un mystère qui a ajouté à la légende du groupe. Est-ce à cause de la potentielle liaison entre les deux leaders du groupe, Daisy Jones et Billy Dunne ? Trop de drogues ? D’alcool ? De débauche ? Vingt ans plus tard, les membres du groupes acceptent enfin de s’exprimer, face caméra dans un documentaire avec des « images d’archive ».
Fontaine de jouvence ?
Sur ce point, la série est intéressante. Cela crée un effet de suspens d’autant plus intéressant et moins linéaire, qui peut nous faire penser à How I Met Your Mother. De plus, l’amertume et le regret qui planent dans ces passages donnent aux spectateurs l’envie de découvrir la suite. Seul aspect dérangeant, les acteurs ne paraissent pas assez vieillis dans leur passage de 1997. On pense notamment à Sam Claflin (très bel homme nonobstant) qui est à la fois trop vieux pour jouer un rocker de 25/30 ans et trop jeune pour jouer un rocker qui a vingt ans de plus. Même si les maquilleurs lui ont lissé les cheveux dans les passages récents, on n’est vraiment pas dupe. Les personnages de Daisy, Karen (Suki Waterhouse) et Camila (Camila Morrone) n’ont pas pris une ride non plus. Cela brise un peu l’illusion…
Les passages dans les années 70, par contre, sont très jolis à regarder. Le décor y est bien reconstitué (pour quelqu’un qui n’a pas connu cette période bien sûr). Évidemment, l’intrigue nous fait penser à l’histoire de Fleetwood Mac, en particulier la relation tumultueuse de Stevie Nicks et de Lindsey Buckingham. Notamment, dans la passion inavouée mais destructrice quand même des deux leaders. Il n’y a qu’à voir les scènes de concerts qui ressemblent à s’y méprendre aux shows de Fleetwood Mac dans les années 70. L’un des morceaux de l’album, « The River » ne peut nous faire penser qu’au génialissime morceau « Silver Spring » de Fleetwood Mac avec la sauvagerie de « Rhiannon » (version live 1977).
Aurora
L’album, Aurora est réellement sorti et enregistré par les acteurs fraichement reconvertis en musiciens pour la série. Daisy Jones and The Six est un projet long. En effet, les acteurs se sont entraînés et ont appris à jouer de leurs instruments respectifs depuis 2020. Notons quand même, que l’actrice qui joue Daisy Jones, Riley Keough, possède un héritage plutôt sympathique : elle est la petite-fille d’Elvis.
Aurora n’est en soit pas franchement un bon album. Enfin, il ne fait pas très 70s. Mais on joue le jeu pour mieux profiter de la série. Car cela reste une série avec des personnages fictifs. Si, comme nous l’avions écrit plus tôt, le décor est très joli à regarder, la reconstitution du sex, drugs, rock and roll reste très gentillet et bon enfant. Les choses sont plus suggérées que montrées, peut-être est-ce à cause de la politique de bienséance de Prime Video. Ou parce que le livre dont est tiré la série est adressé aux young adults. À déterminer. Dans le même genre, la série sortie sur HBO il y a quelques années, Vinyl représentait davantage l’esprit fou et excessif du monde de la musique des années 70.
détails à demi-mots
Si Billy Dunne est très agaçant (mais Sam Claflin, superbe), le reste du groupe est très intéressant… mais peu exploités. Comme dans bon nombre de groupes de rock -fictif comme réel- le reste de la bande est relégué au second plan pour mieux illuminer le leader. Avec Billy, ça ne manque pas et les autres membres du groupe ne semblent s’exprimer qu’à demi-mots. Ça nous laisse un peu sur notre faim.
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En juillet 2022, la nouvelle série de Danny Boyle, Pistol, sortait sur la plateforme Disney +. Si elle est passée à la trappe en France, elle retrace de manière romancée le parcours des tantôt décriés tantôt légendaires, Sex Pistols. Est-ce qu’elle vaut le coup ? On vous dit ça avec un peu de retard.
Pistol : de quoi ça parle ?
Même si le groupe le plus scandaleux et le plus destroy n’a pas duré bien longtemps (trois ans tout au plus), leur héritage persiste toujours, près de quarante ans plus tard. God Save The Queen, encore aujourd’hui est utilisé à tort et à travers. Il n’y a qu’à voir tous les tee-shirts, les mugs, les sacs en bandoulière et les pins sur la veste en jean d’un jeune en manque de sensations fortes, désireux de mener une révolution déjà faite. Tout cela a-t-il perdu un peu de sa valeur? Devenu une marque déposée comme la Joconde et Mickey Mouse? Peut-être, mais nous ne sommes pas là pour décaper le capitalisme.
Pistol est donc l’exemple parfait de l’héritage du groupe -et de la mode des biopics multirécidiviste qui nous attaquent depuis quelques années. La série retrace ainsi les débuts et la fin des Sex Pistols dont les “faits » sont fondés sur les mémoires de Steve Jones (guitariste) sorties en 2011, My Lonely Boy. Ceci explique ainsi la focalisation presque interne qui le place en personnage quasi-principal. Quelques personnages mythiques traversent la série : Vivienne Westwood, Malcolm McLaren, Siouxie Sioux (faut le dire vite), Pamela Rooke (incarnée par la géniale Maisie Williams) ou encore l’ombre d’un Bowie mentor et demi-dieu.
Est-ce que c’est bien ?
Somme toute, la série se regarde vraiment bien et assez vite. Dès les premières scènes, l’imaginaire sombre de Danny Boyle (Trainspotting, 28 Jours Plus Tard…) apparait à l’écran. Des images d’archive d’une Angleterre pauvre inscrivent la série dans un contexte social au bord de la révolution. Les filtres utilisés créent une atmosphère fumeuse et rétro qui entraînent plutôt bien le spectateur dans un univers imaginé des années 70. Je dis « imaginé » parce qu’en soit, cela reste une série, avec des failles autant narratives que techniques.
En effet, le déroulement de la série est peut-être un peu trop linéaire et traditionnel. On aurait espéré une prise de risque un peu plus audacieuse, un saut un peu plus fou dans l’univers punk. Les scènes de concerts peignent davantage un tableau chaotique où se mêlent cris de furie et concours de crachat. Mais ça reste modeste.
Mis à part ça et quelques facilités narratives que nous ne relayerons pas ici, les acteurs y sont assez bons. Notamment Thomas Brodie-Sangster (le petit garçon amoureux dans Love Actually) qui joue à la perfection le rôle du manager/escroc. Toby Wallace qui campe Steve Jones s’en est plutôt bien tiré, là où Anson Boon, qui en soit n’est pas mauvais, campe un Johnny Rotten un peu trop excessif, plus pile électrique que mauvais garçon.
Un héritage contesté ?
Johnny Rotten n’a pas été consulté pour la série et il n’a pas hésiter à trainer en justice ses anciens camarades pour « éviter le massacre de changer leur histoire en conte de fées ». En vain. Ce n’est pas la première occurence avec Disney +. On se rappelle de la série Pam and Tommy où Pamela Anderson n’avait jamais été consultée pour la narration.
Comme souvent dans les histoires de groupe de rock, les femmes sont reléguées au second plan. Ben oui, tout le monde sait bien que c’est une affaire d’hommes le rock. Imaginez donc l’effroi de Chrissie Hynde (la vraie) quand elle se voit représentée à l’écran comme la maitresse revêche de Steve Jones plutôt que comme une musicienne à part entière. De son côté, Vivienne Westwood (disparue en décembre dernier) apparait ici déterminée et pourtant effacée par son compagnon McLaren. On aurait aimé un développement plus approfondi et plus logique de LA figure majeure du punk.
Il faut regarder cette série comme une œuvre de fiction partiale, une tentative de biopic vraiment sympa à regarder mais n’espérez pas y trouver un documentaire véridique. On est chez Disney là, n’oubliez pas comment se termine leur version de LapetiteSirène.
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