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Penelope Bonneau Rouis

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Elle est enfin là… l’édition complète de Dance Fever !

Voilà presque un an que le cinquième (et meilleur) opus de Florence + The Machine est sorti. Dévoilé symboliquement un vendredi 13, Dance Fever avait conquis la critique et les fans avec des morceaux aussi endiablés qu’enfiévrés. De « Dream Girl Evil », « King »,  « Girls Against God » encore « The Bomb »où Florence s’exprime sur cette inspiration qui la dévore et empiète sur sa vie personnelle, cet album est un sublime témoignage de la place de l’art dans la vie d’une femme.
Un album qu’on ne se lasse pas d’écouter… et ça, Florence l’a bien compris… voilà quelques semaines qu’elle tease un nouveau morceau, une nouvelle addition à l’univers de Dance Fever. Confortablement installée dans sa baignoire, sa queue de sirène qui s’agite paisiblement et ses dents pointues qui apparaissent subrepticement… Florence évoque en quelques détails l’imaginaire de The Lure, film d’horreur polonais où deux sirènes s’incrustent dans un cabaret pour étancher leur soif… de sang. Disponible sur Netflix pour les plus intrigué.es.

 

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« Mermaids » : Un morceau sombre et Grandiloquent

« Mermaids » est sorti le 21 avril dernier. Les premières secondes du morceau remplissent parfaitement la part du contrat, Florence entonne des notes qui, si l’on avait été marins, nous auraient plongés au fond de l’eau, à la merci de ces créatures aussi fascinantes que terrifiantes. Il y est évidemment question de La Petite Sirène. Mais pas celle de Disney, oh non. Plutôt celle de Hans Christian Andersen, sauf que cette fois, elle ne se transformera pas en écume de mer et n’aura pas peur de sacrifier son prince. Le morceau est sanglant et grandiloquent. Il s’inscrit parfaitement dans la lignée de Dance Fever et dans l’instrumental il ne peut qu’évoquer des morceaux comme « Bedroom Hymns » à (re)découvrir sur Ceremonials (2011).

« Mermaids » est une excellente addition à l’univers de Dance Fever et donne déjà l’envie de se reconvertir dans le ski nautique, au creux des vagues, les cheveux au vent (sans oublier le casque).

Si pour des raisons qui vous regardent, vos jambes ne se transforment pas en queue lorsque vous entrez en contact avec l’eau, courez enfiler vos robes de mousseline et allez danser sous la pleine lune. À vous de voir si vous voulez la rendre sanglante, cette lune.


Portals de Melanie Martinez (2023)

Après cinq ans d’absence, Melanie Martinez revient avec son troisième album, Portals. S’inscrivant directement dans la lignée de ses premiers albums Cry Baby et K-12, Portals représente le troisième chapitre de l’histoire de l’alter ego de Martinez, Cry Baby. Un album discutable. 

Nostalgie rose

Ah… Melanie Martinez… Avoir 14/15 ans et te découvrir… Tomber sur Cry Baby en 2015, dont l’univers horrifique et sucré ne peut faire que penser à l’univers un tantinet plus sombre de Tim Burton… La musique, l’esthétique, le message qui tombe dans les mains au moment de l’adolescence où l’on baigne dans l’idée que que l’on est incompris.e et différent.e. Période bénie d’une renouveau culturel hors du commun et l’impression d’avoir trouvé son mentor.

Découverte avec l’émission The Voice Us avec sa reprise de « Toxic »,  Melanie Martinez est arrivée sur le devant de la scène avec son écart entre les dents et ses cheveux teints en noirs d’un côté et roux de l’autre. Le roux deviendra successivement blanc, bleu, rose, vert… Et très vite, tout s’enchaîne. Cry Baby sort et c’est un franc succès (dans mon souvenir partiel d’ancienne ado), mais Melanie apparait alors comme une artiste à part entière, une génie incomprise qui sort tube sur tube au sein d’un seul et même album concept. Mais de quoi il parle cet album ?

Cry Baby c’est l’histoire d’une petite fille (« CryBaby ») qui grandit dans une famille dysfonctionnelle (« Dollhouse »)  et qui apprend peu à peu à s’échapper de ce carcan, évidemment il lui arrive quelques galères (« Milk and Cookies »; « Tag, You’re It ») mais résilience est clé.

Balance ta melanie

Et puis un jour, c’est le drame. Melanie Martinez est accusée de viol par son ancienne meilleure amie. Les CD sont jetés par les fenêtres, les tee shirts sont brûlés. Celle qui prônait la non violence et l’amour tint alors à peu près (tout à fait) ce langage : « elle n’a jamais dit non » avant de sortir sur Sound Cloud un morceau vengeur produit à l’arrache où elle descend « les gens qui la trahissent ». À ce jour, on a toujours pas eu le fin mot de l’histoire.

Socialement, cette histoire était assez intéressante. N’oublions pas que le public de Melanie Martinez avait entre 10 à 16 ans (et encore). La plupart étant sur les réseaux sociaux un peu trop jeunes, il y avait dans l’air un soupçon d’influence et un léger manque de recul. La réponse de Melanie, trop floue pour que certains d’entre nous arrêtent de l’écouter, fut pour bien d’autres la preuve ultime de son innocence. Et la présumée victime subit alors une vague d’harcèlement facilement comparable (bien que moins relayée) à celle d’Amber Heard lors de son procès contre son ex mari, tellement sympathique, Johnny Depp… de l’idolâtrie à la misogynie il n’y a finalement qu’un pas.

L’histoire est cependant passée assez vite sous le tapis et l’on (ce pronom est ici indéfini pour une raison) criait que tout était faux.

Un retour sans rougir

Mais elle est revenue quand même la Melanie, deux ou trois ans plus tard avec K-12 qui retraçait cette fois-ci les années collège/lycée (l’esthétique faisait plutôt maternelle ou primaire) de son personnage. L’album est parfaitement dans la lignée de Cry Baby, les mêmes métaphores aussi douteuses qui nous avaient faits partir en vrille à l’époqueMais il faut le dire, son message militant disparaissait un peu sous tout ce sucre. Et l’album fut vite retiré de ma bibliothèque virtuelle.

Melanie Martinez – 2023

Björk (usa)

Portals, donc c’est son troisième projet et si Cry Baby meurt à la fin de K12, ça ne l’empêche pas de réapparaitre ici sous une nouvelle forme. Sorte de fée/troll à quatre yeux, la peau rose et mullet vert, Melanie Martinez n’apparait désormais que sous ce déguisement en public. Les performances live doivent en pâtir sous toutes ces prothèses. Mais elle n’a jamais été connue pour avoir une bonne maîtrise de sa respiration.

La couverture, par contre, ressemble à Fossora de Björk et c’est un peu grossier. Le seul effet que ça fait, c’est d’arrêter l’album de Melanie pour aller se réécouter Post.

Portals, est-ce que c’est bien ?

J’avais d’énormes à priori avant d’écouter l’album. Je craignais d’y retrouver ce que j’avais tant aveuglément adoré à 14 ans et tant décrié à 16. Melanie Martinez a réussi l’exploit de ne pas me contredire. Sa musique, qui a pris un tournant plus électro, est datée, dirigée vers un public très (trop) spécifique. Et ces filles-là, elles ont grandi.  Les métaphores et l’esthétique viennent écraser le message qui en devient presque maladroit et attendu. On a compris, la société est capitaliste. Mais quand ça vient d’une chanteuse avec un choix aussi varié de merchandising, ça fait quand même sourire.

Et il ne faut pas être médisant, quelques morceaux valent vraiment l’écoute, notamment Battle of The Larynx qui fait un peu rétro 2000 avec un touche plus electro avec l’autotune (dont elle aurait pu se passer sur à peu près 100% des morceaux). De plus, les compositions instrumentales de certains morceaux comme « Void », « Light Shower », « Moon Cycle » ou « Evil » soulignent une inspiration rock 90s indéniable. L’album fait s’entremêler différents genres musicaux de manière plutôt intéressante et crée ainsi un univers à la fois coloré et éthéré.

En fin de compte, le nouvel album de Melanie Martinez vaut bien une petite écoute. Son univers reste très intéressant, la recherche est là et une réflexion intéressante est faite sur la mort et puis bon, la nostalgie n’a-t-elle pas parfois raison de nous ?


Klara Keller par Juana Wein

Originaire de Suède, Klara Keller est venue enregistrer son EP Bang à Paris, rue d’Enghien pendant un an. Une année riche en rencontres, collaborations et découvertes. Deux ans après son premier EP, Hjärtansfröjd, écrit entièrement en suédois, Bang est son premier EP en anglais tout en douceur et en poésie. Nous nous sommes données rendez-vous chez Jeannette, rue Strasbourg Saint-Denis au milieu des bruits de voix et des tasses qui s’entrechoquent.

Pop&Shot : Klara, bonjour. Comment décrirais-tu ton deuxième EP, Bang ? 

Klara : Ce qui est drôle c’est que j’ai entièrement enregistré mon EP juste à côté, rue d’Enghien. Mon studio est au bout de la rue!  Je venais souvent dans ce café alors être de retour me rappelle tout cette phase de ma vie où je faisais mon album. Parce que, pour moi Bang représente une période très spécifique dans ma vie, très différente de quand j’avais fait mon premier EP en Suède. J’avais besoin de changer ma manière d’écrire et de composer. Bang capture vraiment le temps que j’ai passé ici, à le faire. C’était très intense, j’ai écrit et produit cet EP en trois mois alors que j’ai passé trois ans sur le premier. Le processus était complètement différent donc oui, Bang est très intense, énergique et n’a rien à voir avec ce que j’ai pu faire avant.

P&S : As-tu vu une différence entre le milieu de la musique en France et en Suède ? 

Klara : Oui, l’approche est très différente. Notamment en terme de genres musicaux. J’ai l’impression qu’en France, il y a une égalité entre les genres musicaux qu’il n’y a pas en Suède. En Suède, on est surtout porté sur la pop. C’est le pays d’Abba, Tove Lo, Max Martin… de la musique d’export. Le milieu de la musique là bas tourne beaucoup autour de ce paramètre et quand tu explores d’autres genres, il y a un peu cette vision de sous-culture. On est bon en musique, mais la mentalité est complètement différente. Il y a vraiment ce rapport à l’argent et à la musique d’export.

P&S : C’est ton premier EP en anglais, qu’est-ce qui t’a fait changer de langue ? 

Klara : J’ai commencé en Suède parce que j’étais vraiment une « Stockholm Girl »,  je n’écoutais que de la musique suédoise parce qu’en soit c’est un peu une culture isolée, comme une petite bulle dans laquelle tu peux vivre toute ta vie. Mais j’avais besoin d’en sortir et de faire quelque chose de plus fou, d’être plus ouverte à de nouvelles influences. C’est pour ça que j’ai changé de langue d’écriture. Enfin, je n’avais pas vraiment prévu que ce deuxième EP soit en anglais. J’étais d’abord venue à Paris pour écrire un autre EP en suédois mais en arrivant, je me suis rendue que le suédois était un peu sans intérêt ici, parce que personne n’aurait compris ce que je disais et le français c’est dur. Je connais tout juste les bases. Je voulais voir plus grand en écrivant en anglais.

Je devais rester qu’un mois, finalement je suis restée un an et je suis encore là.

P&S : Pourquoi est-ce que tu as choisi Paris ? 

Klara : J’avais pas prévu spécifiquement de venir à Paris. Je voulais juste aller quelque part et j’avais d’autres villes en tête au début. Puis, je suis allée voir un astrologue et on a parlé de quelle ville pourrait être bonne pour ma créativité et j’ai su que Paris pourrait être bon pour moi. Je devais rester qu’un mois, finalement je suis restée un an et je suis encore là.

P&S : Donc tu vis toujours ici ?

Klara : Non je fais des allers-retours. Ma tournée suédoise pour Bang a eu lieu en automne donc j’ai dû y retourner.

P&S : Tu dis avoir écrit « Sad Thinking Of You » quand tu es venue vivre à Paris et que tu étais nostalgique de ta vie en Suède. Maintenant que le temps est passé, ce sentiment est toujours là ? 

Klara : Oui mais maintenant je suis nostalgique de Paris. J’ai passé un moment tellement incroyable ici et je croyais vraiment que je pouvais résoudre ce que je traversais en venant ici. J’avais besoin de développer ce sentiment de nostalgie pour Stockholm pour écrire cette chanson. Je ne ressens plus ça pour Stockholm aujourd’hui. C’est juste une ville, c’est pas le centre du monde comme je le pensais avant de déménager. Aujourd’hui je me rends compte qu’il y a des choses bien plus grandes que ça. Donc non, je n’ai plus le même sentiment, mais je reste une personne nostalgique et je suis nostalgique pour autre chose maintenant.

. On marchait dans les rues désertes et comme les bars étaient fermés, on faisait la fête dans le squat.

P&S: Dans tes clips « Hard Rock Café » et « Sad Thinking Of You » on te voit errer seule. Est-ce pour représenter tes premiers temps à Paris ? 

Klara : Oui, c’est ça. C’est marrant que tu le remarques. Surtout dans « Sad Thinking Of You », j’ai un coquillage que mon copain m’a donné. Ça m’a donné l’idée de marcher dans Paris en écoutant mon ancienne vie dans le coquillage en étant ailleurs. Parce que c’est exactement ce que je faisais, je marchais dans Paris. Je vivais dans un squat à Montmatre et j’y ai passé une bonne partie du confinement là bas. Il y avait aucun touriste et c’était super. On marchait dans les rues désertes et comme les bars étaient fermés, on faisait la fête dans le squat. « Hard Rock Café » parle de la période avant que je rencontre tous ces gens, quand j’étais toute seule et que je ne savais pas trop quoi faire.

P&S : Tu as collaboré avec deux membres de Phoenix, comment est-ce que cette collaboration a eu lieu ? 

Klara : Leur studio était juste à côté du mien. Leur batteur est suédois mais je ne le connaissais pas vraiment. Un jour, on s’est écrit, je ne sais plus pourquoi et je lui ai demandé s’il était à Paris et il l’était. C’était un peu une coïncidence en fait. J’ai rencontré Thomas (Hedlund) et Rob (Coudert) et on a collaboré.

P&S : Sur cet EP, ta musique a des influences un peu 70s et 80s, que t’évoquent ces périodes ? 

Klara : Je sais pas, les 70s m’ont toujours beaucoup inspirée, notamment le style vestimentaire. Mais musicalement, il y a tellement de styles qui m’inspirent qu’ils finissent par se mélanger dans le mien. Pendant que je faisais l’EP, j’ai beaucoup écouté McCartney II de Paul McCartney où il a tout produit tout seule et ça m’a beaucoup inspirée. Mais sinon, je ne pense pas vraiment à mes influences, ça vient assez naturellement et parfois ça sort avec un côté un peu 70s.

P&S : Et peux-tu nous parler un peu de la pochette de l’EP? 

Klara : La première fois que je suis allée au squat, j’étais avec un mec qui m’a montré sa chambre. Le squat était un ancien hotel avec ces petites chambres où ils vivaient. Bref, il avait cette peinture, qui est en fait un portrait de moi. Maintenant on est ensemble, mais c’était la première fois où j’ai su que je lui plaisais. Et je savais que ce portrait serait la pochette parce qu’il capturait lui aussi le temps que j’ai passé à Paris.

P&S : Tu as un morceau qui s’appelle Lucky Luke… 

Klara : Oui ! La première fois que j’ai fait la fête au squat, il fallait porter un chapeau, c’était le dress-code. Mon copain, avant que l’on soit ensemble, était là et il portait un chapeau de cowboy. Il m’avait donné une montre pour enfant avec le visage de Lucky Luke dessus et je l’ai associé à lui depuis.

J’ai tendance à vouloir expérimenter un truc, aller au fond des choses

P&S : Ton titre « Wheel of Fortune » est assez rock. Est-ce que c’est un genre que tu aimerais explorer davantage à l’avenir ? 

Klara : J’adorerais. J’écoute souvent Patti Smith en ce moment et son son m’inspire beaucoup ces temps-ci, avec des guitares, etc. J’ai tendance à vouloir expérimenter un truc, aller au fond des choses et ensuite faire quelque chose de complètement différent derrière. J’ai l’impression d’avoir fait ça avec mon dernier EP et je sais déjà que mon prochain projet n’aura aucun rapport. Mais j’adore jouer cette chanson en concert, c’est comme une grosse claque.

Sur ton premier EP, tu as reçu beaucoup de nominations et quelques prix. Est-ce que ce succès a eu un impact sur ton processus créatif. 

Klara : J’étais complètement dans la mouvance suédoise avant mais j’aime toujours développer de nouvelles choses, et trouver de nouveaux morceaux tout le temps. Donc c’était très important pour moi de ne pas faire un autre Hjärtansfröjd. Ça m’a mis un peu de pression et je ne voulais pas me répéter. Je ne veux pas être mise dans une catégorie inventée par les autres.


Beach Bunny par Alec Basse

À l’occasion de son concert à la Maroquinerie lors de sa tournée pour promouvoir son dernier album, Emotional Creatures, nous avons discuté avec Lili Trifilio, chanteuse et parolière de Beach Bunny.

Bonjour Lili, félicitations pour ton nouvel album, Emotional Creature, pourrais-tu le décrire en quelques mots ? 

J’ai envie de dire émotif – c’est dans le titre – ambient, et pourtant familier… très personnel !

Sur instagram, tu as une esthétique très féerique et portée sur la nature et pourtant la pochette de l’album et les clips ont un côté un peu science-fiction. Quelle était l’inspiration derrière ces visuels ? 

Au début de la pandémie, je ne regardais que des films de SF et j’écoutais beaucoup de Grimes, ça m’a donné envie de faire un album dans cette esthétique. Et comme l’album est sorti un an après, j’étais déjà passée à autre chose donc à toute cette esthétique un peu féerique. Mais à l’époque, tout ça résonnait vraiment avec ce que je vivais : la science fiction et ma déprime.

Tu as sorti deux clips qui font écho l’un à l’autre. Aimerais-tu un jour faire un album auquel s’attacherait un film ?

J’adorerais, mais c’est vraiment une question de budget et si je l’avais, je l’aurais déjà fait ce film. Dans tous les cas, je compte bien refaire des vidéos connectées comme ça plus tard.

Déjà sur ton premier EP, tu t’inspirais des émotions un peu cathartiques et du côté un peu prosaïque de la vie. Avec Emotional Creature, tu t’es encore plus affirmée là-dessus. Pourquoi est-ce que ça te parait important de parler de ces sujet-là dans ta musique ? 

Il m’est assez difficile d’être vulnérable sur certains sujets, et en tirant d’experiences personnelles et en écrivant dessus, ça a un effet assez thérapeutique pour moi. J’en retire beaucoup plus que si j’écrivais de la fiction et ça me permet d’aimer encore plus les chansons. Elles deviennent jamais ennuyeuses parce que je serai toujours attachée à l’expérience.

Et tu n’as jamais la crainte de sortir certains morceaux et d’avoir l’air vulnérable aux yeux d’inconnu.es ? 

Je pense que j’ai dépassé cette crainte et surtout les émotions que je ressentais en écrivant ces chansons. Mais pourtant, je garde quelques difficultés avec ma santé mentale, particulièrement l’anxiété. Je travaille toujours sur ma manière de la gérer mais le fait d’avoir une plateforme et l’admettre publiquement peut créer beaucoup d’anxiété aussi.

Et pourtant ta musique a un côté très joyeux, peu importe le sujet que tu abordes. Comment ça se fait ? 

C’est avant tout par goût personnel. J’écoute très peu de chansons lentes et plutôt du rock ou de la pop. C’est toujours des morceaux rapides et joyeux et peut être que ma capacité de concentration est trop courte pour apprécier les chansons lentes. Donc quand j’écris une chanson j’ai envie de la réécouter plusieurs fois sans m’ennuyer donc ça vient assez naturellement.

Dans plusieurs interviews, tu as affirmé que « Weeds » était ton morceau préféré sur cet album. Pourquoi ? 

J’aime beaucoup ce morceau parce qu’il y a un côté un peu « empowering » à la chanter. Dans mes autres morceaux, j’ai tendance à blamer les autres ou des choses extérieures pour mes problèmes mais avec « Weeds » j’ai plus l’impression de me responsabiliser pour mes problèmes et de travailler sur l’amour de soi. C’est un message que j’essaye d’apprendre mais je pense que c’est important de le chanter.

Est-ce que tu vois la musique comme une moyen d’exorcisme ? 

Je pense, oui. Avec « Weeds », c’est très agréable mais aussi utile pour mon esprit de parler de séparation et tout ça. J’ai envie d’écrire une chanson où je me laisse plus aller sur le moment présent et un peu moins pessimiste. J’aimerais bien écrire des chansons plus heureuses à l’avenir.

Tu as écris cet album pendant le confinement, est-ce que la période a eu un impact sur ton processus créatif?

Oui, il y a vraiment eu une influence. La pandémie, surtout en 2021, a été assez terrible pour moi. Je traversais une phase difficile et je pense que les thèmes des chansons viennent directement de ce que je ressentais à l’époque. Si la pandémie n’avait pas eu lieu, l’album aurait été complètement différent, donc j’imagine que c’est positif.

Certaines de tes chansons ont rencontré un certain succès sur TikTok. Est-ce que cette célébrité émanant des réseaux sociaux a eu un impact sur la création de l’album ? Par exemple dans ta perception de la musique et de la célébrité.

Je ne pense pas que ça ait eu un effet sur l’écriture des chansons, mais je pense qu’il y a eu un impact sur ce que je ressentais quand l’album était sur le point de sortir. J’étais beaucoup plus nerveuse parce que je savais qu’il y avait un public plus grand, prêt à comparer avec ce que j’avais fait avant. Donc ça a été un obstacle difficile à dépasser. Je voulais surtout que tout soit parfait.

Tu es la seule femme du groupe et pourtant l’esthétique du groupe reste très féminine. Est-ce que cette position a pu créer (notamment avec les médias, le public, plutôt qu’au sein du groupe) une dynamique particulière par le passé ? 

Je pense oui. J’ai surtout remarqué que les gens aimaient bien comparer des groupes avec ce genre de formation. Le plus intéressant, c’est que souvent, effectivement il y a une chanteuse et le reste des membres sont des hommes, mais d’un point de vue du genre musical c’est complètement différent. C’est un peu bizarre et j’ai trouvé ça intéressant mais c’est ni bien ni mal. Après, ça fait tellement longtemps qu’on joue et j’ai vu peu d’articles qui nous décrivaient comme un « groupe de femmes ».

L’année dernière, tu as collaboré avec ta chanteuse préférée, Marina (anciennement Marina and the Diamonds), comment c’était ? 

Un rêve qui se réalise ! Je pourrais pleurer rien qu’en y repensant. Mais c’était intéressant parce que c’était durant la pandémie donc on ne s’est jamais rencontrées ou ne serait-ce qu’échanger quelques mots. Elle m’a juste envoyé un fichier audio et je devais y ajouter ma partie. C’est super cool et j’adorerais collaborer avec elle à nouveau.

Et est-ce qu’il y a d’autres artistes avec tu aimerais collaborer ou c’était déjà la collaboration de tes rêves ? 

Ça l’était ! Peut-être que j’aimerais bien écrire une chanson avec elle parce que là, c’était sa chanson et j’ai juste pu écrire ma partie. Sinon, pour une autre collaboration, peut-être Paramore ou quelque chose avec Hayley Williams.