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Alexandre Bertrand

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Extrait de « Over your dead body » de Takashi Miike

Du 7 au 22 avril 2018, en parallèle de l’exposition Enfers et fantômes d’Asie au musée du Quai Branly – Jacques Chirac, se déroulera Fantômes d’amour et de terreur – Vision d’un cinéma hanté la programmation -gratuite!- d’une trentaine de longs métrages, en provenance d’Orient ou d’Occident, tous liés par la thématique commune du fantôme. 

 

Couverture du catalogue « Enfers et Fantômes d’Asie » par Stéphane du Mesnildot et Julien Rousseau aux éditions Flammarion

 

Du 10 avril au 15 juillet 2018, se déroulera l’exposition  » Enfers et fantômes d’Asie », une plongée mêlant les différents arts graphiques ou bien encore le théâtre pour un voyage dans l’histoire de la représentation des fantômes en Asie. Chapeautée par Julien Rousseau, responsable de l’unité patrimoniale Asie au musée du quai Branly – Jacques Chirac, l’exposition  » Enfers et fantômes d’Asie » mettra particulièrement en avant la partie consacrée au Septième Art tout au long du mois d’avril.

Sadako dans The Ring (1998)

En effet, du 7 au 22, la programmation d’une trentaine de longs métrages soigneusement choisis par Stéphane Du Mesnildot, critique aux Cahiers du Cinéma, spécialiste du cinéma asiatique, et notamment du cinéma fantastique japonais sera organisé gratuitement ( dans la limite des places disponibles) au musée du quai Branly. Quelle meilleure occasion alors de pouvoir découvrir ou redécouvrir des classiques du cinéma de genre tels que « Le carnaval des âmes« , « Ne vous retournez pas« , « Histoire de fantômes japonais » mais aussi les plus récents « Ring« , « Le voyage de Chihiro » ou bien encore le cultissime « Jack Burton dans les griffes du mandarin« (revu dernièrement à l’occasion du PIFF 2017)?

Éternel Kurt Russell dans Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin

L’au delà est une thématique universelle et Stéphane Du Mesnildot ne s’y est pas trompé en mettant des passerelles entre cinéma d’Asie et cinéma « d’Occident ». Du Japon de l’ère Edo « d’Histoires de fantômes japonais » au Los Angles des 80’s ( et la quasi coupe mulet de Kurt Russell) de Jack Burton dans les griffes du mandarin, de la mortifère Venise de  » Ne vous retournez pas » au Bangkok de « The Spiritual World« , toutes les époques et tout les lieux se prêtent à des histoires de fantômes. Et avec elles, parfois, souvent, l’une des meilleures façons de parler des vivants…

Pour voir dans le détail la programmation des trente films choisis dans le cadre de « Fantômes d’amour et de terreur – vision d’un cinéma hanté » au musée du Quai Branly c’est par ici !

Disponible en DVD depuis le 14 février 2018, la suite du mythique Blade Runner aura fait parler d’elle au moment de sa sortie. Pour un succès commercial relatif comparé aux standards actuels, le film a eu un accueil critique globalement dithyrambique. Et le spectateur dans tout ça il en pense quoi ? Deuxième édition des Discussions de fans avec Jérémie, Sébastien et Ninon.

L’agent K ( Ryan Gosling) plongé dans un monde ou la frontière entre virtuel et réel est bien mince…

 

Qu’est ce que tu as pensé globalement du film ?

Jérémie :J’ai été très agréablement surpris. J’avais franchement peur de ce que ça allait donner même si l’équipe autour du film était de bonne qualité sur le papier. Je suis rentré dans la salle en m’attendant à être déçu et ça n’a pas du tout été le cas. Pour moi, le film est très très proche du niveau du premier et un des points qui place le premier devant c’est aussi sa primauté chronologique. L’ambiance est fabuleuse dans ce film et on retrouve totalement le côté magnifiquement salle au niveau esthétique. Une chose que j’ai adoré, c’est la maîtrise de Denis Villeneuve à gérer des éléments omniprésents sans qu’il ne soit visible dans le champs de la caméra. Aujourd’hui, les réalisateurs ont tendance à tout montrer, ce qui ne laisse pas de place active au spectateur. Ici, la gestion de ce qui est montré et surtout de ce qui n’est pas montré est excellente. L’exemple typique est la première scène dans la ferme. La cocotte en fonte est omniprésente dans l’ambiance, au niveau sonore et visuelle car elle est un des seuls éléments que l’on distingue dans l’obscurité et pourtant, nous ne verrons jamais ce qu’il y a dedans malgré le fait que K regarde dedans .

Sébastien : Une grande réussite. Techniquement, d’abord le film est un petit bijou de maitrise et je pense que tout cinéphile, même ceux qui ne s’intéresse pas à la SF, devrait le voir ne serait-ce que comme objet d’études. Le chef op mérite un oscar, l’ambiance sonore est prenante et colle à l’image. Concernant l’histoire, c’est très fidèle au premier opus tout en étant un film à part entière. Il peut plaire à tous.

Ninon : J’avais peur de m’ennuyer, de ne pas aimer du tout et passer un moment pénible. Globalement je ne peux pas me décrire comme une fan de SF mais plutôt de Fantastique donc je partais sans grand espoir mais tout le monde en parlait de Blade Runner. J’ai toujours entendu dire que le premier était un monument de SF donc je me suis dit « pourquoi pas ? ». Lorsque j’ai su la durée du film j’ai vraiment croisé les doigts pour qu’il soit bien. Je suis donc allée voir Blade Runner 2 sans connaitre le 1er. Depuis j’ai visionné le premier. J’ai apprécié ce film mais sans plus. Je sais que je ne le regardais probablement jamais. On suit l’enquête d’un Blade Runner qui finalement tombe sur une réplicante qui aurait accouchée d’un enfant chose impossible normalement. On apprend qu’il s’agit d’une réplicante spéciale : Rachel. Que l’enfant aurait a peu près le même âge que notre Blade Runner. Il doit chercher l’enfant et le tuer parce que cela entrainerait une crise. Il pense que l’enfant c’est lui mais non ses souvenirs ont été manipulé pour protéger l’enfant de Rachel et du Blade Runner déserteur qui serait lui aussi un réplicant. Je passe le // qu’on peut faire easy avec le christianisme etc. Je trouve que l’histoire est traitée par-dessus la jambe. On perçoit ce qu’il y’a d’important dans tout cela et de crucial si on réfléchit mais les personnages pas vraiment. On dirait un film qui prépare plus une transition vers un Blade Runner 3 (je ne sais pas si c’est un projet qui existe) qu’autre chose. Ce que j’ai perçu c’est simplement que les personnes qui ont travaillé sur ce film aimaient cet univers et voulaient simplement s’y balader. Ce qui manque dans ce film je crois que ce sont de réels moments où les personnages s’interrogent sur ce qu’ils font, qu’ils se remettent en cause eux, leur système et leur façon de vivre, de penser. On dirait qu’ils sont immobiles. Je pense qu’il aurait dû traiter à fond les thèmes que l’existence de ces réplicants / esclaves impliquent. Toutes les questions morales, éthiques, philosophiques et psychologiques que cela entraine. Comment-en est on venu à un tel monde ? Par quel moyen ?

Le buzz autour du film, avant sa sortie, présentait le film comme l’un des meilleurs films de SF du début du siècle, tu en pense quoi ?

Ce n’est pas l’un des meilleurs. C’est LE meilleur. Ce film est une très grande oeuvre du cinéma de science-fiction. Il détrône District 9 qui était mon préféré du 21e siècle jusqu’à présent, juste devant Mad Max fury road.

Oui clairement, mis à part Mad Max peut-être,il n’y a même pas match. Pourquoi ? Les autres films manquent singulièrement de profondeur (on en reparlera). Après je n’aime pas trop définir Blade Runner 2049 juste comme un film de SF. Il tient autant (comme son aîné) du film de SF que du polar. Et dans un monde où une partie du public a des préjugés sur la SF, ça a son importance.

Cette histoire de meilleur film de SF du siècle c’est juste un coup de promo rien de plus. Le siècle est à peine entamée comment on peut dire une chose pareille, c’est absurde. C’est un film de SF sympa. On croit en la réalité de cet univers, il est très bien travaillé avec ce futur apocalyptique glauque et sinistre. J’aime bien l’idée d’une catastrophe écologique qui amène à ce monde. Hormis cela il ne restera pas dans les mémoires outre mesure.

@WarnerBrosPictures

 

Une suite à Blade Runner, ça en valait la peine ? D’ailleurs, qu’est ce que tu pensais du premier film avant qu’on parle d’une suite ?

 

Non clairement pas. Le premier se suffit à lui-même et n’avait nullement besoin d’une suite. D’ailleurs, j’aurais même préféré, quitte à faire une suite, qu’elle soit dans le même univers mais avec un scénario sans aucun lien avec le premier. Attention, ça n’enlève en rien ce que j’ai pensé du film. Il est vraiment excellent et l’équipe a clairement fait une oeuvre fantastique, pas nécessaire dans l’absolu mais fantastique. Ce que j’ai pensé du premier ? Un chef d’oeuvre ! Pour moi la meilleure représentation cinématographique de la mélancolie et du spleen Baudelairien. Des acteurs au top, une ambiance superbement écrasante, une empathie omniprésente sur la solitude absolue du personnage principal, et j’en passe. J’ai écrit un article là-dessus d’ailleurs pour ceux qui veulent avoir plus de détail 

C’est un monument du cinéma, une des définition du cyberpunk. Je l’ai vu quand j’en avais 20 (donc le film était déjà bien bien daté) et le cœur du film est resté intact. Cette ambiance oppressante et décadente, cette impression d’avoir perdu définitivement quelque chose à l’humanité en allant vers cette société si similaire à la notre. Cette réflexion sur l’humain…
Mis à part certaines coupes de cheveux qui m’ont fait sourire (ah les années 80 ), le film n’a pas pris une ride.Blade runner 2049 est presque indépendant du premier. Le point commun est cet univers très particulier. Et c’est pour ça que c’est une suite légitimite, il continue d’explorer un univers avec ses propres réflexions.
En fait la partie la plus imparfaite est le fait que deckard soit dedans car on sent qu’il est là parsque le studio a insisté qu’il soit dedans. On sent que c’est pour faire plaisir aux fans plus que pour l’histoire.

Alors le premier Blade Runner je l’ai vu seulement après avoir visionné le 2 et ben j’ai été choquée. Déjà tout le monde parle d’une histoire d’amour incroyable entre Rachel et  Deckard. J’ai jamais vu, à aucun moment de l’amour entre eux. Dans le 2, on nous parle de leur rencontre comme un coup de foudre etc. Eh bien dans le 1 franchement le coup de foudre je le cherche encore… Tout ce que je vois c’est que Deckard viole Rachel. Ensuite il l’emmène on ne sait où et elle le suit parce que ce film a été scénarisé par des truffes qui trouvent que le viol y’a rien de plus romantique et donc elle tombe amoureuse de lui comme par magie. Elle espère sans doute qu’il la sauvera et c’est tout. Franchement je n’ai pas compris du tout l’intérêt suscité par le 1. Bon après j’imagine que dans les années 80 ça devait être un film fou mais l’histoire comme elle est présentée ne casse pas trois pattes à un canard. C’est simplement un mélange de film noir et de Sf comme le 2 d’ailleurs.

 

Une des plus belles scènes du film
@WarnerBrosPictures

Que pense tu de cette mode actuelle de donner des suites à des œuvres marquantes, d’enrichir des univers passés ? ( cf Prometheus, Terminator:Genysis, Star Wars 7, Twin Peaks, le futur Predator)

 

C’est ! de ! la ! merde ! D’une part car beaucoup n’en avait pas besoin. D’autre part car la plupart du temps c’est entre le moyennasse et l’extrêmement mauvais. Jurassik World ou Terminator Genysis sont à la limite du ridicule, Prometheus et Alien Covenant, je ne préfère pas en parler, je vais vomir (et pas parce que je suis content). Star Wars 7 n’est qu’un copié collé complet mais inversé du 4 qui ne se justifiera qu’en partie si le 8 et 9 réservent de vrais surprises. Sinon ce sera une des trilogie les plus inutiles qui n’ait jamais existées. Heureusement la saga ou plutôt l’univers est sauvé par Rogue One qui est pour moi le meilleur « Star Wars » Dans cette vague de bof, heureusement qu’il y a eu Mad Max et Blade Runner. C’est à croire que plus personne n’a d’idées pour créer quelque chose de nouveau… Et c’est bien triste.

Ils sont pour la plupart ratés car ils manquent de fond. Ils n’existent pas en tant que films indépendants, ce sont des annexes des univers connus racontés de facon romancées. Donc peu importe l’intention louable ou non au départ, ça rate quasi invariablement.

Je pense que c’est simplement profiter des moyens actuels et surtout de la technologie pour essayer de remettre ces oeuvres à l’air du temps. Je ne vois pas trop l’intérêt et  pour Star Wars je vais attendre les avis des gens avant de me décider à le voir.

 

Après Indiana Jones et Han Solo, Harrisson Ford continue sa tournée d’adieu en reprenant le rôle de Deckard, pour quel résultat cette fois ? Est ce un retour réussi ?

 

Je pense qu’un certains nombre de personnes qui ont eu leur jour de gloire avec le nouvel Hollywood feraient bien de partir en retraite car ils n’apportent plus rien creativement parlant.

Je trouve que son seul retour réussi dans ces anciens rôle c’est Han Solo. Il n’était pas vraiment nécessaire de voir Deckard dans ce film.

 

Que vous inspire le relatif échec ( ou demi succès) au BO de Blade Runner 2 en ces temps ou on a quasi 5 films par an qui dépassent le milliard de dollars ?

 

Je suis au final mitigé. C’est toujours dommage quand un film de grande qualité ne soit vu et apprécié que par une petite quantité de gens. Ça ne va pas non plus forcément favoriser le genre (je rêve d’une anthologie de films dans l’univers de Shadowrun par exemple). Après je me console dans l’idée que ça ne va pas inspirer des producteurs avides d’argent facile pour faire des suites bâclées dans la hype du moment. Ce sont des films très exigeants, le temps doit être pris pour faire de la qualité.

Cyril Morin est un véritable touche à tout, à la fois compositeur, scénariste et réalisateur, celui qui se définit avant tout comme un « conteur » fête cette année ses 35 ans de carrière avec une double sortie d’albums. D’une part, la réédition de ses compositions pour la saison 1 de « Borgia » et d’autre part, son dernier opus  » New Dawn » : Une occasion en or de le rencontrer et d’échanger avec lui… 

Pochette de l’album New Dawn de Cyril Morin
DR : Julie Oona

Pop&Shot : Parlons de votre album « New Dawn », sorti il y a un petit mois maintenant. Pouvez vous nous dire quelques mots sur ses origines ?

Cyril Morin : New Dawn est un album qui vient de loin. Quand j’étais adolescent, j’ai travaillé, j’ai fréquenté de très bons musiciens de jazz. Mon instrument alors était la guitare. Mais j’ai fini par mettre de coté cet instrument… Et puis, avec le temps, j’ai eu ce projet de revenir à cette époque. Je me suis mis à écrire tout en reprenant la guitare, pour me remettre un peu au niveau, dans la mesure où beaucoup de compositeurs, par la force des choses, ne pratiquent plus forcément un instrument… C’est comme ça que j’ai pu mener à bien ce projet qui vient de mon adolescence…

P&S : Est ce que vous pouvez nous parler de vos sources d’inspiration ?

Cyril Morin : Justement, je pense que les musiciens écoutés pour cet album sont les mêmes que ceux que j’écoutais à l’adolescence… Il y a une grosse influence de Jaco Pastorius, de Brad Mehldau…  qui n’était pas là à l’époque, qui est plus récent. En fait, à l’époque il y avait trois types de musiciens : ceux qu’on écoutait sur des albums, Chick Corea, Herbie Hancock… Chick Corea que j’ai vu il n’y a pas longtemps, Herbie Hancock que j’ai pu rencontrer… L’influence est très vaste… On pourrait parler des musiciens de jazz dans la musique de films… Mais contrairement à de la musique de films, dans ce genre de cas de figure, on n’est pas limité pour les solos et on est dans une grande liberté, y compris dans l’improvisation.

P&S: Est ce que le fait de revenir aux sources, c’est pour vous un nouveau tournant avec une boucle bouclée ?

Cyril Morin : En fait, je fonctionne avec beaucoup de boucles, dans mon travail et dans ma vie. En effet, avec les musiciens avec qui je travaillais, on écoutait beaucoup Mahavishnu Orchestra, Zaba, Jean Luc Ponty. Des années plus tard, par chance, j’ai pu faire écouter à Jean Luc Ponty mon album, ici, dans mon studio… C’est ce que j’appelle une boucle. On écoute quelqu’un à une époque, après on le rencontre et après… Je pense pas que j’aurais été capable de l’écrire mais mes références étaient à ce moment là. ça prouve qu’on est sur le bon chemin, tout d’abord, ça boucle quelque chose avec la passé… C’est quelque chose qui m’arrive très souvent, qu’on appelle la synchronicité. Je fais très souvent attention à ça, aux symboles et ce que ça veut dire…

 


« New York est une ville inspirante, car tout le monde est passé par New York »


 

 

P&S : Pour le clip de Ballad with Jaco, vous avez mis en images New York. Vous  avez pour habitude de mettre de la musique sur les images, est ce que l’inverse est aussi facile ?

Cyril Morin : J’ai fait quelques clips. Qui étaient basés sur des films, des rushs augmentés si l’on peut dire…. Et j’avais toutes ces images tournées à New York et j’avais envie de leur donner un sens, j’ai eu envie de les compiler avec tout les prénoms de ces jazzmen… C’est vrai que New York est une ville inspirante, car tout le monde est passé à New York… Tout les jazzmen sont passés à New York… Tout les artistes sont passés à New York… Quand on se ballade dans la rue c’est toujours quelque chose de chargé, il y a toujours quelque chose dans l’air, donc je trouvais ça bien de passer par New York, là où on sait que tant de musiciens, que l’on connaît tous, sont passés.

Couverture de l’album de la saison 1 de Borgia DR

P&S : L’intégrale de vos compositions sur la saison 1 de Borgia sort prochainement. Pouvez vous nous en dire plus sur votre participation à ce projet ?

Cyril Morin : Le constat c’est que quand on compose pour une série, on prend le générique, les morceaux les plus longs et ça fait la BO. Mais ça ne reflète pas vraiment tout le travail qui est réellement fait, c’est à la fois un travail de précision et de changement de rythme. Il faut savoir qu’une scène de série dure généralement une minute, on a une musique qui illustre cette scène, puis on passe à une scène suivante, etc… Une musique d’ambiance va succéder à une musique d’action puis une musique dramatique,etc… Je parle bien sur pour une musique de série, au cinéma c’est différent, on a plus de temps pour dérouler sa musique et on peut donc avoir quelque chose qui se suit. En reprenant mes différentes compositions faites pour la saison 1 de Borgia, je me suis dit qu’il y avait du sens et qu’en en groupant certaines, en en séparant d’autres, ça donne plus l’esprit d’un opéra. Avec des variations importantes plutôt que des thèmes qui se succèdent et qui n’ont pas forcément de lien. Mais il n’y a pas la dramaturgie, je dirais même l’inter dramaturgie. C’est à dire la combinaison des différents drames, les différentes tensions que peuvent vivre les personnages. Cette inter dramaturgie est beaucoup mieux mise en valeur dans cette BO que dans celle sortie à l’origine.

 

 


« La musique est un triangle entre ce qu’on a voulu dire, le résultat et celui qui dirige tout ça, le réalisateur »


 

 

P&S : Comment se passe le processus créatif sur une série ? Comment s’est passé le processus créatif sur Borgia ?

Cyril Morin : Sur une série, au niveau de la musique, il faut vraiment être force de propositions. J’ai beaucoup composé en amont, j’ai fait écouter beaucoup de musiques à Tom Fontana ( NDLR : le showrunner de Borgia), il me donnait son sentiment sur ce qu’il aimait, ce qu’il aimait moins… Quand les images sont arrivés, je me suis perçu qu’une grande partie de la série était plus intimiste que prévu, c’est à dire que ça se passait plus en huis clos que dans des grands espaces. Une partie des musiques que j’avais fait ne convenait pas, car j’étais plus parti sur quelque chose d’épique, de grandiose. Finalement, on a utilisé ces musiques là pour les scènes spectaculaires avec de grands espaces, de la foule, des figurants,etc… J’ai donc retravaillé sur les scènes intimistes, on est comme dans Le Parrain, c’est l’histoire d’une famille . Mario Puzo, qui a écrit Le Parrain, a sorti récemment un livre sur les Borgia ! Le parallèle est intéressant.

P&S : Le processus créatif se fait donc en deux temps : avant les images et après les images. Est ce que cela se passe toujours de cette façon ?

Cyril Morin : Oui parce que la musique est un triangle entre ce qu’on a voulu dire, le résultat et celui qui dirige tout ça, le réalisateur. Finalement, c’est dans ce triangle qu’on doit se retrouver. C’est ce triangle qu’on doit combler musicalement, c’est à dire qu’il est possible que pendant le tournage on n’ait pas la scène que l’on voulait faire, l’ambiance qu’on voulait retranscrire, mais le fait de connaître le script permet de rajouter un petit élément dans la musique pour d’une certaine façon rattraper la scène. C’est l’équation entre ces trois choses qui permettent de faire une bonne musique de film/série. Je pense vraiment qu’il faut écouter les trois, même si j’aurais tendance, avec l’expérience à privilégier le scénario.

P&S : Est ce qu’il y a une différence entre composer pour une grosse production internationale, comme Borgia, et une saga de l’été française, comme vous avez pu le faire avec Méditerranée, il y a quelques années ?

Cyril Morin : C’est la même chose. L’époque a changé bien sur, on attend plus la même chose qu’avant. La fiction française a changé, elle est en pleine évolution, même si à mon avis elle est encore un peu lente. Ce qui a changé c’est le thème. On est moins demandeur sur une thématique, on est plus demandeurs sur une atmosphère. Il n’y a plus le rendez vous télévisuel, on regarde la série quand on veut. On va la chercher, à l’époque, elle passait. Ce sont deux approches très différentes, on recherchait le thématique pour que ce soit fidélisant, alors qu’aujourd’hui, ce n’est pas la musique qui fera qu’on sera fidèle ou non à une série. On a besoin de rentrer dans une ambiance, parce qu’en rentrant dans une série, on va y rentrer pendant 12 heures, 24 heures, 36 heures, c’est pourquoi donner la meilleure ambiance possible est essentielle. La musique crée un véhicule qui ballade le spectateur au milieu de personnages qui sont souvent plus complexes que dans le cinéma.

 


« Je travaille plus sur les sentiments que sur l’image »


 

P&S : Est ce que vous avez senti une évolution similaire dans l’univers du cinéma ? Et avez vous ressenti une évolution sur votre façon de travailler ?

Cyril Morin : Oui. J’ai moins besoin des images. Je travaille beaucoup plus sur les idées que sur les images. Je travaille beaucoup plus sur les sentiments que sur le spoting de l’image. Le spoting de l’image c’est le fait de dire « il rentre là, il ferme la porte, on passe d’un plan large à un plan serré sur le personnage et il ressort de la pièce » et que la musique doive suivre ce mouvement. Ce n’est pas quelque chose qui est intéressant au premier abord. Ce qui est intéressant c’est de se dire « on va dans tel univers , je vais prendre tels ingrédients qui sont de l’orchestration, je vais me rendre dans cet univers avec ces ingrédients et on va donner une couleur particulière, mais une couleur qui est pensée avant même d’avoir vu les images. Maintenant, c’est toujours bien de voir quelques rushes, quelques extraits, pas forcément le film en entier. Ça m’est arrivé récemment et souvent arrivé dans ma carrière. Vous avez mentionné « Méditerranée » tout à l’heure, pour « Méditerranée » j’ai fini la musique, le dernier jour de tournage ! Dans l’équation Histoire/Résultat à l’image/Vision du réalisateur, sur cet exemple précis, je me suis basé beaucoup sur ma relation avec le réalisateur, ce qu’il attendait et sur l’histoire, le script. C’est intéressant, je me souviens avoir rencontré Gabriel Yared qui lui me disait qu’il ne travaillait que sur le scénario. Et à l’époque je ne comprenais pas, j’avais presque trouvé ça loufoque ! Et en fait, quelques années plus tard, j’en suis arrivé à la même conclusion. Après, il y a des films ou on ne reçoit pas le scénario et ou on reçoit directement le film! Ça a été le cas sur mon dernier travail pour le cinéma d’ailleurs… On est dans une toute autre logique de création dans ce cas de figure…

P&S: Vous avez été récompensé dans de nombreux festivals, qu’est ce que ce type de reconnaissances vous apporte ?

Cyril Morin : Sur le plan personnel, tant que ce n’est pas un des prix majeurs de la profession, ça n’apporte pas grand chose. On ne va pas tourner autour du pot (rires). En même temps, je n’ai pas participé à beaucoup de compétitions françaises, car je n’ai pas réalisé de film français. Je n’ai eu qu’un film nommé pour les Césars. Pour les prix majeurs, il faut savoir que c’est quand même un gros travail d’attaché de presse. Tout seul, on a beau faire la plus belle musique du monde, on n’aura pas de prix. C’est très politique. La musique de film est très politique. Donc, je ne peux pas dire que ça m’ait apporté grand chose. A part… A part une grande satisfaction personnelle. quand on est musicien, la moitié de son enfance on joue faux. On essaie de faire des groupes, ça sonne pas terrible. Et petit à petit, on arrive à sortir quelque chose, mais ça prend vingt ans ! Peut être que les générations nouvelles sont beaucoup plus talentueuses et baignent dans de plus nombreuses influences, donc sortent des choses plus tôt. Mais il faut savoir que la moitié de son enfance, on est pas du tout un héros. C’est du travail la musique. Du coup, quand on a ses premiers droits d’auteur, quand on a ses premières récompenses dans des festivals, dans des petits festivals, ça fait extrêmement plaisir.

The Activist Cyril MorinP&S : Vous avez été récompensé, notamment pour The Activist, quelle différence faites vous entre la composition d’une musique, l’écriture d’un scénario et la réalisation ?

Cyril Morin : C’est une vaste question. J’ai beaucoup raconté d’histoires dans mes musiques ou mes albums personnels. Mais en musique, quand on envoie une histoire musicale, qui n’est pas chantée et est juste instrumentale, à cent personnes on aura cent histoires différentes. On n’est pas dans la précision d’une histoire. On est très flottant, très aérien, très dans l’éther… On est pas dans quelque chose de concis et de précis. Une autre façon de raconter une histoire, avec la même énergie, c’est justement d’écrire une histoire. C’est dire « là je vais vous parler de l’insurrection indienne en 73, à Wounded Knee, sous Nixon, à la fin de la guerre du Vietnam, le Watergate, les Oscars avec Brando », c’est dire « je vais vous parler de ça ». ça devient quelque chose d’extrêmement précis dans la communication. C’est une autre approche, moins éthérée, plus terre à terre, plus frontal, plus physique. C’est une autre façon de raconter une histoire. Passer à la réalisation après, c’est du coup continuer ça avec de l’image. Avec ces films ( NDLR : « la trilogie US »), c’était une sorte d’apprentissage. Ce n’est pas forcément évident quand on commence assez tard, comme je l’ai fait, avec ces films qui sont fait avec peu de moyens mais qui permettent de dire quelque chose, d’avoir un autre type d’expression. Après sur les images en elles mêmes on peut toujours s’améliorer… Je suis avant tout un raconteur d’histoire. Que j’écrive, que je compose ou que je réalise. Je ne suis pas intéressé par la pure forme, je suis intéressé par le fond. Tant pis si c’est de manière un peu classique parfois. « The Activist » a une réalisation très classique. Après, avec la pratique, on apprend à jouer avec les images, à les rendre plus volatiles, mais ça c’est quelque chose qu’on ne peut pas maîtriser tout de suite, sauf à sortir d’une école de cinéma et d’avoir étudié pendant de nombreuses années… J’apprends à le faire.

 


« Ce qui m’intéresse c’est de parler de la société »


 

P&S : Est ce un choix délibéré ou un concours de circonstances qui vous ont amenés à travailler sur des sujets ou histoire et politique sont étroitement liés, comme « Mitterrand à Vichy », « Série Noire »,etc… ?

Cyril Morin : C’est un vrai choix d’être dans des histoires mêlant politique et histoire. Ce qui m’intéresse c’est de parler de la société. C’est vraiment un choix de départ. J’ai jamais fait dans « l’entertainment ». J’aurais adoré faire un Disney, mais c’est pas moi. Tout simplement. Je suis plus dans une réflexion. Dans la forme d’expression, il y a une vision sur la société. C’est ce qui explique pourquoi je suis passé à l’écriture et à la réalisation. J’exprimais déjà ces sujets, si vous écoutez « Flood », un vieil album, ça parle d’un certain nombre de sujets, il faut lire les titres… C’est l’un des avantages de la musique, de pouvoir dépasser les paroles, la compréhension consciente, classique mais c’est aussi un de ses désavantages quand on veut raconter quelque chose de plus précis. On peut passer à coté.

P&S : Pour conclure, quels sont vos projets à venir ?

Cyril Morin : J’ai deux BO, deux musiques de films qui vont sortir cette année. J’ai un album qui sortira l’an prochain, qui est la suite de « Ayurvéda ». Ayurvéda 2  sera dans un style très différent. En matière de films j’ai beaucoup de projets, j’écris et je développe beaucoup, sur plusieurs formats. Beaucoup de projets qui se sont accumulés commencent à prendre forme. Il y a un documentaire, une série, voire deux séries, il y a un long métrage, que j’ai écrit, qui est français d’ailleurs, sur lequel je suis juste au scénario et enfin, il y a mon prochain film. Il doit se tourner l’année prochaine. Sa thématique sera « 50 ans de la vie d’un couple »

 

 

Couverture du tome 2.2  » Court-circuit »
DR Thomas Von Kummant


Pop&Shot
inaugure une nouvelle rubrique avec les castings idéals. Pour l’inauguration, la bande dessinée Gung Ho, commencée en 2013. De quoi ça parle Gung Ho ? C’est quoi un casting idéal ? Pop&Shot va tout vous dire dans les prochaines lignes…

Gung Ho : C’est quoi ?

La couverture du premier tome / Fort Apache
DR T. Von Kummant

Scénarisé par Benjamin Van Eckartsberg et mis en images par Thomas Van Kummant, Gung Ho est une bande dessinée prévue en 5 tomes. Les trois premiers sont sortis en 2013, 2015 et 2017. L’œuvre est publié par l’éditeur suisse Paquet. Bénéficiant d’une esthétique léchée, chaque tome est découpé en deux dans un premier temps dans une édition DELUXE grand format, de quoi donner un écrin du plus bel effet à cette œuvre sortant des sentiers battus.

Un exemple de l’esthétique et de l’atmosphère si particulière dans Gung Ho
DR Thomas Von Kummant

Mais de quoi ça parle ? Dans un futur indéterminé, quelque part en Europe, Fort Apache est une communauté retranchée, n’arrivant à survivre que par les approvisionnement  en provenance de la grande ville. Quelques décennies auparavant, le monde a été balayé par les Rippers, une espère de gros singe albinos aux griffes et aux dents acérés. Les survivants se sont repliés dans des grandes enceintes reliés entre elle par une ligne de chemin de fer. Si les Rippers sont facilement éliminables, l’Humanité n’a pas encore repris l’initiative et se contente de survivre en préservant un statu quo. C’est dans ce contexte qu’arrive, Zack et Archer Goodwoody, deux orphelins en provenance de la grande ville voisine, expédiés à Fort Apache en pénitence de petits délits commis à l’orphelinat et ailleurs. La communauté est régie par Ava Kingsten, vétéran des guerres perdues contre les Rippers, tout comme Williams, le prof chargé des cours d’auto-défense. Passerelle entre la grande ville et Fort Apache, Bagster apparaît comme un gestionnaire corrompu et  louche, à l’opposé de Williams, le chef des chasseurs, en charge de protéger la ville et de nettoyer les environs à intervalles réguliers… Mais Zack et Archer ne sont pas encore des adultes, et c’est auprès des jeunes de leur age , Pauline, Sophie, Clarissa, Salim, Bruno, Holden et autres Bumble qu’ils vont devoir s’intégrer. Rivalités. Amours. Amitiés vont émailler leur intégration. La vie d’ados ordinaires en somme…

 

Gung-Ho : C’est bien ?

L’arrivée des frères Goodwoody à Fort Apache
DR Thomas Von Kummant

Ce qui marque dans Gung Ho c’est la façon dont l’œuvre prend à contre pied les archétypes et les attentes du lecteur. L’histoire se situe dans un univers post-apocalyptique ? Pourtant, point de ruines ni de grisaille. C’est sous un soleil de plomb, dans un été quasi perpétuel que se déroule l’histoire. Un univers sans foi ni loi ? Au vu des ages des vétérans Ava ou Williams, on comprend que le fléau remonte à plusieurs décennies maintenant. Et si il y a des règles bien établies, les survivants semblent s’organiser selon un système qui marche. Une histoire adolescentine digne des productions de la CW alors ? Chaque moment de liberté, de lâcher prise des personnages se paye au prix fort rappelant la situation dans laquelle se trouve l’humanité.

En lisant les interviews des auteurs, et en parcourant leur œuvre, il apparaît assez vite que l’endroit, voire le background semble secondaire, ce qu’ils veulent nous raconter c’est l’histoire, universelle et intemporelle, d’une jeunesse qui veut s’affranchir des règles imposées par les adultes et profiter du temps qu’il leur reste dans ce monde qu’ils n’ont pas choisi. L’esthétique de l’environnement crée par Von Kummant est particulièrement soignée et, bourée de détails, elle permet une immersion très rapide dans le récit. En ouverture du premier tome, il nous est expliqué que Gung Ho est le cri que poussaient les GI pendant la Seconde Guerre Mondiale pour se donner du courage. Et qu’en terme général, il s’agit d’une expression désignant une action inconsidérée. Gung Ho c’est le crédo que vont suivre les jeunes de Fort Apache tout au long de la série ( qui n’en est qu’aux 3/5ème de sa durée prévue à l’origine par les auteurs), au fur et à mesure que les intrigues du monde des adultes les rattrape avec un sabotage inquiétant pour la survie à terme de Fort Apache et l’exclusion de l’un des leurs…

 

Gung Ho : Pourquoi l’adapter ?

Parce que. Voilà c’est dit. Fin de l’article.
Parce que c’est une œuvre sortant des sentiers battus, à l’ambiance unique en son genre, plongeant le lecteur dans un univers dont il est difficile de sortir et à l’esthétique rare. Parce que trois décennies après, cela pourrait être l’occasion d’un Outsiders-bis, cette œuvre de Coppola de 1983, à l’ambiance particulière et stylisée parlant d’une jeunesse tentant de survivre dans un environnement hostile. Et qui avait pour elle de réunir les jeunes et encore méconnus Patrick Swayze, Matt Dillon, Diane Lane, Tom Cruise, Rob Lowe ou bien encore Emilio Estevez. Une œuvre permettant de rassembler les talents de demain ou au moins certains d’entre eux. De plus, cela pourrait permettre de surfer sur la vague des dystopies adolescentines, même si celle-ci est plus sur le déclin qu’autre chose avec l’interruption prématurée de Divergente ou bien la 5ème Vague, future saga portée par Chloé Grace Moretz tuée dans l’oeuf au vu des résultats critiques et commerciaux plus que mitigés. Enfin, tout simplement, une adaptation permettrait de mettre en lumière les qualités de l’oeuvre concoctée par Von Kummertrant et Von Eckartsberg !

 

Gung-Ho : Les règles d’un casting idéal

Yuki et son père affrontant les Rippers
DR Thomas Von Kummant

Même si tout ceci relève du fantasme du fan, quelques règles pour encadrer cet exercice intellectuel (dirions nous si on était pompeux) :

  • Coller au maximum à l’age des personnages. Ainsi dans le groupe de jeunes, pas de « syndrome Dawson » à l’horizon, ce ne sera pas des trentenaires qui vont jouer les ados. Aucun du groupe de jeune n’est né avant 1996, afin de coller le plus possible à l’age des personnages de la BD.
  • Pas de All Star Cast. L’idée est d’être le plus réaliste possible. Pas de Hugh Jackman, Jennifer Lawrence ou Tom Cruise pour faire le balayeur #12 ou le cuisinier en fond de case qu’on voit une fois ou deux. L’idée du casting reste d’être le plus proche possible si une adaptation grand public ( c’est à dire américaine pour aller à l’essentiel) devait voir le jour à l’instant T. Gung-Ho reste une BD marchant bien en Europe mais pour l’instant c’est tout. Si une adaptation devait voir le jour, il y aurait des noms connus mais pas énormissimes non plus.

 

Gung-Ho : Le casting idéal by Pop&Shot

 

Le metteur en scène : David Robert Mitchell

Le réalisateur D.R Mitchell a fait parler de lui avec le fameux It Follows. Auparavant, son premier film, The Myth of the American Sleepover, avait marqué les esprits avec une ambiance particulière ou les errements d’un groupe d’ados se baignaient dans une ambiance tout droit sorti d’un slasher sans que le danger ne survienne réellement. It Follows était un brillant film illustrant à merveille la métaphore de… La métaphore de quoi ? Sans jamais vraiment comprendre quel était la signification profonde du film, Mitchell avait réussi à retranscrire parfaitement la tension et le danger omniprésent qui pouvaient guetter son personnage principal. Qui de mieux que lui pour mettre en scène cette histoire d’un groupe d’adolescents vivant dans un environnement ou le danger est omniprésent et peut surgir à tout moment ?

Ou bien cncore : Le déclinant Adam Wingard, adepte des couleurs saturées et dont la musique joue un rôle important dans ses films (principalement dans The Guest et Death Note, une des ses réussites et un échec patent) aurait toute sa place dans une histoire colorée et ou la musique joue un rôle important. Sinon Alfonso Gomez Rejon, metteur en scène et producteur d’American Horror Story et de Glee, avait su créer une ambiance marquante dans le remake/suite de The town that deaded sundown. Sachant styliser sa mise en scène, spécialiste des histoires d’ados ( Glee ou bien encore la saison Covent d’AHS est là pour l’illustrer) et pour qui, la musique a une place dans chacune de ses histoire, il ferait un second choix idéal.

 

Les personnages

De gauche à droite : Archer et Zack Goodwoody , Yuki et Salim
DR Thomas Van Kummant

 

Archer Goodwoody / Blake Michael

DR Alex Mc Donnell

Aîné de Zack. Il est fort en gueule et l’un des plus vieux parmi les « jeunes ». Musicos aux cheveux longs, un peu contrebandier sur les bords, il sait s’attirer la sympathie de tout le monde. Mais il ne respecte que ses propres règles, n’ayant aucune confiance dans les adultes et bravant constamment leur autorité. Ce qui ne va pas etre sans lui poser de problème… Il est l’archétype de la tête brûlée charismatique qu’aurait pu jouer un Tom Cruise il y a un peu plus de trois décennies, Brad Pitt quelques années plus tard ou un Josh Hartnett à la fin du siècle dernier.
Blake Michael est un produit de l’écurie Disney Channel. Et alors ? Cela a pu donner Ryan Gosling, Anne Hattaway, Britney ou bien encore Justin Timberlake au cours des années passées. Jouant dans Lemonade Mouth ou bien encore #doggyblog, il a joué Alcide Herveaux jeune dans un épisode de la série True Blood.

 

Zack Goodwoody / Ethan Cutkosky

DR

Zack est l’un des deux personnages principaux avec son frère Archer. Il est l’un de ceux par qui on découvre Fort Apache et son mode de fonctionnement. Adolescent rebelle, ayant fait les 400 coups avec son aîné, il est néanmoins celui qui cherche le plus à s’intégrer, copinant avec Salim ou flirtant avec Pauline puis Yuki…
Qui de mieux que Carl Gallagher depuis 7 saisons maintenant de la série Shameless pour incarner l’un des deux frères Goodwoody ? Il ne serait pas en terre inconnue en incarnant ce rebelle ado qui joue avec les règles.

Yuki / Ai Hashimoto

DR

C’est la fille du célèbre Taneka Hasegawa. Formée aux arts martiaux par son père depuis sa plus tendre enfance, elle se laisse de plus en plus aller au contact de la bande de Zack, et plus particulièrement avec ce dernier. Son père parlant très mal la langue en vigueur à Fort Apache, elle fait dans un premier temps office de traductrice.
Ai Hashimoto est une jeune actrice et modèle japonaise qui a obtenu le prix de la révélation féminine dans son pays pour The Kirishima Thing. Elle est apparue dans les adaptations live de Parasite.

Salim / Abraham Attah

DR Tommaso Boddi

Pote rigolard de Zack. Il est celui qui fait découvrir Fort Apache au jeune Goodwoody et a le rôle de sidekick du héros. Il convoite Pauline sans jamais vraiment oser se lancer.
Véritable révélation de Beasts of no nation et lauréat pour le coup de nombreux prix pour son rôle d’enfant, Attah est un des plus prometteurs acteurs de moins de 20 ans qui soit. C’est pour cette raison que sa place est toute trouvée dans ce casting idéal de Gung Ho et que le ghanéen pourrait facilement transcender le rôle archétypal au final assez limité de Salim.

 

 

 

De gauche à droite, les adultes : Morgan, Kingsten, Lombard, Williams et Tanaka
DR Thomas Von Kummant

 

Morgan / Dave Bautista

DR

Morgan est le chef des chasseurs de Fort Apache. Bras droit armé d’Ava, c’est lui qui assure la sécurité de la communauté. Il est le père d’Holden et même s’il semble du bon coté, au fur et à mesure du récit, il apparaît comme quelqu’un de dur et inflexible.
Dave Bautista commence à creuser son sillon dans la catégorie des anciens sportifs reconvertis acteurs. Sans atteindre la coolitude et les sommets de Dwayne Johnson aka The Rock, sa présence dans Les Gardiens de la Galaxie et dans le dernier James Bond montrent que sa notoriété est en hausse. Néanmoins, il est pour l’instant considéré comme un second rôle (comme dans le remake de Kickboxer) et pourrait très bien jouer ce rôle dans une adaptation de Gung-Ho.

 

Ava Kingsten / Sigourney Weaver

DR

Ava est la leader de Fort Apache. Elle fait respecter à la règle les lois régissant la communauté isolée, tentant autant que faire se peut de maintenir l’approvisionnement et le bon fonctionnement de sa ville. On sait d’elle qu’elle est une vétéran des guerres ayant eu lieu suite à l’apparition des Rippers et qu’elle a perdu sa famille au cours de ses tragiques événements.
Une ancienne guerrière faisant preuve d’autorité ? Jouons la méta à fond et qui de mieux que Sigourney Weaver, éternelle Ellen Ripley, pour incarner la figure d’autorité de Fort Apache. C’est peut être le nom le plus connu à l’international du casting… Linda Hamilton ou Geena Davis, les inoubliables Sarah Connor et Charlene Elizabeth Baltimore, ont longtemps été dans la short list pour le coté méta des personnages qu’elles ont incarné au cours de leurs carrières et de ce qu’elles peuvent représenter dans l’inconscient collectif. Barbara Sukowa, de la série 12 Monkeys, a figuré aussi dans la liste pendant très longtemps, ressemblant le plus physiquement au personnage dessiné par Van …. et ayant pour elle d’être allemande, comme les auteurs de la bande dessinée. Mais rien ne peut vraiment supplanter Ripley.

Miss Lombard / Marianne Sägebrecht

DR stern.de

Madame Lombard fait office de professeure pour les jeunes de Fort Apache. On ne la voit pas plus que ça pour le moment, à ce stade du récit. Du coup, son interprète pourrait donner l’occasion d’être jouée par l’inoubliable Jasmin dans Bagdad Café et sortirait Sägebrecht de sa retraite.

 

 

 

Monsieur Williams / Stephen Lang

Stephen Lang dans la série SALEM
Dr

Williams est un vétéran du désordre causé par l’apparition des Reapers. Il enseigne l’art de se défendre et du maniement des armes aux jeunes générations de Fort Apache depuis…
Stephen Lang est une gueule de cinéma comme on en fait (presque) plus. C’est déjà le constat qui était fait au moment de la sortie de Don’t breathe, et de façon plus général depuis le rôle de bad guy qui l’a mis en lumière au moment de la sortie d’Avatar (rôle d’ailleurs qu’il devrait reprendre dans les suites!!!). Il a ce qu’il faut de ressemblance pour incarner ce personnage important de Fort Apache.
Si Lang n’est pas disponible, la bonne vieille trogne de Ron Perlman pourrait parfaitement faire l’affaire !

 

Tanaka Hasegawa / Sonny Chiba

Sonny Chiba en compagnie de son éternel élève Kenji Oba
DR journaldujapon

Nouveau professeur d’auto-défense de Fort Apache arrivant au cours du tome 2 en compagnie de sa fille. C’est une ancienne star des arts martiaux envoyé par le Conseil Municipal pour former les jeunes de Fort Apache.
Là aussi, quitte à la jouer méta, autant y aller à fond ! Un Japonais star des arts martiaux ? Pourquoi ne pas prendre LA star japonaise des arts martiaux ? Sonny Chiba. Celui qui avait été surnommé « la réponse du Japon à Bruce Lee » dans les années 60-70 et qui avait été mis à l’honneur par Tarantino dans le rôle du sensei de Uma Thurman dans Kill Bill 2 fait office de candidat idéal. S’il est considéré comme étant trop vieux, son élève Kenji Oba, lui aussi vu dans Kill Bill 2 et notamment la série X-Or pourrait très bien faire l’affaire. Autre icône au Japon, l’inénarrable Takeshi Kitano ( Zatoichi, Battle Royale ou bien encore Ghost in the Shell) continue encore à tourner, contrairement aux deux autres et son cast serait autant un clin d’œil méta qu’un choix artistique judicieux et justifié. D’autant que Von Kummant, le dessinateur de Gung Ho semble directement s’en être inspiré si l’on en croit ses interviews.

 

DR Thomas Von Kummant

Bagster / Andy Serkis

DR The Works / Universal

Bagster est le gestionnaire de Fort Apache. En lien avec les membres du Conseil Municipal de la grande ville voisine, c’est de lui dont dépend l’approvisionnement en nourriture et matériel de la communauté. Une place de choix. Dont il abuse allégrement en profitant d’avantages parfois même en nature. La pourriture de l’histoire, pour le moment.
Andy Serkis est peut être un nom qui ne dit pas grand chose au grand public. Mais si je dis Gollum, King Kong, César dans la Planète des Singes. Serkis est un grand acteur ayant donné ses lettres de noblesse à la motion capture ( technique permettant d’enregistrer les positions et rotations d’objets ou de membres d’êtres vivants, pour en contrôler une contrepartie virtuelle sur ordinateur) dont les rôles en chair et en os ont été assez rares ces dernières années. Sa participation à un projet modeste, en comparaison aux centaines de millions de dollars de productions des films super héroïques ou même du milliard de budget des suites d’Avatar !!, peut sembler une opportunité crédible.

Pour jouer un des hommes de main, transpirant l’intelligence, de Bagster et au cas ou l’histoire de Gung Ho évoluerait vers plus d’action ( une « marée blanche » de Rippers? Un groupe humain extérieur?), l’occasion pourrait être donné de donner un petit rôle à des spécialistes de la tatanne dans la tronche comme Cyril Raffaelli ( Banlieue 13, Die Hard 4), Scott Adkins ( Doctor Strange, Ninja), Georges Saint Pierre ( Captain America 2) ou bien pourquoi pas lancer la carrière d’acteur d’un Conor Mc Gregor.

 

 

De gauche à droite, Sophie, Clarissa, Pauline, Céline
DR Thomas Von Kummant

 

Sophie et Clarissa / Zendaya et Peyton List

Zendaya
Peyton List
DR The Thinning

Ce sont deux jeunes de Fort Apache faisant partie intégrante de la bande dans laquelle évolue Zack Goodwoody. Sophie est le love interest de Salim et Clarissa a été la victime précoce des charmes d’Archer. Si le personnage de Clarissa n’a (pour le moment) d’autre intérêt que celui qui vient d’être évoqué, celui de Sophie est l’artiste du groupe, croquant les visages des nouveaux arrivants. Si cela peut sembler sympathique, c’est en fait un rituel de Fort Apache, ceux qui disparaissent sous les griffes des Rippers voyant leurs portraits affichés sur l’arbre des disparus.
Les deux actrices ont un profil identiques. Encore une fois des anciennes de Disney Channel. Si Peyton List a joué dans des « œuvres » comme Le journal d’un dégonflé 1 et 2, Jessie ou bien encore Camp Kikiwaka. Zendaya a plus de notoriété, l’ancienne de Shake it up !, incarnant la nouvelle « MJ » du dernier SpiderMan ou dans le futur The Greatest Showman avec Hugh Jackman et Zac Efron.

 

Pauline / Katherine Langford

DR Netflix

Pauline fait partie de la bande de Zack et est sa petite amie jusqu’à l’arrivée de Yuki. Amoureuse éconduite du jeune Goodwoody, elle cherche à le rendre jaloux, sans succès, en traînant parfois avec la bande d’Holden tout en continuant de dévorer des yeux le personnage principal…
Katherine Langofrd ! Hannah Baker de 13 Reasons Why ! La jeune australienne née en 1996 a rapidement marqué les esprits avec son interprétation de la lycéenne victime de harcèlement moral. Un talent aussi marquant ne pouvait donc pas ne pas faire partie de ce casting idéal de Gung Ho!

Céline / Joey King

Joey King in The Flash — « Magenta » The CW Network, LLC. All rights reserved.

Celle par qui les problèmes arrivent… A la botte de Bagster et abusée par lui, c’est une des adolescentes de Fort Apache. En retrait des autres, addict, et prisonnière de l’influence que Bagster a sur elle, Archer va essayer de l’aider, à ses dépends…

Joey King est une jeune actrice prometteuse. Protégée de Roland Emmerich ( Stonewall et la suite d’Independance Day) autant que de Zach Braff ( Le rôle de ma vie et Braquage à l’ancienne) pour qui elle a joué dans deux de leurs films, elle s’est faite remarquer dans le sympathique I wish – Faites un vœu. Elle a aussi joué de manière récurrente dans la saison 1 de Fargo et dans des épisodes individuels de séries aussi diverses et variées que Flash, American Dad !, New Girl ou encore Jericho…

 

 

De gauche à droite, Bruno, Fragger, Bumble et Holden
DR Thomas Von Kummant

 

Holden / Louis Hofmann

Louis Hoffmann dans Les oubliés
DR

Holden est d’entrée de jeu montré comme le chef de la petite bande d’ados régissant Fort Apache. S’il passe pour le salaud aimant tourmenter le nouvellement arrivé Zack Goodwoody, au fur et à mesure des trois tomes, il prend de plus en plus de profondeur et cherche au final à obtenir la sympathie de Zack.
Louis Hofmann est un jeune acteur allemand, connu notamment pour avoir joué Tom Sawyer dans le film éponyme et dans Les Oubliés. Il était nommé dans la sélection des Shooting Stars en 2017, sélection regroupant les plus prometteurs acteurs européens du moment.

 

Bumble, Fragger, Bruno et Renny / Sam Coleman, Atli Oskar Fjalarsson, Valter Skarsgard et Kacey Crottet Klein

Sam Coleman, Atli Oskar Fjalarsson , Valter Skarsgård et Kacey Mottet Klein DR HBO , Anne Gustafson, Björn Jansson /Sveriges Radio et Luc Roux

Les quatre membres de la bande d’Holden ( même si Renny « sort » du groupe assez rapidement). Le petit gros, le rouquin, le psychopathe et le zozoteur. Là aussi, on est en terrain connu au niveau des archétypes de ces personnages secondaires, dans un premier temps faisant figure d’ennemis de nos héros puis se montrant moins dangereux par la suite.
Le raisonnement du casting de ces personnages a été le suivant : Gung Ho est une œuvre européenne se déroulant en Europe. Si le casting d’acteurs américains peut faire sens dans l’optique d’une grosse production, pour les personnages secondaires, il a été décidé de caster au maximum des acteurs européens. Ainsi Coleman, anglais, s’est fait remarquer dans le rôle de Hodor jeune dans Game of Thrones avec la fameuse scène du Hold the door et va jouer dans Leatherface. Fjalarsson, islandais et Mottet-Klein, suisse, faisaient eux aussi partie des Shooting Stars de cette année. Quand à Skarsgard, cela lui permettrait de rejoindre ses illustres frères Alexander et Bill en lui donnant un peu d’exposition médiatique… La crème de la crème des jeunes pousses en provenance d’Europe en somme.

 

Si vous voulez voir à quoi ça ressemble Gung Ho pour nous donner votre casting idéal ou tout simplement pour profiter d’une bonne lecture c’est par ici