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Adrien Comar

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black country new road Ants from up therePuis le deuxième album vint et le génie s’affermit. Un an après le prometteur For the first time, le septuor britannique Black Country, New Road lève le rideau sur un nouvel opus marquant: Ants from up there. Aux belles promesses post-punk esquissées se lient cuivres et violons pour de superbes compositions : chronique d’un classique en devenir.

L’artwork de la pochette associant ces « fourmis de là-haut » aux avions de ligne faisait déjà montre d’une jolie sensibilité poétique. Et qu’elle est suintante et sublimée cette émotion. Dans les dix titres fébriles et intelligents d’un lyrisme moderne voilé de mesure, la musique se métamorphose en la BO d’une vie. Snow globes en ressort spécialement à l’écoute. Orchestré de manière théâtrale, Ants from up there navigue au fil de l’écriture sincère et narrative du chanteur Isaac Wood, et ce pour la dernière fois.

Un départ, une nostalgie précoce

Car quatre jours avant la sortie de l’album, le front-man annonçait quitter le groupe en raison d’un mal-être insistant qu’il ne pouvait plus se permettre de nier. Au grand désespoir des fans et des autres membres du groupe qui affirment néanmoins continuer à faire vivre Black Country, New Road ; l’aventure avec Wood s’arrête là. Ce n’était pour autant pas une surprise immense : une tournée déjà annulée, et les paroles le crient sur le deuxième titre de l’album: « I’m leaving this body, and I’m never coming home again ».

C’est aussi ce qui rend cet album si particulier, une nostalgie précoce enveloppe le tout de ses bras mélancoliques. La voix grave de Wood chancèle et se martèle. Cuivres, violons, guitares, piano et basses se fédèrent dans une liesse de fanfare morose pour laisser la part belle à ce chant tellement spécial. Les compositions originales du groupe n’hésitent pas à durer près de dix minutes, et tout le génie est de garantir un rythme magnifique tout au long de l’album. Chaque morceau subjugue et renverse. The place where he inserted the blade en est l’exemple parfait et apparaît comme la meilleure chanson de l’album. Une beauté irritante est tapie dans ce titre aux allures de rose épineuse. Une réussite parmi neuf  autres.

Black Country, New Road créé l’album parfait. Une réussite de bout en bout où la maîtrise s’unit à la créativité. Les dix titres vivent d’une émotion rare et addictive. Les britanniques ont composé un second album où réussite et maîtrise sont les maitres mots. Qu’adviendra-t-il cependant du groupe après le départ de leur chanteur ? Affaire à suivre. Ants from up there demeurera en tout cas un de ces albums qui ne s’oublie pas, sur lequel on revient encore et encore ; un grand cru à apprécier.


 

A défaut d’avoir pu organiser une édition classique du prisé festival parisien Rock en Seine, les organisateurs se sont débrouillés pour permettre à ceux à qui le rock avait trop manqué de pouvoir vivre de belles soirées aux côtés des talents émergents du club Avant Seine. Complet en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, l’évènement a même été déplacé dans une salle à plus grande capacité (Le Bridge) que prévu initialement (Le Flow) afin de satisfaire le grand nombre. Nous étions présent pour cette deuxième soirée à la programmation plus que prometteuse.

November Ultra, un show intimiste et poétique

19h30, les lumières s’éteignent, le public parti en quête d’une bière se rapproche de la scène tandis que November Ultra entre sous les applaudissements. La jeune chanteuse salue son audience, émue de cet accueil chaleureux et débute son set seule avec son clavier et sa guitare. Dès les première notes, le public comprend pourquoi November Ultra est un talent émergent: sa sublime voix envoute et enchante le Bridge en un instant. Sa pop douce et personnelle conquit autant que les moments que prend la musicienne pour interagir avec son audience. Elle est très fière et surtout très émue d’être présente ici ce soir. Malgré quelques petits problèmes techniques, November Ultra ne perd pas pied et propose même une interprétation a capella imprévue d’une belle chanson espagnole. Après des derniers remerciements chaleureux et sincères, l’attachante musicienne termine son passage avec son titre far « Soft and Tender » que le public reprend en cœur. November Ultra est si émue qu’elle n’en parvient presque plus à chanter et annonce qu’elle se sent « comme Ariana Grande ». Elle quitte un Bridge conquis et attendri sous un tonnerre d’applaudissements pour laisser la place aux Oracle Sisters.

Une sympathique parenthèse folk avec les Oracle Sisters

Place maintenant au trio franco/finlandais (et autre ?) de folk Oracle Sisters. Les musiciens accompagnés d’une claviériste et d’un bassiste proposent une musique plaisante et rythmée, parfaite pour clôturer les grandes vacances. Des titres ensoleillés se suivent et ravissent une audience attentive qui commence à danser. Le set des Oracle Sisters est ponctué des titres de leurs deux EP (Paris I et Paris II) ainsi que d’une de leurs dernière sortie. Le groupe fait monter la température d’un cran bien que leur performance s’essouffle légèrement en fin de set. Les Oracle Sisters ont été appréciés par l’audience et laissent la scène après 40 min agréables en leur compagnie.

Puis « Sur la Vague » se transforme en tsunami avec Lulu Van Trapp

Il n’y a pas à dire, le groupe de pop-rock Lulu Van Trapp était vraiment très attendu ce soir. Et cela se comprend pleinement. La fosse est déjà plus dense alors que les dernières notes de « Walk Away » des Franz Ferdinand résonnent dans la salle. Les Lulu entrent sur scène et débute leur set par Brazil, une pépite rock 80’s de leur superbe LP I’m not here to save the world. Les premiers pogos se dessinent dans la foule et les titres du groupe sont repris en cœur par une bonne partie de l’audience. Les membres de Lulu Van Trapp ont une prestance scénique exceptionnel à laquelle le public du Bridge est tout à fait réceptif. Les différents morceaux de leur album sont accueillis à bras grands ouverts et les Lulu n’hésitent pas à faire chanter le public sur leur génial single Les mots d’amour. Sur la Vague a très chaud et l’audience est ravie. Les musiciens le sont aussi: Rebecca la chanteuse s’invitent dans les premiers rangs sur l’énergique Lulu et participe avec entrain aux pogos. Le jeu de scène de la frontwoman fait effet mais ses acolytes ne sont pas en manque, tous assurent le show à merveille. Lulu Van Trapp termine son set par la très belle Prom Night qui prend une ampleur bien plus conséquente en live. Le public est survolté et est définitivement tombé sous le charme de cette performance et des musiciens de Lulu Van Trapp. Le Bridge est plus qu’échauffé, il est temps d’accueillir la tête d’affiche de la soirée.

 

MNNQNS et son punk rock clôturent avec brio cette deuxième soirée de Sur la Vague

Le groupe français n’est plus a présenté. La preuve, certains membres du public portent leur merchandising. Membre du Club Avant Seine il y a quelques années, c’est une chance que nous avons de les avoir pour le clap de fin de cette soirée. Vous l’aurez compris, MNNQNS est très attendu ce soir. Les rockeurs sont à peine rentrés sur scène que les disto et les gros riffs de basse se font déjà entendre. Une petite troupe d’irréductible pogoteur dans les premiers rangs prennent plaisir à danser au rythme des titres du groupe. If only they could, interprétée dès la deuxième position met définitivement le feu à la fosse, et cela ne s’arrêtera d’ailleurs pas. Les musiciens sont habitués à la scène et proposent une performance des plus punk. Lorsque les riffs énervés n’habillent pas le concert des MNNQNS, se sont des interludes noisy/psychés qui viennent élever cette leçon de rock. Sur Idle Threat (composé avec leurs amis des Psychotic Monks) les musiciens sont déchainés mais il faut attendre l’ultime titre de leur set pour qu’Adrian (chant et guitare) traverse la foule pour débuter un voyage déchaîné. Pogos, puis slam pour finir par terre devant la scène tandis qu’un homme du premier rang s’est pris un coup malencontreux du guitariste et que le bassiste s’est hissé en haut des enceintes. Sueur, sang, bière et rock’n’roll ; qu’attendre de plus venant de MNNQNS ?

Une belle réussite pour Sur la Vague et ses talents émergents

Cette soirée fut sans surprise, très réussie. Les talents émergents du club Avant Seine portent bien leurs noms et méritent davantage de visibilité. Ils ont chacun su conquérir une audience en soif de musique et de rock. La soirée organisée par Rock en Seine était un parfait substitut à l’absence du festival parisien et a permis la découverte en live (ou la découverte tout simplement) de musiciens talentueux et de leurs univers. Nous sommes impatients de pouvoir les retrouver à l’occasion d’autres concerts mais aussi de voir ce que Rock en Seine nous propose pour sa prochaine édition, qui sera nous l’espérons aussi bonne qu’étaient les musiciens ce soir.


wolf aliceSi nous nous adonnions à la fâcheuse tâche de la comparaison, nous pourrions dire que Wolf Alice est un savant mélange de Foals, The XX et d’un groupe de punk underground. Mais plutôt que de multiplier les analogies, il est très simple d’affirmer que le quartet anglais a son propre style. Et lequel ! Une alchimie parfaite entre chaos et reconstruction guidée par des voix mélodieuses, des refrains entraînants et une instru maîtrisée aussi vitaminée qu’ambiante. Par son indie rock et sa pop ambiante, Wolf Alice et ses deux premiers albums ont su conquérir les cœurs des fans. Revenant de loin pour ce troisième opus après une période mouvementée pour les membres du groupe, Blue Week-End s’annonce comme la confirmation d’un talent indéniable et l’assertion d’une maturité très prometteuse.

Dans la lignée de ses précédents efforts, le groupe britannique nous propose un composé d’indie rock et de pop portés par la voix angélique d’Ellie Rowsell. Celle-ci est d’ailleurs plus épique et sublime que jamais et est ingénieusement complétée par des cœurs qui apportent une résonance magistrale à l’ensemble de l’album. Cela se remarque en effet d’entrée de jeux avec la sublime The Beach et sa fantastique montée en puissance. S’enchaînent dès lors des titres fins, réfléchis et qui, bien que tous différents les uns des autres, forment une réelle unité. Cette cohérence artistique tout au long des onze titres est l’une des force majeure de cet album. Wolf Alice maîtrise la nuance et varie les intensités avec une justesse frappante.

Blue Week-End s’articule autour de ces variations et de ces montées en puissance. La fantastique chanson d’introduction The Beach, à l’ambiance presque épique et féerique, est immédiatement suivie de Delicious Thing, un titre groovy au refrain d’une beauté particulière. Les morceaux se suivent et le tube qu’est Smile et son riff aux allures d’Immigrant Song est particulièrement accrocheur.

La tension s’apaise ensuite avec Safe From Heartbreak ; un titre que nous écouterions avec plaisir dans une immense cathédrale ; et How Can I Make It OK ?, un crescendo intelligent qui établit le lien avec sa camarade suivante dans la liste d’écoute. Car maintenant que nous sommes reposés, Wolf Alice nous assomme avec Play The Greatest Hits, une déferlante punk/noise surpuissante qui élève l’album et nous bouscule jusqu’au headbang. Le groupe britannique surprend par une chanson qui ne semble pas être à sa place aux premiers abords mais qui s’avère être un des titre les plus cohérent de ce Blue Week-End.

Le seul bémol que nous pourrions relever dans la construction si subtile de cet album est peut-être l’absence d’une fin explosive. D’un final en apothéose. The Beach II est une bonne chanson mais l’ascension annoncée par sa première partie ne refait pas surface et nous laisse un peu sur notre faim. En même temps, lorsque la perfection est frôlée, ce qui est très légèrement en-dessous se démarque malheureusement plus aisément.

Vous l’aurez compris, ce troisième album est une immense réussite pour Wolf Alice. Nous ne taririons pas éloges si nous ne concluions pas, alors chose promise chose due. Blue Week-end  marque une fois de plus la maturité dont faisait déjà preuve Wolf Alice avec ses précédentes compositions et nous conforte quant à leur avenir très prometteur. Ce troisième album, qui fonctionnerait si bien avec un orchestre (sérieusement, pensez-y si vous lisez cet article),  est ce que nous pourrions considérer comme la soundtrack épique d’un monde détruit qui tend vers l’entente et la stabilité ; foi en le progrès et révolution zélée pour un monde meilleur. Chaotique et mesuré, puissant et maîtrisé, Wolf Alice est un des grands groupe de cette décennie et leur Blue week-end probablement un des meilleurs albums de cette année.

wolf alice

Adrien Comar