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Julia Escudero

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Le 24 février 2023, Fakear était de retour avec un tout nouvel album, « Talisman ».  Pour se faire le musicien a pris le temps de se réinventer mais aussi de se réconcilier avec son double musical Fakear, pour mieux en assumer ses sonorités.  Maintenant loin des majors, il était chez Universal, c’est sur le label indé Nowadays qu’il sort cet opus, plus proche de la nature et avec lequel il compte bien assumer ses engagements pour la planète. C’est en studio que l’équipe de Popnshot l’a rencontré pour un moment fascinant. Outre sa nouvelle façon de percevoir sa musique, le musicien en profite pour parler écologie, lui opposer la vie en tournée, parles des limites de l’exclusivité territoriale, débattre sur les engagements de Coldplay ou de Pomme, parler sans langue de bois de son parcours en major, des différences créatives dans un label indé et prendre du recul sur le rôle de l’artiste. Interview vidéo.

Découvrez l’interview vidéo de Fakear pour « Talisman »

Fakear | Interview Pop & Shot
  • Interview : Julia Escudero
  • Vidéo : Théophile Le Maitre

 

Si le punk celtique devait prendre un seul visage ce serait bien celui de Dropkick Murphys. Le groupe emblématique originaire de Boston a derrière lui une telle réputation associée aux farfadets et à la bière verte, qu’il est souvent impossible de se souvenir de ses origines américaines.

Il faut dire que la joyeuse troupe menée par Tim Brennan a su fédérer en masse derrière cette identité forte et se détacher d’un mouvement punk particulièrement dense à ses débuts en 1996. Il suffit de jeter un œil dans la salle du Zénith de Paris en ce 11 février 2023 pour s’en faire une rapide idée. Pour Dropkick Murphys, pas besoin de se faire rare pour ameuter son public. La connotation hautement festive de ses performances suffit amplement à unir et réunir tout en promettant une belle fête qui déchainera passions et pogos. D’ailleurs côté public, une couleur domine en écrasante majorité : le vert. Des looks clairement punk s’y côtoient avec cette touche qui sent bon la Saint Patrick. Et c’est avant tout pour cet état d’esprit libéré et sincère que la sauce prend. Il faut dire qu’en première partie la troupe s’est offert le groupe culte Pennywise. Oui comme le nom du croque-mitaine de « It » de Stephen King, en ce temps là on savait choisir les noms de groupes. Le premier énervé et énergique avait su chauffer l’instant avec la dureté d’un monument de l’horreur et son fun enfantin. La tête d’affiche elle, n’a rien perdu en énergie scénique avec le temps. Là où certains mastodontes des grandes années pop punk / punk rock se sont largement enfoncés dans leurs pantoufles livrant  des performances de punk à papa – on pense fort à Blink 182 qui demandait au public de ne pas pogoter en Soundwave en Australie il y a déjà dix ans – Dropkick Murphys a toujours joué dans la cours des grands avec son cran au dessus en terme de capacités musicales.

Topo, l’énergie tourbillonnante du live prend immédiatement. Les artifices s’ajoutent à la scénographie, les gros écrans, les confettis et les demandes de câlins en tête de liste. Oui mais rien de tout cela ne fait forcé, tronqué, le jeu s’additionne parfaitement à la proposition musicale. Le tout prend l’allure d’une grand bal populaire, les feux d’artifice y ont leur place, tout comme l’odeur de bière qui emplie les narines. La set list est tout aussi compacte. On n’est pas là pour faire dans la dentelle, plutôt dans la franche camaraderie. Quelques covers ponctuent le moment : The Fureys, Rodgers & Hammerstein ou encore Evan McColl viennent se prendre un (drop)kick de punk sauvage. Et on regrette que contrairement à d’autres dates de la tournée l’excellent Gerry Cinnamon et son masterpiece « The Bonny » ne soit pas au programme ce soir. Outre les classiques dont un « Johnny, I hardly kew ya » arrivé en début de show et qui permet à toute l’audience de balancer son meilleur « ahouuu » en boucle, le setlist tente d’incorporer du nouvel opus de Dropkick Murphys : « This Machine stills kills Fascists » paru en septembre 2022. parmi lesquels »Two 6’s Upside Down ». Comme souvent avec les groupes qui officient dans un registre unique et dont le temps a assis une cohésion chez un public identifié, l’affaire n’est pas mince et le moment prend peu. L’exercice de se renouveler face aux énormes succès et albums déjà parus est un pari perdu d’avance. Reste que la voix emblématique de Tim Brennan crache toujours autant et donne tout son corps aux titres plus musclés.  Sans surprise « Rose Tatoo » arrive en fin de course tout comme « I’m Shipping up to Boston » qui débarque pendant le rappel. Les deux titres secouent comme des vagues, le Zénith et les cœurs, ça oscille et danse franchement, les instruments suivent le pas. A tel point que les têtes tournent encore lorsque l’on quitte le Zénith pour se rappeler que dehors il fait un froid glacial. Reste à espérer que les petits trèfles à 4 feuilles qu’auront mis les rockeurs dans nos yeux sauront nous porter chance pour arriver bien vite au 17 mars et fêter une nouvelle fois l’Irlande.

Comme la fête fut belle, les images en parleront encore bien mieux. Retrouvez notre galerie photos.

Dropkick Murphys, Zénith de Paris – Retour en images

 

 

Photographe : Louis Comar


 

 

Comme chaque année, le printemps débutera pleinement grâce à l’un des premiers festivals de la belle saison : le festival Chorus des Hauts-de-Seine. Les années auront permis à l’évènement de se rôder pleinement dans sa nouvelle formule. Exit donc les chapiteaux sur le parvis de la Défense et ses concerts en journée entre deux meetings pour aller gratuitement écouter du rock. Aujourd’hui, le festival a pris l’ampleur des grands et investit pendant 5 jours la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt.

Festival Chorus 2023 afficheAu programme : des concert in et out door (en anglais pour donner un petit côté chill à ce texte), des food trucks, des bars, des activités ( l’an passé un stand de création de maquillages pailletés, une frip’, un disquaire et le bingo disco avaient notamment égayé le moment ) mais aussi deux journées particulières.  Le mercredi 29 mars sera ainsi la journée des enfants, le jeudi 30 mars elle, sera consacrée aux professionnels et la découverte de talents émergents. Enfin dès le vendredi et pour 3 jours, place aux concerts !

Festival Chorus 2023 : Demandez le programme !

80 artistes sont programmés pour cette nouvelle édition, en détails, ça donné ça :

Vendredi 31 mars : Bagarre // B.B. Jacques // Benjamin Epps // Dosseh // Eesah Yasuke //
Haviah Mighty // Kungs // LAAKE // La Jungle // NTO // Porchlight // Riopy // Suzane // The Guru
Guru // Uzi Freyja // Vladimir Cauchemar

Samedi 1er avril : Albi X // Bianca Costa // Finn Foxell // JeanneTo // Jok’Air // Josman // Kaky //
Lazuli // Leto&Guy2Bezbar // Lithium x Waxx & C.Cole avec A2H – Chilla – Sopico – Tsew the
Kid // Makoto San // NeS // Paloma Colombe // So La Lune // Superpoze // Tour-Maubourg //
Tukan // Yuksek présente DANCE’O’DROME // Ziak

Dimanche 2 avril : Bibi Club // Enchantée Julia // Hyphen Hyphen // HSRS // Jeanne Added //
Jupiter & Okwess // KALIKA // Kamaal Williams // Meule // Oete // Oscar les vacances // Samm
Henshaw // Selah Sue // The life on Mars Orchestra from Bowie to Ziggy // Walter Astral // Zaho
de Sagazan

La billetterie est déjà ouverte ici.


OVNI de la scène française que l’on retrouve partout où on les attend pas, La Femme sortait en septembre 2022 un album en espagnol « Teatro Lucido » avant d’autres opus thématiques à venir allant jusqu’au western. C’est en backstages lors de leur passage aux Francos de Montréal que l’on rencontrait Marlon Mangnée (clavier). Sans langue de bois, le musicien se lâche et livre un portrait au vitriol de l’industrie de la musique. De la scène indé qu’il juge comme faux-cul au véritable rôle des labels, en passant par le rôle de Tik Tok qu’on ne maîtrise pas, la vente d’albums, les difficultés de l’engagement et de l’écologie à appliquer jusqu’au retour du vinyle. Interview essentielle et débats en perspective.

La Femme © JD Fanello
La Femme © JD Fanello

Popshot: Ton dernier album « Teatro Lucido » est sorti en septembre et est intégralement en espagnol. Pourquoi ce choix ?

Marlon Magnée, La Femme :  Ca fait partie d’une odyssée dans laquelle il y aura plein d’albums à thèmes. Au même titre qu’il y aura un thème anglais et peut-être latin.

PnS : Vous allez varier les langues …

Marlon Magnée : Et les styles. Ce sont des concepts, celui ci c’était l’espagnol mais après ce sera western, ça peut être aquatique. Ca peut aussi bien être une langue qu’autre chose.

PnS : Comment tu fais un album aquatique ?

Marlon Magnée : Ce serait des drones, des morceaux méditatifs et calmes. Là par exemple on a mis plein de choses différentes dedans mais le socle sur celui-là c’est l’espagnol.

PnS : C’est quelque chose de très marquant chez La Femme ça. Vous avez des albums aux morceaux complètement variés, comme on peut l’entendre sur « Paradigmes » et pour autant c’est cohérent.

Marlon Magnée : Je sors ce que j’ai envie de sortir. Notre filtre c’est qu’on a envie que ce soit bien et si c’est validé, ça sort. Tout peut être différent, bizarre mais si c’est bien on se pose pas de questions. Avec La Femme on s’autorise tout. On a pensé à faire de la musique paillarde mais finalement Sacha l’a utilisé dans un side project. On s’est dit que ça pourrait compromettre La Femme de l’inclure.

PnS : Pour autant, vous sortez en plein milieu de votre album un titre comme « Foutre le bordel » qui fait très Dutronc  ou un « Lâcher de chevaux »…

Marlon Magnée : On n’a pas forcément pensé à Dutronc mais on voulait un truc un peu en mode électro punk 80’s. Le deuxième c’est Sacha qui a commencé à écrire pour l’album western. J’étais avec lui en studio, j’ai voulu ajouter des synthés et ça a donné un côté Ennio Morricone.

PnS : Vous êtes toujours à contre courant. Au début, c’était rock indé et puis tout à changé. Comment vous en êtes arrivé là ?

Marlon Magnée : Depuis le début c’est un peu notre logique. On aime faire pas comme tout le monde. Quand on voit que les artistes partent d’un côté, on fait autre chose. Là on voit que tout le monde chante en français, nous on va chanter en anglais, en espagnol… on aime être à contre courant.

PnS : Mais vous ne parlez pas toutes les langues que vous choisissez, comment vous faites ?

Marlon Magnée : On se démerde quand même avec google translate, soit on baragouine ou on fait des collaborations avec des gens qui parlent ces langues. On est à deux, on check.

Personne n’est vraiment indépendant dans la musique et ceux qui le sont c’est ceux qui ont vraiment réussi.

PnS : Tu disait d’ailleurs que tout le monde parle de musique indé comme si c’était un registre et justement toi tu t’éloignes de ça et tu dis que ça ne veut rien dire.

Marlon Magnée : C’est de la merde. Les gens se raccrochent à ça pour se donner un genre. Comme si un mec avait de la viande dégueulasse mais voulait absolument un label fait en France ou label rouge. C’est un tampon qui veut rien dire parce que les indés sont dépendants de tellement de choses. Personne n’est vraiment indépendant dans la musique et ceux qui le sont c’est ceux qui ont vraiment réussi. Les Rolling Stones par exemple. Finalement eux sont indépendants, ils ont leur propre catalogue. McCartney aussi. Ils s’en battent les couilles. Les autres indés ce sont ceux qui ont leur groupe électrogène et qui vont jouer dans des champs. Mais qui vont pas être sur I-Tunes, Spotify … parce que si tu veux être dans leurs playlists faut donner de toi, remercier ces plateformes, faire des stories en disant « C’est Marlon, vous m’écoutez sur Deezer » comme les gros artistes faisaient avant sur les radios. Pour moi tout le monde devrait être plus lucide sur le fait qu’on est des produits. Ce qui nous différencie c’est d’être un produit de qualité. C’est comme une machine à lavée qui va tenir 100 ans ou une voiture qui va tenir 100 ans ou de la bonne viande faite avec un cahier des charges. Et nous notre musique on la fait comme des artisans. On écoute nos morceaux, on veut qu’ils vieillissent bien, on prend du temps à faire nos disques, surtout on ne suit pas les lois du marché, on fait ça avec le coeur. Une fois qu’on a fait ce contenu artistique qui est vraiment nous, là il faut le vendre. On n’a pas de gêne par rapport à ça parce que oui il faut vendre des disques. Comme ça t’as pas un taff à côté, on ne fait que de la musique. On peut financer nos propres projets. Par exemple, on a fait un film qu’on a financé de A à Z. Tout ça permet d’étendre notre univers… Les indés ils ont aussi un peu des discours de faux-cul. Souvent ils sont dépendants d’une major et t’as plein d’indés qui signent des deals avec des majors. Comme nous on avait signé un deal avec Barclay. Les gens pensaient qu’on s’était vendus mais c’était notre label qu’on avait créé qui avait fait une licence. On a été beaucoup plus libres en major que dans un label indé.

Les majors c’est pas leur fric donc ils s’en battent les couilles de toi.

PnS : Pourquoi t’es plus libre en major qu’en label indé ?

Marlon Magnée : Parce que les majors c’est pas leur fric donc ils s’en battent les couilles de toi. Tu peux leur apporter du pognon ou pas à un moment ils lâchent l’affaire. Les labels indés comme c’est plus ou moins leur fric, ils sont plus vénères et ils vont vouloir signer des contrats à 360, prendre les éditions, le management. Ils prennent les décisions pour toi, t’as les mains plus liées. Nous comme était tellement bizarres là dedans, ils nous foutaient la paix, on était les artistes du truc.

PnS: Elle sert à quoi la major au milieu de tout ça ?

Marlon Magnée : Elle t’apporte énormément de fric et ça c’est cool. Et elle t’apporte des votes quand tu fais les Victoires de la Musique.

Un article, c’est bien pour la concierge, monsieur tout le monde, ta mère ou le programmateur qui en voyant ça va te programmer.

PnS : Elles apportent vraiment quelque chose les Victoires de la Musique ?

Marlon Magnée : Non pas vraiment mais quand même un peu. C’est comme faire de la promo. Aujourd’hui, je sais pas si t’as pu t’en rendre compte mais un artiste très présent dans les journaux, ça veut pas forcément dire qu’il va vendre beaucoup de disques. Et inversement il y a des artistes qui n’ont pas de présence médiatique et vendent beaucoup. Par contre un article, c’est bien pour la concierge, monsieur tout le monde, ta mère ou le programmateur qui en voyant ça va te programmer, ça enclenche une mécanique. Tu en as besoin pour développer des choses et faire vivre l’album.

PnS : Tu parlais aussi dans une autre interviews des réseaux sociaux, des likes … ça aide en tant qu’artiste ?

Marlon Magnée : C’est vachement important. Plus autant maintenant à l’exception d’un réseau qui peut changer ta carrière, c’est Tik Tok. Malheureusement, je ne suis pas de cette génération, j’ai eu du mal à m’y mettre, j’ai toujours du mal. Mais je vois beaucoup de choses très, très bien dans ce média. Notamment que c’est un game changer et pour beaucoup c’est de la lumière gratuite. On a besoin de balance pour contrer le système établi : on a besoin de tunes et de label. Là n’importe qui peut buzzer à tout moment. C’est comme une loterie c’est ouvert à tout le monde. Nous par exemple, le titre « Elle ne t’aime pas », un influenceur Tik Tok qui s’est fait largué a mis notre morceau et du coup on est revenu dans les charts. Ca nous a aidé, nous a permis de nous maintenir sur Spotify et de maintenir des caps.

Avec Tik Tok on a de l’or devant nous et on comprend pas.

PnS : C’est un peu la même chose qu’il y a déjà eu sur d’autres réseaux avant. Je pense à My Space à une autre époque …

Marlon Magnée : Exactement. C’est ce qui est en train de se passer sur Tik Tok sauf que là on est comme des teubés, on arrive pas à comprendre ce qui se passe. Personne comprend, on a de l’or devant nous et on comprend pas.

PnS : Mais t’es obligé de jouer ce jeu là.

Marlon Magnée : Exactement. Par exemple, pour te dire que label indé ou pas ça ressemble pas à ce qu’on croit. En ce moment on est en ultra indé. Le summum de l’indé c’est quand t’es en distrib, il y a plusieurs paliers et notre distributeur nous a mis la pression pour qu’on fasse une campagne Tik Tok. Ils ont raison, aujourd’hui quand tu sors un disque il faut être dessus. Sauf qu’ils nous ont mis la pression pour payer des influenceurs au Brésil pour qu’ils diffusent notre son. Certes ça a généré des vues mais ça a pas fait la trend qu’on voulait. C’est pour te dire qu’on se sentait plus forcés qu’avec des majors. Sauf que c’est futile à la fin. L’important est que l’artiste fasse l’art qu’il veut et tout ça c’est la façon de le vendre. On ne va pas se leurrer, on vend notre art, on est un produit mais ce qu’on fait c’est avec le coeur. Et ce sont des albums qui resteront pour l’éternité.

Aujourd’hui, la nouvelle génération d’artistes, elle doit mettre les mains dans la merde.

PnS : L’artiste il doit vraiment avoir les mains dans tout ça ou il peut déléguer ?

Marlon Magnée : Tu peux déléguer mais si tu fais ça, tu as deux chances sur dix que ça se passe bien. Si t’as de la chance, ça se passe bien. Si ça se passe bien, tu peux quand même te faire niquer et tu vas te retrouver dans 20 ans sans rien comme on a vu des artistes se faire niquer par leurs managers. Alors aujourd’hui, la nouvelle génération d’artistes, elle doit mettre les mains dans la merde.

PnS : Au milieu des réseaux sociaux, il y a un retour à l’ancien avec le vinyle. Tu sors tes albums sur ce format, tu as fait une sortie pour le disquaire day. Il t’évoque quoi ce retour ?

Marlon Magnée : Ca me parle et en même temps c’est de l’hypocrisie. Parce que je pense que plus de la moitié des vinyles qu’on vend finissent sur une cheminée pour faire joli. C’est du fétichisme, je suis content, c’est plus beau qu’un CD. Mais je ne sais pas si le public les écoute tant que ça, il y a le streaming à côté. Moi j’ai écouté beaucoup de vinyles quand j’avais 15, 16 ans et après ma platine n’a plus marché et depuis je fais de la musique, j’achète des vinyles parfois et je ne les écoute jamais. Ce qui me rend un peu amère par rapport à ça c’est que les majors se sont vraiment approprié ce retour. Il faut attendre 6 mois pour presser parce que les putains de majors vont presser du Rihanna pour des centaine de milliers d’exemplaires, ils privatisent même des usines. Là je suis content parce qu’on bosse avec une usine à Paris qui a refusé de donner l’exclusivité aux majors. C’est bien que tout le monde puisse bouffer et presser. Et puis à la fin reste la question est-ce écologique de rematérialiser ?

C’est difficile pour un artiste d’être engagé parce qu’on t’attend au tournant sur tout.

PnS : Mais Internet est-ce écologique ?

Marlon Magnée : Exactement ! C’est horrible parce qu’on est prisonniers de cette question mais tourner c’est pas écologique … ça rend fou. C’est difficile pour un artiste d’être engagé parce qu’on t’attend au tournant sur tout. Tu trahies tes convictions à tout moment. Là on va faire des tee shirts en tissus recyclés mais même ceux qui font en coton bio ça marche pas. Le coton vient d’Inde, faut les transporter, il y a assez de vêtements sur Terre…