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Julia Escudero

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OVNI de la scène française que l’on retrouve partout où on les attend pas, La Femme sortait en septembre 2022 un album en espagnol « Teatro Lucido » avant d’autres opus thématiques à venir allant jusqu’au western. C’est en backstages lors de leur passage aux Francos de Montréal que l’on rencontrait Marlon Mangnée (clavier). Sans langue de bois, le musicien se lâche et livre un portrait au vitriol de l’industrie de la musique. De la scène indé qu’il juge comme faux-cul au véritable rôle des labels, en passant par le rôle de Tik Tok qu’on ne maîtrise pas, la vente d’albums, les difficultés de l’engagement et de l’écologie à appliquer jusqu’au retour du vinyle. Interview essentielle et débats en perspective.

La Femme © JD Fanello
La Femme © JD Fanello

Popshot: Ton dernier album « Teatro Lucido » est sorti en septembre et est intégralement en espagnol. Pourquoi ce choix ?

Marlon Magnée, La Femme :  Ca fait partie d’une odyssée dans laquelle il y aura plein d’albums à thèmes. Au même titre qu’il y aura un thème anglais et peut-être latin.

PnS : Vous allez varier les langues …

Marlon Magnée : Et les styles. Ce sont des concepts, celui ci c’était l’espagnol mais après ce sera western, ça peut être aquatique. Ca peut aussi bien être une langue qu’autre chose.

PnS : Comment tu fais un album aquatique ?

Marlon Magnée : Ce serait des drones, des morceaux méditatifs et calmes. Là par exemple on a mis plein de choses différentes dedans mais le socle sur celui-là c’est l’espagnol.

PnS : C’est quelque chose de très marquant chez La Femme ça. Vous avez des albums aux morceaux complètement variés, comme on peut l’entendre sur « Paradigmes » et pour autant c’est cohérent.

Marlon Magnée : Je sors ce que j’ai envie de sortir. Notre filtre c’est qu’on a envie que ce soit bien et si c’est validé, ça sort. Tout peut être différent, bizarre mais si c’est bien on se pose pas de questions. Avec La Femme on s’autorise tout. On a pensé à faire de la musique paillarde mais finalement Sacha l’a utilisé dans un side project. On s’est dit que ça pourrait compromettre La Femme de l’inclure.

PnS : Pour autant, vous sortez en plein milieu de votre album un titre comme « Foutre le bordel » qui fait très Dutronc  ou un « Lâcher de chevaux »…

Marlon Magnée : On n’a pas forcément pensé à Dutronc mais on voulait un truc un peu en mode électro punk 80’s. Le deuxième c’est Sacha qui a commencé à écrire pour l’album western. J’étais avec lui en studio, j’ai voulu ajouter des synthés et ça a donné un côté Ennio Morricone.

PnS : Vous êtes toujours à contre courant. Au début, c’était rock indé et puis tout à changé. Comment vous en êtes arrivé là ?

Marlon Magnée : Depuis le début c’est un peu notre logique. On aime faire pas comme tout le monde. Quand on voit que les artistes partent d’un côté, on fait autre chose. Là on voit que tout le monde chante en français, nous on va chanter en anglais, en espagnol… on aime être à contre courant.

PnS : Mais vous ne parlez pas toutes les langues que vous choisissez, comment vous faites ?

Marlon Magnée : On se démerde quand même avec google translate, soit on baragouine ou on fait des collaborations avec des gens qui parlent ces langues. On est à deux, on check.

Personne n’est vraiment indépendant dans la musique et ceux qui le sont c’est ceux qui ont vraiment réussi.

PnS : Tu disait d’ailleurs que tout le monde parle de musique indé comme si c’était un registre et justement toi tu t’éloignes de ça et tu dis que ça ne veut rien dire.

Marlon Magnée : C’est de la merde. Les gens se raccrochent à ça pour se donner un genre. Comme si un mec avait de la viande dégueulasse mais voulait absolument un label fait en France ou label rouge. C’est un tampon qui veut rien dire parce que les indés sont dépendants de tellement de choses. Personne n’est vraiment indépendant dans la musique et ceux qui le sont c’est ceux qui ont vraiment réussi. Les Rolling Stones par exemple. Finalement eux sont indépendants, ils ont leur propre catalogue. McCartney aussi. Ils s’en battent les couilles. Les autres indés ce sont ceux qui ont leur groupe électrogène et qui vont jouer dans des champs. Mais qui vont pas être sur I-Tunes, Spotify … parce que si tu veux être dans leurs playlists faut donner de toi, remercier ces plateformes, faire des stories en disant « C’est Marlon, vous m’écoutez sur Deezer » comme les gros artistes faisaient avant sur les radios. Pour moi tout le monde devrait être plus lucide sur le fait qu’on est des produits. Ce qui nous différencie c’est d’être un produit de qualité. C’est comme une machine à lavée qui va tenir 100 ans ou une voiture qui va tenir 100 ans ou de la bonne viande faite avec un cahier des charges. Et nous notre musique on la fait comme des artisans. On écoute nos morceaux, on veut qu’ils vieillissent bien, on prend du temps à faire nos disques, surtout on ne suit pas les lois du marché, on fait ça avec le coeur. Une fois qu’on a fait ce contenu artistique qui est vraiment nous, là il faut le vendre. On n’a pas de gêne par rapport à ça parce que oui il faut vendre des disques. Comme ça t’as pas un taff à côté, on ne fait que de la musique. On peut financer nos propres projets. Par exemple, on a fait un film qu’on a financé de A à Z. Tout ça permet d’étendre notre univers… Les indés ils ont aussi un peu des discours de faux-cul. Souvent ils sont dépendants d’une major et t’as plein d’indés qui signent des deals avec des majors. Comme nous on avait signé un deal avec Barclay. Les gens pensaient qu’on s’était vendus mais c’était notre label qu’on avait créé qui avait fait une licence. On a été beaucoup plus libres en major que dans un label indé.

Les majors c’est pas leur fric donc ils s’en battent les couilles de toi.

PnS : Pourquoi t’es plus libre en major qu’en label indé ?

Marlon Magnée : Parce que les majors c’est pas leur fric donc ils s’en battent les couilles de toi. Tu peux leur apporter du pognon ou pas à un moment ils lâchent l’affaire. Les labels indés comme c’est plus ou moins leur fric, ils sont plus vénères et ils vont vouloir signer des contrats à 360, prendre les éditions, le management. Ils prennent les décisions pour toi, t’as les mains plus liées. Nous comme était tellement bizarres là dedans, ils nous foutaient la paix, on était les artistes du truc.

PnS: Elle sert à quoi la major au milieu de tout ça ?

Marlon Magnée : Elle t’apporte énormément de fric et ça c’est cool. Et elle t’apporte des votes quand tu fais les Victoires de la Musique.

Un article, c’est bien pour la concierge, monsieur tout le monde, ta mère ou le programmateur qui en voyant ça va te programmer.

PnS : Elles apportent vraiment quelque chose les Victoires de la Musique ?

Marlon Magnée : Non pas vraiment mais quand même un peu. C’est comme faire de la promo. Aujourd’hui, je sais pas si t’as pu t’en rendre compte mais un artiste très présent dans les journaux, ça veut pas forcément dire qu’il va vendre beaucoup de disques. Et inversement il y a des artistes qui n’ont pas de présence médiatique et vendent beaucoup. Par contre un article, c’est bien pour la concierge, monsieur tout le monde, ta mère ou le programmateur qui en voyant ça va te programmer, ça enclenche une mécanique. Tu en as besoin pour développer des choses et faire vivre l’album.

PnS : Tu parlais aussi dans une autre interviews des réseaux sociaux, des likes … ça aide en tant qu’artiste ?

Marlon Magnée : C’est vachement important. Plus autant maintenant à l’exception d’un réseau qui peut changer ta carrière, c’est Tik Tok. Malheureusement, je ne suis pas de cette génération, j’ai eu du mal à m’y mettre, j’ai toujours du mal. Mais je vois beaucoup de choses très, très bien dans ce média. Notamment que c’est un game changer et pour beaucoup c’est de la lumière gratuite. On a besoin de balance pour contrer le système établi : on a besoin de tunes et de label. Là n’importe qui peut buzzer à tout moment. C’est comme une loterie c’est ouvert à tout le monde. Nous par exemple, le titre « Elle ne t’aime pas », un influenceur Tik Tok qui s’est fait largué a mis notre morceau et du coup on est revenu dans les charts. Ca nous a aidé, nous a permis de nous maintenir sur Spotify et de maintenir des caps.

Avec Tik Tok on a de l’or devant nous et on comprend pas.

PnS : C’est un peu la même chose qu’il y a déjà eu sur d’autres réseaux avant. Je pense à My Space à une autre époque …

Marlon Magnée : Exactement. C’est ce qui est en train de se passer sur Tik Tok sauf que là on est comme des teubés, on arrive pas à comprendre ce qui se passe. Personne comprend, on a de l’or devant nous et on comprend pas.

PnS : Mais t’es obligé de jouer ce jeu là.

Marlon Magnée : Exactement. Par exemple, pour te dire que label indé ou pas ça ressemble pas à ce qu’on croit. En ce moment on est en ultra indé. Le summum de l’indé c’est quand t’es en distrib, il y a plusieurs paliers et notre distributeur nous a mis la pression pour qu’on fasse une campagne Tik Tok. Ils ont raison, aujourd’hui quand tu sors un disque il faut être dessus. Sauf qu’ils nous ont mis la pression pour payer des influenceurs au Brésil pour qu’ils diffusent notre son. Certes ça a généré des vues mais ça a pas fait la trend qu’on voulait. C’est pour te dire qu’on se sentait plus forcés qu’avec des majors. Sauf que c’est futile à la fin. L’important est que l’artiste fasse l’art qu’il veut et tout ça c’est la façon de le vendre. On ne va pas se leurrer, on vend notre art, on est un produit mais ce qu’on fait c’est avec le coeur. Et ce sont des albums qui resteront pour l’éternité.

Aujourd’hui, la nouvelle génération d’artistes, elle doit mettre les mains dans la merde.

PnS : L’artiste il doit vraiment avoir les mains dans tout ça ou il peut déléguer ?

Marlon Magnée : Tu peux déléguer mais si tu fais ça, tu as deux chances sur dix que ça se passe bien. Si t’as de la chance, ça se passe bien. Si ça se passe bien, tu peux quand même te faire niquer et tu vas te retrouver dans 20 ans sans rien comme on a vu des artistes se faire niquer par leurs managers. Alors aujourd’hui, la nouvelle génération d’artistes, elle doit mettre les mains dans la merde.

PnS : Au milieu des réseaux sociaux, il y a un retour à l’ancien avec le vinyle. Tu sors tes albums sur ce format, tu as fait une sortie pour le disquaire day. Il t’évoque quoi ce retour ?

Marlon Magnée : Ca me parle et en même temps c’est de l’hypocrisie. Parce que je pense que plus de la moitié des vinyles qu’on vend finissent sur une cheminée pour faire joli. C’est du fétichisme, je suis content, c’est plus beau qu’un CD. Mais je ne sais pas si le public les écoute tant que ça, il y a le streaming à côté. Moi j’ai écouté beaucoup de vinyles quand j’avais 15, 16 ans et après ma platine n’a plus marché et depuis je fais de la musique, j’achète des vinyles parfois et je ne les écoute jamais. Ce qui me rend un peu amère par rapport à ça c’est que les majors se sont vraiment approprié ce retour. Il faut attendre 6 mois pour presser parce que les putains de majors vont presser du Rihanna pour des centaine de milliers d’exemplaires, ils privatisent même des usines. Là je suis content parce qu’on bosse avec une usine à Paris qui a refusé de donner l’exclusivité aux majors. C’est bien que tout le monde puisse bouffer et presser. Et puis à la fin reste la question est-ce écologique de rematérialiser ?

C’est difficile pour un artiste d’être engagé parce qu’on t’attend au tournant sur tout.

PnS : Mais Internet est-ce écologique ?

Marlon Magnée : Exactement ! C’est horrible parce qu’on est prisonniers de cette question mais tourner c’est pas écologique … ça rend fou. C’est difficile pour un artiste d’être engagé parce qu’on t’attend au tournant sur tout. Tu trahies tes convictions à tout moment. Là on va faire des tee shirts en tissus recyclés mais même ceux qui font en coton bio ça marche pas. Le coton vient d’Inde, faut les transporter, il y a assez de vêtements sur Terre…


The Lemon Twigs

Le 3 janvier les Lemon Twigs souhaitaient une bonne année au monde à leur façon en dévoilant un nouveau titre et son clip après deux ans sans nouvelle proposition. « Corner of my eyes », inspiré par le soft rock des années 60 est une chanson d’amour en belle due forme.  Cette ballade construite et désuète qui aurait pu avoir été écrite des années plus tôt a la force nostalgique d’un grand classique. Elle maitrise ses ponts et ses chœurs et profite d’une écriture millimétré pour rappeler que les Lemon Twigs sont incontournables. On attend impatiemment la suite !

Hoax Paradise

 

Hoax Paradise est de retour ! En ce début d’année le groupe parisien dévoilera son nouvel EP « Glow ». Les bonnes nouvelles vont bon train de leur côté puisque le combo est aujourd’hui en lisse pour le Grand Zebrock et dévoilait en novembre dernier un premier extrait de son nouveau bijou qui porte très bien son nom « Addiction ». Avec sa fougue clairement rock mais aussi une sensualité à vous faire tourner la tête, le combo sait gérer ses rythmiques et faire sonner ses guitares. Porté par une voix féminine  au joli grain, le groupe a le sens du banger qui se fraye un chemin dans les têtes et dans les veines. Obsédant et enivrant, le titre joue sur des répétitions scandées et des boucles bien construites. A déguster comme un shot qui fera tourner les têtes. Vous allez vite devenir accros.

The Murder Capital

Ils sont enfin de retour ! Le 20 janvier The Murder Capital dévoilera l’un des albums les plus attendus de cette année 2023 : « Gigi’s Recovery ». Dans la foulée le groupe se produira à Paris, au Trabendo, le 13 février. Dans la lignée de Fontaines D.C ou Idles, le groupe irlandais a toujours été plus à fleur de peau, un ton plus torturé que ses comparses. Quatre extraits dévoilés en amont de cette sortie laissent entrevoir ce à quoi ressemblera le successeur de l’immense « When I have fears ».  Rythmiques entêtantes, voix hypnotisante et riffs répétitifs peuplent ces écoutes, un brin moins viscérales qu’à l’accoutumé. Dans son registre sombre, le groupe semble gagner en dynamisme comme si son humeur générale oscillait maintenant plus du côté de Bloc Party et Alt-J que dans les caves du courant post punk. Reste à l’écouter en entier pour mieux se l’approprier.

Okala

Il y a un certain luxe dans la musique d’Okala. Un raffinement rare comme un trésor. Comme un grand couturier  le musicien sait parfaitement mélanger les textures et matières pour rendre son art aussi moderne qu’avant-gardiste. Pour bien s’en rendre compte, il suffit d’écouter son dernier single en date « NDE » dévoilé en novembre 2022. Le musicien y raconte son EMI (expérience de mort imminente) et invite à un voyage où la lutte pour ne pas quitter la lumière est centrale. Cette luminosité au milieu de ténèbres tumultueuses est un fil conducteur de la pop progressive du chanteur. Parmi les références citées pour définir sa musique on retrouve Cascadeur et Radiohead. Du premier, il prend la capacité à créer un univers à part où machines et voix cohabitent. Du second la force narrative d’un « OK Computer ». Après avoir conquis les Inouïs du Printemps de Bourges puis offert une dernière date parisienne avant la fin d’année et pour la Face B en décembre au Pop Up du Label, les attentes sont grandes le concernant pour cette nouvelle année.

Fernie

La scène montréalaise sait souvent se faire remarquer en terme de créativité et d’idées novatrices. Avec Fernie, la chose est particulièrement vraie et s’associe à une voix puissante et inimitable. Entre soul et r’n’b, l’artiste connait ses classiques et sait les moderniser. Ses titres entraînants profitent de la retenue d’une nostalgie palpable. Comme les plus grands, il crée des morceaux lumineux emprunts de jolies couleurs et y mêle une grosse dose d’émotions. Il dévoilait son premier album « Aurora » en 2021 et profitait de 2022 pour le faire découvrir sur les scènes de France et du Canada. Son élément naturel. La base du projet de cet artiste queer d’origine brésilienne ? L’envie de créer une safe space pour s’exprimer en musique. Une réussite en live où bienveillance rime avec talent et promesses d’un moment entier qui marque les esprits.

Adam Naas

Il est une évidence qu’Adam Naas sait jouer de ses facettes. Il a pu être aisé de le comparer à Prince dont il partage quelques prouesses vocales et un sens de la composition. Pourtant, il serait malvenue de le placer dans des cases et de se contenter de trouver dans sa musique des ressemblances avec ce qui a déjà été fait. Adam Naas se renouvelle sans cesse et sait utiliser sa voix pour la tordre et la pousser. Son nouvel et très lumineux opus est des immanquables de cette année. Le 20 janvier « Goldie and the kiss of Andromeda » sera dévoilé. L’occasion de rencontrer Goldie, l’alter ego londonien du chanteur né de ses expériences artistiques et rencontres au sein des scènes indie et queer de la capitale anglaise. Concrètement l’album oscille du glam rock à l’indie, un pointe de blues par ci, un dosette de new wave par là. L’odeur du cabaret est proche, de la grandeur et des paillettes, mais aussi celle des douleurs, de la fatalité, de l’espoir. Toutes ces facettes brillent de mille feux et résonnent avec la cohérence d’une personne entière et son cœur géant qui bat la chamade.

Hamish Hawk

Originaire d’Édimbourg (l’une des plus belles villes du Monde, c’est dit), Hamish Hawk a le timbre et la mélodie d’un Nick Cave joyeux. Le 3 février, le musicien aux mélodies folk / indie rock savamment écrites dévoilera « Angel Numbers » le successeur d' »Heavy Elevator ». L’occasion de retrouver son timbre grave délicieusement apaisant, aux allures d’un bon whisky après une dure journée. L’artiste se revendique de Leonard Cohen et Jarvis Cocker. Du second, il emprunte la magie dans un album à paraitre sous forme de recueil de contes de fée urbain. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que l’opus s’ouvre sur un titre intitulé « Once Upon an acid glance ». Un morceau lumineux empli d’ondes positives personnifiées par des rythmiques soutenues. La suite se délie avec entrain, jovialité et refrains bien construits. Il était une fois un roi du rock’n’roll comme le disait « Spinning Song » en ouverture de « Ghosteen » et son pendant dans un royaume heureux.

James Yorkston, Nina Persson and the second hand orchestra

Le 13 janvier, le groupe dévoilera son nouvel album « The Great White Sea Eagle ». A en juger par les extraits déjà dévoilés, ce nouveau jet se construit sur une douceur enivrante où les accords se mêlent et où les voix se répondent en échos. C’est en 2021 que Yorkson commence à préparer cet opus en contemplant la mer derrière la fenêtre de son studio. Pour parfaire ses compositions, le musicien invite les virtuoses de The Second Hand Orchestra et leurs violons envoûtants. Et puis se joint à eux une voix féminine, celle de Nina Persson de The Cardigans.  Le résultat, aussi profond que l’océan convoque les éléments, résonne comme le vent qui siffle et se construit sous forme de ballades douces mais rayonnantes. La spontanéité du tout tient sûrement à l’enregistrement de l’album. Aucun des musiciens invités n’avait pu écouter les compositions avant d’arriver en studio. Professionnalisme donc mais aussi rendu à vif, voilà qui promet.

Kovacs

Le 13 janvier, l’artiste néerlandaise indomptable Kovacs dévoilera son dernier né « Child of Sin ». Si sa carrière s’est étendue de l’art à la haute couture en passant par la culture, c’est bien à la musique qu’elle excelle. Sa voix inspirée, puissante a de quoi captiver. Parfois proche de celle d’une Janis Joplin, parfois de celle de Nina Simone, elle n’a de cesse de se réinventer et de dévoiler ses belles facettes. La musicienne nous avait habitué à ses changements de registres musicaux. Touche à tout, elle avait su par le passé galvaniser la world, la soul, tordre les genres pour les réinventer. Son nouveau jet touche au divin. En introduction « Child of Sin Till » est déroutant, sombre, brillamment composé, avec la puissante d’un opéra moderne. Et puis, la suite bouleverse, se redéfini à chaque note. Cri du cœur, cri de liberté dont l’élégance est omniprésente. Le péché de la musicienne est époustouflant et vous fera appréhender sa musique avec les oreilles d’un enfant qui découvrirait cet art pour la première fois.


 

les eclatantesIl fait froid, très froid, et les fêtes approchent à grands pas. Avec cette période de l’année, le rythme des concerts va fortement diminuer. Alors avant de marquer une courte pause, une dernière soirée est de mise. Et pas n’importe laquelle puisque les Eclatantes est de retour à la Cité des Sciences  et de l’Industrie de Paris et  promet un moment plus que mémorable.

Au programme de ce vendredi 16 décembre : des concerts, la visite de la Cité des Sciences  et de l’Industrie mais aussi de nombreuses activités à expérimenter et vivre de 20 heures à 1 heures 30 du matin. Détaillons ensemble ce très beau programme.

Les concerts

Concert Cité des sciences
Crédits : R Thenaday

Quasi Qui

Nouvelle signature Microqlima ( le label de l’Impératice), le groupe se produira en live ce soir-là pour interpréter ses rythmiques grooves à la limite de la french touch.

Molécule

Le petit génie de l’électro qui aime a voyager et vivre des expériences hors normes ( du Groeland à l’Océan Atlantique Nord) pour composer sera de la partie pour un set hallucinant et puissant.

Agoria

Influencé par la scène de Détroit et le House américaine, le lyonnais navigue entre jazz, techno, hip hop et house et clôturera la soirée.

Expériences et activités

Les eclatantes cité des sciences
Crédits : R thenaday

Les Eclatantes prévoient en marge des concerts de nombreuses activités pour peupler cette soirée :

  • Un stand de gravure de vinyles pour repartir avec son 45 tours
  • Un parcours de mini golf lumineux
  • Une expérience immersive au planétarium avec une fête des couleurs et des sons, Archéoastronomie maya : Observateurs de l’Univers fait le tour de 6 temples mayas : San Gervasio, Chichen Itzá, Uxmal, Edzná, Palenque et Bonampak.
  • Des courses avec des karts XXL
  • La visite des expositions temporaires et permanentes ainsi que des ateliers et médiations scientifiques
  • Des quizz sur les sciences insolites
  • Un Just Dance Challegne
  • Un ping pong revisité
  • De la pétanque
  • et l’Aéroplume : la découverte d’un vol à l’équilibre invitant le public à s’envoler en battant des ailes pour mieux découvrir la Cité des Sciences à 10 mètres du sol

Pour vivre tout ça et faire une énorme fête hors-norme avant de profiter des fêtes de fin d’année, il ne vous reste plus qu’à réserver vos places ici.


Pour quiconque s’intéresse au cinéma d’horreur, l’année 2022 aura été marquée en sa fin par quelques noms. En premier lieu, le succès du Box Office Smile, mais aussi  X, Terrifier 2 et celui qui nous intéresse ici Barbarian de Zach Cregger. Jugé comme l’un des meilleurs de l’année, le film disponible sur Disney + n’a pas manqué d’attirer l’attention, pour son rythme entre temps de stress intense, scènes gores et cassures de rythme. Est-il à la hauteur de ce qu’on a pu en lire ? On vous raconte.

Barbarian afficheBarbarian de quoi ça parle ?

Se rendant à Détroit pour un entretien d’embauche, Tess se retrouve à louer un « Airbnb » le temps de son séjour. Mais lorsqu’elle arrive tard dans la nuit, elle découvre que la demeure est déjà occupée et qu’un homme étrange du nom de Keith y séjourne déjà… Malgré la gêne, elle décide résignée d’y passer la nuit, les hôtels des environs étant complets. Mais réveillée dans son sommeil par des sons mystérieux, Tess va s’embarquer malgré elle dans une série de découvertes terrifiantes…

Barbarian est-ce que c’est bien ?

Pour ses premiers pas en solo à la réalisation Zach Cregger n’a pas choisi le chemin de la facilité mais plutôt celui du métrage qui sème des pistes pour mieux se jouer de son spectateur. Le moins que l’on puisse dire est que le mieux est encore d’appréhender le film en en sachant le moins possible pour se laisser intriguer, séquence après séquence.

It’s a man’s world

Barbarian disney +En tête de liste de ses nombreuses qualités, on pourra facilement noter la cohérence dans les réactions des personnages. Neve Campbell le décrivait à merveille dans « Scream », le premier, le seul : c’est fatiguant de toujours regarder une nunuche courir s’enfermer dans sa chambre au lieu de se tirer de chez elle. Point de ça ici, puisque notre personnage principale Tess (Georgina Campbell) n’a de cesse d’être sur ses gardes, de se méfier et de jouer la carte de la prudence en toute circonstance.

Sur le sujet, le film va d’ailleurs bien plus loin puisqu’il étire de façon très ouverte la thématique de la masculinité toxique, du prédateur, des dangers à être une femme seule dans nuit et même plus loin de l’agression sexuelle. Sans être un film d’horreur à thème comme le public en raffole chez Jordan Peele par exemple, « Barbarian »  est loin de jouer la simple carte du jeu de jump scares et de massacre mais a bien un sous-titre à l’engagement certain dans ses tiroirs. Pour personnifier les travers d’Hollywood post Me Too, AJ, le personnage de Justin Long, apporte une dose d’humour, d’antipathie et de la chaire fraiche au film. En tant qu’homme du cinéma véreux, il sera d’ailleurs celui qui exprimera à haute voix la question que certains hommes dénués de scrupules se posent « Suis-je une bonne personne qui a fait de mauvaises choses ? » pour mieux y répondre très peu de temps après. De l’intriguant mais toujours charmant Bill Skasgard au redoutable Richard Brake, les portraits des hommes qui se succèdent autour de Tess sont pluriels mais évoquent toujours  cette question, la femme doit-elle constamment se méfier et tenter de survivre ? Mais aussi la femme pourrait-elle aussi devenir le prédateur passant du statut de victime à celui de bourreau ?En plus de pousser les questionnements sur le sujet, le film évoque aussi brièvement le question d’une police déconnectée, aux propos violents qui ne juge que sur l’apparence et s’avère bien peu utile pour agir quand cela est nécessaire. De même les quartiers défavorisés, les clichés sur l’apparence sont de la partie.

Descente aux enfers

Au-delà de ses questions très actuelles, le gros de Barbarian se concentre sur sa thématique horrifique et joue de tous ses ressorts pour créer des moments de tensions glaçants. Un sous-sol et ses horreurs, des couloirs sombres dans lesquels il est impossible de voir la menace approcher, des sursauts. Sans rien inventer l’œuvre a l’étoffe de l’immense The Descent et sait tout aussi bien que lui jouer sur la carte de la claustrophobie et de l’horreur. Trois scènes particulièrement gores viennent étayer le tableau qui préfère pourtant garder certaines de ses idées les plus sombres hors champs voir carrément comme de simples sous-entendus. Le tout permet de maintenir le spectateur sous tension pendant les trois quart d’un film rondement mené. D’autant que Cregger se permet d’improbables ellipses, changeant de propos quand l’envie de savoir est la plus forte pour mieux tenir en haleine son spectateur qui attend impatiemment d’en savoir plus. Excellent conteur, il donne à chacune de  ses sous intrigues, loin d’être toutes horrifiques, un véritable intérêt et une belle ampleur. Stephen King le disait, il faut aimer ses personnages ( mais parfois aussi aimer les détester) pour mieux se laisser prendre au jeu de la peur. Ici, comme dans un livre, le film prend le temps, et ce à tout moment, de se poser pour raconter ses protagonistes et leur donner un contexte qui rend le tout hautement cohérent.

C’est peut-être dans sa troisième moitié qu’il vient le plus à souffrir de la barre qu’il avait jusque là placé trop haut. Puisque les explications, raisons et le véritable danger qui rôde en sous-terrain plient parfois sous la coupe d’un angle grand guignol qui à force de se vouloir trop glaçant finit par frôler le surnaturel pour ne pas dire le ridicule. Mais qu’importe si quelques propos s’égarent de la belle trajectoire lancée ( coucou le besoin d’être une mère à tout prix quelques soient les circonstances) tant le récit tendu comme un fil saura faire frissonner même le plus averti des spectateurs. Il sera aussi aisé de comparer le film à un autre succès horrifique bien connu : Don’t Breath. Sauf que, celui-ci jouant sur un boggey man sur-homme et une violence adolescente, se perdait constamment pour mieux manquer à toutes ses promesses. Se permettant même parfois de descendre ses instants de tensions pour les rendre glauques oui, mais pour ceux qui frissonnent très facilement. Point de ça avec notre Barbare qui jamais ne flanche et ose tout jusqu’à la création d’un personnage qui a autant de panache visuel que la dernière scène de l’incontournable Rec.

Parfait dans ses premiers temps, le film se détache complètement d’un paysage horrifique actuelle qui avait fort besoin d’une touche de nouveauté de propos mais aussi d’horreur simplement, seulement, grandement. En ça, en sa réalisation précise et carrée, en son jeu d’acteurs bien fait, le métrage est bien l’une des plus belles pépites de l’année et promet des nuits à se perdre dans un labyrinthe de frissons.