L’été n’est encore terminé et les annonces se multiplient pour le MaMA Music & Convention ! Le festival réunira en octobre 150 artistes sur les scènes mythiques du quartier de Pigalle. Des découvertes, des nouveautés, des confirmés et toujours de la qualité seront au rendez-vous.
En outre, d’une programmation de concerts dans toutes les salles du quartier, l’évènement accueillera conférences, débats et rencontres autour des thématiques de la musique actuelle.
Il faudra attendre le mois de septembre pour connaitre l’intégralité de la programmation musicale. D’ici là, 41 nouveaux noms viennent s’ajouter au programme. Réservez bien vos 11, 12 et 13 octobre et pour être présents ces jours-là, rendez-vous d’urgence sur la billetterie ici.
DÉCOUVREZ LES 41 NOUVEAUX ARTISTES PROGRAMMÉS
ALBI X • ALICE ET MOI • ALIEN • ALPHA CASSIOPEIAE • AWORI • BEATRICE MELISSA • BENZINE • BOMEL • DA PONTCE • DALLE BETON • DELIA MESHLIR • DIDI B • EHLA • ENAÉ
ENSEMBLE CHAKAM • FILS CARA • INSOLITO UNIVERSO • IRNINI MONS • JERSEY
JOANNE O JOAN • KRISTINA ISSA • LA MANTE • LA MOSSA • LAVENTURE • LIA
LIV ODDMAN • LOTTI • MA PETITE • MAEVA • MAYA KAMATY • MAYFLY • MORJANE TÉNÉRÉ
PALOMA COLOMBE • SBRBS • SCUFFLES • SHOBRA EL GENERAL • SICARIO78 • SILANCE
STARTIJENN • SUKH MAHAL • VIOLET INDIGO • YANN SOLO
Dire que le concert de The 1975 en France était attendu de pied ferme reviendrait au doux euphémisme. Le groupe britannique mené par Matthew Healy se produisait le…
Du 20 au 27 juin le cinéma américain et français, passé comme présent se dévoile sur les Champs-Elysées. Projections, tables rondes, masterclass, rooftop, Le Champs Elysées Film Festival…
Du 20 au 27 juin 2023, le Champs-Elysées Film Festival reprend ses quartiers sur la plus belle avenue du Monde. Comme chaque année, l’évènement est synonyme de mise en avant du cinéma indépendant français et américain. Découvertes, rétrospectives mais aussi showcases en rooftop attendent les festivaliers. Cette année le festival a choisi de mettre le Girl Power au cœur de ses préoccupations à travers une série de projections ciblées. C’est aussi pour nous l’occasion de se questionner. Comment ce pouvoir féminin s’exprime-t-il au gré des œuvres projetées ? S’y exprime-t-il toujours ? On en parle.
Pouvoir et Images
Retour en adolescence avec la projection du film « Thirteen ». Si sa réalisatrice, Catherine Hardwicke a tragiquement connu la gloire pour la réalisation du premier « Twilight », c’est une histoire adolescente d’un autre genre qui reste l’une de ses plus belles réussites. Lors de sa sortie en salle, les excès de Tracy (Evan Rachel Wood) lui avait valu une interdiction aux moins de 16 en salles. Le film qui parle du passage de l’enfance à l’âge adulte, de ses déboires et donc de drogue, sexe et alcool reste toujours aussi pertinent aujourd’hui. Devenir femme à travers l’image d’une nouvelle meilleure amie, embrasser les dangers à un âge où tout semble possible, les thématiques abordées s’illustrent avec une certaine véracité et dépeignent une forme d’adolescence dans laquelle avait pu se reconnaitre toute une génération. Girl power donc avant le women empowerment.
En clôture « Le syndrome des amours passées » de Raphaël Balboni et Ann Sirot place la femme dans un tout autre rôle : celui de la mère en devenir. On y parle d’un couple qui n’arrive pas à avoir d’enfants jusqu’à ce qu’un médecin leur propose un protocole qui devrait tout arranger : recoucher avec toutes les personnes avec lesquelles ils ont eu des relations intimes pour débloquer le syndrome qui les empêche de procréer. Le métrage use de procédés graphiques notamment pendant les scènes de sexe pour sublimer son travail. Il mise aussi et surtout sur l’humour pour créer des situations fantaisistes et marquer son propos. Les protagonistes sont donc un couple hétérosexuel. Au sein de celui-ci, Sandra, tient une place de choix. C’est elle qui a eu le plus de partenaires, elle la séductrice à revers de ce que l’on peut souvent voir dans le cinéma qui fait passer l’homme pour le tombeur. Au delà de ça, le métrage interroge sur le statut de celle qui veut devenir mère. Comment faire table-rase du passé ? Comment ne pas s’oublier dans un processus de couple et de désir d’être parents ? Sandra est un personnage fort et sensible, elle est ouverte sur sa sexualité, à l’aise. Elle est le pilier de sa relation. La question de l’avortement y est aussi posée avec légèreté. Le pouvoir féminin ici, c’est celui que vivent beaucoup de femmes, celui d’être et d’avoir été en dehors de son couple et de cette personne qu’il faudra laisser exister en prenant un nouveau rôle : celui de mère.
courts métrages
Sur trois des cinq courts métrages qui ont été présentés dans la première sélection, les personnages principaux y étaient des femmes. Jumelles dans Phalène de Sarah-Anaïs Debenoit, tribu de petites filles dans la superbe animation de Clémence Bouchereau dans La saison pourpre et enfin employée victime de disparités salariales dans Invisibles de Matthieu Salmon. Cette dernière est celle qui a marqué le plus nos esprits : victime invisible d’un écrasement social qui, après sa rupture rupture amoureuse cloue son sort, Louise craint de devenir invisible pour le « système ». Dans la même société que son compagnon de l’époque, elle se voit refuser un CDI pourtant bien mérité que ce-dernier obtient sans accroc. Cet écrasement l’accable, la terrifie – elle aboutira en fin de compte par faire un choix assumé, violent et revendicateur de son identité. Figure féminine forte, c’est d’abord en victime que Louise subit la société, avant de faire subir à la société… un beau retournement de situation.
Série
Cela fait des années qu’Iris Brey collabore avec le Champs-Élysées Film Festival. Cette année, c’est en tant que réalisatrice qu’elle franchit les portes du cinéma Balzac. Avec sa première série/réalisation, Iris Brey se veut progressiste et politique. Celle qui est connue pour ses études sur la représentation du corps féminin dans les médias propose avec Split, une vision féministe et féminine du désir. La série suit l’histoire d’amour de deux femmes, l’une ouvertement lesbienne, l’autre en couple avec un homme.
Iris Brey pose un regard critique sur la place de la femme au sein de la vision hétéronormée et souhaite apporter des nouveautés. En effet, dans Split, on voit la première scène de squirt à la télé française. Si la série n’a pas encore trouvé de diffuseur, cette simple scène pourrait bien causer à la série de basculer en -16 ans et d’être projetée à des horaires nocturnes. Il suffirait de couper la scène et on en parle plus bien sûr… mais comme le dit Iris Brey dans le documentaire Sex is Comedy d’Edith Chapin : « Ça me coûte politiquement de modifier mon œuvre ».
Showcases : le pouvoir par la musique
L’ouverture du fameux rooftop et sa vue imprenable sur l’Arc de Triomphe a d’office été l’occasion de mettre les bases. La femme sera mise en lumière cette année. Et elle sera plurielle. Ce 21 juin, soir de la fête de la musique alors que les rues sont envahies de fêtards et de DJ sets, sur les hauteurs, les coupes se trinquent et le pop-corn coule à flot. Là, Emilie Simon prend le micro. Sa simple entrée sur scène fait taire toute l’assistance. La douceur comme emprise, les notes pour instaurer le silence. De noir vêtue, la chanteuse pose ses textes en piano voix. Avec simplicité certes mais surtout avec une vulnérabilité qui frappe fort. Le moment est quasi religieux et permet de faire un tour de ses titres dont le classique « Le Vieil Amant ». Quelques paroles oubliées ne l’empêche pas de captiver les foules. Une main de fer dans un gant de velours, aidé par une expertise dans la maîtrise de son timbre atypique.
Léonie Pernet, elle aussi enivre sur le rooftop sur Publicis au court d’un DJ set bien senti. La musicienne à a prestance indéniable prend les festivaliers par la main et les invite à danser sur ses titres bien choisis. La musique est sûrement le pouvoir suprême. Léonie Pernet s’offre un tour dans le répertoire des musicien.nes qu’elle apprécie puis finit par ses propres compositions. Elle sortait l’an dernier l’un des plus beaux albums de l’album. Il aurait bien dommage de se priver de son « Cirque des consolations ».
Texto co-écrit pat Pénélope Bonneau Rouis, Adrien Comar, Julia Escudero
Le coup d’envoi Festival Fnac Live Paris était donné le 28 juin. Comme chaque année l’évènement entièrement gratuit profitait d’un cadre de rêve pour se déployer : celui…
Ce weekend à Solidays, la fête était folle et a entrainé les festivaliers jusqu’au bout de la nuit. Les concerts ont permis de célébrer ces 25 années dignement.…
Du 23 au 25 juin 2023, le festival Solidays organisée par Solidarité SIDA fête ses 25 ans. Des années de fête et de musique, certes. Mais si la programmation fait pleinement partie de l’ADN du festival, il ne faut pas oublier de parler de la première mission de cet évènement : son engagement au côté de la santé internationale, mais aussi de l’écologie, la lutte contre le racisme et l’homophobie et la défense de valeurs d’équité et de justice.
Pour rappel, le festival a été créé par Solidarité SIDA et porte haut et fort cette voix. Et concrètement comment tout cela se traduit sur le festival ? De mille manière pour instruire, prévenir et éduquer. Déjà par la présence d’intervenants, souvent bénévoles pour Solidarité SIDA, qui s’expriment avant chaque concert. De la manière d’enfiler un préservatif à l’accueil d’un migrant à domicile en passant par des informations sur les pays particulièrement touchés par le VIH, notamment sur le continent africain, les sujets sont nombreux et viennent aux festivaliers sans qu’il n’aient d’efforts à faire.
Cérémonie contre l’oubli
Le samedi, la journée s’ouvre sur la Cérémonie de l’oubli. Un des temps les plus forts et émouvants du festival. Au début de l’épidémie, les morts étaient si nombreux qu’il était impossible de tous les enterrer dignement. Ces faits atroces ne doivent pas faire oublier la vie de ces victimes de la maladie. C’est ainsi que les proches de certains disparus ont rassemblé des bouts de tissus appartenant aux défunts : vêtements mais aussi cheveux, sang… pour en créer des patchworks géants qui sont ainsi déployer en face de la grande scène : la Scène Paris. Des intervenants viennent dire à haute voix un à un les prénoms de personnes disparues. Les soeurs de la perpétuelle indulgence se joignent à cette cérémonie et ajoutent un patchwork blanc pour représenter les oubliés qui ne pourront être cités. Un moment puissant, triste, commémoratif mais aussi emprunt d’une véritable solidarité qui entretient le travail essentiel de mémoire.
Les conférences et le Social Club
Pour aller plus loin dans les débats, il faut se rendre au Social Club. Un lieu fermé, installé spécialement pour laisser place aux débats et intervenants. Dans la salle, des sièges sont installés et un intervenant vient discuter de thématiques concrètes. Les talks proposés sont variés : handicap, exil, homosexualité en terre hostile, chemsex, vivre ensemble … autant de moments pour comprendre et sensibiliser. Parmi les débats proposés, certains nous ont particulièrement marqués, comme celui sur la jeunesse et l’hôpital. Nous y rencontrons Léa, qui a monté son association à 14 ans suite à la leucémie de sa grand-mère. Toute sa classe y a dans un premier temps participer. Chacun.e racontant comment la maladie et la mort peuvent être des tabous trop douloureux pour les famille. Un message positif, montrant qu’il est possible de s’engager à tout âge pour changer les choses.
Le débat concernant la question de l’homosexualité en Afrique fut également un temps fort et très alarmant de ce festival. En effet, en Ouganda, la situation est aujourd’hui gravissime pour les personnes LGBT. Dans un pays où le gouvernement pousse à l’homophobie, la peine de mort a été instaurée pour les personnes jugées « coupable d’homosexualité ». Cette loi abjecte prévoit aussi de pénaliser toute personne perçue comme une aide, rendant le travail des associations quasi impossible sans risquer elles-mêmes d’être condamnées et l’incitation à la délation est présente, légiférée. Ne pas dénoncer c’est être complice. Une situation qui a dégénérée en un temps record : deux années ont suffit pour que l’immonde soit instauré dans le pays. Aujourd’hui, le Kenya, pays voisin, qui était terre d’accueil et permettait aux personnes LGBT de fuir le pays et de pouvoir d’accéder à une demande l’asile politique dans des pays qui respectent leurs droits, durcit lui aussi sa légifération. Une situation tragique et gangrénante dont il est essentiel d’avoir pleinement conscience et sur laquelle il faut agir par tout moyen.
Les stands associatifs
Le village des associations regroupe 100 associations et est un élément central du festival. Nombreux.ses sont les festivaliers à s’y rendre. Chaque stand sensibilise sur son sujet et profite de l’évènement pour défendre de grandes causes de façon ludiques. Un parcours de jeux et casque de réalité virtuelle pour l’assurance maladie, un chamboule-tout avec les visages de fachos à dégommer, des jeux, des activités mais surtout beaucoup de paroles pour inciter à débattre et s’engager. On y parle de sexualité, d’exclusion, d’action, Sept grandes familles regroupent les stands : santé sexuelle et VIH, environnement Développement Durable, Lutte contre l’exclusion, santé, Discrimination et Droits humains, Engagement citoyen, Solidarité internationale et Aide au de développement. et Parmi les associations on retrouve notamment pari-T, le planning familiale, PikPik Environnement, mag jeunes LGBT+, la Rue tourne, les Aliennes, AFEV, Arc essentiel, AIME…
Les bénévoles
Rien ne serait possible sur Solidays sans ses bénévoles. Ielles font tourner l’évènement et s’engagent aux côtés de Solidarité SIDA. Un hommage leur est rendu sur la Scène Paris, le samedi soir, avant le concert de Parov Stellar. L’occasion de mettre leurs visages en lumière, de revenir sur l’histoire de Solidarité SIDA et de chanter sur « I Will Survive ». En plus cette année aura été l’occasion de présenter sur scène un jeune couple qui s’est connu à Solidays et a choisi pour célébrer son mariage d’inviter ses convives sur le festival pour la journée. Un moment puissant qui rappelle que tout le monde peut s’engager aux côtés de l’association.
Alors que le mois de juin annonce le début de la saison des festivals et profite d’une offre variée en propositions open air, le plus automnal des évènements…
Le 2 juin sortait le très attendu nouvel album de Protomartyr « Formal Growth in the Desert ». Si le précédent opus était annoncé comme marquant une fin à Protomartyr tel qu’on le connait, ce nouveau jet signe la promesse d’un nouveau départ et flirte sur le fil du rasoir d’émotions exacerbée à coup de post punk viscéral. Entre le désert émotionnel, le vieillissement mais aussi l’envie de dénoncer une politique américaine liberticide, le groupe frappe fort et s’amuse à ajouter des références à Ennio Morricone à ses sonorités. Nous avons rencontré Joey Casey (chant) et Greg Ahee (guitariste). Avec eux nous parlons de westerns spaghettis, d’âge d’or du Hip Hop, de Covid et musique, de politique américaine, de besoin de s’unir, de grosses entreprises, des manifestations pour les retraites en France, du fait de vieillir et de rester curieux en découvertes musicales. Rencontre.
Popnshot : Comment décririez vous ce nouvel album ?
Joe Casey : C’est une bonne question parce que ça me fait me demander comment je le vendrai. On essaie d’être un groupe avec une forme d’immédiateté qui fait que les gens qui ne nous connaissent pas vont adhérer rapidement. Pourtant beaucoup de personnes qui aiment notre musique n’ont pas forcément aimé à la première écoute. Ils nous disent qu’en nous ré-écoutant, en faisant attention aux paroles, ont une forme de déclick. J’aimerai faire quelque chose qui parle immédiatement aux gens mais se révèle au bout de plusieurs écoutes. Je veux qu’on se sente excité à la première écoute mais que plus on l’écoute, plus on en découvre. On a eu ça en tête avec celui-ci. On a ajouté un vibe western country mais qui colle à ce qu’on avait déjà fait.
Greg Ahee : Dans l’esprit d’un film de western. On s’est inspiré d’Enhio Moricone, on a ajouté une touche western spaghetti. Ce que Moricone a fait, c’est qu’il est italien mais qu’il a composé pour des films qui eux ont lieu aux Etats-Unis dans l’histoire des westerns. J’aime ça, prendre quelque chose avec lequel je ne suis pas familier et y mettre ma touche. Quand j’ajoute des éléments c’est ce que j’ai en tête, je n’essaie pas d’imiter parce que je serai mauvais. La dernière fois on avait ajouté du jazz mais dans notre propre interprétation, avec respect. Et c’est pour ça que vous devez écouter l’album (rires)
Popnshot : Pourquoi vous vouliez travailler sur le thème western spaghetti ?
Greg Ahee : C’est arrivé parce qu’après ne pas avoir composé pendant le Covid on m’a demandé de composer pour des courts métrages, je n’avais jamais fait ça avant et je voulais le faire depuis longtemps. j’ai saisi cette opportunité à cause du confinement. Et j’ai voulu élever des scènes avec de la musique. Pour se faire j’ai étudié ce que faisais Moricone, cherché à comprendre sa technique. Une fois que j’ai fini ces enregistrement j’étais enthousiaste à l’idée de travailler sur un nouveau Protomartyr, j’ai voulu mettre la même intensité dans le groupe et coller à la narration de Joe. J’ai voulu élever ce qu’il allait dire. C’était une nouvelle approche rafraîchissante après albums. Je ne veux pas faire des albums pour en faire, je veux avoir une bonne raison, des choses à dire et je veux que ce soit fun.
une fois sortis de la quarantaine, on s’est dit que les dernier albums étaient les pièce de quelque chose de complet. On s’est senti la liberté de faire un nouveau chapitre, loin de penser aux attentes.
Popnshot : A la sortie du précédent album « Ultimate Success Today », vous disiez qu’il symbolisait la fin dune époque. Vous aviez ça en tête avec ce nouvel opus ?
Joe Casey : C’est marrant avant le Covid, je faisais la promotion de cet album et je disais qu’il clôturait un chapitre. Je le disais parce qu’il y avait des morceaux qui étaient une forme d’au revoir. Et puis la pandémie est arrivée et nous ne savions pas si nous pourrions repartir en tournée un jour, si être dans un groupe avait un intérêt financier ou créatif, donc je me suis senti vraiment stupide. ça aurait pu être notre dernier album. Et puis une fois sortis de la quarantaine, on s’est dit que les dernier albums étaient les pièce de quelque chose de complet. On s’est senti la liberté de faire un nouveau chapitre, loin de penser aux attentes. On a redéfini ce qu’était être un groupe, on a pu se dire que peu importe ce qu’on allait créer, on serait libres. D’une certaine façon c’était un retour à zéro.
Popnshot : En parlant de liberté, vous disiez dans une interview que le hip hop était plus libre que le rock puisqu’il y a plus de demandes et donc plus d’attente sur les sorties Hip Hop. Vous le pensez encore aujourd’hui alors que le Hip Hop est à son âge d’or et que le rock revient mais doucement ?
Joe Casey : Oui puisque le Hip Hop est le mouvement dominent aujourd’hui et il le mérite. Mais j’ai le sentiment que du coup, le rock peut plus facilement s’offrir la liberté de rechercher et expérimenter ses sonorités. Les gens qui attendent le retour du rock attendent des choses identiques à ce que faisait Led Zeppelin ou d’autres groupes retros. Mais aujourd’hui on a la liberté de faire ce que l’on veut sans se préoccuper des attentes.
Popnshot : Une chose très importante dans la musique pour vous ce sont les paroles. Sur « Formal Growth In The Desert » quand vous parlez de désert, vous voulez dire désert émotionnel c’est ça ?
Joe Casey : J’ai toujours utilisé le désert comme une métaphore facile pour décrire mon état émotionnel : l’isolation. Dès le premier album et la premier morceau j’ai parlé du désert. Avant de faire l’album, avec ma fiancée nous sommes allés dans le désert de l’Arizona. Ces grandes pierres, c’est magnifique mais on s’y sent aussi minuscules. On se sent comme une poussière dans ce qui date de plusieurs milliers d’années. J’ai imaginé ce qui s’est passé pendant le Covid. Même dans le désert des choses poussent, il y a de la vie. C’est devenu une métaphore simple pour l’album qui était en train de pousser.
Popnshot : Et puis il y a la pluie en conclusion de l’album …
Joe Casey : Je suis content que ça colle parfaitement. Les émotions et les notes explosent au même moment dans une forme Technicolor où il y a de la pluie, où les choses poussent. C’est semi intentionnel. Ce n’était pas prévu. Mais ça fonctionne. Parfois les paroles s’opposent à la musique et là au contraire elles vont parfaitement ensemble.
aujourd’hui en Amérique, les choses vont trop loin. Il a beaucoup de monde qui ne peux pas se payer une maison, les syndicats revendiquent l’augmentation des salaires minimums et on ne leur donne pas.
Popnshot : Les paroles sont écrites en premier ?
Joe Casey : Non le groupe vient me trouver avec des morceaux et j’ajoute les paroles. Et je ne voudrai pas que ce soit dans le sens inverse. Peut-être un jour ce sera amusant de faire l’inverse. J’essaie de répondre aux mélodies qui me sont proposées, je me demande ce que ça me fait ressentir. Je ne pense pas à des mots précis, je pense aux émotions qui en ressortent.
Greg Ahee : Sur le dernier album on avait plus ou moins fini d’enregistrer la musique et on a enregistré le chant à la fin. Cette fois-ci on a tout fait en même temps. On était en studio pendant deux semaines. De ce fait il a fini par mettre du chant sur des morceaux qui n’étaient pas complètement terminés. Il y avait juste de la basse, de la batterie et une base de guitare. Grâce à ça, il y a eu plus d’allers-retours entre nous. J’ai pu travailler sur ce qu’il amenait dans les chansons. Enjoliver et élever l’histoire qu’il amenait.
Popnshot : Vos paroles sont toujours politisées. Cette fois vous parlez du capitalisme. Un parti pris qui correspond toujours au courants punks. Que vouliez-vous faire ressortir ?
Joe Casey : Avec les confinements et le Covid, on a vu que les gens étaient encore en train de mourir quand le gouvernement a dit qu’il fallait quand même aller travailler. C’est ce qu’est le capitalisme. Avant j’essayais d’enrober les choses, de ne pas être trop direct quand je parlais de politique, je me cachais derrière des métaphores, c’est parce que je ne me sentais pas à même de répondre intellectuellement, je peux répondre aux choses émotionnellement. Mais aujourd’hui en Amérique, les choses vont trop loin. Il a beaucoup de monde qui ne peux pas se payer une maison, les syndicats revendiquent l’augmentation des salaires minimums et on ne leur donne pas. On voit tout ça arriver en direct, on ne peut pas le nier. Même dans l’industrie musicale, on voit arriver une nouvelle forme de travail qui sert moins les artistes et au public mais sert plus les grosses entreprises. Ils ferment les salles indépendantes par exemple, on voit tout ça arriver dans notre petite partie du Monde. Je chante sur ce qui m’affecte.
Les problèmes que l’on rencontre à Détroit sont les mêmes qu’on retrouve en Europe.
Popnshot : Tu parles de ton petit bout du Monde mais ce que tu chantes peut concerner d’autres parties du Monde. Par exemple du parles de violences policières ce qui est un énorme sujet ici en France, d’autant plus récemment suite aux manifestations pour les retraites ….
Joe Casey : C’est l’une des meilleures choses quant au fait de tourner, de pouvoir voir le Monde. Avec notre premier album, on ne pensait pas qu’on aurait cette chance. Les deux premiers albums parlent de Détroit. Eh bien, quand on tourne, on découvre l’universalité de nos problématique. Les problèmes que l’on rencontre à Détroit sont les mêmes qu’on retrouve en Europe. Sur la chanson « We know the rats » on parle de ça aussi. Pourquoi est-ce que tu as cambriolé ma maison ? Parce que tu as besoin d’argent. Et pourquoi ? Parce qu’il n’y ni travail, ni opportunités. Et même si ça parait naïf de le dire, on doit travailler ensemble pour s’occuper de ces problèmes. Et la réponse n’est pas la violence. Quand je me suis fait cambriolé chez moi, la police m’a dit que c’était de ma faute parce que je n’avais pas de flingue pour me défendre. Ils veulent qu’on soit montés les uns contre les autres. Mais en étant réalistes, il faut rester prudents. Les gens au final nous parlent beaucoup, ils nous donnent des réponses simples à des questions qui paraissent complexes. Je ne veux pas être simpliste et dire que si on s’unie tout sera réglé. On ne sait pas tout ce qui se passe en France. Mais on voit qu’ici les gens manifestent de façon plus agressives qu’aux USA et que c’est une bonne chose.
Popnshot : Tu parles aussi de vieillir sur cet album. Un sujet peu abordé. Pourquoi était-ce important pour toi ?
Joe Casey : Quand on a commencé le groupe, je me sentais trop vieux pour être dans un groupe de rock et je l’étais sûrement. Mais maintenant Greg est plus vieux que je ne l’étais quand on a commencé. Et je me dis Mince j’étais jeune en fait, je suis vieux maintenant (rires). Je déteste cette sentimentalité poussée quand on chante des choses comme « Forever young ». On chante ce qu’on connait alors pourquoi chanter sur la jeunesse quand on n’est plus jeunes ? Beaucoup de gens nous ont dit aimer notre musique parce qu’elle parle de résignation ou de notre compréhension du Monde. Notre idée c’est de se dire voilà comment marche le Monde mais on peut trouver du bonheur au milieu.
Greg Ahee : Vieillir ce n’est pas si mal. Tant que tu es près à grandir.
Popnshot : Comment ça se traduit en musique ces sentiments ?
Joe Casey : Il y a toujours une forme de tristesse dans la musique que j’aime. Plus tu vieillis, plus il y a de la tristesse. Mais il y a toujours un peu d’espoir. Il doit y avoir un peu de lumière quoi qu’on fasse et qu’on crée. Essayer d’apporter plus de joie qu’on l’a fait dans le passé c’est grandir pour moi. En dehors de la musique, j’essaie d’être moins un connard, d’accepter plus de choses. J’ai le sentiment que je jugeais beaucoup de choses avant parce qu’étant un gosse, je ne comprenais pas grand chose. Grandir c’est apprendre, tu acceptes des choses que tu n’étais pas en capacité d’accepter ni de comprendre.
Greg Ahee : Et puis en tant que groupe qui a plus de 10 ans tu veux aussi continuer à te challenger, garder ton niveau. On doit ajouter du pouvoir à notre musique. On ne veut pas devenir un vieux groupe de rock, avoir une guitare plus simple ou des titres moyens.
Joe Casey :On veut que composer reste excitant parce qu’on va jouer ces morceaux encore et encore. On ne veut pas s’ennuyer au deuxième concert.
Greg Ahee : On veut garder l’énergie. J’ai lu un article il y a un mois ou quelque chose comme ça qui disait qu’à partir de 33 ans on ne cherche plus à découvrir des nouveautés en musique. J’ai 36 ans et je ne veux pas devenir comme ça. Et il n’y pas que ce qui vient de sortir, il y a plein de choses anciennes à découvrir. Les gens se contentent de ce qu’ils ont déjà écouté parce que ça les met à l’aise. Du coup je me force à découvrir de nouvelles choses parce que si je m’arrête je ne vois pas l’interêt d’avoir un groupe.
Popnshot : C’est triste d’arrêter d’être curieux en musique, ce serait un peu comme manger le même repas tous les jours …
Joe Casey : C’est aussi, je pense parce que les gens n’ont pas le temps de faire des découvertes parce que la vie est trop intense. Il y a du confort à se dire que ça ne va pas changer, qu’un titre sera toujours le même. Avec le temps on voit le passé comme un moment où les choses allaient bien.
Greg Ahee : Ca ne s’applique pas au films, les gens en découvrent toujours des nouveaux. Mais on a une connexion différente à la musique, qui nous affecte différemment. De façon plus viscérale. En 2 heures de film, on ne ressent pas qu’un sentiment: les choses changent, c’est un voyage. En musique, le sentiment revient immédiatement. C’est fatiguant de faire des découvertes, mais c’est comme tout dans la vie.
Popnshot : Avec la musique on connait aussi les paroles par coeur, ce qui n’est pas le cas avec un film.
Greg Ahee : C’est un bon point. Et ça se rapproche du fait qu’aujourd’hui un album est moins important qu’une entrée en playlist. Elles sont basées sur les humeurs pas le style. On veut des mixes pour travailler ou chiller. Mais malgré tout on reste un groupe d’albums, c’est la phrase ultime en musique.
Popnshot : C’est amusant parce que j’aime finir mes interviews en demandant comment vous fait pour découvrir de nouvelles choses en musique, quelles sont vos astuces ?
Joe Casey : Même si certains ne découvrent pas de nouveautés, il y a tellement de nouveautés en musique que c’est difficile de savoir comment s’y prendre. Je n’ai pas de Spotify and co donc je compte sur mes amis pour me dire ce qui est bien. En tournant aussi dans différents pays on peut demander aux gens s’ils ont des recommandations. Parfois dans d’autres langues.
Greg Ahee : J’ai Spotify et parfois je découvre des choses via cette plateforme mais je trouve toujours ça dégoutant parce que ça se base sur ce que j’aime mais je trouve que c’est trop structuré grosses entreprises. je me dis que ces immenses boites vole ma data. J’essaie d’éviter ça. Du coup pour éviter ça j’écoute des radio classiques ou en ligne. Les stations locales à Détroit ont pas mal de belles choses. NTS sur internet a de très belles choses
Comme chaque année du 23 au 25 juin, Solidays se déroulera à l’Hippodrome de Longchamp. Cette année l’évènement y fêtera ses 25 ans. Si souvent, l’accent est mis…
La résilience. N’est-ce pas un concept qui colle bien aux temps actuels ? Nourris aux menaces, aux risques, les générations actuelles vivent dans une peur constante de perdre…