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Julia Escudero

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Ici, on aime le cinéma de genre, d’ailleurs on aime le cinéma tout court et tout les genres. Pourquoi le préciser? Parce qu’en fouillant la toile pour en savoir plus sur ce fameux « Grave », j’ai pu voir moults avis de chroniqueurs détestant le genre ou même, allez hop, n’ayons pas peur des mots, le cinéma d’horreur.

L’autre raison qui fait que j’évoquerai brièvement cet amour pour ce cinéma particulier est que, « Grave » a été visionné sous le prisme de l’impatience et de la bienveillance. L’ayant raté à Géradmer, c’est bien le premier jour de sa sortie en salles obscures que votre rédactrice s’est jetée dans la salle.

Naïve et pensant encore qu’en France nous pouvions avoir de la curiosité pour un cinéma à part, j’imaginais déjà une salle comble pour cette séance. Et puis bon, c’était bien le cas lors de mon second visionnage de l’excellent « Split » qu’il faut absolument aller voir si ce n’est déjà fait.

« Grave » raconte donc les déboires de Justine (Garance Marillier), jeune surdouée et végétarienne convaincue qui entre en école de vétérinaire. La même que ses parents ont fait et celle dans laquelle elle retrouve sa sœur aînée, Alexia (Ella Rumpf) déjà bien intégrée. Bizutée, Justine est forcée de manger pour la première fois un morceau de viande (un rein de lapin cru qui plus est). Cet incident réveil en elle un appétit dévorant pour la chair humaine.

Véritable bête de festival, « Grave » fait office de premier de classe dans le genre, raflant tous les prix qu’il convoitait un à un. Pourquoi un tel engouement?

Peut-être parce que le film cherche à multiplier les thématiques intelligentes et modernes. A force de métaphores, d’entendus et de sous-entendus, le film finit même par se perdre dans les très nombreuses thématiques qu’il aborde.

Le poids de la famille est pourtant l’un des fers de lance de notre métrage. Justine est poussée. Elle l’est par ses parents, un mère qui impose à ses enfants d’être végétariens et les poussent vers sa propre école. Une sœur présente qui pousse à l’extrême émancipation, apprend à la trop naïve, trop bonne élève trop vierge Justine à s’assumer. Quels sont les véritables choix ici d’une héroïne fragile ?

Vierge vous dites ? « Grave » peut aussi être perçu sous l’œil de la sexualité. Celle du coloc gay de Justine, Adrien ( Rabbah Nait Oufella). Celui qui en parallèle de l’envie de viande humaine poussera notre Justine vers des envies de chair ( non ceci ne compte pas comme un jeu de mots foireux). Et puis hop lâchons-nous (ceci n’est pas un spoiler): c’est lui qui aura cette réplique forte intéressante lorsque Justine commence à se cacher dans son envie de manger de la viande (animale pour le coup) : Justine « Ce sandwich c’est du porc tu sais. », Adrien  (l’acteur qui le joue est d’origine maghrébine) « Oui et alors?» Hop Hop, dehors les clichés.

Un parti pris pro-végétarien

Mais « Grave » est surtout, et contrairement à ce que d’autres pourront dire ça et là, un bon parti pris pour vous inciter à choisir la purée au steak à la cantine. D’entrée un petit débat entre les jeunes étudiants vétérinaires ne laisse d’ailleurs pas de doute à ce sujet. Sous l’œil médusé de ses camarades, l’héroïne défend avec passion que violer un gorille est pour elle un crime aussi grave que le viol d’une femme. Ses camarades sont médusés par ce constat. Et donc manger un homme vous choque à ce point plus que le sort des animaux ?

Du cannibalisme oui mais sous le regard des autres. L’improbable aspect de « Grave » c’est aussi ce regard de l’autre, ce jugement constant que subit notre héroïne, jamais livrée seule face à elle-même dans cette puberté cannibale. Quels que soient ses actes, Justine est toujours regardée et même entourée. Un choix réellement original.

Des métaphores, des métaphores, mais finalement « Grave » c’est bien ou pas ?

« Grave » est surprenant. Surprenant parce que malgré des scènes très dures, il ne bascule jamais complètement dans la violence. Surprenant parce que son pitch promet une violence inouïe mais justifiée sauf que le film n’explose jamais. Ses personnages non plus, quelque part déconnectés de l’horreur. Miroir d’une société ( parce qu’encore une fois le film veut faire passer des messages) ou choix scénaristique? Ce manque de montée passe peut-être à côté de quelque chose.

Sortie de salle, il est possible, comme ce fut le cas pour moi, de retenir les défauts du film. Il n’en est pas exempt tant il veut trop en dire, tant il ne va pas assez loin. Vraiment ? Oui vraiment, certaines scènes prennent certes au tripes, mais le gore, l’ignominie touche surtout au domaine de la fable.

Pourtant, s’il y a tant à en dire c’est surtout parce que les promesses sont là, l’originalité aussi et la capacité à toucher un large public également. Le cinéma d’horreur a la force de pouvoir faire passer des messages forts mieux que n’importe quel autre genre. Comme les contes le faisaient en leur temps avec leurs morales « jeune-filles/ jeunes-hommes ne désobéissez pas sinon voilà ce qui pourrait vous arriver »… La peur, la gêne, le choc sont de bons éléments pour parler morale. Puisque c’est bien en jouant avec les frontières de l’immoral qu’on en comprend le mieux les limites. Et en ça « Grave » est une réussite et un très beau premier né pour sa prometteuse réalisatrice, Julia Ducournau.

Pour en savoir plus: « Grave » est un carton selon les Inrocks.

et la chronique de Première.

 

 

A la rédac, on en est fans! Après les avoir découvert en première partie du Point Ephémère ultra complet d’Half Moon Run, les canadiens de The Franklin Electric sont de retour avec l’envoûtant « Blue Ceilings ». Au programme 11 titres dont on ne voudrait surtout pas voir la fin et qui magnifient la folk. Tour à tour aérien, vitaminé, puissant, l’album est un MUST HAVE dans toute bonne discographie et un classique en puissance.

Pour gagner ce joli petit orgasme auditif, rien de plus simple, il te suffit de laisser un commentaire ci-dessous. Bonne chance!

 

 

 

 

Pépite montante de la scène éléctro, FORM est l’alliance de 4 artistes aux univers tous différents! Topo, ceux qui ont réussi à être programmés en live avant même d’avoir composer ensemble ont su créer un univers riche entre éléctro, hip hop, soul et jazz. Après avoir joué aux côtés de Fakear et Jungle, le combo sera de retour en mars 2017 pour un concert parisien. L’occasion pour eux de tester sur la scène qu’il affectionne tant son premier EP en cours de préparation. Rencontre.

P&S:  Comment FORM s’est-il formé ?

FORM s’est formé assez simplement, on s’est rencontrés dans un lieu de création qui s’appelait « L’Abattoir », qui se situait à Pontoise dans le 95. Nous avions à l’époque chacun des projets perso, puis on a commencé forcément à faire du son ensemble, pour s’amuser, puis très vite est venue une offre de concert par l’EMB Sannois qui nous avait à l’oeil, et qui nous a demandé de faire un projet live réunissant les différents artistes sur scène, on a appelé ce projet FORM.

P&S Comment définiriez-vous votre musique à quelqu’un qui ne l’a jamais écoutée ?

C’est un peu l’éternel challenge pour nous, je pense que les gens le définissent plus simplement que nous parfois.  Pour faire simple, je dirais que c’est de la pop électronique, qui digère diverses influences jazz, hip-hop et soul.

 

P&S: Pourquoi ce nom FORM ?

Et bien toujours ce concept de « FORMation » qui unissait différents artistes sur une même scène, puisqu’au tout début ce n’était pas vraiment un groupe encore. Il y avait aussi le fait qu’on faisait du « mapping » sur des formes diverses que l’on construisait, qui appuyait ce concept de FORM.  Aujourd’hui le nom est resté et je pense qu’il se traduit plus dans la musique et dans les différentes formes d’ambiance qu’on peut y trouver.

P&S:Quel a été le rôle du collectif Akousmatic dans la création de FORM ?

Le collectif nous a réunis. Il animait cet endroit dans lequel nous pouvions travailler, se retrouver et bosser. Il y avait de tout, des photographes, des rappeurs, des producteurs.. Ca nous a permis d’unir nos forces pour créer un projet et pour nous de se tester musicalement.

P&S: Concrètement d’ailleurs, comment le collectif fonctionne-t-il ? Quel est son rôle et son impact sur les musiciens ?

Aujourd’hui, le collectif n’a plus vraiment de vie, disons que tout s’est tourné vers FORM et que les autres ont pris des directions différentes. Ca a été très important pour nous, et on le garde toujours sous le coude mais on se concentre vraiment sur notre projet pour le moment.

 

« On nous a proposé une date avant même qu’on ait composé une chanson tous ensemble »-Form

 

P&S:  FORM a été créé en tant que projet live. Pourquoi ce choix ? Comment se traduit-il dans les faits ?

Je pense que ca s’est fait vraiment naturellement. En fait, on nous a proposé une date avant même qu’on ait composé une chanson tous ensemble. On a donc commencé à composer pour le live, et c’est de là qu’est né notre univers. Aujourd’hui ca nous aide beaucoup bien-sûr pour le live, mais le challenge maintenant est de retranscrire cet univers en studio, et de le rendre plus lisible aussi. C’est une toute autre approche en studio. C’est le travail qu’on effectue en ce moment.

P&S: Vous avez joué aux côtés de monuments de la musique actuelle : Fakear et Jungle. Que retenez-vous de ces expériences ?

Ca a été deux superbes expériences, le projet était vraiment très frais à cette époque, surtout avec Fakear, ca nous a permis de nous tester et d’avoir des retours d’un artiste confirmé. Avec Jungle, on était un petit peu comme des enfants puisque c’était vraiment un groupe qu’on suivait tous beaucoup, et on s’en inspirait beaucoup. Ca a été un super moment de pouvoir échanger avec eux, d’avoir leurs avis et puis tout simplement de demander conseil. Ca nous a donné confiance en nous.

P&S: Le rendu musical de FORM est très éclectique. Quel est le parcours musical de ses membres ? 

On vient un peu tous du même univers musical. Aksel et moi avions un projet en duo avant, qui était plus orienté Electronica/Hip-Hop.  Adrien, lui avait un projet solo qui était vraiment ancré dans le Hip-Hop Cosmic.  Bastien avant avait fait de la batterie pour des groupes reggae, et ensuite avait crée son projet solo Hip-Hop avec beaucoup de sonorités World.  Aucun de nous n’a vraiment de formation musicale, on a pris des cours plus jeunes, mais pas sur les instruments qu’on joue aujourd’hui. On a appris pour le projet.

P&S: D’où viennent les nombreuses influences entre hip-hop, jazz, soul et éléctro ? Comment travaille-t-on à créer un morceau qui allie ces différents courants ?

Elles viennent principalement du fait que l’on aime tous vraiment beaucoup de choses dans tout ces styles. On est tous fans de beaucoup d’artistes issus du jazz, du hip-hop, de la soul. Le challenge a été de tenter de « s’enfermer » dans notre studio, de manière à trouver une musique qui nous touche, en essayant d’y mettre tout ce qu’on aime, sans se forcer. Et c’est les synthés, les percussions, et une ambiance tournée électronique qui a pris le pas, et c’est là qu’on s’est sentis bien.

P&S: Comment le titre « FORGIVEN » est-il né ? Comment se passe la création d’un titre ?

« Forgiven » était, au moment où on l’a sorti, le dernier morceau qu’on avait composé, on en avait d’autres sous la main, sur lesquels on continuait à travailler. On a ressenti avec Forgiven une sorte de naturel, et de couleur qu’on a estimé être vraiment la direction qu’on voulait prendre. Chacun y avait vraiment mis sa touche et le résultat final était un bel équilibre de nos influences à chacun. On a toujours composé tous les 4. Parfois, ca part juste d’une grille d’accords qu’un des membres a trouvée, et de fil en aiguille chacun y rajoute ce qu’il y entend.

 

P&S: Un concert est prévu le 31 mars au Batofar de Paris, ce n’est pas la première fois que vous jouez sur cette scène. Comment cet événement se prépare-t-il ?

En effet, on a eu la chance de s’y produire en Janvier, et ca a été une super date. On a vraiment hâte d’y retourner. A l’heure actuelle, on prépare l’évènement de manière à ce qu’on puisse présenter un live tout frais, sur lequel on travaille en ce moment.

P&S: Quelle est la suite pour FORM ?

Pour nous, la priorité est notre EP. On travaille beaucoup en studio en ce moment sur les morceaux qui composeront l’EP à venir.  Bien entendu, on continue à se produire sur scène au maximum, on aime beaucoup trop ça!

 

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Vendredi 3 février 2017, les (très pop) punk rockeurs de Green Day prenaient d’assaut un AccorHotel Arena complet ( Bercy quoi). Live attendu s’il en est, on comptait alors dans les gradins comme dans la fosse des fans, des vrais de tout âge.

DR rollingstone.com

Toujours aussi pimpant depuis qu’il a fait peau neuve, notre Paris-Bercy voyait pendant la première partie de ce live,  ses couloirs se faire envahir de spectateurs s’achetant bières, coupes de champagne, hot dogs, nouilles sautées thaï ( quoi ? Oui).

Si cette énumération fait plus penser à une soirée spectacle qu’à un concert, c’est pour mieux se mettre dans l’ambiance. A 20 heures pétantes, Green Day fait donc une entrée (magistrale) sur scène. D’entrée, le trio mené par un Billie Joe Amstrong qui tient la forme, balance des morceaux efficaces. Ça saute dans tous les sens, c’est énergique, ça sent le rock, ça marche comme du rock, ça parle comme du rock et ça enchaîne les singles. « Know your Enemy », « Bang Bang », « Holiday » et même « Boulevard of Broken Dreams » (dont les premières notes ressemblent quand même vachement à « Wonderwall » mais ceci est une autre histoire) s’enchaînent avec fluidité. L’assistance comblée répond le bras levé en pogotant, slamant, sautant…

Et tout ça est follement agréable, tout cela est même grisant. On pourrait se laisser aller à retrouver nos 15 ans, à vanter l’énergie folle de ce groupe culte. On pourrait s’arrêter à ça, ce serait facile d’écrire des lignes et des lignes pour raconter comment Billie Joe amuse la galerie en lui adressant le parole. « Si vous me regardez derrière vos appareils photos vous ne me regardez pas vraiment » lance d’ailleurs (à raison) l’intéressé pour faire réagir ses fans. Le même qui bien loin d’accepter d’abandonner la fougue d’un « American Idiot », qui n’arrivera qu’en fin de set, balance régulièrement des « Fuck You Donald Trump ! ».

Alors qu’est ce qui cloche ? Ce constat un peu triste que tout, même un concert de rock’n’roll, peut aujourd’hui être bien lisse, bien propre, un beau show certes, un très beau show, oui évidemment!

Mais lorsque le chanteur de la formation balance qu’il pense que le rock’n’roll nous sauvera, il est facile de se poser la question. Quel rock ? Où est la rébellion dans un AccorHotels Arena blindé, au milieu d’un set où la pyrotechnique fait loi ? Les effets se multiplient alors que le live semble organisé à la seconde près. Grosses lumières pour éclairer la foule et covers /hommages qui déchirent. Un medley propose d’ailleurs d’entendre les classiques revisités « Shout », « I Can’t get no Satisfaction », « Always look on the bright side of life » et « Hey Jude ». Une réussite alors que notre chanteur n’hésite pas à se rouler par terre sur scène pour se remettre de plus d’une heure  de course sur scène. Un joli moment en somme certes mais bien loin de l’esprit qu’était supposé vendre le rock’n’roll et encore plus son enfant terrible le punk rock. Parfois, dans un monde où l’image est vitale, où chaque seconde d’un concert peut être partagé sur les réseaux sociaux il pourrait être bon de découvrir un peu d’impro et que le rock (re)devienne cet espace de liberté dans lequel tout est permis. Puisque l’avantage du punk même s’il est pop est de laisser une part d’anarchie et d’extravagance à ses représentants…

Le rock’n’roll nous sauvera-t-il ? Green Day a envie de nous le faire croire alors que la formation laisse régulièrement le micro à l’assistance et même la possibilité à l’un des membres du public de jouer de la guitare aux côtés de ses idoles et de garder l’instrument. Pour la magie du moment, on taira le fait qu’un même cadeau avait été offert au Zénith de Paris il y a de cela au moins 13 ans à une jeune femme dans des circonstances similaires…

C’est malgré tout des étoiles dans les yeux que la grande salle parisienne se vide. Elle pourra ainsi garder en mémoire un Bercy tant illuminé par des téléphones portables pour faire office de flamme sur « Good Riddance ( Time of your life) » qu’il y faisait jour et une énergie tellement contagieuse qu’on en oublie tous les artifices.

 

Pour quelques anecdotes complètement rock’n’roll, rendez-vous ici.