Author

Julia Escudero

Browsing

 

Un accord. C’est tout ce qu’il faut à The Franklin Electric pour convaincre sur ce « Blue Ceilings ».

Les Montréalais se font connaître au cours d’une compétition de composition mondiale à Nashville. Là, ils raflent la première place à quelques 8 000 groupes internationaux. Depuis, le combo a roulé sa bosse en première partie des meilleurs dans leurs domaines d’Half Moon Run à Edward Sharpe and the Magnetic Zero en passant par Mumford and Sons ou encore Ben Howard.

Aujourd’hui, impossible de ne pas leur reconnaître l’étoffe des meilleurs avec cette nouvelle galette parue le 24 février. Un album est rarement grandiose de bout en bout. Les singles en puissance s’en détachent fièrement là ou d’autres pêchent. Ce n’est pas la cas ici. En une écoute, « Blue Ceilings » invite à un voyage intégral qui prend aux tripes et envoûte. Véritable lueur dans un quotidien parfois morose, il inspire et s’écoute encore et encore. Bien plus encore, il se vit littéralement.

« I know the feeling » entame les festivités. Cette ballade pop ne laisse pas de doute, elle prend l’oreille avant de masser l’intégralité du crâne doucement, avec avec un jeu musical qui confine à l’épique. Son potentiel tubesque est autant à noter que sa capacité à être la parfaite bande son d’un road trip sensationnel puisqu’il fait appel aux sens. Du frisson au goût de l’aventure.

A l’instar de la bande originale de «Walter Mitty», l’album susurre à l’oreille que tout est possible. On prend une pause dans ce périple, juste le temps de s’arrêter au détour de l’excellent «Burning Flame» et de contempler ses merveilles. Porté par l’écho de la voix rassurante de son chanteur, Jon Matte, le titre s’envole sur son final. « You’ve got a lot of nerve », certes. Mais la promenade ne s’arrête pas là et il faut déjà continuer avec l’hypnotique « Save Yourself » qui n’a rien à envier au pourtant culte « Wire to Wire » de Razorlight dans sa puissance psychédélique.

Si « All Along » se la joue ballade, « So Far » happe indéniablement l’oreille du plus cancre des auditeurs. Là, presque comme dans un murmure, ou dans une histoire conté autours d’un feu de bois, The Franklin Electric susurre ses notes. Chaque montée serre le cœur.

Et hop, voilà que la guitare et la batterie s’excitent, la route est de retour avec « Resistance » et son refrain qui rentre naturellement dans la tête et qui sent bon comme ces morceaux dont on sait dès la première écoute qu’ils seront toujours à nos côtés.

Impossible de conclure une telle pépite vous dites? Impossible n’est pas Franklin Electric qui propose une descente en douceur avec naturel. Piano en main l’évident « Blue Ceiling » propose d’atterrir. Doucement, encore plus doucement, il est l’heure d’ouvrir les yeux et de reprendre le chemin de la vie réelle. Ou bien d’appuyer simplement sur repeat comme va le faire l’auteure de ses lignes.

 

Pop & Shot te propose justement de gagner « Blue Ceiling » alors viens jouer ici.

 

DR Sans Sebastien

On comprend mieux pourquoi il y a quelques semaines, Sans Sebastien nous souhaitait la nouvelle année en citant La Boum . En effet, le trio mené par Cyril Briere toujours accompagné de Nicolas Magenham et Laurence Guatarbes, s’est offert les services pour leur nouveau clip du célèbre compositeur doublement césarisé Vladimir Cosma.

Le vénérable septuagénaire n’est pas fortement mis à contribution dans ce plan séquence d’un peu plus de trois minutes ou il se contente, casque aux oreilles, d’écouter le nouveau morceau de Sans Sebastien. Pourtant, il ne semble pas bouder son plaisir en dodelinant de la tète en rythme sous le regard amusé et bienveillant de la « featureuse » du duo. Que le compositeur de La Boum, Diva ou bien encore Le père Noel est une ordure se rassure, son enthousiasme est communicatif!

Et encore une fois Sans Sebastien, propose  un morceau au potentiel tubesque et qui restera en tête longtemps après son écoute. On pourra toujours se surprendre à murmurer « KGB« , « Rideau de fer » et autres références à la Guerre Froide justifiant le titre du morceau mais après tout peu importe vu que c’est d’amour dont nous parle encore une fois le groupe avec légèreté, rythme et bonne humeur!

« C’était quand même vachement bien pour un film qui raconte si peu de choses », à la hâte, en sortant de la projection en avant-première d’ « American Honey » le 7 février 2017, c’est la première pensée qui vient à l’esprit. Et pourtant ce n’est pas si vrai. Grand Prix du Jury du Festival de Cannes, « American Honey » nous plonge dans une parenthèse de la vie de la belle Stella (Sasha Lane), 17 ans. Éloignée de sa famille, elle décide de suivre Jack (Shia Labeouf) et un groupe d’adolescents paumés qui vivent de la vente de magazines en porte à porte. Avec eux, elle parcourt l’Amérique et découvre la liberté.

Dis comme ça, le pitch fait plus qu’envie. Dans les faits, c’est bien d’un road trip et d’un voyage au milieu des doutes dont il est question au cours de ces 2H45. Sans jamais sombrer dans l’excès, avec un réalisme prenant, lié à une caméra constamment au plus près de ses acteurs, le film prend son spectateur par la main pour lui montrer quelque chose de « vrai ».

Avec ces adolescents, sans jamais apprendre à les découvrir complètement ( et c’est presque dommage, chacun d’entre eux existant suffisamment pour donner envie de connaître son histoire), on parcourt ces villes lointaines et on découvre leurs habitants. Le métrage en lui même réussit l’exploit de faire passer 2 heures 45 en une poignée de secondes. Plus encore, Andrea Arnold fait sentir cette Amérique. Si si, jusque dans le nez. Immersif et puissant, il est facile de devenir nos protagonistes durant cette belle promenade.

Il serait également improbable de parler d’ « American Honey » sans aborder son véritable protagoniste: la musique. Bien plus présente que les dialogues des acteurs, c’est elle qui porte les émotions et met des mots dans la bouche de nos personnages. Le rap devient un appel à une vie meilleure alors que le morceau « American Honey » (oui comme le titre du film) permettra d’imaginer la suite des aventures de Stella. De Rihanna au Boss Springsteen, elle raconte chaque moment, et chacun des visages croisés sur la route.

Et contrairement à beaucoup de métrages qui lui laissent la place de fond sonore, elle est ici audible par nos personnages qui chantent en même temps. Topo, il est facile de se retrouver soit même à chanter à tue-tête dans la salle de cinéma en s’imaginant vêtements d’été sur le dos à la découverte de l’Amérique, de ses dangers et sans but réel. Attendez quoi ? Non il ne s’agit pas d’une simple quête du vide. Les envies, les rêves d’abord passés au second plan prennent peu à peu vie sur la route alors que la question « et toi c’est quoi ton rêve ? » se forme doucement dans la tête de Stella . Alors qu’est ce donc que cette parenthèse ? Combien de temps dure-t-elle ? Peu importe finalement.

On dit souvent que, qu’importe la destination, l’important c’est le voyage et ici c’est bien ce dont il est question. Et c’est bien en cela que le thème du « vide », du « oui mais où va ce métrage ? » se pose. Pour se l’éviter, il suffit de se laisser prendre dans le tourbillon, d’accepter que l’on n’est pas ici pour voir du grandiloquent, ni de l’extrême, ni de grands discours sur une génération (quoi perdue ?).

On vit ici un moment et c’est déjà beaucoup non ? Vivre de l’instant en se demandant tout doucement « et l’idéal, passé ça, il est où ? »

A toutes ces qualités s’ajoute bien sûr un lot d’acteurs sublimes, Shia Labeouf, qui n’a plus grand chose à prouver en terme de qualités artistiques, en tête de liste. Le caméléon se la joue impulsif grâce à un personnage qu’on apprend à aimer sans jamais réellement le cerner.

Sasha Lane et Riley Keough (Krystal, la gérante déconnectée de cette entreprise atypique) ne sont pas en reste en terme de charisme et de présence à l’écran.

Difficile d’en dire beaucoup plus sans spoiler cette aventure, qui de toutes façons, de par son contenu est plus une expérience sensitive à vivre sur grand écran qu’un prétexte à se bippp la nouille sur des pages et des pages. Moins de réflexion, plus de ressenti. Alors hop il vous reste deux choix : vous laisser immerger dans ce road trip ( et ses jolies couleurs) ou prendre un billet d’avion et partir à l’aventure.

 

Du 25 au 29 janvier 2017, les amoureux du cinéma de genre avaient rendez-vous au festival du film fantastique de Gérardmer.

La journée du samedi, chargée en films de qualité avait pourtant son pic de demandes pour la séance de 20 heures 30. En effet était projeté de le très attendu « Split », nouveau film de M. Night Shyamalan, le petit génie à qui l’on doit « 6ème Sens » (on le dit mais vous le saviez déjà n’est-ce pas?) et dont la sortie française est prévue pour le 22 février 2017.

Ses excellents résultats en terme de box office aux Etats-Unis avaient de quoi rassurer les septiques. Pourtant être une jolie machine à pognon est-il encore synonyme de qualité? Dans un monde où une place de cinéma coûte un bras peut-être… mais là n’est pas le débat.

Toujours est-il que c’est avec espoir et méfiance que la rédactrice qui vous écrit s’apprêtait à voir ce petit bijoux. Espoir puisqu’il a fallu batailler dure pour obtenir le précieux ticket, tout le monde voulant assister à la projection. Espoir encore en raison d’une bande-annonce qui met l’eau à la bouche salement (façon Cujo qui matte une voiture m’voyez?). Méfiance pourtant puisque Shyamalan, l’incorrigible twister nous a habitué à une sérieuse descente en pression depuis l’incontestable et cultissime « 6ème sens » et a une série de métrages pour le moins inégaux. Dès lors l’envie de toujours twistter ses finals aura eu raison de la qualité irréprochable de ses œuvres. Sans jamais avoir basculé dans le carrément mauvais, le grand frisson de plaisir n’y était plus. « Phénomène », la fable écologique, « Le Village », « Signes » et ses verres d’eau et même « The Visit » found footage abouti pour un found footage n’étaient pourtant pas exempts de défauts. Et puis encore une fois, regarder un film en cherchant le twist-qui-va-trop-t’étonner-tellement-tu-l’as-pas-vu-venir peut complètement desservir une œuvre.

Ces bases posées revenons à nos moutons, « Split » donc est-ce que ça vaut le coup ? Arrêtons le suspens ici: c’est un très grand oui.

Commençons par un rapide rappel du pitch: Kevin ( James McAvoy) a déjà révélé 23 personnalités. Chacune d’entre elle possédant sa propre morphologie et ses propres caractéristiques psychologiques. Il est aidé par sa psychiatre dévouée le docteur Fletcher (Betty Buckley). Pourtant l’alliance de ses plus sombres personnalités prend le pas sur les autres bouleversant l’équilibre instaurée. Il enlève alors trois adolescentes dont la jeune Casey ( Ana Taylor-Joy que vous avez vu dans The Witch) qui possède une détermination sans limites. Le but de ce kidnapping provoque alors une lutte interne chez Kevin et révèle ce qui existe de plus sombre chez cet homme ‘brisé’.

Comme pour tout bon film à suspens, en dire plus serait pécher. Toujours est-il que le sujet aurait pu facilement sombrer dans les clichés de la pire espèce du schizophrène séquestrant trois ados écervelées. Et c’est avec soulagement qu’on peut dire qu’il n’en est rien. Dès ses premières minutes, le métrage présente nos trois adolescentes comme des personnes à part entière. On y croit, une phrase suffit à faire exister ces jeunes filles, et le père de famille bienveillant de l’astucieuse Claire. Il en va de même pour le personnage de Casey, loin du simple cliché de l’ado rebelle et à part , superbement interprétée par la brillante Ana Taylor-Joy. Un rendu opportun permettant de se lier au supplice de nos demoiselles et de créer un véritable malaise lors de scènes psychologiquement éprouvantes. Stephen King disait que pour qu’une histoire fasse réellement peur, il fallait faire aimer ses protagonistes. S’assurer que l’on se préoccupe de leur sort.

Et ça Shyamalan l’a bien compris. Puisque non content de nous faire aimer nos adolescentes, le métrage permet de créer un véritable lien avec Kevin et ses multiples facettes. Certaines étant aussi attachantes que d’autres peuvent être malsaines. Impossible de parler de « Split » également sans saluer l’incroyable jeu d’acteur de James McAvoy faisant exister des personnages si différents dans un seul corps. Une scène de manipulation avec le docteur Fletcher mérite rien qu’à elle le détours ne serait-ce que pour le jeu double de notre protagoniste. Tatiana Maslany d’ « Orphan Black » a face à elle une sérieuse concurrence.

Malgré la thématique de la schizophrénie et les évidents points communs avec Billy Milligan (véritable criminel américain possédant lui même 23 personnalités dont 13 indésirables), le film est loin d’un « Identity » qui jouait déjà avec le sujet ou d’un copier/coller fade d’une histoire réelle. Shyamalan prend ici soin d’aborder une thématique plus profonde, celle des « brisés », de ceux qui ont souffert et de la mettre en images, s’éloignant très rapidement de tout ce qu’on a déjà pu voir au cinéma.

Petit à petit « Split » tisse une toile d’angoisse prenante. Sa montée en tension particulièrement soignée ne laisse pas au spectateur le temps de souffler. Bien loin des métrages horrifiques proposés ses dernières années avec une très très longue montée en pression pour une véritable image choquante en bout de pellicule, « Split » promet son lot de rebondissements et de questions qui trouveront toutes leurs réponses. Plus que cela, l’œuvre va au bout de son sujet et respecte ses promesses créant enfin un personnage réellement effrayant et ce sans laisser derrière lui un lot d’incohérences.

Sans trop spoiler, la sensibilité de chacun, en fonction de ses peurs et ses gênes est mise à l’épreuve lorsque l’on regarde un film de genre. Une certaine déshumanisation poussée à son paroxysme auront eu raison de l’auteure de ses lignes. La projection me laissant tout bonnement bouche bée avec ce petit sentiment de malaise que seuls les meilleurs films de genre, ceux qui vous empêchent de dormir la nuit, ont su provoquer. Sensibilité personnelle? Excellentes circonstances pour le voir? Peut-être. Pour autant ce « Split » mérite amplement le détours en salle obscure pour en profiter pleinement et même la somme (trop élevée) que coûte une place de cinéma. Ne lisez pas les forums, ne cherchez pas à en savoir plus, courrez simplement le voir dès sa sortie et revenez nous dire ce que vous en avez pensé, puisque Dieu qu’il est difficile parfois de raconter une œuvre sans analyser en détails ses scènes clés. On a hâte de pouvoir en débattre sans la peur de trop en dire et de gâcher le suspens!