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Julia Escudero

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et qu’il te trompe tellement salement que tu ne sais plus quoi penser. On en parlait beaucoup avec les yeux de l’amour de la sortie française et pour une fois sur grand écran du très prometteur « It Comes at Night ». Les bandes-annonces, toutes autant qu’elles sont envoyaient du gros lourd ( à découvrir ici si vous ne les avez pas encore vues). En découvrant ses premières images les questions s’accumulaient : non mais qu’est ce qui se cache derrière cette porte rouge ? L’ambiance parano des BA sera-t-elle respectée et puis de quoi parle le métrage ? Qu’est ce qui vient une fois la nuit tombée ?

Il va être impossible de critiquer ce film sans dévoiler un peu de son intrigue voire sans sombrer dans le spoiler grossier.

Alors voilà, sans trop en dévoiler, sans raconter la fin, ici et là des spoilers seront distillés et vous en diront plus que sa bande-annonce. Vous êtes prévenus, on ne peut pas faire autrement.

Déjà parce que, s’il n’y avait pas cette peur de trop en dire à ceux qui ne veulent pas savoir, l’article s’appelerait Mais qu’est-ce qui vient la nuit putain ? Telle est la question. Les premières minutes de l’œuvre constituent déjà direct comme ça, une belle déception. En regardant la bande-annonce naïvement, mes attentes se portaient sur quelque chose digne des sueurs froides de l’épisode « Quand vient la nuit » d’X-Filles. Quoi cette référence n’est pas si flippante ? Je ne sais pas, j’avais 6 ans et j’étais fan de la série la dernière fois que je l’ai vu. Toujours est-il que l’épisode racontait comment des petits insectes sortaient par milliers la nuit pour manger les gens. Chouette non ? Et bien sans particulièrement miser sur les insectes j’attendais deux possibles: des créatures nocturnes dévoreuses de chaire ou une parano extrême des protagonistes qui révéleraient à la fin qu’il n’y avait pas de danger extérieur un peu comme « The Village » de Shyamalan dont on ne dit plus de mal depuis « Split » enfin si tant qu’on dit du bien de « Split »…

Personnages de It Comes at Night 2017
It Comes at Night-2017

Et bah NON ! En fait le film traite d’une plus banale histoire de contamination. Une maladie frappe le monde ? Le pays ? L’état ? On ne sait pas et puis ok, là n’est pas la question. Une famille vit recluse dans une maison dans les bois : papa ( Joel Edgerton), maman ( Carmen Ejogo) et leur fils de 17 ans ( Kelvin Harrisson Jr). En début d’œuvre, le grand-père meurt, une façon simple d’exposer la réaction des survivants face aux malades. Les malades on les bute et on les brûle. Efficace. Oui mais la fameuse porte rouge dans tout ça ? Heu non rien c’est la porte d’entrée et quand on sort on met une combi hermétique sûrement achetée à Carrefour la veille tellement c’est facile à trouver. Mais la vie calme et sereine de notre trio est vite interrompue par l’introduction nocturne d’un inconnu dans la maison. Après avoir maîtrisé l’étranger ( Christopher Abbott), l’avoir attaché une nuit à un arbre pour lui dire « bonjour », faut toujours dire bonjour, nos héros décident de l’accueillir ainsi que sa famille, comprendre sa jolie épouse (Riley Keough) et son petit garçon ( Mick O’Rourke). A partir de là, l’histoire nous raconte cette cohabitation semi forcée, et nous dépeint cette vie à 6 entre envie de se connaître et méfiance, traitant des capacités de l’humain à aller jusqu’au bout pour leur survie et celle de ceux qu’ils aiment. Un postulat ma foi, passé la déception d’un marketing trompeur qui promettait une film qui n’existe pas, assez intéressant. Oui vraiment, le film qu’on vous vend n’existe pas, les bande-annonces ont la gueule d’une pub Monoprix. Un bon gros marketing super beau, super bien foutu mais tellement, tellement loin de sa véritable histoire que bah 2 heures ne suffisent pas à se remettre de cette lose. Qu’importe me direz-vous, l’important c’est bien de savoir si l’histoire en elle-même vaut le coup. La réponse ne peut être que mitigée. Il est facile de dire du mal pour en dire, et c’est bien une chose dont j’ai une sacrée horreur. Le positif donc d’abord. L’ambiance est belle, la noirceur du moment est là, la méfiance palpable, le jeu d’acteur très juste, les scènes réalistes, l’idée se défend. Une scène au moment de l’épilogue final a le mérite de tordre les boyaux et de glacer le sang. Elle est liée à un jeu d’acteurs particulièrement efficace, à une mise en scène pointue et à un cri-ce cri si vrai-. La thématique profonde du film, la peur de l’étranger, du mal qu’il pourrait apporter dans la maison, alors qu’au fond, profondément, le mal c’est cette peur sont des enjeux porteurs et des idées malheureusement, toujours aussi actuelles. Puisque la menace est partout, elle est surtout l’humain et son besoin de sécurité. Une thématique, d’ailleurs bien souvent exploitée dans les films de contamination.

Mais quest-ce qui vient la nuit? Dis le moi!

Oui mais. Mais tellement de choses. A commencer par: peut-on se demander ce qu’on veut réellement dire à travers ce film? Le rythme y est lent. Et c’est loin d’être un aspect négatif, ce genre de rythme peut servir certaines œuvres et leur donner de la magie. Mais là, alors que certains aspects traînent, l’aspect humain, l’enjeu de ces connexions se fait attendre. Les personnages sont peu creusés ou plutôt peu attachants. Notre héros, le père de famille bad ass est en fait un prof d’anglais. Super! Un personnage réaliste qui ne sait pas gérer une telle situation et qui fait au mieux, bravant la morale pour protéger ceux qu’il aime. Oui, je veux voir ça. Sauf que notre homme fait trop homme des bois antipathique pour que ça ne fonctionne. Tout comme le reste des personnages, le spectateur est invité à un regard neutre face aux couples dont on suit les péripéties. Il ne sont ni bons ni mauvais: oui, ok, j’adhère. Il sont relativement plats, on ne les connaît pas en dehors du moment T, même pas dans leurs récits: c’est gênant. Tout comme les questions qui poussent à la paranoïa et qui sont si peu effleurées. Il faut savoir monter en tension, en pression. Je me répète et je le répéterai autant qu’il le faudra. Tout film d’horreur, toute histoire qui fait peur fonctionne sur une chose : l’intérêt que le spectateur portera aux personnages. Les aimer et les voir souffrir, ressentir de l’empathie, en tirer les conclusion. Voilà le béaba d’un film maîtrisé. Et puis, tout ce propos vient de Stephen King himself, on aura du mal à dire « heu qu’est ce qu’il en sait lui ? ». Enfin à défaut d’autre chose, le film distille ses moments d’angoisse et de peur à travers les rêves du jeune-homme de 17 ans. Si, oui vraiment. La première fois c’est chouette, la deuxième fois, moins, la troisième c’est… lourd. On est dans une œuvre fictive et si tout expliquer par le rêve ne fonctionnait pas dans « Sunset Beach » (paye ta référence mon gars) c’est encore moins le cas ici. A moins de vouloir la jouer « Les griffes de la nuit ». Ne fantasmez pas, ce n’est pas le cas. Sans pour autant être un mauvais film, sans manquer de beaux atouts, « It comes at night » se contente de peu et reste bien poliment dans ses cases. Dommage au vu de la belle densité du sujet. Pour voir un très bon film de contamination, mieux vaut regarder « Infectés ». Pour passer un agréablement moment, allez-y. Mais soyez prévenus, peut-être qu’en ne  vous concentrant pas sur le marketing trompeur, vous tirerez bien plus de cet objet cinématographique.

« It Comes at Night » de Trey Edward Shults, sortie en salles le 9 juin 2017.

DR LIDERDDALEI PRODUCTIONS ET TAKHCHENT PRODUCTIONS

Il y a quelques jours, le 6 juin 2017, le DVD de Virtual Revolution, production SF mise en scène par Guy-Roger Duvert paraissait dans les bacs en France. C’est dans ce contexte que l’équipe de Pop&Shot a rencontré Guy-Roger Duvert, le réalisateur et compositeur de Virtual Revolution, un frenchie accroc à la science-fiction qui porte les couleurs de notre pays jusqu’à la ville de Los Angeles qui l’a adopté.

Il nous parle des origines de ce film d’anticipation, de la réalité online, de la place des réseaux sociaux dans notre société, de sa représentation tout en nuance du terrorisme dans son œuvre ainsi que de son univers sonore et musical.

Rencontre vidéo par une chaude journée parisienne:

Pitch du « Virtual Revolution » : 

Paris. 2047. 75% de la population passe son temps connectée dans des mondes virtuels et ne se préoccupe plus de la réalité. Nash est un tueur à la solde des multinationales qui ont créé et développé plusieurs de ces mondes virtuels. Sa mission : traquer, identifier et éliminer des terroristes qui s’attaquent au système et menacent les intérêts économiques des firmes. Durant son enquête, Nash doit intervenir dans plusieurs mondes virtuels en incarnant différents personnages. C’est alors que sa compréhension du monde s’en trouve bouleversée.

 

 

Pour les amateurs de cinéma d’épouvante « The Jane Doe Identity » est loin d’être une découverte. Pourtant, le film signé André Ovredal ( à qui l’on doit la très agréable surprise « Troll Hunter » qui partait d’un postulat plus que risqué) ne sort en salles que ce mercredi 31 mai 2017.

DR Wild Bunch

Les plus assidus, eux, l’avaient déjà vu en festival au PIFFF de Paris ou au festival du film fantastique de Gérardmer. Les autres pourront enfin le découvrir sur grand écran puisque, contrairement à beaucoup de ses compères de plus ou moins grande qualité, il aura la chance de profiter d’une véritable sortie dans les salles obscures de notre beau pays. Dans le cas d’un film de genre c’est déjà beaucoup. Alors quand on pense que notre pays sera celui d’Europe a lui accorder le plus de salles, on se dit que tiens, il doit y avoir quelque chose.

Le réalisateur de notre métrage s’était fait connaître en son temps en s’essayant au classique found footage. Pour ceux qui ne savent toujours pas ce qu’est un found footage, vous faisiez quoi ces dernières années? Il s’agit de ces films de genre filmés caméra à l’épaule pour se la jouer « voici les authentiques cassettes retrouvées sur les lieux de tel crime ». Comme « Blair Witch » ou « Paranormal Activity » oui. Bien décidé à ne plus jamais renouveler l’expérience, une fois pas deux, merci beaucoup d’ailleurs, le found footage c’est sympa sauf quand ça devient une norme sans fin, notre réalisateur a donc choisi de se livrer ici à un jeu de caméra plus « classique » servi par un huit clos.

Mais de quoi ça parle ? Le shérif d’une petite ville américaine est appelé sur une scène de crime sordide. En effet, trois personnes sont retrouvées mortes dans une maison et aucune effraction ne semble avoir été commise. Au sous-sol, la découverte du corps d’une femme nue, à moitié ensevelie dans la terre est une surprise. La cause de la mort de l’inconnue(une Jane Doe, comme on dit aux States) tout comme son identité pose un certain nombre de questions. Il débarque donc dans la nuit chez Tommy Tilden et son fils Austin (interprétés par Brian Cox et Emile Hirsh) tous deux médecins légistes. A mesure que l’autopsie avance, des éléments de plus en plus étranges et de plus en plus angoissants se multiplient. Quels secrets notre Jane Doe cache-t-elle? Mychtère.

DR Wild Bunch

Voilà donc notre postulat, simple, efficace. En guise d’inspiration, Andre Ovredal s’amuse à citer « Conjuring », « Seven » et Hitchcock, rien que ça. Vous avez des étoiles dans les yeux? Le mélange des trois paraît magnifique? Détendez-vous, on est toujours en 2017 et on a déjà eu un excellent film de genre avec « Split » alors réitérer deux fois l’expérience, faut quand même pas déconner.

Le film démarre à merveille. Le mystère est là, épais, dense, il vous englobe et vous emballe. D’où vient cette inconnue? Qu’est-il arrivé dans la maison? On veut savoir, tout, vite. L’autopsie devient rapidement une enquête et avec la minutie de nos personnages principaux, l’idée d’une explication scientifique qui se heurte à des éléments paranormaux fait palpiter le petit cœur plein de bonne volonté du spectateur que je suis. Le duo père-fils fonctionne. Sans pour autant avoir un amour sans fin pour nos personnages, en leur donnant un vague background familial, « The Jane Doe Identity » arrive à faire exister ses héros, du moins dans leurs très grosses lignes. Ça c’était pour le côté « Seven », deux hommes sur une enquête. C’est maigre pour penser à « Seven » ? Oui c’est vrai, on pense surtout aux premiers pas de « CSI », ceux de Vegas hein ? Pas ceux de l’antipathique Horatio à Miami.

Vient ensuite l’inspiration « Conjuring ». Ce serait quoi ça ? Faire peur, multiplier les jump scares et ce avec du classique. Jouer avec les codes établis, les traditionnels « derrière toi mon gars, regarde derrière toi », les esprits frappeurs, les objets placés pour faire peur plus tard. Une clochette au pieds des morts par exemple. Bref, aucun besoin d’être constamment dans l’ultra originalité pour créer l’angoisse. Et c’est une bonne chose finalement. Ça évite d’être lourd. Et là dessus, le film fonctionne plutôt bien. Le lieu clos permet de créer une angoisse croissante, tout comme l’image qui s’assombrit au fur et à mesure des minutes qui passent. La musique, utilisée comme un levier à angoisses, tout comme dans « Jeeper Creepers » ajoute sa pierre à l’édifice et à l’identité de l’œuvre. Quelques scènes sont certes prévisibles mais le tout donne un ensemble harmonieux qui fait plaisir à voir.

On passera sur ce qui pourrait être l’inspiration Hitchcockienne du film parce que si on ne veut pas se la jouer honteusement tiré par le cheveux la seule explication rationnelle serait, euh c’est un film angoissant?

Tout ça mis bout à bout, qu’est-ce qui empêche ce film d’être une totale réussite ? Qu’est-ce qui fait qu’en sortie de salle on se dise « c’est bien, mais… » ?

Probablement son besoin improbable de trop mélanger les genres et de se perdre. Une enquête, des réponses surnaturelles mais cohérentes, le point de vue de la médecine légale pour corroborer sa thèse aurait en soit été grisant. La révélation finale elle, tombe à plat, tant elle correspond peu à son postulat de base.

DR Wild Bunch

Thématiques autour de l’œuvre

Si d’aucun parlait en avant-première d’un message féministe ou non, le réalisateur évoquant une femme qui a le contrôle sur deux hommes, le sujet premier du métrage est bien loin de ces considérations. L’art actuel ne devrait en rien se résumer continuellement en une perpétuelle lutte des sexes (ou des classes ou des communautés comme le tentait le décevant « Get Out »).

Si la magie de « Conjuring » opérait, le premier hein, parce qu’on ne dira jamais assez de mal du second métrage, ce film tellement lourd qu’en sortie de salle t’as l’impression d’avoir mangé un hamburger-au lasagne-gratin dauphinois- et kebbab- c’est bien parce qu’il savait se réapproprier des codes et en jouer à la perfection. Il constituait d’ailleurs certainement le meilleur du surcoté James Wan qui a beaucoup de mal à savoir comment doser ses effets et donc éviter de passer du flippant au grotesque. C’est probablement ce qu’a voulu faire Overdal, bien décidé à avancer dans sa carrière en proposant un film aux enjeux simples: faire peur.

Dis comme ça, l’idée pourrait sembler saugrenue. Loin de là, on n’accuse pas une comédie de simplement vouloir faire rire alors pourquoi un film d’horreur ne devrait-il pas simplement vouloir faire peur? Et si on le regarde sous l’œil de la bienveillance et de l’indulgence, le pari dans son ensemble est réussi. Pas de quoi se réveiller en sursaut la nuit? Oui certainement mais simplement ce qu’il faut pour passer un beau moment de divertissement en n’ayant ni perdu son temps ni son argent.

Au milieu de tout ça, de ce renouveau du genre qui puise dans l’ancien et se détache-enfin- de la caméra à l’épaule, le film qui nous réunit ici est une belle surprise. Loin d’être parfait, certes, mais qui promet quelques jolis sursauts et une montée en tension bien menée. Dommage donc de s’être perdu au moment de l’atterrissage.

Et pour répondre plus simplement à la véritable question que pose n’importe quelle critique, dois je aller le voir? La réponse est oui. Allez-y pour prouver aux distributeurs qu’il faut donner sa chance aux petits films de genre. Allez-y pour leur montrer que le cinéma d’horreur n’est pas une sous espèce destinée à un micro public de weirdos. Allez-y pour qu’on arrête de toujours nous imposer des œuvres « grand public » en ne laissant pas leurs chances aux autres et en partant du principe qu’il faut un bon gros budget pour mériter un grand écran. Allez-y pour passer un agréable moment, pas pour voir un chef d’œuvre ultime mais pour voir un film honnête, plaisant, parce qu’on pardonne les imperfections et pour donner leur chance à de véritables chef d’œuvres d’être projetés en salles. Sinon allez-y simplement pour sursauter une ou deux fois en acceptant de vous laisser prendre au jeu.

Vous pouvez aussi retrouver notre critique de « Grave » et « XX », histoire de vous donner quelques nouvelles idées de visionnage.

De la douceur mais aussi une force folle. Celle que l’on retrouve dans les compositions d’Aurora. Avec une voix à vous donner des frissons, la talentueuse Nina Johansson a déjà tout d’une grande!

Originaire de Suède, la jeune femme donne au rock et à la pop toutes ses lettres de noblesse. La preuve en un single « One Step Too Low » qui parle de son agression avec force et pudeur.

Quand on la rencontre, la belle Nina respire la joie de vivre et la sincérité. C’est dans un bar parisien, en pleine chaleur, que la chanteuse a donné rendez-vous à Pop & Shot. Habillée à la mode du moment mais tout en sobriété, la souriante et bavarde Nina maîtrise le français à la perfection. Nina, elle parle beaucoup, raconte plein de choses, aime à rencontrer les gens. Pourtant d’une nature assez réservée, à peine l’enregistreur mis en marche elle s’arrête comme pour peser ses mots face à l’objet. La pause n’est que de quelques minutes, la voilà qui reprend avec simplicité. Sa vie s’inscrit au fur et à mesure alors qu’il est facile d’imaginer l’univers qui l’a vu grandir et l’a poussée vers la musique.

« J’ai été très inspirée par mon frère qui jouait de la guitare, de la basse. Du coup je voulais me mesurer à lui. Ma mère a acheté un vieux piano. Chaque année ma mère me menace « Nina je vais le jeter » et je lui demande toujours de le garder. Parce que je l’ai eu quand j’étais petite et c’est là que j’ai commencé à composer de façon basique mais avec un sens de la mélodie. »

Ses premiers titres elle les compose pour le spectacle de fin d’année. Elle emménage en France à 18 ans et laisse sa passion pour la musique de côté. Elle touche à tout avant de se demander ce qu’elle sait vraiment faire. La réponse est évidente. La musique c’est ce qu’elle sait faire.

C’est aux Ailes de Montmartre à Paris qu’elle se fait découvrir grâce à un ami. « J’ai un ami qui joue de la guitare et qui peut enregistrer chez lui. C’est lui qui organise une fois par an un tremplin dans un théâtre à Montmartre. Ce fameux tremplin. Il m’a permis d’enregistrer mes titres gratuitement. En retour il m’a demandé de participer au tremplin. J’y suis allée à reculons parce que j’ai un gros problème de trac. Et c’est dans le jury que j’ai rencontré mon manager actuel. Un long moment après, il m’a appelée pour me proposer quelque chose. On a tout de suite trouvé une forme de complicité et c’est grâce à lui que j’ai réussi à me lancer dans un projet bien à moi avec des musiciens qui ne jouaient que pour moi. C’était dingue! »

Avant ça, elle ne jouait que dans des groupes, prête à prendre n’importe quel projet pour « au moins jouer de la musique. »

Elle compose son premier EP sur lequel elle empile des chansons déjà composées nées d’un « flow » qui lui vient naturellement. Ses influences ? Elles viennent encore une fois de son frère. De lui elle tient sa passion pour les Cure, Radiohead, Portishead et même Tina Turner. A 10 ans un live de cette dernière bouleverse Nina.

« One Step too Low » un titre clé

Le premier single que la chanteuse publie c’est « One Step too Low », son histoire, son exutoire : « Cette chanson je l’ai écrit à propos d’un événement marquant: une agression sexuelle que j’ai vécu à Paris. Sur le coup j’étais contente de m’en être sortie sans trop de dégâts et puis avec le temps je me suis rendue compte que j’étais bien plus profondément marquée par cet événement. »

C’est d’abord un texte sombre et une mélodie joyeuse que la chanteuse écrit. Pourtant en le retravaillant, les arrangements changent : « Et là ça a pris tout son sens. Et puis je pense que c’est important d’écrire sur ce sujet puisque c’est quelque chose qui arrive souvent. Des choses graves comme des moins graves et il faut en parler. »

Le clip quant à lui suggère la situation sans aller dans le trash : «  C’est difficile de transmettre en images ce qu’on ressent. » Si dans la vie, la belle est quelqu’un de joyeux, cet événement laisse une marque de mélancolie que l’on retrouve dans sa musique. Elle confesse : « Avant je ne pensais pas que méritais de percer, je pensais que ce n’était pas pour moi. Mais maintenant j’ai la tête haute. Je suis fière de ce que j’ai fait. Même si travaille encore sur le sujet. »

Nina, Paris et la musique

Immigrée à Paris il y a 10 ans, c’est cette ville qui a permis à Nina de se révéler. Forcément, la plus belle ville du monde a marqué l’imaginaire de la chanteuse. La chanson qui lui évoque Paris n’est autre que « La chanson de Prévert » de Gainsbourg : « On l’avait chanté dans un tout petit bar à Montmartre avec mon petit ami. C’était une sorte de déclaration d’amour. Et ce bar représentait pour moi la vie parisienne. Çà s’appelait le Petit Café. Et Gainsbourg, c’était la révélation quand je suis arrivée à Paris puisqu’en Suède, il n’est pas connu. »

Pourtant le lieu qui l’inspire dans la capitale, c’est sa maison : « Je ne peux composer que chez moi. »

Loin de sa maison, c’est pourtant le moment où elle a joué en première partie de Morshiba à l’Elysée Montmartre qui reste indélébile dans son esprit, comme le beau souvenir musical qu’elle associe à cette ville : « C’était juste magique. »

On lui en souhaite bien d’autres en tête d’affiche cette fois. Et à en juger pour la talent de la jeune fille, nul doute que cela devrait arriver très vite.