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Julia Escudero

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Pépite Rêve RéalitéDeux années de perdues, d’isolement et de difficultés partagées. Après la longue période de souffrances engendrée par la pandémie, le monde n’avait besoin que d’une chose : se retrouver et partager de la douceur et de la beauté. Et comme une réponse naturelle à cette urgence, Pépite était de retour le 25 juin 2021 avec un nouvel EP onirique. Il faut dire que le duo français, lui aussi confronté aux mêmes enjeux y a vu un moment de flottement où une réalité improbable venait se heurter au monde des rêves. Entre nostalgie du monde d’avant et une belle dose d’espoir, les doux rêveurs aux mots bleus injectent à travers leur « Rêve Réalité » une dose de romantisme exacerbé qui tord les tripes et empli d’oxygène.

5 titres  tout en douceur

Le ton est donné dès « Uno »qui ouvre ce bal en cinq temps. Pépite sait créer du tube intemporel. La voix aérienne et familière de l’inénarrable Thomas invite au lâcher prise. Peut-être parce qu’il manie à la perfection les sonorités rétros 80’s, les titres du groupe confèrent toujours à un sentiment de chez soi retrouvé. Les premières secondes du morceau frappent d’ailleurs très fort alors que la voix se dévoile par vagues successives. Pour le titre le plus mélancolique de l’album, la ligne instrumentale se répète en une boucle bienveillante, le refrain coule de soi, comme lors d’un bon rêve, la cohérence en plus. L’entrée en matière se fait avec douceur, la piste de décollage est parée. Le groupe prend l’auditeur par la main,  le bal est ouvert.

Avec Pépite, il est toujours facile de se projeter dans des nuages bleus et roses pastels, et ce ne serait surement pas une « Mauvaise idée’ que de s’y laisser aller. Ce deuxième titre accélère la cadence. Tout comme un certain Jean-Jacques Goldman, le duo crée une gimmick dansante si douce qu’elle en devient déjà culte. Hasard d’écriture ou non, le titre pourrait d’ailleurs bien être le pendant made in 2021 de « Bonne idée » du célèbre compositeur. C’est d’ailleurs sur son instrumental que le morceau sort son épingle du jeu alors qu’une boucle de synthé vient aérer les refrains. Ces derniers prennent d’ailleurs plus de place que la voix elle-même. L’apogée du titre vient alors qu’un solo instrumental s’offre de l’épaisseur et met en avant une batteries déchaînée et un saxophone puissant. Dans les dessin-animés, on imagine le rêve comme un tourbillon, en voici l’illustration sonore qui résonnera comme un rythme dansant jusqu’à sa dernière note.

C’est le troisième titre qui donne son nom à cette parenthèse lumineuse. Aérien et subtile, ce dernier invite au voyage intérieur. La rythmique posée prend par la main. Comme souvent, Pépite crée l’équilibre idéal entre nostalgie, romantisme et rythme entêtant. Invitation au slow par excellence, « Rêve Réalité » envoie son auditeur au milieu des cours de récréations, des amours candides, des couettes aux chouchous colorés et des bonbons acidulés. C’est d’ailleurs bien ce goût de fils multicolores entre sucre et acidité qui se fait sentir au creux des notes. Construit par couches, il sublime les échos des voix qui se perdent pour devenir des images. La bande instrumentale, devenue copine de récré, nous prend par la main et promet, juré craché, de ne plus quitter nos oreilles.

montagnes russes

« Mirage » illustre la capacité de Pépite à créer du tube sans jamais un faux pas. Les premiers instants vont crescendo. La piste de décollage est parée, le premier couplet évoque la montée des montagnes russes et prépare aux sensations fortes. Les boucles psychédéliques ne tardent pas à venir sublimer cette pop française calibrée. Le duo innove et mélange, il tord les codes des registres pour mieux les recréer. Le renouveau de la chanson française est bien là, il emprunte aux autres sans jamais sortir de son terrain. Tout en gardant son âme pastel, il flirt avec le rock, lui prend sa fougue dansante et s’offre par la même occasion un véritable tube. Dès sa première écoute, il devient si culte qu’il parait improbable de ne pas l’avoir déjà entendu. Le duo distille ces morceaux amis dont la rencontre est une telle évidence qu’elle en devient instantanément fusionnelle.

Vient la « Brume » dernier titre de cet EP.  Une ballade nostalgique tout en douceur sous forme d’au revoir doux-amer. Parfaitement rétro comme il peut être parfaitement moderne, il est l’illustration de la douceur signée Pépite et de sa maîtrise de composition. Le groupe signe en clôture un titre qui résonnera à travers les générations. N’est ce pas d’ailleurs le pari fou que s’est lancé le groupe ? Parler à travers les époques, transcender les méthodes passées et se les réapproprier, créer un lien universel et redéfinir la chanson française.

« Rêve Réalité »  est un songe estival, une douceur à savourer pour oublier les cauchemar de ces derniers mois et se rappeler que quoi qu’il arrive, la musique, elle, sera toujours là.


Une release party perchée

Pépite
crédit Kevin Gombert

Mercredi 7 juillet, Pépite a pu célébrer la sortie de son nouvel EP en grande pompe. Au programme : un très bel évènement dans les hauteurs de la Gare de l’Est et plus précisément sur son Perchoir. Caché sur la gare elle-même et devant sa superbe verrière, le bar ressemble à une oasis paradisiaque en plein Paris.  C’est dans le cadre de cette terrasse aux canapés verts et aux nombreuses plantes que Pépite a offert à un public trié sur le volet un mini concert de retrouvailles avec vue sur la capitale. Pour fêter la nouvelle, les copains de la musique sont venus en nombre. Egalement signés sur le label Microqlima, la bande de L’Impératrice était au rendez-vous et s’est même offert un DJ set en fin de soirée. L’occasion également de chanter (en avance) un « Joyeux anniversaire » à Flore Benguigui et de lui faire souffler ses bougies. Voyou ou encore Malik Djoudi étaient aussi de la partie. Quoi de mieux qu’une longue soirée d’été pour accepter doucement de sortir du rêve et  d’entrer dans la réalité ?


Bartleby Delicate Deadly Sadly WhateverBartleby Delicate nous a habitué à la perfection, rien de plus, rien de moins. La talentueux musicien allie toujours raffinement et capacité à composer. Avec ses intonations folk qui côtoient la pop onirique, il touche directement au coeur ceux qui l’écoutent. Dans l’univers de cet artiste entier, la délicatesse est effectivement mot d’ordre, vous étiez prévenu dès le titre.

L’ancien chanteur de Seed to Tree frappe fort à chaque titre et s’installe naturellement dans les têtes et les playlists.  De « Sibling » à « A Little less home » en passant par « Beyond good and evil » ou encore le plus récent « Plastic Flowers », le musicien a su se conférer un univers à part sous forme de cocon qui n’aurait pas à rougir face à des musiciens comme Elliot Smith, Big Thief ou encore Half Moon Run.

Parce qu’il fallait bien apporter un peu de beauté dans ce bas monde, le voici de retour le 14 mai 2021 avec un EP à écouter en mode repeat « Deadly Sadly Wathever ».  En distillant un message de paix, en s’interrogeant sur son droit à s’exprimer en raison de son statut d’homme blanc cis-genre, Bartleby Delicate plonge son auditeur dans un monde où la bienveillance est enfin mot d’ordre. Il n’hésite pourtant pas à user du second degrés expliquant même : « Aussi dramatique que tout puisse paraître parfois, l’humour est une force. »

Le voilà donc de retour avec le titre « Sleeping song », une berceuse onirique qu’il est bon de retrouver. Plus qu’un simple titre, cette pépite s’avère être une expérience essentielle, une forme d’oasis dans un désert de lassitude. Une forme de réponse face à la violence de ce monde qui parfois subjugue. Pour vous faire entrer dans sa bulle , il crée une boucle instrumentale qui se répètera jusqu’aux dernières secondes de ce morceau clairement abouti. Le rêve y est forcément mot d’ordre alors que le clip aux dessins enfantins qui l’accompagne ne fait qu’ajouter une touche de magie à un moment que l’on souhaite garder pour toujours. Appropriez vous ce morceau, il a été construit pour devenir votre meilleur ami la nuit, lorsque l’on regarde la noirceur du ciel en rêvant de toucher les étoiles.

Découvrez le clip de « Sleeping song »


Alice Animal
Crédit Yann Orhan

Après un premier album « Théogonie » sorti en 2017, Alice Animal revenait en force et en rock le 28 mai 2021 avec un nouvel opus « Tandem » qui joue avec les codes de la pop française et du rock pour un résultat électrique.

« Tandem » c’est aussi le titre du premier morceau de l’album . Pas de temps à perdre pour Alice Animal qui envoie ses guitares déchaînées dès les premières notes du morceau. Sa voix puissante s’additionne à une guitare énergique. Aussi structuré que déstructuré, comme tout bon titre à l’esprit rock, cette entrée en matière annonce un album sincère, vif et sans concession. Difficile de ne pas penser à Zazie sur le refrain dans la phraséologie comme dans l’arrangement musical. Tout comme l’icône française, notre chanteuse féline calibre un titre accrocheur qui entre facilement en tête.

« Finir à L.A » vous en rêvez ? La chanteuse aussi. La cité des anges inspire de nombreux titres Outre-Atlantique mais aussi de notre côté de l’Océan. Entre soleil, gloire et misère, la chanteuse dépeint un tableau complet du rêve américain qui nous a été transmis malgré la distance – la faute peut-être à une culture sur référencée qui s’est glissée dans nos cerveaux dès le plus jeune âge par le biais d’écrans déjà omniprésents. Toujours est-il que le titre lui, est aussi pressé que les habitants de la ville qu’il décrit, les riffs précis s’enchaînent, s’additionnent comme une répétition, se font rapides et s’appuient sur une basse calibrée. Si à Los Angeles, les paradis artificiels sont réputés comme nombreux, ce sont « Tes Eléphants roses » que nous invite à découvrir la musicienne pour poursuivre la route. Ce morceau marque un véritable tournant dans l’album alors que la mélodie ralentit et que la guitare se décline avec douceur comme une confidence. Il faut dire qu’Alice Animal cette fois dénonce une relation toxique demandant au passage de ne plus être la victime d’un amour qui détruit. A fleur de peau, la belle s’offre même à 2 minutes 50 une aparté parlée qui évoque noirceur et profondeur et tranche clairement avec les couleurs vives qui habitaient jusque là les titres – et la pochette rose de l’album.

A fleur de peau

« Mauvais garçon » marque un retour tonitruant à un rock plus pop. Entre instruments clairement énervés et riffs dansant, le morceau s’offre une belle dualité qui fait joliment écho à ses paroles. Le refrain et ses montées dans les aigus invitent  au lâché prise et l’envie aussi irrépressible que viscérale d’assister à un concert, de faire des pogos, de vivre dans l’instant.  « Mon or » s’habille de références et de riffs à l’espagnol alors que la guitare suave reprend cette capacité à évoquer les douleurs amoureuses tout en invitant à la danse. Les français ont ce don naturel du texte pour parler des sentiments. La palette émotionnelle, le vocabulaire sont autant d’outils utilisés à l’infini dans la chanson pour parler de la perte amoureuse. Comme la tradition le veut, Alice Animal s’approprie la beauté de notre langue et en parle celle de ses instruments entre profondeur et teinte froide pour habiller ce texte intime et imagé.

La musique française a connu beaucoup de courants, tout comme cet album puisque cette fois « On est barock ». Rock toujours en tout cas, alors que le rythme répétitif se casse en vagues à mesure que le titre progresse.  Construit en couches, le titre change régulièrement de ton avec maîtrise. La chanteuse y évoque en paroles « l’ombre et la lumière » tout comme en mélodie. Tantôt énergique, tantôt à coup de paroles scandées, la musicienne n’a pas froid aux yeux et compose un morceau qui se réinvente avec régularité.

Kent se dévoile

« On n’a qu’une vie » clôture l’album en une déclinaison entre pop et chanson. Aidée à la voix par Kent qui se fait l’écho grave du texte qu’il a composé. Les compère s’étaient rencontrés au Café de la Danse en 2017 alors qu’ils partageaient une scène le temps d’une reprise de « Scary Monsters » de David Bowie. Leur alliance fait des étincelles dans une ballade qui ne perd jamais de vue les sonorités puissantes du rock. Très différent du reste de cette galette, ce dernier jet permet de quitter l’univers sauvage d’Alice Animal avec douceur. « On a qu’une vie pour tenir toutes les promesses et pardonner les maladresses » rappellent les compères avec douceur, mélancolie et notes aériennes. Voilà qui illustre bien cet album entier, construit, sincère et prometteur pour une chanteuse survoltée. Les maladresses de l’opus sont ainsi facilement oubliées au crédit d’un esprit rock, d’une puissance vocale digne des plus grandes stars de la chanson française et d’un amour sincère des instruments. A l’écoute de ce nouveau jet, impossible de ne pas penser que la musique d’Alice Animal mérite d’être vécue en live. Sa fougue promet d’être hautement contagieuse. Un grain de folie qu’on espère tous attraper, sans masque ni barrières, avant la fin de l’année 2021.


No money Kids
No money Kids -dr

Le nouvel album de No Money Kids, « Factory » est en préparation.  Le groupe nous a appris à faire des grands huits émotionnels : du rock lo-fi au blues sombre en passant par l’électro, il ne se refuse rien, créant sur son sillon une esthétique poignante et visuelle. C’est avec un titre sombre « Why I’m so cold » qu’il a choisi de présenter sa nouvelle galette.

Pour son clip réalisé par les frères McKeith, la formation explore la thématique de la maternité solitaire. De la fin d’une histoire à la redécouverte de la vie par une naissance, d’un berceau entouré de noir. Pour personnifié la détresse de la mère que l’on suit avec intimité à l’aide de plans serrés, un objet tenu comme un trésor : un synthétiseur pour enfants. Il devient le centre de l’image, l’objet auquel on s’accroche.

Un nouvel extrait poignant

Si l’image est forte, le titre en anglais, l’est encore plus. Avec une introduction puissante qui plonge immédiatement dans l’univers glacial qu’il dépeint, il prend immédiatement aux tripes et au coeur. La voix, presque chuchotée à demis-mots accompagne une instru lo-fi où douceur et intensité se côtoient avec aisance. C’est d’autant plus le cas sur le refrain composé comme des vagues se sentiments, qui frappent et frappent sans cesse. La voix se fait sensiblement aiguë, entraînant l’auditeur dans un tourbillon écrit, brillamment composé et à fleur de peau. Cette balade indie-rock illustre à la perfection la douleur sourde que l’on croyait disparue, celle qui rampe sous la peau et ne sort son visage qu’occasionnellement. Mais il sait aussi se faire apaisant comme un secret qu’on confierait à demi-mot. Une belle réussite donc qui tranche avec le ton donné par le premier extrait de cette nouvelle galette « Crossroads » dévoilé au mois de février qui n’était pas sans rappeler l’univers blues rock d’un autre duo talentueux : The Black Keys. Ce quatrième opus promet d’explorer le rock et l’électro et de se renouveler à chaque titre. Forcément, on a hâte!

Découvrez le clip de « Why I’m so cold »