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Julia Escudero

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THE LITTLE THINGS JARED LETOIl y a bien longtemps que le thriller qu’on a connu et aimé dans les années 90 manque d’un nouveau souffle et peine à se renouveler. On pense tous à son âge d’or avec Seven ou encore Zodiac en tête de liste (Fincher encore et toujours), de duos de flics obsédés par les méfaits d’un tueur en série froid et d’un suspens tenu de bout en bout par des réalisateurs chevronnés. Les années sont passées à toute allure laissant derrière elles peu de films marquants dans ce genre pourtant si pertinent. Le Dalhia Noir ou le plus récent Le Bonhomme de Neige faisant office d’exception dans la paysage cinématographique. Il aura fallu attendre 2021 pour finalement retrouver cette ambiance atypique et le duo de policiers  que l’on connait depuis L‘Arme Fatale, l’un plus âgé que l’autre, blessé par un incident, l’autre aux dents longues comme ingrédients de The Little Things de John Lee Hancock (Bad boys II, Blanche-Neige et le chasseur). C’est surtout son casting qui vaut la notoriété annoncée de cette oeuvre puisqu’on y retrouve trois acteurs oscarisés : Denzel Washington, Rami  Malek et Jared Leto dont la performance lui vaut une nomination aux Golden Globe et Sag Award. Que vaut le film ? On vous raconte sans spoilers.

The Little Things de quoi ça parle ?

Joe « Deke » Deacon est un shérif-adjoint du comté de Kern aux méthodes particulières. Jim Baxter est quant à lui un jeune inspecteur de la police de Los Angeles. Tous deux s’unissent pour traquer un tueur en série laissant derrière lui les cadavres ensanglantés de nombreuses femmes. Au fur et à mesure de leur enquête, Deke voit resurgir un sombre secret de son passé.

The Little Things est-ce que c’est bien ?

THE LITTLE THINS DENSZEL WASHINTON JARED LETOC’est sur une scène proche du genre horrifique de s’ouvre The Little Things. La première actrice présentée par l’oeuvre, Sofia Vassilieva, vous la connaissez peut-être pour avoir prêté ses traits à Ariel, la fille aînée d’Alison DuBois dans la série Medium. Et il faut dire qu’aujourd’hui, en matière de thrillers et surtout d’enquêtes policières, c’est bien la série télé qui mène de loin le jeu, s’offrant quelques idées très travaillées, des sujets actuels, du traitement et de l’analyse, parfois même des frayeurs et ce depuis bien longtemps (personne ici ne pensera jamais à Esprits Criminels mais on ne peut que saluer le travail à ce titre de New-York Unité Spéciale, Monsieur Mercedes ou même Mind Hunter). Ce que les séries télévisées ne pourront néanmoins à l’heure actuelle pas enlever à ce Little Things c’est bien sa photographie et sa réalisation froide, lisse, aussi carré que le personnage de Rami Malek : l’inspecteur Baxter. En dehors de son interprète, ce dernier partage une chose avec le rôle qui aura valu la gloire de l’acteur, Freddy Mercury : ses dents longues. Jeune policier rigoriste et aussi prometteur qu’il est religieux, cet inspecteur est presque une célébrité dans sa brigade et est promis a un brillant avenir. Mari aimant, père de deux enfants, il n’est pas sans rappeler le personnage de Brad Pitt dans Seven.  A quelques attributs prêts. Il rencontre Denzel Washington, inspecteur rétrogradé mais fin profiler, visiblement traumatisé par un évènement dont on ne découvrira les tenants et aboutissants qu’en toute fin de pellicule. C’est bien là que la magie opère, quand les deux géants du cinéma actuel se croisent et se donnent la réplique dans une bobine qui fait parfois rimer finesse avec contemplatif. Puisqu’il ne faut pas s’attendre ici à un jeu de chat et de la souris tendu de bout en bout servi par un suspens attelant. The Little Things comme son nom l’indique tient sa prouesse de petits éléments, préférant installer sans fin son ambiance et son propos à une mise en scène grandiloquente. Le traumatisme de Joe Deacon (Denzel Washington) est l’épicentre de l’histoire. Il déteint sur le carriériste Baxter, se répand inexorablement comme un cancer à tous petits pas. Le contaminant sans s’en apercevoir jusqu’aux dernières notes lugubre de cette fable un brin politisé et qui ne sera pas sans rappeler dans son tout dernier acte The Pledge (avec Jack Nicholson) non par un dénouement semblable (pas de spoilers comme promis) mais par un goût doux-amer laissé au spectateur. Le duo enquête donc sur les crimes commis par un tueur en série lugubre. Là encore l’esthétique prime et le métrage est loin de dévoiler à la face du Monde les détails sanglants des meurtres perpétués. On reste dans un sous-entendu évident, où point trop n’en faut et où seuls quelques détails pourront faire frissonner. Petits détails toujours. C’est là qu’entre en scène Jared Leto, suspect numéro 1 de l’enquête dans le rôle d’Albert Sparma. Comme pour son Joker désavoué – à raison mais pas d’inquiétude, il retentera sa chance dans le Justice League de Zack Snyder en mars, parce que vengeance, l’acteur-chanteur ne laissera pas Joaquim Phoenix s’en tirer comme ça-  un goût de trop peu quant à son temps d’exposition à l’écran viendra à se faire sentir. Trop peu parce que l’idole aux nombreuses groupies livre ici une performance époustouflante et juste. Il délaisse d’ailleurs ses grands yeux bleus et ses traits poupons pour un maquillage le dévalorisant, un nez imparfait, des lentilles marron, des cheveux sales, un ventre bedonnant. Un beau travail qui vaut par ailleurs à l’équipe des maquilleurs une nomination pré-sentie aux Oscar pour ce relooking trash. Sparma est un étrange personnage, glauque, flippant, libidineux, tous les indices pointent vers lui. Tous ou presque puisqu’il fait bien trop office de suspect idéal. Et si les certitudes se font nombreuses, rien n’est pour autant si définitif. Il est pourtant fascinant de le regarder toiser les grands acteurs qui lui font face, les narguer sournoisement, s’amuser avec leurs convictions. C’est finalement de ce versus que se dégage l’essence même d’un film qui aurait nettement moins de qualités s’il n’était pas si bien porté par ses interprètes. Puisque comme The Pledge cité plus haut, l’oeuvre s’étire avec lenteur profitant de quelques scènes bien menées (l’interrogatoire en fait partie) pour se construire. Noirceur et jeu d’acteur font bon ménage là où conviction et foie parfois se mélangent jusqu’à leur paroxysme. C’est finalement en son final que le film explore le mieux son propos. Quelle est la limite à ce que justice soit faite ? Quel est le rôle de la police ? Qu’est-ce que l’instinct ? Qu’est-ce qu’un tueur ? Une forte actualité de 2020 pourrait même retrouver ici en un sens une forme d’écho qui pousse à la réflexion. Photographie magnifique, jeu de caméra maîtrisé, ton tenue et jeu d’acteur 5 étoiles voilà autant de forces d’un film pourtant inégal et imparfait. Il laissera notamment un sentiment d’inachevé quant à ses meilleures idées pour se concentrer sur la psychologie de ses deux personnages centraux parfois en étirant des scènes qui auraient méritées moins de temps d’expositions. Sans être le Seven de 2021, ce The Little Things a pour mérite son passage dans de nombreuses mains expertes et sa capacité à mettre en avant la réflexion de son spectateur qui n’est jamais pris pour un imbécile loin de là. A découvrir donc pour s’offrir quelques beaux débats et se rappeler que le thriller est le reflet de ce que l’Homme a de plus sombre et que le genre manque toujours cruellement aux affiches du cinéma actuel.

The Little Things est disponible sur HBO en lui souhaitant une sortie cinéma prochaine – et nous ne manquerons pas de le dire – une réouverture des salles de cinéma rapide qui sont un bien essentiel et non dispensable comme on se plait à nous le raconter au quotidien de notre absurde époque.

Découvrez la bande-annonce de The Little Things


yseult victoires de la musique 2021Entrepreneuse, chanteuse de talent, personnalité engagée et engageante, auteure, interprète, modèle de force et de détermination, Yseult a plus d’une corde à son arc. En 2020, elle sort un nouvel EP « Brut » et y met à son service ses capacités vocales époustouflante et sa capacité à être elle-même. Un pari qui paye. Celle qui faisait partie des incontournables du MaMA festival 2019 se voit aujourd’hui nommée dans la catégorie Révélations aux Victoires de la Musique 2021. L’occasion pour l’équipe de Pop’n’Shot de la rencontrer et de parler avec elle de la cérémonie mais surtout de lutte. De lutte pour casser la barrière des genres, de lutte pour faire vivre l’art, de lutte pour une bienveillance collective, pour que l’Etat prenne mieux soin du peuple. Une interview sans langue de bois à voir absolument.

 l’interview d’Yseult pour les Victoires de la Musique 

 


C’est au MaMA Festival 2018 que l’on découvrait avec joie la tornade Coco Bans. La chanteuse blonde à l’énergie folle s’était avérée être l’une des plus belles découvertes de cette édition passée et avait su enflammer la Boule Noire. Au programme de cette prestation : de la pop très bien faite, de l’humour, une maîtrise totale de la scène, un charme incontestable et une tornade qui avait su embraser jusqu’au spectateur le plus réticent de l’assemblée.

Après un aussi beau moment, il paraissait évident qu’il faudrait suivre Coco Bans de près. Et pour cause la chanteuse américaine peut se targuer d’avoir un CV des plus impressionnant : elle a collaboré avec Lil Wayne, Julian Perretta, Fakear ou encore Kiddy Smile… Originaire de l’Iowa, c’est en France qu’elle pousse sa carrière de musicienne. Après le MaMA, un Printemps de Bourges 2020 (certes confiné et donc en ligne) vient confirmer l’intérêt évident que lui porte la profession. Elle ajoute du français à ses compositions et même une reprise de Noire Désir « Le Vent nous portera » à son répertoire. Son nouvel EP « Aka Major heartbrek : the beginnning » est disponible à compter du 22 janvier. Parmi les six très beaux titres qui le composent, on découvre avec plaisir une pépite : « Being Brave is Stupid » en featuring avec Von Pourquery.


Being Brave is Stupid : une pépite entre pop et chanson

Le rap avait souvent utilisé ce registre : une voix féminine enivrante, un refrain doux et sophistiqué porté par des lyrics chanté par un rappeur au ton grave. « Stan » d’Eminem à ce titre est aujourd’hui un morceau culte. Oui mais pourquoi se contenter du rap pour jouer de cette corde et pourquoi la voix féminine serait-elle la moins présente du titre ? Coco Bans casse ici les clichés en habitant de bout en bout ce nouveau titre à la mélodie forte et au refrain construit, travaillé et accessible à tous. Et puis, il existe bien des façon de parler sur un morceau. Gainsbourg en avait adopté une forme sensuel naviguant entre chant et phrasé. Avec une voix posée, grave et magnétique Von Pourquery lui emprunte ce registre pour mieux se l’approprier. Il répond ainsi à Coco Bans qui sublime un riff aérien et signe ici avec douceur une oeuvre majeure qui semble tout droit sortie d’une rêve. Prête aux expériences variées, la chanteuse ose et innove : des enregistrements ambiants d’un site chantier de construction, des guitares acoustiques et même une impro d’enfant au glockenspiel viennent sublimer le morceau avec délicatesse et discrétion.

Quant à l’histoire de sa création, le titre a été écrit au cours d’une nuit d’insomnie. Après avoir regardé quelques Ted talk sur l’infidélité, la chanteuse a une vision : celle d’une femme seule dans les restes d’une ville dévastée par la guerre. Elle doit choisir : rester et tenter de réparer les dégâts ou fuir. Voilà une métaphore qui pourrait bien parler à plus d’une personne : ruines sentimentales, ruines professionnelles, ruines d’une santé mentale qui se perd. 2020 n’aura laissé sur sur sillage que des ruines qu’il faudra ou non reconstruire. La plus belle manière de faire ces choix se fera toujours en musique. En voilà une jolie preuve.


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Duo – crédits photo : Josh Kern

Luke Pritchard, vous le connaissez déjà puisqu’il s’agit du chanteur du célèbre groupe de rock britannique The Kooks. Marié à la sublime et talentueuse Ellie Rose, le musicien décide en 2020 de se lancer dans un tout nouveau projet en couple cette fois, baptisé DUO. Le 18 décembre ces amoureux fous dévoilaient leur premier album, une ode poétique et rock à la pop française à la cinématique encrée, aux guitares élégantes et à la sensualité à fleur de peau. Un jeu de séduction en musique magnifique, coup de coeur d’une fin d’année qui avait besoin de faire rêver. C’est sur Zoom, au réveil avec un thé chaud dans la main que le charmant couple a donné rendez-vous à l’équipe de PopnShot, deux ans après une rencontre parisienne avec le leader des Kooks. Un moment pour parler de musique, d’industrie musicale et de ses abus de pouvoir, de culture, de crise du Covid, d’amour et de scène française. Interview.

PopnShot : Bonjour, comment ça va ce matin ?

Luke Pritchard: Très bien et vous, c’est une belle matinée froide ici à Londres et à Paris ?

PopnShot : TouT va bien, nous n’avons plus besoin d’utiliser d’attestations de déplacement pour sortir en ce moment c’est déjà un début …

Luke Pritchard: Des attestations ? Vous avez un rationnement avec un nombre d’attestations limitées par jour c’est ça ?

PopnShot : Non pas du tout, on jure juste sur l’honneur qu’on sort pour une bonne raison.

Luke Pritchard et Ellie Rose: Vraiment ? (rires)

PopnShot : Mais revenons plutôt à l’actualité qui nous intéresse aujourd’hui, celle de la sortie de votre tout premier album. « Duo » est sorti en deux temps, un premier Ep, puis un second et enfin l’album constitué de ces deux entités. Comment le décririez-vous ?

Ellie Rose : Nous voulions créer une histoire d’amour en trois partie. le premier Ep regroupe les premiers morceaux que nous avons écrit. Globalement lorsque nous nous sommes rencontrés. le second a été écrit un peu plus tard alors que l’album lui a été fini durant le premier confinement.Ce sont les trois étapes de notre relation amoureuse.

PopnShot : Comment ça marche de travailler en couple ? Est-ce que vous vous compléter sur la création ?

Luke Pritchard: Parfois oui. C’est quelque chose que je recommanderai à n’importe qui de travailler avec son partenaire.

Ellie Rose: moi pas (rires).

Luke Pritchard : Il y a des hauts et des bas mais la musique est une expérience psychique de haut niveau donc quand on travaille là-dessus ensemble ça vous rapproche. Evidement on a des moments plus compliqués mais dans l’ensemble on s’est beaucoup amusés.

PopnShot : Si vous deviez vous décrire mutuellement avec un morceau de n’importe quel artiste, lequel choisiriez-vous ?

Luke Pritchard : « I’ll be seeing you » ( de Françoise Hardy et Iggy Pop Ndlr) parce que c’est un standard et un classique du jazz.

Ellie  Rose: Et j’aime Velvet Underground « I’ll be your Mirror ».

On a voulu parlé de ces hommes terrifiants de l’industrie musical et leur dire de partir.

PopnShot : Pour cet album vous vous êtes inspirés de la musique française des années 60. Pourquoi cette période artistique vous a-t-elle cette importance pour vous ?

Ellie Rose : Le pourquoi est une bonne question. Je pense que nous aimons l’aspect théâtral et décadent de cette période. On écoute beaucoup de Françoise Hardy, de Jane et Serge … Je pense aussi que la musique est très liée avec les films et que la pop française des années 60 a une belle esthétique qui fait rêver.

Luke Pritchard : Les arrangements y sont décadents et luxueux mais ils sont amusants, invitent au jeu. C’est une chose que nous aimons tous les deux dans cette scène. On s’est aussi inspirés de la scène française moderne qui a beaucoup de niveaux d’écriture.

Ellie Rose : Oui, les français le font mieux!

PopnShot : Vous avez un morceau intitulé « Lolita, no ». En France, la chanteuse Alizée chantait un morceau qui s’appelait aussi « Moi…Lolita » et comme France Gall quand elle chantait «Les sucettes à l’anis », elles étaient de très jeunes-filles qui ne comprenaient pas le caractère sexuelle des paroles qu’elles chantaient. Musicale on a souvent joué sur ce paradoxe sensualité, naïveté. Est-ce également une forme qui vous intéresse ?

Ellie Rose : La chanson d’Alizée est en fait l’une de mes chansons préférées (Luke la chantonne Ndrl). Le clip c’est un peu comme emmener sa petite soeur en boite et c’est tellement cool. Mais notre titre à nous est moins une histoire de candeur sexualisée puisque je ne suis plus une adolescente et aussi parce que c’est une histoire inversée. C’est d’ailleurs pour cette raison que Luke dit « Lolita, no ». C’est l’opposée de ce type d’histoires.

PopnShot: Cette fois c’est la femme qui domine …

Ellie Rose : Exactement, c’est moi qui prend le dessus et qui rejette Luke.

on a été maltraités par certaines personnes et ça nous fait du bien de pouvoir sortir au grand jour et d’en parler en musique.

PopnShot : Est-ce que ça fait écho aux mouvements féministes actuels ?

Ellie Rose : Honnêtement ça parle de l’industrie musicale. J’ai grandit dans cette industrie, j’y suis depuis que je suis très jeune. Et quand on s’est rencontrés avec Luke nous étions à l’opposé. Si j’entrais dans une pièce les choses se seraient passées très différemment que lorsque Luke entrait dans une pièce remplie de professionnels de la musique. On a voulu parlé de ces hommes terrifiants de l’industrie musical et leur dire de partir.

DUO
pochette d’album de « DUO »

PopnShot : La première chanson de l’album « Don’t Judge » est supposé être un doigt d’honneur aux personnes qui jugent, qui critiquent, c’est également l’ouverture de l’album. Que pouvez-vous nous dire sur ce titre ?

Luke Pritchard : Les paroles de celle-ci ont été écrites par Ellie. Et c’est un peu dans le même esprit. Lorsque l’on s’est connu notre couple n’a pas vraiment été soutenu par les gens autour de nous, on se sentait exclus. Cette chanson peut parler à beaucoup de monde, ça peut parler d’un coming out homosexuel par exemple. Ce titre est un mantra qui dit aux gens de se mêler de leurs affaires.

Ellie Rose : Et puis on a été inspiré par beaucoup de nos rencontres. On rencontrait des gens, on leur décrivait ce qu’on ressentait. J’ai par exemple parlé à un ami gay qui m’a dit ‘je ressens la même chose’. Lui aussi ne veut pas qu’on le juge.

Luke Pritchard: Les paroles que se soient les refrains ou les couplets jouent sur la perception des gens. On leur dit qu’ils devraient s’intéresser plus à leur propre vie. C’est une forme de combat, on a été maltraités par certaines personnes et ça nous fait du bien de pouvoir sortir au grand jour et d’en parler en musique. Mais on a aussi fait cet album pour nous, pour s’amuser.

PopnShot : Vous avez un titre intitulé « The French House » qui est aussi le nom du pub dans lequel vous vous êtes rencontrés. Est-ce que ce titre est particulièrement intime ?

Ellie Rose : Cette chanson parle de chercher sa moitié.

Luke Pritchard : Faire des choses banales devient particulièrement beau quand on est amoureux. Mais oui on s’est rencontré dans ce petit pub qui s’appelle le French House, un endroit très sympa. Ils ne servent que des demis de bière, ce qui est très sophistiqué puisque les pintes deviennent chaudes avant d’avoir pu les boire en entier.

Ellie Rose: On n’a même pas pu y entrer en fait. Le lieu était tellement plein qu’on s’est retrouvé devant. On est resté dehors (rires). Mais la devanture est vraiment jolie, bleue et ancienne.

Luke Pritchard : C’est là que j’imagine que l’on se retrouvera quand on sera morts. C’est morbide (rires). Notre musique a vraiment été inspirée par la scène française donc c’est un beau moment, un clin d’oeil sur l’album.

que le gouvernement aille se faire foutre, les gens veulent de la musique dans leur vie!

PopnShot : Cet album est une grande lettre d’amour. Finalement qu’est-ce que l’amour pour vous ?

Luke Pritchard : C’est aussi difficile à décrire que la vie je pense.  Mais tu sais le reconnaître.

Ellie Rose : C’est quelqu’un qui sort les poubelles pour toi.

Luke Pritchard : C’est le boulot des hommes selon elle.

Ellie Rose : Non ce n’est juste pas mon boulot.

Luke Pritchard : C’est surtout se préoccuper plus d’une personne que de soi-même. Mais c’est très profond, il y a beaucoup de formes d’amour. C’est une question complexe.

PopnShot : La crise du Covid est une véritable catastrophe pour l’industrie culturelle et en particulier musicale en France, comment vivez-vous ça au Royaume-Unis ?

Ellie Rose : Des choses tristes se sont passées cette année, pour nous comme pour tout le monde mais nous avons eu beaucoup de chance parce qu’on vit ensemble, que nous avons fait un album. C’était une chance pour nous comme pour notre entourage puisque nos proches étaient impliqués dans la conception de l’album. Ça nous a tenu occupés et c’est d’autant plus important alors que l’industrie musicale souffre beaucoup. Et pour toi Luke ça t’a permis de faire une pause dans des tes tournées …

Luke Pritchard : C’est un congés sabbatique forcé. C’est très triste de ne pas jouer en live, de ne pas pouvoir écouter de musique en live. On voudrait tourner pour promouvoir notre album mais d’un autre côté on a été tellement entourés. Il y a tant de gens qui ont voulu se joindre à nous, nous aider. L’album s’est conçu comme un patchwork, on avait 4 titres avant le premier confinement. Mais ce confinement nous a forcé à écrire l’album. Malgré tout on aimerait que le gouvernement soit plus présent, nous aide plus. Je ne sais pas si c’est pareil en France mais ici on a un problème profond avec le gouvernement qui n’aide pas les arts. Et c’est un très mauvais message à envoyer aux gens puisqu’ils ne se contentent pas de ne pas aider l’art financièrement, ils disent que l’art ne sert à rien. Moi je pense qu’il compte tellement et que c’est important de se le rappeler … Avec tout ça, qu’ils aillent se faire foutre, les gens veulent de la musique dans leur vie. HAHAHAH