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Julia Escudero

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les victoires de la musique 2021 nouveau trophéeLe 11 janvier 2021, les Victoires de la Musique annonçaient enfin leurs nommés. Drôle d’année, nous direz-vous pour marquer les esprits en musique avec l’arrêt quasiment complet des concerts. Pourtant, la musique, elle n’a jamais été aussi importante qu’au cours de cette période particulièrement difficile. Elle aura peuplé nos moments de détresse durant le confinement, aura comme toujours été notre meilleure amie, se sera déclinée en streaming (lui valant d’ailleurs une nouvelle catégorie durant la cérémonie qui nous intéresse) mais aussi en vinyles et albums dématérialisés ou non et même en vidéos lives sur nos outils numériques.

Pour palier à l’absence de concerts et exceptionnellement cette année, les Victoires de la Musique renoncent aux récompenses lives dont la catégorie Révélation Live. Pour la remplacer s’ajoutent les catégories Révélation Féminine et Masculine. Une perception certes, qui ne colle pas à l’esprit libertaire de 2020 et son envie de casser les codes du genre pour être plus accueillant et bienveillant pour chacun.e, mais qui a surtout pour but de récompenser malgré tout un maximum d’artistes. Et avec une année si noire pour le monde de la musique, il est d’autant plus important de pouvoir parler au plus grand nombre et d’être présent sur les chaînes de télévision pour mieux sensibiliser le public et rappeler que la musique est essentielle et toujours présente même si elle est en souffrance.

Côté nommés, on connait déjà le nom du titre le plus streamé de l’année : « Ne reviens pas » de Gradur feat Heuss l’Enfoiré qui a récolté plus de 100 millions de streams. Un nom décalé au milieu d’une sélection traditionnellement « plus sage ». Parmi les autres candidats en lisse on retrouve les révélations de l’an passé qui ont bien grandit et qui visent aujourd’hui l’un des prix les plus prestigieux des fameuses récompenses: celui d’artiste féminine de l’année. Pomme et Suzanne tenteront de repartir avec le fameux trophée. Pomme confiait lors du Festival des festivals qu’elle avaient eu espoir que 2020 soit son année et qu’elle avait vu son rêve reporté en raison de la crise actuel. Public et professionnels lui confessent ainsi qu’elle a quand même marqué les esprits et qu’elle s’inscrit aujourd’hui dans le paysage musicale et dans la durée.

Les Révélations sont l’avenir de la scène française, c’est bien vers cette catégorie qu’il faudra donc se tourner , et cette année la rédac de PopnShot espère bien voir Hervé et Yseult, tous deux nommés triompher. D’ailleurs restez connectés pour découvrir leurs interviews réalisées par la rédaction. Sans plus de suspens découvrez la liste des nominations des Victoires de la musique 2020

Et les nommés sont …

Artiste féminine :

  • Aya Nakamura
  • Pomme
  • Suzane

Artiste masculin :

  • Benjamin Biolay
  • Gaël Faye
  • Vianney

Révélation féminine :

  • Clou
  • Lous and the Yakuza
  • Yseult

Révélation masculine :

  • Hatik
  • Hervé
  • Noé Preszow

Album  :

  • « Aimé » – Julien Doré
  • « Grand Prix » – Benjamin Biolay
  • « Lundi Méchant » – Gaël Faye
  • « Mesdames » – Grand Corps Malade
  • « Paradis » – Ben Mazué

Chanson originale (vote du public) :

  • « Comment est ta peine » – Benjamin Biolay – Auteur / Compositeur : Benjamin Biolay
  • « Corps » – Yseult – Auteur / Compositrice : Yseult
  • « Facile » – Camelia Jordana – Auteure : Camelia Jordana / Compositeurs : Camelia Jordana – Renaud Rebillaud
  • « La Maison de retraite » – Michel Jonasz – Auteur / Compositeur : Michel Jonasz
  • « Mais je t’aime » Grand Corps Malade & Camille Lellouche – Auteurs : Grand Corps Malade & Camille Lellouche / Compositrice : Camille Lellouche

Création audiovisuelle :

  • « Goliath » – Woodkid – Réalisateur : Woodkid
  • « La vita nueva » – Christine and the Queens – Réalisateur : Colin Solal Cardo
  • « Nous » – Julien Doré – Réalisateur : Brice VDH

MIEGEVILLE
Copyright Lionel Pesque

Matthieu Miegeville, peut-être le connaissez-vous déjà. Voilà maintenant 20 ans qu’il fait partie intégrante du paysage musical toulousain, officiant dans des groupes de rock sans concession. Loin des guitares déchaînées et des riffs survoltés de Pyskup, l’un de ses précédents projets, MIEGEVILLE s’est trouvé en solo. Et seul face à lui-même, le musicien choisit la voix de chanson française aux accents pop. Son envie ? Mettre en avant ses textes à la poésie  précise, à l’écriture fine. Fin 2019, il publiait son tout premier album « ESTOUEST » dévoilant une voix grave et sensuelle, hypnotisant autant qu’il surprenait.

Ce premier jet donnait le ton d’entrée, « Longue Nuit » qui introduit la galette jouait sur le tempo d’une horloge, rendant palpable le temps qui passe, personnifiant l’insomnie, lui donnant autant de couleurs mélancoliques que d’accents pop pour mieux s’immiscer dans les esprits. Les notes s’y répétaient comme la copie d’une copie, les sensations, les sonorités se multipliaient en l’absence de rêves, pour mieux se laisser porter par le guide de ces nuits fertiles : la voix apaisante de notre chanteur. La pop sombre gardait les rênes de l’album sur son deuxième titre « Les couleurs, tu vois » et sur « Tu chantais », classique instantané de la chanson aux paroles mises en lumières avec harmonie. Des huit titres qui composent cette galette c’est finalement la quatrième qu’a choisi le chanteur pour en faire son second single après « Longue Nuit ».

La Baleine Bleue, single à deux à fleur de peau

C’est dans les abysses d’une relation amoureuse, là où ceux qui étaient amants ne s’entendent plus que le musicien à trouvé les mots de « La Baleine bleue » son nouveau titre. Chanté à deux voix avec Candice Pellmont, le titre revient avec pudeur et métaphores  sur l’océan de désespoir qui peut séparer ceux qui s’aimaient. L’un après l’autre les chanteurs se répondent en écho : la voix cristalline de l’une est sublimée par le timbre rauque du second. Les notes filent avec douceur et douleur. Bleu mélancolie, bleu chagrin, bleu océan envahissent le clip signé Mathieu Laciak qui prend des nuances de rouge sur ses refrains. A travers le squelette du plus grand animal du monde, le duo évoque le vide, le déchirement, l’absence de carapace et l’immensité du désespoir. Pour mettre ses mots en lumière, le morceau choisi une ritournelle au piano à pas de velours. Elle prend en intensité sur ses refrains,  tout en gardant la retenu des non-dits , la violence du néant qui s’installe réduisant l’être le plus immense de la planète à quelques os fragiles. MIEGEVILLE dévoile un titre aussi profond que l’océan qui conjugue émotions et arts et fait tenir l’immensité en 3 minutes 53 seulement.



 

Eau Rouge
crédits : Ronny-Schönebaum

Avec un nom de groupe comme Eau Rouge, il est aisé de penser que le trio est l’une des nouvelles fiertés de la France. Point du tout, originaires d’Allemagne, les rockeurs se sont rencontrés dans un sous-sol de Stuttgart, c’est d’ailleurs là qu’on produit les meilleures rencontres underground. Si leur nom ne vous est pas encore familier, le groupe formé en 2014 n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Après une signature chez Adp Records et Warner Chappel, ils s’ajoutent aux bandes-sons de publicités comme Citroën et Red Bull mais aussi à celle de la série Netflix « We are the wave ». Le fameux show inspiré du roman « La Vague » de Todd Strasser, lui même inspiré d’une expérience psychologique réalisée dans un lycée Californien baptisé « La troisième Vague » qui avait pour but de faire comprendre aux élèves comment le totalitarisme et le nazisme avaient pu être à ce point suivis pendant le seconde guerre mondiale en Allemagne. Les élèves avaient néanmoins trop pris goût au jeu de la dictature obligeant l’expérience à s’arrêter. Un sujet donc qu’il peut toujours être intéressant de (re)découvrir sous la forme de lectures et/ou d’une série à la bande originale qui claque.

Nouveau single, nouvel album

Eau Rouge c’est avant tout de l’indie rock rétro, en les écoutant difficile de ne pas penser à Phoenix pour ses riffs enlevés et sa bonne humeur distillée. La preuve en est encore donnée avec son tout nouveau single « I know that you know ». Nostalgique de l’électro rock des années 2010 ? Le voilà de retour dans une version remise au goût du jour. Tout comme avait su le faire Pony Pony Run Run ( ça vous manque autant qu’à moi cette époque musicale en évoquant ce nom ?), le groupe démarre son titre très fort, plongeant dans une atmosphère où qualité et danse riment à la perfection. La rythmique est puissante, le riff se répète pour mieux plonger l’auditeur dans son univers, le flow est naturel, construit, joyeux, propre. Les voix se font aiguës, celle de Jonas, épaulée par celle de Bo se répondent avec beauté. Le refrain est construit en spiral, invitant à se plonger dans les notes pour mieux s’y enivrer, on danse sans s’en rendre compte, parce que le morceau l’ordonne. Pourtant l’âme pop, l’âme rock de la bande ne se perdent pas face à l’attrait du dancefloor ( tu te souviens les clubs ? C’était bien pour nous comme pour leurs gérants qui souffrent actuellement affreusement). Pas de soucis, le club en attendant, tu peux le recréer à la maison avec la joyeuse bande d’Eau Rouge.  Les instruments sonnent juste, les voix sont maîtrisées, tous les ingrédients du succès sont là. Pour illustrer « I know that you know », la joyeuse troupe a choisi de créer un clip pop haut en couleurs qui mettra un peu de joie de vivre dans un quotidien qui commence sérieusement à manquer de luminosité. Cette pépite est extrait d’un nouvel opus à venir.

En effet, le groupe présentera son second album studio au printemps 2021, digne successeur de « Nocturnal Rapture » qui lui avait permis une belle tournée  avec notamment des passage au Lollapalooza (Berlin), au SXSW (USA) et à The Great Escape (UK). En espérant qu’il lui sera possible de distiller ce nouvel opus sur scène à sa sortie, Eau Rouge risque d’ici là de faire couler beaucoup d’encre. On sait que vous savez que vous allez adorer vous déhancher sur leurs guitares hypnotisantes.


Découvrez le clip d' »I know that you know »


Alice Animal
Crédit Yann Orhan

Pas facile d’être mise sur un piédestal pour la tornade blonde Alice Animal. La rockeuse prépare son album qui paraîtra au printemps et en donne un avant-goût avec son single « Tes éléphants roses ». Si l’heure de l’émancipation féminine ( et féministe) a sonné depuis quelques années, la chanteuse suit le mouvement refusant « un amour qui détruit », d’être l’addiction d’un regard et d’un seul homme.  Aidée d’une guitare aussi électrique que féline, la chanteuse joue de sa voix suave pour scander comme un hymne son besoin d’indépendance à l’aide d’un texte écrit par Pierre-Yves Lebert. « I will survive » chantait Gloria Gaynor en 1978 se plaçant dans l’histoire comme l’icône de la femme forte quittée et pourtant plus forte seule. Autre époque, autre moeurs, avec une métaphore filée sur l’addiction, Alice Animal s’émancipe, n’ayant besoin que d’être elle et de s’assumer. A trop être aimée on se perd et parfois il est bon de rappeler à ces messieurs qu’une femme n’est pas une héroïne, elle a simplement besoin d’être elle-même. C’est au cours d’un road movie brutal à la « Telma et Louise » qu’elle illustre son propos. Pas de voyage en solo pour notre rockeuse qui préfère enchaîner son compagnon de route dans son coffre pour mieux s’en débarrasser plus tard. De quoi faire le deuil de feu une relation destructrice. En attendant de se plonger corps et âme dans son univers en 2021  sur l’album « Tandem » découvrez  que le sauvage « Tes éléphants roses’.

 


Découvre le clip de « Tes éléphants roses »