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Julia Escudero

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l'imperatrice 2021 la cigale
Baptiste de la Barre

Qu’il est bon de se retrouver ! Cette phrase brandie comme un slogan publicitaire, on l’entend tellement et pourtant cette fois-ci elle sonne si juste. Et elle sera d’ailleurs certainement le mantra du concert de L’Impératrice ce 13 juillet à la Cigale de Paris. Avant que le temps ne soit bon, il a d’abord été aux doutes. Le concert pourrait-il simplement se tenir après des mois de reports et d’annulations ? Pour maximiser leurs chances Flore Benguigui et ses acolytes proposaient à leur public de plus en plus nombreux de profiter de deux sessions de concerts avec un public divisé en deux petites jauges, assis qui plus est. La version Covid des concerts en somme. Et puis finalement, pas de syndrome du coeur brisé cette fois-ci, la bonne étoile de groupe est apparu dans les temps. Topo, c’est finalement debout, sans masque, et en jauge presque complète qu’a pu se tenir ce concert tout en émotions.

Sincérité et émotions

C’est d’ailleurs pour présenter sa nouvelle galette, le très réussi « Tako Tsubo » que la formation vêtue de pastel avait donné rendez-vous à son public. Hasard de la vie, c’était dans cette même salle parisienne que le groupe avait joué son dernier live juste avant la fin du Monde dans une atmosphère bien plus candide que les étouffantes années 2020 et 2021.  Seulement voilà, une fois le groupe de retour sur scène, difficile pour lui d’oublier les mois passés. Alors c’est avec les larmes aux yeux et un sourire aussi touchant que communicatif aux lèvres que Flore lance les festivités. Loin d’être un simple live, les concerts de L’Impératrice tiennent de l’expérience. Côté foule, danse, tenues de soirées pailletées et  bonne humeur sont de rigueur. C’est sur « Anomalie Bleue », issu du dernier album que démarre le set. Le ton est donné, la fête peut commencer. Certains artistes jouent parfois dans leurs coins, concentrant leurs efforts et leurs effets sur une mise en scène minutieuse et un soin de l’instrument. Ici, tout est une question de générosité et de partage. La bonne entente des membres du groupe est aussi palpable que la forte émotion distillée. Vient le tour de « Fou » qui parle de la peur de danser en public. Il faut lâcher prise semble suggérer le combo et ça tombe bien, la folie se partage, elle est contagieuse. La musique tisse un lien invisible et unie les âmes, alors les corps se déhanchent, sans honte. Chaque titre est suivi de son lot d’applaudissements fournis, de cris de joie. Cette joie elle se lit dans les yeux d’une chanteuse aux cheveux bleus et de musiciens, qui semblent à chaque minute s’étonner du chemin parcouru et des frissons communiqués. « Vacances », « Erreur 404 » ou encore « Matahari » issu du précédent album se succèdent.

L’été dans les notes

Vient ensuite le temps d' »Agitation tropicale » single culte du groupe qui monte encore la température d’un cran. Le mot tropicale colle bien à l’univers solaire de la formation. Ses riffs sentent bon l’été, le sable chaud et les amours qui s’y créent. Tout le monde est beau dans une foule en osmose. Leurs morceaux, les musiciens ont à coeur de les expliquer. C’est ainsi que « Peur des filles » qui parle de la perception du message féministe actuel est raconté tout comme « L’Equilibriste » qui lui parle du fait que pour obtenir le succès, il serait peut-être plus simple d’être un rappeur. Un propos qui fait sens quand on sait à quel point l’industrie aime à faire tourner des projets qui se jouent en solo. Ce qui semble évident pour certains ne l’est d’ailleurs pas pour d’autres : le public est conquis par le groupe pourtant composé de six musiciens. Ce nouvel album, confiaient-ils à Bourges a la particularité d’être pluriel. Chaque titre peut être pris séparément et proposer son ambiance et son lot de surprises. Cette ambition, elle s’avère aussi vraie sur scène.

La passé n’est pas oublié, lorsque la formation interprète « Submarine », elle raconte comment il a été écrit à distance pendant le premier confinement. Un souvenir difficile que toute l’assistance semble repousser loin dans les notes de musique. Le soleil, il se partage et ne se vit pas isolé. Le célèbre « Vodoo » ne manque pas non plus à l’appel. Dans les gradins, le public s’est levé, l’humeur est bonne enfant, personne ne souhaite s’arrêter. Pourtant toutes les bonnes choses ont une fin, et comme le veut la tradition le groupe quitte la salle pour mieux être rappelé. L’Impératrice, avant, était uniquement composé de musiciens, leur chanteuse les ayant rejoint tardivement. C’est pour rendre hommages aux cinq hommes du groupes, tous excellents derrière leurs instruments qu’est interprété « Sonate Pacifique », un titre datant de 2014. Cette fois-ci aucune parole n’est scandée. Les instruments se tordent et se déchaînent, le titre s’étire et rayonne à l’infini en des boucles somptueuses. La Cigale devient une boite de nuit géante, de celles que l’on trouve en bord de mer. Si on peut entendre les bruits des vagues dans des coquillages existent-ils aussi dans la capitale derrière des accords de guitare ?

Une chose est certaine, le public ne veut pas que le moment se termine, les cris et applaudissements ne trouvent pas de fin une fois les dernières notes jouées. Sur scène, les sourires béas et les larmes à peine retenues se font l’échos de ce moment si fort. Il faut pourtant partir pour promettre de mieux se retrouver au Zénith dans quelques mois. Dehors, il pleut à grosses gouttes alors que ce mois de juillet n’a pas plus belle allure que l’année écoulée. Dedans, il était si simple de tout oublier que les coeurs en sortent réparés.


Emily Loizeau – « Renversé »

On ne présente plus la douce Emily Loizeau et ses compositions aériennes. Le 17 septembre, la musicienne sera de retour avec un  tout nouvel opus intitulé « Icare ».  Comme beaucoup d’albums en 2021, ce nouveau jet n’échappe pas à la règle et a été composé pendant le confinement et enregistré en quarantaine à Londres. Gage d’une qualité indiscutable que l’on connait à la chanteuse, il a été réalisé par John Parish connu notamment pour avoir travaillé avec PJ Harvey, Tracy Chapman ou encore Eels. Pour présenter cette galette, Emily Loizeau revient avec premier extrait « Renversé » et son clip où candeur et vie sauvage font bon ménage. Dans ce titre la chanteuse s’adresse aux  générations qui ont le pouvoir et leur demande de changer la donne pour laisser émerger un monde libre où beauté serait mot d’ordre. La beauté c’est d’ailleurs l’élément majeur qui se dégage toujours des compostions de cette musicienne accomplie. Son univers aérien allie douceur d’une voix à compositions instrumentales soignées. « Renversé » n’échappe pas à la règle et crée sous forme de comptine enivrante une épopée onirique. Le mois de septembre n’arrivera jamais assez vite.

 

Beach SCVM – Holiday

Si l’été débute sur une France déconfinée et à nouveau follement libérée, il se termine pour la troupe de Beach SCVM. La joyeuse formation profite de son « Holiday » pour parler de la fin des amours et amitiés de vacances. Le groupe toulousain biberonné au rock australien nous partage quelques rayons de soleil persistants. Et s’il devient lassant d’attendre qu’il réchauffent enfin l’Hexagone, il est toujours si bon de se les approprier  via des compositions soignées. Topo ce nouveau morceau sent bon la plage, le bronzage et de ses amours fusionnels qui n’existent que dans une atmosphère bien particulières. Sauront-ils persister malgré le retour chez soi ? Voilà tout l’enjeu des paroles de ce titre qui s’appuie sur une gimmick instrumentale répétitive pour entrer dans les esprits. Avec les accents 90’s qu’on connait à  Beach SCVM, il crée avec aisance un moment léger et pourtant parfaitement construit. En un titre  le groupe réussi le tour de force de cumuler nostalgie et entrain sans que l’un ne devienne l’anti-thèse de l’autre. Il faut dire que le groupe démarre fort en plaçant dès ses toutes premières notes une atmosphère à fleur de peau qui sent bon la candeur de l’adolescence et le sel marin. La même fraîcheur se retrouve dans ce clip solaire et sa touchante histoire d’amour à laquelle  il sera facile de s’identifier. A découvrir sans attendre !

 

Victor Solf – Utopia

Génie indéniable à la voix grave et au timbre envoûtant, l’inimitable Victor Solf est de retour. Après un premier EP en solo « Aftermath » sorti en 2020, il débarque en 2021 avec un album au titre on ne peut plus contemporain « Still. There is hope » paru au mois d’avril. Les singles forts pleuvent sans surprise sur cette galette où douceur et raffinement riment avec danse et énergie. Son dernier extrait « Utopia » ne fera pas mentir cette doctrine. Le single inscrit dans la dualité se construit sur une très belle montée en puissance. Les première notes sont si profondes qu’elles pourraient évoquer un cantique. Il faut dire que Solf manie ses intonations avec la force du gospel, ses titres sont lumineux, il fédère. Tout en dénonçant l’utopie dans laquelle on vit entre réseaux sociaux et manque de confrontations au réel, le chanteur dresse un triste constat d’une réalité beaucoup moins rose que les bulles dans lesquelles l’on s’enferme. Peut-être pour mieux les faire éclater, le chanteur prend des accents danse pop et illustre le tout par un clip coloré où liberté est synonyme de mouvement. Du grand art, comme sur chacune de ses sorties.

Alfie Templeman – Wait I lied

Génie multi-instrumentiste ayant déjà sorti 4 EPs à seulement 17 ans, rien n’arrête la tornade made in UK, Alfie Templeman. Control freak, il joue dix instruments de musique, compose et produit ses EP chez lui dans son village situé au nord du Bedfordshire. De retour en 2021 avec un mini album « Forever Isn’t Long Enough », le musicien prodige est aujourd’hui incontournable.  Pour son dernier single, il utilise les codes qu’il construit si bien sur son album : une alt-pop énergique, bien produite, carrée et enivrante.  Alfie Templeman sait injecter de la modernité dans des riffs au rétro assumés. Il sublime le tout par une voix maîtrisée et surtout un très beau sens du refrain. Aucune note n’est laissée au hasard dans la progression des morceaux de ce petit génie comme il le prouve tout au long d’un album incroyablement cohérent et qui regorge de pépites (« Hideaway », « Film Scene Daydream », « To you »). A l’instar d’une certaine Billie Eilish qui comme lui tord les codes de la pop, Alfie Templeman tape juste sur chaque titre comme sur son petit dernier « Wait I Lied », à découvrir avec son clip.

Silly Boy Blue – Teenager

Depuis qu’elle a remporté les Inouïs du Printemps de Bourges, Silly Boy Blue n’a fait que prouver titre après titre son immense talent. La pop mélancolique qu’elle porte s’avère fine, pointue, acerbe, belle comme du cristal et portée par une voix aérienne subjuguante. Le 18 juin, la musicienne accomplie dévoilait son premier album « Break up songs », une pépite écrite, introspective, à fleur de peau et portée par un véritable sens de la mélodie. Pour se dévoiler un peu plus, la chanteuse vient de sortir le clip de l’immense « Teenager », une ode qu’elle aurait souhaité entendre alors qu’elle était adolescente. De retour au lycée dans son clip, elle dévoile comme à son habitude la dose idéale de mélodies aériennes et de phrases scandées qui vont droit au coeur. Derrière une apparente timidité, Silly Boy Blue est une artiste entière, sincère, aux messages forts. La progression de « Teenager », ses boucles instrumentales, la délicatesse de son refrain en feront un hymne idéal à chanter haut et fort. Essentiel.


 

The father, de quoi ça parle ?

THE FATHER raconte la trajectoire intérieure d’un homme de 81 ans, Anthony, dont la réalité se brise peu à peu sous nos yeux. Mais c’est aussi l’histoire d’Anne, sa fille, qui tente de l’accompagner dans un labyrinthe de questions sans réponses.

 

The Father, est-ce que c’est bien ?

Deux Oscars pour The Father, un coup de maître pour Florian Zeller. Avec un premier passage derrière la caméra, le frenchie et auteur rafle tout et s’offre un véritable rêve hollywoodien. Il faut dire que l’adaptation de sa pièce de théâtre Le Père avait de quoi séduire un public friand de films  novateurs et joliment écrits.

Différent vous dites ? Oui et pourtant, hasard du calendrier, problématique actuelle ou simple réflexion d’une génération de cinéastes, la thématique de la démence des personnes âgées avait été abordée deux autres fois cette même année. La première par le genre horrifique grâce à l’immense Relique, sa vocation à mettre en avant le lien mère, fille, petite-fille, la perte de la raison, l’habitation comme enfermement, la fin de vie. Une pépite poétique où l’esprit prend les même gimmicks que les esprits. Venait ensuite le tour de Falling, premier film à la réalisation de Viggo Mortensen qui prenait comme postulat la mésentente père-fils et l’âge pour mieux parler de son sujet. Le film, comme l’expliquait Florian Zeller lorsqu’il présentait son film dans le 19ème arrondissement de Paris, avait également été projeté à Sundance. Les deux pouvaient donc être liés, ne serait-ce que par leur sorties sur les festivals.

The Father filmLes comparaison entre les trois oeuvres s’arrête pourtant là tant chacun a choisi une approche différente pour raconter son sujet. Et dans le cas de The Father, la forme compte au moins autant, si ce n’est plus que le fond. De prime abord, le but premier du métrage semble bien être celui de déstabiliser le spectateur. Comment l’immense Anthony Hopkins, le génie, l’interprète du brillant et vicieux Hannibal Lecter pourrait-il être abandonné par son esprit ? L’idée semble tellement improbable qu’elle crée visuellement le premier choc de la pellicule. C’est d’ailleurs surtout pour cette raison que Florian Zeller a attendu des mois durant le talentueux acteur gallois et ce au risque de reporter deux fois son tournage.

Notre homme est un habitué du théâtre, si sa bibliographie prouve ce propos, le choix narratif de la bobine de Zeller fait de même. Souvenez-vous de la règle d’unité du théâtre de Boileau  «Qu’en un lieu, en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli». Si cette règles est loin d’être appliquée à la lettre, notre histoire se raconte en un seul lieu. Un lieu mouvant et changeant comme un décors qu’on changerait sur une scène. Le temps lui même semble calculé pour être une journée unique, une journée qui changerait pourtant sans cesse d’heure, de moment, qui se répèterait en boucle et en même temps qui changerait en chaque instant. Cette confusion du temps de l’espace, bien plus qu’un élément théâtral est ici utilisé pour adopter le point de vue d’Anthony, le personnage joué par Anthony Hopkins. Comment peut-on alors faire confiance à un narrateur qui ne sait plus ce qui se passe ? Comment pourrait-on ne pas faire confiance à Anthony Hopkins que l’on suit minute après minute de ce chef d’oeuvre émouvant, dure, tragique et si vrai ? Loin du métrage de Viggo Mortensen qui cherche à pardonner au père ses nombreuses imperfections et épouse le point de vue d’un fils aimant et éprouvé, « The Father » lui fait un immense travail d’empathie et tente de nous faire vivre le calvaire du père à demi-conscient de ses pensées qui le quittent. Il est pourtant loin d’être un écrit auto-biographique, le réalisateur évoque une histoire inventée qui lui a été vaguement inspirée par sa grand-mère tombée elle aussi dans la démence. Pour qui aura vécu le chemin d’un proche perdant doucement l’esprit, le film semblera d’un tel réalisme, d’une telle précision, qu’il en deviendra douloureux à regarder.

C’est sûrement l’une des plus grandes forces de cette pellicule, une empathie à fleur de peau qui joue de jeux de caméras et d’effets de styles pour perdre un spectateur pourtant conquis. Nolan et son « Memento » peut donc bien aller se rhabiller.

Un casting à couper le souffle

the father florian zellerL’ombre de l’enfant piégé dans une relation d’aimant dépassé plane à tout moment sur The Father. Interprétée à la perfection par Olivia Colman, sa fille Anne, est débordée par les évènements. Elle tente d’apaiser un père qu’elle ne comprend pas, qui la blesse à répétition et qu’elle veut sauver de lui-même. A moins, que ce ne soit pas le cas ? Et si Anthony avait raison ? Comme souvent, la perte de repères entraîne la paranoïa. Qui doit-on croire ? A quoi peut-on se raccrocher ? Aux objets peut-être, une montre par exemple, un repas. Il est donné au spectateur le choix de croire en certaines scènes puis de détruire le cadre que l’on prend pour acquis pour mieux recommencer. Et la force de The Father tiendra à enchaîner les débats chez les spectateurs désireux de raccrocher les wagons, de démêler les instants et les moments. Vous voulez connaître la vérité tangible ? Et bien, doutez donc.

Si les repères changent seulement sensiblement, certains s’additionnent donnant par instant des pistes de réflexion comme l’omniprésence de la  couleur bleue qui prendra sens dans son acte final. Le film s’avère être un effet de style qu’on ne saurait trop raconter pour permettre au spectateur une immersion intense aussi difficile qu’essentielle. On en sort évidemment boulversé, convaincu d’avoir vécu un grand moment de cinéma et une claque douloureuse.

L’autre force du métrage vient  de ses performances d’acteurs. En tête de liste l’immense Anthony Hopkins qui remporte donc un Oscar, plus que mérité pour le rôle. Rarement jeu d’acteur n’avait été aussi juste. Il épouse tant la psyché de son personnage qu’il est impossible de voir l’acteur jouer. Cet exploit est d’autant plus fort qu’un acteur immensément connu finira toujours par transparaitre derrière les traits de celui qu’il interprète. C’est d’ailleurs pour cela qu’Edward Norton (qui avait déjà donné la réplique à Hopkins dans ‘Dragon Rouge’) préférait ne rien révéler de sa vie privée : laisser le spectateur croire en son rôle. Une fois n’est pas coutume, il devient impossible de penser assister à une simple bobine. L’âge d’Anthony Hopkins lui a-t-il permis de projeter ses angoisses sur bobine ? Les nôtres y sont en tout cas représentées. A cette côté Olivia Colman est bouleversante, d’une vérité criante. Elle est le spectateur qui pourra s’identifier à ses détresse, parfois contenue, souvent rampante sous sa peau.

« The father » s’avère être une épopée aussi haletante que poignante. Un immense moment de cinéma qui colle parfaitement avec une ré-ouverture tant attendue. Allez le voir sur grand écran, faites vous ce cadeau. Par les temps qui courent l’empathie envers nos aînés ressemble à un cadeau.


SON MADE IN USAWaterparks

Le pop punk vous manque ? Vous pensez que le courant manque de nouveautés, peine à se renouveler ? Voilà que débarque Waterparks qui réussit l’exploit de moderniser le registre le plus jovial du rock américain. Le groupe originaire du Texas s’est formé en 2011 avec à sa tête Awsten Knight, ses cheveux multicolores et son look décalé. En pratique les refrains qui entrent en tête font écho à du screamo léger, des influences hip hop et une très belle utilisation du courant électro. Avec un programme pareil, pas étonnant que la formation soit au centre de toutes les attentions aux Etats-Unis. Le prestigieux magazine Altpress lui offre sa couverture du mois de mai 2021 alors que le trio fait partie de l’écurie des frères Madden (Good Charlotte et leur grand frère le DJ – entre autres activités – Josh Madden) via MDDN, mentor dans le développement d’artistes prometteurs. Tout un programme, à écouter pour passer un bel été.

Eyedress

Eyedress est le projet du philippin Idris Vacuna. Il emménage avec sa famille à Phoenix en Arizona alors qu’il est encore très jeune. Là il découvre le punk. Depuis basé en Californie, le compositeur mélange les genres avec habilités passant de compositions chill à des guitares carrément punk rock, s’offrant des apartés rétros, il n’hésite pas à composer un répertoire moderne et enfin novateur. Avec une voix lancinante, le musicien prolifique a déjà sorti 4 album dont son dernier jet « Let’s skip to the wedding » qui se glisse dans les charts US à sa sortie avec une 17ème position. Aussi mélancoliques que frais, ses titres feront vibrer les fans de rock pointus et exigents. A suivre de très près donc.

Baby Keem

On le sait tous, le hip hop connait un nouvel âge d’or. Ce qui est vrai en France est aussi vrai aux Etats-Unis où le courant est une véritable religion aux sonorités qui lui sont propres. Dans le registre Baby Keem est de loin l’une des ses plus intéressantes nouvelles têtes. Il faut dire que le musicien spécialisé dans la trap a de quoi tenir. Il est en effet le cousin du célébrissime Kendrick Lamar. Côté talent, il supplante même la super star. Ses sonorités sombres et travaillées sont recherchés, produites, joliment écrites alors que son flow est aussi accessible que pointu. Parmi ses influences Baby Keem cite volontiers Kid Cudi à qui il est, on lui concède, facilement comparable. En sort un hip hop accessible, dansant, coloré et apaisant. Sa dernière mixtape « Die for my bitch » a été publiée en juin 2019 alors que son single « Orange Soda » profite d’un très beau succès publique. Retenez son nom, vous l’entendrez bientôt partout.

Beach Bunny

Vous les avez sûrement déjà entendu sur Tik Tok, ou pas si vous n’êtes pas familiers avec le réseau social. Toujours est-il que Beach Bunnys s’est fait remarquer avec son excellent titre « Cloud 9 », rock, punchy, frais et accrocheur. Formé en 2015, le groupe originaire de Chicago fait ses débuts avec le titre « 6 weeks ». Après avoir sorti quatre EPs, il publie en février 2020, un premier album studio « Honeymoon ». Une ode aux sentiments à fleur de peau de sa chanteuse : Lili Trifilio. Si certains titres ne sont pas sans rappeler Paramore, d’autres, clairement pop, ont le calibre d’une Meredith Brooks. A noter que le titre « Cloud 9 » a été repris en featuring avec Teagan and Sara. Forcément déjà culte.

I Don’t Know How But They Found Me

Ne vous laissez pas décourager par ce nom de groupe beaucoup trop long. La formation originaire de Salt Lake City vaut largement le détour.  A sa tête, on retrouve Dallon Weekes, qui aux débuts de la formation était un musicien membre de la tournée de Panic! at the disco. Si on retrouve la fougue du groupe qui chantait « I write sins not tragedies » dans ses compositions, le groupe a son univers propre. D’ailleurs, le duo refusait à ses débuts en 2017, d’être associés à la renommé du groupe avec lequel il jouait. C’est sur scène qu’il fait donc ses preuves offrant un rock dansant, écrit, mélodique aux accents sensuels et pop. Si son nom est inspiré par une réplique de « Retour vers le futur », ses inspirations sont plus anciennes et proviennent de la scène des années 70-80. Hors temps, il sait varier les plaisirs et  modernise l’ancien avec poigne. Un plaisir de festivals, dont on peut aussi profiter dans son salon.

 

Curtis Harding

Il est loin d’être un petit nouveau dans le paysage musical actuel. Pourtant 2021 marque le grand retour du soul man Curtis Harding. Le virtuose prend son inspiration partout : blues, gospel, psyché, r’n’b et rock s’additionnent, se mélangent et s’épousent avec beauté et fluidité. Au centre de cette pluri-union magnifique : une voix imprenable, profonde. Ses lettres de noblesses, il les fait aux côtés des plus grands de CeeLo Green en passant par son propre groupe Night Sun in Atlanta qu’il forme avec l’un des membres des Black Lips. La prouesse « Hopeful » marque son grand retour avec un clip depuis 2018, une merveille aux facettes multiples  hors des catégories et hors normes. Le clip, quant à lui marque son engagement aux côtés du mouvement Black Lives Matters. A regarder et écouter en boucle !