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novembre 2022

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Alt-J - Zenith de Paris 2022
Alt-J – Zenith de Paris 2022 – Crédit photos : Louis Comar

Mardi 22 novembre. Il fait un froid glacial dans la capitale parisienne. De saison me direz-vous,  de la saison qui passe bien trop lentement surtout. Pour se réchauffer, Alt-J était de retour dans la capitale après de nombreuses années d’absence pour défendre un opus sorti bien plus tôt :  » The Dream » qui voyait le jour en février. L’opus en question recelait de merveilles et d’une composition cinématographique millimétrées. Une ode à Hollywood et ses pièges, ses clins d’œil aux faits divers qui viennent noircir le tableau du lieu où les étoiles brillent. Difficile de ne pas reconnaître au trio sa force de frappe en matière de compositions aussi pointues que plaisantes pour un large public. Et côté scène ? Une nouvelle réponse sera proposée au Zénith de Paris ce soir.

Voyager à travers « The Dream »

Et il faut dire que la réponse peut parfois faire effrayer. Nos anglais ne sont pas connus pour leur énergie scénique. Quiconque les a déjà vus sait que la formation peine à donner des shows de l’ampleur de ses prouesses musicales. Reste à espérer qu’avec l’expérience Alt-J aura su s’élever en live. L’affaire commence par un Zénith qui a mal organisé ses capacités. Topo, une fosse surchargée dans laquelle il est impossible de se glisser tant la sécurité bloque. Il faut passer en gradins, oui mais non, pas cette porte ni celle-ci. La promenade se fait longue dans les couloirs de la salle. Une fois enfin, à l’intérieur, la fosse est effectivement bien compacte, et même si la date n’est pas sold out, les gradins sont également bien remplis.

Alt-J - Zenith de Paris 2022
Alt-J – Zenith de Paris 2022 – Crédit photos : Louis Comar

Le décors est posé : des colonnes de lumières encadrent l’espace dédié aux musiciens. Il est 20 heures 30 quand le trio tant attendu débarque sur scène sous une salve d’applaudissements. « Bane » issu du – encore une fois très réussi- dernier album du groupe ouvre le bal. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Alt-J a su fédérer un public d’aficionados, les réactions sont nombreuses, fournies, chaleureuses, le public est silencieux mais présent, hypnotisé par le show. Côté scène, le groupe joue comme toujours la carte du minimalisme, préférant ainsi ses instruments à un jeu de scène surfait. Deux morceaux plus tard « The Actor » retenti, lui aussi présent sur « The Dream ». En live, le rock aérien et structuré du groupe prend de l’ampleur et le nouvel opus a la même saveur qu’en studio. A cela près qu’il aurait pu tant il est brillamment construit, s’interpréter dans son intégralité pour mieux profiter de la narration de cette ballade. Quelques rares mots sont échangés avec l’assistance, en français dans le texte s’il vous plait et toujours avec bienveillance et sincérité. Le plaisir de retrouver la scène, le public français, l’un de ses favoris en tête de fil.  Ils sont nombreux les titres de « The Dream » : « U & Me » ou encore « In Cold Blood » sont de la partie.

This is from the public

Pour autant comme l’expliquera le groupe, Le premier album « An Awesome Wave » ne sera pas oublié ce soir. A commencer par le titre qui a valu don succès au groupe « Mathilda » hommage au film culte « Leon ». Alt-J aime à parler cinéma dans sa musique. Ses titres sont autant d’invitations à l’image sans avoir pour autant besoin d’en passer par l’image. Et c’est également le cas sur ses show. Comme lors des dernières fois que nous avons pu les voir, au Zénith pour la sortie de « Reduxer » mais aussi au festival Les Nuits Secrètes, le gros de la performance pourrait se vivre les yeux fermés. Les images défileraient ainsi dans les esprits à coup de road movies et de génériques bien fait simplement portées par des notes. Alors certes, avec un titre culte comme « Mathilda », la sauce prend bien, grâce à une maîtrise parfaite de ses instruments oui, mais aussi et surtout à une audience qui ne demande qu’à se laisser embarquer à toute allure sur l’autoroute de notre trio. Les paroles sont chantés à tue-tête face à une formation qui invite à le faire, joue avec ses fans et les pousse à chanter avec elle. La scène devient au combien chaleureuse et le Zénith, qui est pourtant un salle de belle importance se fait écrin. Mais reste le mais. Un sentiment de pas assez. Le groupe trop en retrait, plutôt statique, l’absence de proposition et d’audace retiennent le décollage attendu.

Something hot, something cold

Un crochet par « Chicago » (lui aussi extrait de « The Dream ») et voilà le titre le plus attendu de la soirée… par nous du moins. « Something Good », l’une des plus belles prouesses du groupe résonne dans l’enceinte de la salle. Il n’y a rien à redire quant à l’écriture somptueuse d’un titre qui sait casser ses rythmes à merveilles, jouer avec sa batterie, monter dans les hauteurs sur son refrain, embrasser comme des milliers de vagues entre la mélancolie et le bien-être absolu. « Something Good » pourrait s’appeler something huge tant son efficacité avait su placer le premier album d’Alt-J parmi les grands. Ce soir, le plaisir de l’écouter avec une salle maintenant chaude est là. Une joie atténuée par la perte en texture du morceau en live. Pris un ton trop bas, il n’a pas sa force de frappe initiale.

Le set qui comprendra 22 titres est loin d’être terminé. A mesure d’ailleurs qu’il passe, il gagne en convivialités et en échanges. Gus Unger-Hamilton, canalise la foule en la remerciant dans la langue de Molière. « Delta » fait ses premiers pas en live ce soir, « 3WW »  issu de « Relaxer ») n’est pas oublié et « Philadelphia » se délie avec élégance. « Fitzpleasure » (« An awesome wave ») clôt la première partie cette première partie de soirée contemplative et en demie-teinte. Les musiciens quittent la scène. Vont-ils revenir ? Le suspense est insoutenable. A peine le temps de manger quelques chips et la révélation arrive. Eh oui il y a un rappel !

Le groupe promet un retour rapide dans l’Hexagone sous une tonne d’applaudissements. Et trois morceaux plus tard le plus gros succès d’Alt-J « Breezeblocks » résonne dans le Zénith. Comme tout singles, il permet une dernière fois de chanter en osmose et loin de « Something Good » il ne souffre d’aucun manque d’interprétation. Il est 22 heures 30 pétante peut-être même 29 quand le groupe quitte ponctuellement la scène. La halte ne pouvait pas durer une minute de trop.

Alt-J - Zenith de Paris 2022
Alt-J – Zenith de Paris 2022 – Crédit photos : Louis Comar

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Le lundi 21 novembre 2022, Tamino jouait la première de ses deux dates au Trianon. Une première date d’une tournée européenne complète pour un artiste prodige sur lequel on ne se lasse pas d’écrire…

Le 14 Juin dernier, nous avions laissé Tamino dans la salle plus modeste du Café de la Danse. Ce soir, il est boulevard Rochechouart, dans la jolie salle du Trianon, avec ses moulures aux balcons, au plafond, et son velours rouge. La soirée s’annonce magique.

Il est 19h50 et la foule est déjà compacte. Certains essayent de se coller à la scène. Il y a une certaine électricité dans l’air, les gens discutent gaiement de leurs souvenirs de concerts (Tamino et pas Tamino).

Come along for the ride…

Mais avant d’enfin apercevoir le grand belge, un autre belge un peu plus petit – en taille uniquement – monte sur scène. Seul avec sa guitare, il chante un blues folk d’une belle voix grave et habitée. Call me your loverman, chante-t-il et c’est ce que nous faisons, car Loverman, c’est son nom de scène. Il alterne entre des morceaux acoustiques mélancoliques et des morceaux carrément possédés où il gesticule sur la scène, emporté par son art. Avec son look de pirate, il entraîne la foule qui se cambre comme une vague qui ferait tanguer son navire. Le public est médusé, conscient déjà d’assister aux débuts d’un grand artiste en devenir.

Au bout d’une demie heure tristement courte, son set touche à sa fin. Pour le dernier morceau, il demande à la foule de chanter ces quelques mots : Come along for the ride, sing a song tonight. Le public s’enflamme et Loverman descend finir le morceau dans la foule pour un moment de partage assez rare pour une première partie.

Les retrouvailles

À 21h, Tamino apparaît à son tour sur scène. Les cris d’admiration fusent, la Beatlemania nous parait bien pâle en comparaison. Il est, dans un premier temps, seul sur scène, un peu comme au Café de la Danse ou à la Cigale en 2019 pour les plus anciens. Oud à la main, il commence les premières notes de « A Drop Of Blood ». Le silence se fait quasi-instantanément. Les gens le regardent, admiratifs (on pourrait d’ailleurs se demander si certains ne le regarderaient pas plus qu’ils ne l’écouteraient). Le morceau se termine et son groupe le rejoint sur scène. Il les présentera plus tard dans son français un peu cassé, les qualifiant de « mecs ».  Le public hurlera de joie à l’évocation d’un terme aussi familier.

Les quelques premiers morceaux de la setlist sont des nouvelles compositions, présentes sur l’album Sahar, sorti en septembre dernier. Le public est excessivement silencieux, hypnotisé. Peut-être se sent-il intrusif face à ce grand brun qui entonne de sa belle voix, tantôt aiguë, tantôt grave, toujours profonde, ses maux et ses peines.

PHANTASMAGORIA IN TWO

Le troisième morceau n’est pas discernable tout de suite. Il commence avec une longue introduction, hantée et entêtante où Tamino fait des vocalises dont les échos se réverbèrent dans toute la salle. « The Flame ».

Les concerts de Tamino ont quelque chose d’assez méditatif. Chose rare. Comme mentionné précédemment, les gens sont silencieux et attentifs à ses concerts. C’est son moment, on l’écoute. Même si parfois, certains se pourfendent de « ON T’AIME GROS » ou dans un français plus correct : « Putain, c’est une expérience religieuse, re-li-gieuse ! » Et c’est vrai, il y a même une bonne sœur dans la salle.

On est trop chauds !

Cependant, une chose est sûre, à mesure que Tamino joue et se produit, il gagne en assurance. Là où il nous paraissait statique à l’Olympia ou à la Cigale en 2019, le voilà qui occupe l’espace, ondule, prend ses aises sur la scène du Trianon. Son français aussi s’affirme et il dira même d’un ton à peine hésitant : « Paris… Vous êtes trop…chauds…? » qui fera sauter de joie les plus bouillonnants.

Le public osera finalement l’accompagner une première fois sur « Tummy » puis sur « Indigo Night », ses morceaux phares, présents sur Amir. Peu après, le public se lâche et l’applaudit longuement. Le célébré rougit, main sur le cœur et peut-être une larme au coin de l’œil. Il voudrait parler, mais les applaudissements continuent de plus bel chaque fois qu’il essaye de se rapprocher du micro. Au bout d’une bonne minute où nos mains sont rouges à force de s’entrechoquer, il reprend la parole. Il considère cette ouverture de tournée formidable et nous précise qu’il repasse à Paris en Mars… au Zénith de la Villette cette fois. « C’est complètement fou » qu’il dira, à bout de souffle.

Un final d’une grande émotion 

Lors du rappel, il chantera « Cigar » puis « Only Our Love » qui finiront d’achever certains qui s’écrieront « J’ai tellement pleuré que j’en ai perdu mes faux-cils!! »

Tamino quittera la scène avec une discrétion et une élégance qui lui sont propre. À tous ceux (et il y en a beaucoup) qui n’ont pu assister à l’un des concerts du Trianon, je le rappelle, Tamino repasse au Zénith de Paris le 24 mars prochain.


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Bang de Klara Keller : un mini-album qui fait boom

Le 11 novembre dernier sortait en France, le nouveau « mini-album » de Klara Keller, Bang. Deux ans après…

Bang – Klara Keller (2022)

Le 11 novembre dernier sortait en France, le nouveau « mini-album » de Klara Keller, Bang. Deux ans après la sortie de Hjärtansfröjd, la jeune suédoise revient avec un EP, cette fois-ci en anglais, mélancolique et pourtant stroboscopique dans l’âme. 

Klara in Paris

Bang, pour être tout à fait exact, est sorti le 23 septembre dernier dans le monde. Et pourtant, en France, il a fallu attendre ce vendredi 11 novembre pour l’avoir enfin dans nos oreilles, entre nos mains et sur nos plateformes d’écoute. Drôle d’occurence puisque depuis maintenant un an, Klara Keller s’est installée dans la ville lumière.

C’est même ce nouveau départ qui a inspiré le premier single de Bang, « Sad Thinking of You ».  En collaborant avec de nouvelles rencontres, Robin Coudert et Thomas Hedlund de Phoenix, Klara Keller écrit ce titre ambivalent ; bien qu’heureuse d’avoir débuté cette nouvelle expérience, elle garde cette mélancolie de sa Suède natale, de sa vie passée. À travers un clip aux allures rétro (sans oublier le synthé), on voit Klara Keller déambuler entre la Statue de la Liberté (celle du Pont Grenelle) et la Tour Eiffel (pas celle de Las Vegas), utilisant un coquillage comme GPS et téléphone. De ce court clip ressort déjà tout l’univers rêveur, accueillant et mélancolique de la jeune artiste.

Un mini album aux saveurs vintage

Inspirée par des artistes comme Patti Smith, Björk ou M. I. A. Klara Keller conserve dans sa musique cette atmosphère un peu vintage et à fleur de peau. L’album oscille entre des morceaux « upbeat » (« I Could Never Give It To You ») et des morceaux plus calmes, plus réflectifs (« Hard Rock Café », « Lucky Luke »), mais encore l’excellent « Wheel of Fortune », probablement le morceau le plus rock de l’EP, qui nous plonge directement dans un mood 70s assumé.

 

Comme mentionné plus tôt, Klara Keller est suédoise et Bang est son deuxième EP. Le premier, Hjärtansfröjd, (qui en français se traduirait par quelque chose comme  » les plaisirs du cœur ») a été composé uniquement en suédois et a d’ailleurs été salué par la critique ; elle a été nominée pour « Meilleur album » et « Révélation de l’année » par les Swedish Grammy Awards, entre autres. Bang est donc son premier travail en anglais. C’est déjà très prometteur.

Klara Keller jouera à Paris le 8 décembre prochain. À l’heure de la rédaction, aucune information sur le lieu n’a été donnée, alors gardez l’oeil ouvert et l’oreille attentive pour Klara Keller.

Klara Keller par Juana Wein

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Lemonriver – Lynda (2022)

Le 4 novembre dernier, le groupe Lynda a sorti son EP Lemonriver. Sur fond de synthpop et de dream pop, le groupe offre une musique acidulée aux tonalités à la fois sombres et colorées. La veille, le groupe s’était produit sur la scène du 1999. 

C’est en 2017 au Sud de Londres que Lynda se forme. Composé de Russ Harley et de Youcef Khelil, le duo a déjà sorti une compilation de chansons depuis sa création, Lynda Tapes (2021).

Avec ce nouvel EP, Lemonriver, Lynda atteint finalement le point culminant de leur projet. Il s’agit de leur premier véritable EP, et composé avec le producteur Alan Braxe. L’univers un peu psychédélique (il n’y a qu’à voir la pochette!) se déploie progressivement sur chacun des morceaux. Notamment sur la chanson-titre dont l’instrumental invite presque à un voyage spatial.

Sur scène, Lynda exploite tout son potentiel. Lunettes noires sur le bout du nez, costume un peu oversize et baskets aux pieds, hanté par la musique, le groupe communie avec un public enthousiaste et manifestement connaisseur. Sur la scène du 1999, le duo s’exprime en anglais, principalement Youcef qui se présente un peu en frontman comique tandis que Russ est plus en retrait et concentré sur son synthé. Un peu les Men in Black de la Synthpop…

Ainsi, Lynda commence doucement mais sûrement à se faire une place sur la scène de la synthpop française. Avec leur univers un peu rétro-futuriste, le duo n’a pas fini de nous surprendre. Et on a un peu hâte de voir ça.


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