A l’occasion de la sortie de leur nouvel album Distractions le 2 mars 2018, Pop&Shot à rencontré Fab et Frannie, les deux femmes du groupe Québécois Random Recipe.
Un entretien, ou plutôt une discussion libre, inspirée et inspirante. On à parlé de musique (bien sûr), des femmes et de féminité et même de règles. Oubliez vos tabous, avec Random Recipe, on parle de tout et on en parle bien.
Random Recipe nous rejoint dans un café charmant, elles débarquent avec une bonne humeur incontestable. Fab et Frannie ont la capacité, en à peine 5 minutes, de vous faire sentir comme une bonne copine. Cette générosité, on la retrouve d’ailleurs dans leur dernier album.
Votre dernier album est sorti il y à 5 ans. Qu’est-ce que ces 5 années vous ont appris et apporté à ce nouvel opus ?
Frannie : Pendant ces 5 années on a continué à travailler et on à fait des tournées dans des pays aux influences plus chaudes, plus festives comme le Mexique ou le Brésil. C’est d’autres émotions que quand on joue en France ou au Québec.
On a aussi beaucoup réfléchi aux raisons pour lesquelles on ferait un autre album. Ca a assis notre réflexion. On à enrichi l’effervescence des 2 premiers albums de manière plus posée.
Distractions à été travaillé de manière architecturale, que se soient les détails, les paroles, les arrangements, les sons à travers les collaborations notamment.
Fab : 5 années, ça fait du bien. On a aussi réfléchi aux buts qu’on voulait se donner, à l’identité de Random Recipe. On à voulu faire du « slow cooking ».
Frannie : Et puis quand on était avec un label, il fallait que tout se passe maintenant. Avec Distractions, on a vraiment pris le temps de faire quelque chose qui nous ressemble.
Votre musique à quelque chose d’explosif mais les 5 années de réflexion autour de Distractions font que l’on ressent une organisation des sons méthodique. Est-ce l’occasion de revisiter vos sons en concert ?
Fab : On reste toujours authentiques. On a toujours eu une présence humaine, la scène permet de libérer tout ce qu’on renferme pendant les enregistrements où l’on doit se canaliser parce que l’espace du studio ne permet pas d’être autant en mouvement.
Frannie : C’est sûr que ça reste un show de Random Recipe, on est un groupe de scène. Pour un public qui ne nous a jamais vu en spectacle, on renvoie quelque chose d’assez fort, aussi parce qu’on est des femmes qui incarnent et qui vivent de façon très puissante. ça nous permet de libérer un tas de choses. Alors que les albums pour nous ça à toujours été dur à faire.
Fab : En fait en studio on essaye toujours de garder en tête la folie qu’on a sur scène. Mais dans l’album on touche aussi à toutes sortes d’émotions, plus dark, plus sombres, plus dansantes ou tranquilles mais ça reste toujours Random Recipe.
Sur cet album on trouve 3 featurings, comment ces nouvelles femmes ont-elles trouvé leur place au sein de votre trio?
Frannie : Pour Distractions on a fait appel à 14 collaborateurs extérieurs et en fait c’est un peu ça qui a sauvé le groupe. Il y a quatre ans, un membre du groupe est parti, il apportait beaucoup aux arrangements. Quand on à attaqué Distractions, il manquait quelque choses sur chaque chanson.
On s’est intéressées à la démarche des femmes dans la musique parce que c’est ce qui nous a motivées à faire le nouvel album. On a voulu les intégrer et les emmener dans notre univers parce que ça cassait nos dynamiques habituelles. On les a vraiment considérées comme nos sauveuses, on les a choisies. Elles ont leurs carrières, leur propres réflexions qui est différente des nôtres alors c’était intéressant pour elles de se confronter à notre style. Ca leur à permis de créer des choses qu’elles n’auraient jamais fait en restant dans leur style.
Ca nous à ouvert aux idées des autres.
Fab : Ce qui enrichie quand on collabore c’est quand on réfléchit à qui on est. Pour le premier album, on était spontanées, on était très jeunes et on ne savait pas ce que serait la suite. On a commencé à vouloir savoir qui on était quand s’est mises à parler du deuxième album parce qu’il fallait qu’on comprenne quelle était notre place.
Aujourd’hui, on connait nos points forts et nos points faibles et on savait de quoi on avait besoin pour choisir nos collaborateurs.
« Aujourd’hui la femme peut être plurielle dans son identité musicale »-Frannie
Vous parlez souvent de l’identité de la femme dans l’industrie musicale, qu’est-ce que vos 10 ans d’expérience vous ont appris sur sa place ?
Frannie : Ca change, pour le mieux ! Il y a des pays dans lesquels on a fait des festivals qui appliquent la parité 50/50 depuis déjà deux ans en Amérique Latine alors qu’on en parle seulement maintenant en Europe. On voit des regroupements comme le festival FEM (Femmes en Musique). Il y a réellement quelque chose qui change parce qu’on en parle et parce qu’il y a des réseaux de femmes qui se créent.
Les femmes commencent à collaborer entre elles alors qu’on a longtemps été mises en compétitions. C’était rare de voir une femme qui était autre chose que chanteuse alors qu’aujourd’hui la femme peut être plurielle dans son identité musicale. Ça créait vraiment l’isolement. Alors que les hommes s’invitaient à chanter ensemble.
Ca pousse aussi les femmes à proposer des produits artistiques et des offres radicalement nouvelles pour se démarquer.
Aujourd’hui, on commence à sentir l’entraide, on se soutient sur les réseaux ou dans nos chansons.
Comment le message féministe est perçu par les hommes qui travaillent avec vous ?
Frannie : Très bien ! En fait les gens qui travaillent avec nous et qui nous entourent sont féministes. Mais le mot « féministe » est très différent au Québec et en France, on n’a pas la même définition.
Fab : C’est inspirant, pour les hommes comme pour les femmes de voir des femmes créer avec leur énergie différente. La femme du troisième membre du groupe apporte beaucoup de soutient à sa femme qui est auteur compositrice. Les hommes avec qui on travaille savent ce que c’est une femme et c’est con mais on peut parler des choses banales, comme quand t’es dans la semaine « ça va pas trop », que ça va pas, t’as plus besoin de te cacher et de te taire.
Frannie : On m’a déjà demandé si je m’étais sentie brimée en tant que femme. Et j’étais genre « si tu savais ! ». Si j’avais toujours vu des femmes aussi énergiques, j’aurais été 100 fois meilleure.
Si toute ma vie je m’étais confrontée à ces femmes qui n’ont peur de rien comme en Amérique Latine, qui savent tout faire (même en terme de technique), j’aurais cherché à être plus bagarreuse et à aller encore plus loin dans ma proposition musicale.
Vous parlez beaucoup de vos débuts, d’il y à 10 ans. Si vous pouviez glisser quelques conseils aux vous d’il y à dix ans, quels seraient-ils ?
Fab : Moi j’ai aimé notre parcours, j’ai trouvé qu’on avait un bel équilibre de curiosité, de naïveté, d’enthousiasme et de courage.
Frannie : Tout cet apprentissage était important et même s’il y à des choses que je voudrais oublier, je ne les ferais pas différemment. On est quand même un groupe qui est allé en thérapie de groupe (rires) mais c’était comme nécessaire.
Fab : Toutes les erreurs, tous les doutes, c’est ce qui permet de s’améliorer et parfois il faut se lancer dans des trucs. Si on n’essaye pas, on ne goute pas à la vraie saveur. Pour faire de la musique, il faut être curieux et patient. La longévité c’est pas facile à avoir.
Frannie : On est un groupe qui à traversé plein de chose qu’on aurait pu éviter. Quand je rencontre des jeunes groupes, je leur donne des conseils pour qu’ils évitent ces étapes, je leur dit de ne pas chercher de label, de passer directement à l’auto-production. Si je donnais ces conseils à la jeune fille de 20 ans que j’étais, je ne me serai jamais écoutée.
Fab : La musique ça va tellement vite, on ne sait pas comment ça va évoluer.
Frannie : Nous quand on a commencé, Facebook et Instagram n’existaient pas comme moyen de promo et pourtant on remplissait nos salles de concert parce que c’était des gens qu’on rencontrait physiquement dans des bars et puis le bouche à oreille faisaient le reste.
Il y a ce truc là aussi que les gens que tu rencontres dans la rue ne vont pas t’oublier. Les gens qui ont entendu ta musique dans une playlist sur Spotify, dans 5 mois ils ne t’écouteront plus.
Pour voir ce groupe explosif en vrai, on vous donne rendez-vous le 2 mai 2018 au Supersonic, vous ressortirez riche de cette ambiance solaire que les trois membres du groupe dégagent (en plus, l’entrée est gratuite).
Distractions est disponible depuis le 2 mars 2018.
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