L’une des particularités du Champs Elysées Film Festival a toujours été celle de mettre à l’honneur des formats en marge, moins exposés que celui du long, omniprésent. Cette année comme les précédentes, en parallèle de la programmation des films de longue durée, on retrouvait de nombreux films de formats court et moyen, répartis dans plusieurs programmes. Eux aussi fidèles à la thématique du festival, il y en avait donc des français, et des américains, tous indépendants. En tout, 24 courts et 6 moyens métrages. Parmi eux, certains ont particulièrement retenu notre attention. On vous parle du court et du moyen métrage qui nous ont le plus touchés.

 

Merman (2023, Sterling Hampton, 11’, US)

Courte claque, dont l’effet subsiste. Merman, c’est le surnom d’Andre Chambers, un grand gaillard noir queer, arborant à longueur de temps un large et généreux sourire. Mini documentaire original signé Sterling Hampton, un jeune réalisateur afro-américain, qui parvient là à créer un objet bizarre, très impactant par sa forme semi burlesque et psychédélique, et ultra pertinent dans son propos. Ce merman, personnage principal de sa propre histoire qu’il nous raconte face caméra, avec comme seule tenue toujours celle de son corps quasiment nu, ficelé dans du cuir.

Tout est extravagant chez lui, en commençant par ses cheveux bleus, qui renforcent son côté personnage de bande-dessiné. Le film utilise d’ailleurs quelques images en dessin animé pour raconter l’histoire du merman, aux côtés de nombreux effets de style qui tentent de saisir son caractère fort et en mouvement. Car le film ne cesse d’être en position active, soucieux de rendre hommage de la plus fidèle des manières à cet homme extraordinaire. En 11 minutes, on se prend d’attache pour lui comme rarement. On aimerait le voir en vrai, serrer ce grand nounours dans nos bras, le remercier de son combat pour la défense des droits civiques et de la communauté queer, mais également de son travail en tant qu’infirmier, le tout dans une Amérique dont on sait à quel point elle peut-être violente et conservatrice et dans une époque plus que jamais fragile sur les questions progressistes (on voit bien en ce moment que la France n’y échappe pas : coucou les 12 millions de racistes en France qu’on emmerde fort).

Merman est donc un court métrage fait pour faire taire les vieux cons, rempli de bonnes ondes, d’empathie et de gentillesse. On en veut plus, car on en a besoin, plus que jamais ! Le cinéma est un moyen de lutte, comme il l’a toujours été. Vive la communauté queer, vive la communauté afro-américaine, vive le cuir et les corps hors du commun, vive merman.

Le film est disponible en entier juste ici

INCIDENT  (2023, BILL MORRISON, 30′, US)

Il faut parfois se prendre une claque pour mieux prendre conscience. Incident de Bill Morrison en est une. En utilisant des images de caméra portatives de policiers et de surveillance de la ville, le moyen-métrage retrace l’arrestation suivi de la mort de Harith Augustus, barbier noir de 37 ans. D’abord arrêté sans raison valable pour le port d’une arme qu’il avait le droit de détenir, il est tué quelques instants plus tard. Les faits se passent en 2018, deux ans avant la mort de George Floyd et la montée en puissance du mouvement Black Lives Matter.  

Témoignage choc sur les violences policières, Incident est un plaidoyer nécessaire contre les crimes racistes aux États-Unis. En utilisant ces images d’archives en split screen – les points de vue s’enchainent. L’indignation des uns fait face à la justification raciste des autres. La richesse de ce moyen-métrage réside avant tout dans ses non-dits : comme l’Histoire peut-être différent en fonction de qui la raconte.

Intention est un moyen-métrage dur mais nécessaire de voir.

co-écrit par Léonard Pottier et Pénélope Bonneau Rouis


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