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ratched netflixA chaque que Ryan Murphy dévoile l’une de ses créations, la sphère des séries-addict est en émoi. Il faut dire qu’il y a de quoi, le papa de Glee, Nip/Tuck, American Horror Story ou encore Hollywood a su placer la barre très haut. Sa dernière création, Ratched diffusée par le géant du streaming Netflix ne fait pas exception à la règle et fait beaucoup parler d’elle. Elle profite en outre d’un sujet ambitieux : raconter les débuts de Mildred Ratched, la nurse implacable du chef d’oeuvre de Milos Forman « Vol au dessus d’un nid de coucou ».  L’agitation est-elle justifiée ? Verdict.

 

Ratched de quoi ça parle ?

En 1947, l’infirmière Mildred Ratched arrive à Lucia en Californie du Nord. Ancienne infirmière de guerre, Mildred souhaite rejoindre l’équipe de l’hôpital psychiatrique du Dr Richard Hanover. Au premier abord, elle semble être froide mais tout à fait normale. En réalité, elle cache des secrets, une face très sombre ainsi qu’un lien avec Edmund Tolleson, un homme arrêté pour avoir violemment assassiné un groupe de prêtres. Arrivée à l’hôpital, elle va être témoin de pratiques proche de la torture comme la lobotomie. Sa rencontre avec Gwendolyn Briggs, la responsable de campagne du gouverneur de Californie, va également bousculer sa vie. La série explore alors ce qui va la conduire aux événements de Vol au-dessus d’un nid de coucou et qui vont faire d’elle l’un des monstres les plus célèbres de la littérature et du cinéma.

 

Ratched est-ce que c’est bien ?

ratched affiche netflix ryan murphy

Pour qui suit les nouveautés du catalogue Netflix, Ryan Murphy est sans nul doute devenu un incontournable. Ces deux derniers bijoux venaient d’ailleurs confirmer la capacité à créer des shows novateurs du scénariste et réalisateur. Hollywood retraçait avec optimiste l’âge d’or de la célèbre ville abordant l’homophobie, le racisme et l’abus de pouvoir tout en offrant une palette de personnages riches en couleurs, une histoire d’une beauté folle et apportant bienveillance et douceur à des problématiques pourtant violentes. Son traitement et son image valaient le détour. The Politician était également une belle réussite, moquant les jeux de la politique actuelle, dépeignant avec modernisme une société plurielle, abordant pluralité du couple et écologie par la même occasion.

Féministe et gay friendly

ratched cynthia nixonAvec Ratched, certaines cartes sont changées et pour autant pas toutes. Comme attendu avec le scénariste féminisme et homosexualité y sont traités d’un oeil actuel et bienveillant. Celle qui dans le livre et le film qui l’ont vu naître pouvait être considéré comme une grande méchante – pourtant l’était-elle vraiment ? non, elle était juste une femme faisant son travail avec une certaine position de pouvoir face à un protaginiste masculin- devient aujourd’hui un personnage de prime abord froid et énigmatique. Comme attendu, sous les traits de l’incroyable Sarah Paulson, Mildred Ratched devient un personnage complexe, au passé douloureux, portée par une mission qu’elle compte accomplir coûte que coûte en se laissant guider par son coeur. Une femme forte d’apparence mais en réalité fragile et blessée par la vie est ici joliement mise en scène. Puisque Ryan Murphy a une touche indéniable de talent lorsqu’il s’agit de la réalisation, il offre un décors très léché et une esthétique reconnaissable à son récit. Il prend par ailleurs le partie de donner un nouveau visage aux couples lesbiens. Si ces dernières années, nombreuses ont été les séries et les films a créer des couples de femmes forts, souvent adulés par les fans et tentant de casser les clichés, ce qui n’a pas toujours été le cas. En se replaçant à l’époque de « Vol au dessus d’un nid de coucou » , être lesbienne au cinéma était bien souvent synonyme d’être la méchante de l’histoire. « Monster » avec Chalise Theron avait d’ailleurs cassé cette dynamique tout en offrant à un personnage de tueuse une telle palette de nuances que la méchante de l’histoire en devenait la victime. C’est un peu cette inversion que proposer ici le réalisateur de « Ratched » offrant à son personnage de « grande méchante » du cinéma un statut de victime révoltée qui a appris à se battre mais reste meurtrie par ses traumas. Elle est d’ailleurs accompagnée d’une foule de femmes bien plus fortes que ne le sont les personnages masculins présent dans le show. Cynthia Nixon prête ses traits à Gwendoline, communicante politique, lesbienne s’assumant malgré son époque, ayant permis l’épanouissement profesionnel de son mari, lui aussi homosexuel. Elle est le personnage le plus droit de la série. Betsy, l’infirmière en chef de la série pourrait être la caricature de la harpie acariatre mais se révèle avoir bien plus d’un seul visage. Sans oublier Sharone Stone en mère poule richissime et vénimeuse , personnage hypnotisants, l’infirmière Dolly la poupée dangereuse ou encore Charlotte Wells en patiente battante. Le show n’oublie d’ailleurs pas de mentionner que l’homosexualité fut à une époque, vu comme une déviance psychiatrique que l’on soigne à coup de lobotomies et de faire de la plupart de ses personnages masculins des victimes à sauver. C’est le cas du docteur Hanover ( Jon Jon Briones) d’abord dépeint comme un éminent savent prêt à tout pour exercé et fervent praticien de la lobotomie. Finalement le médecin s’avère être influençable, obsédé par son besoin de reconnaissance et surtout très lâche. Un rôle bien plus nuancé que celui observé dans le pilot du show. Pour l’anecdote, l’acteur qui interprète le jeune Peter, lui même patient du docteur est à la vie réelle le fils de Jon Jon Briones. Certains hommes  échappent  à ce traitement à l’instar d’Huck, infirmier au visage brûlé qui ne manque pas de piquant rappelant l’amour de Murphy pour ses freaks qu’il juge avec plus de compassion que ses personnages pseudo normés.

Comme dans American Horror Story, point trop n’en faut

ratched capture d'écranLe problème de Ryan Murphy lorsqu’il se met à taper dans l’horreur reste pourtant toujours le même : sa démesure. Son amour du genre est un véritable plaisir tant il a réussi à l’emmener vers une capacité à toucher le grand public sans se corrompre et sans s’édulcolorer oui mais… Et c’est bien le mais qui est important puisque dans Ratched comme dès la saison 2 d’American Horror Story, le cinéaste semble perdre pied et se lancer dans une suite d’énumérations farfelues au risque de rendre le tout plus indégiste et brouillon que glauque. Dans Asylium aliens, nazis, démons, expériences scientifiques se mélaient, il faut dire avec un certain charme mais une aussi une certaine impression de ne plus vraiment pouvoir suivre le récit. Si cette première fois était touchante, cette envie de trop en donner, de chercher à créer le crime le plus dérangeant possible finit souvent par ôter toute touche de réalisme à ses créations. Au fur et mesure des saisons la première née horrifique du show runner donnait la sensation d’avoir commander un burger aux lasagnes avec quelques nems à l’intérieur, des frittes, du cheesecake, des donuts et une petite pizza avant de refermer le bun. Individuellement tout pourrait être bon, ensemble on manque de s’etouffer. La saison 3 de la série restait alors encore fondamentalement bien ficelée avant que dès la quatrième seul le pilote de chaque saison était sauvable. L’horreur il faut la doser si on veut qu’elle reste sérieuse. On peut partir dans les tous les sens, faire du gore pour du gore mais dans ce cas il faut accepter qu’on entre dans un nouveau registre qui s’étend du narnard au torture porn lui-même fait pour faire marrer les accros aux sensations fortes. Il est possible d’aller loin dans l’horreur et les violences en gardant son sérieux mais pour ça il faut savoir rester réaliste, ce qui manque à l’angouement du showrunner de « Ratched ».

Cette caractéristique va ici se resentir par une multitude d’histoires finalement traitées trop rapidement et ne laissant pas assez de place à l’intrigue primaire du show. Le clin d’oeil au personnage d’Hannibal Lecter via l’incarcération d’Edmund (Finn Wittrock) va dans ce sens. Sa présentation réellement glaçante en introduction du show fonctionnait pourtant parfaitement mais cette corde narrative usée ne fait justice à la série.  En outre l’histoire d’Edmund ( , déjà vu dans un rôle très similaire dans AHS) et le douloureux passé de Miss Ratched  sont autant d’éléments qui perdent complétement en réalisme et en dramaturgie tant ils sont poussés dans leurs retranchements. C’est bien cet aspect qui constitue le point noir d’un récit autrement bien mené, intéressant et très bien interprété.

Et la suite ?

Défaults ou pas le réalisateur espère bien donné une suite à l’histoire de la célèbre infirmière et ce sous forme de 4 saisons. On lui souhaite d’y arriver et de continuer à tracer la route de cette série hors-normes. En attendant d’en avoir la confirmation Ryan Murphy réalisera une série sur le célèbre tueur en série Jeffrey Dahmer. en espérant qu’il ne tombera pas dans ses travers horrifiques.

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castle rock sur hulu

C’était annoncé depuis longtemps, J.J Abrams, le cinéaste qui aime le plus faire des clins d’œil geek à ses aînés avait promis qu »il se lancerait dans une série d’anthologie du nom de « Castle Rock ». Castle Rock pour ceux qui ne connaissent pas c’est la ville dans laquelle se déroule une bonne partie des premiers romans de Stephen King. C’est le théâtre de Cujo, Dolores Clairborne, La Part des ténèbres et qui verra sa fin dans l’immense Bazard. A l’image de Salem toujours du même auteur, c’est la ville qui est le vecteur du mal. En faire une série télévisée, prendre en compte les nombreuses histoire qui s’y sont déroulées et y inventer de nouvelles paraissait donc être une excellente idée.

Alors que la mode est au revival des années 80/90, il est surprenant de voir que la série choisit de se situer dans un contexte moderne. Mais après tout pourquoi pas? Bien loin d’être l’homme d’une seule génération, Stephen King choisit de se faire le reflet horrifique de la société qui l’entoure. L’intrigue se situe donc en 2017 et raconte l’histoire d’Henry Deaver, un avocat spécialisé dans les condamnés à mort. Il est rappelé dans la ville dans laquelle il a grandit Castle Rock par un prisonnier atypique, le kid. Le jeune garçon vient en effet d’être retrouvé enfermé dans une cage dans las bas-fonds de la prison de Shawshank, enfermé là de nombreuses années sans raison connue par le direct de la prison qui vient de se suicider…

Le bon élève qui veut trop bien faire.

castle rock saison 1

J.J Abrams, à défaut d’être réellement doué pour la création possède au moins un amour infini pour ses aînés. Toujours prêt à emprunter leurs codes pour rendre hommage ( copier? comme tu y vas), notre cinéaste aime à s’approprier l’univers de ceux qui l’inspirent pour en proposer une version revisitée. Mais pas trop. Et voilà qui se sent dans Castle Rock, l’envie de bien faire, la peur de se faire cracher dessus comme ce fut le cas par certains fans de Star Wars le forcent à tâtonner. C’est sûrement pour cela que la série prend un temps incroyablement long à se mettre en place. Elle cherche petit à petit à se donner l’allure d’un roman de Stephen King. Pourtant si l’on faisait abstraction du dit auteur, la matériel prendrait un intérêt bien plus poussé. L’intrigue en tant que telle éveille la curiosité du lecteur. On se laisse prendre au jeu des questions qui se posent, de l’univers qui s’installe et doucement mais sûrement le besoin de savoir se met à exister. Les personnages trouvent leur place alors que l’action elle prend corps. Pour palier au fait de ne pas réellement reprendre les romans du King, notre série n’hésite pas à lui faire des clins d’œil subtiles et moins subtiles. Sissy Spacek y tient le rôle de Ruth Deaver ( elle était l’interprète de Carrie dans le film de De Palma), on retrouve l’agent Alan Pangborn, qui lui est un personnage inventé par Stephen King, la nièce de Jack Torrence de « Shining » est de la partie, tout comme le chiffre clés 27 années ( comme dans « IT », t’as compris? ;)… tous ces éléments sont distillés ça et là pour flatter les fans de l’auteur sans pour autant perdre un public qui ne le connait pas. Choisir de ne pas choisir ton camps et flatter le fan encore et toujours.

Mais des clins d’œil et du suspens ne suffisent pas à re-créer un roman de Stephen King. Sans avoir la prétention de tout connaître de l’écrivain et encore moins celle d’être à même d’écrire moi-même une histoire digne du maître, voici un court listing des éléments importants propres à ses romans et qui manquent cruellement dans Castle Rock.

De la violence tu distilleras

Qui se souvient du début de Désolation? De cervelles qui saute avec force détails? Du bras de Georgie dans la première partie de Ca? De ceux de Dôme? Du poignet de Jessie? De l’accident de voiture de Monsieur Mercedes? De la mort de Mattie dans Sac d’Os? ( tellement d’amour pour ce livre en particulier) Si Stephen King est décrit comme le roi de l’épouvante c’est aussi parce qu’il n’hésite pas à dépeindre des scènes d’un gore intense. Les détails sont omniprésents. Les tripes qui sortent , les cervelles qui explosent, les moitiés de visages qui tombent, les membres arrachés, les brûlures, rien n’est épargné au lecteur qui y trouve d’ailleurs ce qu’il est venu y chercher.Sur la série qui nous intéresse, on est sur du tout public… la violence est légère voir carrément en hors champs ( bonjour la famille qui s’entre-tue enfin peut-être on est pas bien sûrs)

Tes personnages tu travailleras

stephen king old fashion

L’une des choses que je préfère chez Stephen King c’est qu’il confie de lui-même que, pour qu’une histoire d’épouvante fonctionne, il faut que l’on s’attache aux personnages. Et il s’y tient. Un exemple frappant est celui des Tommyknockers, le personnage de Ruth Merrill est immédiatement présenté comme celui qui va mourir dans la prochaine scène. Pourtant avant de la tuer, l’auteur prend le temps de décrire sa vie. Ligne après ligne on en oublie son terrible destin pour se permettre de l’aimer. Ici, dans Castle Rock, si les scénaristes tentent de créer cette approche empathique, le sujet est à peine effleuré. Et dire que la femme du gardien de la prison est enceinte n’est pas suffisent, il faut la montrer, dépeindre une relation profonde, rendre un décès tragique.

La langue de bois tu ne pratiqueras pas

Le sexe, les discours crus font partis intégrantes de l’œuvre de Stephen King. Beverly Marsh dès son plus jeune âge attire sexuellement ses amis qui pensent à ses petits seins, le corps de Bobbi des Tommyknockers est dépeint dans tous ses détails, tout comme les jeux sexuels de Jessie, ou la liaison de Donna Trenton dans Cujo et ses draps raidis de sperme. Le langage de certains personnages est cru, violent, là où dans Castle Rock, l’idée même d’une sexualité n’est jamais abordée.

Au mal tu donneras plusieurs visages

Si dans Dôme les choses dégénèrent ce n’est point parce qu’un dôme s’est crée sur la ville de Chester Mill ou du moins pas que. C’est parce que l’adjoint municipal Jim Rennie décide d’en profiter pour installer une dictature. Si le chaos s’installe dans Brume c’est aussi lié à un facteur humain, tout comme le pouvoir de pyrokinésie de Charlie n’est pas le problème fondamental du livre du même nom, c’est au contraire l’agence qui la pourchasse, Henry Bower est lui-même l’un des piliers de l’horreur de It, la méchanceté des adolescents et la mère intégriste de Carrie ont ce même rôle. Dans l’univers de Stephen King l’horreur n’est pas lié au mal surnaturel, le mal le plus profond, le plus dangereux est bien souvent humain. Dans Castle Rock cette notion s’installe doucement, les pratiques de Shawshank en sont la preuve. Pourtant cette notion comme bien d’autres est à peine effleurée.

La peur par bien des schémas tu utiliseras

Il ne faut pas confondre suspens et peur. Pour provoquer la peur notre auteur utilise de nombreux chemins. L’innocence confrontée à la violence, le surnaturel, des figures de style allant jusqu’à révéler un bout de la suite de son intrigue pour mieux la raconter plus tard,  des flashs passés et futurs très présents. Ici avec une temporalité évoquant un vague passé caché, pour se la jouer dans les pas de…, la série ne décolle jamais vraiment oubliant que créer la peur est un art.

Un fond politique/ social tu ajouteras

C’est bien tenté de l’aborder dans la prison mais quand on veut parler injustice, on développe, on raconte le contexte, on fait des parallèles et là pour le coup comme beaucoup d’aspects de cette série, on effleure du bout du doigt l’idée avec légèreté. Tout le monde sait pourtant que Stephen King lui est engagé politiquement et n’a ni peur de le dire sur Twitter ni dans ses romans

the kid
The kid joué par Bill skarsgård

Si ces ratés paraissent évident, s’il est temps de passer à la vitesse supérieur et de se mettre réellement à raconter son histoire en arrêtant de tourner autours du pot, la matériel de base lui, reste pourtant agréable. Suffisamment du moins, pour continuer à la regarder chaque semaine dans l’espoir de voir surgir l’étincelle manquante qui en fera enfin ce qu’elle devrait être. Un produit complet et complexe qui profite du format série pour développer ce que Stephen King aime à faire des centaines de pages durant.

Peut-être apprendra-t-elle de ces commandements d’ici son dénouement final ou peut-être pour sa saison 2 qui est déjà programmée.

Castle Rock est diffusé sur Hulu tous les mercredi. Hulu la chaîne d‘Handmaid’s Tale dont on te parle ici.

Si t’aimes Stephen King on te parle aussi de l’adaptation  d' » IT » juste là.