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Fabricant de larmes a fraîchement débarqué sur Netflix et voilà déjà que le film se situe dans les premières places des visionnages de la plateforme. Le métrage italien réalisé par Alessandro Genovesi et adapté du roman d’Erin Doom avait d’ailleurs tout pour séduire : une histoire d’amour torturée, des adolescents super beaux gosses, un sombre passé … la recette des histoires qui font toujours plaisir qu’on les prenne au sérieux ou non. Le fait est qu’on y prend facilement goût. Mais le drame a frappé. Le film n’est pas seulement mauvais, il est si mauvais qu’il ferait passer « 50 shades of Grey », cette douce comédie involontaire, pour un chef d’oeuvre. Après avoir autant rit que grincé des dents devant, on vous propose un tour des nombreux problèmes que l’on rencontre au cours de 103 longues minutes de visionnage. Promis, c’est pépite. Attention on spoile absolument tout !

le fabricant de larmes affiche
La rose noire fameux symbole d’un amour torturé …

Fabricant de larmes de quoi ça parle ?

Lors d’un accident de voiture, Nica (Caterina Ferioli) est blessée et ses parents tués sur le coup. Elle sera alors placée dans un orphelinat, le Grave tenu par la terrible Margaret Stoker (Sabrina Paravicini)  qui inflige aux pensionnaires de son institut des sévices psychologiques et physiques. Parmi les enfants se trouvent à la fois Adeline, une orpheline en attente de futurs parents comme elle mais aussi Rigel (Simone Baldasseroni) , un petit garçon qui semble être le protégé de Margaret, le seul à être épargné par la directrice. Quelques années plus tard, Nica et Rigel sont tous deux adoptés par le même couple. Si dans un premier temps, leur relation semble particulièrement toxique, leurs sentiments se révèlent au fil du temps jusqu’à les consumer peu à peu.

Le Fabricant de gêne

nica et rigel le fabricant de larmes
Une tension sexuelle existe entre ces deux personnages

Tout commence bien mal. La petite Nica perd ses parents dans un tragique accident de voiture… qui a bien peu de sens. Un camion qui roulait au milieu de la route et que le père n’esquive pas parce que euh il ne l’esquive pas. Sa mère a pourtant le temps de lui donner une dernière directive de vie « le loup n’est le méchant de l’histoire que parce qu’on lui laisse cette place », ça laisse songeur.  Le loup c’est un clin d’oeil super fin à Nigel, le méchant de l’histoire au coeur tendre. Mais voilà qui viendra plus tard. Pour l’instant, aidée par une réalisation à la lourdeur rare et aux gros filtres plus sombres que ceux de Twilight, notre petite Nica se retrouve orpheline et sans une égratignure. Dans son orphelinat, tout est triste. Margaret, l’horrible tenancière de ce lieu maudit qui apparemment n’a absolument aucun personnel, veut faire vivre l’enfer aux enfants qu’elle héberge et qui ont évidemment tous les même âge.  Elle lui fait d’ailleurs confisquer son collier, seule souvenir de sa maman. Un collier en forme de papillon, parce que Nica veut dire papillon, parce qu’elle est belle et fragile comme un papillon – les indices sur la qualité du métrage interviennent immédiatement, on peut au moins lui reconnaître de ne pas mentir.

C’est là qu’elle rencontre sa meilleure amie, Adeline (Eco Andriolo Ranzi), qui a tous les critères de la meilleure amie : comprendre insipide, gentille, sans personnalité et moins belle que l’héroïne. Les années de souffrance passent sans adoption. Et notre héroïne, comme Bella nous fait la narration de son histoire avec des phrases toutes faites récitées sur un ton inspiré. Mais voilà que Nica a un rêve, comme Raiponse, c’est d’être adoptée. Elle a en réalité, et ça va surement en surprendre plus d’un.e , toujours voulu avoir une famille ! Enfin à ses 16 ans, son voeu est exaucé. Des gentils parents la choisissent. Certes, elle aura une période d’essai mais tout de même, quelle chance ! En sortant de l’orphelinat quelle n’est pas leur surprise en entendant quelqu’un jouer du piano. Et la surprise est d’autant plus de taille que c’est un super beau gosse qui se cache derrière l’instrument. Ni une ni deux, comme si c’était promo sur les pulls, ils décident d’adopter les deux enfants et tout le monde monte en voiture. Sauf que Nica et Rigel ne s’entendent pas et doivent faire bonne figure pour rester adoptés. Et puis s’ils disent être comme frère et soeur, une tension (sexuelle) existe entre eux.

Nica elle est plutôt frustrée, ça se voit avec finesse au fait qu’elle porte toujours une queue de cheval. Rigel, lui, est torturé, ça se voit avec finesse quand il joue du piano avec l’air pensif et triste. Leurs premiers échanges dans la maison sont d’emblée problématiques. Il l’appelle « Papillon » comme si c’était une sorte d’insulte, s’auto qualifie de loup ( il n’y a pas à faire ça) et lui dit de ne pas venir dans sa chambre. Alors qu’elle n’essaie pas d’y aller de toute façon. En plus, il la menace en se collant très fort à elle et en lui tournant autour, comme un bon gros prédateur sexuel. Christian Grey est en admiration, même lui envoyait un peu moins chier Anastasia pour la draguer. Mais bon, qui resiste à se faire mal parler et maltraiter par un beau gosse ? Pas Nica, qui d’ailleurs profitera rapidement d’un Rigel torse nu pour montrer ses beaux abdos. Lui c’est un prédateur, un homme brisé par la vie. Elle, c’est une fille merveilleuse. Vous vous souvenez quand Bella tombait tout le temps dans Twilight parce qu’elle est maladroite ? Que c’était SON trait de personnalité ? Cette fois-ci Nica aime les animaux. Du coup, elle a de petits pansements au bout des doigts parce qu’elle adopte tous les animaux pour les soigner et qu’apparemment ils lui rongent le bout des doigts en continu. (Pourquoi le bout des doigts ? Pourquoi cette idée ? ). Cette passion de gentille pour les animaux donne lieu à deux scènes qui ont de quoi devenir culte. Puisque Nica se trouve son Jacob en la personne de Lionel (Alessandro bedetti). Un lycéen qui va tomber furieusement amoureux d’elle au point de la stalker, l’agresser sexuellement aussi mais tout ça est raconté comme si c’était de la drague et de l’amour passion pour que ça passe.

Le fabricant de PLS

Rigel au piano le fabricant de larmes
Rigel joue du piano pour avoir l’air super sombre

Pour qu’on comprenne que la protagoniste aime les animaux, il est important de créer un échange explicite sur le sujet, tout bon scénariste vous le dira. Dans les faits, ça donne ceci. Lionel se présente et Nica lui retire un escargot sur la pull. Ce n’est jamais arrivé à personne. Si quelqu’un a déjà eu un escargot accroché au pull qu’il portait sur lui au lycée, pitié qu’il me contacte pour m’expliquer comment ça a pu arriver sur son épaule. Le dialogue qui suit se ressent un peu comme ça :

Nica : Ho Lionel attention tu as un escargot sur le pull. Je te l’enlève et je t’explique ce qu’est un escargot parce que je connais bien les animaux. En fait ils ont une carapace mais si on l’écrase ils peuvent mourir. Ce qui est leur moyen de défense peut aussi les condamner. Clin d’oeil sur le fait que je suis aussi un être fragile.

Lionel : Tu viens de me sauver la vie ! Merci. En plus c’est si intelligent ce que tu dis, je vois que tu as une grande expertise du monde animal. Tu m’expliqueras ce qu’est une girafe un jour ?

Nica : C’est un chien avec une jambe à la place du cou. Et je voulais surtout sauver l’escargot.

Mais une fois ne suffit pas. Dans un second échange plus tard avec Lionel, Nica décide de garder une cuillère en bois au lieu de la jeter. Ca peut toujours servir dit-elle si elle trouvait un oiseau avec une aile brisée et qu’elle devait la réparer. Mais de quel oiseau elle parle ? Pourquoi ? Combien de cuillères à usage unique léchée a-t-elle chez elle ? Est-ce pour ça que les animaux lui bouffent les doigts ? Lionel est évidemment charmé et décide donc de lui proposer un date.

Tout naturellement pour Rigel, l’affaire passe crème. Le mec qui n’est pas abusif va donc aller péter la gueule de Lionel salement parce que Nica, elle doit être à lui pour qu’il puisse se refuser à elle. Certes, elle a rien demandé mais il doit dire non et se frotter à elle avec des phrases du type  » Si tu te colles à moi tu vas brûler les ailes papillon. Je suis le loup, et ne m’approche pas pendant que je te tripote en te disant de partir. » Et voilà que pendant le combat qu’il a initié, le pauvre Rigel est blessé. La tension sexuelle qui était palpable bien que les protagonistes ne se disent jamais rien devient explicite. Tout en lui disant de rester loin de lui, il se frotte à son ventre et lui touche la poitrine. Il se frotte d’ailleurs très souvent à son ventre en ayant l’air de souffrir le martyr, gros regard mélodramatique. Que ce ventre lui fait du mal … L’amour passion est là, elle ne peut s’éloigner du « loup » et il voudrait bien lui montrer son « loup » mais ne veut pas faire mal au papillon…

Le fabricant de cringe

le fabricant de larmes
Nica, sa queue de cheval et « LE loup »

Chaque scène respire le cringe. Les pensées de Nica en trame narrative ne font que renforcer cette sensation de ne pas trop comprendre ce que l’on voit et de quel fantasme étrange est tirée cette histoire. Tout est très explicité au cas où le public serait très très bête. Quand Rigel joue du piano, il attrape d’ailleurs un papillon dans sa main. L’écrasera-t-il ? Nica qui l’observe en a le souffle coupé. Eh non, il le libère, il a le coeur tendre on vous dit. A chaque dialogue s’ajoute l’idée qu’ils doivent être frère et soeur. Même sans lien sanguin, quand même ils ont été adoptés ensemble à 16 ans.

L’héroïne se fait aussi des amies. Que des filles. Celle qui l’accueille le premier jour au lycée, Billie et devient immédiatement sa pote. On ne sait pas trop pourquoi puisqu’on ne les voit être complices à aucun moment. Du coup, c’est pas mal qu’Anna, la mère adoptive de Nica l’explicite un peu pour nous : « C’est bien tu as des amies dès le premier jour »

Nica : « Non je t’ai dit que  j’ai parlé à la meuf qui faisait le comité d’accueil au lycée même si personne ne fait ça dans la vraie vie. »

Anna : « Si, tu as une nouvelle amie insipide pour montrer que tu es un personnage que tout le monde apprécie grâce à ta beauté et ton expertise du monde animal.  »

Et puis, il y a aussi la pote de sa pote : Miki. Elle est au début très désagréable et ne dit même pas bonjour (alors que les yeux c’est le reflet de l’âme). Puis sans transition, l’invite dans sa grande maison. Elle est riche et ça se souligne de cette façon : « Rentrez les filles, je finis de brosser mon cheval et je demande aux serviteurs de nous faire à manger. » Vraiment. Même si Miki n’aime pas parler de son argent et que ça n’a absolument aucun interêt pour l’histoire. Toujours est-il qu’il existe une tradition au lycée : glisser dans le casier des filles une rose un jour spécial sans révéler qui a posé la dite rose. Chaque année Billie en reçoit une sans savoir de qui ça provient. C’est en fait sa meilleure pote qui lui laisse parce qu’elle est amoureuse d’elle. Ouf, on pensait que le film jouait d’un sexisme et d’une hétéronormativité malsaine et voilà que non en fait. Bon si, puisque l’histoire de révéler ses sentiments à sa meilleure amie sera bien vite oubliée. Ou la scène a été coupée au montage ou le scénariste a zappé cette histoire dont de toute évidence il se tapait.

Nica elle, reçoit une rose noire. La preuve d’une amour dévorant et malsain, c’est explicité- c’est vraiment dit clairement, presque lentement au cas où vous seriez trop stupides pour comprendre.  Mais qui a mis la rose noire dans le casier ? Le suspens est insoutenable. Pendant ce temps, Nica et Rigel continuent de se frotter et de mal se parler sous le regard jaloux de Lionel. Ce dernier finit par emmener Nica à la soirée du lycée et la coince dans une salle de classe. Là il l’embrasse de force et tente d’abuser d’elle. Mais bon tout va bien puisque Rigel débarque et pète la gueule du mec. Trop de tension sexuelle, ça y est c’est LE moment : nos frères et soeurs s’avouent leur passion dévorante l’un pour l’autre et couchent ensemble. L’amour c’est beau.

Le fabricant de fin expédiée après plus d’une heure de vide

rigel nica the tearsmith
Un baiser sous la pluie pour toujours plus de romantisme et d’originalité

Visiblement au montage, ils se sont dit que cette histoire de merde avait déjà beaucoup trop trainé. Il est donc temps d’envoyer du bon gros mélo et d’en finir pour le plus grand bien de toutes et tous. Lionel, toujours aussi jaloux agit comme quelqu’un de raisonnable comme tout l’entourage de Nica. Il coince les tourtereaux sur un pont avec sa voiture en parlant avec mépris de leur relation « incestueuse » qui pour rappel n’est absolument pas incestueuse. Il les menace, tente de les tuer en leur fonçant droit dessus avec sa voiture. Non pas parce que le mec a sa place derrière les barreaux et qu’il se fait une fixette sur une meuf qui ne veut pas de lui. Mais parce que comme le suggèrent dialogues et réalisation, il a toutes les raisons d’être choqué par cette relation si complexe et malsaine. Aussi, il s’inquiète un peu pour Nica parce que Rigel il est quand même étrange. Donc d’inquiétude le voilà qui essaie de la renverser pour la faire reprendre ses esprits et se mettre enfin avec lui. Oui, le film donne une jolie image du féminicide. Nos amoureux sautent donc naturellement dans la rivière pour se sauver.

Si jusque là tout n’était pas horriblement lourd, qu’on ne trouvait pas assez que ça en faisait des caisses, voilà qu’arrive le sommet des mauvais soaps, ce que seuls les pires séries osent. Le jumeau diabolique me demanderez-vous ? Non ça c’était dans 365 DNi, film lui aussi en dessous de toute attente. Cette fois, c’est donc… le coup du coma ! Bingo. Rigel est dans le coma mais ce n’est pas le seul problème. Seulement un petit coma n’aurait pas été assez dramatique. Il fallait continuer d’en faire des tonnes et des tonnes. Voilà donc qu’en fait Rigel se sentant trop « loup » et ne voulant pas compromettre l’avenir de Nica a refusé son adoption. C’est la méchante Margaret qui a récupéré sa garde ! Et comme elle est vraiment super méchante elle interdit à Nica d’entrer dans sa chambre, à l’hôpital où elle ne peut le voir qu’à travers une fenêtre sans le toucher. Ce moment de l’histoire oblige forcément à faire une recherche rapide sur l’autrice du roman pour savoir si par hasard elle aurait moins de 15 ans et abusé de « Pretty Little Liars ». Ca pourrait expliquer des choses. Mais même pas.

En parallèle, les enfants de l’orphelinat aujourd’hui tous âgés de 16 à 18 ans lancent leur procès contre leur bourreau. Nica accepte finalement dans un non retournement de situation que tout le monde a vu venir même le mec qui s’était endormi devant le film, de témoigner. La voilà à la barre :

L’avocate de la méchante : Nous sommes ici pour faire le procès de Margaret la méchante donc tout à fait normalement à la place je vais te balancer des trucs bizarres sur ton histoire d’amour dont je sais pas comment je les sais pour te mettre dans le malaise même si c’est sans rapport.

Avocat de la défense : objection votre honneur même si ça se dit pas en Italie !

Son honneur : Répondez à toutes les questions harcelantes et hors sujet Nica, je veux le potin.

Avocate de la méchante : Vous êtes amoureuse de Rigel et il a préféré plutôt que de sortir avec vous retourner à l’orphelinat parce que personne ne vous aime. C’est vous la méchante, jamais vous resterez avec ce super BG.

Nica : Heu l’histoire est plus complexe.

Avocate de la méchante : Oui ou oui il a choisi son retour à l’orphelinat ?

Nica : oui mais …

La voilà qui part aux toilettes, pleure, se fait réconforter par sa nouvelle mère aimante et enfin nous offre le pire monologue de l’histoire du cinéma. Si les frères Lumière avaient su …

Nica : Je vais pas parler de la maltraitance que j’ai subit même si c’est le sujet. A la place, je vais parler de Rigel et dire que c’est lui la victime. Comme Margaret le préférait, elle ne le maltraitait pas mais le faisait assister aux abus. Du coup, il a pensé qu’il était le loup, un monstre alors que non c’est un gentil. Les loups en fait se sont des chiens mais plus gros. Rigel c’est un gentil chien, je l’aime, il m’aime, l’amour c’est beau. Même les méchants ne peuvent nous séparer !

La salle d’audience : applaudissements, pleurs, se roulent sur le dos

Rigel au piano le fabricant de larmes
Rigel joue du piano pour avoir l’air super sombre

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Le spectateur chez lui : Mais putain c’est quoi cette merde ? Pourquoi je me fais subir ça ?

Et donc, en moins de quelques minutes d’écran, la méchante va en prison, Rigel se réveille du coma et dans le future il a une fille avec Nica. Il n’y pas plus de point à cette phrase que de transitions dans cette fin d’histoire.

Il faut savoir que le tome 1 de ce livre problématique a une suite. Aurons-nous la chance de subir ça au court d’un nouveau métrage ? Ou ce « happy end » de 10 secondes suffira-t-il ? Voilà qui laisse rêveur. En attendant, si ce n’est déjà fait n’hésitez pas à regarder ce film comme l’hilarant « 50 Shades of Grey » ou même « After ». Mais dans tous les cas  il faudra garder en tête qu’en matière de féminisme et d’entretient de la culture du viol, du féminicide, et des abus divers, ces films font l’apologie de tout ce qui ne va pas. Et non être maltraitée, ce n’est jamais romantique.


riverdale saison 6

J’ai regardé la saison 6 de riverdale, en entier. Je veux ma médaille.

A chaque série Netflix annulée, c’est toujours la même rengaine : pourquoi annuler tel chef…

Ginny & Georgia

Ginny & Georgia : santé mentale & bienveillance dans sa saison 2

La saison 2 de Ginny & Georgia vient d’être dévoilée sur Netflix et s’est déjà…

romans after

« After » dévoile sa première bande-annonce, l’occasion de parler de plaisirs coupables littéraires (et de la regarder)

Tout d’abord, place au direct, place à l’information. Les nombreux fans du roman After signé…

La saison 2 de Ginny & Georgia vient d’être dévoilée sur Netflix et s’est déjà inscrite parmi les tops de visionnages du géant du streaming, devenant même l’une des séries à entrer dans le top 10 des séries les plus streamées de la plateforme. Si l’annonce de la saison 3 vient cruellement à tarder, elle est pourtant l’une des plus attendues. On sait que Netflix peut réserver de mauvaises surprises à ses fans, ayant annulé certains de ses show les plus appréciés. De l’excellente The OA aux bien plus discutables Warrior None ou encore  le très mauvais The Winx. Pourtant, dans le paysage la série de Sarah Lampert recèle de son lot de très belles surprises. Celle qui s’inscrit dans ce qui pourrait être un show typique teenager sait faire la part belle à des thématiques fortes, ne se privant d’aborder aucune douleur psychologique rencontrée par les adultes et adolescent.es, le tout servi dans un cocon de douceur et une forme de nostalgie des programmes à la Gillmore Girls. Retour sur les thématiques les plus sombres de la saison 2 et leur traitement bienveillant. ATTENTION Spoilers de la saison 2 !

Ginny & Georgia
Ginny & Georgia. (L to R) Antonia Gentry as Ginny, Brianne Howey as Georgia in episode 209 of Ginny & Georgia. Cr. Courtesy of Netflix © 2022

Il aura fallu s’armer de patience pour découvrir la nouvelle saison de Giny & Georgia et retourner avec nos deux héroïnes à Wellsbury. C’est chose connu, aujourd’hui les shows télévisés suivent le schéma d’une approche bienveillante des problématiques. Les shows des années 90 avaient vocation à aborder les souffrances psychologiques avec jugement et sévérité sans jamais y offrir d’issus voir romantisant certains aspects de ces derniers. Les temps changent et Ginny & Georgia prend le pli de son époque tout en gardant l’essence même de ce qui a pu faire le succès d’autres shows par le passé : petite ville, histoires d’amour, drames, comédie… ce qui pourrait faire penser à un certain Dawson tire finalement son épingle du jeu et arrive à narrer les histoires aussi bien vécues par les ados du shows que par les parents sans jamais perdre son spectateur ou diminuer l’essence dramatique de ses personnages. En ce jeu d’écriture bien fait la série Netflix est remarquable et induit une forte addiction loin du puritanisme américain exaspérant auquel nous sommes habitués.

Des maux, des mots, des mômes

ginny-georgia-saison-2-mangLa saison 2 reprend juste après la saison 1 et décide d’attaquer très rapidement avec les problèmes de Ginny (Antonia entry), l’une des héroïnes de la série. Après avoir appris sa mère Georgia avait assassiné son ex mari, elle décide de fuguer chez son père avec son petit frère Austin. Seulement cette annonce n’est pas sans conséquence, Ginny déjà dépeinte comme un personnage à la vulnérabilité à fleur de peau entre dans un processus d’auto-mutilation. Et pour se faire, elle se brûle. Elle finit par en parler à son père Zion qui prend la nouvelle au sérieux et la pousse à consulter. L’affaire ne se règle pas en un claquement de doigts. Il ne suffit pas de parler pour être libérée de ce qu’elle traverse. Cet axe donne naissance à deux des scènes les plus fortes de la saison. La confrontation avec Georgia (Brianne Howey), habituée à tout connaître de sa fille et à la protéger quoi qu’il en coûte. Elle tente d’abord une approche lourde, difficile et intrusive avant de se raviser et de prendre un rôle d’accompagnant. Ce chemin aussi va être long, douloureux et passe par le biais de la thérapie mais pas uniquement. Les personnages évoluent lentement, prennent le temps d’aborder la problématique et d’offrir un panel de réactions : celle du père aimant qui tombe de haut, de la mère qui veut solutionner, du petit ami ( Marcus) qui s’avère être une oreille attentive à ce vécu. Elle n’est pas idéalisée, Giny avoue haïr se blesser mais le cheminement pour arrêter est long, il passe par des substitues ( un élastique à claquer, des thérapie, du dialogue, des appels nocturne) et rien en fin de saison n’indique qu’elle a définitivement arrêté, elle lutte contre ça. Le traitement scénaristique y est sensible et délicat, n’en déplaise aux détracteurs de Ginny. Twitter s’est d’ailleurs ligué à tord contre le personnage, mais bon Twitter reste le réseau social le plus intéressant et le plus abjecte en même temps. Parce que son parcours, bien que romancé et raconté sous l’œil de scénaristes cherchant à faire avancer une narration est un enjeux central et tente de proposer l’un des nombreux ressentis des personnes qui s’auto-mutilent.

Évidement, un show télévisé ne peut avoir vocation seul à comprendre tous les enjeux d’une personne en détresse qui souffrirait d’un besoin de s’auto-mutiler. N’empêche que l’approche de ce trouble dénote avec ce qui a pu exister dans le passé. Les séries offraient leur lot de voyeurisme en la matière. La chose n’est pas neuve, les pulsions de vie et de mort n’ont finalement pas toujours été la fontaine romantique du spectacle. Le double suicide de Roméo et Juliette n’est-il pas la quintessence de la beauté et de l’amour ? Et puis ne se doit-on pas de justifier chaque action comme étant logique et fondée. Si réaction au mal-être il y a alors elle découle d’une action, d’une souffrance et d’un maux. Il faut toujours justifier. Ce n’est pourtant pas le cas ici. En la matière, il faut le rappeler Ginny & Georgia serait la petite sœur très sage d’Euphoria. La comparaison entre les deux shows s’arrêtent bien évidement ici, la seconde ayant bien plus en rapport avec Skin qu’avec Gilmore Girl. Il n’empêche qu’elle ont, chacune à leur manière, la capacité de parler aux adolescent.es sans les juger.

Du teenage show à l’euthanasie : légèreté rime avec société

Dans l’idée de ne pas associer dépression à un simple évènement, l’évolution du personnage de Marcus (Felix Mallard) fait aussi figure de rareté dans le panel télévisé actuel.  Son entrée en dépression, cyclique, est abordé sous l’œil de son personnage. Il devient narrateur de ses pensées, de son accablement et ce en une seule scène qui tient valeur d’explication de son ressenti et de ses réactions futures. Un monologue intérieur est explicité comme une clé pour mieux le comprendre. Le personnage reste taiseux. Il ne vient pas s’exprimer, se raconter avec les autres. Il pousse par ailleurs Ginny à prendre un autre rôle : celui de la bienfaitrice, qui doit comprendre, s’adoucir et malgré ses propres troubles protéger et ce malgré le rejet dont elle est la victime. Cet axe narratif devient lui aussi central. Autant que les avancées majeures du show pour cette saison qu’ils soient le mariage de Georgia, les meurtres, les relations amicales. Il permet à ceux et celles qui le regardent une nouvelle forme d’identification, une compréhension. Abby n’est également pas en reste et est le personnage le plus mal dans sa peau de la série qui pourrait par ailleurs aborder à travers elle les TCA. La chose est sous-entendue sans jamais être clairement exprimée dans cette nouvelle saison. Mais ce qui est exprimé est que les mots ont leur importance et qu’il est facile de blesser sans y penser une personne. Ceux qui se moquent d’elle, sont par ailleurs peu montré, comme pour souligner que les petites actions ont un poids mais ne sont pas toujours immédiatement repérés par l’entourage. L’impact est grand pour la personne concernée. Elle camoufle son corps, change de couleurs de cheveux et ajoute une scène troublante à l’histoire. Alors qu’elle joue à se faire porter par Matt, il blague sur son poids. Son visage se ferme, la douleur est là mais elle est évoqué avec simplicité sans aucun besoin de trop en faire, de trop en dire. Les éléments concernant le rapport au corps d’Abby, sa problématique face à son physique sont distillés avec parcimonie et alertent le spectateur : ces troubles ne se voient pas toujours, ils ont bien des visages.

Le personnage le plus explicité, le plus raconté, comme dans un un besoin de le justifier reste celui de Georgia. Mais elle est aussi le personnage adulte, celui qui a eu le temps d’analyser ses actions et surtout de mieux les comprendre. Comprendre ne veut pas dire contrôler, ne veut pas dire arrêter. Même s’il s’agit là du pire des affres : le meurtre. Femme qui a été battue, femme forte, Georgia lutte contre un grand nombre de traumatismes. Pourtant sa force évoquée à de nombreuses reprises par sa fille est ce qui la caractérise le mieux. Elle est autant femme que mère. Les deux ne sont en rien incompatibles. Et à travers ce prisme, et le regard de sa fille, elle finit par voir la vulnérabilité comme une force, peut-être la plus grande de toute. Ses ressorts psychologiques sont complexes. Elle est un piliers mais également une personne blessée. Elle peut séduire mais toute son essence provient de son passé, de ses difficultés. D’ailleurs les nombreux flashbachs sont là pour constamment l’expliquer , mieux la comprendre et voir comme une personne peut évoluer, apprendre à se défendre. La série fait d’un personnage meurtri une véritable icône. Georgia n’est pas une victime. Sombre et pourtant lumineuse, elle se bat seule avec ses enfants et pour ses enfants. De se faire du mal à faire du mal, le pas est grand. Ginny en paye le prix et en fin de saison c’est au tour de sa mère de payer sa dette. La série est également l’occasion de rappeler que les temps ont changé. Exit « Basic Instinct » et l’image de la beauté fatale inépuisable séductrice. La beauté de Georgia est une force mais pas seulement. Elle peut aussi devenir son propre bourreau.

Reste à savoir si la saison 3 apportera une nouvelle vision d’un personnage fragilisé, rattrapé par ses démons, ses erreurs et sa tendance à les reproduire. Il faudra aussi savoir traiter de l’euthanasie, puisque c’est bien le dernier crime de notre héroïne, de façon juste en introduisant le débat comme aura su le faire depuis ses débuts ce show grandement accessible qui ouvre les yeux et la voix à un public mainstream sur des problématiques importantes. Tout cela si Netflix confirme bien cette nouvelle saison.


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brimstone affiche

Brimstone de quoi ça parle ?

Dans l’Ouest américain, à la fin du XIX siècle. Liz, une jeune femme d’une vingtaine d’années, mène une vie paisible auprès de sa famille. Mais sa vie va basculer le jour où un sinistre prêcheur leur rend visite. Liz devra prendre la fuite face à cet homme qui la traque sans répit depuis l’enfance…

Brimstone est-ce que c’est bien ?

Brimstone dakota fanning

Sorti en 2017 avec à son affiche une Dakota Fanning plus éblouissante que jamais, un Guy Pearce d’une férocité sans limite et petit coup de pouce, Kit Harington gonflé à bloc par son fan club de « Game Of Thrones », ce Brimstone n’a décidément pas eu la visibilité publique qui lui est dû. Et pourtant force est de constater que le premier long métrage international du néerlandais Martin Koolhoven est une claque saisissante réussissant le pari risqué de réunir les genres en s’appropriant leurs codes pour mieux les sublimer. Découpé en quatre actes tous plus puissants les uns que les autres, ce film hors normes suit le calvaire de Liz poursuivit par un Boogeyman on ne peut plus humain prêt à tout pour l’avoir à ses côtés. Si le terme  convient pour définir cet homme qui se sent porteur d’une parole de Dieu déformée pour mieux servir ses intérêt, son statut et ses travers sont avant tout un miroir grossissant d’une société passée qui est toujours d’actualité.

Dès son premier verset, cette oeuvre n’épargne rien au spectateur ni à son personnage central, une femme à la force mentale extra-ordinaire. Avec une photographie sublime, un graphisme sombre qui fait échos au propos qu’il évoque, Brimstone impose son atmosphère viscéral dès ses premières minutes. Ici point d’espoir de rédemption, le martyr de Liz ne s’estompe pas et la caméra enferme avec elle un spectateur désireux de la voir se battre et se sortir de la spirale infernale qui la poursuit. Maudite mais battante, elle est portée à l’écran par la sublime Dakota Fanning, qui enfant était la coqueluche d’Hollywood. Le temps lui aura préféré sa petite sœur, la talentueuse Elle Fanning, que les spectateurs ont pris le plis de retrouver film après film. Pourtant, elle livre ici une performance sans faute, exprimant froideur et détermination propre à certains survivants brisés. Cette noirceur que peu de temps de répit ne viennent alléger étaye ce brasier d’émotions qui s’étend sur 2 heures 30 haletantes. Il serait injuste de ne pas également souligner la performance de l’implacable Guy Pearce, habité par son fanatisme, obsédé par ses démons et ses justifications, terrifiant dans sa froideur, ainsi que celle de l’incroyable Emilia Jones ( qu’on a vu depuis dans Locke & the Key), révélation au jeu sobre, bluffante de candeur et de force en toute circonstances.

Trois registres, une histoire

brimstone preacher

Pourquoi se contenter d’un seul registre lorsqu’il est si facile de brouiller les pistes en les mélangeant pour sublimer et accentuer les traits forts de son histoire ? Brimstone choisit de ne justement pas choisir un seul type d’oeuvre pour mieux se centrer sur une histoire narrée de plusieurs façon, et cette alliance fonctionne à la perfection.

Horreur et thriller se succède alors qu’à chaque instant rôde la peur du retour du prêcheur, de ses nombreuses et éprouvantes violences qu’elles soient psychologiques ou même physiques. Outre cette traque qui pourrait emprunter au survival, et le monstre qu’il semble impossible à éliminer, prêt à renaître tel un Jésus infernal venu distiller sa parole, la violence, elle, s’invite à mesure que la pellicule avance. Quelques rares scène gores sont d’ailleurs de la partie, mais toujours filmée avec une certaine maîtrise et pudeur allant jusqu’au hors champs pour ne pas entrer dans un simple jeu de boucherie qui éloignerait le spectateur du propos initiale. La violence sert ici à appuyer des thématiques lourdes de sens, jusque dans les tripes de celui qui regarde. Il n’est pourtant pas question de satisfaire uniquement le fan de films d’épouvantes, tant le métrage ne laisse au genre qu’un petit terrain pour exprimer via des atrocités jamais gratuites un propos tranché sur le fanatisme.

Le western est lui aussi de la partie, ses personnages habituels y ont ici une autre couleur. Le gentil cow-boy pas si blanc de tout reproche, courageux et invitation à l’espoir est bien présent tout comme un duel peu fair-play et une esthétique dominante propre à ce registre aujourd’hui peu exploité.

C’est pourtant surtout un drame que nous sert un réalisateur qui n’hésite pas à relancer son intrigue à coup de révélation savamment amenées. Difficile de ne pas souffrir aux côtés d’une héroïne malmenée, vaillante, affrontant la vie avec la froideur de son bourreau, encaissant les coups avec une véritable volonté de vivre et de vivre libre. Issue d’une communauté immigrée, réfléchissant à la vie de communauté et aux dérives des meneurs aux grands mots, elle garde une dignité admirable en toute épreuve. Situé au 19ème siècle, le drame ici raconté semble presque normalisé dans son époque. Et pourtant, alors que tous ces propos font encore échos à une société contemporaine, qu’il est difficile de ne pas bondir de son siège, outré(e) et révolté(e), alors que la douleur de nos protagonistes laisse une marque au fer rouge à mesure que les actes s’enchaînent avec ardeur.

Un conte sur la condition de la femme

Si les sous-textes sont nombreux dans ce film jusqu’au-boutiste, la condition de la femme est l’unes de ses thématiques centrales. Difficile de parler librement de ce sujet sans risquer de spoiler un spectateur désireux de le voir. Sans trop en dire, une héroïne forte mais en adéquation avec son temps est l’un des premiers piliers de cet axe. A cela, il est facile d’ajouter que violence conjugale, prostitution et culpabilisation de la femme face à l’accouchement et à la maternité sont de la partie. Face à la beauté de notre héroïne, nombreux sont ceux à estimer avoir des droits sur elle et sur son corps. Si une femme fait un affront à un homme, elle devra en subir les conséquences au centuple. La mise en image des règles et son interprétation par l’homme est également une piste de réflexions que distille le réalisateur. Si le sang a coulé alors la jeune-fille est enfin une femme avec ce que cela implique. Un tel traitement des menstruations pourrait rappeler le livre « Carrie » de Stephen King découvrant ses règles face à une mère pieuse qui en donne une interprétation bien différente du simple cycle  naturel et normal.  Les maux faits aux femmes sont nombreux et révoltant. Le message y est toujours donné sans l’appuyer avec lourdeur, sans perdre de la force de son propos et de son époque et surtout sans s’imposer aux spectateurs.

Travers et fanatisme religieux

brimstone guy pierce

A l’instar d’un Saint-Maud qui abordait l’extrémisme religieux et remportait cette année le grand prix du festival de Gerardmer, Brimstone aborde la thématique religieuse avec une modernité sans fausse note. Le texte sacré servant ici à justifier tous les excès, la peur de l’enfer, donnant corps au royaume de Lucifer sur Terre.  Il faut se méfier des prêcheurs et des faux apôtres met en garde une oeuvre qui ne manque pas de montrer que les plus pieux n’hésiteront pas à se servir de la religion pour justifier leurs plus bas instincts et les plus atroces des comportements. Le prêcheur péche en dictant la droiture, sans jamais se remettre en question et ce de bout en bout jusqu’à un dernier act terriblement haletant. Le film ne mâche pas ses mots et pointe du doigts les dérives égoïstes de la religion et de ses acteurs. Une oeuvre magistral, éprouvante, puissante à voir absolument et disponible, ça tombe bien, sur Netflix.

Découvrez la bande-annonce


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THE OA poster

Cher Netflix,

 

Sache que comme la plupart des internautes de 2019, tu m’es précieux. Ton compte me sert ( presque) tous les jours, sur mon téléphone et ma télévision. Tes séries peuplent mes trajets en transports en communs, souvent trop longs, et les soirées que je m’accorde assise sur un canapé. Et globalement, tu nous as offert, à moi et aux autres utilisateurs, un panel de découvertes plutôt impressionnant. La créativité meurt doucement au cinéma pour réapparaître sous forme de séries télévisées. Et à ces séries, celles qui osent être créatives tu leur offres une chance. Cette phrase fut en tout cas vraie à tes débuts. Si aujourd’hui je chéri mon application, notre belle histoire d’amour a failli ne jamais exister.

sense8

En effet, lorsque tu avais annoncé que tu allais supprimer Sense8, sans même lui donner une chance de conclure l’aventure de nos huit sensitifs, ma colère fut telle que j’aurai pensé ne jamais renouveler mon abonnement suite à ma période d’essai. Il faut dire que les sœurs Wachowski avaient alors proposé une des œuvres les plus abouties et les plus belles qu’il est été possible de voir sur petit écran depuis longtemps. Cette fable humaine, pleine d’empathie, aurait pu poursuivre sa course d’OVNI, créer la tolérance qu’elle véhiculait, ouvrir son bel univers fantastique encore longtemps mais tu en as décidé autrement. Comme le reste du Monde finalement, tu comptes sur ta rentabilité et non pas tes dérives artistiques. Ainsi soit-il puisqu’un dernier épisode avait permis de dire au revoir à nos 8 compagnons du Monde entier. On zappe, on binge watchera autre chose, l’heure est au scraling, tout est dépassé avant d’avoir exister. Et même si l’écho d’une oeuvre aussi construite marquera à jamais certains esprits, il était encore possible d’avancer. Et puis voilà,restait à ton catalogue The OA.

the OA saison 2

Parlons de THE OA

Et c’est bien de la série de Brit Marling dont je voulais te parler. Tout comme Sense8, The OA avait la chance d’être complètement à part dans l’univers des séries. Sa première saison avait surpris et avait ce petit quelque chose de merveilleux qui invite à la discussion. Certains l’avaient ainsi détesté, d’autres s’étaient gratté le nez des heures en cherchant à la comprendre, enfin ceux qui en deviendraient adeptes l’avaient simplement adorée. The OA offrait un acte de foi, une histoire dans l’histoire et invitait, par bien des pratiques à vivre l’expérience apportée par un messie. Entre science-fiction planante et récit hautement inclusif, en ajoutant une touche de féerie et une impression d’appartenance à un plus grand groupe, le show s’était offert toutes les audaces. Réussissant haut la main le pari d’être ( ENFIN) différent.

Du moment où Pairie raconte son histoire, et le nouveau générique qui en découle comme pour mettre le spectateur en garde jusqu’au dénouement d’une saison 1 puissante, la série n’a jamais joué le jeu de facilité. La foi vous sauvera, criait un final qui ne disait à aucun moment si cette foi devait être en une vérité absolue ou une simple conviction qui nous dépasse. Qu’importe finalement, là allait cette fable et ses disciples qui dans un moment de désespoir livraient les mouvements enseignés plus tôt criant ainsi qu’il suivraient notre ange originel face à la mort.

La puissance de la conclusion de ce récit laissait certes à penser qu’une suite serait impossible. Que pourrait-on bien raconter de plus? Les épisodes passés ont pris un sens dans un final fort qui expliquait à lui seul l’entièreté de sa trame narrative. Et puis, après tellement d’attente, voilà que débarquait la saison 2. Cette dernière allait encore plus loin que celle qui l’avait vu naître. Osant frotter son héroïne à une pieuvre face au regard circonspect de certains loin d’avoir l’envie de laisser vagabonder leurs émotions vers des territoires si lointains. Et pourtant, pour ceux prêts à se laisser aller, c’est encore une expérience entière que proposait Brit Marling. Une idée, peuplée de sentiments et d’étrangetés, une véritable oeuvre, bourrée de créativité avec un déroulé et un final qui osait s’aventurer là où peu d’autres avaient osé alors aller. Loin d’être une saison ajoutée à la va vite comme le cas « Big little Lies », cette dernière déroulait un univers et une expérience pensée sur cinq saisons. Evidemment, il parait peu concevable qu’un tel OVNI séduise tout le monde et mette d’accord tout un public. Certains y verraient du grotesque, du non-sens, là où d’autres verraient une façon d’être enfin surpris et de sortir de sentiers battus encore et toujours par des cinéastes qui se copient plus qu’ils n’innovent. Mon cher Netflix, tu sais, aux début d’Internet pour tous, quand le streaming et le Torrent sont devenus monnaie courante, cet outil si utile a ravagé les fonds des artistes. Le cinéma s’est pris une claque énorme, augmentant ses tarifs sans fin pour pouvoir survivre, la musique a perdu une bonne partie de la rémunération de ses artistes. Il fallait alors sortir du lot pour exister. Si tout le monde pouvait montrer ses talents sur la toile, il était complexe d’en vivre même en y étant plébiscité. Et toi, tu proposait un nouveau modèle qui laissait enfin la chance aux plus hardis d’y tenter leurs chances. Je ne sais pas quelles sommes sont en jeu. Je sais en revanche qu’il est bon de trouver cette liberté de propos dans tes propositions. Je sais que tu pourras, proposer sans fin des séries qui parlent de super héros ou d’adolescents affrontant les plus grands méchants, qu’il n’y a pas de mal à ce que chacun y trouve son  compte et que ça engraisse le tiens. Mais voilà, pourrait-on au détour de simplement « passer le temps devant une série »  » binge watcher » « vivre des retournements de situations qui nous laisse sur le c*l » laisser à ceux qui souhaitent sortir des sentiers battus une petite place sans qu’on ne leur demande de se taire deux saisons plus tard?

the oa octopus

Qu’importe finalement si la chose déplaît à certains, ils auront une facilité extrême à zapper, à ne pas regarder, à se désintéresser et à ne pas comprendre. D’autres pourront s’émerveiller qu’enfin sur une page grand public d’Internet, on trouve financés des projets qui sortent du cadre.

Les rumeurs actuelles, fortes de la fin de saison 2, disent que cette annulation ne serait qu’un coup de pub pour annoncer la saison 3. Une nouvelle forme empirique de communication: le marketing dans l’annulation alors que le monde de la série rejoignait le monde réel. Si c’est bien le cas, félicitations, bien joué. Si en revanche et comme ça parait plus sensé, tu nous forces simplement à dire au revoir, sache qu’il est de bon ton de conclure les histoires que tu proposes et de les offrir en entiers.

Offrir à des œuvres OVNI, à part, sensibles, une place était ta grande force Netflix. Aujourd’hui, ta propension à les faire disparaître pour laisser à des « Stranger Things » et autre « 13 reasons why » la possibilité de jouer les prolongations sans fin en dit long sur tes ambitions. Ne devient pas un grand four-tout mainstream, cherchant à prendre plus de fond et moins de matière, garde des séries et films conceptuels, continue d’enrichir les esprits d’oeuvres à part, sois à contre-courant et offre à The OA la chance de conclure son histoire. Et puis tiens, puisqu’on discute tous les deux, sauve Santa Clarita Diet, il est tellement rare de rire face à un écran.

 

Bien cordialement.

Popnshot.fr

THE OA SAISON 2 – Bande annonce

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