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Nous avons rencontré dans un bar proche des Balades Sonores où ils jouaient le soir même, Merrill Garbus et Nate Brener qui composent le duo américain Tune Yards, actif depuis plus de 20 ans. Les deux sont à l’origine d’une musique home-made faite de collages et de boucles rythmiques. Ils viennent de publier « Better Dreaming », leur sixième album studio, un concentré de ce qu’ils savent faire le mieux, transcendant, énergisant et surtout arme de rébellion contre un monde et une Amérique de plus en plus injustes et liberticides.

Tune Yards - @Shervin Lainez
Tune Yards – @Shervin Lainez

Pop & Shot : Comment est-ce que vous vous sentez juste avant la parution de ce nouvel album ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Je me sens excitée, et nerveuse à la fois. Parce qu’on est actuellement dans une période très trouble, partout dans le monde et spécialement dans notre pays. Nate m’a dit ce matin : beaucoup de choses peuvent advenir en un mois. Nerveuse par rapport à ça donc, mais heureuse de la musique et de l’album qu’on s’apprête à publier.

Ca fait aussi sens que l’on soit nerveux parce que notre précédent disque est sorti durant la pandémie, une période difficile pour les musiciens qui ont fait paraitre des albums à ce moment-là. Ca fait un peu égoïste à dire mais il y a cette peur que le monde se mette en travers de notre album, tu vois ? Mais c’est notre travail donc on espère que l’on ne sera pas trop perturbés, dans une période pleine de perturbations justement.

Pop & Shot : Vous habitez toujours aux Etats-Unis ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Oui, en Californie.

Pop & Shot : Avant d’évoquer de ce qu’il se passe là-bas, parlons d’abord de musique. Vous en faites depuis une vingtaine d’années et votre approche est toujours restée la même. Une démarche qui relève du collage, avec des boucles rythmiques et une grande liberté dans la voix. C’est important pour vous de garder cet aspect fait-maison ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Je crois que oui. Avec le temps, on s’est améliorés sur bien des aspects. Musicalement notamment…

Nate Brenner – Tune Yards : On est revenus là à certains des sons originaux du groupe. On a évolué d’années en années pour aujourd’hui revenir à la source de cette démarche de collage sonore. Sons DIY. Les précédents albums étaient plus produits. On a bouclé la boucle. Retour à la case départ.

Pop & Shot : Vous êtes aussi revenus à une formule en duo.

Merrill Garbus – Tune Yards : Pour cette tournée, oui, majoritairement.

Nate Brenner – Tune Yards : Mais il y a des invités sur l’album. Des amis à nous. Le guitariste du groupe Phish notamment, qui s’appelle Tray Anastasio.

Pop & Shot : Il y aussi votre fils de trois ans qui apparait sur un morceau.

Merrill Garbus – Tune Yards : A l’époque du premier album, j’étais aussi nounou. Je baby-sittais des enfants en bas-âge et j’aimais le collage de la vraie vie et de la musique. Qu’il y ait presque pas de séparation entre ces deux mondes. Aujourd’hui, étant donné que notre fils est le cœur notre vie, on a voulu lui laisser une place sur l’album. Et lui était excité de prendre le micro. Il était très impliqué. Il a écouté toutes les versions des chansons, en les jugeant ! *rires*

Pop & Shot : L’album est hyper dynamique et émotionnellement puissant. Quel a été le point de départ ?

Merrill Garbus – Tune Yards : D’abord à cause d’une deadline personnelle qu’on s’était fixés : il était temps de faire un nouvel album. Notre enfant venait de naitre…

Nate Brenner – Tune Yards : … et pourquoi on s’était fixés cette deadline ? tu ne l’as pas dit.

Merrill Garbus – Tune Yards : Parce qu’on avait besoin d’argent ? *rires*

Nate Brenner – Tune Yards : Voilà ! Après la pandémie et l’arrêt de nos concerts depuis cinq ans.

Merrill Garbus – Tune Yards : Notre compte bancaire diminuait drastiquement. Et puis c’est notre travail ! Et je dis ça dans le bon sens du terme. On a quand même fait entre temps de la musique pour une émission télé. On composait donc pour le projet d’une autre personne, le réalisateur Boots Riley, avec qui on travaille encore sur un film actuellement. J’ai eu envie de réécrire des chansons pour moi après cette expérience.

Pop & Shot : Où est-ce que vous avez enregistré ce nouvel album ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Majoritairement dans notre studio, à Oakland. On loue un espace là-bas dans lequel on a accumulé au fur et à mesure des années beaucoup de matériel.

Pop & Shot : Cet album, peut-être encore plus que les précédents, renvoie une énergie assez joyeuse et parfois très dansante. Est-ce votre principal moyen d’expression et de combat ? Par la célébration, la vitalité et la solidarité ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Je ne saurais pas comment faire autrement ! *rires* Mais le verbe « combattre » (fighting en anglais) a quelque chose de négatif je crois. Il s’agit plutôt de donner aux gens une vision joyeuse du future. C’est ça qui est puissant et que je souhaite transmettre : regardez, on peut être là ! Continuez comme ça ! Il est nécessaire de lutter dans les temps actuels mais il est aussi nécessaire de rendre ça attractif.

Pop & Shot : Vous êtes plutôt optimiste ou pessimiste en général ?

Nate Brenner – Tune Yards : Je suis optimiste sur le long terme et pas du tout sur le court terme. On affronte des temps très difficiles actuellement. Peut-être que l’homo sapiens va évoluer sur une nouvelle espèce. L’état actuel de l’humanité, le système actuel, ne fonctionnent clairement pas. On est devenus trop avancés, au niveau de la technologie notamment, au point de s’auto détruire. On doit trouver une balance.

Merrill Garbus – Tune Yards : Ca ne sonne pas vraiment optimiste ce que tu dis ! *rires*

Nate Brenner – Tune Yards : Non c’est vrai *rires*. Mais je pense qu’on arrivera à quelque chose un jour.

Merrill Garbus – Tune Yards : Je pense souvent aux artistes qui créent durant des périodes de guerre. La musique du Congo par exemple, est l’une des musiques les plus belles, joyeuses et dansantes. C’est des exemples comme ça qui donnent de l’espoir.

Pop & Shot : La chanson « Better Dreaming », qui donne son nom à l’album, se démarque des autres par un côté beaucoup plus calme et posé. Comment vous est-elle venue ?

Merrill Garbus – Tune Yards : En Amérique, on a cette idée du rêve américain, qui te fait croire que si tu travailles d’arrache pied, en tant qu’individu, tu grimperas les échelons et tu obtiendras ce que tu veux. Mais comme Nate l’a dit, ce modèle ne fonctionne clairement pas. L’idée de « Better Dreaming » est que nous devons changer ce rêve pour arranger les problèmes qui découlent de ce rêve. Ca fait sens ? Et on a choisi ce nom pour l’album parce qu’il a plusieurs significations, pas seulement en lien avec le rêve américain. On laisse aux personnes choisir leur interprétation.

 

Pop & Shot : La voix a une place importante dans les compositions, hyper malléable. C’est par exemple marquant sur le morceau « See You there ». Comment vous travaillez cet élément et de quelle manière elle trouve sa place dans les compositions ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Je travaille beaucoup sur ma voix oui. C’est mon principal instrument. Je démarre toujours avec quelque chose, souvent un tempo par exemple, puis très rapidement je commence à chanter dessus. Sur « See You there », c’était justement intéressant vu que c’est quasiment un morceau a capella. Ca m’a permis de me focaliser sur ma voix.

Nate Brenner – Tune Yards : Selon moi, ce qui rend Merrill si unique et incroyable, c’est effectivement sa capacité à chanter de pleins de manières différentes, aussi bien douces que puissantes. On ne peut pas en avoir marre de sa voix tellement elle ne cesse de changer.

Pop & Shot : Vous évoquez dans l’album un besoin pour le monde en général, pour les individus, de savoir rester concentrés au sein d’une ère de distraction. Est-ce un des principaux problèmes de notre monde moderne ?

Merrill Garbus – Tune Yards : On a choisi de livrer nos vies à des grosses entreprises de tech parce qu’elles nous facilitent le quotidien. Et on persiste encore et toujours dans ce choix. En échange, ils nous volent notre attention. On est constamment dans un rapport de transaction : « je te donne mon attention si tu me donnes mon taxi quand je veux. ». On peut en sortir mais c’est compliqué. Je suis aussi là-dedans malheureusement.

Pop & Shot : La situation politique aux Etats-Unis vous fait peur ? Comment les gens réagissent ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Oh regarde Nate, un camion poubelle français ! Notre fils adore les camions poubelles *elle prend une photo* yeaaaaaaaah *rires*

Pop & Shot : C’est dans le thème *rires*

Merrill Garbus – Tune Yards : Il y a plusieurs mouvements de mobilisation pour protester contre ce qu’il se passe. C’est très pernicieux. Ce qui m’effraie le plus, c’est qu’il n’y ait plus d’élections dans le futur. Ils travaillent vraiment là-dessus. Mais encore une fois, on en revient à cette question des transactions que j’évoquais tout à l’heure : on adore Amazon, on adore Meta, on adore ces gens qui veulent nous contrôler… La résistance doit donc se faire à l’encontre de cette nouvelle administration politique, mais aussi contre notre propre participation à ce système. Cela passe par repenser la manière dont nous voulons vivre, et quelles transactions on est prêts à abandonner.


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Quand grattent les premières cordes de la guitare fatale qui introduit l’album de Blondhsell, on devine tout de suite qu’avec ce son et cette suite d’accord, cela risque de très vite monter en pression. Sur ces notes tranchantes fait ensuite son entrée la voix de Sabrina Teitelbaum, douce et confiante, déjà intense. Il n’y a plus qu’à attendre l’explosion imminente. La voilà à 50 secondes, merveilleux raz de marée. Une minute plus tard, le morceau est déjà terminé. Il faut avoir de quoi s’accrocher. Quel puissant début d’album nous offre la chanteuse américaine. C’est son premier, et il est une petite claque. Elle était la semaine dernière à Paris pour nous le présenter sur la scène du Point Ephémère.

Blondshell / Crédit : Dominique Falcone
Blondshell / Crédit : Dominique Falcone

Sabrina Teitelbaum est originaire de New York et vit aujourd’hui à Los Angeles. Cela fait plusieurs années qu’elle a choisi la musique comme mode d’expression, avec des influences plurielles : Patti Smith, le Velvet, Joy Division, mais aussi the Replacements, groupe des années 80 à l’énergie communicative ou même encore la britpop (Blur, Pulp, the Verve…), dont elle dit apprécier les textes sombres sur fond de mélodies entrainantes.

Le 07 avril dernier, elle dévoile enfin son premier album sobrement intitulé Blondshell, chez Partisan (label de Fontaines, Idles…). La cover ne paie pas de mine, une simple photo d’elle en noir et blanc, à demi nette. Dessus, elle semble un peu timide. Il faudra plonger dans l’album pour briser la carapace. Car ce qu’on trouve à l’intérieur, c’est un puissant rock sensible aux envolées saisissantes. Il y a de tout dans cet album court de neuf titres (et ça n’est pas pour nous déplaire) : de la rage brillamment transposée en musique, autant que des émotions davantage à fleur de peau, dont l’interprétation toujours juste de la chanteuse permet à celles-ci d’être renversantes. Dans le son, on est proche des nineties, évitant toujours le rock d’adolescent mais jouant tout de même avec ses codes. Aux manettes, le producteur Yves Rothman, que l’on connait notamment pour son travail aux côtés d’Yves Tumor. Là où l’on reconnait bien sa patte, c’est dans les moments de paroxysme, où la guitare se déploie dans une nappe sonore impressionnante.

Sur scène, Blondshell est tout aussi géniale, humble. Elle parvient à capter notre attention par la force de caractère de ses compositions et par son aisance flottante. Le show est concis, va droit au but.. Au milieu du set, elle rend hommage aux Cranberries avec un morceau qui ne figure pas sur l’album. Il est vrai que sa musique s’en inspire grandement. Le point culminant est atteint avec « Salad », morceau hyper puissant dont la force est encore décuplée sur scène. Le Point Ephémère est plein à craquer ce soir-là. C’est un samedi soir où tout le monde est heureux de profiter ainsi de son week-end, devant un show maitrisé et cohérent. On prend un grand plaisir à voir naitre en live ces morceaux qui ont déjà beaucoup résonné en nous grâce à l’album. Trois musiciens l’accompagnent, et assurent de donner la profondeur aux compositions. Blondshell est élégante, sobre dans ses déplacements, heureuse d’être ici elle répète plusieurs fois.

Quand le show s’arrête, il ne nous reste plus qu’à aller acheter le vinyle, définitivement convaincu. Son album fait partie des premières œuvres dont l’évidence crève les yeux, et dont la formule a tout pour réussir. Une nouvelle reine est née.


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Diego Philips

 

Il y a deux ans paraissait sur Pop & Shot une chronique d’un album ici très apprécié : Tides de Diego Philips, que nous réécoutons encore avec attention. Si nous reparlons aujourd’hui de Diego, c’est qu’il vient de dévoiler un nouveau projet il y a quelques semaines de cela : I am Yuki : the Hiroshima Project. Et encore une fois, nous n’avions pas d’autres choix que de vous inciter à l’écouter.

 

 

CONTEXTE ET CONCEPT

La catastrophe d’Hiroshima. Tout le monde connait son histoire. Ce n’est pourtant pas ça qui a freiné Diego Philips dans son envie de réaliser un album concept autour de ce tragique épisode survenu il y a bientôt 80 ans, en 1945. I am Yuki : the Hiroshima Project explore le point de vue d’un enfant brutalement confronté à la destruction soudaine de sa ville natale, et dont la vie paisible se retrouve fauchée par l’horreur.

C’est depuis 2018 que Diego Philips travaille sur ce projet, qui sortira donc en tant qu’album quatre ans plus tard, après une période de pandémie peu favorable à la sortie d’une œuvre autour d’un tel sujet. Le choix de ce dernier, et l’envie de créer quelque chose à partir de lui, ne viennent d’ailleurs pas de nulle part, puisque Diego Philips a passé plusieurs mois de sa vie au Japon en 2007 quand il était encore étudiant, et y est revenu plus tard en 2013 durant un séjour où la visite de la ville d’Hiroshima l’a profondément ému et marqué. De cette empreinte laissée en lui, Diego s’en est servi pour raconter les évènements d’une manière originale et intime : par la musique et le récit fictionnel à base de faits réels. Pour ce projet, il est accompagné des musiciens Vincent Cudet à la batterie, Jamie Moggridge à la guitare, Michael Jones à la basse et Madga Skyllback au chant.

« I am Yuki – The Hiroshima Project » de Diego Philips

 

varier les ambiances avec cohérence

Comme son nom l’indique, I am Yuki : the Hiroshima Project, est avant tout l’histoire d’un jeune garçon, Yuki, dans toute son innocence et son allégresse juvénile. En sept morceaux d’une durée totale de 23 minutes environ, l’album dépeint un quotidien prêt à être bouleversé, loin de tout pathos. Ce qui fait la particularité de cette histoire est de connaître son dénouement avant même qu’elle ne débute. En ce sens, le premier morceau prélude fait rôle d’annonciateur à travers une ambiance menaçante qui, dans l’esprit, pourrait rappeler certaines expérimentations du Neil Young de Dead Man. Rien ne peut échapper à ce qui s’apprête à venir. Pourtant, malgré cette fatalité, l’album ne s’impose aucunement un ton sinistre, et débute d’ailleurs sur un morceau plein de vitalité. C’est la présentation à la première personne du petit Yuki. « Come Home Yuki » vous restera très certainement dans la tête pendant de longues semaines tant son air respire la gaieté.

L’album se poursuit en variant merveilleusement bien les humeurs. Tantôt allègre, tantôt rêveur, tantôt bousculant, I am Yuki est une œuvre qui, en l’espace de 23 minutes, fait don de couleurs et d’ambiances tout à fait variées mais non pour autant hétéroclites. L’ensemble est d’une forte cohérence. Les trois derniers morceaux se concentrent sur l’explosion, dans une construction pré / explosion / post. Rien qu’à travers ce triptyque, les variations sont nombreuses. Si la Pt. 2 est celle que l’on attend le plus, car elle est celle qui illustre assez justement l’explosion en tant que telle (« creating the bomb » entend t-on dans le court documentaire sur l’album réalisé par Laura Eb), dans un morceau progressif aux airs de jazz rock se clôturant dans un cataclysme musical et une peur panique palpable, elle n’en constitue pas pour autant le centre inévitable de l’album. C’est-à-dire qu’elle ne prend pas forcément toute l’attention, et que l’œuvre ne cherche pas à en faire un paroxysme forcé. Non, I am Yuki s’attache davantage à autre chose, à l’histoire de ce gamin qui, comme il le dit dans la Pt. 1 de cette fin du monde à deux doigts de survenir : « I have the feeling that it’s gonna be a beautiful day ». Sa bonne humeur, ses interrogations et ses aspirations, voilà ce qui fait la force du projet. Pour preuve, « In my Room », le morceau le plus long de l’album, constitue tout autant un sommet, avec un soin apporté à son final explosif et grandiose. Tout est là, dans la chambre du petit Yuki, dans son intimité prête à être brisée mais qui, tant que l’heure n’est pas arrivée, a le pouvoir de nous transporter vers un ailleurs plein de promesses.

 

Soin des sonorités

La progression de l’histoire et de l’album tient également en ses variations sonores. Si l’humeur de chaque morceau est relativement différente, c’est aussi qu’un réel soin est apporté aux sonorités et à la place de chaque instrument. La guitare par exemple, peut autant refléter un sentiment d’apaisement sur « In My Room » et « Goodnight Little Boy » qu’une impression de terreur soudaine, comme les cris étouffés d’une population sur qui s’abat le malheur dans « End of the world pt. 2 ». Dans chacun de ses morceaux, qu’elle soit acoustique ou électrique, la guitare dessine une atmosphère bien particulière. Le travail de recherche sonore à ce niveau montre à quel point l’album a été pensé dans son ensemble pour créer un récit musical garni de surprises et d’émotions. Entre la folk d’un Kevin Morby, le rock enjoué des Beatles et le rock plus sombre du Velvet, I am Yuki passe par diverses ambiances sonores. Ambiances qui, sur chaque morceau sinon celui instrumental de l’explosion, sont enrichies par deux très belles voix. D’abord celle de Diego Philips, toujours aussi envoutante et incarnée. Sur « Come Home Yuki » et « In My Room », elle nous transporte directement dans l’histoire avec une justesse de ton agréable. Tendre, assumée, intense quand il faut l’être, sa voix est en plus de cela élevée par un très bon mixage et une production réussie, que l’on doit à James Yates.

La deuxième voix est celle de Magda Skyllback, qui, sur les morceaux « Goodnight Little Boy » et « End of the world, Pt. 3 », introduit quelque chose de plus abstrait, de plus songeur. A travers les ruines du sublime dernier morceau, après la destruction, elle raconte la mort de manière relativement détachée, et invite à ne pas reproduire les mêmes erreurs que par le passé, pour que tous les petits Yuki, promis à une belle journée, où qu’ils soient, puissent la terminer avec paix et sérénité.


 

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