La force, voilà le mot qui qualifie le mieux les performances de Yungblud. Une force émotionnelle, une tornade, une mise à nu, aussi littérale qu’imagée. Parce que son rock s’écoute fort, parce qu’il a fait revenir le courant sur le devant d’une scène en force. Parce que son public l’adule fort. Et voilà qui se confirmerait ce 8 octobre à l’Adidas Arena. Nous y étions, on vous embarque.

Yungblud Adidas AreneHello Yungblud, Hello

Avec « Idols » son quatrième opus sorti cet été, Yunglblud comptait bien ne se plier à aucun code. La preuve en était donnée dès le premier titre : « Hello Heaven, Hello ». Un exercice de plus de 9 minutes qui passe par 4 phases complètement distinctes dans lequelles les émotions se mélangent. L’exact opposé de ce que nous offre la scène mainstream en ce moment. Des morceaux plus lisses, plus facile d’accès. Mais non, il fallait que Dominic Richard Harrison, de son véritable nom, vienne à se moquer de ces préceptes. On dit que la jeunesse ne peut plus se concentrer, qu’elle a besoin de formats 20 secondes comme sur TikTok, qu’elle ne peut plus écouter des albums, de longs morceaux. Les « On dit » sont peuplés de conneries. Ce soir, dans la toute nouvelle salle parisienne, les visages sont très jeunes et très hypnotisés. D’ailleurs c’est sur ce premier titre, comme sur un pari osé que le chanteur débarque sur scène. La foule est happée, à tel point que, malgré une performance très « rock », elle préfère regarder la scène que pogoter. Côté scène justement, c’est un grain de folie qui vient immédiatement habiter l’arène. Le gladiateur enlève son haut, s’asperge le visage et les cheveux avec un verre. Son rock se veut bestial, sa langue sort et s’agite dans tous les sens et voilà déjà que la pyrotechnie vient chauffer la salle. Non qu’elle en avait besoin par ailleurs. La température est déjà montée d’un cran, sont-ce les muscles exposés ou les guitares qui résonnent fort ? Qu’importe finalement.

Yungblud - adidas arena Paris 2025 - Photo : Louis Comar
Yungblud – adidas arena Paris 2025 – Photo : Louis Comar

Yungblud : sang de gros show pour performance intime

Ce qui va peupler tout ce concert d’une heure et demie c’est avant tout la dualité. Parce qu’avec un décors relativement simple et ses musiciens, Yungblud propose un set plutôt intime. On pense aux concerts des rockeurs dans de plus petites salles. L’énergie prime sans artifices à une grosse mise en scène trop orchestrée. Ici, tout parait chaotique. Un chaos organisé certes, qui emporte tout dans son sillon. Mais un chaos tout de même, loin des spectacles où chaque pas a été répété cent fois. Certes, l’espace aidant, l’idole de ce soir – et pas que- va tout de même user de quelques tours de magies propres aux grosses productions pour faire vibrer la foule. Des confettis, balancés très tôt et surtout beaucoup de flammes, des flammes encore et des flammes toujours. Notre idole est déjà trempé, du coup on ne peut pas savoir s’il transpire ou pas, c’est un bon trick, retenez-le. La set-list, elle, va faire la part belle au dernier né du musicien. Son avant-dernier  album « Yungblud » n’apparaitra que deux fois, notamment très tôt dans le set avec « The Funeral ».  D’ailleurs « Weird » ne profitera que d’un seul titre, bien plus tard dans la soirée : « Ice cream man » presque en bout de concert.

Yungblud - adidas arena Paris 2025 - Photo : Louis Comar
Yungblud – adidas arena Paris 2025 – Photo : Louis Comar

Une idole et ses idoles

Yungblud - adidas arena Paris 2025 - Photo : Louis Comar
Yungblud – adidas arena Paris 2025 – Photo : Louis Comar

C’est avant tout l’honnêteté qui vient peupler la nouvelle galette de Yungblud et donc forcément son concert. Il s’y livre, y parle de Dominique face à son succès et son alter ego musicien. Il y exprime sans retenue ses joies, peines, douleurs, larmes, colères. Elles passent notamment par de grosses guitares qui résonnent, des solos, des cordes. Elles passent aussi dans l’amour que lui renvoie le public : parce que oui, le chanteur a pris un véritable statut d’idole aujourd’hui. Dans l’assemblée, un panneau s’agite indiquant qu’une jeune fille a séché le couvre-feu pour venir à son concert ce soir. Plus tard juste après l’interprétation de « Fire » et juste avant « Changes », des panneaux se lèvent dans toute la salle « We won’t let you down » promettent-ils. Un fan projet organisé pour surprendre l’artiste. La meilleure manière pour des personnes qui se laissent porter par les messages d’un chanteur, trouvant des réponses à leur vie dans sa musique, de lui donner un peu d’amour. Et surtout de communier. De quoi adoucir notre homme ? Non, voilà qui lui fait encore gagner en énergie, il virevolte, rien ne semble l’arrêter. Dans sa course effrénée, il saute dans la foule, clope à la bouche et la lance dans l’audience. L’envie de l’attraper pour en tirer une latte se faire sentir, la musique suffira pourtant à remplacer la nicotine et quelques flammes donneront le sentiment de s’en être grillé une. L’hyperactif (diagnostiqué dans son enfance) utilise son énergie à bonne escient : comme une lance invisible qui va contaminer toute l’assemblée. Il se saisit d’une caméra qui sert à alimenter les écrans géants pour filmer la foule, niché  en son centre, puis pour lui faire quelques grimaces. La force se répartie, elle prend d’assaut chaque personne dans la salle. Elle devient contagieuse. Les visages forment un tout, les jambes s’activent, les bouches hurlent et chantent. Sommes-nous pris de la fièvre Yungblud ? Une sorte d’épidémie qui se transmettrait par le sang, jeune de surcroit et permettrait à tout le monde de vibrer sur le même mode. Merde à ce qui nous fait mal, merde au monde si difficile, on prend tous de la tornade qu’est notre meneur, ensemble nous sommes puissants. Ensemble, nous sommes la force.

Merci Ozzy

L’idole des uns a aussi ses propres idoles. Cette occurrence se fait sentir en premier lieu lorsqu’il interprète « My Only Angel » qu’il a écrit en duo avec les indétrônables Aerosmith. La seconde est lorsqu’il rend un hommage vibrant à Ozzy Osbourn. Dominique en était le fils spirituel, attaché autant à l’homme qu’à l’immensité de son répertoire et  son statut dans la scène hard rock / metal. Le roi est mort, le prince chante les larmes aux yeux, une reprise de « Changes ». L’instant est émouvant, le deuil, puissant lui aussi,  engloutit l’arène sous son poids quelques instant. Il faudra pourtant trouver la force de répartir et celle-ci, nous le disions, ne manque pas ce soir. La set list est relativement courte : 14 morceaux mais diablement efficace et bien dosée. Avant le rappel, l’un des morceaux les plus connus du musicien est interprété et repris par tout le public : « Loner » qui porte bien mal son titre ce soir tant la cohésion est de rigueur. Restent deux morceaux, eux aussi tirés du dernier album pour conclure : « Ghosts » et « Zombie ». Quand les lumières se rallument, l’énergie est encore là, présente, puissante. A tel point que la fin de ce concert semble improbable, comme si c’était rêve. Chacun prend avec lui une grande inspiration, la place au plus profond de son cœur tentant de retenir encor un peu d’énergie. On en aura bien besoin pour affronter l’hiver qui arrive.


lady gaga mayhem

Lady Gaga : Me, MAYHEM & I (chronique du nouvel album)

Lady Gaga est de retour ! Le très attendu MAYHEM a enfin été dévoilé le…

Carlos O'Connell de Fontaines D.C. @Pénélope Bonneau Rouis

Fontaines D.C. : « Le rock est devenu un privilège » (Interview)

Difficile ces dernières années de passer à côté du tourbillon Fontaines D.C. Le quintet irlandais…

Idles Crawler

Idles, CRAWLER : Parental Advisory Emotional Content

Qui a dit qu’être punk et avoir des sentiments était incompatible ? Avec leur quatrième…

Write A Comment