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Hozier : Take me to Church

En 2014, impossible de passer à côté de l’immense single d’Hozier « Take me to church » qui créait en musique une critique acerbe de l’endoctrinement Catholique. Depuis, l’irlandais a prouvé, une nouvelle fois s’il le fallait, son génie incontestable grâce à un deuxième album parfait de bout en bout « Wasteland baby! » qu’il faut absolument écouter (vous me remercierez plus tard). Toujours est-il que si son premier titre a connu un tel succès c’est aussi en raison de son clip d’une puissance et d’une importance rare. Transposant le message de son morceau à la discrimination et la violence dont sont victimes les personnes LGBTQI+ en Russie, le chanteur a immédiatement suscité une forte réaction et s’est offert deux millions de vues en une seule nuit. Réalisé par Brendan Canty, la vidéo aussi choquante soit-elle, met en lumière une réalité d’une laideur absolue dont il est important de parler. C’est d’ailleurs parce qu’il est si juste qu’il est si terrible à regarder. Le temps n’aura pas encore fait son oeuvre puisque la situation reste affreusement contemporaine dans ce pays pas si lointain (et pas seulement ..). Une bonne raison donc, de continuer de faire circuler le message en espérant qu’à force d’ouvrir les yeux, il puisse un jour devenir un souvenir marqué au fer rouge.

Run the Jewels : Close your eyes (and count to F**k) Feat. Zack de La Rocha

En 2015, le duo Run the Jewels, composé de El-P et Killer Mike, s’offrait un featuring puissant avec l’immense Zack de la Rocha (Rage Against the Machine). Pas étonnant quand on écoute son titre d’une grande force et qu’on l’additionne à la présence du rockeur engagé de découvrir un clip choc au message fort. Mettant en scène les conflits raciaux aux Etats-Unis mais aussi le mouvement Black lives Matters, le clip traité par son réalisateur comme un film, plonge le spectateur dans une forme de boucle sociale éprouvante . Les portraits des deux personnages : le policier blanc et le jeune homme noir sont composés au minima : ils sont la représentation d’une société qui se perd dans une lutte qui ne fait pas sens. D’ailleurs alors que les deux protagonistes se battent, la raison de cette altercation n’est jamais montrée. Elle semble plutôt se perpétrer et se répéter de jour en jour. La journée débute alors que les deux hommes épuisés semblent reprendre un combat routinier, elle se termine avec la promesse d’une violence qui recommencera au petit matin. « Je ressentais une responsabilité à cet effet. Nous devions exploiter les paroles, l’agression et l’émotion de la pièce, et transposer le tout dans un film qui initierait une conversation productive sur la violence motivée par les conflits raciaux » expliquait d’ailleurs A.G Rojas, son réalisateur. Une vidéo inoubliable qui se fait l’écho juste d’une actualité terrible qui ne semble pas trouver de fin.

 

VIKKEN – Pour une amie

Artiste trans qui a choisi de mettre en avant son identité en montrant des images de sa transition dans son premier clip « C’est OK », Vikken parle avec finesse d’identité. « J’ai juste une question pour vous. Je vois qu’il y a écrit « Madame », vous venez pour une amie ? Parce que ce n’est manifestement pas vous. Je pense que vous n’êtes pas la personne que vous dites être. Êtes-vous Madame ou êtes-vous Monsieur ? » scande-t-il avec force au court d’un titre hallucinant de profondeur et de sophistication. Celui qui a été le coup de coeur du jury des Inouïs du Printemps de Bourges 2021, et c’est bien mérité,  invite de nombreuses figures connues à le rejoindre sur ce clip :  Jeanne Added, November Ultra, Daria Marx (fondatrice entre autres de Gras Politique), Anna Carraud, Claude-Emmanuelle Gajan-Maull... Si en live l’expérience Vikken se vit comme une claque nécessaire, il dévoile ici en images un message fort à surtout mettre entre toutes les mains.

SOKO – Let Me Adore You

Impossible de ne pas tomber fou amoureux de la musique de Soko qui rencontrait le succès en 2007 avec le titre « I’ll kill her ». Dans le clip à fleur de  peau de « Let me adore you » sorti en juillet 2020, la chanteuse lo-fi indie pop se dévoile dans son quotidien. Loin de l’image de chanteuse performeuse, la musicienne a utilisé plusieurs années d’images tournées chez elle, dans sa maison à Los Angeles pour mettre en avant sa famille  homoparentale. On y découvre Soko dans son cocon et son rôle de mère de famille. Jasper Rischen a documenté la vie de cette famille épanouie et heureuse pendant de nombreuses années, non pas dans l’idée d’en faire un clip mais pour créer des souvenirs indélébiles. Soko raconte : « Nous avons décidé de mettre ces images sur le plus intime des morceaux. Les ‘Rainbow families’ ont besoin de plus de représentation, donc c’est un moyen de rappeler aux gens que ça existe une famille gay très heureuse. » Un moment de perfection et de douceur dans lequel il fait bon se plonger.

Namoro – Echos

Namoro, nous avions eu la chance de les découvrir au Co alors que les deux musiciennes faisaient un release party semi-confinée pour la sortie de leur très bel album « Cassia Popée ». C’est d’ailleurs le mythe de cette figure imaginaire non binaire, aux trois yeux et aux trois bouches, un souvenir que l’on s’invente pour mieux s’y reconnaitre, que raconte cet album construit et surprenant où trips chamaniques riment avec électro moderne. Avec leurs voix de sirènes, les musiciennes reviennent avec le morceau « Echos » et ses paroles très fortes. Pour habiller ce titre aussi puissant qu’enivrant, Namoro l’illustre avec un clip mettant en avant les marches lesbiennes  à travers des images de manifestations et rassemblements lgbtqi+ du XXeme et XXIeme siècle. Un titre et des images en miroir avec une histoire qui se joue encore aujourd’hui. Avec force et bienveillance, les musiciennes rassemblent et militent : « N’oublions jamais que nous sommes là depuis toujours et qu’on ne laissera personne nous empêcher de quoi que ce soit !  » ajoutent-elles. Aucun besoin d’attendre le mois de juin pour que le message fasse sens.

Skip The Use – The Story Of Gods And Men

L’unité tient à coeur à Skip The Use. Le groupe mené par l’inénarrable Mat Bastard n’a de cesse de véhiculer des messages positifs à travers ses compositions et ses clips. Des messages de luttes sociales nécessaires, avec la force et la détermination du rock, du vrai qui n’a pas froid aux yeux. « The story of gods ans men » n’échappe évidemment pas à cette règle. Sorti en 2014, il est peut-être même la synthèse des thématiques qui tiennent à coeur au groupe. Pour donner de la force à son message, le combo a choisi de reconstituer les tableaux les plus emblématiques de l’histoire, d’Eugène Delacroix à Michel-Ange. Il y met en avant ceux qui parlent de combats et d’engagements et se les réapproprie pour mieux parler d’unité. Les thématiques y sont nombreuses alors que l’espoir prend toujours la dominante de cet appel très clair à l’unité. Les différences peuvent être belle, la violence est une hérésie, rappelle le groupe à juste titre.  Une façon de faire réfléchir ses nombreux fans comme il se plait à l’évoquer, petit pas par petit pas, les choses peuvent toujours évoluer.

Ruby Rose : Break free

C’est en juillet 2014 que sort le très puissant clip de « Break Free » signé Ruby Rose. Mannequin, animatrice, DJ, actrice, elle a depuis beaucoup fait parler d’elle à travers le monde notamment grâce à son rôle dans la série « Orange is the new black » dans laquelle elle jouait en 2015 et 2016. Il est apparemment possible pour une personne d’avoir tous les talents puisque ce morceau s’avère être une prouesse instrumentale entre voix aérienne, mélodie soignée et  montées en puissances raffinées. Pourtant c’est surtout son clip qui saura retenir l’attention. Contextuellement, si 2014 parait proche, beaucoup de choses ont eu le temps d’évoluer et ce pour le mieux. En ces temps pas si reculés, il était encore rare de parler de trans identité, d’expression du genre et de sortie des statuts co. L’idée même pouvait être marginalisée. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles ce « Break Free » dont la réalisation sensible est tout simplement sublime aurait du être diffusé en boucle absolument partout. Sa thématique puissante touche et ouvre les esprits. Indémodable et  toujours essentiel.

Miley Cyrus -Mother’s Daughter

Tout comme Taylor Swift, Miley Cyrus tient à parler de son engagement féministe. La chanteuse aux milles facettes qui a su, n’en déplaise à certain.es, créer un véritable renouveau d’une pop mainstream, le prouve à nouveau à travers le clip de son titre « Mother’s Daughter ».  Elle y traite du droit de chaque femme à disposer de son propre corps et en profite pour mettre en avant une partie de la diversité féminine. Un droit toujours bafoué à travers le monde et qui est toujours l’occasion de juger et de débattre. Comme toujours, la chanteuse n’hésite pas à utiliser des images fortes et ne fait aucune concession.  A ses côtés on retrouve les mannequins transgenres Aaron Philip et Casil McArthur mais aussi la danseuse Amazon Ashley et même la mère de Miley Cyrus. Un clip puissant qui habille un moment de pop bien sentie et moderne. A ne pas manquer.


THEE DIAN

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Namoro : échappée au soleil le temps d’une release party (reportage)

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Mat Bastard milite à Solidays et adresse un message aux lecteurs de Pop&Shot (Vidéo)

Le grand Mat Bastard a plus d’une corde à son arc. L’ancien leader de Skip…


 

 

chris garneau
Credit: Chris Garneau & Adam Liam Rose

Le chanteur américain Chris Garneau a profité de l’automne pour dévoiler deux nouveaux titres en amont d’un nouvel album prévu pour début 2021. Porté par ses compositions sublimes et sa voix envoûtante,  il dévoile des titres puissants et à fleur de peau. Pour PopNshot il revient sur ses compositions mais aussi son engagement auprès de la communauté Transexuelle, queer et afro-américaine. Il parle sans tabous de la crise de la Covid-19 aux Etats-Unis, des élections américaines, d’homophobie et transphobie de la part du gouvernement Trump,  dépeint une Amérique divisée qui ne laisse pas assez de place à l’art et livre un très beau message d’espoir. Interview essentielle.

  • En France, la crise de la Covid 19 a fait fermer la plupart des lieux de concerts et les clubs. Est-ce pareil aux USA?
Chris Garneau : Oui, ici aussi toutes les salles sont fermées. Il y a eu quelques exceptions cet été avec des concerts en extérieur et distances sociales. Mais oui tous les lieux de concerts en intérieur sont fermés, peut-être à l’exception de ceux situés dans certains états républicains où ils se foutent que les gens meurent.

 

  • Le gouvernement américain aide-t-il les artistes dans cette période de travail réduit ?
Chris Garneau : Depuis avril on peut toucher une toute petite somme de chômage. Les 12 premières semaines de pandémie, le gouvernement fédéral nous donnait une paye supplémentaire qui était une bonne aide, mais le sénat Républicain n’a pas réussi a maintenir ces frais, du coup la plupart d’entre nous ne touchons plus ces sommes. C’est évidement problématique. Heureusement, je touche des royalties, je ne sais pas ce que je ferai sinon en ayant ni assistance, ni travail. C’est un cauchemar pour des millions de personnes en ce moment.

 

  • Aux Etats-Unis, comment les artistes réagissent-ils à cette crise ? Une entre-aide s’est-elle développée ?
Chris Garneau : Ici, en cas de crise, les artistes sont les premier à s’engager et à chercher à récolter de l’argent pour aider tout le monde, ce sont eux qui réagissent le plus vite. On ne voit jamais un groupe d’employés de grandes entreprises se jeter sur les réseaux sociaux pour récolter de l’argent. Les artistes comprennent surement mieux la notion de crise en général, c’est cette même force qui nous pousse à travailler dans ce secteur et à aider même les inconnus.
La peur palpable que notre gouvernement ne devienne entièrement fachiste sont à mon sens de bons carburants artistiques et poétiques.
  • Est-ce que ces temps particuliers ont inspiré ta musique ou souhaites-tu au contraire y traiter d’autre chose ?
Chris Garneau : Je ne traite jamais dans l’immédiateté d’une situation. D’ailleurs je ne sais pas à quoi ressemblerait une chanson qui parlerait de pandémie ou de quarantaine mais je ne pense pas que ce serait très bon (rires). En revanche, les difficultés dans lesquelles nous plongent cette crise, ça c’est autre chose. Depuis le début de cette crise beaucoup de choses ont été révélées. La définition de ce qu’est un « travailleur essentiel » par exemple. La brutalité policière et cette guerre raciale qui a suivi sont à mon sens directement liés à ces révélations. La peur palpable que notre gouvernement ne devienne entièrement fachiste est à mon sens un bons carburant artistique et poétiques.
Cela dit j’ai sombré dans le tourbillon infernal dans lequel j’ai vécu il y a quelques années et c’est sur ce passé que j’ai eu envie de composer. Mon dernier album « Yours » et plus particulièrement  le dernier morceau de l’album « No Universe » parle de l’éradication de l’espèce humaine sur notre planète. Pourtant étrangement aujourd’hui j’écris sur l’amour. L’amour dans sa forme hétéronormée est à mes yeux une idée extrêmement sévère et ce que j’essaie de faire c’est de laisser couler. J’ai pour but de transformer la perte qu’elle soit liée à une rupture ou un décès ou tout autre chose, pour construire une forme de résilience qui me sera bénéfique. Sous toute souffrance il y a du bon. En tant que personne blanche libre j’ai de l’espace pour négocier et ajuster mes conditions de vie. Je le dis en toute humilité. Je trouve ma principale source d’espoir dans le fait d’être là pour les autres, que se soit un voisin ou un inconnu, et dans le fait de me dire qu’en retour il sera là pour moi. L’espoir est immédiat, pas l’idée abstraite que tout ira bien dans 10 ans. Pour avoir de l’espoir tu dois avoir conscience que tu devras faire des choses vraiment difficiles, aujourd’hui comme dans le futur, tout particulièrement maintenant. Et que ce sera toujours le cas.

  • Le clip de « Not the child » est inspiré par la distanciation sociale. Que peux-tu nous en dire ?
Chris Garneau :Cette vidéo a été conçue dans ce que j’appelle le plus exquis des cocons. J’ai la chance de vivre entre New-York et Upstate où nous avons pu passer une quarantaine sécurisée et paisible avant de pouvoir recommencer à travailler avec du monde. Jeremy Jacob qui a réalisé  le clip a tout crée de ses mains. Tout ce que l’on voit à la fin du clip a été  méticuleusement crée  pendant des semaines cet été dans son studio. Chaque plan que l’on y voit a été pensé et mis en place en amont. C’est également lui qui a édité la vidéo. Il a réellement donné vie à sa vision de la façon la plus belle et la plus déterminée possible.
Jack Ferver a chorégraphié la vidéo . Il a pris un grand soin à créer son mouvement : sa première mission est de s’assurer que tout soit confortable pour le corps avec lequel il va travailler. Il a donné forme à de jolis mouvements pour les bras et les mains et ainsi donner vie au travail de Jeremy. La vidéo progresse ainsi avec des secrets, des symboles et des mouvements du corps qui se connectent entre eux comme des codes jusqu’au plan suivant. Quant à la cinématographie de Daniel Rampulla, elle est vraiment riche et raffinée. Il a travaillé pendant des semaines pour obtenir la meilleure lumière possible aux différentes heures de la journée.

 

  • « Not the child » parle de laisser partir l’enfant en soi pour devenir un adulte responsable. Dans le monde actuel, quels types de responsabilités penses-tu que l’on doive prendre ?
Chris Garneau : Je dirai que ce morceau au delà du fait de laisser l’enfance derrière soi parle surtout du fait qu’en tant qu’adulte temps que tu es libre et non opprimé, rien d’autre ne peut être fait pour toi. J’y traite du fait qu’en tant qu’adulte qui a subit des traumatismes dans son enfance, je n’ai plus besoin de vivre dans cette peur aujourd’hui. On ne doit pas simplement abandonner l’enfant que nous étions, on doit trouver l’enfant que nous n’avons pas pu être, se rappeler que nous n’avions pas la capacité de parler comme nous le souhaitions, que ce n’était pas de notre faute et enfin saisir tout l’avantage de vivre en tant qu’adultes libres.

 

  • Ton nouvel album « The Kind » sortira en janvier. Comment le décrirais-tu ?

Chris Garneau : C’est l’album le plus international que j’ai fait de ma vie. Il traite de  modes de comportements, de codes, d’homophobie internationale, de construction sociale, de relations intimes et secrètes, de noirceur, de guérison. A titre personnel , ces morceaux couvrent un moment particulier de ma vie durant lequel je me remettais d’années de traumatismes. Patrick Higgins l’a produit avec bienveillance et patience. La plupart de cet album est un mélange de piano/ voix souvent joués et enregistrés ensemble auxquels s’ajoutent la basse et la batterie. Le rendu est très cru mais a été enregistré en HIFI donc ce sera intime, viscéral et pourtant luxuriant et expansif.

  • Comment s’est déroulé l’enregistrement ?

Chris Garneau : J’ai commencé à travaillé avec son producteur à l’automne 2018. Il possède un studio à Hudson ( NY) où j’habite. Pendant deux ans, nous avons fait des allers-retours en studio avec des pauses pour laisser les mixes respirer et me permettre de composer d’autres titres.

Le studio est situé dans une église luthérienne du 19ème siècle. On a enregistré dans le hall principal. Patrick est capable de créer des cabines sonores qui vont à tous les morceaux. Donc qu’on enregistre du piano, du chant, un quatuor de cordes ou un orchestre symphonique il saura créer les conditions et capturer les sons dont il aura besoin.

Chaque titre a été entièrement écrit avant d’être enregistré. Comme sur mon premier album le piano et le chant ont été enregistrés ensemble. Il n’y a pas eu de modification des titres en dernière minute. Ce qui a permis à Patrick de se focaliser sur les détails et d’atteindre le potentiel de chaque morceau.

Durant les 6 premiers mois de 2020, 30 personnes trans se sont faites assassinées

  • Tu penses tourner pour cet album ?

Chris Garneau : Si les salles de concerts ouvrent je voudrai venir en France et en Suisse cet hiver. J’espère faire le reste de l’Europe au printemps / été 2021 et que je pourrai également tourner aux Etats-Unis courant 2021.


  • Les bénéfices de ton titre « Now On » ont été reversés à l’association Black Trans Advocacy Coalition. Pourquoi cette cause est-elle importante pour toi ?

Chris Garneau : Le taux de personnes noires transsexuelles assassinées aux Etats-Unis est vraiment alarmant. Les femmes transsexuelles de couleur sont tout particulièrement ciblées. Ces femmes ne sont pas protégées ici et souvent les policiers font l’impasse sur ce qui leur arrive. Il n’y a pas d’enquête, le pays fait majoritairement la sourde oreille à ces problèmes et  seuls semblent s’y intéresser la communauté Trans elle même et les organisations souvent crées par des membres de cette communauté. Durant les 6 premiers mois de 2020, 30 personnes trans se sont faites tuées et parmi elles 20 étaient des femmes noires. Aujourd’hui la 33ème personne trans a été tuée dans ce pays.

Pour amplifier le problème, l’administration encourage la haine envers la communauté LGBTQ+ et a enlevé des droits aux travailleurs trans (ce qui n’avait pas été le cas depuis la problématique de l’armée en 2017). D’un autre côté, nous avons eu une victoire cette année devant la cour suprême en juin  alors que les droits des personnes trans et gays au travail seront enfin  protégées fédèralement. Mais avant ça, il faut se dire qu’il était légal dans 26 états de renvoyer quelqu’un parce qu’il était membre de la communauté LGBTQ+.  C’est un droit humain basique qui a été acquis pour nous par une femme trans : Amy Stephens, qui est malheureusement décédées avant que ce jugement n’ait pu être prononcé. Les femmes trans se battent pour les droits queer depuis Stonewall. Ces droits civiques ont été accordés dans d’autres pays que les USA et je pense que les femmes trans créent la voie des droits de la communauté queer dans tout le monde occidental que l’on connait. C’est la raison pour laquelle il faut les soutenir et les protéger. Comment ces mêmes personnes qui se battent pour nos droits peuvent-elles être tuées à des taux si élevés ? C’est à nous aujourd’hui de soutenir les communautés trans mondiales et les femmes trans de couleur.

La vie Trans est sacrée. Les femmes Trans sont des femmes. Les hommes Trans sont des hommes. La vie non-binaire existe et est sacrée.

  • Un millier d’auteurs.trices de livres anglo-saxons et leur entourages  se sont unis pour signer une tribune en soutien officiel à la communauté trans ( parmi eux on retrouve Stephen King, Margarette Atwood, Roxane Gay…). Qu’en penses-tu et imagines-tu une initiative similaire dans la musique ?

Chris Garneau : Je pense que c’était absolument nécessaire et que ça aurait dû arriver bien avant. C’était un moment crucial pour que les auteurs.trices se levent face aux mots violents utilisés par JK Rowling  qui sont diffusés à une large audience et dans le monde littéraire. Elle a prouvé être une voix dangereuse qui cherche à diviser et qui s’oppose aux droits des personnes  Trans. Il était nécessaire que les auteurs.trices s’insurgent contre ses actes vicieux. La vie Trans est sacrée. Les femmes Trans sont des femmes. Les hommes Trans sont des hommes. La vie non-binaire existe et est sacrée.

Quatre nouvelles années d’administration Trump détruirait tout chance de vivre de métiers artistiques.

  • Alors que les élections américaines battent leur plein, comment la victoire de Biden ou de Trump impactera-t-elle vos vies? La culture est-elle un sujet politique majeur chez vous ?
Chris Garneau : Ce dont nous avons besoin aujourd’hui c’est d’une possibilité de respirer et c’est ce que l’élection de Biden donnerait à notre démocratie.  La culture n’est pas respectée aux USA et ce n’est pas un sujet politique. Le gouvernement Trump a supprimé les fonds du National Endowment of the Arts dès son arrivée au pouvoir alors qu’il était déjà particulièrement bas. Nous avons quelques programmes qui permettent de donner de l’argent public aux arts mais ils sont presque invisibles.  Quatre nouvelles années d’administration Trump détruirait tout chance de vivre de métiers artistiques. L’élection de Biden pourrait, nous l’espérons, donner une nouvelle dynamique dans le futur. Nous avons vu de l’espoir dans le choix de sa vice-présidente : Kamala Harris qui serait la première femme à ce poste de l’histoire, qui plus est la première femme de couleur à ce poste de l’histoire. C’est un bon début. Harris pourrait travailler à la Maison Blanche et travailler avec AOC de New York. Nous devons d’abord gagner cette élection. Les temps ont été très difficiles aux USA, nous n’avons rien vu de pareil dans une vie entière. Je ne pense pas que nous reverrons cela de si tôt, nous en sommes à un point de non retour.
  • En tant que chanteur américain qui a vécu en France, quel est ton point de vue sur la gestion de la crise de la Covid 19 en France ?
Chris Garneau : J’aimerai en savoir plus sur ce qui se passe pour vous. Je suis en contact avec des amis, mon agent et mon publiciste en France, mais j’ai l’impression que tout le monde attend de voir ce que les prochains mois réservent. Tout le monde traverse une remontée des cas Covid. La France avait bien réussi à ralentir l’épidémie en mars, avril et mai. Mais à force les gens semblent en avoir marre de faire si attention et veulent retourner à une vie sociale normale. Jusqu’à l’imprudence. Je sais que l’Allemagne s’en sort bien. On devrait suivre son modèle. Si les salles sont ouvertes et que c’est sécurisé je viendrai jouer en France en 2021. Mais je ne le ferai pas si ça risque la vie des gens. J’espère que les plus grandes précautions sont mises en place dans les salles ouvertes. Pour moi si les restaurants peuvent ouvrir en intérieur, les salles devraient pouvoir faire pareil avec un processus strict. Apparemment il faudrait ouvrir à jauge excrément réduite , porter un masque tout le temps, mettre du gel hydroalcoolique, ne pas consommer de boisson ni de nourriture, maintenir la distance appropriée entre les convives ( c’est ce qui se fait en France depuis la réouverture des salles de spectacles qui appliquent à la lettre toutes les consigne NDLR), ce serait pour moi la meilleure façon de reprendre…

 


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Stephen King, Margaret Atwood et plus de 1000 auteurs se mobilisent contre la transphobie

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