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Festival Chorus
Festival Chorus – Crédit photo : Louis Comar

L’an dernier, le fameux festival des Hauts-de-Seine, dont la nouvelle formule à la Seine Musicale avait été rodée en seulement quelques années avait bien eu lieu en juin. Au programme, une sélection hip hop et beaucoup de soleil pour accompagner l’un des premiers festivals à revoir le jour. Il va s’en dire que l’édition 2022 était des plus attendue d’autant que, le Monde n’aspirait plus qu’à danser. Seulement voilà que la météo avait bien décidé de faire des caprices. C’est ainsi que c’est sous une pluie battante qu’un public s’est déplacé en masse ce soir pour retrouver le chemin de la salle de Boulogne.

Une expérience festivalière léchée

Si ce temps dont il est si bon se plaindre a forcé quelques spectacles à se déplacer in door, la fête elle promet d’être folle. Loin de se contenter de miser sur une programmation dense, le festival a choisi cette année de jouer sur une session où tout est fait pour satisfaire un public varié. Exit donc les simples food trucks entre deux concerts, l’audience majoritairement jeune, mais pas que, est invitée à un grand show aux nombreuses paillettes. Par paillettes, il faut penser au mot littéralement puisqu’un stand de maquillage se tient dans les premiers mètres qui séparent le festivalier de l’entrée du lieu. La queue s’y fait vite dense alors que nombreux.ses sont celles.eux qui en ressortent étincelant.es. C’est déjà bon signe, rien de mauvais ne peut sortir d’un lieu pailleté.

Festival Chorus
Festival Chorus – Crédit photo : Louis Comar

Autre nouveauté : deux fripes ont posé leurs valises dans l’enceinte de la salle. L’une offre des panoplies tout droit sorties d’années 90 fantasmées rayures et chemises à motifs en tête de liste. On peut s’y faire plaisir pour la bonne cause puisque les bénéfices seront, c’est promis, reversés au SAMU social. Bonne nouvelle on peut lutter contre la surconsommation de la fast fashion, un vrai fléau s’il en est tout en donnant aux bonnes oeuvres. Mieux encore les excellentes Balades Sonores ont pris d’assaut un stand avec leurs poches pleines de vinyles ( et une sélection issue de la programmation en tête de liste) pour faire plaisir aux plus grands amateurs de musique. Et si vous n’avez pas trouvé votre bonheur en ces murs, passez les voir rue Trudaine dans leur caverne aux mille merveilles gouvernée par Pepito le chat, vous y trouverez tout ce dont vous rêvez.

Festival Chorus
Festival Chorus – Crédit photo : Louis Comar

Époque nostalgique veut (et à raison, dire que c’était mieux avant en un temps de pandémie et de guerre n’a plus rien de l’adage d’un vieux con en mal de son adolescence) les années 90/ 2000 ont aussi pris une place centrale dans l’immense salle aux nombreux couloirs. Des écrans de télévision rétros et une deux chevaux font ainsi office de scène pour DJ sets. Pour parfaire le tout une bande costumée, entre strass et chemises ouvertes arpente les lieux. Fitness humoristique, pompes mais surtout danse aux airs de fête populaire se tiennent en son centre.  Le public est là, unis avec la tête un peu éloignée des élections qui arriveront dans deux jours.

Le décors est posé et il rayonne. Tant mieux, dehors il fait toujours trop froid. C’est à 19 heures que la programmation se dévoile enfin. Mieux vaut porter des chaussures confortables, il s’agira de courir d’une salle à une autre.

A salles variées, programmation pluri.elles

C’est donc les énervés de Johnnie Carwash qui ouvrent le bal sur la scène Club Rififx en souterrain. Comme le soulignera plus tard Maëva Nicolas de Bandit Bandit, le groupe fait en plus partie d’une scène française rock qui met more women on stage dont sa chanteuse. Le public est encore peu nombreux, certes, mais il est aussi hyper réceptif. Normal, la force garage d’une formation jusqu’au boutiste qui s’ose à un univers touchant au punk tape juste et fort. Impossible de rester impassible face à une déferlante d’énergie qui réveille plus que la douche liée à la pluie extérieure (il sera bon se plaindre de ce temps médiocre au mois d’avril encore un peu) et a le bon sens de réchauffer. Johnnie Carwash a autant de peps que de style et ce retour du rock français mérite toujours d’être soutenu au moins parce qu’il rime avec espoir.
C’est d’ailleurs grâce à notre combo qu’on pourra croiser hors scène mais dans les couloirs, la moitié d’Ottis Coeur, la tornade Margaux, autre groupe rock féminin divinement qualitatif et qui signe également les illustrations du groupe.

La soirée ne fait que commencer et voilà déjà que c’est à l’auditorium qu’il faut courir pour apprécier un spectacle bien particulier à la scénographie à couper le souffle : celui de Lucie Antunes. En préambule, il est important d’évoquer que la musicienne fait partie du renouvellement d’une scène 100% instrumentale qui s’ose sans vergogne à s’aventurer dans des contrées d’explorations musicales loin des genres des et des sentiers battus. A tel point qu’il est essentiel de vivre ses performances pleinement et comme un tout où l’intelligence du spectateur est autant flattée que son sens esthétique. Machine rodée oui, sophistiquée surtout, la musicienne s’entoure de bras mécaniques pilotés par le collectif Scale, qui se colorent et se déploient avec la beauté d’un ballet classique à mesure que les notes défilent. Qu’il est bon de découvrir de véritables propositions scéniques. Côté instruments l’électro la dispute aux percussions, maîtresses d’un moment aussi hypnotisant qu’élégant et millimétré. Un spectacle dont il est difficile de se lasser et vaut son pesant de billet verts.

Urbain sur Seine

Sam Wise - Chorus - 2022
Sam Wise au Festival Chorus 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Dehors donc, il fait un froid qui attaque les os. La pluie a quand même décidé dans sa grande bonté de calmer le jeu et peut-être qui sait, de se dire que c’est bon personne n’est venu là pour souffrir, la semaine dernière il neigeait quand même. En ce 8 avril donc, c’est sur le parvis qu’il faut tremper ses chaussures dans les flaques d’eau. C’est un londonien qui nous y attend, heureusement, eux ont l’habitude des températures basses. Sam Wise y débarque avec une certaine simplicité, sweat sur les épaules et DJ en arrière scène. Il distille un hip hop bien senti et accrocheur sous l’oeil bienveillant d’une poignée d’étudiants qui en profitent pour faire des selfies. La machine est huilée, les basses tabassent, le flow est bon. Basique peut-être mais n’est ce pas le mot qui a remis Orelsan au coeur de toutes les conversations. Il discute d’ailleurs volontiers avec l’audience et l’invite à un petit jeu « Quand je dis Sam, vous dites Wise » … « Sam ?!!! » « Wise » répond elle. Heureusement son nom a assez de gueule pour valoir d’être scandé par une foule, pas sûr que Michel Dupont aurait autant la classe.

L’air du hip hop est bien présente, c’est chose connue. C’est pour ça d’ailleurs que le festival avait l’année précédente fait la part belle à un rap français qui fait vibrer dans les cours de récré. Mais le rock lui, reprend une ascension fulgurante jouant d’un retour aux fondamentaux : les caves, les sons crasseux, les voix caverneuses. D’ailleurs sous sa mèche de cheveux volante, le chanteur de Dawaere cache une voix bien rauque et surtout bien rock. La scène post-punk est dans la place de soir, le timbre à la Idles en plus (certains diraient à la Nick Cave mais auraient-ils raison ?), la touche énervée en bonus suprême. Les guitares saturent et la petite scène du Club Riffix commence à bien se remplir. L’envie de pogoter est là, l’énergie tape partout comme des ondes qui tabassent. Tous les coups ne sont pas fait pour faire mal et cette claque derrière la tête fait office d’oasis dans une programmation plus grand public. A moins qu’elle ne soit pas celle que l’on croit.

Casser les codes

Un petit tour par la grande scène où l’on croise Pi’erre Bourne et son hip hop à la mode US pourrait bien faire mentir cette dernière phrase. Un écran géant en arrière scène lui permet d’ailleurs de s’afficher sous forme de dessin animé, dollars dans les mains à travers ses aventures. Le bonhomme s’offre un bain de foule dès le premier titre, la fosse est bouillante (contrairement à dehors où vous a-t-on dit qu’il faisait froid ?), le hip hop a la saveur d’un tour en low rider. Chill, classique, sautillant, un brin peut-être hors loi et la sauce balancée n’est pas pour déplaire.

Pourtant il est temps de revenir un paragraphe plus haut, sur ce cliffangher complètement fou, quelle scène n’est pas celle que l’on croit ? On dit que des jeunes qu’ils ne connaissent plus la vraie musique. C’est faux, l’habit de fait pas le moine (cachez vos grands-parents, les meilleurs proverbes sont de sortie, ça va swinguer). Et c’est Sofiane Pamart qui vient révolutionner le jeu. Il est fascinant de voir le succès tant mérité que s’offre cet artiste hors normes. Vêtu comme un DJ dans le coup ou un rappeur zélé, c’est en réalité un prodige du classique qui se cache derrière des vestes argentées et des casquettes. D’aucun dirait qu’en trois accords à la Chopin, dont il a, c’est indéniable le magnifique touché, l’audience s’enfuirait. Après tout qui écoute encore du classique ? Tout le monde à priori, c’est d’ailleurs pour lui que le festival est aujourd’hui si rempli. La file d’attente est sans fin, et nombreux seront celles.eux, déçu.es qui ne pourront assister à la performance de la soirée donnée dans l’Auditorium. Difficile d’en dire plus, puisque les rédacteurs de ces lignes auront eux aussi dû rester à la porte. Il sera pourtant rapporté de source sûre que de nombreux rappels auront lieu ce soir et pour l’avoir déjà vu performer, il sera aisé de largement conseiller de prendre des places au plus vite pour son prochain concert près de chez vous. Son album est également disponible sur le stand des Balades Sonores. Cette claque là est peut-être la plus forte, en un temps où l’accès à la musique est illimité, le classique peut encore avoir la cote si tant est qu’il perde son recul prétentieux faussement élitiste.

Une autre difficulté de circulation empêchera de bien profiter du show de French 79 en extérieur, là où il ne fait pas bon, les blagues les plus longues sont les meilleures. Les stands sont pris d’assaut, tous les visages sont pailletés et il faut attendre longtemps pour se délecter d’une bière ou d’un cornet de frites. Rien de bien grave, quelques pas de danse au centre de la salles, quelques morceaux issus des scènes 90’s/ 2000 et voilà que la bonne humeur perdure.

Barre de Paul Dance

Il est 23 heures 45 et la billetterie débite encore quelques tickets, normal, Paul Kalkbrenner débarque sur la Grande Scène. Cette dernière est pleine à craquer et quand le DJ entre dans l’arène tous les portables sont braqués sur lui. Ce sont autant de petites étoiles dans la nuit agitée. Les smartphones en poches et voilà que l’assistance se met à danser frénétiquement. Pas besoin d’artifices pour ce grand monsieur qui devant un écran aux jeux simples balance du très gros son. Les corps ondulent, les notes aussi, la fête est folle et si belle quand un public vibre en choeur.

Reste à saluer la dernière woman on stage de la soirée dans son immense duo Bandit Bandit. Le couple de Bonnie & Clyde à la française déborde d’une énergie communicative. Certains de leurs titres, références voulus à une scène française passée et plutôt 60’s leur valent la réputation de groupe OVNI qui peut séduire tout en se regardant amoureusement dans le blanc de l’oeil. Le couple ce soir a pourtant décidé de sortir les grosses guitares qui balancent. Maëva, la chanteuse est possédée, elle se rend dans le public, danse les cheveux dans les yeux, le tambourin à la main. Sa tendre moitié,  Hugo Helerman, de noir vêtue, donne à sa guitare des notes sensuelles. Sur « Maux » les deux s’offrent une danse endiablée en duo, bouche contre bouche, où confrontation et passion se marient si bien. Ces quelques instants ont une cinématographie à la pureté indéniable, un grain de folie communicatif et tapent fort dans l’amour fusion. La musicienne prend le temps de présenter un morceau personnel, s’attardant sur sa condition de femme malédiction ou bénédiction, qu’il aura fallu appréhender mais son rock lui, fait mouche bien au delà de toute considération genrée. S’il faut encore le dire alors oui, les femmes aussi savent faire un rock incisif et sans concession, que l’affaire soit ainsi prouvée.

Bandit Bandit - Chorus - 2022
Bandit Bandit au Festival Chorus 2022 – Crédit photo : Louis Comar

La soirée terminée, il faudra tout de même rentrer, la pluie s’est arrêtée, le froid lui ne compte pas encore s’en aller. Tant pis, s’il est bon se plaindre en musique, la chaleur humaine, elle, est l’épicentre de tous les festivals.


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Thérèse Toxic
crédit : Marilyn Mugot

Elle nous a séduit alors qu’elle remportait le tremplin du Zebrock avec La Vague, la tornade Thérèse est de retour et cette fois-ci en solo. Il faut dire que le confinement a permis à la chanteuse, musicienne, styliste, icône de la bienveillance de se retrouver seule à seule avec elle-même.  De ce face à face sort un projet personnel, abouti et d’une modernité sans fausse note. Avec son aisance vocale, la lumineuse chanteuse entraîne son auditeur dans un tourbillon joliment écrit et parfaitement produit. Ce premier jet laisse présager le meilleur pour la suite. Un premier EP est déjà en préparation et une date de concert parisienne en octobre est également programmée. Thérèse a accepté de répondre à nos nombreuses questions concernant ce nouveau départ. Fascinante, engagée, la musicienne nous raconte son parcours, nous parle de relations toxiques à soi et aux autres, de l’avenir de La Vague mais aussi de la place de la culture dans notre société.

Retenez bien ce nom Thérèse ( T.H.E.R.E.S.E) vous assistez aux premiers pas d’une future grande étoile de la scène française.

Tu te lances en solo. Quel a été ton cheminement pour en arriver là ?

Voilà un peu plus de 3 ans qu’on avait monté La Vague avec John. C’était mon tout premier projet musical après une première vie qui ne me prédestinait pas du tout à la musique (bac S, prépa HEC, école de commerce, marketing dans une maison de luxe, burnout haha…). On a sorti 2 EP (« Serotonin » 2017, « Lemme Be » 2019), fait de super dates, aggloméré pas mal de monde autour du projet, c’était une super expérience ! Au fil du temps, j’ai grandi, en tant que personne. J’ai expérimenté différents métiers avant que celui de styliste me tombe dessus par hasard (ou pas), puis j’ai traversé des questionnements identitaires qui m’ont fait faire des rencontres, puis exposer publiquement ma démarche. A travers tous ces podcasts, tables-rondes etc. mes idées, mes convictions devenaient plus fortes, plus claires. Et j’ai eu envie de les assumer pleinement. De là est venue l’idée de monter un projet musical qui portait ces messages sans compromis. J’ai commencé à y songer en janvier dernier, sans trop me fixer de deadline. Puis le confinement est arrivé, me laissant le temps de me mettre à Ableton… La suite a été extrêmement rapide : Adam Carpels (producteur / beatmaker lillois) s’est proposé de se greffer au projet, ainsi que mes anciens partenaires (label, éditeur, DA, ingé son etc.), pour m’aider à porter cette vision. Quand les planètes s’alignent, il faut laisser les choses se faire !

En solo, il n’y a pas l’étape douloureuse de la confrontation dès la genèse.

 Comment composes-tu seule ?  As-tu l’impression de juger ton travail plus sévèrement en solo ?

Je démarre mes chansons seule, oui. Avec un texte, une mélodie et une prod plus ou moins aboutie selon les morceaux. Ensuite je passe le relais à Adam qui selon sa vision de la pertinence de la maquette, geeke sur les sons pour un rendu plus complet et propose aussi sa touche (harmonique, de structure, d’arrangements) que j’accepte ou non selon qu’elle entre dans la DA globale que j’ai envie de mettre dans le projet. Jusqu’à présent, j’ai vraiment le sentiment que son travail prolonge et complète le mien. A sa partie s’ajoute celle de mix et de complément de prod d’Alexandre Zuliani qui vient renforcer encore le propos.

Étrangement, je n’ai pas l’impression de juger mon travail plus sévèrement en « solo »… C’est presque plus léger comme processus. En fait, j’ai une idée, puis je la matérialise. Il n’y a pas l’étape douloureuse de la confrontation dès la genèse. Je peux aller au bout de ce que j’imagine. En revanche, il est important pour moi de travailler avec d’autres personnes pour enrichir le propos, ou parfois le simplifier quand je suis trop bavarde. Travailler en équipe permet de prendre du recul plus vite et d’être plus efficace au final. Puis c’est motivant de bosser en famille, c’est un peu comme ça que j’ai toujours fantasmé le métier ! Aussi, je pense que j’aurais du mal à « finir » les morceaux toute seule, pour des raisons techniques évidentes, mais également parce qu’au moment d’appuyer sur le bouton, psychologiquement c’est plus facile d’avoir plusieurs mains que d’être seule.

 Le titre s’appelle T.O.X.I.C., dans sa description tu parles de relations toxiques, même avec soi-même.  Souffres-tu de ce rapport à toi ? Tes rapports avec toi-même s’améliorent-ils en travaillant sur ce projet solo ?

Oui, évidemment 🙂 Mais de moins en moins, heureusement ! J’ai eu une éducation et une histoire qui m’ont rendue très dure avec moi-même. L’illusion de l’existence de la perfection imposée par mon père et par la société m’a rendue un peu tarée je pense. Et j’observe qu’on est très nombreux.ses dans ce cas ! Ce projet solo me pousse à assumer pleinement mes choix, mes convictions, mes décisions, mes erreurs. Quand tu portes l’image d’un projet seule (même si encore une fois je ne suis pas vraiment seule dans les faits, sur les plans créatif, opérationnel et financier), tu ne peux accuser personne d’autre que toi sur la tournure que prennent les choses. C’est une façon de me responsabiliser dans l’échec et dans la réussite vis-à-vis de moi-même et du public. Ça me fait plus peur, mais ça me rend plus forte je crois.

 De quelles autres relations toxiques as-tu souffert et comment se défait-on selon toi de ce type d’engrenage ?

Il y en a eu quelques unes : parents, amis, partenaires, collègues… Mais avec le recul, je me suis rendue compte que je n’avais pas réellement croisé dans ma vie de psychopathe qui me voulait délibérément du mal. En vrai, nos relations sont les miroirs de notre relation à nous-mêmes. La toxicité apparaît quand on est dans l’incapacité de fixer ses limites. Faire des compromis est essentiel pour bâtir une relation humaine, mais quand elle se fait à sens unique, de façon perverse ou simplement de façon non consciente, alors ce n’est pas un compromis.

Je crois que pour se défaire de ce type d’engrenage, il faut apprendre à se connaître, dans son entièreté. Et à partir de là, déterminer ce qui nous correspond ou non (situation, environnement, type de relation etc.) et délimiter son périmètre de liberté qui va nous permettre d’évoluer sainement avec soi et avec l’autre.

Ce que je défends, c’est l’acception de soi dans sa globalité : au niveau corporel, émotionnel et intellectuel.

 Tu prônes le body positive, l’acceptation de soi. Tout cela résulte d’ un grand travail sur toi-même. Peux-tu  nous parler de ton parcours personnel pour en arriver là et donner des conseils à celles. Ceux qui souffrent de leurs complexes ?

La notion de « body positive » seule m’a toujours posé problème. Car elle ramène à l’acceptation de soi uniquement au niveau physique. Or, ce que je défends, c’est l’acception de soi dans sa globalité : au niveau corporel, émotionnel et intellectuel. En effet, j’ai compris ces dernières années que pour combattre mes complexes physiques – si c’est de ça dont on parle – j’ai dû en parallèle bosser sur mon cœur et ma tête aussi. Car ces 3 piliers sont, à mon sens, interdépendants et forment un tout.

Je pourrais en parler des heures tant la recherche de cet équilibre est un sujet qui me passionne. C’est mieux développé sur ma chaîne YouTube, mais en gros, mon conseil c’est : creusez à l’intérieur de vous-mêmes pour vous connaître honnêtement, le bon comme le mauvais, et acceptez-vous, chérissez tout. Faites le bilan de ce que vous aimez chez vous, de ce que vous avez envie d’améliorer pour vous sentir mieux. Et bossez dessus. Testez des choses qui vont vous aider à vous développer (psy, sophro, sport, ostéo, astro…). Questionnez vos croyances, définissez vos propres concepts (« qu’est-ce l’amour, le travail, le bonheur etc. pour moi et comment j’atteins mon idéal ? »), trompez-vous, recommencez… Se libérer, c’est accepter cette fluidité.

Thérèse solo
crédits : Marilyn Mugot

 Ton titre est d’une grande modernité. On connaissait avec La Vague ta capacité à osciller entre les registres, à casser les barrières. Quelles ont été tes inspirations pour ce nouveau projet ?

Merci ! Que ce soit dans La Vague ou dans ce nouveau projet Thérèse, il s’agit toujours de mélanges. De fluidité, justement. On retrouve de façon assez logique dans ce projet des consonances avec La Vague, mais disons que le côté rock qu’apportait John a disparu au profit de mes influences plus hiphop et bass music UK qu’Adam arrive très bien à traduire. Le tout restant dans un format pop-électro, car, à l’image de ma position « politique », j’ai cette volonté de faire de la musique qui rassemble. Les influences asiatiques sont toujours là, plus feutrées. M.I.A reste une référence évidemment. Dope Saint Jude, Tommy Genesis, Billie Eilish, Die Antwoord, Skip and Die, Lexie Liu, Nicolas Jaar sont aussi des figures dont vous trouverez des échos dans les tracks à venir !

La Vague prendra fin lorsqu’on pourra organiser un concert pour vous dire au revoir !

Avec ce passage en solo, qu’en est-il de La Vague ?

La Vague est actuellement en vacances hahaha. Le projet prendra fin lorsqu’on pourra organiser un concert pour vous dire au revoir ! On va pas vous laisser comme ça après 3 ans d’aventure tous ensemble !

Un Ep se prépare, que peux-tu nous en dire ?

Qu’il sera magnifique. J’espère fort qu’il trouvera son public 🙂

 Le 10 octobre,  tu retrouves la scène au Hasard Ludique. Comment se prépare un concert dans les circonstances actuelles ? Quelles sont tes attentes et tes craintes ?

J’ai trouvé ça très beau que le programmateur du festival booke le projet avant même qu’un titre ne soit sorti (euh il a entendu toutes les maquettes quand même, je précise hein). Je me dis qu’il y a encore des gens qui font des paris. Ca donne vraiment envie de se défoncer pour honorer cette confiance. D’ailleurs on entre en résidence fin août à Lille (Maison Folie Wazemmes) pour monter le spectacle avec Adam et Théau (ingé son). J’ai super hâte. Je n’ai pas joué depuis tellement longtemps que j’ai n’ai aucune autre attente que me retrouver sur scène haha. J’essaie de me dire que j’ai de la chance de faire ce métier. Qu’une équipe entière y croit au moins autant que moi et me pousse à développer tout ce bordel à un moment où l’industrie n’en mène franchement pas large ! Mes craintes actuelles, c’est qu’on se retape un second confinement et que le concert soit annulé. Pour le reste, j’essaie de faire confiance à la vie. J’ai plein d’amour à donner et plein de place dans mon coeur pour en recevoir ! Ceci étant posé, je vous laisse maître.sse.s de votre décision ! En plus on me dit dans l’oreillette que l’entrée est gratos.

Ce fameux contexte actuel n’a pas été tendre avec la culture.  Elle a été malmenée, délaissée, en souffrance. En tant qu’artiste, selon toi, à quoi sert-elle, la culture ?

On a souvent dit que la culture, c’est ce qui nous différenciait des animaux (remember tes cours de philo de Terminale). Dans la société dans laquelle on vit, j’ai l’impression que la culture est ce qui nous empêche de devenir des robots. C’est ce qui nous permet de ressentir plus, de penser et voir les choses autrement, de questionner la vie, de rassembler physiquement des gens qui ne se seraient jamais croisés ailleurs, ou simplement d’échapper au quotidien souvent aliénant. Je trouve qu’on est à une période cruciale de l’évolution où il est important de se poser la question du type « d’humanité » qu’on souhaite pour le futur.


Découvrez le titre « T.O.X.I.C » de Thérèse

Si Thérèse s’est souvent revendiquée inspirée par M.I.A, elle n’a aujourd’hui plus rien à lui envier. Lui emprunter ses aisances vocales comme sa capacité à réinventer les genres et registres. Ce premier single « T.O.X.I.C » a l’audace des grosses productions américaines, elle en a le professionnalisme, le sens du  rythme mais aussi la capacité tubesque. Pourtant loin de ne reprendre que les codes pop qui font mouche outre-atlantique, et qui avaient leur place sur MTV quand MTV voulait encore dire quelque chose et n’était pas qu’un autocollant sur un tee-shirt tendance, la musicienne innove. Elle tord les codes, s’offre des accents HIP HOP, passe du phrasé au chanté, garde la fougue de ses débuts rock, joue des intonations de sa voix, met en valeur un texte au message aussi fort que joliment lyrique. Le refrain s’invite naturellement dans la partie pour mieux rester en tête. Ce « T.O.X.I.C » vous accompagnera volontiers en quotidien pour aller danser, peupler vos soirées, mais aussi en boucle dans vos oreilles et ce dès le réveil.  Bien plus addictif que toxique, il vous laissera chaos.

Si ce n’est pas déjà le cas, vous pouvez suivre Thérèse sur ses réseaux sociaux. Au programme, débats, féminisme, politique, cuisine, stylisme, musique et surtout beaucoup d’intelligence et d’écoute.

Therese single toxic


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