Premier film écrit et réalisé sans son frère Bobby, Peter Farelly, le réalisateur de Four d’Irene, Dumb and Dumber ou encore Mary a tout prix, nous livre un film aux antipodes de ses comédies potaches. Green Book, dont la sortie française est prévue 23 janvier 2019, est un road movie calibré, mais émouvant et sincère.
Porté à l’écran par Viggo Mortensen (Seigneur des anneaux, a History of violence, Captain Fantastic pour n’en citer que trois) et Mahershala Ali (acteur oscarisé pour Moonlight), le film a remporté le Prix du public au festival de Toronto 2018, et est également nominé aux Golden Gobles 2018, notamment pour les prix de meilleur acteur dans le premier et second rôle.
Nous avons eu la chance de le voir en avant-première en France ce 7 décembre 2018. Venu pour l’occasion présenter son film, Viggo Mortensen a pris quelques minutes pour expliquer sa difficulté première à se trouver légitime pour incarner un homme italo-américain puis sa décision de participer à ce film dont l’action se déroule dans les années 60 en pleine ségrégation américaine. Un film historique, mais dont les enjeux et les thèmes sont plus que jamais d’actualité nous rappela-t-il.
Un road movie classique qui fonctionne à merveille.
L’histoire ? Tony Lip est un employé de boite de nuit qui à l’habitude de gérer des situations musclées. Père de famille dévoué, il use de la verve pour arriver à ses fins. Alors qu’il doit trouver du travail, il reçoit une proposition pour un poste de chauffeur. Il découvre qu’il devra conduire et protéger Don Shirley, homme noir et prodige de la musique, lors d’une tournée de son trio sur les routes du Sud en pleine ségrégation.
Inspiré de la véritable histoire de Tony Vallelonga et Don Shirley, le film se présente sous la forme la plus classique des road movies américains. Deux hommes que tout semble opposer vont être contraints de passer huit semaines en compagnie l’un de l’autre. Si le scénario ne révolutionne le genre, la combinaison ne peut que piquer notre curiosité.
Tony est un homme blanc italo-américain du Bronx au revenu modeste ayant des préjugés raciaux sur les hommes noirs, mais sa générosité et son intelligence nous est montrée dès le début. Don Shirley est un homme raffiné et riche cachant mal sa solitude et sa soif d’amitié.
Le film renverse d’emblée la norme de l’époque : un blanc conduit un noir qui plus est cultivé et aisé. Le film nous entraine alors sur un autre itinéraire, celui de la découverte de l’autre, mais aussi de la violence qui perdure dans leur propre pays sur les routes du Sud. Iowa, Caroline du Nord, Mississippi. Plus Tony apprend à connaitre Don, plus les dangers les guettent.
Un jeu d’acteur renversant pour un film rempli d’espoir
La force du film tient de deux éléments : le rythme et le jeu des acteurs. Issu de la comédie (grasse ?) américaine, Pete Farelly offre ici un film élégant, mais aussi très drôle au sens du rythme hérité de ces comédies. Tout en finesse, Farelly pose les bases de cette amitié en jouant sur les contrastes et sur les caricatures de la culture américaine. Mais ces moments ne seraient pas aussi aboutis sans les jeux excellents de Mahershala Ali, brillant en pianiste génial luttant pour sa dignité et dont la solitude et la sensibilité ne sont que plus touchantes face à Viggo Mortensen, italien new-yorkais direct, sans compromis, mais non dénué de coeur.
Le scénario s’amuse de tous les antagonistes : noir/blanc, riche/pauvre, honnête/filou, patron/employé, cultivé/homme de la rue. Au fil de la route, le personnage de Tony découvre une Amérique raciste et hypocrite qu’il a toujours côtoyée sans en comprendre la portée. Compréhension qui arrivera par la construction de sa relation avec le personnage de Don Shirley, génie toujours réduit à sa couleur de peau et que la société prive de ses libertés fondamentales.
L’humour passe tout au long du film uniquement par les personnages, là où leur environnement n’est que façade et violence, et la réalisation joue la carte de l’émotion sans être intrusive ou dans le pathos. Face à cet humour, les moments dramatiques sont d’autant plus forts, glaçants et perturbants.
Sans jugement, ni drama, grâce à ce ton juste, drôle et optimiste, Farelly remet l’humain au centre de notre société. Il nous en rappelle sa complexité, mais aussi sa beauté. Green book est un film accessible qui invite à réfléchir à notre ouverture d’esprit tout en nous faisant rire. Indispensable par les temps qui courent.
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