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Alexandre Bertrand

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Paul vit avec sa femme, son fils et son beau père dans une maison isolée et barricadée. Deux règles : le jour, ne sortir dans les bois environnants qu’en étant accompagnés et la nuit, ne pas sortir du tout. Jusqu’au jour ou… Retour sur la bande annonce de It Comes at night, plus qu’intriguante et surtout prometteuse.

DR Sony Pictures/A24

Le deuxième film de Trey Edward Shults se dévoile peu à peu, au fur et à mesure que sa sortie française, le 21 juin 2017, approche à grands pas. Et le moins qu’on puisse dire c’est que la campagne mené par A24, le producteur/distributeur, est efficace. Une poignée de jours avant la sortie en salles, on a pas la moindre idée avec les visuels et les bandes annonces sorties de ce qu’il y a derrière cette porte qu’il ne faut surtout pas ouvrir et de ce qui vient la nuit… Pour un film de genre, le mystère reste l’élément le plus primordial et il est bien rare qu’il soit préservé de nos jours (cf le cas pratique des divers bandes annonces de Batman Vs Superman qui mises bout à bout dévoilaient la quasi totalité de l’intrigue avant même la sortie du film). Mais il faut croire que le mystère va être préservé jusqu’au bout.

Zombies, Aliens, Bigfoots, Fantômes, Démons… La menace qui pèse sur le personnage de Paul, incarné par Joel Edgerton ( The Thing, The Gift, Warrior), et sa famille reste diffuse. Bien sur, en regardant de plus près sur le Net, vous saurez d’ores et déjà un peu plus sur les éléments de l’intrigue. Mais pour une fois qu’un film ne tire pas toutes ses cartouches dès sa campagne de promotion et qu’il joue la carte du mystère, il serait dommage de passer à coté. Isolement. Bois mystérieux et oppressants. Une porte qu’il ne faut ouvrir sous aucun prétexte. Une menace qui apparaît la nuit. L’horreur repose souvent sur des éléments primaires qui font écho en chacun de nous et ce It comes at night sait bien en jouer pour donner envie de se précipiter dans les salles obscures et découvrir le deuxième long du prometteur Trey Edward Shults, ancien assistant du légendaire Terrence Malick sur The Tree of Life.

DR A24

A24 versus Blumhouse : Deux visions du genre ?

S’il a été dit plus haut que l’aura de mystère entourant le projet du réalisateur texan de It Comes at night était rafraîchissante et touchait au but, il est à noter qu’elle vient s’inscrire dans la volonté de A24 de promouvoir le genre, en laissant les coudées franches à ses auteurs. Green Room ( LE survival de 2016), The Witch, A Ghost Story. Autant de projets, sortant au final ses sentiers battus du genre balisé de la petite famille américaine agressée par une menace surnaturelle au sein même de son petit pavillon de banlieue. Même si The Witch s’est avéré être largement surcoté par rapport au buzz qui en avait été fait, sans nier les qualités dont il est bourré, réussir à promouvoir un film sur les pérégrinations d’une famille de puritains dans les sous bois de la Nouvelle Angleterre du XVIIème siècle, on a connu pitch plus aguichant…

Si ces projets ont pour eux d’être originaux, ils s’opposent en grande partie à la batterie de films de genre balancés à intervalles réguliers par Blumhouse. Il ne sera pas de nouveau fait mention de la déception Get Out (mais vous pouvez toujours jeter un œil sur ce que Pop&Shot en pense), mais pour un Split, combien d’Incarnate, The Darkness ou bien encore American Nightmare 3 ? Ne pas oublier aussi que Shyamalan, le réalisateur de Split était surnommé au début du siècle le « Nouveau Spielberg »… Meme si, depuis, c’est JJ Abrams et plus récemment Bayona qui ont pris le relais du « titre », cela laisse supposer un certain talent sous jacent…

Bref, en un mot comme en cent, si vous voulez savourer un (probable) bon film de genre, commencez par vous mettre en appétit avec la bande annonce de It comes at night ! Et aidez un certain cinéma de genre original à continuer à avoir du succès comparé au formatage de Blumhouse

 

DR Universal Studios

Le jeu promotionnel fait son oeuvre, les reportages sur la sortie le 14 juin 2017 de La Momie avec Tom Cruise et Russel Crowe en tetes d’affiche se précise. Simple nouvelle nouvelle nouvelle adaptation ou bien prémisses de quelque chose de plus original?

Le projet de remake de La Momie avait été suivi avec un intéret très mesuré, pour ma part, il y a quelques temps. Les versions avec Brendan Fraser dans les années 2000 avaient leurs défauts, d’accord. Mais pourquoi en refaire une version? Si vite? Est ce qu’il n’y a pas d’autres histoires à raconter? L’annonce de Tom Cruise au casting principal a par compte rendu le projet beaucoup plus intéressant…

Chaque génération a ses monstres sacrés. Gable. Flynn. Wayne. Stewart. Brando. Newman. Redford. Hoffmann. De Niro. Cette liste est non exhaustive et non,non ne commencez pas à hater car je compare Tom Cruise à ces illustres ancêtres. Il ne s’agit même pas de qualité de jeu à proprement parler mais d’aura, de charisme. A l’échelle d’une génération, la génération X, qui incarne le mieux un parcours commencé dans les années 80 et qui serait toujours d’actualité en 2017? Willis, Banderas, Cage, Gere, Depp se sont perdus au fil des années pour des raisons diverses et variées. Pitt joue jeu égal et DiCaprio sera le prochain. Jouer pour Spielberg, Kubrick, Coppola, Stone, Scorsese, Anderson, De Palma ou bien encore Pollack, forcément ça pose son homme…

La Momie dans le Dark Universe : La mode des univers partagés

Voici donc Tom Cruise à l’affiche de cette adaptation. Pas de film d’époque. Epoque contemporaine. Orienté action, le projet pouvait laisser craindre de devenir une énième franchise Cruisienne à la Jack Reacher ou Mission : Impossible. Sauf que… Marvel est passé par là! Marvel? L’élaboration du Marvel Cinematic Universe il y a bientôt de ça dix ans avec le premier Iron Man, puis Hulk, Captain America, Thor et enfin le succès du milliardaire Avengers a validé le concept d’univers partagés. La Distinguée Concurrence ( DC Comics) essaie de rattraper son retard et de sauver les meubles avec Batman Vs Superman, Wonder Woman et autres Justice League bombardés à intervalles réguliers… Et voilà maintenant que c’est au tour d’Universal Studios de nous annoncer son « Dark Universe« !

DR Universal Studios

Cruise. Depp. Crowe. Bardem. Et la petite nouvelle Boutella. L’Homme Invisible incarné par Johnny Depp. Russell Crowe en Jekyll/Hyde. Le Dr Frankenstein par Javier Bardem. Ainsi que des rumeurs insistantes qui font de Tom Cruise le nouveau Van Helsing! Tout ces grands noms donnent un aspect Ligue des Gentlemen Extraordinaires qui n’est pas déplaisant… Bref d’une énième adaptation d’un classique on se retrouve avec la porte d’entrée d’un tout nouvel univers. Qu’est ce que donnera La Momie qui sortira en salles le 14 juin 2017? On a hâte de le savoir et on ne manquera pas d’en parler. Mais pour bien des raisons, il fait déjà saliver…

Trois ans après le succès surprise du premier opus, la bande à Peter Quill, Gamora et autres joyeux drilles de l’espace remet le couvert sous la direction d’un James Gunn décomplexé. Au menu des Gardiens de la Galaxie 2, des retrouvailles familiales, l’Univers à sauver et le contenu de la Mixed Tape vol. 2 à découvrir. Pour quel résultat ? Pop&Shot vous dit tout.

DR Marvel Studios

On ne change pas une équipe qui gagne. C’est un lieu commun mais il saute aux yeux quand est présenté de nouveau les Gardiens de la Galaxie. Qu’une séquelle plutôt orientée action introduise ses protagonistes in media res semble judicieux, là ou c’est gênant c’est que l’on sent la volonté de coller à l’introduction de Peter Quill dans le générique tout en musique du premier opus. Innovation et répétition. Le savant dosage auquel doit s’éprouver toute suite à succès…

Pourtant tout commence pour le mieux avec une scène située dans les années 80 présentant Maman Quill et donc le mystérieux père de Peter Quill/ Star Lord : Ego joué par Kurt Russell. Pas besoin de balises spoilers, on est à peine à une minute de métrage quand est donné l’information… Assez malicieusement d’ailleurs, beaucoup d’informations sont donnés au cours de cette scène ou les progrès de la technologie sont affichés avec un Kurt Russell numérique rajeuni et à la crinière ondulante digne de l’époque de The Thing. L’époque de Benjamin Button semble révolue, tant les exemples se multiplient dernièrement, que ce soit avec Anthony Hopkins dans Westworld, Robert Downey Jr dans Civil War ou bien encore Johnny Depp dans la bande annonce du prochain Pirates des Caraïbes, pour des résultats toujours plus impressionnants.

DR Marvel

L’un des principaux points forts du film se trouve dans les coudées franches laissées à James Gunn pour réaliser la suite du succès surprise de Marvel. Là ou les autres franchises de la Maison des Rêves semblent s’enfoncer de plus en plus dans le formatage et la formule à succès répétée jusqu’à plus soif ( cf Dr Strange quasi remake du premier Iron Man avec une pincée de mysticisme histoire de différencier les deux), Gunn fait ce qu’il veut et ça se voit! Pas de références claires au reste de l’Univers Marvel (encore que… mais ce sera abordé plus loin dans l’article), si ce n’est à Howard The Duck. Plus de standards des années 70-80 en bande originale. Un Rocket Racoon lâchant plus de grossièretés. Du plaisir de geek biberonné à la pop culture des années 80 avec un Kurt Russell en protagoniste important mais aussi… Sylvester Stallone et David Hasselhoff en caméos franchement gratuits mais o combien jouissif ! Un Michael Rooker, éternel second couteau hollywoodien ( Jours de Tonnerre, Cliffhanger, Tombstone…), mis sur le devant de la scène par son ami et réalisateur d’Horribilis et Super, avec un rôle quasi aussi important que celui de Russell.

DR Marvel Studios
Les Gardiens de la Galaxie au grand complet!

Quelle différence y’a t-il entre avoir les coudées franches et être en roue libre? La frontière est mince, et parfois, on peut se poser la question de savoir si James Gunn avec les Gardiens de la Galaxie 2 n’est pas atteint du syndrome Peter Jackson sur Le Hobbit… Cette théorie, qui n’engage que son auteur, est que aussi talentueux que l’on soit, sans un minimum de contrôle/contrainte l’efficacité de l’auteur sera moindre et peut avoir tendance à se perdre en route… Ainsi, James Gunn cherche à se faire plaisir, sans trop se soucier du cahier des charges de Marvel et c’est rafraîchissant. Mais une part de fraîcheur, d’authenticité (si ce terme peut être appliqué à un film se passant dans l’espace avec un raton laveur et un bébé arbre qui parlent comme personnages principaux) semble s’être perdu en cours de route.

Le générique d’intro des Gardiens de la Galaxie 2 semble suivre une recette « musique entraînante et connue+personnage chantant » comme pour celui du 1. De nombreux plans sont en clins d’œils avec certains du 1. Comme si Gunn courrait après quelque chose de perdu. L’un des gros points faibles de cette suite se trouve être dans la Mixed Tape Vol.2 : les titres sont plus convenus, plus « bankables ». Chris Pratt disait dans une interview que la différence avec le premier Gardiens de la Galaxie était que « maintenant, ils pouvaient se payer de plus gros titres ». C’est là ou le bat blesse : de plus gros standards, des effets spéciaux à couper le souffle et réussis, de l’action à tout va… Mais pour quoi faire? Le personnage de Peter Quill, trentenaire adulescent, humain esseulé dans une galaxie extraterrestre, se raccrochant à ses origines par le biais d’une cassette audio passé en boucle au fil des années, semble bien terne. Aparté : il est à noter que dans le premier film, Quill flirtait avec Gamora sur la même chanson qui passait au moment ou il apprenait la mort de sa mère. Allo Freud?. Fin de l’aparté (mais il fallait que ce soit dit). Ce qui est quand même un beau gâchis quand l’un des thèmes principales du film est l’origine de Quill avec son mystérieux père au centre de l’intrigue!

DR Marvel Studios

Famille de sang VS Famille de cœur. L’antagonisme n’est pas nouveau et permet à Michael Rooker et Kurt Russell de nous rappeler au temps bénis des années 90 (que les moins de vingt ans blablabla…) de jouer de tirer leur épingle du jeu. Chris Pratt et Zoé Saldana font le minimum syndical, le premier semblant peu concerné et la deuxième ayant au final peu l’occasion de l’être. Les personnages de Rocket Racoon (doublé par Bradley Cooper) et Drax le Destructeur (joué par Dave Bautista) sont plus à l’honneur en ayant la plupart des scènes funs et/ou drôles. Quand à Vin Diesel… Il devait être occupé à mémoriser les dialogues shakespeariens de F&F8 Son fameux « Je s’appelle Groot » décliné sur tout les tons possibles et inimaginables ne retentit pas plus que ça, le Bébé Groot étant plus mis en avant pour jouer sur le créneau d’un BB-8 à la sauce Disney c’est à dire un petit machin kawai destiné à vendre du jouet pour les moins de 12 ans.

En résumé, Les Gardiens de la Galaxie 2 n’atteint pas le niveau du premier opus, l’effet de surprise étant probablement passé. Mais les moments de fun décomplexés, encore une fois, ne manquent pas ( Pac Man, David Hasselhoff) et sa coolitude finit par nous emporter au final. ALERTE SPOILER DANS LES PROCHAINES LIGNES, VOUS ETES PRÉVENUS. En parlant de final, l’une des nombreuses scènes post générique réussit le tour de force de faire retrouver au geek l’enthousiasme des débuts du Marvel Cinematic Universe. Ils étaient peu nombreux dans la salle mais ils ont donné unanimement de la voix en apercevant la promesse de voir apparaître ADAM WARLOCK!!! Rien que pour ça, et Hasselhoff, et Pac-Man, et Tango et Cash dans le même film trente ans après, ça en valait clairement la peine!

 

Tout le monde en parle. C’est aux centres des conversations depuis de nombreuses semaines, ce dimanche 23 avril 2017 a lieu le premier tour des élections présidentielles françaises. Si parfois être en festival donne la sensation d’être coupé du reste du monde, l’actualité s’est-elle arrêtée aux portes de la Quarantième édition du Printemps de Bourges? Narration.

C’est le lendemain des événements que l’on sait aux Champs Élysées que Pop&Shot a commencé « son » Printemps de Bourges 2017. Si depuis trop longtemps maintenant il a fallu apprendre à vivre avec, en voyant les militaires patrouiller et les cars de gendarmes mobiles stationnés devant l’entrée du Palais d’Auron, difficile d’oublier le monde dans lequel nous vivons et ses dangers. Cela s’est ressenti tout au long du festival. Sans aller jusqu’à dire que le Printemps de Bourges 2017 a été sur-politisé, tout au long du week-end, de ci de là, il fut entendu des allusions à l’élection présidentielle.

« Comment ? Mais tu n’as pas fait ta procuration ?! », «  Je rentre tôt dimanche pour pouvoir aller voter »… Avec une dernière journée de festival tombant le jour du premier tour, pas réellement étonnant d’entendre ce genre de réflexions. Mais c’est plus la répétition qui va avoir marqué les esprits. Tout est politique disait on à l’époque de Mai 68. En avril 17, on en est pas loin non plus. Du coup, pas réellement surpris d’entendre dans les couloirs de l’hôtel «  la lutte finale » chantée à gorges déployées par quelques festivaliers rigolards. Ni de voir la ville parée d’affiches aux couleurs des divers candidats à la présidentielle et de constater que hasard des localisations, le QG départemental du parti d’une des têtes d’affiche de la campagne se trouve. Loin d’une langue de bois redoutée, Fakear ne s’est pas dérobé à la question de savoir s’il est facile de s’engager politiquement quand on est artiste. Nommant le titre « Techno toujours pareil » comme hymne représentatif de la campagne présidentielle 2017, il invite néanmoins l’auditoire de la conférence de presse à se demander ce qui doit être privilégié entre la satisfaction de l’ego, la réussite personnelle par rapport au bonheur, la solidarité et à l’entraide… François Marry nous souhaite la bienvenue…dans les derniers moments de son set et profite d’avoir conquis la salle du théâtre Jacques Coeur avec cette facétie pour nous enjoindre à ne pas avoir peur et à ne pas « succomber à la flippe ». Un chant folklorique de Bienvenue joué par son groupe des Frànçois and The Atlas Mountains. Est ce que les punk rockeurs de l’État de New York de PWR BTTM sont au courant du climat politique actuel quand ils lancent un « cette chanson tue des fascistes » ? Peut être pas mais au 22 cela ne peut qu’avoir fait écho… La harpe de Fakear lors de son show au W était tricolore. Là encore pas un hasard et probablement un peu plus qu’un simple message subliminal pour appeler au vote. De même, Anna Jean justifie sa passion pour les années 60 dont elle a fait le cadre de l’univers des Juniore par son opposition avec le monde actuel beaucoup plus incertain et dur qu’il ne pouvait l’être à l’époque. En plaisantant, Thérapie TAXI nous demande si on vote Mélenchon, affirmant qu’à Paris 100% des gens votent pour lui, pointant néanmoins la montée dans les sondages du candidat en question. Longueur d’Ondes distribué en avant première sur le festival affichait une très jolie couverture de Last Train avec un message on ne peut plus d’actualité : Votez Rock !

DR Longueur d’Ondes

Si tant est que cela ne soit jamais arrivé, le monde extérieur aura donc mis les pieds dans cette édition du Printemps de Bourges. Profitant de l’ambiance et de la sélection, encore une fois de qualité, les festivaliers n’en auront pas mis de coté les inquiétudes liées à cette incertaine élection… Et c’est tant mieux ! « J’aimerais voter avec mon cœur ! », disait un passant samedi soir. C’est tout ce qu’on peut souhaiter aux nombreux non-berruyers venus profiter de ce quarantième Printemps. Pour qu’après la fête, il n’y ait pas le goût amer du regret.