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Julia Escudero

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MIEGEVILLE
Copyright Lionel Pesque

Matthieu Miegeville, peut-être le connaissez-vous déjà. Voilà maintenant 20 ans qu’il fait partie intégrante du paysage musical toulousain, officiant dans des groupes de rock sans concession. Loin des guitares déchaînées et des riffs survoltés de Pyskup, l’un de ses précédents projets, MIEGEVILLE s’est trouvé en solo. Et seul face à lui-même, le musicien choisit la voix de chanson française aux accents pop. Son envie ? Mettre en avant ses textes à la poésie  précise, à l’écriture fine. Fin 2019, il publiait son tout premier album « ESTOUEST » dévoilant une voix grave et sensuelle, hypnotisant autant qu’il surprenait.

Ce premier jet donnait le ton d’entrée, « Longue Nuit » qui introduit la galette jouait sur le tempo d’une horloge, rendant palpable le temps qui passe, personnifiant l’insomnie, lui donnant autant de couleurs mélancoliques que d’accents pop pour mieux s’immiscer dans les esprits. Les notes s’y répétaient comme la copie d’une copie, les sensations, les sonorités se multipliaient en l’absence de rêves, pour mieux se laisser porter par le guide de ces nuits fertiles : la voix apaisante de notre chanteur. La pop sombre gardait les rênes de l’album sur son deuxième titre « Les couleurs, tu vois » et sur « Tu chantais », classique instantané de la chanson aux paroles mises en lumières avec harmonie. Des huit titres qui composent cette galette c’est finalement la quatrième qu’a choisi le chanteur pour en faire son second single après « Longue Nuit ».

La Baleine Bleue, single à deux à fleur de peau

C’est dans les abysses d’une relation amoureuse, là où ceux qui étaient amants ne s’entendent plus que le musicien à trouvé les mots de « La Baleine bleue » son nouveau titre. Chanté à deux voix avec Candice Pellmont, le titre revient avec pudeur et métaphores  sur l’océan de désespoir qui peut séparer ceux qui s’aimaient. L’un après l’autre les chanteurs se répondent en écho : la voix cristalline de l’une est sublimée par le timbre rauque du second. Les notes filent avec douceur et douleur. Bleu mélancolie, bleu chagrin, bleu océan envahissent le clip signé Mathieu Laciak qui prend des nuances de rouge sur ses refrains. A travers le squelette du plus grand animal du monde, le duo évoque le vide, le déchirement, l’absence de carapace et l’immensité du désespoir. Pour mettre ses mots en lumière, le morceau choisi une ritournelle au piano à pas de velours. Elle prend en intensité sur ses refrains,  tout en gardant la retenu des non-dits , la violence du néant qui s’installe réduisant l’être le plus immense de la planète à quelques os fragiles. MIEGEVILLE dévoile un titre aussi profond que l’océan qui conjugue émotions et arts et fait tenir l’immensité en 3 minutes 53 seulement.



 

Eau Rouge
crédits : Ronny-Schönebaum

Avec un nom de groupe comme Eau Rouge, il est aisé de penser que le trio est l’une des nouvelles fiertés de la France. Point du tout, originaires d’Allemagne, les rockeurs se sont rencontrés dans un sous-sol de Stuttgart, c’est d’ailleurs là qu’on produit les meilleures rencontres underground. Si leur nom ne vous est pas encore familier, le groupe formé en 2014 n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Après une signature chez Adp Records et Warner Chappel, ils s’ajoutent aux bandes-sons de publicités comme Citroën et Red Bull mais aussi à celle de la série Netflix « We are the wave ». Le fameux show inspiré du roman « La Vague » de Todd Strasser, lui même inspiré d’une expérience psychologique réalisée dans un lycée Californien baptisé « La troisième Vague » qui avait pour but de faire comprendre aux élèves comment le totalitarisme et le nazisme avaient pu être à ce point suivis pendant le seconde guerre mondiale en Allemagne. Les élèves avaient néanmoins trop pris goût au jeu de la dictature obligeant l’expérience à s’arrêter. Un sujet donc qu’il peut toujours être intéressant de (re)découvrir sous la forme de lectures et/ou d’une série à la bande originale qui claque.

Nouveau single, nouvel album

Eau Rouge c’est avant tout de l’indie rock rétro, en les écoutant difficile de ne pas penser à Phoenix pour ses riffs enlevés et sa bonne humeur distillée. La preuve en est encore donnée avec son tout nouveau single « I know that you know ». Nostalgique de l’électro rock des années 2010 ? Le voilà de retour dans une version remise au goût du jour. Tout comme avait su le faire Pony Pony Run Run ( ça vous manque autant qu’à moi cette époque musicale en évoquant ce nom ?), le groupe démarre son titre très fort, plongeant dans une atmosphère où qualité et danse riment à la perfection. La rythmique est puissante, le riff se répète pour mieux plonger l’auditeur dans son univers, le flow est naturel, construit, joyeux, propre. Les voix se font aiguës, celle de Jonas, épaulée par celle de Bo se répondent avec beauté. Le refrain est construit en spiral, invitant à se plonger dans les notes pour mieux s’y enivrer, on danse sans s’en rendre compte, parce que le morceau l’ordonne. Pourtant l’âme pop, l’âme rock de la bande ne se perdent pas face à l’attrait du dancefloor ( tu te souviens les clubs ? C’était bien pour nous comme pour leurs gérants qui souffrent actuellement affreusement). Pas de soucis, le club en attendant, tu peux le recréer à la maison avec la joyeuse bande d’Eau Rouge.  Les instruments sonnent juste, les voix sont maîtrisées, tous les ingrédients du succès sont là. Pour illustrer « I know that you know », la joyeuse troupe a choisi de créer un clip pop haut en couleurs qui mettra un peu de joie de vivre dans un quotidien qui commence sérieusement à manquer de luminosité. Cette pépite est extrait d’un nouvel opus à venir.

En effet, le groupe présentera son second album studio au printemps 2021, digne successeur de « Nocturnal Rapture » qui lui avait permis une belle tournée  avec notamment des passage au Lollapalooza (Berlin), au SXSW (USA) et à The Great Escape (UK). En espérant qu’il lui sera possible de distiller ce nouvel opus sur scène à sa sortie, Eau Rouge risque d’ici là de faire couler beaucoup d’encre. On sait que vous savez que vous allez adorer vous déhancher sur leurs guitares hypnotisantes.


Découvrez le clip d' »I know that you know »


Alice Animal
Crédit Yann Orhan

Pas facile d’être mise sur un piédestal pour la tornade blonde Alice Animal. La rockeuse prépare son album qui paraîtra au printemps et en donne un avant-goût avec son single « Tes éléphants roses ». Si l’heure de l’émancipation féminine ( et féministe) a sonné depuis quelques années, la chanteuse suit le mouvement refusant « un amour qui détruit », d’être l’addiction d’un regard et d’un seul homme.  Aidée d’une guitare aussi électrique que féline, la chanteuse joue de sa voix suave pour scander comme un hymne son besoin d’indépendance à l’aide d’un texte écrit par Pierre-Yves Lebert. « I will survive » chantait Gloria Gaynor en 1978 se plaçant dans l’histoire comme l’icône de la femme forte quittée et pourtant plus forte seule. Autre époque, autre moeurs, avec une métaphore filée sur l’addiction, Alice Animal s’émancipe, n’ayant besoin que d’être elle et de s’assumer. A trop être aimée on se perd et parfois il est bon de rappeler à ces messieurs qu’une femme n’est pas une héroïne, elle a simplement besoin d’être elle-même. C’est au cours d’un road movie brutal à la « Telma et Louise » qu’elle illustre son propos. Pas de voyage en solo pour notre rockeuse qui préfère enchaîner son compagnon de route dans son coffre pour mieux s’en débarrasser plus tard. De quoi faire le deuil de feu une relation destructrice. En attendant de se plonger corps et âme dans son univers en 2021  sur l’album « Tandem » découvrez  que le sauvage « Tes éléphants roses’.

 


Découvre le clip de « Tes éléphants roses »


Autre registre, autre école pour Cyril Brière et son « Eté indien (quand on quitte la ville) ».  Si son nom ne vous est pas familier, vous l’avez pourtant connu dans le groupe Sans Sebastien notamment à travers son titre déjanté « Sous ma jupe ». Il avait été utilisé dans le B.O de la série »Daybreak » sur Netflix dont l’arrêt est d’ailleurs une des grossières erreur de la plateforme. Il signait un titre aussi dansant que drôle et culte. Aujourd’hui en solo Cyril Brière qui n’a rien perdu de son mordant a décidé de se livrer au cours d’un titre à fleur de peau. Son »Dans l’été Indien ( quand on quitte la ville) » s’avère être une promenade intime où amour, privation de liberté et douleurs s’accordent.

La composition signée Laurence G Do ( Le Couleur) a été utilisée par le musicien pour parler du manque à venir. Le manque d’un compagnon qu’il faudra quitter faute de visa canadien pour Cyril, alors exilé à Montréal, qui au grès d’un été indien pleure un amour outre-Atlantique. La fin de cette histoire sous le soleil, alors que les arbres font mentir les températures, se dessine au cours d’un titre doux-amer où douceur et joie d’avoir vécu se confrontent au manque inexorable. Ces sentiments Cyril Brière leur donnent une palette de couleurs pastel au grès de notes pop sucrées et de mélancolie comme sait en écrire la chanson française. Cette histoire, il la raconte : « Je ne voulais pas partir, je ne voulais pas le quitter, je ne voulais pas de ce nouveau chapitre dans ma vie, mais cette fois et pour une des premières fois de ma vie, je découvrais les limites de ma liberté, je n’avais pas le choix. »

Un clip charnel

2020 nous aura beaucoup appris en terme de privations de libertés. Cette privation, le chanteur y aura goûté dès 2017, alors qu’administration et amour ne riment pas ensemble. Contrairement à amour et éléments qui eux s’additionnent à la perfection.

Pour livrer le premier extrait de ce nouvel opus à paraitre en 2021, le musicien livre un clip sensible et magnifique portant aux nues l’amour charnel entre deux hommes avec autant de pudeur que de contenus explicites. Douceur , bienveillance et photographie instantanée avant le départ se croisent au grès d’une promenade entre nature et espace. A regarder et écouter comme une dernière bouffée d’air frais avant d’être enfermés.


Découvrez le clip de « Dans l’été indien (quand on quitte la ville) »