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Julia Escudero

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Coups de coeur ! Avec l’automne qui s’est déjà bien trop vite installé, voilà que débarque le temps des amours qui s’invitent pour ne plus jamais repartir. Cette année 2021, ceux-là sont britannique et français, folk et chanson, rock et pop. Une chose est certaine, ils ont tout autant de couleurs à offrir que les feuilles restantes sur les arbres. A écouter en boucle et à découvrir sur scène.

Luca Wilding : la grâce de Jeff Buckley

Luca Wilding
Luca Wilding par Louis Comar

C’est en écoutant Leonard Cohen que  le britannique Luca Wilding se découvre une envie de devenir auteur-compositeur. Celui qui n’avait pas touché d’instrument dans sa jeunesse est alors touché par la grâce du maître canadien. C’est donc sans surprise que notre prodige anglais marche sur les pas d’un autre compositeur tout aussi brillant : Jeff Buckley. Il lui emprunte, outre ses références musicales, sa légèreté, sa beauté, son sens de la mélodie et sa douceur. Au court de ses compositions, Luca Wilding , invite avec simplicité à marcher sur l’eau. Sa voix aérienne et envolée se pose avec la douceur d’une berceuse, masse les âmes et convoque l’intime. Pour les porter, à pas de velours, il ajoute une guitare sèche qui sublime la grande pureté de ses compositions. A la vie, celui qui a grandi entre Devon et Londres ressemble étrangement à un certain Roger Hodgson jeune. Il lui emprunte tout autant son immense talent que ses cheveux longs. Luca Wilding évoque bien des références qui touchent au céleste comme son immense « Nobody Game »qui a le raffinement folk de « What he wrote » de Laura Marling. Loin de simplement emprunter à tous, le musicien s’offre un univers onirique bien à lui qu’il défendra très prochainement sur son  EP « To » dont la sortie est prévue pour le 27 novembre. De passage à Paris au Pop Up du Label le 18 octobre 2021, le talentueux Monsieur Wilding en a profité pour prouver que sa folk aérienne bouleverse autant en concert que sur album. L’apogée de ce moment passé en sa compagnie dans un cocon, était, il va s’en dire l’interprétation d' »Heartachers » qu’il vous faudra écouter d’urgence pour toucher à la perfection et à la délicatesse de la blancheur de la neige à venir.

Oete : l’oiseau rare

Oete à LA BOULE NOIRE
Oete ©Kévin Gombert

Retenez bien ce nom, Oete, il y a fort à parier qu’il fera bientôt partie de ces artistes que public et médias s’arrachent. En attendant de retrouver cet indomptable troubadour en haut de toutes les affiches, qu’il est bon profiter de sa confidentialité pour se repaître de la beauté de son répertoire et de sa candeur. Le pOETE  de 22 ans dévoilait en septembre un single alliant la grâce du meilleur de la chanson française, conjuguant au plus que parfait la douceur avec la rythmique dansante et intitulé « La tête pleine ».  Difficile de l’écouter sans en sortir la tête emplie de ses notes qui s’immiscent dans les esprits et les coeurs. Ses premiers pas virevoltants y inspirent la fraîcheur des débuts et la détermination des plus grands. Le jeune homme a le sens de l’introduction qui happe, du refrain qui frappe fort et surtout la juste mesure de la voix qui transperce. Avec son timbre grave reconnaissable entre tous, il dépeint les sommets de l’amour. Ce nouvel essai réussi fait suite à l’immense « HPV », son premier jet dévoilé. Depuis ce colibri s’élève note après note alors que son premier opus se fait déjà douloureusement attendre. Si le suspens parait insoutenable, il est aisé de se délecter de son univers en live.  En concert, l’oiseau rare promet un moment aussi jovial qu’hypnotisant. Impossible de détourner les yeux d’une scène qu’il envahi intégralement, recouvre de ses merveilles disposées comme des cadeaux. « Pour faire le portrait d’un oiseau, il faut d’abord peindre une cage avec la porte ouverte » écrivait Prévert, bien inspiré alors que ces quelques mots n’ont de cesse d’évoquer Oete qui chante dans son répertoire à couper le souffle sa liberté chérie. « Ne pas se décourager, attendre, attendre s’il le faut la vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau.. » ajoutait-il alors qu’il semblait que le paysage musicale français attendait sans le savoir avec une patience silencieuse l’arrivée de notre prodige. « S’il chante c’est bon signe » serait-on tenter de conclure. Signe du moins que la chanson française a de beaux jours devant elle qui se dévoileront encore un peu plus le 23 novembre à la Dame de Canton à Paris. Ne le loupez pas.

Molly Burman : relève pop made in UK

Molly Burman pour la pias nite
Molly Burman ©Kévin Gombert

Le Royaume-Unis a toujours eu un sens inné de la pop. L’inventant, la sublimant, déterminant ses codes pour mieux les brouiller et surtout leur donnant ses lettres de noblesse. Sur cette scène plurielle, la part de féminité est importante et variée. Pourtant une certaine aura dansante et qualitative se dégage d’artistes qui ont su frapper fort : Kate Nash ou encore Lily Allen sont de celles-là. Et un peu plus tard, sur leurs traces, voilà que débarque la boule d’énergie Molly Burman. Originaire d’une famille de très grands musiciens ( sa mère était chanteuse pour Shane macGowan, son père a joué aux coté de Paul Cook des Sex Pistols dans Chiefs of Relief), la musicienne suit leur traces tout en se construisant son propre univers. A seulement 19 ans seulement, elle s’impose de par ses notes sucrées, ses accords bien construits et son sens aiguisé du refrain. Repérée par le label Pias, signe de qualité s’il en est, elle chante son quotidien en liant une âme féministe à la dérision propre à nos voisins Outre-Manche. Renouant avec une certaine époque des années 2000, convoquant l’esprit adolescent tout en y alliant une touche de modernité, la chanteuse appelle avec sa voix calibrée et son accent qui fait plaisir aux oreilles à la suivre titre après titre. Ce décalage rétro-moderne pourrait bien devenir la bande originale de « Sex Education » tant la talentueuse Molly Burman en porte l’âme. Accessible et pointue, elle signait à l’occasion du retour des Pias Nite post Covid, une performance touchante et colorée où l’humour flirtait avec l’âme du bal et le professionnalisme aiguisé. Naïveté et danse y font si bon ménage. Une découverte à suivre de près.

Ottis Coeur : cross my heart

Ottis Cœur_Luis Escudero Gimenez
Ottis Cœur par Luis Escudero Gimenez

Un single et son clip en poche pour « Je marche derrière toi » et voilà qu’Ottis Coeur est déjà au centre de toutes les attentions. Il faut dire que le duo sait tordre les codes pour mieux les reconstruire. Loin de suivre les idées reçues, le tourbillon déchaîné emprunte à Brigitte sa symbiose et sa symétrie musicale, cassant cet esprit chanson pour créer un chant des sirènes rock où les rythmiques dominent. Alors que le premier EP de la formation verra le jour fin novembre 2021, les copines ont déjà su s’attirer les ferveurs des plus grands en figurant à la sacro-sainte liste des Inouïs du Printemps de Bourges 2021. Qualités vous dites ? Le pluriel est effectivement de mise. Outre leur sens du single instantané et leur capacité à créer des hymnes au delà des morceaux, Ottis Coeur sait aussi transmettre ses messages.  Dans leur titre « Coeur à Corps », le groupe offre un vibrant dialogue à elles-mêmes évoquant le corps, cet allié que la société traite comme un ennemi dès qu’il ne répond pas aux critères de beautés qu’elle a injustement fixé. Spontanée, la joyeuse troupe offre une performance rétro-moderne où la fougue des années 90 devient l’écho d’une nouvelle génération qui frappe fort. La formation porte bien son nom tant elle touche les coeurs, parle à la tête, somme les jambes de danser. Leur sincérité fait mouche, leurs titres sentent bon les bulles de chew-gum acidulées aux couleurs pastels, qui collent au corps lorsqu’elles explosent. Impossible ici, de se détacher de leurs notes une fois qu’elles s’invitent dans les esprits. Tant mieux, puisque le duo devient addictif en quelques accords seulement. Vous voilà prévenus.


 

 

Le 30 octobre la bande des rockeurs de Telegraph et leur pop solaire investiront le Point Ephémère à Paris pour la bonne cause. En effet, le groupe offrira un set en compagnie de 21 Juin le duo, Bobbie et Holseek au profit de l’association Utopia 56. Cette dernière  se mobilise pour venir en aide aux migrants et la soirée, en plus de reverser tous ses bénéfices à l’association sera l’occasion de proposer une collecte de vêtements. Rencontre avec cette Telegraph qui dévoile les coulisses de cette très belle soirée à venir qui alliera festivité et défense d’une cause de première importance.

Vous organisez une soirée le 30 octobre au profit de l’association Utopia 56. Quelles sont les coulisses de cette collaboration ?

Matthieu : C’est une longue histoire ! On a rencontré l’équipe d’Utopia 56 à Paris un peu avant la pandémie… ça date ! On a toujours voulu faire quelque chose d’utile pour leur équipe et pour les personnes exilées. On voulait un moment festif et ouvert au plus grand nombre, pour fêter la diversité, l’échange, la solidarité tout simplement. Cette idée d’une soirée de concerts nous a vite semblé évidente, et a été stoppée net par les restrictions sanitaires. Donc dès que la situation a commencé à s’améliorer, qu’on a retrouvé des vies normales… on a relancé le projet. Ensuite tout s’est fait très vite, on a eu le soutien du Point Ephémère, celui des artistes, et un peu avant l’été on était fixés : on ferait notre grand retour à Paris avec une cause belle et juste à défendre.

entraidez-vous, tendez la main, n’attendez pas que cela vienne des autres, soyez le changement que vous voulez voir.

L’association se mobilise pour venir en aide aux migrants. Pourquoi cette cause vous tient-elle particulièrement à cœur ?

Matthieu : On connaît bien Utopia 56 car, quand je ne suis pas le guitariste de Telegraph, j’ai un pied dans ce monde. Je travaille au Comede, une autre association qui accompagne des personnes exilées qui vivent tant bien que mal en France, après des parcours d’exil souvent très difficiles et traumatiques… Donc je connaissais Utopia 56 depuis quelques années. Mais la cause dépasse largement mon cas personnel. Pour nous trois, en tant que groupe, il est évident que personne ne devrait avoir à survivre dans la rue, sans aide, sans espoir.. C’est aussi simple que cela. Tendre la main aux personnes en difficulté, à terre, c’est ce qui nous rend humain. C’est le message qu’on fait passer dans nos chansons : entraidez-vous, tendez la main, n’attendez pas que cela vienne des autres, soyez le changement que vous voulez voir.

La crise afghane résonne tout particulièrement aujourd’hui. Pourquoi est-il important selon vous de sensibiliser le public à ce sujet ?

Julien : Ce qui est terrible avec cette crise c’est qu’elle ne cesse de se répéter. On change de pays, on change de conflits, mais les drames eux, sont toujours les mêmes. On n’en peut plus de ça. Alors au-delà de ce ressenti que tout le monde peut partager je pense, on ne se revendique pas comme un groupe engagé. On se voit plus comme un groupe solidaire… solidaire envers celles et ceux qui se bougent pour faire avancer les choses dans le bon sens, à commencer à ne pas promouvoir des discours haineux à tout bout de champ. Donner la scène à Utopia 56, c’est leur donner une occasion de présenter leur travail, de casser un peu les mythes et les fantasmes. Si on peut apporter une petite pierre à cet édifice, on est ravis.

Comment les spectateurs peuvent-ils se mobiliser pour soutenir cette association et votre démarche ?

Maxime : Tous les bénéfices de la soirée seront reversés à l’association, donc la mobilisation des spectateurs passe par l’achat des billets. C’est l’idée de départ : venez vous amuser, faire la fête avec nous et faites un beau geste au passage pour des personnes qui ont grand besoin d’aide à l’approche de l’hiver. On a souhaité aller plus loin en organisant directement dans la salle une collecte de vêtements chauds. Alors si vous avez des gants, des pulls, manteaux, écharpes à donner, c’est le moment ! Tout sera prévu sur place par l’association pour les récupérer. On adore cette idée alors qui sait, on va peut-être le refaire à l’avenir ! Et bien sûr, cette soirée est l’occasion pour le public de venir s’informer, rencontrer les bénévoles d’Utopia, poser des questions. Profitez-en !

Pop, rock, folk, électro, il y en aura pour tous les goûts.

Vous serez entourés d’autres formations lors de cette date : 21 Juin le duo, Bobbie et Holseek. Pourquoi s’entourer de ces artistes ?

 

Maxime : Ce sont des artistes qu’on connaît bien. On les a croisé sur la route, on a travaillé ensemble, on se fait confiance et on s’apprécie beaucoup. On est extrêmement reconnaissants car tout le monde a répondu à notre appel sans hésitation, ça nous touche beaucoup. C’est vraiment génial que ça puisse s’organiser ainsi, avec une soirée aussi variée. Pop, rock, folk, électro, il y en aura pour tous les goûts. Nous c’est simple, on les adore toutes et tous. Allez les découvrir, ça vaut vraiment le coup.


Après des mois sans concerts en raison de la crise, vous voilà de retour pour une date parisienne, comment préparez-vous ce live ?

Maxime : C’est un peu le grand retour depuis la pandémie oui ! On a beaucoup répété pour revenir en forme et proposer de nouvelles choses au public. Il y a donc pas mal de petites surprises depuis notre concert au Nouveau Casino en 2020. A présent nous sommes quatre sur scène, puisque notre ami William nous rejoint à la basse. C’est un concert très énergique qui se prépare, avec tous les ingrédients pour vous donner le sourire et vous faire chanter avec nous ! Alors ces prochains jours on va essayer de se reposer un peu pour tout donner le 30 !

Quelles sont les actualités à venir pour Telegraph ?
Julien : On est en pleine période de composition et d’enregistrements. On a beaucoup de choses en préparation, des dates de concerts qui vont être annoncées très bientôt, des nouveaux morceaux… On a hâte de revenir avec tout ce qu’on a dans notre sac !

Découvrez  le teaser de la soirée du 30 octobre 2021


L’Étrange Festival 2021 a tiré sa révérence le 19 septembre face à un public de fans toujours ravis de retrouver l’évènement le plus barré de la rentrée et les salles obscures du Forum des Images. Entre horreur, comédie, action, polars et drames, l’évènement a encore mis la barre très haut. On vous raconte.

C’est dans la grande tradition de L’Etrange Festival qu’est diffusé « The sadness » en deuxième partie de soirée pour son ouverture. Chaque année, l’évènement cinématographique dévoile une première perle adressée à un public plus vaste que le deuxième métrage toujours plus dure allant du très dérangeant au carrément gore. Et c’est dans la deuxième catégorie que tombe ce « The Sadness », film taïwanais signé Rob Jabbaz. Si le film de zombie vous enthousiaste mais que vous pensiez en avoir fait le tour, ce premier long métrage qui ne lésine par sur les effets d’hémoglobine  pourrait bien vous séduire. A condition d’avoir le coeur bien accroché. The Sadness étrange festival 2021Après des mois de pandémie, notre film dépeint la mutation d’un virus qui force ses victimes à massacrer et violer sans remords tout à chacun sans aucun aucun procès. Prétexte à un immense bain de sang et de boyaux, tout effort scénaristique semble presque désuet tant tout est préxtexte à un jeu de massacre jusqu’au boutiste. Bien plus que la course effrénée de deux amants pour se retrouver dans un Monde devenu  post-apocalyptique en quelques heures, le film se focalise sur des jeux de maquillages sobrement dégoulinants et sur une sur-enchère de perversions qui n’auront de cesse qu’une fois la bobine terminée. Exit finesse et raffinement, on tape ici dans le dure sans jamais reprendre son souffle. De quelques effets d’explosions de boite crâniennes qui pourraient faire sourire à des scène de torture bien moins réjouissantes, cette pellicule ne pourra s’adresser qu’à un public averti, cramponné à son siège et désireux de voir rouge pendant 99 minutes.

Le dernier film de Soi Cheang, Limbo était l’une des œuvres les plus attendues de cette édition de L’Étrange Festival 2021. Sans beaucoup de surprises, le polar hong-kongais a été à la hauteur des attentes placées en lui. D’une trame classique ( deux flics que tout oppose, l’un vétéran qui en a trop vu et l’autre tout droit sorti d’école, doivent collaborer lors de la traque d’un tueur en série qui ensanglante la ville), Soi Cheang va bien au delà de ce qui aurait pu n’être qu’un Seven-like.  Limbo ETRANGE FESTIVAL 2021Notamment grâce à un noir et blanc à tomber par terre de Siu-Keung Cheng. Loin d’un effet de style gratuit, dans Limbo il est là pour sublimer l’ahurissant décor naturel que représente les bidonvilles et autres immeubles miteux de Hong Kong dans lequel se déroule la traque acharnée d’un tueur en série. Limbo est de ce genre de films qui reste en mémoire et dont la claque visuelle est totalement prompte à être de celle qui fasse naitre de futures vocations cinématographiques.

De Hong Kong et sa structure démentielle il était aussi question dans Coffin Homes de Fruit Chan. Mais pas avec le même résultat… Si prise indépendamment les trois histoires d’horreur se passant dans les coffin homes, ces logements microscopiques qui prolifèrent à Hong Kong, ne sont pas sans intérêt, le défaut du film est de vouloir les relier ensemble et de franchement tomber dans la redite dans le dernier tiers du film en nous présentant de peu subtiles variations de scènes que l’on a déjà pu voir précédemment ! Coffin Homes aurait peut-être gagné à être moins long et/ou adopter la forme d’un film à sketchs.

Plus c’est long moins c’est bon ? La question peut se poser après Coffin Homes à la vision de Tin Can, sorte de wannabe-Oxygène, le film de Seth A. Smith a peiné à convaincre, tant son histoire semblait s’étirer sur 104 minutes plus que de raison, explicitant à plusieurs reprises des éléments de l’histoire se situant avant l’enfermement de l’héroïne alors que tout aurait pu être beaucoup plus épuré. En somme, là encore Tin Can aurait pu gagner à être plus resserré au lieu de se diluer progressivement dans son propre récit.

 THE SPINE OF THE NIGHT ETRANGE FESTIVAL 2021The Spine of Night, film d’animation de Philip Gelatt et Morgan Galen King projetée dans la catégorie Mondovision a tout d’une véritable Madeleine de Proust. Tant dans la forme ( de l’animation à l’ancienne loin, très loin des films Pixar auxquels le spectateur est conditionné depuis a minima plus d’une décennie) que dans le fond (un solide récit d’heroic fantasy fleurant bon les années 80 et les parties de Donjons et Dragons). Un très agréable voyage convoquant magie, viscères, épées à deux mains, Robert E.Howard ( la musique de Peter Scarbatello a des airs du Poledouris sur Conan) ou bien encore Lovecraft. Bref, The Spine of Night un dépaysement garanti, ce qui est ce que tout spectateur assidu de L’Etrange Festival vient chercher, non ?

Inexorable ÉTRANGE FESTIVAL 2021Deux ans après Adoration qui avait eu les honneurs d’une présentation à L’Étrange Festival, Fabrice du Weltz revenait avec son dernier opus, Inexorable. Toujours Benoît Poelvoorde au casting accompagné cette fois de Mélanie Doutey et Alba Gaia Bellugi. Inutile de dire qu’avec ce drame petit bourgeois se déroulant dans une maison de campagne et ou une invitée mystérieuse commence à saper les bases – bien fragiles – d’une famille en apparence bien sous tout rapport, le réalisateur belge prend un malin plaisir à chasser sur les terres de Claude Chabrol tout en prenant plaisir à y apporter sa touche toute personnelle et plus frontale. Un des films solides de la compétition de cette année.

Mad God aura pu désarçonner à entendre les avis en sortie de salles lors de sa double projection à L’Étrange Festival. Il faut dire que le film d’animation de Phil Tippett est à nul autre pareil. Pendant plus de 80 minutes, l’artisan des effets spéciaux de Jurassic Park, Starship Troopers ou bien encore RoboCop, Mad God étrange festival 2021nous présente une vision cauchemardesque de son imaginaire, le tout en stop motion, dans la droite lignée de Ray Harryhausen ! C’est le genre de projet qui légitime que le festival se déroulant en septembre au Forum des Images porte ce nom. Mais aussi c’est le genre de projet qui permet de perpétuer le fait que l’on parle du cinéma comme du Septième Art et rien que pour ça, Mad God, malgré le fait qu’il soit un peu décousu valait clairement le coup de nous être présenté !

Adilkhan Yerzhanov est l’un des chouchous de L’Étrange Festival et avait déjà eu l’occasion, l’an dernier notamment avec A Dark Dark Man, de nous présenter son style particulier ou l’absurde le mêle au contemplatif. Il revenait cette année avec deux films dont A Yellow Cat. Sorte de True Romance à la kazakhe, cette cavale sous fond d’histoire d’amour impossible pour un homme de main qui ne jure que par Alain Delon dans Le Samouraï vaut le détour, tant elle réussit tout aussi bien à amuser qu’à émouvoir dans ses dernières minutes… Encore une belle réussite pour Yerzhanov qu’on ne devrait pas tarder à revoir prochainement à L’Étrange Festival…

Concernant Offseason, avec son intrigue classique d’une jeune fille recevant une mystérieuse lettre la contraignant à revenir sur la terre ancestrale d’où vient sa famille pour régler une mystérieuse affaire, on pouvait s’attendre à tout… Et grâce au réalisateur Mickey Keating, cela signifie le meilleur ! Ayant parfaitement compris l’histoire qu’il met en image, le metteur en scène réussit à mettre en image l’un des meilleurs récits d’inspiration lovecraftienne qu’il ait été donné de voir récemment avec The Void. Avec une belle maîtrise du suspense, le spectateur est entraîné durant 82 minutes dans un récit haletant finissant par assumer pleinement ses références. L’un des coups de cœur de la rédaction lors de cette édition de L’Étrange Festival.

La coproduction internationale entre Sénégal, USA et France, Saloum du réalisateur Jean Luc Herbulot était attendue, des années après une première présentation de son auteur qui était resté en mémoire. Avec cette histoire commençant par trois mercenaires africains s’échappant d’une zone de guerre pour aller remettre un otage et une précieuse cargaison à un commanditaire trouvant refuge dans un mystérieux village, le film pose des bases qu’il va bien malicieusement balayer en plein milieu du métrage. En effet, avec une belle rupture de ton à la Une Nuit en Enfer, c’est dans une toute autre direction qu’Herbulot envoie ses personnages en nous faisant en prime une belle proposition de cinéma de genre en provenance d’Afrique. De quoi attendre avec impatience sa prochaine œuvre !

Sono Sion. Nicolas Cage. Deux nuances potentielles de grandiloquence dont l’alliance fait saliver depuis l’annonce du projet Prisoners of the Ghostland. Sorte de Los Angeles 2013 (ou New York 1997 selon les préférences) empreint d’un post apo très bis italien mais aussi de culture japonaise, c’est comme on pouvait s’y attendre du grand n’importe quoi. L’assumant totalement et ne cherchant à aucun moment à être autre chose que ce qu’il est Prisoners of the  Prisoners of the Ghostland étrange festivalGhostland est un bon plaisir coupable/divertissement dans lequel Nicolas Cage s’en donne à cœur joie sans bouder son plaisir malgré les misères infligés à son personnage de figure héroïque. Au sein d’un casting cosmopolite, Sofia Boutella ( Climax, Atomic Blonde) tire encore une fois son épingle du jeu démontrant que, quel que soit le type de projet auquel elle est rattachée, elle continue inlassablement à percer l’écran. Et si au final, le film ne va pas aussi loin dans son délire que par exemple un Mandy, présenté aussi à L’Étrange Festival il y a quelques années, le film est un véritable plaisir de spectateur à apprécier en festival mais aussi en dehors !


Champs Elysées Film Festival 2021Ce dimanche 10 septembre 2021, les Champs-Elysées sont pris d’assaut. Au coeur des préoccupations : l’Arc de Triomphe empaqueté par Jeanne-Claude et Christo. Le quartier d’accoutumé réservé aux touristes redevient pour l’évènement la coqueluche des parisien qui s’y entassent, s’approchent du monument, font la queue pour mieux le voir et en parler. La place de l’Etoile est alors pleine et déborde de badauds alors que le soleil lui pointe fièrement le bout de son nez et que la chaleur est au rendez-vous.

Ce cadre idyllique évoque un Paris intemporel, de ses expositions qui brasse les populations prenant possession d’un monument symbole de la ville, de son encrage dans l’histoire et en même temps d’une certaine modernité à un instant T. Quelque part au milieu de tout ce brassage, les arts après avoir été mis en pause pendant plus d’un an reprennent leurs droits. Sur la plus belle avenue du monde, l’art contemporain n’est pas le seul à avoir sa place. Le Champs Elysées Film Festival qui fait la part belle au cinéma indépendant français et américain y a repris ses droits. Après avoir été contraint de se tenir en numérique lors de son édition 2020 et de décaler son édition 2021 au mois de septembre, le voilà qui pause ses valises dix jours durant sur la célèbre avenue parisienne. Au programme, des films oui, du cinéma, des invités, des conférences mais aussi de la musique. Et pour se faire, quel meilleur cadre que le rooftop du drugstore du Publicis ?

Cléa Vincent ouvre le bal

Il est 17 H30 lorsque le rendez-vous est donné sur le rooftop. Un ascenseur permet à un nombre de spectateurs privilégié de se rendre sur lieu. Là haut tout n’est que luxe et volupté. Il fait beau, l’espace a été aménagé pour recevoir les convives dans les meilleurs circonstances. Une petite scène a été installée pour permettre aux deux vedettes de la soirée d’offrir leurs DJ sets face à l’Arc de Triomphe. La vue, d’ailleurs est imprenable. Pas besoin de faire la queue pour admirer le monument de près. La hauteur lui donne un nouveau cachet alors que chacun peut y aller de son commentaire. Paris se déroule aux pieds des spectateurs. Un bar offre un large choix de boissons aux festivaliers désireux de se rafraîchir. Un stand de glaces délicates complète le tableau. Elles se dégustent, tout comme de larges cônes de pop corn, en admirant la vue et le décors végétal de ce lieu hors temps et hors sol.Champs Elysées Film Festival 2021 cléa vincent

En se régalant de vanille, fraise, chocolat, coco, passion ou en dégustant une bière, les discussions vont bon train. Il ne manque que la musique pour parfaire l’instant. D’ailleurs, la voilà qui commence avec Cléa Vincent. La chanteuse indie française donne tout de suite le ton d’un DJ set clin d’oeil au cinéma et à son univers chansons françaises aux accents 90’s. C’est le thème de « Kill Bill » qui ouvre les festivités d’un set construit et carré qui ne cesse de se renouveler et changer d’univers. Vêtue d’un costume vert pastel et focalisé sur son set, la brunette passe des années 90 au r’n’b, s’amuse à diffuser le thème de « Grease » et fait danser l’assistance qui quelques verres plus tard se sent de plus en plus festive. Les tubes populaires s’enchaînent alors que Paris sous ses pieds profite de sa journée « Paris Respire », sans voiture. Difficile de ne pas se sentir privilégiés dans ce cadre idyllique.Champs Elysées Film Festival 2021 cléa vincent

Silly Boy Blue en set dansant

Le temps tourne vite en cette année bien étrange. Il faut alors ouvrir de grands parasols puisque la pluie menace de tomber. Rien ne saurait pourtant gâcher cet instant. Un photocall amuse quelques participants entre deux sets et c’est maintenant au tour de Silly Boy Blue d’entrer en scène. Coutumière du lieu, elle y avait déjà officié un showcase il y a trois ans, la musicienne en prend possession avec aisance. Silly Boy Blue sait multiplier ses facettes. Si sa pop mélancolique a la force de ce qui se fait de meilleur sur la scène indé française, si chacun de ses singles frappe juste, elle sait aussi y allier un côté mainstream sans se pervertir.

De t-shirts de Britney Spears à d’autres références populaires, il n’est pas surprenant de la voir les exporter dans le milieu du cinéma. C’est ainsi que pour sublimer sa robe noire, la chanteuse ajoute comme accessoire le coeur de l’océan, le fameux collier de Rose Dewitt Bukater dans « Titanic ». C’est d’ailleurs un set à cette image qu’elle distille: des classiques mainstream comme « Lolita » d’Alizée au culte « Boys and girls » de Blur en passant par Harry Styles, les morceaux variés invitent tout le monde à danser malgré les quelques gouttes de pluie qui se cumulent maintenant. Dans la nuit, l’Arc de Triomphe brille autant que le Coeur de l’Océan et presque autant que les étoiles montantes du cinéma indépendant qui fouleront le sol de l’avenue jusqu’au 21 septembre pour le Champs Elysées film festival.

 Champs Elysées Film Festival 2021 silly boy blue
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