Loin d’être un inconnu du rock français, le quatuor Last Train sortait le 7 avril son premier album « Weathering ». Une pépite que vous devez écouter d’urgence si ce n’est déjà fait.

A cette occasion, la troupe de potes avait programmé une journée promo chez son label Universal. C’est sur un toit aménagé que les acolytes avaient donné rendez-vous à l’équipe de Pop & Shot.

Tous vêtus de noir, les musiciens avaient profité de ces interviews pour partager quelques bière et proposer de répondre aux questions dans une ambiance à la très cool.

Pour preuve, la petite équipe joue avec un tricycle appartenant à Snoop Dogg entre deux interviews. Et vas-y que je te pousse, pédale, évite les murs…

Interview de Last Train chez Universal Music sur le Vélo de Snoop Dog
Photo by Kévin Gombert

Après un débat des plus importants quant au fait que Rogue aurait pu survivre dans « Harry Potter »,ou pas, il est temps de passer aux choses sérieuses et de parler de ce qui compte le plus : la musique. A commencer par la leur, « On est assez excités que l’album soit enfin sorti puisqu’on le prépare depuis longtemps. » confie Jean-Noël Scherrer le chanteur. Il poursuit : « Nous, on a pas l’impression que ça change, c’est juste que tout un coup, il est disponible auprès de tout le monde. Nous on le connaît depuis 6 mois et ça fait tout ce temps qu’il est prêt à être publié. » Le rendu impeccable de titres finement taillés de « Weathering » ne vient pas de nul part. En effet, l’album a pris 3 ans avant d’être conçu : « On ne s’est pas vraiment dit : ‘on va aller en studio composé un album’, on a fait plusieurs aller-retours entrecoupés par des tournées. » poursuit le leader, « Vu que ça a pris tout ce temps, on a aussi grandi avec l’album. » Le titre de l’album, lui, a été choisi puisqu’il est le dernier à y figurer. Une habitude de faire des titres éponymes qui a déjà été prise sur les deux premiers EP de la formation originaire de Mulhouse.

Ceux qui enchaînent les dates et ont ouvert pour Placebo au Printemps de Bourges se revendiquent d’influences très rock, rêvant  de jouer aux côtés de Queen of the Stone Age. Mais d’ailleurs, le rock on lui donne pleins de définitions. Quelle est celle de Last Train ? C’est encore Jean-Noël qui répond à cette question en demandant timidement au groupe s’il peut y répondre : «Parce que plus on avance, plus j’ai essayé de trouver une explication à ce qu’est le rock et pourquoi on dit de nous que nous somme ‘rock’ et cette définition se crée au fur et à mesure. Nous on fait du rock avec nos guitares, nos amplis, les gens le disent et il ont raison. Mais pour nous, avec le recul, c’est surtout un moyen d’expression. On ne s’est jamais dit ‘viens on va faire un groupe de rock’. J’ai l’impression que ce qu’on fait, ce qu’on a envie de donner, c’est pas du rock, c’est plus complexe que ça. Parce qu’aujourd’hui le rock se desserre un peu lui même à être très cliché. On aime pas forcément quand ça pogote au premier rang. On aime donner de l’énergie mais c’est pas pour ça que ça doit être beauf et utiliser ces clichés là. Ce qu’on veut c’est donner de l’émotion et faire de belles choses. Nos influences elles sont multiples : rock mais aussi pop, électro, hip hop classique… Il y a des groupes comme Queen of the stone age qui ont ce mode d’expression qu’est le rock et qui sont puissants alors qu’avant tout c’est de la belle musique et c’est ce qu’on veut.»

Premier album "Weathering " de Last Train, 7 avril 2017

Premiers albums marquants, initiation musicale et débats

Si ces influences sont multiples, un premier album mérite de passer en revue les premiers album importants pour les membres de la formation. Et quand il s’agit de citer ses aînés, Last Train s’en donne à cœur joie. Partant parfois dans des débats et des discussions enflammées, les copains qui se connaissent depuis toujours traitent d’artistes au sens large du terme. Ensemble à la Fnac, Julien Peultier le guitariste et Jean-Noël achètent leur tout premier album « Harvest Moon » de Neil Young. Pour autant, le groupe cite aussi Simple Plan dans ses premiers coups de cœur et plaisante : « J’ai aussi acheté Michael Young et Kamaro ! ». Et Julien d’ajouter « Avril Lavigne ‘Under My Skin’ aussi c’est l’album qui a bercé mon enfance ! », « C’est marrant, enchaîne Jean-Noël son complice, moi je l’ai acheté seulement le mois dernier. Un album hyper bien produit et sorti dans les années 60 avec Joni Mitchell à la prod (rires)».

Quand il s’agit de parler d’un premier album qui leur aurait vraiment parlé, les jeunes hommes citent ( sans surprise) BB Brunes et leur fameux « Blonde comme moi » mettant d’accord par la même occasion Antoine Baschung (batterie) et Timothée Gérard (basse) : « C’était un bon album de rock plein d’innocence. » Il faut dire que lorsqu’on les voit sur scène, les compères n’ont rien à envier à leurs aînés. Quelque chose, la jeunesse? Le look ? L’énergie peut-être y fait indéniablement penser. A cela près que Last Train sonne plus rock, moins pop, bien plus fort. Et ça se sent dans les référence que défend Tim, citant avec passion Led Zeppelin. La musique ça se mature, comme le bon vin, ça vient avec le temps, c’est pour ça que Jean-Noël raconte avoir trouvé le « Délire psyché de Pink Floyd stupide au début. Et puis, j’ai écouté ‘Darkside of the Moon‘ et j’ai compris. C’est ‘Us and Them’ en particulier qui m’a conquis alors qu’elle n’est même si ouf cette chanson. » A cette évocation le groupe dont la complicité n’est plus à prouver, ils se font des câlins généraux sur scène à la fin de chaque live après tout, se met à chanter « Us, us, us, us… Them, them, them » et d’ajouter « C’est tout Pink Floyd ça! ».

On peut plaisanter sur Pink Floyd mais même chez ses artistes chouchous, Last Train n’aime pas tout. Quand on parle d’un premier album détesté, les compères clashent « In Through The Out Door » de Led Zeppelin. « Il y avait des synthés qui m’ont bien gonflé » explique Antoine avec l’approbation de Jean-Noël qui poursuit « Il est bien chiant celui là. » Et celui qu’ils offriraient en début de relation amoureuse ? « J’ai pas envie de parler d’amour. » lâche un Julien attristé. Pour les autres, clope au bec : « offrir un album c’est un peu offrir une partie de soit » du coup « un album avec que des chansons de Jeff Bucley à la guitare serait parfait. Ou un Bon Iver à fond. » Même s’il faut faire attention pour Tim à ne pas passer pour un dépressif parce qu’offrir un album qui dise, larmes dans la voix « Viens on va s’amuser ensemble parce que je t’aime putain ! Je vais aller me jeter sous un pont» ne serait pas une excellente idée. Si Last Train tombe souvent d’accord en matière de musique, certains albums font quand même débat. Tim n’adhère pas aux groupes « teens comme vos Sum 41 and co. » C’est Jean-Noël qui reprend « En même temps, on est tout le temps ensemble et des débats il y en a. Antoine et moi on aime les choses plus énervés de Sum 41 au vrai punk enragé et ça ne parle pas à tout le monde. » Et les Pixies aussi qui sont « nuls à chier » d’avis général sauf d’un Julien esseulé tout comme Bon Jovi ou les Smiths. Antoine poursuit « On aimerait bien aimer alors si vous avez le truc pour nous expliquer ce qui est bien là-dedans faudra nous le donner. »

Si on ne pourra jamais mettre tout le monde d’accord, l’excellent « Weathering » devrait pourtant créer une certaine cohésion chez un public amateur de rock. Alors foncez chez le disquaire vous procurer votre exemplaire histoire de retrouver cette fougue folle des 20 ans qui permet d’adorer comme de détester la musique. Et Dieu qu’il est bon parfois, d’être aussi extrême.

Last Train Golden Songs

 

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