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Ma Cabane à Paname

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Il n’est de meilleur rendez-vous automnal que le MaMA Music & Convention. Chaque année, alors que l’automne se profile, il marque une rentrée bien entamée et des retrouvailles chaleureuses. Un quartier entier en pleine ébullition qui parle de musique, questionne la musique et la fait vivre. Réunissant ainsi ses acteurs importants, partant des indés pour aussi faire place aux plus grands, jouant sur la carte d’une programmation sous le signe de la découverte.

C’est d’ailleurs ce qui primait quand celle-ci avait été annoncée. Des noms souvent confidentiels, des espoirs à découvrir. Et pour bien le faire, il fallait préparer son festival mais aussi faire confiance aux bruits de couloirs. En la matière, la sphère professionnelle, particulièrement bavarde, sait toujours raconter ceux qui les font vibrer. Il fallait aussi se laisser surprendre, entrer dans une des nombreuses salles qui avaient revêtues le bleu du MaMA et donc voir qui y jouait. Des coups de coeur, des temps forts, énormément d’arrêts pour saluer des visages connus sur le boulevard Pigalle, qu’on espère toujours traverser vite sans jamais y croire. Et la rencontre entre le public et les visages de l’ombre qui l’aide à mieux découvrir celles et ceux qui peupleront leurs playlists et donc leur journée. Voilà que démarre sous un soleil puissant une nouvelle édition d’un des plus beaux et plus intenses rendez-vous de l’année. En plus cette année, Pop&Shot a l’immense fierté d’être ambassadeurs de l’évènement. On vous prend par la main pour courir avec nous dans Pigalle et revivre les temps forts de ce premier jour.

fredz : Trois accords pour convaincre

La journée commence en beauté avec une session canadienne. Comme chaque année la délégation à plaisir à nous faire découvrir ce qui se fait de mieux sur ses scènes dont les artistes de Montréal, particulièrement prolifiques. Ma Cabane à Paname nous propose donc de découvrir Fredz en showcase à la Machine du Moulin Rouge. Parfois les scènes montréalaise et parisiennes ont beaucoup en commun, d’autres fois, chacune apporte son lot de nouveautés et de façons de concevoir la modernité. Cette prestation tendrait plutôt à unir nos pays. Fredz a en effet une esthétique que l’on saurait identifié. Plutôt urbain dans ses sonorités, il sait osciller vers la chanson rythmée. Dans ses premiers instants le musicien évoque d’ailleurs Therapie Taxi et leur single « Hit Sale ». Il en a du moins la capacité tubesque, l’aisance du couplet bien écrit et joliment dosé. Armé de son blouson en cuir, le musicien a une sensibilité à fleur de peau. D’ailleurs il écrit volontiers sur ses angoisses, nuits blanches et ses amours. Se confiant à travers ses textes, il préfère rendre ses pensées dansantes pour mieux capter son public. Ce dernier suit volontiers le rythme, se laissant aller à danser en ce début de journée. Les refrains de Fredz sont généreux et accrocheurs. Lorsqu’il dévoile le titre « Trois accords » il s’amuse à raconter qu’il a appris la guitare il y a peu et qu’il n’a pas la capacité d’en faire plus. Il n’en a pourtant pas besoin. Trois accords suffisent à ce que la sauce prenne et à ce que Fredz se glisse avec aisance dans les esprits de ceux qui l’écoutent. La Canada est emplie de belles promesses qu’il est toujours de bon de découvrir à chaque édition du MaMA.

Damlif : aire de jeu et air du temps

Sous la Machine du Moulin Rouge, la Chaufferie fait office de cocon pour découvrir les artistes sous les meilleurs hospices. Un bref retour en enfance sous forme d’immense marelle dessinée au sol permet de changer son état d’esprit avant d’entrer dans la salle. Une sorte de passage magique pour mieux se laisser porter par les concerts avec une certaine sensibilité retrouvée.  Damlif fait partie des musiciens dont le nom est cité de toutes parts comme un de ceux à voir. D’ailleurs, la salle pleine ne trompe pas. Avec l’âge d’or du Hip Hop, la proposition en la matière est plus que variée. Le musicien aux cheveux longs apporte sa pierre à l’édifice. Son flow maitrisé oscille entre chant et phrasé. La répétition est l’une de ses armes maitresses pour séduire tout comme un beat travaillé, hypnotisant en fond sonore. Sur scène, la mélodie gagne du terrain et habille parfaitement la voix.  Il prend entièrement possession de son espace, habitant avec allure son avancée. Mais c’est aussi son timbre accessible qui fait mouche et convainc. Sa faculté à jouer des mots et à embrasser pleinement l’air du temps … pour mieux embraser l’assistance.

Liv Oddman : ovni en tout genre 

À 21h50, heure à laquelle le soleil se couche et une nouvelle étoile se meut.  Liv Oddman monte sur la scène de la Cigale. Celui qui a chanté tout l’été était très attendu sur cette édition du MaMA, l’annonce de sa venue se répandait comme un bruit de couloir. « Faut aller voir Liv Oddman, c’est super cool » qu’on entendait au détour d’une Boule Noire ou d’un Trianon. Et, influencé.es par le parfum capiteux de la découverte, à la Cigale, sommes nous allé.es.

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©Kevin Gombert

Si l’on ne devait choisir qu’un seul mot pour décrire Liv Oddman (tâche ardue j’en conviens), ce serait ovni. Vêtu de noir, il passe d’un genre à l’autre sans aucune brisure de rythme. Le tout est parfaitement logique et pourtant complètement inattendu. Les morceaux passent du rock au rap avec en sous-tension une attitude résolument punk. Seul avec un guitariste, Liv Oddman serpente sur la scène. Magnétique, il l’occupe avec une assurance rafraîchissante. La foule est électrisée et oscille entre silence médusé et cris d’extase. Liv Oddman, un artiste à suivre.

Marcel : tout ce qui bruite 

Un peu plus tard, dans la salle cachée qu’est la Backstage, le groupe belge Marcel débarque sur scène. Dès les premières notes, le ton de la soirée est lancé. Particulièrement énergique et excessif, le groupe entraîne un public déjà attisé par une série de concerts rock tout au long de la soirée. Dans la foule, ça hurle, ça crie, ça pogote. On ne pouvait pas espérer mieux comme accueil pour un groupe dont le premier album s’appelle « Charivari ». En d’autres termes, le charivari c’est le vacarme, le bruit, le chahut, bref. Tout ce qui bruite. Véritable pépite rétro, le groupe oscille entre le garage band, le rock ou encore le grunge.

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©Kevin Gombert

Les CLOPES : Fumée non identifiée

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©Kevin Gombert

Et d’un quatrième album pour l’objet non identifié les Clopes qui s’auto définissent comme membres à part entière de la troll wave.  Pour mieux situer le propos le troll concerne l’humour affirmé de la formation et la wave est une évidente référence à la cold wave qui les porte. Les Clopes, c’est un projet né d’un morceau, d’une blague aussi, mais de musiciens très sérieux, qui maitrisent parfaitement leurs instruments. Leur live s’inscrit comme une promesse : celle d’un moment hors normes où l’absurde la dispute au talent. Le groupe avait prévenu, sur scène, ils invitent les membres de leur collectif à venir ne rien y faire. Trolls toujours, ils sont vêtus de noir et portent de grandes lunettes de soleil blanches. Le tout va parfaitement avec les paroles de leurs morceaux qui tournent bien souvent autour de la dépression. Nombreux sur scène, ils prennent place et créent comme toujours le doute. Doit-on en rire ? Doit-on se laisser entraîner ? Une chose est sure, la formation permet au public de prendre du recul sur l’oeuvre qui lui est présentée. Et avec elle, l’attitude d’un certain rock élitiste. Celui-ci promet le droit de se moquer mais de se moquer avec eux. Pour autant, la qualité des compositions, prend régulièrement le dessus. les titres s’enchainent alors avec aisance. Face à un public conquis qui s’il ne sait pas sur quel pied danser, se laisse pourtant porter. Pas besoin d’aller au fumoir pour aspirer de grandes taffes qui font tourner les têtes et les esprits.

Tramhaus  : post punk rotterdamois 

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©Kevin Gombert

Et pour boucler cette soirée au Backstage, quoi de mieux que le groupe originaire de Rotterdam, Tramhaus ? Dernier round pour le Backstage, mais aucune perte en puissance. Leur énergie délirante soulève la salle, la renverse avec des riff de guitare efficaces. Avec à peine trois ans d’existence, Tramhaus a déjà bien sa place dans le paysage rock européen. Ce groupe d’amis à la vitalité affolante critiquent aussi bien le système qu’ils ne parlent de leur santé mentale. Un rock frais à découvrir sur scène pour en saisir toute l’étendu.

Texte : Pénélope Bonneau Rouis & Julia Escudero


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