Et d’un premier EP pour Odge. Et quelle entrée en matière pour ce « Love and other disorders » dont le nom vous rappellera sans doute « Love (et ses petits désastres) » avec à son affiche la regrettée Brittany Murphy.
Si la comparaison pourrait largement s’arrêter à une phonétique similaire, la fraîcheur des deux oeuvres et le talent de ses deux interprètes principales ne peuvent qu’être notés. Les festivités s’ouvrent sur le puissant « Sad Love Song », petite bombe électro sombre aux notes suaves entre pop et rock. On pense volontiers à Fiona Walden et ses notes à la tristesse sucrée alors que la rythmique entre immédiatement en tête. Classique instantanée à la beauté pure, ce premier morceau prend la main de son auditeur et l’accompagne dans toutes les étapes de la rupture amoureuse. La perte de l’amour traité comme un deuil ? A la lumière d’une boule de disco tournant au ralentis, face au visage esseulée de la musicienne dans une chambre bien trop vide , les notes de cette comptine emplissent les esprits d’images net. Au détour d’une voix grave et puissante, ne serait-il pas possible que l’on soit finalement moins seul qu’on ne le pensait ?
Nuits de folies
« Champagne » , doit- on se servir une coupe pour célébrer sa rupture ? Point du tout, là encore le morceau a la bonne intuition d’avoir deux visages. Celui dansant de l’électro, qui donne l’envie de se déhancher follement. Oui mais la voix lancinante, elle s’inscrit dans une tout autre registre. Celui d’une ritournelle triste, d’une perte qu’on noie dans le champagne et des folies nocturnes pour moins s’y confronter.
La dualité, c’est bien ce qui fait la beauté de cette galette qui ose tout en maitrisant parfaitement son style. Voilà donc que le strombinoscope se lance à coup de notes psychédéliques. La voix se fait apaisante comme un cocktail, le tempo s’enflamme, se répète en boucle comme sur une piste de danse des années 90. Nous voilà en plein « Dancing in the heat ». La chaleur est là, l’été assourdissant que l’on oublie la nuit sur le dancefloor. Le quoi ? Fermez les yeux, la crise n’existe plus, la nostalgie du moment se conjugue maintenant au présent, tout ce que vous avez à faire, c’est de vous laissez porter par le flow, la voix d’ODGE maintenant obsédante.
Maintenant que les bases ont été posée, Odge s’avoue être une « Weird Girl ». Là encore, le beat est aussi répétitif qu’envoûtant. Il prend le temps de s’installer, se développe avec naturelle, s’intensifie. Les notes de synthé se déploient à l’infinie. Pop et électro se racontent, la voix se fait narratrice, elle devient celle d’un’ confidence. A 1 minute 40, le titre prend en épaisseur en ajoutant des couches de tempos. Aïgue et grave se côtoient alors que la voix monocorde dévoile une part d’intimité, un mur de pudeur. La musique sous forme de journal intime ? Il est possible d’évoquer fête et noirceur, beauté et mélancolie sans jamais devenir antithétique.
C’est « In Love » qui a la lourde tâche de conclure cette pépite hybride. D’ailleurs la musicienne lâche la bride dans une accélération vibrante et hynotisante. Dès ses premiers instants, le titre ne connait pas de barrière. Le rythme soigné est rapide. Il faut savoir rire de ses peurs, de relations amoureuses que l’on sabote inconsciemment. La douceur de la voix s’intensifie dans une flot de paroles maîtrisé, juste et pressé. Ce moment suspendu tient du besoin de tout exprimer avec rapidité, comme si les minutes étaient comptées, que le temps de parole accordé devait être au maximum utilisé. Au détour de cette sensibilité bouleversante, Eléonore Du Bois de son véritable nom, invite à une fête bienveillante. Celle qui permet à chacun de laisser sortir ses démons à coup de pas de danse effrénés, de paroles que l’on s’approprie et d’instruments vivants. La bille noire de la mélancolie y résonne comme un exutoire.
Ce premier jet fait honneur à celle qui avait appris le chant dès ses 11 ans à la maîtrise de Radio France. Tel un grand huit retournant, il invite à l’introspection et promet de serrer les coeurs. Ce voyage en territoire obscure se vit comme un moment partagée avec une autrice complète et rassurante. « Love & other disorders » rappelle à juste titre que l’ombre appelle la lumière et que les deux peuvent cohabiter. Laissez vous porter, ici nuances, éclat et harmonie sont mots d’ordre.
Pour écouter le premier EP d’Odge, c’est par ici que ça se passe.
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